En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/11583-SC/9334

RENFORCER LES COMPÉTENCES CIVILES DANS LES PAYS SORTANT D’UN CONFLIT Y CONTRIBUE À LA CONSOLIDATION DURABLE DE LA PAIX, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

20/05/2008
Secrétaire généralSG/SM/11583
SC/9334
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

RENFORCER LES COMPÉTENCES CIVILES DANS LES PAYS SORTANT D’UN CONFLIT Y CONTRIBUE À LA CONSOLIDATION DURABLE DE LA PAIX, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


On trouvera, ci-après, le texte intégral de la déclaration du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, devant le Conseil de sécurité à l’ouverture du débat sur la consolidation de la paix après les conflits, le 20 mai:


C’est un honneur pour moi d’être parmi vous, au Conseil de sécurité.  Je remercie le Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni de nous avoir réunis pour examiner –question critique– la façon dont la communauté internationale peut intervenir de manière efficace au lendemain d’un conflit.


Au cours des deux dernières décennies, l’ONU a mieux compris ce qu’il fallait faire pour empêcher la reprise d’un conflit.  Nous avons appris comment mieux créer une marge d’action pour les autorités nationales afin qu’elles puissent mettre en place les processus nécessaires à une paix, une sécurité et un développement durables.  Toutes les leçons apprises de nombreux pays – République démocratique du Congo, Sierra Leone, Timor-Leste, Haïti, Burundi et Libéria – montrent que, si le contexte est différent, il existe néanmoins trois priorités communes et immédiates.  La première priorité consiste à établir des processus politiques viables qui étaieront les accords de paix et à installer des autorités nationales légitimes.  La deuxième priorité consiste à rétablir la sécurité et l’état de droit, en mettant rapidement en place des services de sécurité et des systèmes de justice professionnels et responsables.  La troisième priorité consiste à étendre des avantages immédiats et concrets à la population touchée, et à créer des conditions favorables à un développement à plus long terme.


Comment donc pouvons-nous renforcer notre réponse collective au lendemain d’un conflit et répondre à ces priorités critiques?


Premièrement, nous devons être cohérents.  Si la responsabilité principale de la reconstruction après un conflit incombe indéniablement aux autorités nationales, l’ONU a elle aussi une grande obligation.  Mes représentants spéciaux sont chargés de coordonner l’intervention de tous les acteurs de l’ONU sur le terrain.  Nous avons mis en place des structures et des processus de planification et de suivi pour appuyer cet effort dans l’immédiat et pendant toute la période de transition vers la consolidation de la paix à plus long terme.


Mais l’ONU n’est qu’un seul des nombreux acteurs actifs sur le terrain.  Les organisations régionales, les États Membres et les institutions financières internationales apportent des éléments critiques à la réponse collective de la communauté internationale.  Lorsque nous coopérons, comme cela a été le cas au Libéria et en Sierra Leone, nous sommes beaucoup plus efficaces.  La coordination et un leadership clairement défini sont essentiels pour garantir que chaque partenaire puisse apporter ses talents particuliers à l’ensemble des efforts déployés collectivement.


Deuxièmement, nous avons besoin de capacités suffisantes.  Si l’ONU doit diriger les opérations sur le terrain, mes représentants spéciaux doivent avoir les moyens de le faire.  Ils doivent pouvoir définir les priorités stratégiques, élaborer des plans et mobiliser des fonds en coopération avec d’autres, notamment les partenaires de développement.  En alignant –même sans les intégrer– nos instruments respectifs, comme par exemple les rapports du Conseil de sécurité, les conférences d’annonces de contributions des donateurs et le cadre des opérations de secours, nous pouvons veiller à ce que les priorités soient réalisées de manière cohérente.  Nous devrions également envisager des évaluations conjointes et de meilleures méthodes d’établissement des rapports au Conseil de sécurité sur les besoins critiques en matière de relèvement; en puisant dans les compétences de l’ensemble du système des Nations Unies ainsi que des institutions financières internationales.


Troisièmement, nous devons renforcer les compétences civiles.  La constitution de la Force de police permanente des Nations Unies, une force petite mais agile, est un pas important dans la bonne direction, de même que le lancement récent de l’Équipe de réserve d’experts de la médiation.  La création du Bureau de l’état de droit et des institutions chargées de la sécurité au sein du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) illustre mon attachement à une approche collective de la défense de l’état de droit, de la réforme du secteur de la sécurité et du respect des droits de l’homme.  Mais nous souffrons d’une grave pénurie de juges, de gardiens de prison, d’administrateurs publics et de gestionnaires – en particulier ceux qui ont la connaissance et l’expérience des pays et des systèmes dans lesquels nous opérons.  Ils devraient non seulement être bien équipés lorsqu’ils sont déployés, mais ils ont aussi besoin de disposer d’un financement initial.   Nombre d’États Membres et de partenaires régionaux, dont l’Union européenne, examinent divers moyens de renforcer les capacités de déploiement dans ce domaine critique.  Nous devons élargir et unir nos efforts afin de fournir des ressources mondiales pour la paix.


Ce besoin en experts civils s’étend également au relèvement et au développement.  Nous devons grandement améliorer notre mode d’attribution des premiers dividendes de la paix.  À cette fin, il faut augmenter les capacités en matière de secours et de développement afin que les autorités nationales soient en mesure de verser les salaires des fonctionnaires, de rétablir l’activité agricole et de mettre en route des programmes d’embauche.  Il est peut-être temps de tirer profit de l’expérience de la communauté humanitaire s’agissant de lancer un programme de relèvement d’urgence sans tarder et d’une manière qui soit prévisible, en faisant notamment davantage appel aux ressources et aux capacités locales. 


En fin de compte, tout ceci exige un financement rapide et souple.  Un investissement précoce entraîne des risques, mais les conséquences d’un échec et les avantages potentiels sont bien plus élevés.  Il faut prendre des mesures audacieuses et innovantes pour répondre aux besoins prioritaires critiques.  Pour en faciliter la satisfaction rapide dès la première phase, examinons des approches telles qu’un fonds initial commun.


Le lendemain d’un conflit, c’est le moment où le rétablissement, le maintien et la consolidation de la paix se rencontrent.  Nous devons faire en sorte que la voie que nous empruntons nous amène le plus rapidement et de la manière la plus efficace à notre objectif: une paix durable, contrôlée au niveau national et accompagnée du renforcement des capacités nationales.  Beaucoup de ces problèmes ont été recensés par la Commission de consolidation de la paix, qui a un rôle clef à jouer pour aider les acteurs nationaux à réaliser leurs objectifs à long terme que sont une paix et un développement durables.


J’espère que le présent débat sera le début d’un effort collectif tendant à la réalisation de cet objectif.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.