LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ADOPTE UNE RÉSOLUTION POUR PROMOUVOIR UNE LUTTE EFFICACE CONTRE LA PIRATERIE AU LARGE DES CÔTES DE LA SOMALIE
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Conseil de sécurité
6046e séance – après-midi
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ADOPTE UNE RÉSOLUTION POUR PROMOUVOIR UNE LUTTE EFFICACE
CONTRE LA PIRATERIE AU LARGE DES CÔTES DE LA SOMALIE
Les délégations soulignent la nécessité d’aider la Somalie à remettre sur pieds un État de plein droit
Les 15 membres du Conseil de sécurité ont adopté à l’unanimité cet après-midi la résolution 1851, dont les termes condamnent et déplorent tous les actes de piraterie et vols à main armée commis contre des navires dans les eaux au large des côtes somaliennes et visent à promouvoir une lutte plus efficace contre les actes de piraterie commis dans la région. Par ce texte, le Conseil décide que, pour une période de 12 mois, les États et les organisations régionales concernés « sont autorisés à prendre toutes mesures nécessaires et appropriées en Somalie » aux fins de réprimer les actes de piraterie et vols à main armée en mer, conformément à la demande du Gouvernement fédéral de transition. Il encourage par ailleurs les États Membres à continuer de coopérer avec le Gouvernement fédéral de transition auquel, précise le texte, « il incombe au premier chef d’éradiquer la piraterie ».
Lors du débat qui a suivi le vote unanime du texte, de nombreuses délégations ont souligné que le problème de la piraterie dans cette région ne serait pas définitivement réglé tant que l’on ne sera pas allé à sa racine, à savoir la situation d’anarchie dans laquelle est plongée la Somalie depuis 1991.
Par sa résolution 1851, le Conseil appelle en particulier à la création d’un « mécanisme de coopération internationale pour servir de point de contact commun » entre les États, ainsi qu’entre ceux-ci et les organisations internationales. Ce point de contact toucherait tous les aspects de la lutte contre la piraterie. Le Conseil invite tous les États et organisations régionales luttant contre la piraterie au large de la Somalie « à conclure des accords ou arrangements spéciaux avec les pays disposés à prendre livraison des pirates ». Il s’agirait d’embarquer des agents des services de lutte contre la criminalité afin de faciliter la conduite d’enquêtes et de poursuites. Les États et organisations régionales sont également encouragés par le Conseil à « envisager de créer dans la région un centre chargé de coordonner les informations » ayant trait à la piraterie et aux vols au large des côtes somaliennes.
Par la résolution adoptée cet après-midi, le Conseil de sécurité a engagé les États Membres à aider le Gouvernement somalien à renforcer les moyens dont il dispose pour traduire en justice ceux qui utilisent le territoire du pays pour commettre des actes de piraterie. Le Conseil précise toutefois que les autorisations données dans la présente résolution « s’appliquent à la seule situation en Somalie ».
Outre, le Secrétaire général Ban Ki-moon, les délégations des pays suivants ont pris la parole lors du débat: Fédération de Russie, Royaume-Uni, Chine, Indonésie, Viet Nam, Costa Rica, États-Unis, Italie, France, Belgique, Jamahiriya arabe libyenne, Afrique du Sud, Burkina Faso, Panama, Croatie, Somalie, Japon, Grèce, Norvège, Turquie, Suède, Allemagne, Danemark, Yémen, Égypte et Inde. L’Observateur permanent de la Ligue des États arabes et le Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine ont également pris la parole.
LA SITUATION EN SOMALIE
Texte du projet de résolution S/2008/789
Le Conseil de sécurité,
Rappelant ses résolutions antérieures concernant la situation en Somalie, en particulier les résolutions 1814 (2008), 1816 (2008), 1838 (2008), 1844 (2008) et 1846 (2008),
Restant profondément préoccupé par la multiplication spectaculaire des actes de piraterie et des vols à main armée au large des côtes somaliennes au cours des six derniers mois et par la menace que les actes de piraterie et les vols à main armée commis contre des navires font peser sur la sécurité, la rapidité et l’efficacité de l’acheminement de l’aide humanitaire en Somalie et notant que les attaques menées par les pirates au large des côtes somaliennes sont devenues plus élaborées et plus audacieuses et que les pirates ont élargi leur champ d’opération, comme en témoignent notamment le détournement du Sirius Star à 500 miles nautiques des côtes kényanes et d’autres tentatives infructueuses effectuées par la suite loin à l’est des côtes tanzaniennes,
Réaffirmant son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance politique et à l’unité de la Somalie, y compris aux droits de la Somalie sur ses ressources naturelles se trouvant au large de ses côtes, notamment les pêcheries, conformément au droit international,
Réaffirmant en outre que le droit international, tel qu’édicté dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, en date du 10 décembre 1982, définit le cadre juridique de la lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer, parmi d’autres activités maritimes,
Tenant compte à nouveau de la crise que traverse la Somalie et du fait que le Gouvernement fédéral de transition n’a pas les moyens de tenir les pirates à distance, de poursuivre en justice ceux qui sont arrêtés, ni de patrouiller dans les eaux au large des côtes du pays, y compris les voies de circulation maritimes internationales et les eaux territoriales somaliennes, et d’en assurer la sécurité,
Prenant note des nombreuses demandes d’aide internationale présentées par le Gouvernement fédéral de transition pour lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes, notamment de la lettre datée du 9 décembre 2008 par laquelle le Président de la Somalie a demandé à la communauté internationale d’aider le Gouvernement fédéral de transition à prendre toutes les mesures voulues pour tenir à distance ceux qui utilisent le territoire et l’espace aérien somaliens pour planifier, favoriser ou commettre des actes de piraterie ou des vols à main armée en mer, et de la lettre que le Président de la Somalie a adressée le 1er septembre 2008 au Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies pour lui dire que le Gouvernement fédéral de transition était reconnaissant au Conseil de l’aide qu’il apportait et était disposé à envisager de collaborer avec d’autres États et avec les organisations régionales pour lutter contre la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes,
Se félicitant du lancement de l’opération Atalanta de l’Union européenne visant à lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes et à protéger les bateaux vulnérables à destination de la Somalie, ainsi que de l’action menée par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et d’autres États agissant individuellement, en coopération avec le Gouvernement fédéral de transition, pour réprimer la piraterie au large des côtes somaliennes,
Se félicitant également des récentes initiatives prises par les Gouvernements égyptien et kényan, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime pour trouver une solution efficace au problème de la piraterie et des vols à main armée au large des côtes somaliennes, en s’attaquant aux causes du problème et aux moyens mis en œuvre, et soulignant qu’il importe de coordonner efficacement les activités menées dans le cadre des opérations en cours et futures de lutte contre la piraterie,
Notant avec préoccupation que le manque de moyens, l’absence de législation interne et les incertitudes au sujet du sort à réserver aux pirates après leur capture ont empêché de mener une action internationale plus vigoureuse contre les pirates agissant au large des côtes somaliennes et, dans certains cas, contraint à libérer les pirates sans les avoir traduits en justice, et réaffirmant, qu’aux termes de la Convention de 1988 pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime, les États parties sont tenus d’ériger en infraction le fait de s’emparer d’un navire ou d’en exercer le contrôle par violence ou menace de violence ou toute autre forme d’intimidation, d’établir leur compétence à l’égard de ces infractions, et d’accepter la remise des personnes responsables ou soupçonnées de tels actes,
Accueillant avec satisfaction le rapport du Groupe de contrôle sur la Somalie, en date du 20 novembre 2008 (S/2008/769), et notant le rôle que la piraterie peut jouer dans le financement des violations de l’embargo par des groupes armés,
Constatant que les actes de piraterie et les vols à main armée commis dans les eaux au large des côtes somaliennes enveniment la situation dans le pays, laquelle continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,
Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,
Réaffirme qu’il condamne et déplore tous actes de piraterie et vols à main armée commis contre des navires dans les eaux au large des côtes somaliennes;
Prie les États et les organisations régionales et internationales qui en ont les moyens de participer activement à la lutte contre la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes, en particulier, conformément à la présente résolution, à la résolution 1846 (2008) et au droit international applicable, en y déployant des navires de guerre ou des aéronefs militaires et en saisissant les embarcations, navires, armes et autre matériel apparenté qui servent ou dont on a de bonnes raisons de suspecter qu’ils serviront à commettre des actes de piraterie et des vols à main armée au large des côtes somaliennes, et en en disposant;
Invite tous les États et organisations régionales qui luttent contre la piraterie au large des côtes somaliennes à conclure des accords ou arrangements spéciaux avec les pays disposés à prendre livraison des pirates pour embarquer des agents des services de lutte contre la criminalité (« shipriders ») de ces pays, en particulier au sein de la région, en vue de faciliter la conduite d’enquêtes et de poursuites à l’encontre des personnes détenues dans le cadre d’opérations menées en vertu de la présente résolution pour actes de piraterie et vols à main armée commis au large des côtes somaliennes, sous réserve qu’ils aient obtenu au préalable le consentement du Gouvernement fédéral de transition aux fins de l’exercice de la juridiction d’État tiers dans les eaux territoriales de la Somalie et que lesdits accords ou arrangements ne préjudicient pas l’application effective de la Convention pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime;
Encourage tous les États et organisations régionales qui luttent contre la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes à mettre en place un mécanisme de coopération internationale pour servir de point de contact commun entre les États et entre ceux-ci et les organisations régionales et internationales touchant tous les aspects de la lutte contre la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes, et rappelle que des recommandations futures sur les moyens de garantir durablement la sécurité de la navigation internationale au large des côtes somaliennes, y compris la sécurité à long terme des convois maritimes du Programme alimentaire mondial effectuant des livraisons en Somalie, et sur le rôle de coordination et de direction que pourrait éventuellement jouer l’Organisation des Nations Unies à cet égard pour mobiliser les États Membres et les organisations régionales dans la lutte contre la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes, doivent être énoncées en détail dans un rapport que le Secrétaire général présentera dans les trois mois suivant l’adoption de la résolution 1846 (2008);
Encourage également tous les États et organisations régionales qui luttent contre la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes à envisager de créer dans la région un centre chargé de coordonner les informations ayant trait à la piraterie et aux vols à main armée au large des côtes somaliennes, à renforcer les capacités régionales avec l’assistance de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime en vue de conclure des accords ou arrangements dits « shiprider », conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et à appliquer la Convention pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime, la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et d’autres instruments pertinents auxquels les États de la région sont parties, afin d’enquêter efficacement sur les crimes de piraterie et les vols à main armée en mer et d’en poursuivre les auteurs;
En réponse à la lettre du Gouvernement fédéral de transition, en date du 9 décembre 2008, encourage les États Membres à continuer de coopérer avec le Gouvernement fédéral de transition dans la lutte contre la piraterie et les vols à main armée en mer, note que c’est à ce dernier qu’il incombe au premier chef d’éradiquer la piraterie et les vols à main armée en mer, décide que, pour une période de douze mois à compter de l’adoption de la résolution 1846 (2008), les États et les organisations régionales qui coopèrent à la lutte contre la piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes et concernant lesquels le Gouvernement fédéral de transition aura donné notification au Secrétaire général sont autorisés à prendre toutes mesures nécessaires et appropriées en Somalie aux fins de réprimer ces actes de piraterie et vols à main armée en mer, conformément à la demande du Gouvernement fédéral de transition, étant toutefois entendu que toutes les mesures prises en application du présent paragraphe devront être conformes aux normes applicables du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme;
Engage les États Membres à aider le Gouvernement fédéral de transition, sur sa demande et en avisant le Secrétaire général, à renforcer les moyens opérationnels dont il dispose pour traduire en justice ceux qui utilisent le territoire somalien pour planifier, favoriser ou commettre des actes criminels de piraterie et des vols à main armée en mer, et souligne que toutes les mesures prises en application du présent paragraphe devront être conformes au droit international des droits de l’homme applicable;
Accueille avec satisfaction le communiqué publié par la Conférence internationale sur la piraterie au large de la Somalie, tenue à Nairobi le 11 décembre 2008 et encourage les États Membres à s’employer à renforcer la capacité des États concernés de la région de lutter contre la piraterie, y compris sur le plan juridique;
Note avec inquiétude les conclusions du rapport du Groupe de contrôle sur la Somalie en date du 20 novembre 2008, que le versement de rançons de plus en plus élevées aux pirates encourage la piraterie au large des côtes somaliennes et que la non-application de l’embargo sur les armes imposé par la résolution 733 (1992) a permis aux pirates d’obtenir facilement les armes et munitions utilisées pour leurs opérations et a contribué en partie à l’essor phénoménal de la piraterie;
Affirme que les autorisations données dans la présente résolution s’appliquent à la seule situation en Somalie et n’affectent pas les droits, obligations ou responsabilités dérivant pour les États Membres du droit international, notamment les droits ou obligations résultant de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, pour ce qui est de toute autre situation, et souligne en particulier que la présente résolution ne peut être regardée comme établissant un droit international coutumier, et affirme en outre que les présentes autorisations n’ont été données qu’à la suite de la réception de la lettre datée du 9 décembre 2008, par laquelle le Gouvernement fédéral de transition a signifié son accord;
Affirme également que les mesures imposées au paragraphe 5 de la résolution 733 (1992) et développées aux paragraphes 1 et 2 de la résolution 1425 (2002) ne s’appliquent pas aux livraisons d’armes et de matériel militaire réservés à l’usage exclusif des États Membres et des organisations régionales qui prennent des mesures conformément au paragraphe 6 ci-dessus;
Engage les États, en collaboration avec les secteurs des transports maritimes et des assurances, et l’Organisation maritime internationale à continuer de mettre au point des notes d’information et des pratiques optimales concernant les techniques d’évitement, d’évasion et de défense que doivent prendre les bateaux qui sont attaqués ou qui naviguent au large des côtes somaliennes et engage également les États à mettre leurs ressortissants et bateaux à disposition aux fins d’enquêtes de police scientifique, selon les besoins, au premier port d’escale, immédiatement après tout acte de piraterie ou vol à main armée en mer ou toute tentative de piraterie ou de vol, ou après la remise en liberté;
Décide de rester saisi de la question.
Déclarations
M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a fait observer que la communauté internationale doit aujourd'hui affronter autant de nouveaux défis que d’anciens, comme celui de la piraterie. Il a souligné que les pirates du XXI
esiècle sont bien organisés et agissent de façon de plus en plus audacieuse que ceux du passé. Les cas de piraterie, a-t-il poursuivi, compliquent l’acheminement de l’aide humanitaire internationale et entraînent des pertes économiques pour de nombreux États. Pour ces raisons, le Ministre des affaires étrangères russe a estimé que la communauté internationale se doit d’agir de façon résolue. Il a fait remarquer que les résolutions précédemment adoptées, et qui complètent le droit de la mer, créent une base importante pour la sécurité en mer et envoient un signal fort à la communauté internationale en vue de la résolution de ce problème complexe. Il a toutefois souhaité que la résolution adoptée aujourd'hui se fonde sur le droit international en vigueur et ne cherche pas sa modification.S’intéressant plus précisément à la situation de son propre pays, il a indiqué que des vaisseaux de guerre russes ont escorté nombres de navires russes et étrangers et paré à plusieurs attaques. Il a assuré que la présence de son pays sera maintenue en mer et que son interaction avec ses partenaires dans la lutte contre la piraterie continuera. M. Lavrov a également appuyé la création d’un mécanisme de coopération internationale pour mettre un terme à la menace de la piraterie. Il a regretté que les pirates ne soient pas punis à la hauteur de leurs crimes, et ce, en raison de l’insuffisance des instruments juridiques en la matière. Avant de conclure, il a fait remarquer que la piraterie n’est que la partie visible de l’iceberg et qu’il importe de mettre en œuvre des mesures actives sur le front politique et économique pour la stabilisation de la Somalie ce qui permettrait de saper la base de la piraterie. Une solution à long terme ne sera possible que par un règlement politique global, avec le soutien de l’ONU, de l’Union africaine et de l’ensemble de la communauté internationale, a-t-il insisté.
M. DAVID MILIBAND, Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, a indiqué que sa délégation avait voté pour le projet de résolution en raison de la nécessité d’une action robuste pour faire face aux activités de piraterie au large de la Somalie. Il s’agit d’un outil supplémentaire dans l’arsenal des moyens mis à la disposition de la communauté internationale, a-t-il souligné. Les eaux baignant la Somalie sont situées sur une artère économique vitale, a-t-il rappelé; ces eaux sont aussi une fenêtre sur le monde pour le peuple somalien. M. Miliband s’est félicité des mesures pratiques prises grâce à ce vote. La situation en Somalie est très difficile, a-t-il rappelé. Le processus de Djibouti, a-t-il souligné, doit être appuyé par le Conseil de sécurité. M. Miliband a évoqué deux incertitudes quant à l’avenir de la Somalie: elles se situent dans les domaines politique et sécuritaire. De nombreuses questions demeurent en suspens, et le Royame-Uni compte profiter de ce débat pour en savoir plus sur la problématique actuelle, en particulier en ce qui concerne les informations que pourrait apporter le Ministre des affaires étrangères de la Somalie, a dit M. Miliband.
M. HE YAFEI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine, a estimé que la résolution adoptée aujourd'hui témoigne de la volonté de la communauté internationale de lutter contre la piraterie. Le message est positif, opportun et juste, a-t-il souligné. Il a rappelé que la piraterie constitue une menace grave à la sécurité en mer et au commerce international. Il a précisé que son pays est également une victime de cette menace. Plusieurs bateaux ont été kidnappés, et 17 ressortissants chinois sont aujourd'hui encore en captivité, a-t-il indiqué, faisant remarquer que ces actes ont suscité une grande préoccupation aussi bien au sein du Gouvernement chinois que de l’opinion publique. Le Vice-Ministre a répété que les actes de piraterie posent une menace grave à la paix et la sécurité internationales. Ces actes, a-t-il ajouté, ont également aggravé la situation sécuritaire en Somalie. Pour ces raisons, il a expliqué que sa délégation appuie les efforts déployés pour envoyer des navires de guerre dans la région, et que son pays envisage d’envoyer des navires dans le golfe d’Aden. Il a ensuite proposé de laisser aux Nations Unies le soin de jouer leur rôle. En effet, la lutte contre la piraterie inclut de nombreuses parties, a-t-il fait remarquer. Il faut donc promouvoir la coopération. Par ailleurs, le représentant chinois a rappelé l’importance de respecter le droit international et d’établir cette coopération sur la base du droit de la mer et des résolutions du Conseil de sécurité. Il a également précisé que toutes les opérations doivent être menées dans le plein respect des résolutions du Conseil et de la souveraineté territoriale des pays de la région. Enfin, il s’est dit d’avis que la communauté internationale devrait aider le Gouvernement somalien à renforcer ses capacités. Il a ainsi enjoint la communauté internationale à favoriser le processus politique en Somalie et la mise en œuvre de l’Accord de Djibouti.
M. MARTY NATALEGAWA (Indonésie) a indiqué que son pays avait voté en faveur de la résolution en raison de la gravité grandissante posée par la piraterie au large des côtes somaliennes. Mais au bout du compte, la solution du problème réside en Somalie elle-même, a-t-il constaté, la perpétuation du problème n’étant pas envisageable. Mais la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) doit recevoir pour cela un appui plus important, a-t-il ajouté, mettant en garde contre une catastrophe humanitaire de grande ampleur. Enfin, le combat contre la piraterie doit être entrepris sur la base du plein respect du droit international, et en particulier la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, ainsi que la résolution 1846, a-t-il conclu.
M. HOANG CHI TRUNG(Viet Nam) a expliqué que sa délégation avait voté en faveur de la résolution. Il a toutefois souhaité préciser que les mesures prises dans le cadre de la résolution doivent être conformes aux traités internationaux et au droit international.
M. JORGE URBINA (Costa Rica) a, dans le cadre d’une explication de vote, précisé que sa délégation avait voté en faveur du texte car la situation au large des côtes somaliennes exigeait une action spécifique du Conseil de sécurité. Il a rappelé que son pays avait soutenu les trois précédentes résolutions sur la question, adoptées au cours de ces six derniers mois. Il a noté que la piraterie constituait plus un symptôme de la crise en Somalie que la cause même du problème. M. Urbina a souligné que le Conseil devrait aller rapidement à la racine du problème et avec la même diligence qu’il tente d’en régler les conséquences. Il a ajouté que l’accord du Gouvernement somalien était indispensable à cet égard, celui-ci devant toujours avoir « le dernier mot » sur les affaires relevant de ses compétences. Toute initiative des États Membres s’appuyant sur la résolution doit se faire en concertation étroite avec le Gouvernement fédéral de transition de la Somalie et en respectant strictement le droit international, a-t-il conclu.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur la nécessité d’œuvrer pour la sécurité de la Somalie, à l’heure où les troupes éthiopiennes vont se retirer et où l’Union africaine (UA) s’apprête à discuter d’un éventuel renouvèlement du mandat de l’AMISOM. Il a fait remarquer que tous les regards sont aujourd'hui tournés vers la réaction de la communauté internationale. En ce qui concerne l’évolution de la situation, le Secrétaire général a souligné que la Somalie connaît aujourd'hui un « processus politique crédible », le « Processus de Djibouti ». Il s’est félicité de l’engagement des parties somaliennes à élargir le Parlement fédéral de transition. Il a également salué la décision de mise en place d’une force conjointe pour la sécurité. Ban Ki-moon a par ailleurs rappelé que la responsabilité de ramener la paix et la stabilité en Somalie incombe au premier chef aux Somaliens eux-mêmes. Il s’est à cet égard inquiété des dissensions récentes et a exhorté les parties à déposer les armes et se rallier à l’Accord de Djibouti. Le Secrétaire général s’est par ailleurs inquiété de la situation sécuritaire sur le terrain pour les travailleurs humanitaires, la qualifiant d’« inacceptable ». Il a fait valoir que la fourniture d’une assistance humanitaire demeure un défi logistique, et ce, non pas uniquement en raison de la piraterie. Si la situation sécuritaire se détériore, l’accès à l’aide humanitaire va se détériorer également, a-t-il averti.
S’agissant de l’envoi d’une force multinationale, il a estimé qu’une telle force devrait avoir pleine capacité militaire pour appuyer la cessation des conflits. Il a indiqué avoir contacté 50 pays et des organisations internationales pour contribuer à ces efforts. Les résultats ne sont pas encourageants, a-t-il regretté, déplorant qu’aucun État Membre n’ait offert de jouer le rôle de chef de file. Il a suggéré de fournir à l’Union africaine des ressources substantielles pour renforcer l’AMISOM. En outre, le Conseil de sécurité devrait examiner les moyens de renforcer les capacités somaliennes pour assurer la sécurité dans le pays et pour mener à bien le processus de paix. Enfin, Ban Ki-moon a estimé que le Conseil de sécurité devrait étudier la possibilité de créer une équipe spéciale maritime qui disposerait de capacités de réaction rapide qui, le cas échéant, pourraient venir appuyer les efforts au sein du pays.
Avant de conclure, il a dit partager la préoccupation de la communauté internationale face aux actes de piraterie et aux attaques à main armée. Il s’est, dans ce contexte, réjoui de l’adoption de la résolution de ce jour. Le besoin de coordination des efforts est constant, a-t-il souligné. Il a également rappelé qu’il importe de reconnaître que la piraterie est un symptôme de l’état d’anarchie que connaît le pays depuis de nombreuses années. Les efforts de lutte contre la piraterie doivent être remis dans ce contexte, a-t-il affirmé.
Mme CONDOLEEZZA RICE, Secrétaire d’État des États-Unis, a estimé que le texte aujourd’hui voté permettrait de mieux lutter contre la piraterie. Notre intention, a-t-elle ajouté, est de créer un Groupe de contact relatif à la piraterie somalienne, ce qui permettra de mieux coordonner les actions. Les États-Unis estiment que l’autorisation du Conseil de sécurité d’aujourd’hui aura un impact significatif, car elle permet de poursuivre les pirates dans leur zone d’opération. La communauté internationale dispose de suffisamment de mécanismes, mais parfois, la volonté politique est absente, particulièrement dans certains États de la région qui n’ont pas les capacités juridiques et la volonté d’entamer des poursuites. D’autres États doivent s’engager à cet égard, notamment ceux dont le pavillon est utilisé par les bateaux, a préconisé Mme Rice.
Il faut traiter les causes profondes d’un problème vieux d’une vingtaine d’années en Somalie, a poursuivi Mme Rice. La détérioration de la situation met à mal les progrès accomplis, a-t-elle déploré. Elle a appelé la communauté internationale à travailler avec le Gouvernement fédéral de transition de la Somalie. Il est temps d’envisager une opération de maintien de la paix. Même si la situation n’est pas favorable au maintien de la paix, le chaos total serait encore pire, a-t-elle dit. Mme Rice a souligné qu’un tel engagement en faveur d’une force de maintien de la paix ne devrait pas être facultatif, mais obligatoire. Plus concrètement par ailleurs, il convient d’aider les pêcheurs somaliens à lutter contre la pêche illégale dans les eaux de leur pays, a dit Mme Rice. Il faut mettre fin à l’impunité des pirates somaliens et continuer à œuvrer dans ce pays pour que la population puisse bénéficier de la paix, de l’état de droit et du développement.
M. GIULIO TERZI DI SANT’AGATA (Italie) a expliqué que sa délégation a suivi avec une vive préoccupation l’évolution de la situation en Somalie. Il s’est à cet égard tout particulièrement inquiété de la sécurité du personnel humanitaire. La communauté internationale doit s’intéresser à la situation en Somalie, a-t-il affirmé. Il s’est dit d’avis que le retrait des troupes éthiopiennes doit s’accompagner d’un apport immédiat de moyens à l’AMISOM, afin d’éviter tout vide sécuritaire. Il a également appuyé l’idée d’une reprise en main de l’AMISOM par les Nations Unies, précisant qu’il s’agit d’une condition pour une véritable action de l’ONU sur le terrain. Il a assuré que son pays reste engagé dans le sens de toutes les initiatives internationales pour lutter contre la piraterie. Il a dans ce contexte estimé que la mission navale de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est un pas dans la bonne direction. Il a aussi souligné que les opérations navales de l’opération « Atalanta » viennent également renforcer les actions communes dans ce domaine. Concluant son intervention, l’Ambassadeur italien s’est dit convaincu que toutes les actions contre la piraterie doivent s’accompagner d’un processus de stabilisation sur le terrain.
M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a souligné que les causes de la piraterie en Somalie étaient à chercher sur terre et non en mer. Nous sommes persuadés qu’il est possible de casser ce cercle vicieux, a-t-il ajouté. Au cours des quelques mois de cette année où le Programme alimentaire mondial (PAM) n’a pu être protégé, il a dû diminuer de moitié ses livraisons, a-t-il rappelé. La France a participé à la protection du PAM, puis c’est l’Union européenne qui a entamé une opération pour protéger les navires de cette organisation pendant une année, a-t-il rappelé, tout en notant que la zone à surveiller était immense. Nous avons travaillé dans la période récente pour créer un mécanisme de coopération internationale, a-t-il rappelé. Le Conseil de sécurité s’est doté de mesures de sanctions individuelles, a-t-il rappelé, pour neutraliser ceux qui s’opposeraient au processus de paix. Quant à une opération de maintien de la paix, son déploiement n’est pas réaliste à ce stade, de par l’ampleur et les moyens nécessaires. Le retrait annoncé des troupes éthiopiennes de Somalie est à la fois lourd de risques, mais est aussi susceptible d’ouvrir de nouvelles opportunités, a estimé le représentant de la France. La communauté internationale doit soutenir la force conjointe, a-t-il dit. Il a mis en garde contre le fait de laisser l’AMISOM seule sur le terrain. Nous pouvons adopter une approche originale: une phase de stabilisation pour favoriser le dialogue politique, puis une phase de consolidation qui verrait une mission de maintien de la paix classique. Nous nous sommes donnés les moyens juridiques de lutter plus efficacement contre la piraterie avec les résolutions 1846 et 1851, a-t-il conclu.
M. JAN GRAULS (Belgique) a fait remarquer que la communauté internationale s’est progressivement mobilisée pour lutter contre la piraterie. Il a souligné qu’outre les différentes résolutions du Conseil de sécurité, des initiatives concrètes ont été prises, face aux conséquences préoccupantes des actes de piraterie pour la situation sécuritaire. Il a précisé que son pays, la Belgique, s’est engagé dans la lutte contre la piraterie, notamment dans le cadre de l’opération européenne « Atalanta ». Il s’est réjoui que la résolution adoptée aujourd'hui invite à franchir une étape supplémentaire, du fait qu’elle autorise la communauté internationale à agir dans les eaux territoriales mais également sur le sol somalien. Il s’agit d’une étape importante pour la lutte contre la piraterie, a-t-il fait valoir. Le représentant belge a toutefois tenu à souligner le caractère « exceptionnel » de cette mesure, souhaitant que le souci de réprimer la piraterie ne se fasse pas au détriment de certains principes internationaux et, parmi eux, la souveraineté des États sur leur territoire. Il a également souhaité que de telles mesures soient limitées dans le temps et extrêmement encadrées. Il a par ailleurs fait remarquer que l’éradication de la piraterie constitue l’un des éléments posés par la situation somalienne, avant d’appeler à la stabilisation du pays, sans faire d’amalgames entre les réponses apportées par la communauté internationale. Il a rappelé que la piraterie est un problème particulier qui appelle une réponse spécifique. L’attention portée à la problématique de la piraterie ne doit pas occulter la « nécessité absolue » de progresser dans le processus politique, a-t-il fait observer. Il s’est à cet égard inquiété des dissensions internes au sein du Gouvernement fédéral de transition. Enfin, s’agissant de l’envoi d’une force de maintien de la paix des Nations Unies, il s’est demandé si une telle force est concevable sans une volonté politique suffisante de la part des acteurs somaliens.
M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahiriya arabe libyenne) a souligné qu’il ne fallait pas se contenter de traiter les symptômes. Ces derniers mois, a-t-il rappelé, le Conseil a travaillé d’arrache pied pour lutter contre la piraterie. Toutefois, la piraterie au large des côtes somaliennes est le résultat direct de l’effondrement de l’État somalien. Le représentant libyen a souligné qu’il faudrait commencer par améliorer la situation humanitaire en soutenant effectivement la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). La piraterie est un crime grave auquel on doit mettre un terme, a-t-il convenu. Cependant, les mesures prises par le Conseil doivent être prises dans le respect de la souveraineté et de l’indépendance de la Somalie en s’appuyant sur le droit international, dont fait partie la Convention sur le droit de la mer. Les mesures pour combattre la piraterie doivent viser à renforcer le rôle de chef de file des Nations Unies, et le droit international qui émane d’elles.
Tout en notant l’attention croissante accordée par la communauté internationale à la piraterie, M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a fait remarquer que ce fléau n’est que l’un des symptômes du conflit somalien. Il a notamment attiré l’attention sur les problèmes posés par la pêche illégale en eaux somaliennes par les navires étrangers, ainsi que par le déversement illégal de substances toxiques au large des côtes somaliennes, arguant que ces problèmes ont été largement utilisés par les pirates pour recueillir le soutien de la population. Il a souligné que la Somalie a besoin d’une solution politique qui devrait mener à l’établissement d’un gouvernement fiable. M. Kumalo a estimé que dans le même temps, la piraterie, la prolifération des armes et l’impunité doivent être combattues. Il a fait remarquer que l’Accord de Djibouti constitue une étape importante que la communauté internationale doit soutenir. En ce qui concerne la stabilisation de la sécurité sur le terrain, il a estimé que le Conseil de sécurité se doit d’honorer sa responsabilité de maintien de la paix et de la sécurité en Somalie, appelant, dans ce cadre, au soutien de l’AMISOM. Sans ce soutien, la Mission ne pourra produire les résultats escomptés, a-t-il averti. Il a fait remarquer que dans l’intervalle, le Conseil de sécurité peut adopter les résolutions les plus fortes qui soient contre la piraterie ou renforcer l’embargo contre les armes, mais que de tels efforts fragmentés ne sauront apporter une solution aux problèmes de la Somalie. Sans une action du Conseil, la Somalie continuera de sombrer toujours plus dans le désespoir, a-t-il souligné, faisant remarquer que les Somaliens « méritent mieux que cela ». Avant de conclure, M. Kumalo a estimé que la résolution adoptée par le Conseil aujourd'hui est bonne, dans l’ensemble. Sa délégation s’inquiète toutefois de la disposition autorisant les États à mener des opérations sur le terrain pour lutter contre la piraterie, bien que de telles actions ne puissent être menées sans l’accord préalable du Gouvernement fédéral de transition de la Somalie.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a fait remarquer que les actes de piraterie ont augmenté de manière exponentielle depuis que le Conseil de sécurité s’est intéressé pour la première fois à cette question il y a deux ans. Il a précisé que les statistiques montrent que 38 des 121 attaques répertoriées ont eu lieu cette année, soit une augmentation de 70%. Il s’est réjoui que les États de la région se soient mobilisés, faisant référence à la tenue, le mois dernier, d’une réunion au Caire entre États de la mer Rouge et organisations internationales. Le représentant de l’Indonésie a souligné qu’il était important de reconnaître que la piraterie n’est pas un problème isolé, mais le symptôme d’un défi plus grand qui ne pourra pas être résolu dans les mers mais bien en territoire somalien. Il a ainsi rappelé l’urgence de s’atteler au problème de l’anarchie en Somalie, avant d’assurer le soutien de son pays à l’Accord de Djibouti et au processus politique enclenché sous la houlette du Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays. Il s’est dit d’avis que le Conseil de sécurité devrait concrétiser son soutien par l’envoi d’une opération de maintien de la paix sur le terrain. En outre, davantage devrait être fait pour soutenir l’Union africaine, a-t-il ajouté. M. Natalegawa a par ailleurs plaidé pour une meilleure coordination des navires postés au large des côtes somaliennes, ainsi qu’entre les États. Il a également rappelé l’importance que la lutte contre la piraterie et les attaques à main armée soit menée conformément au droit international et en particulier à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, avant de préciser que la résolution adoptée aujourd'hui ne saurait être regardée comme établissant un droit international coutumier.
M. SAUL WEISLEDER (Costa Rica) a souligné que la mise en œuvre de l’Accord de Djibouti devait être une priorité. La persistance de l’instabilité politique garantit une impunité totale à ceux qui transgressent la loi en Somalie, a-t-il souligné. Le Conseil de sécurité a adopté ces six derniers mois trois résolutions relatives à la Somalie par lesquelles les États de la région sont exhortés à coopérer, a-t-il rappelé, les remerciant pour leur action. La résolution d’aujourd’hui prévoit la collecte de preuves et les poursuites contre les auteurs d’acte de piraterie, mais le Costa Rica est conscient que tant que persistera l’anarchie dans ce pays toute la violence actuelle perdurera. Mon pays respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie, a cependant assuré le représentant. Le texte de ce jour doit constituer un point de départ pour lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes en s’appuyant sur le droit international et la Convention sur le droit de la mer. Le Costa Rica voit très favorablement le déploiement de l’opération navale Atalanta. Il exhorte les autres pays qui pourraient le faire à participer à ces efforts de lutte contre la piraterie, a dit M. Weisleder.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a estimé que les pirates du golfe d’Aden ne sont pas de simples groupes qui ne seraient mus que par des intérêts exclusivement financiers ou économiques. Il a appelé le Conseil de sécurité à se convaincre que ces pirates font partie intégrante de réseaux criminels liés à des groupes armés somaliens, comme l’affirme d’ailleurs le Groupe de contrôle de l’embargo sur les armes en Somalie. Dès lors, a prévenu le représentant burkinabè, aucune lutte contre la piraterie en Somalie ne peut espérer atteindre des objectifs durables si elle n’intègre pas le drame somalien dans son ensemble. Dans ce contexte, le représentant a prévenu des conséquences d’un éventuel retrait de l’AMISOM en raison du manque de moyens humains et logistiques. Il faut non seulement sauver l’AMISOM mais également œuvrer au déploiement, dans les meilleurs délais, d’une force de stabilisation ou de maintien de la paix en Somalie, a plaidé le représentant. Il a exhorté le Conseil de sécurité à aider un État Membre de l’ONU qui est menacé de délitement. Nous le devons au peuple somalien, otage de la situation et première victime de la guerre, a-t-il insisté.
M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a fait part de la vive préoccupation de sa délégation face à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire en Somalie. Ce qui est nécessaire, a-t-il poursuivi, c’est une action simultanée entre le front politique et le front sécuritaire. Tout en faisant remarquer que le règlement de cette crise incombe au Gouvernement fédéral de transition et au peuple somalien, il a estimé que la communauté internationale a un rôle à jouer pour le renforcement des efforts du pays. La création d’un gouvernement d’unité est la clef d’une paix durable, a-t-il affirmé. Aussi, a-t-il appelé les dirigeants du Gouvernement somalien à faire des efforts pour renforcer et élargir les institutions de l’État. Il a également enjoint les parties à déposer les armes et à se rallier à l’Accord de Djibouti. S’intéressant ensuite aux problèmes posés par la piraterie, il a précisé que son pays s’est pleinement engagé dans la lutte contre ce phénomène. Il s’est dit convaincu que les problèmes de piraterie au large des côtes somaliennes ne pourront être résolus sans le règlement des causes profondes de l’instabilité du pays. Enfin, il a rappelé l’importance que toutes les mesures prises respectent la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays. Il faut également que ces mesures soient conformes aux résolutions des Nations Unies et au droit international, a-t-il ajouté.
M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a rappelé que les Somaliens ne pouvaient que se contenter de survivre au milieu de la pauvreté la plus abjecte. Tous les moyens à notre disposition doivent donc être utilisés pour parvenir à la paix et à la sécurité dans ce pays, l’AMISOM constituant actuellement le seul espoir d’une amélioration, a-t-il recommandé. C’est la raison pour laquelle il est indispensable de fournir le plus grand soutien possible à l’AMISOM, a conclu le représentant du Panama.
M. IVO SANADER, Premier Ministre de la Croatie, qui présidait la réunion du Conseil de sécurité, a estimé que l’importante participation des délégations aujourd'hui confirme la reconnaissance de la gravité de la situation en Somalie. Il a fait remarquer que ces derniers mois, les statistiques recueillies par le Représentant spécial du Secrétaire général en Somalie indiquent clairement une augmentation des activités de piraterie au large du pays. Il a par ailleurs précisé que trois ressortissants de son pays ont été kidnappés dans le cadre d’actes de piraterie, l’un d’eux restant à ce jour encore en captivité. M. Sanader a qualifié cette situation d’« inacceptable » et a souhaité que les débats du jour permettent de renforcer la réponse de la communauté internationale contre ce fléau. Il a plaidé pour l’élaboration d’un cadre juridique permettant de poursuivre les personnes responsables d’actes de piraterie et, ainsi, éviter toute impunité. Il faut renverser la « tendance gravissime » qui s’est dessinée ces derniers temps, a-t-il averti. Dans ce contexte, le Premier Ministre croate a salué le rôle croissant joué par l’Union européenne dans la lutte contre la piraterie, se réjouissant à cet égard de la récente décision des ministres des affaires étrangères de l’Union de lancer la première opération navale européenne, « Atalanta ». Il s’est également félicité de la réponse de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Avant de conclure, il a fait remarquer que les actions, telles que celle lancée aujourd'hui, sont guidées par la reconnaissance que le Conseil de sécurité doit trouver une solution à ce fléau. Il a toutefois tenu à souligner que les mesures de lutte contre la piraterie ne suffiront pas, à elles seules, à régler les problèmes rencontrés par la Somalie, plaidant, par là, pour la prise en compte des autres facteurs et composantes du long conflit qui déchire ce pays. Enfin, il a rappelé l’importance de l’appropriation locale et de la responsabilité du Gouvernement de transition pour garantir la stabilité et le développement du pays.
M. ALI AHMED JAMA, Ministre des affaires étrangères de la Somalie, a émis l’espoir que sa participation à cette séance aidera le Conseil de sécurité à faire face à la situation causée par la piraterie. Il s’est dit conforté par ce qu’il avait entendu. Le Gouvernement fédéral de transition, a-t-il dit, condamne fermement les actes criminels de piraterie. Ils sont inacceptables et il faut y mettre fin, a-t-il souligné. La Somalie, qui ne dispose pas d’une flotte permettant de surveiller ses côtes, soutient la résolution que vient d’adopter le Conseil de sécurité. La piraterie et le terrorisme, a-t-il reconnu, ne sont qu’un symptôme de la disparition de l’État somalien en 1991. Le Ministre a suggéré que le Conseil de sécurité puisse prendre des mesures immédiates avant la fin de l’année lorsque le mandat de l’AMISOM sera réexaminé. Un contingent de l’AMISOM pourrait devenir le noyau d’une future force internationale robuste pour la Somalie, a-t-il proposé. L’assistance au processus de réconciliation est indispensable, a-t-il dit.
« Ce processus de réconciliation est en cours et nous reconnaissons qu’il y a eu des retards et des difficultés dans cette voie », a ajouté le Ministre. Cela n’est pas surprenant car il faut une certaine fermeté et une certaine détermination si on veut progresser pour venir au secours d’un pays comme la Somalie. Le Gouvernement fédéral de transition de la Somalie a entériné aujourd’hui l’Accord de paix de Djibouti et le Parlement fédéral de transition l’examinera demain, a-t-il annoncé. Le Gouvernement fédéral de transition, a concédé le Ministre, doit réinstaurer l’état de droit, ce qui ne peut se faire que par une équipe unie. Il a rappelé qu’une absence de cohésion au sein des autorités avait entraîné une situation sécuritaire et humanitaire catastrophique dans le pays. C’est pourquoi, il a exhorté le Conseil de sécurité à ne pas laisser passer une nouvelle occasion, appelant à la formation d’une force internationale de stabilisation pour la Somalie.
M. YASUTOSHI NISHIMURA, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, s’est félicité de l’adoption de la résolution contre la piraterie par le Conseil de sécurité aujourd'hui. Il a rappelé que la zone du golfe d’Aden est d’une importance cruciale pour les itinéraires commerciaux entre l’Europe et l’Asie de l’Est et a fait observer que les actes de piraterie qui ont lieu dans cette région sont uniques de par leur gravité, leur fréquence et le nombre de pays concernés. Les personnes responsables de ces actes sont des « ennemis communs à l’espèce humaine », a-t-il affirmé, appelant la communauté internationale à une action résolue et concertée. Il a précisé que son pays, le Japon, est un État maritime et de commerce qui attache une grande importance à la sécurité en mer. Les questions de piraterie, a-t-il précisé, ont un lien direct avec la prospérité et la survie de notre pays. Des mesures pour y faire face sont urgentes, a-t-il ajouté. Le Vice-Ministre a indiqué que son pays a procédé à une étude sur les éventuelles nouvelles lois à mettre au point, et sur les mesures qui pourraient être prises dans le cadre juridique existant pour lutter contre la piraterie. Il a précisé que le Japon a l’intention de prendre des mesures rapides et efficaces. Le pays s’apprête également à apporter une assistance pour le renforcement des capacités des pays voisins de la Somalie, a ajouté le Vice-Ministre. M. Nishimura a ensuite fait part de son soutien à la mise en place d’un mécanisme de coopération internationale pour les questions concernant la piraterie. Il a à cet égard indiqué que son pays a pu se constituer une expérience importante grâce à l’Accord régional de coopération sur la lutte contre la piraterie et les attaques à main armée contre des bateaux en Asie (RECAAP), expérience qu’il est prêt à partager.
M. KONSTANTINOS TASSOULAS (Grèce) a rappelé que son pays a participé à « Atalanta », la première opération de l’Union européenne menée dans les eaux somaliennes. Dotée d’une résolution et d’un Groupe de contact, la communauté internationale, a estimé le représentant, est désormais équipée des mécanismes de coopération et de coordination nécessaires pour combattre la piraterie, en conformité avec le droit international. En tant que puissance maritime, la Grèce est prête à participer au Groupe de contact, a annoncé le représentant, en appelant les États à adopter une législation nationale autorisant leurs institutions judiciaires à poursuivre et à juger les personnes responsables d’actes de piraterie. Avant de conclure, M. Tassoulas a décrit la triple approche qui doit inspirer le processus de paix en Somalie. Il a cité la coopération de toutes les parties au processus de paix de Djibouti et à la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’ONU. Il a également plaidé pour le renforcement des moyens de l’Union africaine pour lui permettre de répondre de manière autonome à des crises comme celle qui a lieu en Somalie, et a insisté sur le renforcement de la poursuite de l’aide humanitaire.
M. JONAS GAHR STORE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a fait remarquer que les actes de piraterie vont croissant et constituent une menace au commerce international, à la liberté de navigation et à la sécurité internationale. Ce fléau, a-t-il souligné, est un symptôme de l’anarchie qui continue de régner en Somalie. Dans ce contexte, il a salué les efforts déployés par plusieurs pays et organisations régionales pour mettre un terme à ces actes. Il a également félicité le Gouvernement fédéral de transition de la Somalie pour sa coopération. Rappelant que la Norvège est un grand pays maritime, le Ministre norvégien des affaires étrangères a précisé qu’elle était ouverte aux demandes d’assistance technique visant à renforcer les capacités pour lutter contre la piraterie. Il a par ailleurs attiré l’attention sur l’importance de capturer les pirates et de les traduire en justice. M. Store a ensuite fait remarquer qu’une solution durable aux problèmes de piraterie ne sera possible sans l’amélioration de la stabilité sur le terrain. Comme une telle stabilité n’est pour l’instant pas assurée, la communauté internationale a décidé aujourd'hui d’autoriser certaines mesures contre ceux qui commettent ces actes, a-t-il précisé, avant de souhaiter que de telles mesures soient prises conformément au droit international et aux principes du droit international humanitaire. Avant de conclure, il a attiré l’attention sur les risques posés par un vide sécuritaire consécutif au retrait des troupes éthiopiennes. Il a demandé au Conseil de sécurité de s’atteler à ce problème avec rapidité et détermination, afin d’éviter tout retard dans la mise en œuvre de l’Accord de Djibouti.
M. BAKI ILKIN (Turquie) a fait part de la grande inquiétude de son pays face à ce phénomène de piraterie. Son pays, a-t-il indiqué, a loué une frégate et appuie l’opération Atalanta de l’Union européenne. La Turquie, a-t-il ajouté, se félicite que le Conseil se soit saisi activement de cette question. Les textes adoptés jusqu’à ce jour devraient permettre de mieux lutter contre le phénomène, a-t-il noté. Le représentant de la Turquie s’est dit convaincu que les Nations Unies devraient prendre la tête des initiatives contre la piraterie. Concernant la situation en Somalie, les efforts entrepris doivent être accompagnés de mesures concrètes permettant de rétablir l’ordre dans le pays. Ils doivent également être mieux ciblés. En tant que membre élu qui siègera au Conseil de sécurité dans moins de deux semaines pour un mandat de deux ans, la Turquie a l’intention de continuer de suivre de près cette question, en contribuant aux efforts de lutte de manière constructive.
M. ANDERS LIDEN (Suède) a fait part des préoccupations de sa délégation face à la situation déplorable de millions de femmes, hommes et enfants en Somalie. Il a fait remarquer que le nombre d’actes de piraterie a drastiquement augmenté en Somalie, avant d’attirer l’attention sur le contexte de ce pays qui a connu 17 années de guerre et qui souffre de l’absence d’un Gouvernement capable de protéger les citoyens. Dans ce contexte, il a souligné que seule une approche complète prévoyant tout un éventail de mesures sera nécessaire pour régler cette situation. Il a indiqué qu’il s’agit en outre de s’atteler à résoudre les causes de ces pratiques « intolérables » de piraterie, ainsi que celles du trafic d’êtres humains. Il a également estimé essentiel de soutenir les Somaliens dans leurs efforts d’édification d’une société d’état de droit et de respect des droits de l’homme, précisant à cet égard que son pays soutient l’Accord de Djibouti. L’Ambassadeur de la Suède a conclu son intervention en rappelant qu’au cours des 17 années de conflit en Somalie, les interventions extérieures n’ont pas toujours été très constructives. Il a ainsi appelé la communauté internationale à de la prudence dans ses actions.
M. CARSTEN STAUR (Danemark), soulignant que le problème de la piraterie doit être abordé par la communauté internationale tout entière, a salué les travaux menés à cet égard par l’ONU et l’Organisation maritime internationale, ainsi que les efforts de l’Union européenne, de l’OTAN, de l’Union africaine et de l’IGAD. En tant que pays doté d’une flotte commerciale importante qui navigue partout dans le monde, le Danemark a participé à l’escorte maritime des convois d’aide alimentaire du Programme alimentaire mondial (PAM) vers la Somalie, a indiqué le représentant. Le pays est aussi engagé dans l’opération antipiraterie « Task force 150 », soutenue par l’ONU, en Afrique de l’Est, a-t-il souligné. Le représentant danois s’est déclaré favorable à la création d’un mécanisme de coopération internationale pour combattre la piraterie au large de la Somalie, ainsi qu’à l’idée de former un groupe de contact. Il a aussi soulevé le problème de la poursuite en justice des pirates, indiquant avoir dû relâcher récemment ceux qui avaient été arrêtés par les forces navales de son pays du fait de l’absence de procédure adéquate. Il a suggéré, pour le long terme, d’envisager la création d’un tribunal international et, pour le court terme, de conclure des accords bilatéraux et régionaux sur l’extradition et la poursuite des pirates arrêtés. Le représentant a conclu en rappelant que l’aide à la Somalie dans la lutte contre la piraterie passe par une solution politique et un développement durable du pays.
M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne) a annoncé que son pays avait l’intention de participer activement au nouveau mécanisme de coordination prévu par la résolution. Pour une lutte efficace contre les actes de piraterie en mer, il faudrait éviter tout chevauchement des efforts, a-t-il mis en garde. Le contexte régional doit également être renforcé. Le représentant de l’Allemagne a proposé la création de nouveaux tribunaux pour juger les pirates. Il a souligné que ce n’était qu’en renforçant les institutions nationales de la Somalie que le phénomène de la piraterie pourrait être combattu de manière efficace. C’est pourquoi, il a exhorté toutes les parties en présence dans ce pays à s’engager ou à se réengager dans un esprit de réconciliation en faveur d’une solution politique durable.
M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) a estimé que le phénomène de la piraterie, qui s’est développé aux larges des côtes de la Somalie ces dernières années, est la conséquence d’une fragilisation de la situation politique dans le pays, due notamment à la négligence de la communauté internationale à l’égard de la question de la crise en Somalie. Il a ainsi préconisé de s’attaquer aux causes profondes de la piraterie dans la zone, au-delà des nécessaires sanctions d’urgence pour mettre un terme aux attaques armées. Le représentant égyptien a en outre demandé que la lutte contre la piraterie, de l’action militaire jusqu’à la traduction en justice des auteurs de crimes, s’effectue dans le respect de l’état de droit et de la souveraineté de la Somalie. Il a suggéré l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité établissant à cette fin une cour internationale ad hoc. Le représentant a ensuite souligné que le phénomène de la piraterie était circonscrit pour l’essentiel au golfe d’Aden et à l’ouest de l’Océan indien. Précisant que, pour l’heure, le phénomène ne s’était pas étendu à la mer rouge, il a indiqué que les pays arabes de la région coordonnaient d’ores et déjà leurs efforts pour renforcer la sécurité des activités de navigation dans la partie sud de la mer rouge.
M. NIRUPAM SEN (Inde) a expliqué qu’en tant que pays partageant les rivages d’un océan avec la Somalie, l’Inde est très préoccupée par les actes de piraterie commis au large des côtes somaliennes. Il a préconisé que la communauté internationale déploie des efforts concertés et cohérents pour promouvoir un processus politique en Somalie, notamment par le biais d’une mission qu’il a « idéalement » souhaitée être placée sous l’égide des Nations Unies. Une approche intégrée déployée pour régler le chaos qui règne en Somalie est la meilleure solution aux problèmes de piraterie, a-t-il fait valoir. Il a toutefois reconnu que la piraterie est un défi qu’il faut d’urgence relever, attirant l’attention sur la menace que les actes de piraterie font planer non seulement sur la Somalie elle-même, mais également sur le commerce international et la sécurité internationale. M. Sen a indiqué que son pays s’est engagé dans la lutte contre ce fléau et qu’il a affecté à cette fin deux de ses navires les plus modernes. Plus généralement, le représentant indien a souhaité que la réponse de la communauté internationale soit renforcée et institutionnalisée, plaidant pour une meilleure coopération entre les navires qui opèrent dans cette zone. Il a à cet égard appuyé la création d’un Groupe de contact. Il a également attiré l’attention sur l’importance d’établir un cadre juridique permettant d’appréhender les pirates. Il a en outre souhaité un lien plus étroit entre l’embargo sur les armes et la lutte contre la piraterie. Enfin, il a recommandé que les capacités des entités somaliennes à agir tant dans à l’intérieur du pays que dans ses eaux territoriales soient renforcées.
M. ABDULLAH M. ALSAIDI (Yémen) a noté que son pays était directement touché par les événements en Somalie en raison de sa proximité géographique, événements qui entraînent l’afflux de réfugiés et la traite des personnes. Il n’a épargné aucun effort pour « colmater les brèches » en tentant de rapprocher les parties en présence. Concernant plus spécifiquement la piraterie, le Yémen agit de concert avec les États riverains de la mer Rouge pour juguler ce fléau, ainsi qu’avec la communauté internationale. Toute concertation avec ces États riverains est nécessaire avant toute opération navale, a-t-il dit. Le Yémen est disposé à coopérer avec tous pour consolider la sécurité dans le golfe d’Aden. Il estime en effet que des efforts concertés sont nécessaires pour renforcer les gardes côtières des pays concernés, cette action devant se faire dans le respect de leur souveraineté. Par ailleurs, le représentant a souligné un fardeau grandissant pour le budget national du Yémen, en raison de l’afflux des réfugiés, mais aussi des coûts devenus exorbitants pour assurer les navires de commerce dans la région. Le Yémen estime au plus haut point l’expérience des pays asiatiques dans le domaine de la lutte contre la piraterie. Il ne fait nul doute que nous allons tirer profit de la convention signée par ces pays, a-t-il dit. On ne saurait triompher de ce problème tant que la communauté internationale n’aura pas favorisé la réconciliation nationale en Somalie. La crise actuelle ne pourra pas être réglée tant que la communauté internationale fermera les yeux sur ce qui se passe sur le territoire somalien, a-t-il mis en garde, appelant de ses vœux la formation d’un gouvernement d’union nationale.
M. YAHYA MAHMASANI, Observateur permanent de la Ligue des États arabes auprès des Nations Unies, a relevé l’importance de s’atteler aux causes de la piraterie, générées, a-t-il précisé, par la situation dangereuse qui continue de se détériorer en Somalie. Il a souhaité que le processus de paix qui s’est enclenché depuis l’Accord de Djibouti soit appuyé. Toutes les factions de la Somalie devraient être appelées à régler leurs différends et à se rallier à cet Accord, a-t-il précisé. Il a également souhaité que la communauté internationale prenne des mesures pour améliorer la situation en Somalie, notamment s’agissant d’une éventuelle intégration de nouvelles forces à la Mission de l’Union africaine (AMISOM). M. Mahmasani a souligné que la dégradation de la situation humanitaire dans le pays est l’une des causes profondes de l’anarchie, qui est désormais passée des terres somaliennes aux eaux territoriales, avec les conséquences internationales que cela entraîne. Bien que nombre de navires militaires se trouvent au large des côtes de la Somalie, les actes de piraterie se poursuivent, a-t-il fait remarquer, soulignant au passage la nécessité de traduire en justice les responsables de ces actes. Les activités menées par les pirates ne sont que les symptômes du problème de la Somalie, a-t-il répété, en demandant que des solutions concrètes soient trouvées à la situation de ce pays depuis trop longtemps en conflit. Il a conclu son intervention en invitant le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités et à trouver une solution globale au problème somalien.
M. RAMTANE LAMAMRA, Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, a constaté que son exposé intervenait à un moment critique du processus de paix en Somalie. Il a rappelé que l’intervention de l’Afrique pour aider le peuple somalien s’était produite dans des circonstances difficiles, l’AMISOM ayant été déployée alors que l’Union africaine avait très peu d’expérience à cet égard. Si les accords conclus jusqu’à présent étaient fidèlement exécutés, ils pouvaient constituer les fondations permettant de bâtir une paix et une réconciliation durables, a-t-il noté. L’annonce du retrait des forces de défense éthiopiennes va tout à fait dans le sens de l’Accord de Djibouti, a-t-il constaté. Il faut traduire le défi de ce retrait en possibilités, a-t-il souligné. Le déploiement d’une mission robuste capable de stabiliser le pays demeure le défi premier parmi une myriade de problèmes auxquels fait face l’Union africaine, a-t-il fait remarquer. Cela n’a pas été possible jusqu’à présent mais notre effort visant à renforcer l’AMISOM se poursuit, a-t-il dit. M. Lamamra a appelé « tous les amis de la Somalie » à fournir des troupes, des moyens logistiques et de l’équipement pour l’établissement d’une force de Casques bleus susceptible de stabiliser le pays.
Quant à la question de la piraterie, M. Lamamra a noté que la zone située entre les eaux territoriales somaliennes et le golfe d’Aden constituait sans doute la voie de navigation la plus dangereuse du monde. Mais il est clair que la piraterie est le symptôme d’un problème plus large qui est celui de l’anarchie en Somalie. Il y a donc un besoin évident de traiter à la fois le symptôme et la racine du problème. M. Lamamra s’est félicité de l’action du Conseil de sécurité et de plusieurs pays et organisations régionales pour les actions qu’ils ont entreprises afin de combattre ce phénomène criminel international. Pour sa part, l’Union africaine a l’intention de faire sa part en se penchant sur le problème dans le cadre de son plan stratégique pour la période 2009-2012. Si la communauté internationale se doit de renouveler son engagement, l’Union africaine est bien consciente du défi auquel fait face le Secrétaire général pour mettre sur pied une force multinationale. Toutefois, elle estime nécessaire que soit envoyé un signal politique fort exprimant la poursuite de l’engagement international et prévoyant formellement l’envoi d’une force d’appui, ainsi que le renforcement de l’AMISOM. Il convient de soutenir le processus de paix de Djibouti en aidant à la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale, a-t-il recommandé avant de conclure.
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