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TAD/2039

LA CNUCED XII PLAIDE POUR QUE LES FEMMES, AUJOURD’HUI LAISSÉES-POUR-COMPTE DE LA CROISSANCE, DEVIENNENT UN DES MOTEURS DE LA MONDIALISATION

22/04/2008
Conseil économique et socialTAD/2039
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Matin


LA CNUCED XII PLAIDE POUR QUE LES FEMMES, AUJOURD’HUI LAISSÉES-POUR-COMPTE DE LA CROISSANCE, DEVIENNENT UN DES MOTEURS DE LA MONDIALISATION


(Publié tel que reçu)


Accra, GHANA, 22 avril – La recherche effrénée de la croissance ne doit pas se faire à n’importe quel prix, ont prévenu ce matin les participants à une table ronde de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui se sont penchés sur les dimensions sociales de la mondialisation et en particulier sur ses incidences sur les questions concernant la parité entre les sexes.


Véritable leitmotiv de cette douzième session de la CNUCED, la notion de mondialisation juste et équitable doit viser une stratégie de long terme respectueuse des particularismes de chaque économie, a expliqué Danny Leipziger, le Vice-Président du réseau « Réduction de la pauvreté et gestion économique » à la Banque mondiale.  Ce mot d’ordre a été repris par le Secrétaire général de la CNUCED, Supachai Panitchpakdi, qui a reconnu que de nombreux pays en développement, pressés de prendre le train de la mondialisation, ont lancé des réformes sans tenir compte de leur impact sur les couches les plus vulnérables de leur société.


Le Ministre de la coopération pour le développement des Pays-Bas, Albert Koenders, a affirmé que la mondialisation a donné lieu à des « mondialisateurs » et à des « mondialisés », non seulement au niveau international entre pays, mais aussi au sein même des pays.  Si des millions de personnes ont pu s’extraire de la pauvreté extrême, et si de nombreux pays en développement sont devenus le moteur de l'économie actuelle, les coûts et les avantages de la mondialisation restent inégalement répartis, s'est-il expliqué.


La croissance ne crée malheureusement pas toujours des emplois, pas plus qu’elle ne contribue magiquement à l’amélioration des conditions de vie des populations locales, a poursuivi le Secrétaire général de la CNUCED.  Or, a-t-il relevé, la qualité de la vie ne cesse de se détériorer dans un contexte dominé par le phénomène des changements climatiques et par la flambée du prix des denrées alimentaires.  Les femmes et les filles sont toujours celles qui pâtissent le plus des disparités criantes engendrées par une « mondialisation sauvage », a regretté Supachai Panitchpakdi.


Trois rapports commissionnés par la CNUCED viennent pourtant de mettre en lumière le fait que le développement commercial comme instrument de lutte contre la pauvreté passe par la levée des contraintes qui pèsent sur les femmes.  Trop souvent, celles-ci sont sous-représentées sur le marché de l’emploi, en particulier aux postes de responsabilité; elles sont aussi moins bien rémunérées que les hommes et souvent privées d’accès au crédit, a fait observer Rachel Mayanja, Conseillère spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la parité des sexes et la promotion de la femme.


La mondialisation n’a absolument pas réglé le problème des barrières législatives et institutionnelles qui s’érigent devant les femmes, ni celui de leur manque d’accès à la formation, à l’éducation, à la propriété ou encore à la mobilité professionnelle, a précisé le Secrétaire exécutif de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), en parlant de cette région.  Bader Al-Dafa a tout de même fait part des progrès réels qui ont été accomplis dans le domaine de l’éducation et de la représentativité au sein des parlements de la région, qui avec 8% de participation féminine, reste quand même la plus basse au monde.


Les femmes représentent pourtant un potentiel sur lequel les économies en développement doivent miser, a souligné Mme Mayanja.  Apportant son soutien à ce point de vue, la Présidente de la Finlande, Mme Tarja Halonen, a souligné combien il est important de systématiquement rétablir la parité dans le cadre d’une croissance inclusive.  C’est parce que la Finlande, « ancien pays pauvre et isolé », a fait le choix d’un développement axé sur la réalisation des droits des femmes qu’elle a pu devenir la nation prospère et pleinement représentative qu’elle est aujourd’hui, avec un Parlement largement féminin, s’est félicitée la Présidente.


La question de la parité doit donc figurer en tête de l’ordre du jour politique, qui doit viser un juste équilibre entre les marchés et la faculté des pouvoirs publics de veiller à la répartition équitable des richesses et des responsabilités, a estimé Albert Koenders.  Mme Patricia Francis, Directrice exécutive du Centre du commerce international CNUCED/OMC, a suggéré comme priorités nationales pour les pays les moins avancés (PMA) l’accroissement de leur production alimentaire, l’établissement de stratégies d’exportations nationales, le renforcement de leur cadre institutionnel et l’élargissement de l’accès des femmes au monde du travail.


Les interventions du panel ont donné lieu à un riche échange de commentaires.  Ainsi, le Ministre en charge des exportations et du commerce du Sri Lanka, M. Gamini Lakshman Peiris, s’est félicité de ce que tous les membres du panel avaient souligné le lien entre mondialisation, croissance et réduction de la pauvreté, et la nécessité d’établir un équilibre entre ces domaines.  La croissance est un élément essentiel de la lutte contre la pauvreté, mais elle n’est pas suffisante, car elle ne se traduit automatiquement pas par des progrès sociaux.  Les interventions directes des pouvoirs publics demeurent donc nécessaires, a estimé Gamini Lakshman Peiris.


Le Sri Lanka, a-t-il dit, a, par exemple, mis sur pied des programmes de discrimination positive en faveur des populations vulnérables, dont les femmes, en matière d’accès à l’éducation et la formation.  Mais jusqu’où peut-on aller?  Faut-il prévoir des quotas pour assurer la représentativité des femmes aux parlements ou dans les services publics?  Conscient des abus que peut permettre un tel système, le Sri Lanka a privilégié, dans un premier temps, des mesures incitatives en milieu rural visant à créer des entreprises génératrices d’emplois; les pouvoirs publics finançant les infrastructures de base.


La mondialisation n’étant ni une bénédiction ni un fléau, le Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération pour le développement du Portugal, M. João Gomes Cravinho, a développé le thème de l’équilibre nécessaire entre les politiques nationales et les politiques internationales.  Dans quelle mesure est-il raisonnable que la communauté internationale impose des pratiques à caractère « universel » à tous les pays? s’est-il demandé.  M. Cravinho a soulevé, dans ce contexte, la question de la responsabilité du succès ou des échecs de ces politiques internationales.


L’équilibre dépend de trois éléments, a-t-il ajouté, en citant la nécessité pour les gouvernements de disposer d’une certaine marge de manœuvre dans l’élaboration des politiques nationales; la distinction entre cette marge de manœuvre et la bonne gouvernance, car ce sont ces gouvernements qui sont le mieux à même d’évaluer les besoins de leurs populations; et enfin une plus grande inclinaison de la communauté internationale à comprendre les spécificités de chaque pays.  La question de l’imposition des quotas illustre parfaitement le débat.  Seuls les gouvernements peuvent se prononcer sur leur pertinence, a estimé M. Cravinho.


La marge de manœuvre est respectée, a tempéré le Vice-Ministre du commerce de la Tunisie, qui a souligné que la mondialisation n’a jamais empêché son pays d’investir dans l’éducation, la santé et les infrastructures et de faire en sorte qu’aujourd’hui le taux d’inscription des filles à l’université soit monté à  67% en Tunisie.  Bien au contraire, a-t-il dit, la mondialisation s’est révélée bénéfique.  Les investisseurs étrangers ont fait exploser le recrutement de la main-d’œuvre féminine, amélioré les conditions de travail ou renforcé la qualité de la production.  Le Vice-Ministre est allé plus loin en imputant à ces investisseurs l’adhésion des pouvoirs publics tunisiens à la discipline du marché, dont la bonne gouvernance publique et privée.


Il n’en reste pas moins, a commenté le représentant de la République démocratique du Congo (RDC), que la mondialisation a fait du monde un terrain de jeu unique qui exige des joueurs des qualifications minimales.  La communauté internationale, a-t-il voulu, doit aider les pays en développement à les acquérir, car ce sont eux qui payent les lacunes et les insuffisances de la mondialisation.  Ne parlons donc plus d’assistance ni d’aide, a dit le représentant.  Parlons plutôt « de transferts internationaux sociaux » dans les domaines de l’éducation et de la santé.  L’Afrique a suffisamment fait les frais des incohérences des politiques internationales, a renchéri la représentante de l’Union africaine qui a, à son tour, réclamé aux institutions internationales des mécanismes pour corriger les imperfections de la mondialisation.  Même le Gouvernement américain, a-t-elle rappelé, n’a pas hésité à voler au secours de ses banques lorsque la crise des crédits immobiliers à risque les a frappées.


Le représentant de la RDC a voulu répondre à l’intervention du Ministre néerlandais.  La parité, a-t-il affirmé, est une « règle d’or » consacrée par la Constitution congolaise.  Ainsi, la Présidente de la Fédération des petites et moyennes entreprises est une femme.  Les femmes jouissent, a-t-il ajouté, d’une bonne représentation au Parlement, au Gouvernement et dans le service public.  La dynamique des réformes vise à intégrer les femmes dans toutes les affaires de la nation, parce qu’il revient aux gouvernements d’engager une action élargissant l’action des femmes aux secteurs de l’éducation, de la santé, et dans des domaines d’activités productifs.


De son côté, le Vice-Ministre des finances de l’Ouganda a fait observer qu’au lieu d’essayer d’interdire les secteurs d’activités « informels », particulièrement dynamiques dans les pays en développement, il vaudrait mieux les renforcer pour qu’ils créent des PME et les reconnaître à ce moment-là, d’autant plus que beaucoup de femmes y participent.  Répondant à cette intervention, Mme Mayanja a rappelé que même si ces personnes travaillent, elles n’en restent pas moins privées de protection sociale.


Pour sa part, le représentant de la Slovénie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a rappelé l’engagement pris par celle-ci en mai 2007 lors de son Conseil des affaires internationales.  Elle a conclu que l’habilitation des femmes à jouir de leurs droits, et leur habilitation à jouir des droits politiques, se renforçaient mutuellement.  L’Union européenne a reconnu le rôle clef des femmes et appuyé des initiatives en leur faveur dans le contexte de politiques et de programmes.  Elle s’est également engagée à harmoniser les siens avec les directives de la CNUCED, a souligné le représentant slovène.  La délégation de l’Indonésie a vivement souhaité de son côté que les résultats du Cycle de Doha permettent de refonder un système de commerce multilatéral qui soit respectueux des intérêts des plus vulnérables.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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