DH/G/393

LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT POURSUIT L'EXAMEN DU RAPPORT DU ZIMBABWE

23 mai 1996


Communiqué de Presse
DH/G/393


LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT POURSUIT L'EXAMEN DU RAPPORT DU ZIMBABWE

19960523

Il porte son attention sur les pratiques traditionnelles touchant les enfants, les châtiments corporels, la ségrégation à l'école

Genève, 23 mai -- Le Comité des droits de l'enfant a poursuivi, ce matin, l'examen du rapport du Zimbabwe en portant son attention, en particulier, sur les questions relatives à la définition de l'enfant dans la législation nationale, en particulier en ce qui concerne l'âge minimum du mariage, de la responsabilité pénale. Il s'est également penché sur les mesures qui sont prises pour lutter contre la discrimination à l'égard des filles et pour promouvoir les libertés et droits civils des enfants.

La délégation du Zimbabwe, dirigée par le Ministre de l'enfance et de la santé publique, M. T.J. Stamps, abordant la question de la définition de l'enfant, a indiqué que l'âge de la majorité a été fixé, en 1992, à 18 ans pour les hommes comme pour les femmes. Toutefois, les efforts tendant à fixer également à 18 ans l'âge minimum du mariage s'est heurté au poids de la tradition, qui admet le mariage des fillettes à partir de 12 ans.

Le Ministre a indiqué que même la population d'origine européenne s'est opposée à ce que l'âge minimum du mariage pour les filles soit porté à 18 ans. Cette résistance semble provenir de la volonté d'éviter les naissances hors mariage et de l'attachement de la population africaine aux familles élargies, favorisées par le mariage précoce. Un garçon de moins de 18 ans peut également se marier avec le consentement des parents. L'âge minimum du consentement sexuel est fixé à 16 ans. En général, le mariage d'une fille de moins de 16 ans n'est pas consommé avant cet âge.

Des efforts visant à faire accepter un relèvement de l'âge minimum pour le mariage est mené par le Conseil national de la planification familiale, a indiqué le Ministre. D'autres programmes menés par le Conseil visent à éviter les relations sexuelles précoces et à prévenir du SIDA.

M. Stamps a affirmé que son gouvernement était préoccupé par le phénomène répandu des châtiments corporels, que ce soit au domicile ou à l'école. Il a indiqué que des directeurs d'école ont été traduits devant les tribunaux pour avoir infligé des châtiments corporels excessifs à leurs - - DH/G/393

23 mai 1996(à suivre)élèves. Le Gouvernement a débattu de la question des châtiments corporels à

l'école mais le Ministre a regretté qu'une décision tendant à admettre les châtiments corporels «modérés» a été retenue.

S'agissant de l'âge de la responsabilité pénale, la délégation a indiqué qu'un enfant de moins sept ans n'est pas considéré comme pouvant être l'auteur d'un délit. Suite à des faits récents qui se sont produits au Zimbabwe, un amendement récent à la loi permet de poursuivre un enfant âgé de moins de 14 ans accusés de viol.

La Constitution zimbabwéenne interdit la discrimination fondée sur la race ou le sexe, a déclaré M. Stamps. Il a toutefois reconnu que les écoles privées posent encore, à cet égard, un problème hérité du régime raciste de l'apartheid. Bien que l'exclusion des Noirs soit illégale, les frais de scolarité dans ces écoles sont tellement élevés qu'ils excluent en fait de nombreux enfants noirs des classes moyennes. Dans l'ensemble, «le Gouvernement ne voit pas d'un bon oeil l'importance de l'enseignement privé dans le pays, qui semble perpétuer les vestiges de l'élitisme et de la ségrégation», a déclaré le Ministre. Des mesures législatives sont envisagées afin de plafonner les frais de scolarité des écoles privées. Le Gouvernement se trouve toutefois confronté à une attitude de plus en plus répandue dans le pays qui veut que l'État n'intervienne pas dans les questions qui relèvent du domaine privé. Les associations sportives composées uniquement de Blancs existent encore. Le Gouvernement appuie tous les efforts visant à éliminer la division entre les races.

Face à l'importance de la pandémie du SIDA au Zimbabwe, le nombre d'enfants qui perdent leurs parents à cause de la maladie s'est accru de façon sensible. Le Gouvernement s'appuie dans la mesure du possible sur la tradition de la famille étendue pour venir en aide à ces enfants tout en évitant de les placer dans des institutions. Il continue d'y avoir une discrimination contre les personnes associées au SIDA, même lorsqu'elles ne sont pas atteintes de la maladie. La majorité de la population ne comprend pas comment se transmet la maladie. Les églises et d'autres groupes oeuvrent au changement des mentalités dans ce domaine.

Les membres du Comité ont noté que, selon l'UNICEF, près de la moitié des femmes du Zimbabwe ont eu un enfant avant l'âge de 20 ans et ont souligné l'importance de porter à 18 ans au moins l'âge minimum du mariage. Ils ont par ailleurs voulu savoir si le Zimbabwe connaît la pratique traditionnelle de la promesse en mariage, contre le gré de la jeune fille, et si des arrangements ne sont pas faits par les parents dans leur propre intérêt plutôt que dans l'intérêt de leur fille. Ils ont observé que l'application de la Convention se heurte souvent aux traditions et cultures locales ou traditionnelles. Il est important, dans ces cas, de rechercher l'intérêt supérieur de l'enfant, ont-ils souligné. Les experts ont aussi attiré l'attention sur les désavantages à long terme, sur la santé des femmes, de donner naissance à un âge précoce. Cela comporte également des inconvénients en ce qui concerne l'éducation des femmes.

Le Comité poursuivra, cet après-midi à 10 heures, l'examen du rapport du Zimbabwe.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.