Conseil de sécurité: les pays sortant d'un conflit ont besoin de stratégies d’inclusion et de renforcement des institutions soutenues par la communauté internationale, déclare Ban Ki-moon
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CONSEIL DE SÉCURITÉ: LES PAYS SORTANT D’UN CONFLIT ONT BESOIN DE STRATÉGIES D’INCLUSION ET DE RENFORCEMENT
DES INSTITUTIONS SOUTENUES PAR LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, DÉCLARE BAN KI-MOON
On trouvera ci-après le texte intégral du discours prononcé le 20 décembre par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, lors du débat public du Conseil de sécurité sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit:
Je remercie le Maroc d’avoir pris l’initiative d’organiser le présent débat public. La consolidation de la paix est un des principaux objectifs de l’ONU. C’est un sujet qui réunit les acteurs de l’ensemble du système des Nations Unies: mes envoyés et représentants, dont les efforts de négociation et de médiation permettent de parvenir à des règlements politiques et de faire en sorte qu’ils tiennent; les missions politiques et de maintien de la paix, qui aident à instaurer la paix, à mettre en œuvre les accords de paix ou de transition et à jeter les bases d’une paix durable; et les organismes, fonds et programmes, dont les initiatives permettent d’engranger les dividendes de la paix, d’appuyer le relèvement et de relancer le développement.
Dans mon rapport de 2009 sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, j’avais indiqué que les deux premières années qui suivent le conflit offrent la possibilité décisive de commencer à jeter les fondations d’une paix durable. J’avais aussi présenté un plan d’action pour améliorer l’intervention du système des Nations Unies pendant cette période.
L’ONU a accompli des progrès importants dans la mise en œuvre de ce plan d’action. Les missions et les équipes de pays des Nations Unies agissent de concert. L’ONU est désormais en mesure de déployer plus rapidement sur le terrain les responsables des missions, les experts et le personnel. Nous avons étoffé et amplifié nos partenariats, notamment avec la Banque mondiale et les organisations régionales, et grâce à l’initiative sur les capacités civiles, nous nous employons à étendre et à creuser le gisement des compétences nécessaires au renforcement des institutions dans les domaines fondamentaux où ces capacités font défaut.
Le résultat de ces diverses activités a été une réponse plus cohérente, rapide et efficace aux priorités immédiates au lendemain d’un conflit. Nos progrès en matière d’appui à la participation des femmes à la consolidation de la paix ont été plus mitigés. Des progrès notables ont été obtenus dans les domaines du règlement des conflits, de la prise en compte de la problématique hommes-femmes dans la planification, du financement et de la primauté du droit. En revanche, on a moins avancé pour ce qui est de la gouvernance et de la relance de l’économie. Il reste encore beaucoup à faire pour mettre en œuvre le plan d’action en sept points formulé dans mon rapport de 2010 sur la participation des femmes à la consolidation de la paix.
En dépit des progrès que nous avons accomplis, d’importants défis à la consolidation de la paix subsistent. De nombreux pays demeurent toujours instables plusieurs années après la fin du conflit armé, et retombent souvent dans la violence. Quatre-vingt dix pour cent des conflits intervenus entre 2000 et 2009 se sont déroulés dans des pays qui avaient déjà connu une guerre civile.
Les causes de la rechute varient selon les pays, mais il y a un dénominateur commun – un manque de confiance au lendemain d’un conflit entre les différents partis politiques et groupes sociaux, entre l’État et la société, et entre l’État et ses partenaires internationaux. L’expérience a mis en évidence trois éléments indispensables pour éviter que les pays retombent dans la violence et assurer la résilience des États et des sociétés: l’ouverture, le renforcement des institutions et l’appui soutenu de la communauté internationale.
L’ouverture en matière de consolidation de la paix passe par un règlement politique et suppose de convaincre toutes les parties à un conflit que leurs objectifs fondamentaux peuvent être atteints par le dialogue et la négociation, plutôt que par la violence. Les processus d’ouverture ancrés dans la primauté du droit réduisent la corruption, rendent les administrations publiques plus transparentes et prévisibles, et améliorent la prestation des services sociaux.
Notre appui à la transition du Yémen montre comment l’ONU poursuit une démarche d’ouverture. Mon Conseiller spécial a rencontré une série de groupes d’opposition, des jeunes, des femmes et des organisations de la société civile, ouvrant la voie à leur participation à la conférence de dialogue national qui jettera les bases des stades ultérieurs de la transition.
Des institutions fortes sont essentielles à l’instauration de la confiance des populations dans l’appareil d’État et à la prévention des conflits violents. Pour la communauté internationale, l’un des défis majeurs est de trouver un juste milieu entre l’appui au renforcement institutionnel sur le long terme et l’impératif d’obtenir des résultats rapides et tangibles qui soient bénéfiques aux populations. Il est crucial de veiller sur-le-champ à restaurer les appareils de gestion administrative et financière, ainsi que la prestation de services sociaux.
Le renforcement des institutions passe par le renforcement de la primauté du droit. Les États Membres ont reconnu, dans la Déclaration de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur l’état de droit aux niveaux national et international, adoptée par l’Assemblée générale au mois de septembre, l’importance des institutions en charge de faire respecter l’état de droit, lesquelles doivent être accessibles et répondre aux besoins et aux droits de tous les individus, gagner la confiance du citoyen et favoriser la cohésion sociale et la prospérité économique. Les efforts menés dans ce domaine doivent viser à garantir un accès total et égal aux institutions informelles, et intensifier le dialogue entre les institutions formelles et informelles.
La bonne gouvernance et la primauté du droit, et l’existence d’institutions démocratiques efficaces, ouvertes et responsables, sont des éléments essentiels au développement durable. Les États Membres l’ont reconnu lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, qui a eu lieu cette année, et les discussions en cours sur le programme de développement pour l’après-2015 sont l’occasion de concrétiser cette reconnaissance.
Le renforcement des institutions et les autres tâches de consolidation de la paix peuvent parfois prendre une génération, ce qui met en évidence la nécessité d’un appui international sur les plans politique et financier. Cela souligne en outre l’importance de la responsabilité mutuelle sur le long terme, qui établit un partenariat plus équitable entre les bailleurs de fonds et les gouvernements bénéficiaires. Cette démarche se reflète dans les instruments d’engagement de la Commission de consolidation de la paix, et a été approuvée par le Groupe g7+ et par ses partenaires au développement.
Les plans de transition peuvent servir de base pour améliorer la confiance et approfondir les partenariats entre les pays sortant d’un conflit et la communauté internationale. J’encourage les États Membres à contribuer à leur élaboration et à leur application. Pour les partenaires de développement, cela suppose une plus grande volonté de recourir aux systèmes financiers et de surveillance au niveau national, et d’assumer des risques. Les fonds regroupés, comme le Fonds pour la consolidation de la paix, peuvent aider à réduire ce risque.
Les pays sortant d’un conflit, les partenaires de développement et l’ONU ont tous leur rôle à jouer dans la concrétisation de ces propositions. Je suis prêt à présenter un nouveau rapport sur la suite qui y sera donnée afin que, ensemble, nous puissions consolider la paix comme il faut.
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