SOC/47

LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL EXAMINE L'ETENDUE DE SON MANDAT DANS LE CONTEXTE DE L'APRES-COPENHAGUE

21 mai 1996


Communiqué de Presse
SOC/47


LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL EXAMINE L'ETENDUE DE SON MANDAT DANS LE CONTEXTE DE L'APRES-COPENHAGUE

19960521 MATIN SOC/47

Elle entame les travaux de sa session extraordinaire relative au suivi du Sommet mondial pour le développement social

La Commission du développement social, commission technique du Conseil économique et social chargée au premier plan du suivi de la mise en oeuvre de la Déclaration et du Programme d'action du Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, mars 1995) a ouvert ce matin les travaux de sa session extraordinaire afin de revoir notamment son fonctionnement, l'étendue de sa mission et son programme de travail dans le contexte de l'après-Copenhague. La présente session s'achevera le 31 mai prochain.

Dans sa déclaration liminaire, le Secrétaire général adjoint à la coordination des politiques et du développement durable, M. Nitin Desaï, a jugé qu'il est essentiel de créer une tribune de suivi de haut niveau, une instance politique où se rassemblaient régulièrement les représentants des capitales, ceux des organes, organismes et institutions du système de l'ONU concernés ainsi que les représentants de la société civile. La Commission doit aussi devenir une instance qui façonne des politiques, et un forum où se discutent de nouvelles idées, de nouvelles solutions aux problèmes du développement social. Une attention toute particulière devra être consacrée aux engagements à prendre au niveau national et à la promotion de l'échange d'expériences entre les Etats. L'interaction entre les dimensions internationale, régionale et nationale doit être une interaction sans faille.

Pour sa part, le Président de la Commission, M. Ross Richelle, qui a été élu ce matin par acclamation, a constaté que les activités de la Commission ont été jusqu'ici dominées par des controverses d'ordre politique ou idéologique. La Commission a toujours adopté une approche fragmentaire des problèmes sociaux en se concentrant sur les spécificités des groupes vulnérables. Le Sommet de Copenhague a mis l'accent sur la nécessité d'une cohérence en ce qui concerne les activités liées à la réalisation de ses objectifs. Il revient à la Commission d'en améliorer la coordination.

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La Commission a ensuite entamé son débat général sur son fonctionnement, auquel ont participé le Ministre des affaires sociales et de la solidarité nationale du Gabon, les représentants du Costa Rica (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), de la Chine, de la République dominicaine, de l'Argentine et de la République de Corée. Les représentantes de la Confédération internationale des syndicats libres et de Caucus du développement sont intervenues. Outre l'élection de son Président, la Commission a élu par acclamation, Mmes Ruth Limjuco (Philippines) et Julia T. Alvarez à deux des postes de sa Vice-Présidence; et M. Sileshi Shewaneh (Ethiopie) au poste de Rapporteur. Elle a également adopté l'ordre du jour et l'organisation provisoire des travaux de sa session.

Elle reprendra ses travaux cet après-midi à partir de 15 heures.

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Déclarations liminaires

M. ROSS RICHELLE, Président de la Commission du développement social des Pays-Bas, a affirmé que de nombreuses activités de suivi ont eu lieu à la suite du Sommet mondial sur le développement social, qui ont donné lieu notamment au très important consensus d'Oslo sur le concept 20-20 ou encore à l'adoption du rapport de l'OCDE lors de la Réunion de haut niveau du Comité de l'assistance au développement. Il a souligné que la Commission se trouve confrontée à une tâche ambitieuse qui intervient au moment même où les Nations Unies procèdent à un processus de réformes déterminantes. Les activités de la Commission ont été dominées jusqu'ici par des controverses politiques ou idéologiques entre d'une part, l'Est et l'Ouest et d'autre part, le Nord et le Sud. La Commission a toujours adopté une approche fragmentaire des problèmes sociaux en se concentrant par trop sur les groupes spécifiques. S'il faut continuer à examiner les besoins des groupes vulnérables, il convient aussi de concentrer les discussions sur les voies et moyens d'améliorer leur intégration sociale plutôt que de mettre l'accent sur leur particularité. Le Sommet mondial de Copenhague a mis l'accent sur la nécessité d'une cohérence et d'une coopération accrues des activités liées à ses objectifs. Il revient à la Commission d'améliorer la coordination entre toutes ces activités.

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint à la coordination des politiques et du développement durable, a souligné que depuis sa création, les travaux de la Commission ont eu un impact positif important sur l'efficacité des activités des Nations Unies en matière de développement. L'histoire de la Commission est digne d'éloges. Copenhague a marqué un tournant essentiel dans l'histoire du développement social : la Déclaration et le Programme d'action du Sommet ont introduit une conception beaucoup plus élargie du développement social. La question est maintenant de savoir quelles sont les dispositions à prendre afin de traduire la démarche politique du Sommet dans les activités des Nations Unies en matière de développement, et afin de définir le rôle de la Commission dans ce contexte. Si l'on

en juge par l'expérience de l'Organisation en matière de suivi de grandes Conférences, il apparaît essentiel de créer une tribune de suivi de haut niveau, une instance politique qui rassemblerait les représentants des pays, des organes et organismes ainsi que des institutions de l'ONU et les représentants de la société civile. La Commission doit aussi devenir une instance qui façonne des politiques, et un forum où se discutent de nouvelles idées, de nouvelles solutions aux problèmes du développement social.

Une grande partie de son attention devra être consacrée aux engagements à prendre au niveau national afin de réaliser les objectifs définis dans la Déclaration et le Programme de Copenhague. La Commission doit trouver les moyens d'agir en interaction avec les gouvernements et les acteurs communautaires et locaux et de promouvoir l'échange d'idées et d'expériences entre les Etats. Elle ne peut en aucun cas se borner à examiner uniquement

l'action mondiale. L'interaction entre les dimensions internationale, régionale et nationale devra être une interaction sans faille. M. Desai s'est dit persuadé que la Commission a un rôle essentiel à jouer dans le contexte de la mise en oeuvre des recommandations de Copenhague.

Débat général

Mme EMILIA C. DE BARISH (Costa Rica), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souhaité que la session extraordinaire de la Commission reflète les objectifs définis par la Déclaration et le Programme d'action de Copenhague, à savoir la lutte contre la pauvreté et le chômage et la lutte en faveur de l'intégration sociale des groupes vulnérables. Pour ce faire, les textes de Copenhague ont confirmé l'importance de la coopération internationale, a-t-elle souligné. La représentante s'est félicitée du rapport présenté par le Secrétaire général et a insisté sur le fait que la Commission se doit de donner l'élan politique nécessaire à la mise en oeuvre des textes de Copenhague. S'agissant de l'Année internationale pour l'élimination de la pauvreté, elle a affirmé qu'elle attache la plus grande importance à cette question et a assuré de la participation active du Groupe des 77 et de la Chine au débat sur la question.

Pour ce qui est de l'élaboration d'un programme de travail pluriannuel, Mme De Barish a souligné les recommandations de la résolution pertinente du Conseil économique et social et a déclaré qu'elle attache la plus haute importance à l'intégration des questions sectorielles d'actualité dans l'ordre du jour de la Commission. Compte tenu du domaine de compétence élargi de la Commission, le Groupe des 77 et de la Chine insiste sur la nécessité de porter sa composition à 53 membres en tenant compte d'une répartition géographique équitable. La représentante a souligné l'importance des commissions régionales qui travaillent en coopération avec les organisations financières intergouvernementales. Elle s'est prononcée en faveur d'une réunion de haut niveau qui étudierait les progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Sommet. Cette réunion devrait être convoquée tous les deux ans.

M. XIAOLONG WANG (Chine) a déclaré que le rôle de la Commission devra être renforcé en raison des importantes responsabilités qui lui incombent dans le contexte du suivi de Copenhague.

Depuis le Sommet, les Nations Unies ont déployé de grands efforts afin de mettre en place un système de suivi efficace. Force est cependant de constater que le développement social reste à la traîne. Il est indispensable de se concentrer davantage sur l'action concrète en faveur des pays. En élaborant son programme de travail pour la période 1997-2000, la Commission devra veiller à concentrer son attention sur des questions prioritaires, qu'elle définira en fonction de leur degré d'urgence dans le monde en développement. la Commission devra par ailleurs envisager d'augmenter le nombre et la fréquence de ses sessions et d'élargir sa composition.

Mme JULIA T. ALVAREZ (République dominicaine) a déclaré que pour faire face à son programme de travail de plus en plus complexe, la Commission du développement durable se doit de trouver des méthodes de travail plus novatrices. Saluant en ce sens le rapport du Secrétaire général, la représentante s'est dite satisfaite des suggestions faites concernant le nouveau mandat de la Commission. Elle a souhaité que la Commission se réunisse désormais sur une base annuelle et examine deux questions principales liées au suivi du Programme d'action de Copenhague, d'une part, et au contrôle de plans et d'initiatives internationales, d'autre part. Outre la participation des ONG aux travaux de la Commission, la représentante a souhaité que le secteur privé et la société civile soient conviées d'une manière plus systématique. Elle a encouragé la Commission à resserrer ses liens avec d'autres commissions des Nations Unies comme la Commission du développement durable.

Soulignant l'attachement de son pays aux questions liées au vieillissement, la représentante a suggéré que la question reste à l'ordre du jour de la Commission jusqu'en 1999, Année des personnes âgées. Elle s'est prononcée en faveur de la création, au cours de cette session, d'un groupe de travail sur le vieillissement qui se réunirait officieusement avant la trente cinquième session de la Commission. Le mandat de ce Groupe de travail serait d'aider la Commission à sensibiliser la communauté internationale sur la question du vieillissement et à élaborer des recommandations sur les diverses questions liées au thème, aux objectifs, au cadre et aux activités qui auront lieu en 1999.

M. BELTRAMINO (Argentine) s'est félicité que tous les membres de la Commission semblent aujourd'hui s'accorder sur la nécessité d'instituer des consultations intersessions avant chaque réunion de la Commission du développement social. Il est essentiel d'assurer une efficacité maximale des travaux de session, et donc, de préparer les quelques questions les plus prioritaires qui seraient sélectionnées pour chacune des sessions. Cette méthode a fait ses preuves dans bien des instances. La Commission devait l'adopter. Elle devrait en outre veiller à se limiter à l'identification de problèmes concrets et urgents à traiter dans le domaine du développement social.

M. HAMHM (République de Corée) a affirmé que le Sommet mondial de Copenhague a constitué un événement déterminant en ce qu'il a placé l'homme au centre du développement. Les objectifs fixés par Copenhague, a poursuivi le représentant, ne pourront être atteints que si les engagements sont mis en oeuvre de manière coordonnée. Il convient à cet effet d'établir une structure à deux niveaux qui comprendrait d'une part, des gouvernements individuels et d'autre part, la coopération internationale. Parlant des réalisations de son pays, le représentant a indiqué son Gouvernement a élaboré un cadre de "bien-être national" pour le 21ème siècle qui

encourage l'élargissement du

service de protection sociale. Un plan à moyen terme allant jusqu'à l'an 2001 est actuellement en cours qui concrétise ce cadre. En ce qui concerne plus particulièrement les engagements pris au Sommet de Copenhague, le représentant a confirmé la volonté de son pays de déployer des efforts vigoureux en matière de coopération internationale.

La République de Corée entend doubler l'aide publique au développement et fournir une formation technique à 30 000 personnes d'ici à l'an 2010. Insistant pour finir sur le rôle primordial de la Commission, le représentant a souhaité que la présente session aboutisse à des résultats tangibles quant à la modification du mandat de la Commission. Pour la République de Corée, l'accent doit être mis sur l'examen de la mise en oeuvre des textes de Copenhague, le renforcement des activités de contrôle sur les activités entreprises par les différentes entités des Nations Unies, l'élaboration de recommandations que le Conseil économique et social doit examiner, l'examen des questions prioritaires relatives aux recommandations du Sommet et la présentation des recommandations politiques de la Commission.

M. MAMBOUNDOU-MOUYAMA, Ministre des affaires sociales et de la solidarité nationale du Gabon, a indiqué que la composition de la Commission devra être élargie et que la durée de ses sessions devra être allongée, et ce, en raison de son volume de travail. Il ne faut cependant pas oublier que nombre de pays en développement sont parfois dans l'impossibilité de se faire représenter aux réunions de la Commission et que l'Organisation est dans une crise financière sans précédent. Aussi conviendrait-il de s'en tenir à la proposition du Secrétaire général de prévoir une session de la Commission chaque année au mois de février.

Mme VON ROEMER, Confédération internationale des syndicats libres, a regretté que l'adoption de politiques et de programmes liés aux engagements du Sommet mondial de Copenhague ait été lente et sporadique. La Confédération souhaite que la Commission devienne une instance dynamique propre à propulser le processus de mise en oeuvre des recommandations de Copenhague. A cet effet, son action doit être aussi ciblée que possible. Poursuivant, la représentante s'est opposée à la proposition visant à former des caucus d'ONG. Toute décision en la matière doit être laissée aux ONG, elles-mêmes. Elle a souhaité, d'autre part, que les ONG participent également aux travaux des groupes de travail. Pour conclure, la représentante a fait savoir que la Confédération vient de publier un "Guide pour les utilisateurs du Sommet social des Nations Unies", qui encourage les syndicats à poser des questions critiques sur les mesures de suivi prises par les gouvernements. Le document constitue également, a-t-elle précisé, une offre de partenariat.

Mme BRIONES, Caucus du développement, a indiqué que son organisation venait d'établir un rapport sur le bilan du suivi des recommandations de Copenhague par les gouvernements. Nous, Organisations non gouvernementales du Nord et du Sud, avons la

capacité de contrôler la mise en oeuvre de la Déclaration et du Programme d'action du Sommet au niveau national, a-t-elle dit. Elle a formulé l'espoir que la communauté internationale tiendra compte de cette capacité dans ses débats au cours de la présente session.

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