HAB/123

CONFERENCE HABITAT II: LA DURABILITE DES ETABLISSEMENTS HUMAINS DE L'AVENIR DEMEURE TRIBUTAIRE DE LA MISE EN OEUVRE REELLE DU PROGRAMME D'ACTION

5 juin 1996


Communiqué de Presse
HAB/123


CONFERENCE HABITAT II: LA DURABILITE DES ETABLISSEMENTS HUMAINS DE L'AVENIR DEMEURE TRIBUTAIRE DE LA MISE EN OEUVRE REELLE DU PROGRAMME D'ACTION

19960605

Istanbul, 5 juin -- Poursuivant son débat général sur la situation des établissements humains et les stratégies à suivre pour l'améliorer,la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II), a entendu, ce matin, les déclarations des personnalités suivantes: le Ministre de l'aménagement du territoire, du logement et du développement urbain de l'Ouganda; le Ministre du logement, du cadre de vie et de l'environnement de la Côte d'Ivoire; le Ministre d'Etat chargé des travaux publics et de l'habitat du Nigéria; le Ministre de l'environnement, de l'habitat et de l'urbanisme du Bénin; le Ministre du logement, de l'urbanisme et de la rénovation urbaine d'Antigua-et-Barbuda; le Vice-Ministre des communications du Bhoutan; et le Ministre de l'eau, des travaux, de l'énergie, du patrimoine foncier et de l'environnement de la République-Unie de Tanzanie. Les représentants du Qatar, de la Belgique, d'Oman ainsi que le Ministre par intérim du logement de l'Autorité palestinienne et le Secrétaire général du Parlement latino-américain (PARLATINO) ont également participé au débat.

Le représentant de la Confédération internationale des Syndicats Libres (ONG) a pris la parole en fin de séance.

Les délégations ont poursuivi l'exposé de leurs expériences nationales en matière de politiques d'établissements humains. La plupart d'entre elles ont souligné l'importance du Programme d'action dans la perspective de la durabilité des établissements humains de l'avenir, mettant notamment en exergue la nécessité d'accompagner le document final d'un suivi efficace et du financement indispensable à sa traduction en actions concrètes.

La Plénière de la Conférence Habitat II poursuivra son débat général, cet après-midi, à partir de 15 heures.

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Poursuite du débat général

M. TOM BUTINE, Ministre de l'aménagement du territoire, du logement et du développement urbain de l'Ouganda: le droit à un logement décent devrait faire partie intégrante des objectifs généraux et économiques de tout programme de développement gouvernemental. L'Ouganda est d'avis que le Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat) devrait jouer un rôle plus important dans la mise en oeuvre et le contrôle du Programme pour l'habitat. L'Ouganda fait siens les principes relatifs au développement durable des établissements humains qui devraient s'accompagner d'une croissance économique durable, car si l'on ne résout pas conjointement ces deux problèmes, nous ne pourrons éliminer la pauvreté qui constitue un obstacle majeur au développement durable.

L'Ouganda accueille avec satisfaction la recommandation tendant à renforcer les mesures visant à mettre un terme à la corruption de la société de façon à garantir une plus grande transparence et une plus grande efficacité. La question du développement humain organisé en partenariat avec des acteurs du secteur privé, telle qu'elle est reflétée dans le projet de Plan mondial d'action, est très importante. Cependant, ma délégation souhaiterait que l'accent soit davantage mis sur l'investissement privé dans la mise en oeuvre des programmes de développement urbain. Il importe que les partenaires du développement s'engagent à soutenir l'application du Programme pour l'habitat, non seulement en termes techniques, mais aussi en termes financiers pour compléter et renforcer les efforts des pays en développement.

M. ALBERT KAKOU TIAPANI, Ministre du logement, du cadre de vie et de l'environnement de la Côte d'Ivoire: la Côte d'Ivoire a pris part à la plupart des réunions préparatoires organisées aux plans régional, sous-régional et international. A l'instar des autres pays, la Côte d'Ivoire a élaboré un rapport national, résultat d'un long processus de réflexion du Comité national Habitat II et d'une large concertation avec tous les acteurs impliqués dans le processus de développement des établissements humains. Aujourd'hui, et en dépit de dispositions en faveur de la construction de logements des populations économiquement faibles, la crise économique est telle que l'état des lieux se caractérise toujours par une croissance urbaine élevée et marquée par une forte immigration dans un contexte de croissance démographique galopante; le déficit de la production de logements; l'insuffisance des terrains à bâtir; et un environnement urbain en dégradation.

La Côte d'Ivoire s'engage à mobiliser efficacement et à gérer rationnellement toutes les ressources disponibles pour la pleine participation des population au processus de développement des établissements humains viables. Elle invite la communauté internationale à créer une véritable institution de financement du logement ayant la capacité d'accorder des prêts à la construction et ce, à des conditions favorables aux faibles revenus. Enfin, la Côte d'Ivoire souhaite l'adoption par la prochaine session de l'Assemblée générale des résolutions adoptées par la Conférence Habitat II.

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M. ALI SA'AD A. AL-KAWARI (Qatar): Habitat II est une conférence importante, car elle doit réaffirmer la nécessité d'une renaissance urbaine durable. L'homme est non seulement l'objectif d'un tel développement, mais également son artisan. C'est pourquoi, il convient de renforcer la coopération internationale pour soutenir les efforts déployés notamment par les pays en développement. Le Qatar s'est doté d'un programme de développement urbain durable afin d'impulser une amélioration des conditions de vie de la population. Il espère que les enseignements tirés de la Conférence Habitat II permettront de mieux

répondre aux besoins fondamentaux des individus et d'améliorer les politiques et programmes de développement des établissements humains.

M. ALHAJI ABDULLAHI ADAMU, Ministre d'Etat chargé des travaux publics et de l'Habitat du Nigéria: l'urbanisation s'avère être l'élément central du développement des établissements humains. Il s'agit dès lors d'apprendre à la gérer au plus tôt. Istanbul est l'occasion de le faire. Aussi, ce rendez-vous se doit d'aboutir à un consensus sur le Programme d'action. Toutefois, la communauté internationale ne doit pas se laisser griser par l'enthousiasme. Elle doit se méfier de la rhétorique et s'attacher davantage à la mise en oeuvre d'actions concrètes. Pour éviter les déceptions qui ont suivi l'adoption du Programme d'action 21, à Rio en 1992, le Programme pour l'habitat mérite un suivi, une mise en oeuvre et une évaluation mondiales. Le Centre Habitat doit demeurer le mécanisme central de coordination en tant qu'entité autonome et neutre. Son secrétariat doit être renforcé afin de pouvoir servir de point focal. De plus, il faudra utiliser les contributions de l'ensemble des institutions des Nations Unies et mettre en place des réseaux régionaux et internationaux sur des thèmes spécifiques. la planification et la gestion de l'urbanisation requièrent des ressources énormes. Il est malheureux de constater que les ressources font défaut là où elles sont justement nécessaires. Dans ce contexte, un partenariat mondial s'avère être la garantie du succès du Sommet Ville et Cité et de ses répercussions à travers le monde entier. Le Nigéria appelle les institutions financières internationales à accroître substantiellement le niveau de leur allocation de ressource en faveur des pays en développement.

M. SAHIDOU DANDO-NADEY, Ministre de l'environnement, de l'Habitat et de l'urbanisme du Bénin: mon pays voudrait souligner que le droit au logement est un droit inaliénable au même titre que tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales. Il faudrait éviter de dire qu'un logement adéquat pour tous signifie que chaque être humain doit avoir un logement. C'est chaque famille qui a droit à un logement adéquat. Par ailleurs, l'édification de logements sans permis de construire dans les zones urbaines et rurales constitue un véritable fléau, un défi à relever en vue d'une gestion efficace et correcte des établissements humains. Pour faire face à cette préoccupation légitime, le Bénin s'est doté d'une politique et de stratégies adéquates en matière d'habitat et de logements.

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S'agissant du deuxième thème de la conférence, à savoir "le développement durable des établissements humains dans un monde de plus en plus urbanisé", le Bénin qui connaît une croissance urbaine annuelle de 4,5% estime que si l'urbanisation rapide constitue un problème, celui-ci ne doit pas détourner notre attention des problèmes spécifiques des zones rurales. A travers les actions prioritaires énoncées dans un plan d'action national, le Gouvernement béninois s'engage notamment à développer et à entretenir les infrastructures urbaines et rurales, à favoriser la réalisation d'installations d'assainissement individuelle, de ramassage et de traitements des déchets, à protéger l'environnement marin contre l'érosion côtière et les conséquences des catastrophes naturelles et à procéder à la mise en place d'une gestion efficiente de ses villes à travers la décentralisation de l'administration territoriale.

De leur côté, la communauté internationale et le système des Nations Unies, y compris les institutions de Bretton Woods doivent appuyer les initiatives des pays en développement, en particulier des pays africains et des pays les moins avancés, dont le Bénin fait partie, en leur

octroyant des ressources financières substantielles.

M. HENDERSON SIMON, Ministre du logement, de l'urbanisme et de la rénovation urbaine d'Antigua-et-Barbuda: le Gouvernement, de concert avec les autres secteurs de la société, joue un rôle multiple dans l'amélioration des conditions de vie et de travail afin de permettre à l'ensemble des citoyens de jouir d'un logement décent et des services accessibles dans le cadre d'établissements humains durables. De même, le secteur privé s'est toujours préoccupé de l'amélioration des établissements humains. Les petits Etats insulaires se caractérisent par leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles, notamment les ouragans, les éruptions volcaniques et les tremblements de terre, qui causent d'énormes dégâts tant aux infrastructures qu'aux zones d'habitations. En effet, les conséquences d'une seule catastrophe naturelle peuvent compromettre les efforts de développement pendant une décennie ou plus. Dans ce contexte, Antigua-et-Barbuda appelle les pays développés à honorer leurs engagements financiers afin d'aider les pays en développement à embrasser un développement durable et promouvoir des établissements humains viables. Elle appelle les Nations Unies à accorder une importance égale à l'examen des conséquences des catastrophes naturelles sur les établissements humains.

M. LEKI DORJI, Vice-Ministre des communications du Bhoutan: l'insalubrité des établissements humains dans les pays en développement illustre parfaitement le fardeau de la pauvreté rurale et urbaine. Le Programme d'action se doit dès lors de concevoir des mesures de lutte, voire d'élimination de ce fléau. Pour sa part, la communauté internationale se doit de faire preuve d'un engagement sans faille. Elle doit fournir des ressources financières nouvelles et additionnelles qui seront consacrées à cette fin.

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Les questions de l'urbanisation et des établissements humains sont d'une criante actualité dans les pays de l'Association de coopération régionale de l'Asie du Sud, où vit un cinquième de la population mondiale, souvent dans des conditions misérables et d'extrême pauvreté. Le Plan national du Bhoutan envisage l'adoption d'approches multisectorielles pour la résolution des problèmes des établissements humains au sein d'un cadre de gestion transparente et responsable. Toutefois, la mise en oeuvre de ce Plan se trouve handicapée par le manque de ressources financières et autres, qui empêchent le développement d'une infrastructure technique et sociale conséquente. Le Bouthan demeure convaincu qu'un ferme engagement des donateurs verra le jour à Istanbul.

M. KAMAL PANDU, Ministre de l'eau, des travaux, de l'énergie, du patrimoine foncier et de l'environnement de la République-unie de Tanzanie: à l'aube du 21ème siècle, on assiste à une urbanisation rapide du monde. Plus que jamais, se manifeste un besoin de promouvoir pour tous un développement durable des établissements humains. La République-Unie de Tanzanie a essayé d'endiguer la détérioration de la situation au cours des années 70 et 80 en adoptant des schémas directeurs pour les services et le logement et, plus récemment, en élaborant un programme de développement durable des villes, qui vise à rassembler les énergies de tous les acteurs des zones urbaines en vue d'améliorer les conditions de vie. La République-Unie de Tanzanie a identifié différents problèmes à résoudre s'agissant des établissements humains, comme par exemple l'augmentation des ressources et le renforcement de la démocratie aux sein des autorités locales. Habitat II doit être la conférence du partenariat. Il importe que ce partenariat se reflète tant au niveau national qu'international. Dans ce contexte, j'exhorte les membres de la

communauté internationale à agir comme des partenaires efficaces de façon à encourager les investissements et à adopter d'autres mesures susceptibles d'améliorer à l'avenir l'habitat humain.

M. F. DE SUTTER (Belgique): la politique belge en matière d'établissements humains s'insère de manière générale dans un modèle largement répandu sur le territoire de l'Union européenne, même si elle présente toutefois certaines spécificités. La Constitution reconnaît à chacun le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine, ce qui implique notamment le droit au logement. La matière "habitat" a été quasiment régionalisée et les trois gouvernements régionaux sont compétents pour le logement, les travaux publics, l'environnement et l'aménagement du territoire et des sites urbains. La politique belge se caractérise donc par une large décentralisation. Les deux thèmes de cette Conférence sont au coeur de la politique belge de coopération au développement. De longue date, ses actions sur le terrain menées en coopération avec les populations et les pouvoirs locaux ont eu pour but: l'amélioration des conditions de vie des populations autochtones tant

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dans les villes que dans les campagnes, l'éradication de la pauvreté et le renforcement des capacités des pouvoirs locaux. De 1986 à 1994, la Belgique a financé pour un montant global de 260 millions de dollars des programmes et projets bilatéraux et multilatéraux comportant des composantes "établissements humains". La Belgique attache une importance particulière à la reconnaissance du droit à un logement décent dans le cadre général du respect des droits de l'homme, au développement durable des villes et des établissements humains, à la participation de tous les acteurs tant au niveau politique que de la société civile, au rôle des femmes, à la lutte contre l'exclusion sociale, à l'éradication de la pauvreté absolue, à la protection de la famille, au renforcement de la démocratisation des structures locales ainsi qu'à une bonne gestion et au partenariat avec les différents groupes sociaux.

M. ABDULLAH ABBAS AHMED, Président de la municipalité de Mascate et Chef de la délégation d'Oman: le gouvernement du Sultanat d'Oman met l'accent sur le développement durable des établissement humains. Il attache une importance particulière à la participation de tous, et notamment des femmes, au processus de développement des établissements humains. Le Sultanat d'Oman essaie d'endiguer la détérioration des établissements humains et espère que sa présence à la Conférence Habitat II lui permettra de contribuer au succès de la Conférence et permettra l'amélioration de ses politiques nationales en la matière. Habitat II doit être doté d'un système adéquat de suivi.

M. NEY LOPES, Secrétaire général du Parlement Latino-Américain: la "question urbaine" doit absolument être abordée dans une perspective systémique, holistique et écologique. Le succès de cette proposition demeure toutefois tributaire d'une véritable rénovation des mentalités aux niveaux individuel et collectif. La survie de l'humanité dépend d'une renaissance culturelle. Dans ce contexte, les Parlements et les autorités locales ont un rôle majeur à jouer.

M. MARWAN ABDEL HAMID, Ministre du logement par intérim de l'autorité palestinienne: je suis ici pour vous dire que le peuple palestinien et son Président jugent nécessaire que la communauté internationale assume ses responsabilités vis-à-vis du peuple palestinien. Ce dernier subit depuis de longue années des pratiques discriminatoire et humiliantes de la part des autorités israéliennes. Il reste malgré tout attaché au

processus de paix et estime qu'il est trop tôt pour pouvoir apprécier à sa juste mesure la volonté du nouveau gouvernement d'Israël de poursuivre le processus de paix. Le peuple palestinien ne veut rien que moins que la mise en oeuvre de la résolution 242 (1967) du Conseil de sécurité. Il souhaite que soit résolu de façon juste et équitable le problème des réfugiés palestiniens.

La carence en matière de logement résulte de 27 ans d'occupation israélienne qui s'est traduite par différentes pratiques discriminatoires et par des destructions massives de maisons, véritables châtiments collectifs. Pour remédier à cette situation déplorable, l'Autorité palestinienne a récemment conclu un accord avec la Banque mondiale afin de créer un second marché hypothécaire avant l'été. Elle exhorte les membres de la communauté internationale à contribuer aux efforts de reconstruction de la Palestine.

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M. SUNIL PRASAD, Fédération internationale des syndicats libres (ONG): La Confédération est le syndicat international le plus important au monde puisqu'elle regroupe 127 millions de membres dans 136 pays regroupés au sein de 194 associations affiliées. La Confédération appuie les efforts en vue de consacrer le droit au logement. L'investissement dans le secteur social est la clé des établissements humains. L'urbanisation croissante aggrave le fléau du travail des enfants. La Confédération exige la protection de leurs droits fondamentaux et la fin de leur exploitation. Les Gouvernements se doivent de mettre en place un fonds pour l'élimination de la pauvreté afin de gérer l'urbanisation galopante, le chômage et la situation des sans-logis. Des subventions gouvernementales et des mesures de protection sociale font partie des responsabilités des gouvernements. Habitat II représente une opportunité unique pour les pays d'améliorer leurs établissements humains. La Confédération émet l'espoir que les deux prochaines décennies seront celles de l'action.

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