M. BOUTROS BOUTROS-GHALI, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES
Communiqué de Presse
BIO/2936/Rev.6*
M. BOUTROS BOUTROS-GHALI, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES
19960423 Le 1er janvier 1992, M. Boutros Boutros-Ghali, devenu le sixième Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, a entamé un mandat de cinq ans. De mai 1991 à sa nomination par l'Assemblée générale, le 3 décembre de la même année, M. Boutros-Ghali avait été Vice-Premier Ministre égyptien chargé des affaires étrangères, après avoir exercé, à partir d'octobre 1977, les fonctions de Ministre d'État aux affaires étrangères.Le Secrétaire général a pour priorité de renforcer l'Organisation des Nations Unies, de lui permettre de saisir les occasions qui s'offrent à elle depuis la fin de la guerre froide, de concrétiser les buts de la Charte et de réaliser les objectifs de paix, de développement et de démocratie.
Le 31 janvier 1992, lors de la première réunion du Conseil de sécurité tenue au niveau des chefs d'État ou de gouvernement, le Secrétaire général a été prié d'effectuer une étude et de formuler des recommandations sur le moyen de renforcer la capacité de l'Organisation dans les domaines de la diplomatie préventive, du maintien et du rétablissement de la paix. Dans son rapport intitulé Agenda pour la paix, publié le 17 juin 1992, il a enrichi l'action menée en faveur de la paix d'un nouvel élément, celui de la consolidation de la paix après les conflits.
L'Agenda pour la paix définit le rôle et les fonctions de l'ONU dans une ère nouvelle, au cours de laquelle de nombreuses opérations de maintien de la paix et missions d'observation ont été menées sous l'autorité du Conseil de sécurité et le commandement du Secrétaire général. Ce rapport, traduit en une trentaine de langues, a fait l'objet de multiples débats.
Le 3 janvier 1995, le Secrétaire général a publié, comme supplément à l'Agenda pour la paix, un rapport de situation décrivant certains domaines dans lesquels des difficultés imprévues se sont présentées dans le cadre d'opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Ce supplément dresse le bilan de l'expérience acquise et présente des principes directeurs pour l'amélioration des opérations futures.
(42) Ce communiqu de presse remplace et annule le communiqu SG/2015/Rev.5- BIO/2936/Rev.5 du 12 fvrier 1996.
Depuis la fin de la guerre froide, l'Organisation a lancé plus d'opérations de maintien de la paix que pendant ses 40 premières années d'existence. Outre le personnel civil, quelque 70 000 soldats, observateurs militaires et policiers ont été déployés dans le cadre d'opérations telles que l'Autorité provisoire des Nations Unies au Cambodge, la Force de protection des Nations Unies dans les républiques de l'ex-Yougoslavie, la Mission d'observation des Nations Unies en El Salvador, la Mission de vérification des Nations Unies en Angola III, l'Opération des Nations Unies au Mozambique et l'Opération des Nations Unies en Somalie.
Le Secrétaire général a également nommé un certain nombre d'envoyés et de représentants spéciaux chargés de le conseiller sur les dispositions à prendre afin de créer des conditions propices à la cessation des hostilités, à l'apaisement des tensions ou au raffermissement de la paix dans différentes régions du monde. Les activités de consolidation de la paix, qui visent à jeter les bases d'une paix durable, comportent des mesures propres à accroître la confiance, à réformer et à renforcer les institutions démocratiques, à intégrer les combattants démobilisés dans la société civile et à ressouder des sociétés déchirées par la guerre, de façon à éviter que les conflits ne reprennent.
Dès la première année de son mandat, le Secrétaire général s'est attaché à revitaliser et à élargir la notion de développement. Une série de conférences qui feront date se sont tenues, notamment la Réunion au sommet sur la promotion économique de la femme rurale, à Genève en février 1992, la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, à Rio de Janeiro en 1992, et la Conférence mondiale sur les droits de l'homme, à Vienne en 1993. En mai 1994, la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes naturelles a eu lieu à Yokohama. La Conférence internationale sur la population et le développement s'est tenue au Caire en septembre 1994. En novembre de la même année, la Conférence ministérielle mondiale sur la criminalité transnationale organisée s'est tenue à Naples. Le Sommet mondial pour le développement social a eu lieu à Copenhague en mars 1995. Le neuvième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants s'est tenu au Caire en avril/mai 1995. La quatrième Conférence mondiale sur les femmes a eu lieu à Beijing en septembre 1995. La neuvième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement tenue en avril/mai 1996 est la première Conférence internationale des Nations Unies en Afrique du Sud. La deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains aura lieu à Istanbul en 1996, sur le thème "Un sommet pour les villes". Le Secrétaire général voit dans ces diverses réunions une succession d'occasions uniques permettant de sensibiliser l'opinion mondiale et de fixer normes et règles. Ces conférences et sommets offrent en effet aux États Membres et aux organisations non gouvernementales, mais aussi aux particuliers intéressés, la possibilité de s'employer ensemble à donner une dimension mondiale aux efforts déployés en faveur du développement sous tous ses aspects. L'an passé, alors que l'Organisation des Nations Unies célébrait son cinquantième anniversaire, un volet important de ses travaux a consisté à faire prendre conscience de l'importance cruciale que revêt le développement.
Le Secrétaire général a exposé sa propre conception du développement dans un rapport intitulé Agenda pour le développement soumis à l'Assemblée générale en mai 1994. Il y présente la paix, l'économie, l'environnement, la société et la démocratie comme les cinq piliers du développement. Il traite des multiples acteurs qui participent au développement et expose ses vues sur la contribution que l'Organisation devrait apporter au développement dans un monde de plus en plus complexe, soulignant notamment que le respect universel et la défense des droits de l'homme font partie intégrante du développement. Les droits de l'homme, qui comprennent notamment les droits de groupes tels que les populations autochtones, les femmes, les enfants et les handicapés, constituent l'une des préoccupations du Secrétaire général. En novembre 1994, à la demande de l'Assemblée générale, le Secrétaire général a formulé ses recommandations pour la mise en oeuvre de l'Agenda pour le développement.
Ces deux agendas, de par leur thème la paix et le développement , sont inextricablement liés. En février 1995, le Secrétaire général a publié, dans deux volumes conjoints, des versions revues de ces deux textes complémentaires que sont l'Agenda pour la paix et l'Agenda pour le développement.
Le Secrétaire général préconise que les Nations Unies soutiennent activement le processus de démocratisation qui caractérise la période de l'après-guerre froide. L'ONU a répondu à l'appel lancé par quelque 40 pays pour qu'elle les aide à organiser des élections démocratiques et les supervise. Elle a envoyé plus de 2 100 observateurs en Afrique du Sud lors des élections qui s'y sont tenues en avril 1994, faisant de cette opération d'assistance électorale la plus importante de son histoire. Reconnaissant que la démocratie va bien au- delà de la simple tenue d'élections libres et régulières, les Nations Unies ont également mis en place divers programmes de coopération au développement des institutions démocratiques, de l'État de droit et de la participation populaire. Dans le même ordre d'idées, le meilleur soutien à la démocratie doit être trouvé dans la démocratisation de la vie internationale, objectif que le Secrétaire général poursuit depuis son entrée en fonctions.
Du fait que les contributions au budget ordinaire et aux opérations de maintien de la paix ne sont pas versées intégralement et en temps voulu, l'Organisation traverse une crise financière qui pourrait mettre en péril son bon fonctionnement. Le Secrétaire général a fait établir un certain nombre d'études visant à assurer que l'Organisation des Nations Unies aura les moyens de s'acquitter des tâches qui l'attendent pendant les 50 années à venir.
Le Secrétaire général a lancé un programme de restructuration et de réforme tendant à réduire le nombre de postes de rang élevé au Secrétariat et à décentraliser la prise de décisions, ainsi qu'à réduire les dépenses et à remédier aux insuffisances de la gestion. Il ne se préoccupe pas moins de faire en sorte que l'Organisation soit dotée des moyens qui lui sont nécessaires pour mener à bien des opérations de plus en plus vastes.
Le Secrétaire général s'est rendu dans plus de 50 pays afin d'y représenter l'ONU et d'offrir ses bons offices pour la cause de la paix. En décembre 1993, il a été le premier non-Coréen à traverser la zone démilitarisée entre Séoul et Pyongyang.
Titre universitaires honorifiques, distinctions et affiliations
Le rôle qu'a joué le Secrétaire général pour faire progresser les objectifs de paix, de développement et de démocratie a été reconnu par un grand nombre de distinctions et titres universitaires honorifiques.
Il a reçu un doctorat en droit honoris causa de l'Institut de droit de l'Académie des sciences de Russie, à Moscou (septembre 1992); un doctorat honoris causa de l'Institut d'études politiques de Paris (janvier 1993); le Christian A. Herter Memorial Award du World Affairs Council, Boston (mars 1993); un doctorat honoris causa de l'Université catholique de Louvain, Belgique (avril 1993); la distinction intitulée "L'homme de la paix" parrainée par la Fondation "Ensemble pour la paix" dont le siège est en Italie (juillet 1993); un doctorat honoris causa de l'Université Laval, Québec (août 1993); le Arthur A. Houghton Jr. Star Crystal Award for Excellence de l'Institut afro-américain, New York (novembre 1993); il a été nommé membre d'honneur de l'Académie des sciences naturelles de Russie, Moscou (avril 1994); membre d'honneur étranger de l'Académie des sciences de Russie, Moscou (avril 1994); membre d'honneur de l'Académie des sciences du Bélarus, Minsk (avril 1994); il a reçu un doctorat honoris causa de l'Université Carlos III de Madrid (avril 1994); un titre universitaire honorifique de la School of Foreign Service de l'Université de Georgetown, Washington, D. C. (mai 1994); un doctorat en droit international honoris causa de l'Université de Moncton au Nouveau-Brunswick, Canada (août 1994); et des doctorats honoris causa de l'Université de Bucarest (octobre 1994), de l'Université de Baku (octobre 1994), de l'Université d'Everan (novembre 1994), de l'Université d'Haïfa (février 1995), de l'Université de Vienne (février 1995), de l'Université de Melbourne (avril 1995) et un doctorat honoris causa en droit de l'Université de Carleton au Canada (novembre 1995). Il est titulaire d'un fellowship du Berkeley College de l'Université de Yale (mars 1995) et a reçu le prix Onassis de la compréhension internationale et de l'action sociale en juillet 1995 à Athènes (Grèce). Il a reçu un doctorat en droit honoris causa de l'Université Montesquieu de Bordeaux, France (mars 1996), et un doctorat honoris causa de l'Université Koryo de Séoul, République de Corée (avril 1996).
Fonctions antérieures
Diplomate, juriste, universitaire et auteur de nombreux ouvrages, M. Boutros-Ghali a une longue expérience des affaires internationales.
Entré au Parlement égyptien en 1987, il appartenait au secrétariat du Parti national démocrate depuis 1980. Avant d'assumer les fonctions de Secrétaire général de l'ONU, il a également été Vice-Président de l'Internationale socialiste.
Membre de la Commission du droit international de 1979 à 1991, il a également fait partie de la Commission internationale des juristes. Il a exercé bon nombre d'activités professionnelles et universitaires en rapport avec son expérience du droit, des affaires internationales et des sciences politiques; il a notamment été membre de l'Institut du droit international, de l'Institut international des droits de l'homme, de la Société africaine d'études politiques et de l'Académie des sciences morales et politiques (Institut de France, Paris).
Depuis une quarantaine d'années, M. Boutros-Ghali a pris part à de nombreuses réunions sur le droit international, les droits de l'homme, le développement économique et social, la décolonisation, la question du Moyen-Orient, le droit humanitaire international, les droits des minorités (ethniques, notamment), le non-alignement, le développement de la région méditerranéenne et la coopération afro-arabe,
En septembre 1978, M. Boutros-Ghali a assisté à la Conférence au sommet de Camp David et a pris part à la négociation des accords de Camp David signés par l'Égypte et Israël en 1979. Il a maintes fois dirigé la délégation égyptienne aux réunions de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et du Mouvement des pays non alignés, ainsi qu'à la Conférence au sommet des chefs d'État français et africains. Il a également dirigé la délégation égyptienne à l'Assemblée générale lors de ses sessions de 1979, 1982 et 1990.
M. Boutros-Ghali a obtenu un doctorat en droit international à l'Université de Paris en 1949; sa thèse portait sur l'étude des organisations régionales. Il est également titulaire d'une licence en droit obtenue à l'Université du Caire en 1946, ainsi que de diplômes en sciences politiques, en sciences économiques et en droit public conférés par l'Université de Paris.
Entre 1949 et 1977, M. Boutros-Ghali a été professeur de droit international et de relations internationales à l'Université du Caire. De 1974 à 1977, il a été membre du Comité central et du Bureau politique de l'Union socialiste arabe.
Entre autres activités professionnelles et universitaires, M. Boutros-Ghali a été titulaire d'une bourse de recherche Fulbright à l'Université Columbia (1954-1955), Directeur du Centre de recherche de l'Académie de droit international de La Haye (1963-1964) et professeur invité à la faculté de droit de l'Université de Paris (1967-1968). Il a donné des conférences sur le droit international et les relations internationales dans nombre d'universités d'Afrique, d'Asie, d'Europe, d'Amérique latine et d'Amérique du Nord.
M. Boutros-Ghali est Président de la Société égyptienne de droit international depuis 1965, Président du Centre d'études politiques et stratégiques (Al-Ahram) depuis 1975, membre du Conseil administratif (Curatorium) de l'Académie de droit international de La Haye depuis 1978, membre de la Commission scientifique de l'Académie mondiale pour la paix (Menton, France) depuis 1978 et membre associé de l'Institute Affari Internazionali (Rome) depuis 1979. Il a siégé à la Commission pour l'application des conventions et recommandations de l'Organisation internationale du Travail de 1971 à 1979. Il est également fondateur de la
publication Alahram Igtisadi, dont il a été rédacteur en chef de 1960 à 1975, ainsi que de la revue trimestrielle Al-Seyassa Al-Dawlia, qu'il a dirigée jusqu'en décembre 1991.
M. Boutros-Ghali est l'auteur de plus de 100 publications et de nombreux articles sur les affaires régionales et internationales, le droit et la diplomatie, et les sciences politiques.
Au cours de sa carrière, M. Boutros-Ghali s'est vu décerner des distinctions et des titres honorifiques par 24 pays dont, outre l'Égypte, la Belgique, l'Italie, la Colombie, le Guatemala, la France, l'Équateur, l'Argentine, le Népal, le Luxembourg, le Portugal, le Niger, le Mali, le Mexique, la Grèce, le Chili, le Brunéi Darussalam, l'Allemagne, le Pérou, la Côte d'Ivoire, le Danemark, la République centrafricaine, la Suède et la République de Corée. Il a également été décoré de l'Ordre souverain militaire de Malte.
Né au Caire le 14 novembre 1922, le Secrétaire général est marié à Leia Maria Boutros-Ghali.
* *** *