CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA MANUA DOIT DISPOSER DE RESSOURCES SUPPLÉMENTAIRES, AFFIRME LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL POUR L’AFGHANISTAN
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Conseil de sécurité
5930e séance – après-midi
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA MANUA DOIT DISPOSER DE RESSOURCES SUPPLÉMENTAIRES, AFFIRME LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL POUR L’AFGHANISTAN
L’Afghanistan a besoin d’aide pour assurer le succès de la Stratégie nationale de développement, déclare son Ministre des affaires étrangères
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, Kai Eide, a affirmé devant le Conseil de sécurité, cet après-midi, que la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) devrait bénéficier de ressources humaines et financières supplémentaires pour accomplir son mandat. De son côté, le Ministre afghan des affaires étrangères a jugé indispensable le concours de la communauté internationale pour assurer le succès de la Stratégie nationale de développement.
« Le Gouvernement afghan doit pouvoir mettre en œuvre avec succès cette Stratégie », a déclaré le Chef de la diplomatie afghane, Rangin Dadfar Spanta, lors de ce débat public du Conseil de sécurité, soulignant que l’assistance de la communauté internationale était « indispensable à cet égard ». Dans ce contexte, « il faut que l’aide au développement soit intégrée de manière plus cohérente et coordonnée à notre budget national », a-t-il estimé.
La Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan a été lancée lors de la Conférence de Paris, le 12 juin dernier. Ses résultats ont été présentés aujourd’hui au Conseil de sécurité par M. Eide qui s’est appuyé sur le rapport spécial du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon.
La Conférence de Paris a été « couronnée de succès, puisqu’elle a permis de réunir plus de 20 milliards de dollars de soutien aux efforts conjoints menés en Afghanistan », a expliqué le Représentant spécial. « Elle fut également un succès en termes politiques, en jetant les bases d’un partenariat renforcé entre le Gouvernement afghan et la communauté internationale », a-t-il ajouté.
M. Eide a également affirmé que la MANUA avait besoin de ressources humaines et financières supplémentaires pour accomplir son mandat sur le terrain. « Nous sommes à un moment critique en Afghanistan et la MANUA sera d’autant mieux à même de jouer son rôle si des ressources suffisantes lui sont accordées », a-t-il souligné.
Le Représentant spécial a défendu l’élargissement de la présence de la MANUA dans le pays, lequel connaît, a-t-il poursuivi, un niveau sans précédent d’activités terroristes et insurrectionnelles, en particulier dans les provinces du sud et de l’est.
Au lendemain de l’attentat perpétré contre l’ambassade de l’Inde à Kaboul, le Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan a dénoncé « les sanctuaires terroristes et le système sophistiqué de financement, de recrutement, d’armement et d’entraînement des futurs auteurs d’attentats-suicide, en dehors des frontières afghanes ».
Les événements sur le terrain, a commenté le représentant de l’Inde, démontrent clairement que parmi tous les défis auxquels est confronté le peuple afghan figure d’abord la sécurité. L’on ne peut faire preuve de laxisme face aux forces du terrorisme, de l’extrémisme et du crime. L’effort à accomplir doit être collectif et on ne peut se permettre de marchandages par le biais de trêves locales et temporaires, a insisté le représentant indien.
Le Ministre des affaires étrangères du Pakistan a assuré que la paix et la stabilité en Afghanistan étaient essentielles aux intérêts vitaux de son pays. Makhdoom Shah Mahmood Qureshi a exprimé la détermination du Pakistan « à faire échec au terrorisme, à l’éliminer et à s’attaquer à ses causes profondes ».
M. Qureshi a assuré que son pays et l’Afghanistan pouvaient « réaliser leurs objectifs communs de paix, de stabilité et de prospérité grâce à une coopération mutuelle ». « Les deux pays ne sauraient réussir sans le soutien inconditionnel de la communauté internationale », a-t-il déclaré.
D’une manière générale, a indiqué le Représentant spécial du Secrétaire général, le programme de travail de la MANUA au cours des 18 prochains mois sera guidé par le processus électoral, les engagements souscrits à Paris et l’évolution de la situation sur le terrain.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, John Holmes, qui revenait lui-même d’un séjour de quatre jours en Afghanistan, a expliqué que la situation humanitaire y est grave et continue de se détériorer.
L’insécurité alimentaire a conduit dans un premier temps à un appel de 81 millions de dollars pour répondre aux besoins de 2,5 millions de personnes, a-t-il dit. Un autre appel a été lancé ce matin à Kaboul pour collecter une somme de 400 millions de dollars, a-t-il annoncé, en espérant que les donateurs y répondront généreusement. M. Holmes a également attiré l’attention sur le sort des réfugiés et des personnes déplacées.
Outre les Ministres des affaires étrangères de l’Afghanistan et du Pakistan, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Italie, France, au nom de l’Union européenne, Jamahiriya arabe libyenne, Belgique, États-Unis, Afrique du Sud, Chine, Panama, Costa Rica, Indonésie, Burkina Faso, Fédération de Russie, Royaume-Uni, Croatie, Viet Nam, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Inde, Japon, Turquie, Iran, Pays-Bas et Norvège.
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
Rapport spécial présenté par le Secrétaire général en application de la résolution 1806 (2008) du Conseil de sécurité relative à la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (S/2008/434)
Le Secrétaire général, dans ce rapport, répond à la demande du Conseil de sécurité, formulée dans sa résolution 1806 (2008), de l’informer des résultats de la Conférence de soutien à l’Afghanistan, qui s’est tenue en juin 2008 à Paris, et de lui présenter, si nécessaire, des recommandations supplémentaires au sujet du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).
Le Secrétaire général estime que les principaux objectifs de la MANUA, tels qu’ils ont été définis par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1806 (2008), devraient rester inchangés. Arguant toutefois que certains domaines prioritaires appellent une plus grande attention, Ban Ki-moon cite les élections, la Stratégie nationale de développement et ses priorités économiques, la gouvernance et le renforcement des institutions, l’efficacité de l’aide et l’accroissement de la responsabilisation, l’action humanitaire, la coopération régionale et l’expansion des activités sur le terrain.
Pour M. Ban, l’exécution par la MANUA de son mandat sera, en dernière analyse, fonction de la mesure dans laquelle les partenaires internationaux de même que le Gouvernement afghan appuieront le rôle de coordination renforcé qui a été confié à la Mission et honoreront les engagements qu’ils ont pris lors de la Conférence de Paris.
M. Ban souligne que son Représentant spécial pour l’Afghanistan, Kai Eide, a recommandé que les priorités recensées à la Conférence de Paris soient suffisamment prises en compte dans le mandat de la MANUA. Le Secrétaire général dit souscrire pleinement à cette recommandation, de même qu’à celle, selon laquelle, pour donner à la MANUA les moyens de s’acquitter de son mandat et de s’occuper des priorités recensées à la Conférence de Paris, il faudrait mobiliser rapidement des ressources techniques, administratives et de sécurité beaucoup plus conséquentes.
À la Conférence de Paris, tenue le 12 juin 2008, des promesses d’aide internationale d’une valeur approximative de 20 milliards de dollars ont été faites, explique le Secrétaire général dans son rapport. Mais la Conférence a été davantage qu’une conférence d’annonces de contributions, poursuit-il.
En effet, alors même qu’était lancée à Paris la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan, quelque 80 parties prenantes internationales se sont accordées sur une feuille de route dont l’exécution sera placée sous direction afghane et doit s’effectuer dans le cadre d’un partenariat renforcé entre le Gouvernement afghan et la communauté internationale.
La Déclaration de Paris, qui a été publiée sous l’autorité des trois Coprésidents de la Conférence, à savoir le Président afghan, le Président français et le Secrétaire général de l’ONU, a défini les facteurs déterminants de la sécurité et de la prospérité futures du peuple afghan. Elle a également souligné le rôle élargi du Représentant spécial du Secrétaire général et de la MANUA, qui seront chargés de diriger l’action de la communauté internationale et d’assurer la liaison entre celle-ci et le Gouvernement afghan
La Déclaration de Paris a réaffirmé que le Pacte pour l’Afghanistan, conclu à Londres en février 2006, demeurait le socle de l’action menée conjointement par la communauté internationale et le Gouvernement afghan. Les principales conclusions du bilan d’étape du Pacte pour l’Afghanistan que les coprésidents du Conseil commun de coordination et de suivi ont dressé préalablement à la tenue de la Conférence de Paris ont été entérinées par les participants à la Conférence.
En matière de sécurité, le Secrétaire général constate que depuis son dernier rapport, en date du 6 mars 2008 (A/62/722-S/2008/159), les insurgés et les terroristes se sont montrés plus actifs dans le pays, en particulier dans le sud et à l’est.
M. Ban juge très préoccupant que le plus grand nombre de problèmes de sécurité dans le pays depuis le renversement du régime taliban en 2001 ait été enregistré en mai dernier. Les insurgés continuent de recourir à des attaques asymétriques, qui font beaucoup de victimes dans la population civile, tandis que leurs opérations sont de plus en plus complexes et concertées, écrit-il.
Pour améliorer les conditions de sécurité dans tout le pays, il sera nécessaire, selon lui, d’augmenter considérablement les ressources de la MANUA consacrées à la sécurité. En effet, il conviendra, ajoute-t-il, non seulement de créer des bureaux provinciaux dans les régions où la sécurité est très menacée, mais aussi d’appuyer les antennes et les activités existantes de la Mission dans leur ensemble
Exposés
M. KAI EIDE, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, qui présentait le rapport spécial du Secrétaire général, a affirmé qu’au cours des 18 prochains mois, ses travaux et ceux de la MANUA seront guidés par trois composantes, le calendrier politique, les engagements souscrits à Paris et l’évolution de la situation sur le terrain. Le calendrier politique sera marqué par le processus électoral, a-t-il dit, précisant qu’aujourd’hui même à Kaboul, la Commission électorale indépendante a annoncé sa manière de procéder. Le processus d’enregistrement doit ainsi se dérouler de façon à permettre à tous les Afghans de participer aux élections sur un pied d’égalité, tout en prenant en compte les difficultés dans le domaine de la sécurité, a-t-il affirmé.
La MANUA, a-t-il dit, est prête à apporter son soutien aux autorités afghanes à travers le processus électoral, comme l’a demandé le Président Karzaï. S’agissant du deuxième volet, la Conférence de Paris, le 12 juin dernier, a été couronnée de succès, puisqu’elle a permis de réunir plus de 20 milliards de dollars de soutien aux efforts conjoints menés en Afghanistan. Elle fut également un succès en termes politiques, en jetant les bases d’un partenariat renforcé entre le Gouvernement afghan et la communauté internationale. Le Gouvernement afghan a présenté sa Stratégie nationale de développement qui formulera une feuille de route commune, sous l’autorité de l’Afghanistan, pour les cinq prochaines années. La communauté internationale a promis d’aligner ses ressources derrière cette Stratégie, a-t-il souligné.
Selon le Représentant spécial, le lancement de la Stratégie intervient à un moment clef. Nous devons nous atteler à la tâche avec un engagement renouvelé, a-t-il déclaré. Des questions demeurent en suspens, a-t-il affirmé, avant de les énoncer. Avons-nous un plan qui peut tous nous unir dans cette tâche? La communauté internationale dépense-t-elle suffisamment ses ressources? Le Gouvernement afghan s’investit-il assez dans la lutte contre la corruption et les mauvaises pratiques? Le Représentant spécial s’est dit convaincu que si l’on ne s’en tient pas aux engagements pris à Paris, le soutien de l’opinion publique afghane et de l’opinion publique des pays donateurs sera compromis. La Conférence de Paris a imprimé un nouvel élan, a-t-il assuré. Si nous n’accordons pas les ressources nécessaires à la Stratégie, celle-ci ne sera pas applicable, a-t-il estimé. Selon M. Eide, deux piliers importants seront essentiels au succès de tous les autres efforts. Il est ainsi nécessaire d’engager un effort massif pour la mise en place des institutions. Avoir des instituions plus solides, plus compétentes et plus responsables constituera une condition préalable à la sécurité et au développement, ainsi qu’au renforcement de la confiance du peuple afghan en faveur de son propre Gouvernement.
Le deuxième pilier est l’expansion des secteurs clefs de l’économie, a-t-il déclaré. Il a ainsi souligné la nécessité urgente d’accroître la production agricole et d’investir sur une large échelle dans des projets énergétiques. Le Représentant spécial a également indiqué que la Déclaration de Paris inclut un engagement ferme visant à distribuer l’aide de manière plus efficace. Il a mis l’accent sur la nécessité de répartir de manière équitable entre toutes les provinces les bénéfices du développement. L’amélioration de la distribution de l’aide internationale doit aller de pair avec la détermination des Afghans à améliorer la qualité de leur administration, à manifester une plus grande responsabilité et à combattre la corruption. Il s’est dit encouragé par le fait que le Président Karzaï tient désormais des réunions régulières avec ses Ministres les plus proches afin de formuler une réponse gouvernementale aux engagements de Paris, y compris les engagements liés à la corruption et la responsabilisation.
S’agissant de l’évolution de la situation sur le terrain, les défis humanitaires qui se posent à l’Afghanistan ont été sous-estimés, a-t-il par ailleurs affirmé, rappelant qu’en janvier dernier un appel à une aide alimentaire avait été lancé conjointement par le Gouvernement afghan et le Programme alimentaire mondial (PAM). Aujourd’hui, un nouvel appel conjoint de 404 millions de dollars a été lancé à Kaboul afin de permettre au pays de répondre à la crise alimentaire émergeante. Ces défis humanitaires permanents ont clairement révélé un manque de capacités pour satisfaire les besoins les plus urgents des populations les plus vulnérables. Le Représentant spécial a ainsi mis l’accent sur la nécessité de renforcer de façon urgente les capacités visant à prévoir, évaluer et répondre à la crise humanitaire.
Selon M. Eide, la situation sur le terrain est compliquée par les difficultés croissantes du climat sécuritaire. Le pays a connu, a-t-il dit, un niveau sans précédent d’activités terroristes et insurrectionnelles, en particulier dans les provinces du sud et de l’est du pays. L’attaque, il y a trois jours, devant l’ambassade de l’Inde à Kaboul a démontré la capacité des terroristes à mener des opérations extrêmement meurtrières au cœur de la capitale, a-t-il observé. La situation sur le terrain confirme la nécessité d’assurer une forte présence des forces internationales dans un avenir prévisible, ainsi qu’une plus grande coopération et une meilleure compréhension entre les composantes civiles et militaires. La MANUA va engager des discussions avec la FIAS afin de renforcer la coopération civile et militaire, a-t-il précisé. Il a en outre défendu l’élargissement de la présence de la MANUA dans le pays, d’une manière qui garantisse l’intégrité de son mandat indépendant et qui renforce le respect des principes humanitaires.
Le Représentant spécial a rappelé que la solution au conflit afghan ne peut pas être que militaire. Il doit y avoir une solution politique, a-t-il assuré. Il convient d’entamer un dialogue politique afghan, a-t-il ajouté, notant que ce dialogue doit être défini par les Afghans eux-mêmes et en respectant la Constitution. Par ailleurs, il y a lieu de renforcer la coopération régionale sur quelques unes des questions essentielles auxquelles la région est confrontée, telles que celles concernant les stupéfiants, les réfugiés et la sécurité, a-t-il déclaré. Il convient également de noter le potentiel important de la coopération dans le secteur énergétique, des infrastructures et du commerce, a-t-il précisé. La MANUA est prête à participer, a-t-il dit.
Selon M. Eide, les tâches que doit mener la MANUA sont importantes. Celle-ci a besoin de ressources financières et de personnels supplémentaires et qualifiés pour accomplir son mandat sur le terrain. Nous sommes à un moment critique en Afghanistan et la MANUA sera d’autant mieux à même de jouer son rôle si des ressources suffisantes lui sont accordées, a-t-il conclu.
M. JOHN HOLMES, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, qui revient d’un séjour de quatre jours en Afghanistan, a indiqué que la situation humanitaire y est grave et qu’elle continue de s’aggraver. Il a cité quatre sources de préoccupation en s’attardant d’abord sur l’insécurité alimentaire qui a conduit à un appel initial de 81 millions de dollars pour répondre aux besoins de 2,5 millions de personnes. Un autre appel a été lancé ce matin à Kaboul pour collecter une somme de 400 millions de dollars, a-t-il annoncé, en espérant que les donateurs y répondront généreusement.
Le Coordonnateur des secours d’urgence a ensuite cité le sort des millions de réfugiés qui reviennent en Afghanistan à partir des pays voisins. Depuis 2002, a-t-il rappelé, 4,8 millions d’Afghans soit 1/6 de la population est revenu. Mais la capacité d’absorption du pays est très limitée alors que 2,3 millions d’Afghans ont toujours au Pakistan et 950 000 autres en Iran, sans compter les personnes qui ne sont pas enregistrées. Le Coordonnateur des secours d’urgence a aussi attiré l’attention sur le sort des personnes déplacées.
Il a également cité la pression que le conflit continue d’exercer sur les populations civiles. Le nombre total de morts a augmenté, a-t-il dit, avant de citer la dernière source de préoccupation, à savoir la vulnérabilité de l’Afghanistan face aux catastrophes naturelles, en particulier les inondations, les tremblements de terre et la sécheresse.
Tous les agents humanitaires, a-t-il poursuivi, m’ont confié leur préoccupation face à une certaine confusion entre les activités militaires et humanitaires. Pour le Coordonnateur des secours d’urgence, les équipes provinciales de reconstruction ne devraient fournir de l’assistance humanitaire que lorsque l’insécurité empêche les acteurs civils de travailler normalement. Il serait également préférable, a-t-il ajouté, que les donateurs acheminent les dons par les agences de l’ONU et les ONG plutôt que par ces équipes pour donner aux premières la capacité de remplir entièrement leur mandat.
Proposant quelques autres pistes de solutions pour améliorer la réponse humanitaire en Afghanistan, le Coordonnateur des secours d’urgence a annoncé l’élaboration par son Bureau d’un nouveau plan d’action humanitaire visant à renforcer la capacité des agents humanitaires, à mobiliser des ressources additionnelles mais aussi à renforcer les capacités humanitaires du Gouvernement afghan.
Le Coordonnateur a aussi appelé à des efforts renforcés pour protéger les civils. En la matière, toute pression ou influence sur les belligérants serait la bienvenue. L’ONU, les forces internationales et le Gouvernement doivent travailler ensemble pour réduire l’impact du conflit sur les civils. Il est toujours possible, a-t-il estimé, de diminuer le nombre des dommages collatéraux causés par les opérations militaires progouvernementales et de les rendre plus transparentes et plus comptables de leurs actes. Il faudra aussi que la présence militaire soit le plus éloignée des zones civiles.
Enfin, a conclu le Coordonnateur des secours d’urgence, il faut trouver les moyens de séparer plus clairement les activités humanitaires des opérations politiques. Il faut élargir l’espace humanitaire et l’accès aux populations. Il faut, a-t-il insisté, réduire les risques d’attaques contre les civils. En l’occurrence, il a suggéré la création de zones de tranquillité et la signature d’accords plus durables sur l’accès.
Déclarations
M. RANGIN DADFAR SPANTA, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, a commencé par condamner dans les termes les plus vigoureux l’attaque terroriste perpétrée le 7 juillet dernier contre l’ambassade de l’Inde à Kaboul. L’ennemi terroriste auquel nous faisons face s’appuie sur un ensemble complexe de réseaux et d’infrastructures et ne peut donc pas être défait par des opérations militaires à l’intérieur même de l’Afghanistan. Des sanctuaires terroristes et un système sophistiqué de financement, de recrutement et d’armement, ainsi que l’entraînement constant de futurs auteurs d’attentats-suicide sont autant de facteurs qui sont à l’œuvre en dehors de nos frontières, s’est expliqué le Ministre. Les forces de sécurité afghanes et leurs alliés de la coalition OTAN-FIAS redoublent d’efforts dans leur lutte contre un ennemi transnational dans sa composition et international dans ses objectifs, et basé pour l’essentiel à l’étranger, a-t-il insisté. Nous en sommes convaincus, a poursuivi M. Spanta, pour qui une action conjointe des Gouvernements afghan et pakistanais pourra éradiquer les bases de cet ennemi.
Conscient du devoir de l’Afghanistan en ce qui concerne la sécurité de ses citoyens à travers le pays, mon gouvernement, a-t-il dit, souhaite assumer davantage de responsabilités en ce domaine avec l’appui de la communauté internationale, a indiqué le Ministre. Il a d’ailleurs rappelé que le Président Karzaï s’était engagé à assumer la responsabilité de la sécurité à Kaboul à partir du mois d’août. La situation ne s’améliorera cependant pas tant que l’accent ne sera pas mis sur des questions interdépendantes telles que les stupéfiants, la corruption et la pauvreté, a souligné M. Spanta, qui a annoncé l’établissement sous peu de forces de police et de juridictions spécialisées dans la lutte contre la corruption.
S’agissant de la stratégie de lutte contre les stupéfiants, le Ministre a expliqué qu’elle intègre tous les aspects de la question, qu’ils soient internationaux, sécuritaires, sociaux ou économiques. Remporter un succès dans ce domaine dépendra de l’amélioration de la bonne gouvernance, de la création de moyens de subsistance alternatifs pour les agriculteurs et de la réalisation d’une politique de développement rurale coordonnée. Ainsi, l’an dernier, des mesures significatives ont été prises contre la culture du pavot à opium, la production ayant été réduite dans 23 des 34 provinces; 16 d’entre elles étant totalement exemptes de la culture du pavot, s’est félicité le Ministre.
M. Spanta s’est ensuite félicité de la tenue de la Conférence de Paris, de l’adoption d’une Stratégie nationale de développement et de l’engagement des pays donateurs à fournir 21 milliards de dollars en appui à cette Stratégie. Le Gouvernement afghan doit pouvoir mettre en œuvre avec succès cette Stratégie, a-t-il dit, soulignant que l’assistance de la communauté internationale était indispensable à cet égard. Dans ce contexte, il faut que l’aide au développement soit intégrée de manière plus cohérente et coordonnée à notre budget national, a-t-il estimé, avant d’annoncer que les préparatifs des élections parlementaires de 2009 et de 2010 en Afghanistan sont en cours et que la participation de la communauté internationale est là aussi nécessaire afin de veiller à la tenue d’un scrutin libre et équitable.
M. MAKHDOOM SHAH MAHMOOD QURESHI, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a rappelé qu’il avait condamné l’attaque terroriste menée contre l’ambassade de l’Inde à Kaboul. Toute attaque contre des civils ou des missions diplomatiques est hautement condamnable, a-t-il précisé. La veille, a-t-il ajouté, un attentat-suicide à Islamabad a tué 12 policiers et blessé des dizaines d’autres. Le Ministre a également fait état d’une série d’attentats à Karachi. Il a estimé que depuis l’Accord de Bonn, des progrès considérables ont été réalisés. Il est nécessaire de consolider ces résultats et de s’attaquer de manière efficace aux défis actuels, en particulier la menace que constituent la violence terroriste et l’insurrection.
Le Ministre a assuré que la paix et la stabilité en Afghanistan sont essentielles aux intérêts vitaux du Pakistan. La géographie, l’histoire, la religion et la culture forment des liens inextricables entre les destinées des deux pays, a-t-il expliqué. Outre la population afghane, la population pakistanaise a le plus souffert de décennies de conflit en Afghanistan, a-t-il déclaré, précisant que son pays avait accueilli plus de 3 millions de réfugiés et qu’il avait été affecté par les trafics de drogue et des armes. Les régions frontalières, qui étaient auparavant pacifiques, ont été enflammées par trois décennies de guerre et d’instabilité en Afghanistan, en particulier depuis 2001, lorsque de nombreux éléments d’Al-Qaida et des Taliban ont traversé la frontière pour pénétrer au Pakistan.
Le Ministre a souligné que la contribution du Pakistan dans la lutte contre le terrorisme est bien connue. Une grande partie du succès contre Al-Qaida et les Taliban a été obtenue grâce au soutien et à la coopération du Pakistan, a-t-il ajouté, notant que son pays était celui qui avait enregistré les pertes les plus lourdes de soldats dans cet effort. Il a exprimé la détermination de son pays à faire échec au terrorisme, à l’éliminer et à s’attaquer à ses causes profondes. Les efforts visant à stabiliser, pacifier et promouvoir le développement dans la région frontalière auront un impact positif sur la situation à la frontière, a-t-il poursuivi.
Le Ministre a indiqué que son pays a pris plusieurs mesures pour empêcher les infiltrations de terroristes et d’insurgés. Il a néanmoins reconnu que l’environnement sécuritaire s’était détérioré fortement au Pakistan depuis son rôle dans la campagne antiterroriste. Il a ainsi notamment expliqué que l’an dernier, un nombre d’attentats-suicide plus important qu’en Afghanistan a eu lieu au Pakistan, faisant 2 000 victimes civiles. L’un de ces attentats a causé la mort de Benazir Bhutto, a-t-il dit. Il a ajouté que ces attentats se poursuivent. La récente attaque-suicide à Islamabad laisse à penser que la menace terroriste au Pakistan est loin d’être terminée, a-t-il souligné. Le Ministre a également assuré que la nouvelle approche holistique du Pakistan vise à restaurer la paix dans les régions le long de la frontière, à inverser la tendance de l’extrémisme, à éliminer le terrorisme et la violence grâce au dialogue politique et à des mesures socioéconomiques, mais en n’écartant pas l’option du recours à la force chaque fois que celle-ci est rendue nécessaire. Le Pakistan reste engagé en faveur de la coopération avec l’Afghanistan et les forces de la coalition en vue de stabiliser le pays, a-t-il dit. La réconciliation politique, la reconstruction économique et le développement sont des priorités pour le Pakistan pour isoler les terroristes et les extrémistes, a-t-il dit. Selon le Ministre, la réconciliation et la reconstruction constituent la seule solution durable à la violence insurrectionnelle et à l’instabilité.
Le Ministre a néanmoins déclaré que les menaces contre l’autorité de son gouvernement, les actes de terrorisme ou les attaques à travers la frontière en Afghanistan ne seront pas tolérés. Le Pakistan ne permettra pas que son territoire soit utilisé contre d’autres pays, a-t-il dit, ajoutant toutefois que des troupes étrangères ne seront pas autorisées à opérer à l’intérieur du Pakistan. Le chef de la diplomatie pakistanaise a assuré que son pays et l’Afghanistan peuvent réaliser leurs objectifs communs de paix, de stabilité et de prospérité grâce à une coopération mutuelle. Les deux pays ne sauraient réussir sans le soutien inconditionnel de la communauté internationale, a-t-il déclaré.
M. ALDO MANTOVANI (Italie) a jugé qu’il est indéniable que la Conférence de Paris a imprimé un nouvel élan à la résolution des problèmes sur le terrain. Il est impossible de gagner contre l’ennemi sans une confiance et une compréhension mutuelles, a-t-il estimé. Aussi, au-delà des promesses de contributions d’une vingtaine de milliards de dollars, le bilan d’étape dressé par le Président afghan lors de la Conférence de Paris a été un outil important pour identifier les priorités du pays et la nature de l’assistance à apporter. Par ailleurs, a enchaîné le représentant, la MANUA doit maintenant recevoir des ressources financières supplémentaires pour s’acquitter de son nouveau mandat. En ce qui concerne la coopération régionale, il a encouragé les parties prenantes à poursuivre leurs discussions. Nous nous félicitons à cet égard, a-t-il déclaré, du dialogue constructif entamé ce matin à New York par les Ministres des affaires étrangères du Pakistan et de l’Afghanistan. Le rôle des Nations Unies en Afghanistan doit être fondé sur la réappropriation nationale, a conclu l’Italie.
S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) s’est félicité de la tenue de la Conférence de Paris. Il a rappelé les messages politiques essentiels qui ont été articulés à cette occasion, à savoir le renforcement de la démocratie à travers des institutions afghanes compétentes, transparentes et représentatives et le soutien de la communauté internationale à la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan et à l’encadrement que le Pacte pour l’Afghanistan continue à donner au Gouvernement. La Déclaration de Paris place également au rang de priorités le renforcement de la présence du Gouvernement afghan dans les provinces, la lutte contre la corruption et la sauvegarde des acquis démocratiques tels que la liberté d’expression, le respect des droits de l’homme, y compris la promotion de la parité entre hommes et femmes.
M. Ripert a souligné les engagements pris par les autorités afghanes lors de la Conférence en matière de lutte contre la drogue, question sur laquelle le Conseil n’est pas resté inactif avec l’adoption de la résolution 1817 sur le contrôle des précurseurs de l’héroïne, coparrainée notamment par l’Afghanistan. Il est maintenant nécessaire de travailler à la mise en œuvre de ses dispositions, par l’Afghanistan, mais aussi par les pays voisins, les pays de transit et les pays producteurs, a-t-il indiqué.
L’Afghanistan est une priorité pour la France, a souligné le représentant, ainsi que pour l’Union européenne. C’est vrai de ses États membres, engagés dans la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) ou les missions civiles. Ça l’est également de la Commission européenne, qui a déjà consacré 3,7 milliards d’euros à la reconstruction du pays depuis 2002 et prévoit, dans sa stratégie d’assistance pour 2007-2013, un engagement de 610 millions d’euros jusqu’en 2010. L’engagement de l’Union, a ajouté M. Ripert, se traduit enfin par la Mission européenne de police (EUPOL), qui vient de passer sa première année d’activité et compte à ce stade 170 personnels couvrant la capitale et 14 provinces.
Pour la délégation française, la Conférence de Paris a traduit l’expression d’une responsabilité partagée par la communauté internationale et les autorités afghanes afin de renforcer l’efficacité et la qualité de l’aide. D’un côté, la communauté internationale doit apporter une aide plus cohérente et coordonnée notamment grâce au rôle accru de coordination du Représentant spécial du Secrétaire général et la MANUA. De l’autre, le Gouvernement afghan s’est engagé à amplifier les réformes pour que les structures gouvernementales soient comptables et transparentes, a conclu M. Ripert.
M. ATTIA OMAR MUBARAK (Jamahiriya arabe libyenne) s’est félicité de la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan. Il convient de garantir le respect des droits de l’homme de l’Afghanistan, a-t-il également souligné. Le représentant s’est en outre déclaré très préoccupé par la situation sécuritaire en Afghanistan. Il a mis l’accent sur l’importance de la réconciliation nationale pour avoir un Afghanistan sûr et stable, a-t-il souligné. Selon lui, plus il y aura de sécurité, plus grand sera le nombre de projets de construction entrepris. Il est important, a-t-il dit, d’avoir des élections honnêtes et libres. Il a ainsi salué le travail effectué en ce sens par la MANUA. Le succès de cette élection ne dépend pas uniquement de la tenue de ce scrutin, mais aussi de la participation de tous les Afghans, a-t-il affirmé. Il a souligné la nécessité de réformer les institutions militaires et civiles pour garantir la sécurité dans les provinces et fournir les services aux Afghans afin d’éviter que les régions ne soient contrôlées par les seigneurs de guerre.
M. OLIVIER BELLE (Belgique) a indiqué que son pays partage les considérations contenues dans le dernier rapport du Secrétaire général. Le mandat renforcé de la MANUA reste tout à fait approprié même si davantage de ressources sont nécessaires, a-t-il souligné. La Belgique se félicite donc de l’ouverture de six nouveaux bureaux provinciaux d’ici à l’été 2009. Une plus grande présence onusienne est en effet capitale, a-t-il ajouté.
Sur le plan organisationnel interne de la MANUA, la Belgique, a-t-il dit, soutient toute réforme proposée par le Représentant spécial. Elle estime que la rédaction d’un Cadre d’assistance au développement des Nations Unies (UNDAF) est à encourager pour améliorer la cohérence et l’efficacité de la réponse onusienne. M. Belle a encouragé Kaboul et Islamabad à n’épargner aucun effort pour coopérer étroitement. Il a estimé que les propos entendus aujourd’hui sont encourageants, à cet égard. Les progrès sont cruciaux, a-t-il insisté, pour lutter contre la corruption et les stupéfiants et promouvoir la bonne gouvernance et l’état de droit. L’amélioration de la vie de la population, objectif collectif de l’ONU, en dépend, a-t-il dit, avant de conclure sur la nécessité pour l’Organisation d’assumer un rôle plus important en matière de coordination.
M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) a déclaré qu’il était indispensable de présenter un front commun contre les extrémistes, ainsi que contre la corruption et le trafic de stupéfiants et la flambée de violences en Afghanistan. Ces attaques deviennent de plus en plus complexes et coordonnées, a-t-il fait observer, comme en témoigne celle qui a été perpétrée contre l’ambassade de l’Inde à Kaboul. En outre, la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement exigera un partenariat renforcé entre l’Afghanistan et la communauté internationale, sous l’égide du Représentant spécial et la MANUA. La communauté des donateurs a aussi des responsabilités en Afghanistan, a-t-il dit, en l’appelant à honorer les engagements qu’elle a pris à Paris et lors des réunions précédentes. Les pays qui se sont réunis à Paris ne se sont pas seulement engagés à fournir des ressources plus généreuses à l’appui de la reconstruction afghane mais de veiller à ce que la mise à disposition de ces ressources soit plus transparente, plus comptable et plus efficace. Des ressources plus importantes seront également nécessaires pour que la MANUA joue pleinement son rôle et se déploie dans six nouvelles provinces. Par ailleurs, le représentant a estimé que les élections de 2009 et 2010 sont une échéance clef pour l’Afghanistan. Il a affirmé que les voisins de l’Afghanistan ont un rôle important à jouer dans le soutien aux efforts du Gouvernement afghan pour sécuriser leurs frontières communes.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) s’est félicité du succès de la Conférence de Paris, qui a constitué un pas important dans le renforcement de la coopération internationale à l’égard de l’Afghanistan. Il a indiqué que son pays continue d’appuyer le rôle central de la MANUA pour la coordination des efforts internationaux. L’Afrique du Sud, a-t-il dit, réaffirme son appui à la mise en œuvre du Pacte et de la Stratégie nationale de développement qui appartient, a-t-il dit, au peuple afghan. Il s’est déclaré en faveur d’une démarche commune intégrant la sécurité, la gouvernance, l’état de droit, les droits de l’homme et le développement économique et social en Afghanistan. L’Afrique du Sud est préoccupée par les attaques terroristes récentes visant des enfants, des femmes et des diplomates, a-t-il ajouté. Il a souligné l’importance de la coopération régionale en vue de promouvoir la sécurité, la gouvernance et le développement économique et social en Afghanistan.
M. LIU ZHEMIN (Chine) a déclaré que le Gouvernement afghan fait toujours face à de nombreux défis sur le plan de la sécurité, dont le dernier en date a été l’attaque commise contre l’ambassade indienne à Kaboul. Le Gouvernement afghan et la communauté internationale ne devraient maintenant épargner aucun effort pour ramener la stabilité dans le pays, a-t-il souligné. Nous sommes cependant préoccupés par le fait que les opérations militaires de la FIAS aient fait des victimes parmi la population civile. Le relèvement de l’Afghanistan doit aussi s’appuyer sur l’amélioration du niveau de vie de ses habitants et l’éradication de la pauvreté, a relevé le représentant chinois, qui a également encouragé le Gouvernement à renforcer ses capacités institutionnelles.
M. ALFREDO SUESCUM (Panama) a affirmé que le principal problème auquel se heurte l’Afghanistan est le manque de sécurité. Il s’est félicité notamment de la position de l’Inde et du Pakistan pour qui un Afghanistan stable n’est pas simplement dans l’intérêt de l’Afghanistan mais aussi dans celui de tous les pays de la région. La communauté internationale doit rester ferme dans son engagement en faveur de l’Afghanistan, notamment face aux groupes extrémistes qui veulent faire dérailler le train de la démocratie. Les obstacles à surmonter sont énormes, a-t-il déclaré. Selon lui, les problèmes auxquels l’Afghanistan est confronté doivent être examinés de façon équilibrée et globale.
M. SAUL WEISLEDER (Costa Rica) a indiqué que l’Afghanistan se trouve dans un cercle vicieux où l’insécurité débouche sur la violence qui freine en retour les efforts entrepris pour assurer le relèvement économique. Par ailleurs, s’agissant de la question des stupéfiants, il a rappelé que ce pays produisait 20% de l’opium mondial en 2001 contre 93% aujourd’hui. Les groupes d’insurgés, et en particulier les Taliban, obtiennent une majeure partie des revenus de ce trafic de stupéfiants, a-t-il déploré. Mais il est possible de transformer ce cercle vicieux en cercle vertueux, en mettant en œuvre la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan, qui permettra de lutter énergiquement contre le trafic de stupéfiants et de mettre en place des économies de substitution pour le pays. Mais à cette fin, une amélioration de l’efficacité de l’aide apportée au Gouvernement afghan est nécessaire, pour que le pays soit en mesure de financer ses priorités. Les autorités afghanes doivent cependant de leur côté s’efforcer de lutter contre la corruption et mettre en place une gestion transparente et comptable de leurs ressources, a conclu la délégation du Costa Rica.
M. HASSAN KLEIB (Indonésie) a déclaré que ce que l’Afghanistan a accompli de positif depuis l’Accord de Bonn en 2001 est remis en question par les défis auxquels fait désormais face le pays en matière de sécurité. Il a reconnu les craintes d’un retour à une situation de conflit, compte tenu notamment du renforcement des groupes de militants armés. Les récentes attaques terroristes à Kaboul soulignent la nécessité de répondre d’urgence à ces défis, a ajouté M. Kleib. Il a précisé que le rôle de la FIAS est crucial à cette fin, même si, a-t-il ajouté, la réalisation de la paix et de la sécurité ne repose pas uniquement sur une réponse militaire.
Le représentant indonésien a ensuite expliqué que la situation en Afghanistan doit être traitée de manière globale, en restaurant l’état de droit et en intensifiant le développement socioéconomique. Dans ce cadre, il a estimé que l’instrument de choix est la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan devant servir de feuille de route pour les cinq prochaines années. M. Kleib a également plaidé pour un accroissement des ressources financières destinées à venir en aide aux millions de personnes touchées par les conséquences humanitaires du conflit en cours et des catastrophes naturelles. Il a demandé à ce propos que le personnel humanitaire soit protégé contre de nouvelles attaques qui, a-t-il dit, constituent une violation du droit international et compromet la fourniture de l’aide. Enfin, M. Kleib a souhaité que la coopération régionale se poursuive en vue de permettre à l’Afghanistan et à ses voisins de mettre un terme aux tensions transnationales.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a souligné la nécessité de renforcer les activités de la Mission de l’ONU sur l’ensemble de ses positions et l’appui des pays voisins, en particulier dans la lutte contre le trafic de drogues. Il s’est dit encouragé par la ferme volonté du Gouvernement afghan de poursuivre un dialogue avec la société civile et les communautés locales, ainsi que les groupes marginalisés pour promouvoir la paix et la participation de tous à l’édification d’une société pluraliste et démocratique.
Les pays voisins de l’Afghanistan, a-t-il insisté, ont un rôle essentiel à jouer pour aider le Gouvernement afghan à réussir sa politique de pacification et de stabilisation du pays. Saluant les efforts pris sur les plans institutionnel et économique, le représentant s’est félicité de l’engagement de la communauté internationale à apporter une aide financière accrue, plus prévisible, plus transparente et mieux coordonnée de manière à renforcer les capacités de gestion du budget national et des institutions de l’État. Il a encouragé les mesures concrètes réaffirmées par le Gouvernement afghan pour intensifier la lutte contre la corruption.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé que son pays appuie les activités du Représentant spécial et de la Mission qu’il dirige. Il s’est dit préoccupé par la dégradation continue de la situation militaro-sécuritaire en Afghanistan. Il a mis l’accent sur la nécessité de lutter sans compromis contre les insurgés. Actuellement, le Gouvernement afghan et la force internationale n’ont pas réussi à empêcher l’augmentation du trafic de stupéfiants. Le représentant a affirmé que son pays est en faveur de la création de zones de sécurité antistupéfiants afin de priver d’air les trafiquants. Il a en outre souligné la nécessité de faire en sorte qu’il n’y ait plus de dommages collatéraux au sein de la population afghane. Il a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de créer des forces armées aptes au combat et équipées d’armes contemporaines. Il a souligné l’importance de la Conférence de Paris, en soulignant que son pays y a pris une part active. Il a en outre affirmé que le Président russe a annoncé l’envoi d’urgence en Afghanistan de 15 000 tonnes de blé au titre de l’aide alimentaire.
M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a déclaré que l’attaque perpétrée ce week-end à Kaboul contre l’ambassade indienne constitue aussi une attaque directe contre le peuple afghan. Nous devons agir en partenariat avec les autorités afghanes pour lutter contre la corruption et rétablir l’état de droit, a-t-il estimé. Dans ce contexte, le rôle des Nations Unies, et tout particulièrement de la MANUA, doit être renforcé. Le Royaume-Uni appuie les propositions visant à élargir la présence du personnel de la Mission sur le terrain, sous peine de la voir échouer dans son mandat, a souligné M. Sawers. Nous souscrivons enfin aux vues selon lesquelles la production de pavot à opium et le trafic de stupéfiants qui en découle constituent un danger pour la stabilité du pays et que des programmes doivent être lancés pour démanteler ces trafics et proposer des cultures de substitution aux agriculteurs, a-t-il conclu.
M. NEVEN JURICA (Croatie) a appuyé les objectifs énoncés dans la Stratégie nationale de développement. Il a ajouté que son pays approuve les priorités identifiées par la Conférence de Paris. Des ressources administratives et financières supplémentaires devraient être accordées à la MANUA, a-t-il ajouté. Le représentant s’est dit aussi préoccupé par la recrudescence de l’insurrection et attaques dans certaines parties de l’Afghanistan qui causent d’importantes pertes en vies humaines. Il a appelé à une lutte plus active contre le trafic et la production de stupéfiants. Le représentant s’est par ailleurs félicité de l’amélioration de la situation sanitaire et dans le domaine de l’éducation. La Croatie approuve, a-t-il ajouté, les recommandations en faveur d’un renforcement de la présence de la MANUA avec la création d’autres bureaux dans les mois à venir. Il a ajouté que son pays est déterminé à faire tout son possible pour voir l’émergence d’un Afghanistan stable et prospère.
M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a estimé qu’en dépit des efforts sans relâche déployés par la communauté internationale et l’Afghanistan, le pays est toujours confronté à des défis énormes dans les domaines de la paix, de la sécurité et de la stabilité. Il a condamné l’attaque contre l’ambassade indienne à Kaboul, le 7 juillet dernier, et a fait part de sa préoccupation face à l’augmentation des activités terroristes et des insurgés. Il s’est aussi inquiété de l’ampleur du trafic de drogues et de l’insécurité alimentaire qui entravent les efforts de reconstruction et d’amélioration des conditions de vie du peuple afghan. Il s’est félicité que le Gouvernement afghan ait pu, dans ce contexte, poursuivre ses activités de développement, notamment en lançant la Stratégie nationale de développement.
Par ailleurs, il s’est réjoui que les donateurs aient promis 20 milliards de dollars en faveur de l’Afghanistan, lors de la Conférence de Paris, le 12 juin dernier. Ce chiffre, ainsi que les nombreuses parties prenantes présentes à cette Conférence, fournit encore la preuve de l’engagement continu de la communauté internationale en faveur de la sécurité, du développement et de la prospérité de l’Afghanistan, a-t-il déclaré. Le représentant a par ailleurs souligné le rôle de la MANUA dans le pays et a espéré que le renforcement de son personnel et de ses ressources aidera les Afghans à réaliser les objectifs de réduction de la pauvreté et d’amélioration des conditions de vie, en traitant des causes profondes de la violence et des conflits dans le pays.
M. JOHN MCNEE (Canada) s’est réjoui du lancement de la Stratégie nationale de développement. Comme le Secrétaire général le fait remarquer dans son rapport, a-t-il relevé, les ressources internationales doivent concorder avec les priorités définies et adoptées dans le cadre de la Stratégie. Le Canada y met du sien pour assurer cette concordance, avec l’affectation d’un montant supplémentaire de 600 000 dollars à l’aide au développement et à la reconstruction du pays, portant l’aide totale canadienne pour la période 2001-2011 à 1,9 milliards de dollars et réaffirmant ainsi son rôle en tant qu’un des principaux bailleurs de fonds de l’Afghanistan, s’est félicité le représentant. Il a ensuite assuré que les priorités du Canada seront alignées sur celles du Gouvernement afghan.
Elles sont au nombre de six, a-t-il rappelé. Cependant, a-t-il poursuivi, nos efforts collectifs risquent d’être minés de l’intérieur. Il a ainsi partagé les préoccupations du Secrétaire général quant à l’impact dévastateur de la corruption sur les citoyens ordinaires et sur l’indispensable action de la communauté internationale en matière de développement et de sécurité. Par ailleurs, le représentant a estimé que la tenue des élections justes, équitables et démocratiques en 2009 et 2010 représente une étape cruciale dans la consolidation de la démocratie pour tous les Afghans. Il a enfin déclaré que la MANUA doit disposer de plus de ressources pour exécuter son mandat renforcé et s’étendre dans davantage de provinces.
M. ROBERT HILL (Australie) a condamné l’attaque contre l’ambassade indienne perpétrée à Kaboul le 7 juillet dernier. Il a estimé que l’examen du mandat de la MANUA arrive à un moment d’attention et d’attentes renouvelées quant au soutien international aux efforts de sécurité et de développement du pays. S’agissant de la Conférence de Paris, il a affirmé qu’en approuvant la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan, la Conférence a envoyé un message fort quant à l’engagement de la communauté internationale en faveur du développement à long terme du pays. Il s’est réjoui que la Conférence ait souligné l’importance du leadership afghan et de l’appropriation des efforts pour traiter des défis clefs comme la sécurité, les capacités institutionnelles, la lutte contre la corruption et contre la drogue. Il a par ailleurs rappelé que la Conférence a réaffirmé le rôle central de la Mission des Nations Unies dans le pays, et de l’ONU dans son ensemble, dans la coordination et la mise en œuvre des activités de reconstruction et de développement.
Il a fermement appuyé la Mission et s’est dit convaincu que la poursuite de progrès en Afghanistan dépend de l’engagement accru et élargi des Nations Unies. À cet égard, il a salué l’intention du Secrétaire général d’élargir la portée de la MANUA par la création de bureaux provinciaux. Reconnaissant l’ampleur des défis auxquels fait face le pays, M. Hill a indiqué que les efforts civils doivent se centrer sur les secteurs qui peuvent encourager le développement social et économique à long terme. Il a déclaré que le renforcement du processus démocratique, particulièrement la tenue d’élections crédibles, doit être une priorité tout comme le renforcement des capacités institutionnelles visant à fournir des services de base à la population. Toutefois, il a estimé que sans sécurité, ces progrès ne seront pas possibles. Il a pour conclure souligné la contribution de l’Australie, notamment dans les efforts militaires internationaux et dans la mise en œuvre de la Stratégie de développement du pays. Mon pays, a-t-il annoncé, compte débloquer une somme de 250 millions de dollars sur une période de trois ans.
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a affirmé que son pays appuie toutes les recommandations du Secrétaire général en vue d’un renforcement de la MANUA. Il est important, a-t-elle dit, que soit mieux coordonnée l’assistance internationale en coordination avec le Gouvernement afghan. La représentante a condamné en outre l’attentat-suicide perpétré à Kaboul devant l’ambassade de l’Inde. Elle a estimé que des ressources supplémentaires doivent être consacrées à la sécurité si l’on veut que la MANUA s’acquitte de son mandat. Elle a par ailleurs appelé la communauté internationale à respecter les engagements auxquels elle a souscrits en juin dernier lors de la Conférence de Paris.
M. NIRUPAM SEN (Inde) a fait part de sa tristesse de devoir commencer en acceptant les condoléances du Conseil à la suite de l’attentat meurtrier commis récemment contre l’ambassade de son pays. Évoquant le mandat de la MANUA, il a souligné qu’il permet à l’ONU de jouer un rôle central. Il faut toutefois que la communauté internationale n’ait pas la tentation d’essayer de résoudre d’un coup tous les problèmes, a-t-il prévenu, tout comme il convient d’éviter l’écueil de fixer des objectifs irréalistes qui sont souhaitables pour nous mais qui le sont beaucoup moins pour le peuple que l’on entend aider, a affirmé M. Sen. Il ne faut pas se contenter de dire que la démarche internationale doit être guidée par les demandes des Afghans, il faut que cela se vérifie dans les faits car autrement il y a un risque réel de perte de légitimité, a-t-il souligné.
Les événements sur le terrain démontrent clairement que parmi tous les défis auxquels est confronté le peuple afghan figure d’abord la sécurité, a-t-il ajouté. Et l’on ne peut faire preuve de laxisme face aux forces du terrorisme, de l’extrémisme et du crime quelle que soit la forme qu’elles prennent et le lieu où elles sévissent. L’effort à accomplir doit être collectif. On ne peut se permettre de marchandages par le biais de trêves locales et temporaires qui ont des conséquences sur les autres transactions. Pour le représentant de l’Inde, le nombre croissant d’attaques, d’enlèvements et d’attentats-suicide constitue un signe que les groupes terroristes sont encouragés par cette confiance chancelante que de tels marchandages impliquent. Et en conséquence, ils caressent l’espoir d’affaiblir notre détermination collective, a-t-il souligné.
Pour l’Inde, des résultats ne peuvent être obtenus sur le terrain sans porter une attention adéquate à la fois à la sécurité et aux questions de développement. Leur dénominateur commun est le renforcement des capacités. Or, a constaté le représentant, notre effort collectif sur cette question fondamentale a été épisodique et inappropriée. Nous nous devons de faire mieux et plus vite, a lancé M. Sen, en renforçant en particulier l’administration publique et la police nationale qui doivent avoir la priorité. L’Inde pour sa part a fait du renforcement des capacités l’élément numéro un de son effort en faveur de l’Afghanistan. Quant à la MANUA, c’est maintenant le bon moment pour la renforcer, a conclu le représentant de l’Inde.
M. YUKIO TAKASU (Japon) a rappelé que les réunions récentes du Conseil de sécurité et la Conférence de Paris ont mis en exergue l’importance d’une coordination plus efficace entre tous les Gouvernements et les organisations pertinentes. Au moment où nous discutons des défis de développement auquel fait face l’Afghanistan, les incidents récents soulignent le caractère très volatile de la situation dans le pays et la nécessité d’y réformer le secteur de la sécurité. S’agissant de la reconstruction, le Japon, a dit le représentant, s’est félicité des résultats encourageants de la Conférence de Paris, que ce soit en termes d’engagements politiques que de promesses de contribution à l’appui de la Stratégie nationale de développement. Le Japon s’est à cette occasion engagé à verser 550 millions de dollars pour soutenir le Pacte pour l’Afghanistan, ce qui porte à 2 milliards de dollars le total des promesses de contributions du Gouvernement japonais.
Le représentant a ensuite souligné l’importance particulière de la dimension régionale. La coopération entre l’Afghanistan et ses voisins est essentielle pour créer des conditions de stabilité dans le pays et la région dans son ensemble, a-t-il relevé. En mettant l’accent sur la frontière afghano-pakistanaise, y compris les zones tribales sous administration fédérale, les dirigeants du G-8 ont réaffirmé hier à Hokkaido l’importance du développement socioéconomique et des mesures de lutte contre le terrorisme à la frontière entre ces deux pays. Ils ont exprimé, a poursuivi le représentant, leur engagement à renforcer la coordination de leurs efforts en coopération avec les pays concernés, les organisations internationales et les autres donateurs.
Avant le Sommet, les Ministres des affaires étrangères du G-8 avaient décidé de renforcer l’assistance dans cette région et approuvé plus de 150 projets planifiés ou mis en œuvre par leurs soins. Les huit pays industrialisés ont enfin convenu d’établir un dispositif de coordination avec le soutien des autorités afghanes et pakistanaises, et ce en appui à la MANUA. Le représentant a émis l’espoir que ces efforts contribueront à stabiliser la région frontalière et à renforcer la sécurité en Afghanistan.
M. BAKI ILKIN (Turquie) a affirmé que, comme le montre le dernier rapport du Secrétaire général, si le peuple afghan souhaite jouir des bénéfices de certaines réalisations, la présence des Nations Unies dans le pays doit être plus forte et les partenariats entre le Gouvernement afghan et l’ONU, l’OTAN et le reste de la communauté internationale doivent être plus étroits. La mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement est une occasion pour le pays d’atteindre les objectifs fixés dans le Pacte, a-t-il dit. La communauté internationale doit être plus active et doit mieux appuyer les efforts du Gouvernement afghan, a-t-il ajouté. Il a en outre mis l’accent sur la nécessité de renforcer les capacités de la MANUA. Les thèmes de la sécurité et de la prospérité sont inséparables et complémentaires, a-t-il également estimé. La complexité de la menace terroriste exige, selon lui, une approche régionale coordonnée. Il s’est dit fermement convaincu que l’Afghanistan et le Pakistan devraient accroître leur coopération pour combattre ce fléau.
M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) s’est félicité des résultats de la Conférence de Paris, à laquelle sa délégation a activement participé et qui a démontré l’engagement de la communauté internationale en faveur de l’Afghanistan. Cependant, l’Afghanistan fait face à des menaces et à des défis de tous ordres, en particulier ceux posés par les actes terroristes, ainsi que par la production et le trafic de stupéfiants. Nous sommes préoccupés, a dit le représentant, de constater que le mois de mai 2008 a enregistré le nombre le plus élevé d’incidents sécuritaires dans le pays depuis le renversement du régime des Taliban en 2001. Cette situation souligne la nécessité de renforcer les forces de sécurité afghanes pour leur permettre de rétablir la stabilité dans l’ensemble du territoire, a poursuivi le représentant. En ce qui concerne le trafic de stupéfiants, il a souligné que la stabilité, la sécurité et la prospérité de l’Afghanistan sont une priorité pour l’Iran, en tant que voisin immédiat. À cet égard, le Gouvernement iranien a prêté assistance à son homologue afghan, en participant à la construction de nombreux projets d’infrastructure, a affirmé le représentant. Nous avons également, a-t-il ajouté, accueilli des millions de réfugiés en provenance de l’Afghanistan au cours des dernières décennies.
M. FRANK MAJOOR (Pays-Bas) a d’abord souligné qu’après la Conférence de Paris et les près de 21 milliards de dollars promis, il est temps désormais d’accélérer la mise en œuvre des obligations mutuelles. M. Majoor a énuméré les cinq questions les plus urgentes aux yeux de sa délégation. Tout d’abord, la gouvernance régionale et locale doit avoir la priorité. Des fonctionnaires plus qualifiés sont nécessaires, particulièrement au niveau local. Ensuite, la justice et les droits de l’homme sont tout aussi importants. Des progrès substantiels doivent être accomplis pour mettre un terme à la culture de l’impunité et de la corruption. Troisièmement, la réconciliation est un élément clef de la viabilité de l’Afghanistan à long terme. Pour cela, le Gouvernement central doit aider les groupes et les communautés qui appuient les Taliban sans nécessairement partager leur idéologie extrémiste. En quatrième lieu, figurent les élections à venir; le Gouvernement afghan devant faire le maximum pour qu’elles soient un succès, autrement dit pour que tous les électeurs et électrices puissent s’exprimer. Enfin, l’État doit régler la question de la drogue, ce qui suppose à la fois l’interdiction de la culture du pavot combinée au développement rural.
Le Représentant néerlandais a indiqué par ailleurs que son pays contribuera à hauteur de 775 millions d’euros pour la période 2009-2011, en assistance militaire et économique en fonction toutefois des progrès accomplis dans les domaines cités précédemment. Il s’est félicité de la participation au débat des Ministres des affaires étrangères afghan et pakistanais. Il a appelé le Pakistan à adopter une démarche « intégrée » dans la zone frontalière, consistant à combiner l’action militaire, le développement socioéconomique et une politique sélective de réconciliation. Nous croyons, a-t-il conclu, qu’une empreinte forte de l’ONU en Afghanistan est essentielle et que la solution n’est pas uniquement militaire.
M. JOHAN L. LØVALD (Norvège) a déclaré que la Conférence de Paris a démontré que la communauté internationale est unie dans son engagement à long terme en faveur du peuple afghan. Cette Conférence a aussi fait le constat qu’il reste beaucoup à faire pour s’assurer que les bénéfices du développement touchent tous les Afghans. Le besoin se fait sentir d’accroître l’effort commun aussi bien du côté du Gouvernement afghan que de celui de la communauté internationale. Le représentant de la Norvège a voulu souligner en particulier la nécessité de faire plus pour répondre aux besoins humanitaires urgents causés par les forces combinées du conflit, de la sécheresse et de la hausse des produits de base.
La Conférence de Paris ayant permis de réaffirmer le soutien de la communauté internationale à la MANUA, cet appui doit concerner trois domaines, a précisé M. Løvald. Premièrement, nous devons nous engager à œuvrer de manière plus coordonnée et à utiliser nos ressources de manière plus efficace; deuxièmement, nous devons assurer une meilleure coordination des différents départements du système de l’ONU et renforcer ses programmes en Afghanistan; troisièmement, nous devons nous assurer que la MANUA est dotée des ressources nécessaires par rapport à son mandat. La Norvège soutient la recommandation du Secrétaire général en faveur d’une plus grande présence sur le terrain et soutient son appel à l’augmentation des ressources à cette fin, a souligné le représentant.
Le représentant de la Norvège a souligné que les prochaines élections constitueront un moment critique pour stabiliser la fragile démocratie afghane. Mon pays, a-t-il rappelé, s’est engagé à apporter son soutien au processus d’inscription des électeurs en contribuant à hauteur de 3 millions de dollars. Par ailleurs, il attend du Gouvernement afghan qu’il démantèle le système de corruption.
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