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CS/9370

LES ENVOYÉS SPÉCIAUX DE L’ONU ET DE L’UNION AFRICAINE AU DARFOUR DISCUTENT AVEC LE CONSEIL DES STRATÉGIES PROPRES À SORTIR LE PROCESSUS POLITIQUE DE L’IMPASSE

24/06/2008
Conseil de sécuritéCS/9370
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5922e séance – matin


LES ENVOYÉS SPÉCIAUX DE L’ONU ET DE L’UNION AFRICAINE AU DARFOUR DISCUTENT AVEC LE CONSEIL DES STRATÉGIES PROPRES À SORTIR LE PROCESSUS POLITIQUE DE L’IMPASSE


Faut-il repenser la stratégie au Darfour ou mettre en œuvre plus efficacement celle dont nous disposons?  Pour répondre à cette question, trois semaines après la visite de sa délégation au Soudan, le Conseil de sécurité a invité aujourd’hui les Envoyés spéciaux du Secrétaire général de l’ONU et de l’Union africaine, respectivement MM. Jan Eliasson et Salim Ahmed Salim, à discuter des moyens de sortir de l’impasse le processus politique.


« Je me suis souvent demandé, a indiqué M. Eliasson, pourquoi le conflit au Darfour est si difficile à résoudre.  C’est parce que, a-t-il estimé, la solution exige un « chœur à quatre voix », celles de la communauté internationale, des partenaires régionaux, du Gouvernement d’unité nationale du Soudan et des mouvements rebelles au Darfour.


De nombreuses délégations ont volontiers reconnu que le Conseil de sécurité est resté trop souvent silencieux face au manque de progrès et de volonté politique des parties.  Le Conseil, a par exemple regretté le représentant de l’Italie, n’a pas assez souligné la responsabilité du Gouvernement soudanais dans la protection des civils.


Pour réussir, il faut tenir compte de six éléments, a poursuivi l’Envoyé spécial du Secrétaire général, en se réjouissant avec son homologue de l’Union africaine, M. Salim, de la nomination imminente d’un médiateur en chef conjoint ONU-Union africaine.


M. Eliasson a cité l’impact de l’Accord de paix global entre le Nord et le Sud du Soudan sur la situation au Darfour; la normalisation des relations entre le Soudan et le Tchad; la volonté des parties au Darfour de parvenir à un compromis; le déploiement rapide de l’Opération hybride ONU-Union africaine (MINUAD); le strict respect de l’embargo sur les armes; et la prise en compte des points de vue de la société civile, des chefs traditionnels et des personnes déplacées.


L’importance qu’il y a à déployer la MINUAD a été également soulignée par l’Envoyé spécial de l’Union africaine parce que, a-t-il dit, pour les habitants du Darfour la priorité, c’est la sécurité.  Si elle ne signifie pas automatiquement le rétablissement de la paix, l’Opération hybride aura au moins le mérite de contribuer à la création d’un environnement favorable au lancement du processus politique, a-t-il ajouté.


À cet égard, M. Salim a exhorté le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à envoyer le bon signal aux parties.  Ils doivent, a-t-il insisté, encourager ceux qui appuient le processus de paix et décourager fermement ceux qui s’y opposent.  Mais, a-t-il précisé, il ne faut pas supposer que l’on a « les bons d’un côté et tous les mauvais de l’autre ».


L’Envoyé spécial de l’Union africaine pour le Darfour a rappelé la proposition faite ce mois-ci à Genève de convoquer une réunion de haut niveau, présidée par le Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Commission de l’Union africaine.


De nombreuses délégations ont appuyé la proposition, en soulignant néanmoins la nécessité impérieuse de bien la préparer pour qu’elle ne se limite pas à une réflexion mais aboutisse plutôt à l’adoption de mesures concrètes.  Beaucoup d’entre elles ont répondu aux appels à un déploiement rapide de la MINUAD et regretté qu’à ce jour, elle n’ait toujours pas les infrastructures et les équipements nécessaires, dont une vingtaine d’hélicoptères.


Si rien n’est fait pour améliorer l’équipement de la MINUAD, elle sera confrontée aux mêmes problèmes que ceux de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS), a averti l’Envoyé spécial de l’Union africaine.  Le déploiement effectif de la MINUAD demeure indispensable et urgent, a reconnu le représentant de la France, qui a rappelé cependant la mauvaise volonté du Gouvernement du Soudan.


Il a aussi estimé que le personnel déployé sur le terrain peut faire plus pour protéger les civils en organisant, par exemple, des convois humanitaires sécurisés.  « Nous savons que cela est possible », a insisté le représentant de la France.  « Parfois, a pour sa part estimé son homologue de l’Afrique du Sud, nous devons avoir l’humilité de reconnaître que nous ne pouvons pas faire plus. »


Le représentant s’est montré dubitatif quant à la possibilité de créer à partir d’intérêts très divergents le « chœur à quatre voix » prôné par l’Envoyé spécial du Secrétaire général.  Il a fait observer que même si la MINUAD disposait de 100 hélicoptères opérant sans interruption et de 200 000 hommes, elle ne pourrait assurer le contrôle et rétablir la paix.  C’est impossible, a-t-il tranché.


Plusieurs délégations dont celle des États-Unis ont refusé de céder la place à un tel découragement.  Il faut éviter que la frustration et la lassitude n’envahissent la communauté internationale, au risque de remettre en cause le pouvoir qu’elle a de régler les conflits, a prévenu le représentant de l’Italie. 


Les 15 membres du Conseil étaient unanimes pour souligner l’importance de la lutte contre l’impunité.  « On ne peut laisser la justice de côté et espérer une paix durable », ont dit plusieurs d’entre eux avant d’appeler le Gouvernement soudanais à coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI) et de lui transférer les auteurs présumés de crimes contre lesquels la Cour a lancé un mandat d’arrêt.  


RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN


Déclarations liminaires


M. JAN ELIASSON, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Darfour, a affirmé que la complexité du conflit rendait essentiel un renforcement de la collaboration régionale et internationale.  La visite par le Conseil de sécurité dans plusieurs pays africains, dont le Soudan, il y a trois semaines, constitue une manifestation importante de la dimension croissante des relations internationales, a-t-il dit.  L’été dernier, l’atmosphère était positive, a souligné M. Eliasson, notant que le Conseil de sécurité avait adopté la résolution 1769 et qu’aucune violation du cessez-le-feu n’avait été enregistrée en quatre mois.  La plupart des mouvements avaient manifesté leur bonne volonté en faveur d’une reprise des négociations avant la fin de l’été.  En dépit de divisions entre eux, des progrès ont été faits, surtout à Arusha, en août 2007, où leurs dirigeants se sont mis d’accord sur un cadre commun pour les pourparlers.  Sur la base de ces développements, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, et le Président de la Commission de l’Union africaine, M. Alpha Oumar Konaré, avaient lancé la première phase de pourparlers officiels à Syrte, en Libye, en octobre dernier, a poursuivi M. Eliasson.  Malheureusement, la volonté des mouvements de s’engager sur la voie de la paix ne s’est pas confirmée, a-t-il regretté.


M. Eliasson a préconisé une harmonie simultanée à quatre niveaux: la communauté internationale, les partenaires régionaux, le Gouvernement d’unité nationale du Soudan et les mouvements au Darfour.  Une telle harmonie est manifestement absente depuis longtemps et à différents degrés, a-t-il déploré, plaidant en faveur d’une division du travail beaucoup plus efficace pour faire face à cette crise.  Ainsi, il y a un besoin urgent pour les acteurs extérieurs, comme les organisations internationales, les États Membres, en particulier ceux du Conseil de sécurité, d’exercer une influence commune ou bilatérale sur les parties en vue d’obtenir une cessation des hostilités et de progresser sur la voie de la paix.


La mise en œuvre de l’Accord de paix global entre le Nord et le Sud du Soudan a des incidences importantes pour le Darfour, en termes non seulement de consolidation de la paix, mais aussi d’arrangements futurs pour le partage du pouvoir au Darfour, a estimé l’Envoyé spécial.  Il n’y aura pas, a-t-il estimé, de paix au Darfour sans une normalisation des relations entre le Soudan et le Tchad.  Des efforts sont nécessaires pour aider et influencer les deux pays à rétablir la sécurité et à respecter les accords existants, notamment le plus récent, l’Accord de Dakar.  En outre, la paix exige une volonté politique et une bonne volonté des parties pour des compromis.  M. Eliasson a également préconisé un déploiement plus rapide et efficace de la Mission hybride ONU-Union africaine au Darfour (MINUAD).  La mise en œuvre de la résolution 1769 est essentielle pour la crédibilité de la communauté internationale et pour la sécurité et le bien-être de la population du Darfour.  La quête de la paix sera toujours entravée s’il y a trop d’armes, a-t-il ajouté, mettant l’accent sur la nécessité de déployer des efforts plus efficaces pour mettre un terme au flux d’armes vers le Darfour, conformément à l’embargo des Nations Unies.  De l’avis de l’Envoyé spécial, le peuple du Darfour doit être plus activement engagé dans le processus.  Les accords à venir seront mort-nés sauf si  la société civile, les leaders traditionnels et les représentants des communautés déplacées savent que leurs voix seront entendues, a-t-il expliqué, se félicitant, avec M. Salim Ahmed Salim, l’Envoyé spécial de l’Union africaine, de l’engagement récent du Gouvernement à impliquer davantage la société civile au Darfour.


M. Eliasson a par ailleurs affirmé que la nomination d’un médiateur en chef commun ONU-Union africaine à plein temps était désormais imminente.  Son nom sera annoncé dès que les parties en auront été informées, a-t-il précisé.  L’Envoyé spécial a conclu son intervention en appelant à une mobilisation urgente de toutes les énergies politiques disponibles à l’intérieur, comme à l’extérieur du Soudan pour, d’une part, parvenir à une cessation des hostilités, et, d’autre part, établir les bases de pourparlers de paix sérieux pour le Darfour.


M. SALIM AHMED SALIM, Envoyé spécial de l’Union africaine au Darfour, a indiqué que sur le terrain, la réalité est que la division perdure entre, et parfois au sein des mouvements.  La triste réalité est aussi que certains d’entre eux ne sont pas prêts à s’engager dans des négociations substantielles, en étant même parfois contre toute participation à des discussions formelles ou informelles.  Certains insistent sur des conditions qui sont clairement inacceptables même si certaines des revendications légitimes devraient constituer la base des négociations.  D’autres encore prétendent être les seuls à pouvoir être représentés alors que d’autres poursuivent vigoureusement l’option militaire.  Comme si la situation n’était pas assez difficile, le processus de fragmentation des mouvements ne s’arrête pas.  En conséquence, le processus politique est dans l’impasse rendant nécessaire de repenser les stratégies.


Ce faisant, a dit l’Envoyé spécial, il faut tenir compte de certains facteurs.  La priorité de tous les habitants du Darfour est la sécurité et il n’est pas exagéré de dire que la population attend avec impatience le déploiement de la MINUAD, en espérant qu’elle fera la différence.  Elle contribuera de toute façon à créer un environnement favorable au lancement du processus de paix.  L’Envoyé spécial a donc regretté les retards enregistrés dans le déploiement de la Mission même si en tant que telle, elle ne signifie pas le rétablissement de la paix et de la stabilité au Darfour.  L’Opération hybride, a-t-il souligné, aura besoin de la coopération de toutes les parties pour assumer efficacement ses responsabilités.  Elle aura surtout besoin d’avoir « une paix à garder », ce qui souligne l’importance capitale du processus politique.


L’insécurité au Darfour, a poursuivi l’Envoyé spécial, est aggravée par les relations tendues entre le Tchad et le Soudan.  Sans l’apaisement de ces tensions, il est inconcevable de trouver une solution durable au conflit.  Une autre source de préoccupation est la circulation des armes au Darfour malgré l’embargo sur les armes.  Le Conseil de sécurité doit se pencher sur la question et combler les faiblesses du régime des sanctions, a estimé l’Envoyé spécial.


Au cours de ce mois de juin à Genève, une proposition a circulé sur la convocation d’une réunion de haut niveau que présideraient le Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Commission de l’Union africaine.  Cette proposition, a estimé l’Envoyé spécial, devrait être sérieusement examinée car elle représente une occasion unique de réfléchir et de décider d’une action.


Compte tenu de l’importance des défis, la nécessité d’avoir une personne qui suit quotidiennement les événements et engage régulièrement les parties est évidente.  Il est donc essentiel de nommer aussitôt que possible un médiateur en chef conjoint de l’ONU et de l’Union africaine.  Dans le même temps, a conclu l’Envoyé spécial, il faut que le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine soient activement engagés dans le processus et envoient le bon signal aux parties.  Ces deux Conseils doivent encourager ceux qui appuient le processus de paix et décourager fermement ceux qui s’y opposent.


Déclarations


M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahirya arabe libyenne) a estimé que les actions menées par le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) et la violence commise par les autres mouvements armés indiquent qu’il faut accélérer le déploiement de l’Opération hybride en la dotant de toutes les capacités nécessaires pour pouvoir véritablement protéger la population, en particulier les personnes déplacées.  Le représentant a donc regretté les retards enregistrés dans le déploiement de la Mission alors que des bataillons sont prêts et que le Gouvernement soudanais a appuyé, sans équivoque ce déploiement.  Le Gouvernement soudanais, a-t-il insisté, a indiqué qu’il ne voyait pas d’inconvénient à ce que les aéroports du Darfour fonctionnent 24 heures sur 24 mais il faut pour cela achever les travaux d’infrastructures.


Le représentant a jugé regrettable qu’en dépit des efforts consentis notamment par les deux Envoyés spéciaux, le processus politique n’ait enregistré aucun progrès.  Le Conseil doit davantage appuyer ces deux personnalités pour créer des conditions favorables au lancement des négociations.  Il faut, pour cela, normaliser les relations entre le Soudan et le Tchad.  Il faut aussi cibler les personnes et les groupes qui refusent de se joindre au processus de paix et les contraindre à accepter un cessez-le-feu.  Le processus de paix devrait offrir des incitations et accorder plus d’importance à la société civile et aux chefs traditionnels, très importants dans une société tribale.  Le représentant a conclu en appelant le Conseil à prendre les mesures qui s’imposent pour arrêter les mouvements d’armes.


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a annoncé la nomination prochaine d’un médiateur conjoint qui allègera quelque peu, s’est-il réjoui, le fardeau des Envoyés spéciaux.  Il est essentiel que l’Accord de paix global entre le Nord et le Sud du Soudan soit au centre des efforts car un échec annihilerait toutes les chances de réussite.  Le représentant est aussi revenu sur la dimension Soudan/Tchad, en rappelant la fermeté avec laquelle le Conseil a condamné les attaques.  Il a espéré que l’accent mis sur cette question par les deux Envoyés spéciaux a été bien compris.  À l’égard de ceux qui s’opposent au processus, le représentant a appelé le Conseil à réfléchir aux incitations mais aussi aux mesures de dissuasion.  Il a aussi appelé le Conseil à réfléchir très sérieusement à la manière de faire respecter l’embargo sur les armes au Darfour dont le champ d’application devrait peut-être être élargi.  Le représentant a conclu en s’attardant sur la question de l’impunité.  On ne peut laisser la justice de côté et espérer une paix durable, a-t-il dit, en paraphrasant le Président de la République démocratique du Congo (RDC). 


M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a fait observer que même si la MINUAD disposait de 100 hélicoptères opérant sans interruption et de 200 000 hommes, elle ne pourrait assurer le contrôle et rétablir la paix.  Oui, nous pouvons déployer une mission mais il faut d’abord qu’elle ait une paix à garder, a-t-il dit.  Se tournant vers les Envoyés spéciaux, il leur a demandé s’il ne serait pas possible de faire pression sur les mouvements armés au lieu de se concentrer uniquement sur le Gouvernement.  Comment le futur médiateur à qui on demande de faire mieux que deux Envoyés spéciaux extrêmement qualifiés peut-il y arriver sans outils supplémentaires? s’est demandé le représentant.  Il a rappelé, dans ce cadre, la surprise qu’il a eue face au caractère inadéquat des moyens de l’Opération hybride confrontée à des parties qui n’ont rien en commun ou qui ne veulent avoir rien en commun.  Nous devons être assez humbles lorsque le peuple du Darfour nous demande de l’aider.  Nous devrions pouvoir lui répondre que, compte tenu de l’état du processus de paix, nous ne sommes pas assez bien équipés pour vous aider, on aurait voulu mais ce n’est pas le cas, a conclu le représentant. 


M. LIU ZHENMIN (Chine) a estimé que la situation actuelle n’incitait pas à l’optimisme.  La communauté internationale doit se concentrer sur le processus politique et le déploiement de la force internationale de maintien de la paix, a-t-il dit.  Il s’est félicité de la nomination imminente d’un médiateur en chef conjoint pour optimiser les stratégies régionales et pour faire entendre un message très clair aux rebelles.  La Chine, a-t-il ajouté, est préoccupée par l’absence de ressources pour l’Opération hybride.  Elle attend ainsi beaucoup plus d’offres pour aider le Secrétariat à accélérer le déploiement du processus du maintien de la paix.  Le représentant a enfin exhorté les parties à cesser d’attaquer les agents internationaux et à faciliter les travaux de la communauté internationale.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a appelé toutes les parties à cesser toutes les violences et à s’engager sans réserve dans le processus politique.  Il a mis l’accent sur la nécessité de sortir du cercle vicieux dans lequel le processus risque de s’enliser.  Il est essentiel, a-t-il estimé, de poursuivre les consultations avec la société civile.  Le représentant s’est également réjoui de la désignation prochaine d’un médiateur en chef conjoint pour renforcer l’équipe de médiation.  Le déploiement effectif de la MINUAD demeure indispensable et il est urgent, a-t-il ajouté.  Tant que l’Opération hybride ne dispose pas de capacités suffisantes, les populations civiles vivront dans la peur et les parties resteront dans une attitude de méfiance, a-t-il tenu à rappeler.  La lutte contre l’impunité est également fondamentale, a-t-il dit, notant que la population du Darfour avait droit à la justice.  M. Ripert a ainsi souligné la nécessité pour le Gouvernement soudanais de remettre à la Cour pénale internationale (CPI) les auteurs présumés de crimes de guerre qu’elle recherche.  Les accords existants doivent être respectés et les tensions régionales doivent être apaisées, a-t-il en outre souligné.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) s’est dit convaincu que l’absence d’une réelle volonté des parties à engager des négociations substantielles constitue l’obstacle majeur à la résolution de la crise.  Le Conseil doit appeler toutes les parties à s’inscrire dans une logique de paix.  Il s’est donc félicité de la nomination prochaine d’un médiateur en chef conjoint.  S’agissant du déploiement de la MINUAD, il a souligné la nécessité d’apporter des solutions au manque d’infrastructures qui freine un plein déploiement.  Il a pris note des assurances du Gouvernement soudanais, à cette fin.  La MINUAD, a-t-il dit, a besoin d’un appui ferme et substantiel et le Conseil a un rôle crucial à jouer.  Le représentant a aussi appelé tous les partenaires à lever les obstacles qui empêchent le déploiement de la MINUAD.  Il a également évoqué la situation sous-régionale, en appelant le Tchad et le Soudan à mettre pleinement en œuvre l’Accord de Dakar.


M. MARCELLO SPATAFORA (Italie) a estimé qu’à ce stade, il faudrait faire en sorte que la frustration et la lassitude n’envahissent pas la communauté internationale.  Faut-il réellement repenser la stratégie ou mettre en œuvre plus efficacement la stratégie actuelle? s’est demandé le représentant.  Ce n’est pas l’humilité qu’il nous faut, a-t-il dit, en commentant les propos de son homologue sud-africain.  Ce qui est important c’est qu’il existe toujours un espoir et si le Conseil donne une impression d’impuissance alors il risque d’éliminer tout vestige d’espoir.  Son rôle est d’entretenir l’espoir, a insisté le représentant, en jugeant que les efforts ont été entravés parce que l’on n’a pas cherché à régler les problèmes individuellement.  On n’a pas assez insisté sur la responsabilité du Gouvernement soudanais en ce qui concerne la protection des civils.  S’agissant de la convocation d’une réunion de haut niveau, le représentant a souligné la nécessité de bien la préparer pour qu’elle ne se limite pas à une réflexion mais qu’elle aboutisse à des mesures concrètes.  À cet égard, le représentant a jugé utile d’associer la société civile car, compte tenu de la fragmentation des mouvements armés, il est difficile de savoir qui représente qui.  « Ne nous habituons pas à l’absence de progrès, a-t-il insisté, en demandant au Conseil et à la communauté internationale d’assumer leurs responsabilités.  Il y va de notre crédibilité et du bien-être du peuple du Darfour. » 


M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a estimé que la situation au Darfour était consternante.  Il s’est dit convaincu que la réconciliation et l’accord politique devaient se situer au centre du règlement au Darfour.  La nomination d’un médiateur en chef conjoint, a-t-il souligné, est essentielle et doit intervenir dès que possible.  Le Conseil de sécurité doit passer en revue la stratégie des Nations Unies pour le Darfour, de concert avec le Secrétaire général, et chercher à l’améliorer si possible, a-t-il déclaré.  Le représentant s’est dit en outre préoccupé par les rapports des organisations humanitaires qui font état d’une réduction de leurs opérations en raison des problèmes de sécurité.  Le déploiement de la MINUAD doit se produire comme prévu, a-t-il également dit.  Tout doit être mis en œuvre pour aider la population du Darfour, a-t-il ajouté, plaidant en faveur d’une accélération du déploiement de la MINUAD.


M. GRAULS (Belgique) a estimé que, face à l’absence de volonté politique de la part des parties, la communauté internationale devait revoir sa stratégie globale vis-à-vis de la région.  La communauté internationale doit apporter son soutien politique aux efforts de médiation et peser plus encore sur les parties pour qu’elles changent leur comportement, a-t-il dit.  De l’avis de sa délégation, le Conseil de sécurité est resté trop longtemps silencieux sur l’absence de progrès.  Il est temps, a souligné le représentant, de prendre de nouvelles mesures contre ceux qui font obstacle aux efforts de paix.  Le représentant a salué la nomination imminente d’un médiateur en chef conjoint et a jugé utile d’établir un mécanisme conjoint visant à lui apporter le soutien nécessaire.  Il a également appelé le Tchad et le Soudan à normaliser d’urgence leurs relations bilatérales.  Avant de conclure, il a mis l’accent sur l’importance de la lutte contre l’impunité et invité le Soudan à respecter ses obligations découlant des résolutions du Conseil de sécurité.


M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a appelé les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à cesser toute activité militaire.  Il a appelé au plein déploiement de la MINUAD qui, a-t-il reconnu, dépend des progrès dans le processus politique.  Il s’est donc félicité de la nomination prochaine d’un médiateur en chef conjoint, avant d’appeler, à son tour, à la normalisation des relations entre le Tchad et le Soudan.


M. RANKO VILOVIĆ Croatie) s’est déclaré frustré par la détérioration de la situation au Darfour.  Le processus politique n’a fait aucun progrès, montrant ainsi le manque de volonté politique de poursuivre les négociations.  Certaines parties au conflit refusent tout simplement de parvenir à un règlement politique.  Il a donc espéré que la nomination d’un médiateur en chef conjoint sera un pas en avant vers le rapprochement des parties et la convocation des négociations.  Liant les situations politique et militaire, il a souligné que la sécurité est une condition préalable à tout processus politique.  Dans ce contexte, le représentant a souligné l’importance d’un strict respect de l’embargo sur les armes.  Quant au déploiement de l’Opération hybride, le représentant de la Croatie a reconnu sa lenteur mais ce qui pose problème, a-t-il rappelé, c’est le matériel et les équipements dont les hélicoptères.  Il s’agit là d’une responsabilité qui incombe au Conseil de sécurité, a-t-il dit, avant de citer comme autre condition préalable la normalisation des relations entre le Tchad et le Soudan.  Le représentant a salué l’annonce d’une réunion de haut niveau, en jugeant, à son tour, essentiel qu’elle soit bien préparée pour qu’elle ne se limite pas à une réflexion mais tende vers l’action.  Il a conclu en évoquant la question de la lutte contre l’impunité qui, de l’avis de sa délégation, contribuerait largement à rétablir la confiance entre les parties qui doivent toutes coopérer avec la Cour pénale internationale.


M. KONSTANTIN K. DOLGOV (Fédération de Russie) a estimé que les efforts internationaux devraient viser à un processus de paix inclusif au maximum, sous l’égide des Nations Unies et de l’Union africaine.  L’objectif primordial, a-t-il souligné, est la reprise des négociations politiques entre les parties.  Cette reprise permettrait notamment le déploiement de la MINUAD.  Toutes les résolutions du Conseil de sécurité, y compris celles de l’embargo sur les armes, doivent être pleinement appliquées par toutes les parties, a-t-il insisté.  Le représentant a en outre espéré que la nomination imminente par le Secrétaire général d’un médiateur en chef conjoint permettra de redonner un dynamisme réel à la reprise des pourparlers entre les parties.  Il a appuyé pleinement le Secrétaire général à propos du caractère indivisible de la paix au Soudan.  Il a estimé que la normalisation des relations bilatérales entre le Tchad et le Soudan était très importante.


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a estimé que la communauté internationale devait aborder les problèmes de la région comme un tout.  Le représentant a souligné la nécessité de procéder à une évaluation de l’attitude du Gouvernement soudanais.  Le Conseil de sécurité, a-t-il fait remarquer, peut difficilement agir de manière cohérente s’il n’a pas une idée claire de ce que fait ou ne fait pas le Gouvernement soudanais.  Ce Gouvernement, a-t-il ajouté, est très méfiant à l’égard des Nations Unies et ne respecte pas les résolutions que le Conseil de sécurité a adoptées en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a souhaité que les Envoyés spéciaux donnent leur avis sur l’attitude du Gouvernement soudanais.


M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a dénoncé l’absence d’un dialogue politique entre les parties au Darfour, l’obstruction du Gouvernement soudanais quant au déploiement de l’Opération hybride, le faible appui que le Conseil a apporté aux requêtes de la CPI.  On ne peut laisser la justice de côté et espérer que la paix soit durable, a-t-il dit, en paraphrasant à son tour le Président de la République démocratique du Congo (RDC).  La situation ne donne pas beaucoup de raisons d’espérer, a-t-il estimé, en appelant le Conseil à agir plus conformément à ses propres décisions.  Il a aussi appelé à une participation de la société civile et des chefs traditionnels et au respect, voire au renforcement de l’embargo sur les armes.


M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) a affirmé qu’après avoir entendu les exposés des deux Envoyés spéciaux, la balle était désormais dans le camp du Conseil de sécurité pour décider ce qu’il faut faire.  La première tâche qui se présente est d’éviter que la situation n’empire.  Si l’Accord de paix global entre le Nord et le Sud du Soudan n’est pas respecté, la situation risque de se dégrader, a-t-il dit.  De l’avis de M. Khalilzad, sans sécurité améliorée, il ne pourra pas y avoir d’avancées politiques.  Il a jugé ainsi essentiel un déploiement efficace de la MINUAD.  Le Secrétariat peut faire mieux et plus et le Conseil de sécurité doit suivre la situation de beaucoup plus près pour garantir que ce déploiement soit assuré rapidement.  Le représentant a également déploré le manque de fermeté à l’égard du Gouvernement du Soudan qui, a-t-il dit, traîne les pieds sur un déploiement efficace.  M. Khalilzad a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de faire respecter l’embargo sur les armes.  Il s’est félicité de la nomination imminente par le Secrétaire général d’un médiateur en chef conjoint.


Déclarations de clôture


Reprenant la parole, l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Darfour est revenu sur l’importance de l’Accord de paix global entre le Nord et le Sud du Soudan pour le Darfour.  On ne peut traiter du Darfour sans tenir compte de cet Accord ou des relations entre le Soudan et le Tchad.  Il a aussi souligné l’importance des instruments dont dispose le Conseil pour amener les parties à faire avancer le processus de paix.  Nous l’avons rappelé aux parties, a-t-il dit, en insistant sur le caractère essentiel des incitations et des mesures de dissuasion.  Nous avons d’ailleurs demandé au Gouvernement d’envoyer des signaux aux parties.  S’agissant du Mouvement pour la justice et l’égalité, il a estimé qu’il convient d’encourager le dialogue avec ce parti, en se montrant réservé sur la volonté du Gouvernement soudanais de l’inscrire sur la liste des organisations terroristes.  Par ailleurs, l’Envoyé spécial a reconnu l’importance des droits de l’homme pour rétablir la confiance.  En général, il a appelé chaque État Membre à mobiliser l’influence que son pays peut exercer.  Il ne faut pas désespérer mais il faut en revanche adopter une démarche réaliste et choisir une voie politique crédible.


Dans ses remarques de clôture, l’Envoyé spécial de l’Union africaine au Darfour, a rappelé que la question de la sécurité était fondamentale et celle du déploiement de la MINUAD importante.  Si rien n’est fait pour améliorer l’équipement de la MINUAD, celle-ci sera confrontée aux mêmes problèmes que ceux de la Mission de l’Union africaine, a-t-il expliqué.  Il a également insisté sur le fait que le peuple du Darfour voulait la paix et, ce, en dépit de son affiliation politique.  L’Envoyé spécial a en outre clairement indiqué que la responsabilité fondamentale de la situation au Darfour incombait au Gouvernement du Soudan.  Lorsque l’on parle d’incitations et d’éléments dissuasifs, il faut voir quels sont les objectifs, a-t-il dit.  Il ne faut pas supposer que l’on a les bons d’un côté et toutes les brutes de l’autre, a-t-il expliqué, ajoutant qu’il convenait de traiter avec les bons et les brutes, quel que soit l’endroit où ils sont placés.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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