LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE L’IRAQ ANNONCE DES NÉGOCIATIONS SUR UN ACCORD BILATÉRAL DE SÉCURITÉ AVEC LES ÉTATS-UNIS
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Conseil de sécurité
5910e séance – matin
LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE L’IRAQ ANNONCE DES NÉGOCIATIONS SUR UN ACCORD BILATÉRAL DE SÉCURITÉ AVEC LES ÉTATS-UNIS
Les membres du Conseil de sécurité reconnaissent les progrès sur les plans sécuritaire, politique et économique en Iraq tout en relevant les nombreux défis
Les membres du Conseil de sécurité ont pris note aujourd’hui des propos tenus par le Ministre des affaires étrangères de l’Iraq selon lesquels son gouvernement négocie, en ce moment, un accord de sécurité bilatéral avec les États-Unis qui, une fois mis en œuvre, répondra aux besoins couverts pour l’heure par le mandat de la Force multinationale. L’accord tiendra aussi compte des progrès accomplis par les forces de sécurité iraquiennes.
Au cours d’un débat sur la situation dans son pays, auquel ont pris part le Conseiller spécial pour le Pacte international pour l’Iraq, le Contrôleur des Nations Unies, le Représentant permanent des États-Unis, au nom de la Force multinationale et les 14 autres membres du Conseil, M. Hoshyar Zebari a précisé que le passage d’un accord multilatéral à un accord bilatéral de sécurité dépendra de l’approbation du Conseil des représentants et du respect de la souveraineté et des intérêts nationaux du peule iraquien.
Les délégations ont donc pris note de la décision du Gouvernement iraquien de ne pas demander, comme il en a le droit, l’arrêt immédiat du mandat de la Force multinationale au motif que, bien qu’ayant renforcé ses capacités d’intervention, les forces de sécurité iraquiennes ne sont pas encore en mesure d’assurer « indépendamment » le maintien de l’ordre sur toute l’étendue du territoire.
Compte tenu du futur accord bilatéral, le Gouvernement iraquien ne demandera pas non plus le renouvellement du mandat de la Force à son expiration, le 31 décembre 2008. L’amélioration constante de la situation sécuritaire a été reconnue par toutes les délégations qui ont convenu, avec le Ministre iraquien des affaires étrangères et le Représentant permanent des États-Unis, que le nombre des attentats et de morts parmi les civils est à son plus bas niveau depuis 4 ans.
Mais les menaces de violence continuent à peser sur la population iraquienne, ont-elles aussi reconnu, après que le représentant américain, M. Zalmay Khalilzad, a même appelé la Syrie et l’Iran à prendre les mesures qui s’imposent pour mettre un terme aux activités des combattants étrangers.
Sur le plan politique, les délégations ont salué les avancées du processus de réconciliation nationale et les jalons législatifs, tout en s’impatientant devant les retards enregistrés dans le processus de révision constitutionnelle, l’adoption de la loi électorale, surtout à la veille des élections provinciales prévues en octobre 2008, et de celle sur les hydrocarbures, essentielle à l’essor de l’industrie pétrolière iraquienne.
Tout en acquiesçant, le Ministre iraquien des affaires étrangères a fait remarquer qu’après des décennies de guerre, de sanctions et de dictature, il faut du temps et de l’espace pour dégager un consensus sur un agenda national. Les délégations ont donc salué la contribution de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), en particulier au règlement de la question des frontières internes.
Du point de vue régional, elles ont relevé l’amélioration des relations de bon voisinage, en espérant que la décision des Émirats arabes unis et du Bahreïn d’ouvrir des ambassades à Bagdad fera des émules. Elles ont appelé les trois groupes de travail régionaux sur la sécurité des frontières, l’énergie et les réfugiés, à produire des résultats concrets.
Mais, ont-elles prévenu, les progrès réalisés sur les plans politique et sécuritaire resteront vains si le quotidien des Iraquiens ne s’améliore pas. Pour le Gouvernement, a reconnu le Ministre des affaires étrangères, le défi est d’assurer une « distribution équitable » des services de base comme l’électricité, l’eau, l’assainissement, les soins de santé et le carburant.
Les délégations ont appelé l’Iraq à mettre rapidement en œuvre les recommandations des rapports d’audit commandés par le Conseil international consultatif chargé de contrôler l’utilisation des ressources du Fonds de développement pour l’Iraq dont la gestion « toujours imparfaite » a été dénoncée par le Contrôleur des Nations Unies, M. Warren Sach.
À la satisfaction des délégations, le Ministre iraquien des affaires étrangères a exprimé la détermination de son gouvernement à assurer le retour dans leur foyer des 2,7 millions de personnes déplacées et de 2 millions de réfugiés iraquiens.
Dans ce domaine comme d’autres, les délégations ont reconnu la « tâche difficile » de la MANUI qui doit étendre sa présence dans toute l’étendue du territoire avec des compétences nouvelles. Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Pacte international pour l’Iraq et autres questions, M. Ibrahim Gambari, a appelé les États Membres à continuer de contribuer au Fonds d’affectation spéciale pour permettre à l’Entité distincte chargée de la sécurité du personnel de l’ONU de s’acquitter de ses fonctions.
De nombreuses délégations ont appuyé son appel au déploiement de conseillers militaires supplémentaires. Compte tenu de l’échéance du mandat de la Force multinationale, a estimé le représentant de la France, il faut d’ores et déjà réfléchir à la notion de protection de la Mission. L’échéance rend également nécessaire, a-t-il aussi estimé, une réflexion sur le Fonds de développement et le Conseil international consultatif et de contrôle, en concertation avec le Gouvernement iraquien.
LA SITUATION EN IRAQ
Exposés
M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis), qui s’exprimait au nom de la Force multinationale, a affirmé que la situation en matière de sécurité continuait de s’améliorer en Iraq. Les forces de sécurité iraquiennes ont fait des progrès importants en matière d’efficacité et de capacités. Mais, malgré ces progrès encourageants, des difficultés subsistent, a-t-il dit, faisant état des effets des menaces de violence continues qui pèsent au quotidien sur les familles. Le nombre total d’incidents a diminué et est au plus bas depuis quatre ans, a-t-il assuré. Il a ainsi indiqué que le nombre de décès civils dus à la violence avait chuté de 75% depuis juillet 2007. Les attaques et les attentats à la voiture piégée ont diminué en mai 2008, tombant en dessous du niveau le plus bas, a-t-il ajouté. Enfin, le nombre d’attentats-suicide qui s’était accru entre octobre 2007 et février 2008 a diminué en mars et avril 2008. Le représentant s’est dit néanmoins préoccupé par la présence de combattants étrangers en Iraq. Le Gouvernement syrien doit faire plus pour mettre un terme aux activités des réseaux de combattants étrangers sur son territoire qui continuent d’alimenter la majorité des attentats-suicide responsables de la mort d’Iraquiens innocents, a-t-il averti. De même, le Gouvernement iranien doit cesser d’entraîner, d’équiper et de financer des éléments iraquiens violents qui ont défié le Gouvernement iraquien et les forces de sécurité iraquiennes, a-t-il déclaré. M. Khalilzad a ainsi lancé un appel au Gouvernement iranien pour qu’il tienne sa promesse de respecter la souveraineté de l’Iraq et l’intégrité de ses frontières, ce qu’il ne fait pas jusqu’à présent, a-t-il précisé.
Le représentant a souligné que la Force multinationale continuait de transférer des responsabilités au Gouvernement iraquien. En outre, les Gouvernements des États-Unis et de l’Iraq sont en train de négocier des relations de longue durée qui reconnaîtront cette transition et la capacité des forces de sécurité iraquiennes à assumer une plus grande responsabilité pour la sécurité et la stabilité, a-t-il expliqué. Selon M. Khalilzad, il est évident que les améliorations récentes de la situation sécuritaire en Iraq sont importantes. Néanmoins, le Gouvernement iraquien doit intensifier l’exécution de mesures complémentaires pour consolider ces réussites, comme la fourniture de l’aide humanitaire et de services essentiels à tous les citoyens, y compris les réfugiés, l’amélioration des mesures budgétaires visant à accroître la responsabilité iraquienne dans la reconstruction et le développement, et la progression du processus de réconciliation politique. Des élections provinciales crédibles joueront également un rôle important dans la facilitation de la réconciliation et la formation de gouvernements provinciaux représentatifs, a-t-il précisé. La lutte pour l’avenir de l’Iraq est essentielle, a-t-il insisté, notant que celui-ci façonnera également l’avenir du Moyen-Orient, et que l’avenir du Moyen-Orient aura un impact sur la stabilité et la sécurité de tous. Nous devons aider l’Iraq à réussir, a-t-il dit, exhortant les pays voisins de l’Iraq et la communauté internationale à l’aider à achever son travail.
M. IBRAHIM GAMBARI, Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Pacte international pour l’Iraq et autres questions, a d’emblée indiqué que la tendance à l’amélioration de la sécurité se poursuit dans de nombreuses parties du pays. Grâce aux efforts concertés du Gouvernement iraquien et des autres parties prenantes, l’on a également constaté des progrès dans la capacité des forces de sécurité iraquiennes, la lutte contre les milices et les autres groupes armés et le renforcement de l’état de droit à Bassorah, à Bagdad, à Mossoul et dans d’autres endroits.
Toutefois, a prévenu M. Gambari, la situation demeure fragile. Les Iraquiens continuent d’être menacés par la violence et la fourniture des services de base doit absolument être améliorée. Pour préserver les acquis, il faut aussi que le dialogue politique se poursuivre et aboutisse à des solutions durables.
La Mission de l’ONU, qui continue à porter assistance au Gouvernement et au peuple iraquiens, a présenté le 5 juin dernier, une première série d’analyses sur les différends concernant les frontières internes, en se concentrant sur quatre districts du nord de l’Iraq. La Mission, a expliqué M. Gambari, étudie aussi les moyens de promouvoir les mesures de confiance au sein des communautés qui demeurent divisées et méfiantes les unes vis-à-vis des autres.
Le règlement du statut de Kirkouk, a poursuivi M. Gambari, demeure essentiel à la résolution des questions frontalières. Les Nations Unies sont disposées à contribuer au processus mais ce processus doit se concentrer sur un dialogue entre Iraquiens. Les décisions concernant les frontières seront prises par les Iraquiens et les Iraquiens seuls, a dit M. Gambari.
La Mission, a-t-il poursuivi, travaille aussi étroitement avec la Commission électorale nationale sur la planification de l’enregistrement des électeurs et les élections des conseils provinciaux prévues avant la fin de l’année. Mais, le Conseil des représentants doit encore approuver une nouvelle loi électorale qui serait la base des élections futures.
Par ailleurs, les Nations Unies sont fermement convaincues que le processus de révision constitutionnelle demeure un mécanisme important par lequel les communautés iraquiennes pourraient consacrer un accord politique sur les éléments fondamentaux de leur État. La Mission facilite la conclusion d’un accord que ce soit au niveau même de la Commission ou au plus haut niveau.
Compte tenu des nombreux défis que le peuple iraquien doit encore relever, l’appui de la communauté internationale et des pays voisins est essentiel. M. Gambari a ainsi rappelé la tenue le 29 mai dernier à Stockholm, de la première évaluation annuelle de la mise en œuvre du Pacte international pour l’Iraq. Dans ce contexte, il a fait état de progrès dans le dialogue régional.
Par le biais du Mécanisme spécial d’appui, les Nations Unies aident le Ministère iraquien des affaires étrangères à renforcer sa capacité de promouvoir le dialogue régional, à appuyer les trois groupes de travail régionaux sur la sécurité aux frontières, l’énergie et les réfugiés et à préparer les prochaines réunions ministérielles.
M. Gambari a aussi évoqué les questions des droits de l’homme, en indiquant que la Mission aide le Gouvernement à élaborer une législation en la matière et à créer des institutions comme la Commission nationale des droits de l’homme tout en appuyant le travail du Ministère des droits de l’homme.
La Mission n’a en outre épargné aucun effort pour alléger les souffrances des réfugiés et des personnes déplacées non seulement sur le plan humanitaire mais aussi en ce qui concerne leur impact sur la région. La Mission est en train de développer un programme pour le retour des réfugiés visant à s’assurer que le Gouvernement de l’Iraq et les agences humanitaires seront prêts au bon moment.
La reconstruction de l’Iraq demeure une priorité pour les Nations Unies, a-t-il poursuivi. La Mission espère qu’elle pourra non seulement accroître la fourniture de l’assistance dans tout le pays mais aussi fournir une assistance technique en vue de renforcer les capacités des gouvernements locaux.
Après avoir souligné la disposition des Nations Unies à mettre en œuvre la résolution 1770, M. Gambari a appelé les États Membres à continuer de contribuer au Fonds d’affectation spéciale pour faire en sorte que l’Entité distincte chargée de la sécurité du personnel de l’ONU puisse s’acquitter de son rôle. Il a aussi encouragé les États Membres à déployer des conseillers militaires supplémentaires à la Mission, arguant qu’il s’agit d’une condition préalable à l’extension de la présence de la Mission dans le pays.
En conclusion, M. Gambari a estimé que des mesures doivent être prises de toute urgence pour élargir le processus de réconciliation nationale et trouver des solutions propres à soutenir une paix durable. Il faudra pour cela du courage, un leadership et des décisions et des compromis douloureux, a-t-il prévenu. Traiter des questions fondamentales comme le partage des ressources, la fédéralisation de l’État et la résolution des frontières internes exige de la sagesse, de la patience et une forte volonté politique.
Il revient aux Iraquiens, a insisté M. Gambari, de faire les bons choix et de réaliser une paix durable. Ce n’est pas seulement un défi pour la direction iraquienne mais pour toutes les communautés. Les Nations Unies sont disposées à rester auprès des Iraquiens durant tout ce processus, a-t-il assuré.
M. WARREN SACH, Contrôleur des Nations Unies, a rendu compte des activités du Conseil international de surveillance chargé de contrôler la gestion du Fonds de développement pour l’Iraq. Il a ainsi indiqué qu’à ce jour, le Conseil a surveillé deux audits du Fonds couvrant les années 2006 et 2007. Ces audits ont révélé les mêmes faiblesses. Moins de 15% des recommandations des audits précédents ont été mises en œuvre. Des faiblesses continuent d’exister, par exemple, dans le cadre mis en place pour le contrôle interne. De même, le système global de comptage pétrolier pourtant indispensable à la transparence et la responsabilisation dans les transactions pétrolières, n’existe toujours pas. Il faut aussi s’inquiéter du fait que les transactions d’échanges de marchandises ne soient toujours pas comptabilisées dans le Fonds de développement comme le demande pourtant la résolution 1483. Le Contrôleur a enfin indiqué que le système financier de contrôle des dépenses des ministères, des agences américaines et de l’administration iraquienne demeure insuffisant.
M. HOSHYAR ZEBARI, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a affirmé que son pays connaît en ce moment le niveau le plus bas de violence depuis mars 2004. Le Gouvernement, a-t-il expliqué, a pris des mesures de sécurité, politiques et économiques pour renforcer la réconciliation nationale et imposer l’état de droit. En avril dernier, le Premier Ministre et les chefs des partis parlementaires ont appelé à la dissolution et au désarmement des milices, une décision que le peuple iraquien a beaucoup appréciée.
Pour consolider les acquis, a estimé le Ministre, le défi est de procéder à une fourniture équitable des services de base, à savoir l’électricité, l’eau, les services d’assainissement, les soins de santé et le carburant. Le Gouvernement doit aussi relever les défis humanitaires causés par les déplacements internes et externes. Après avoir passé en revue le travail législatif accompli jusqu’ici, le Ministre a reconnu les retards dans certaines lois dont celles sur les élections et les hydrocarbures. Mais le consensus, a-t-il dit, d’un pays qui sort de plusieurs décennies de guerre, exige du temps et de l’espace.
Le Ministre s’est dit confiant face aux prochaines échéances comme les élections provinciales en octobre. Du point de vue économique, il a indiqué que son pays vient presque de tripler son budget par rapport à 2006. Depuis 2003, le chômage a baissé de 10% alors que le revenu par habitant est passé de 465 à 2 100 dollars. L’Iraq est un pays riche et bien que ses ressources soient encore sous-exploitées, il est déjà devenu l’argentier de ses efforts de reconstruction. Au niveau régional, les relations continuent de se réchauffer grâce au dialogue direct et diplomatique. Le Ministre a ainsi attiré l’attention sur la décision des Émirats arabes unis et du Bahreïn d’ouvrir des ambassades à Bagdad.
Soulignant l’incapacité des forces de sécurité d’assumer « indépendamment » le maintien de la sécurité dans tout le pays, le Ministre a jugé essentiel le maintien des forces multinationales, en particulier à la veille des élections d’octobre. Il a annoncé que son pays est en train de négocier des accords stratégiques avec les États-Unis pour offrir un cadre aux arrangements en matière de sécurité qui tiendrait dûment compte des besoins de l’Iraq.
Les nouveaux accords devraient refléter les progrès accomplis dans le renforcement des capacités des forces iraquiennes. Le Ministre a estimé que le passage d’arrangements multilatéraux à des arrangements bilatéraux permettra de renforcer la transparence et le respect de la souveraineté et des intérêts nationaux de l’Iraq et des Iraquiens.
Le Gouvernement de l’Iraq, a-t-il dit, se félicite aussi de la poursuite des arrangements actuels concernant le Fonds de développement et son Conseil de surveillance. Dans ce contexte, le Ministre a demandé un réexamen des obligations compensatoires de son pays qui ont considérablement augmenté l’année dernière et qui continuent d’exercer une pression sur le budget et les programmes de reconstruction et de développement. Il a soulevé la question de la dette héritée de l’ancien régime avant de se féliciter du travail de la Mission de l’ONU.
Déclarations
M. MARCELLO SPATAFORA (Italie) a estimé que l’espoir et la confiance semblaient justifiés en Iraq à la lumière des différents rapports. Il a exprimé son espoir que le Gouvernement parvienne à démanteler toutes les milices qui constituent un élément d’instabilité. Il s’est félicité de la contribution de la Force multinationale au renforcement de la capacité sécuritaire de l’Iraq. Le représentant s’est aussi félicité des initiatives positives prises dans le cadre du processus de réconciliation nationale, notamment dans la loi d’amnistie. L’allègement de la dette selon les termes de la Conférence de Paris est essentiel, a-t-il par ailleurs affirmé. M. Spatafora a rappelé en outre que l’Italie avait toujours appuyé la MANUI et le mandat très large du mandat que le Conseil lui a conféré. Il a espéré que les institutions des Nations Unies seront plus présentes sur le terrain pour qu’elles puissent diriger plus efficacement la contribution internationale aux efforts de reconstruction de l’Iraq.
M. ALFREDO SUESCUM (Panama) a notamment reconnu les progrès obtenus en matière de sécurité par la Force multinationale en Iraq. Il est important que la MANUI poursuive ses efforts en Iraq, a-t-il également souligné. Le représentant a également estimé que la situation en Iraq avait des effets au-delà des frontières du pays. Il a ainsi plaidé en faveur d’une intensification des efforts de coopération. Les efforts entrepris doivent être renforcés pour aboutir à une véritable coopération sur le terrain, a-t-il précisé. Le représentant a encouragé le Gouvernement iraquien à étudier les recommandations formulées dans le rapport d’étape du CCIC.
M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahiriya arabe libyenne) a affirmé que l’histoire de l’Iraq nous enseignait que son peuple avait toujours été capable de faire placer avant tout l’intérêt de son pays et sortait toujours grandi des épreuves. L’Iraq a encore besoin d’un appui, malgré les progrès réalisés, notamment la restauration de l’état de droit à Bassorahet la réduction des violences, y compris des violences sectaires. L’amélioration de la situation est liée à la restauration nationale, a-t-il ajouté, toutes les parties devant être convaincues qu’elles partageront les ressources naturelles. Il s’est aussi dit vivement préoccupé par la situation humanitaire, notamment des personnes détenues par les forces de la coalition, parmi lesquelles figurent des enfants, a-t-il précisé. Le représentant a en outre mis également l’accent sur l’importance de préserver la souveraineté de l’Iraq. Il a également souligné la nécessité d’assurer le retour chez eux des réfugiés. La stabilité de l’Iraq est la pierre angulaire de la stabilité et de la prospérité de la région, a-t-il conclu.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a estimé que la situation apparaissait d’autant plus réconfortante que l’on enregistrait un certain apaisement sur le plan sécuritaire, notamment après les récentes opérations menées par les forces de sécurité iraquiennes contre les groupes armés. Néanmoins, beaucoup de défis restent encore à relever en termes de sécurisation de l’ensemble du territoire, a-t-il dit. Il a ajouté que son pays demeurait très préoccupé par la situation humanitaire en Iraq, où le nombre de réfugiés et de déplacés à l’intérieur est encore très élevé. M. Kafando s’est dit particulièrement interpellé par les conditions que vivent les femmes et les enfants ainsi que par les cas de violation des droits de l’homme. Il a exhorté les différentes parties à veiller au respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Le représentant a jugé que la Force multinationale devrait être maintenue et a réitéré son appui à la MANUI, l’encourageant à poursuivre son action.
M. NEVEN JURICA (Croatie) a reconnu les progrès enregistrés dans la situation en Iraq, en se félicitant des indicateurs macroéconomiques « remarquables » et des jalons législatifs. Il a tout de même appelé à des efforts renouvelés pour une prompte adoption des lois sur les élections et les hydrocarbures. Relevant également les progrès dans le domaine de la sécurité, le représentant a estimé que le pays traverse une phase cruciale de transformation qui s’accompagne de difficultés politiques, sécuritaires et autres. La Mission de l’ONU et la force multinationale sont bien placées pour aider au dialogue politique, au processus électoral, au travail constitutionnel et au processus de réconciliation nationale, a souligné le représentant, en disant accorder beaucoup d’importance au rôle de la Mission dans le règlement des différends frontaliers. Il s’est aussi félicité de l’amélioration du dialogue régional en jugeant « inacceptable » que les efforts en la matière aient été mis en danger par des groupes armés. Aujourd’hui, nous avons l’espoir que le peuple iraquien, avec l’aide de la communauté internationale, pourra consolider ses acquis, a-t-il conclu.
M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a salué les progrès accomplis par l’Iraq et les efforts qu’il a déployés face à la menace sécuritaire. Il s’est néanmoins dit préoccupé par la fragilité de la situation sécuritaire du pays. Il a mis l’accent, en outre, sur la nécessité pour le Conseil de sécurité de veiller à la bonne exécution du mandat de la Force multinationale. Le représentant a également souhaité que le Fonds de développement pour l’Iraq et le Conseil international consultatif et de contrôle continuent à jouer leur rôle en veillant à ce que les ressources iraquiennes soient gérées de manière responsable pour que peuple iraquien en tire le plus grand profit possible.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a, à son tour, relevé les progrès enregistrés en Iraq. Ensemble, ces progrès ont permis de débarrasser l’Iraq de ceux qui veulent semer la discorde et de donner une marge politique à la réconciliation nationale. Mais il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle dit, en encourageant des nouvelles initiatives socioéconomiques pour améliorer la situation en matière de sécurité. Elle a aussi appelé à l’adoption des lois sur les élections et les hydrocarbures pour assurer le développement du secteur pétrolier iraquien. Elle a salué les conclusions du premier examen du Pacte international qui a montré l’attachement de l’Iraq à la bonne mise en œuvre du Pacte. Elle a aussi salué la décision des Émirats arabes unis et de Bahreïn d’ouvrir des ambassades en Iraq. Elle a encouragée la Mission de l’ONU à poursuivre son travail d’assistance au règlement de la question frontalière. Elle a souscrit à l’appel du Secrétaire général visant le déploiement de conseillers militaires supplémentaires et l’augmentation des contributions au Fonds d’affectation spéciale. La représentante a annoncé d’autres transferts de pouvoir à Bassorah en juin et en juillet. Ces transferts, s’est-elle félicitée, permettent aux Iraquiens de prendre des décisions sur leur avenir et d’assumer ainsi leurs responsabilités. Elle a d’ailleurs salué les améliorations en matière de sécurité que ces transferts ont permis d’apporter. Les forces britanniques, a-t-elle dit, sont prêtes à apporter un soutien opérationnel et logistique. Le Royaume-Uni, a-t-elle conclu, continue d’ailleurs à aider les autorités locales à renforcer leurs capacités, en particulier celle d’investir dans l’économie locale.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a affirmé que l’Iraq avait fait des progrès notables en matière politique, sécuritaire et de reconstruction. Il a espéré que Force multinationale saura s’acquitter du mandat qui lui a été conféré. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de consolider les acquis. Il convient ainsi, a-t-il dit, de promouvoir le processus politique et de favoriser la réconciliation nationale. Le Gouvernement iraquien devrait lancer un processus politique, ouvert et participatif, a-t-il estimé. Le représentant de la Chine a encouragé la MANUI à jouer son rôle positif en promouvant la réconciliation politique en Iraq. La Chine, a-t-il ajouté, soutient le Gouvernement iraquien lorsqu’il s’agit d’assurer les préparatifs des prochaines élections. Il a par ailleurs espéré que le Fonds de développement pour l’Iraq sera mieux administré avec une appropriation nationale plus efficace de la part de l’Iraq lui-même.
M. JAN GRAULS (Belgique) a salué l’amélioration « significative » de la situation sécuritaire et l’intensification des efforts pour bâtir un pays stable, démocratique, unifié et prospère. Les violences qui continuent à frapper la population et le sort précaire des réfugiés et des personnes déplacées rappellent l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir. Il ne faut pas relâcher les efforts. Il faut au contraire, a encouragé le représentant, se concentrer sur l’amélioration des conditions de vie des citoyens, par une assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées mais aussi dans le cadre plus large du développement économique et social. Les défis sont nombreux, a poursuivi le représentant, en citant la fourniture à tous des services de base et l’application des principes de bonne gouvernance. Il a salué les progrès dans la mise en œuvre des recommandations du Conseil international consultatif et de contrôle, en appelant l’Iraq à intensifier ses efforts pour éliminer les lacunes que continuent de relever les rapports d’audit. Les efforts pour rétablir le droit au recours à la force légitime et la réconciliation nationale doivent, a estimé le représentant, constituer le socle de l’État.
Sur le plan sécuritaire, a-t-il encore suggéré, les efforts doivent aller de pair avec le renforcement de l’état de droit. Il s’est félicité des capacités accrues des forces de sécurité iraquiennes, en prenant note de la décision de l’Iraq de ne pas mettre fin au mandat de la Force multinationale. Sur le plan politique, le représentant a jugé important de finaliser les préparatifs d’élections provinciales crédibles. Il importe aussi, a-t-il poursuivi, de poursuivre les travaux législatifs et constitutionnels afin de garantir à chaque communauté son droit de participer à l’avenir commun. Le représentant a appuyé la méthodologie graduelle de l’ONU pour régler les questions frontalières. Il a dit apprécier la qualité du travail des Nations Unies qui doivent pouvoir assumer leur rôle dans des conditions de sécurité suffisantes. Le représentant a conclu en prenant note de la décision de l’Iraq de signer des accords bilatéraux sur la sécurité et de ne pas demander le renouvellement du mandat de la Force multinationale.
M. SAUL WEISLEDER (Costa Rica) s’est en particulier félicité des efforts du Gouvernement iraquien et de ses partenaires de la communauté internationale pour favoriser la stabilité et la prospérité économique du pays. Il a en outre appuyé tous les efforts menés en vue de restaurer l’État iraquien. Le représentant a dit suivre avec préoccupation l’évolution de la situation des droits de l’homme et humanitaire. Il a souligné par ailleurs l’importance qu’il y a, selon lui, à publier des rapports dans toutes les langues officielles des Nations Unies avant leur présentation au Conseil de sécurité, afin de renforcer la transparence des questions dont le Conseil est saisi. Le représentant a réaffirmé la condamnation par son pays de la violence sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations. Il s’est en outre félicité de la ratification de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants par l’Iraq et l’a encouragé à signer son Protocole facultatif.
M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a reconnu, à son tour, les progrès enregistrés grâce au travail des dirigeants iraquiens tout en félicitant les Nations Unies pour leur contribution. Il a aussi espéré que le Conseil international consultatif et de contrôle continuera à renforcer ses audits et à surveiller la capacité de l’Iraq d’assurer que toutes les ressources du Fonds de développement sont affectées de manière transparente et efficace au bien-être de la population. Évoquant la disposition de son pays à se joindre aux efforts collectifs pour aider les Iraquiens à reconstruire leur pays, le représentant a aussi rappelé que son pays avait participé aux deux Conférences sur le Pacte international pour l’Iraq. Nous continuerons, a-t-il promis, de faire en sorte que la mise en œuvre du Pacte aille de l’avant.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a reconnu que 2008 était une année essentielle dans le partenariat entre l’Iraq et la Force multinationale. Il faut mettre davantage l’accent sur la formation et le renforcement des capacités dans le soutien et l’assistance de la Force multinationale aux Iraquiens, a-t-il dit. De l’avis de sa délégation, on ne peut pas mettre un terme aux atrocités en Iraq en se fondant uniquement sur une approche sécuritaire. Il a souligné que les violences en Iraq étaient à l’origine de déplacements importants de la population. La mise au point d’une stratégie nationale est une mesure importante que doit prendre le Gouvernement iraquien, a-t-il dit, souhaitant que l’application de cette stratégie bénéficie de ressources importantes. Il a en outre espéré que le Fonds de développement pour l’Iraq et le Conseil international consultatif et de contrôle jouent leur rôle en veillant à ce que les ressources iraquiennes soient gérées de manière responsable pour que le peuple iraquien en tire le plus grand profit possible. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité d’assurer une réconciliation entre toutes les parties en Iraq, d’assurer la participation de la communauté internationale à la reconstruction et aux efforts de réhabilitation dans le pays, et, avec le consentement de l’Iraq, d’aider à déployer les capacités de l’ONU au moment du retrait des troupes étrangères.
M. JEAN-PIERRE LACROIX (France) a rappelé que son Ministre des affaires étrangères a constaté de visu les progrès réalisés en Iraq. Il a souhaité que les autorités iraquiennes poursuivent leurs efforts pour faire face aux défis existants. Le représentant a noté de la violence en comprenant néanmoins la décision de l’Iraq de maintenir la Force multinationale. Après avoir salué les progrès dans le désarmement des milices, le représentant a évoqué les aspects politiques. Il a jugé que le processus de réconciliation nationale reste un élément essentiel qui suppose la coopération de tous les responsables politiques iraquiens. Il a aussi jugé important que la révision constitutionnelle arrive à terme. Le renforcement de l’état de droit et du respect des droits de l’homme, a-t-il rappelé, sont des engagements importants que l’Iraq a pris. M. Lacroix a donc attiré l’attention sur la situation en la matière, en s’inquiétant en particulier, du sort des détenus. Sur le plan économique, il s’est félicité de la consolidation des ressources, en jugeant important de renforcer la transparence financière pour faciliter les investissements étrangers.
Évoquant ensuite la situation humanitaire qui concerne, a-t-il rappelé, 2,7 millions de personnes déplacées et 2 millions de réfugiés, M. Lacroix a souligné que, pour répondre aux nombreux défis, l’appui de la communauté internationale et l’implication des États voisins étaient indispensables. Il importe, a-t-il insisté, que les trois groupes de travail sur les frontières, les réfugiés et l’énergie aboutissent à des résultats concrets. Plus que jamais, a-t-il insisté, la coopération régionale est un enjeu essentiel pour la stabilité de l’Iraq. Le représentant a salué les activités de la Mission de l’ONU qui a la tâche difficile d’étendre sa présence avec de nouvelles compétences. Il a souligné, dans ce contexte, que compte tenu de l’échéance de la Force multinationale, il faut déjà réfléchir à la notion de protection de la Mission. L’échéance, a ajouté M. Lacroix, rend aussi nécessaire une réflexion sur le Fonds de développement et le Conseil international consultatif et de contrôle, en concertation avec le Gouvernement iraquien. Rappelant que son pays présidera l’Union européenne dès le mois de juillet, M. Lacroix a assuré tous les Iraquiens de la disposition de la France à promouvoir la réconciliation nationale dans le cadre d’un État uni.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a rappelé que son pays avait appuyé la décision du Conseil de sécurité de prolonger à nouveau le mandat de la Force multinationale jusqu’au 31 décembre. Il a reconnu le rôle de stabilisation joué par la Force, mais, a-t-il dit, la présence de la Force en Iraq ne peut durer indéfiniment. La mise en œuvre d’un calendrier sur le retrait des forces étrangères, a-t-il estimé, encouragerait à œuvrer en faveur de la réconciliation et de la concorde nationale. Les Iraquiens sont capables de pendre en main leur propre destin, a-t-il assuré. La présence de troupes étrangères en Iraq ne doit nullement porter atteinte à la souveraineté du pays, a-t-il dit. Le représentant a également mis l’accent sur le problème des prisonniers en Iraq, en particulier les enfants. Il a en outre estimé que la comptabilité du Fonds de développement laissait à désirer, conséquence, a-t-il dit, de l’absence chronique de transparence dans sa gestion.
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