En cours au Siège de l'ONU

AG/PKO/196

LE COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOULIGNE L’IMPORTANCE DE LA COOPÉRATION ENTRE LES PAYS HÔTES ET LE PERSONNEL DE L’ONU

10/03/2008
Assemblée généraleAG/PKO/196
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial des opérations

de maintien de la paix

Session de fond de 2008                                    

201e et 202e séances – matin et après-midi


LE COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOULIGNE L’IMPORTANCE DE LA COOPÉRATION ENTRE LES PAYS HÔTES ET LE PERSONNEL DE L’ONU


Jean-Marie Guéhenno met en garde contre un échec majeur d’une des missions qui porterait un coup à la crédibilité du maintien de la paix


« Le maintien de la paix est une entreprise phare de l’ONU, et en cas d’échec majeur de l’une de nos missions, c’est la crédibilité tout entière de ce secteur qui serait touchée, crédibilité que nous nous sommes attachés à rétablir au cours de ces dernières années ». 


C’est en ces termes que le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno, s’est adressé ce matin à l’ouverture de la session annuelle du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  L’action de M. Guéhenno, dont les fonctions cesseront en juin prochain après huit années passées à la tête d’un Département des opérations de maintien de la paix (DPKO) en cours de restructuration, a été saluée par les États Membres.


Indiquant qu’à l’heure actuelle, le Département gère 20 opérations comprenant au total un personnel de 130 000 militaires, policiers et civils, M. Guéhenno a précisé que 11 missions avaient été déployées en seulement quatre ans et que le budget 2007-2008 du Département s’élevait à présent à 6,65 milliards de dollars.  « Le maintien de la paix de l’ONU n’a jamais été aussi important, complexe et exigeant qu’aujourd’hui », a-t-il dit, avant de souligner « l’ampleur des défis » qui attendent l’ONU dans ce domaine.  Pour éviter tout échec, a estimé M. Guéhenno, le Département des opérations de maintien de la paix doit pouvoir s’appuyer sur des mandats clairs, bénéficier de l’appui politique de la communauté internationale et des parties au conflit et disposer de ressources adaptées à la nature de plus en plus complexe de ces opérations.


S’agissant de la crise au Darfour, M. Guéhenno a insisté sur les difficultés logistiques rencontrées par l’ONU dans le déploiement de l’Opération hybride Nations Unies-Union africaine au Darfour (MINUAD).  Il a imputé ces difficultés au fait que l’Opération pâtit du manque de soutien dans des domaines que seuls les États Membres peuvent financer.  « Après trois ans de négociations douloureuses, la mort de plus de 200 000 personnes et le déplacement de plus de 2,5 millions de personnes, ne devrions-nous pas faire mieux? », a-t-il demandé, avant d’ajouter que même avec une MINUAD fonctionnant efficacement, aucune mission ne saurait remplacer un processus politique durable ni imposer la paix. 


Concernant la restructuration du Département, le Secrétaire général adjoint a mis l’accent sur le rôle vital des Équipes opérationnelles intégrées, essentielles selon lui pour garantir l’unité de la chaîne de commandement entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions. 


« Le Comité spécial a reconnu le rôle central d’une réforme de ce secteur afin, notamment, d’assurer une transition souple vers la paix », a-t-il encore signalé, notant que la sécurité était d’abord de la responsabilité des États Membres.  S’il a rappelé que l’engagement de l’ONU à ce niveau ne pouvait être que temporaire et limité, M. Guéhenno a déclaré que dans les contextes postconflit, l’ONU pouvait aider les acteurs nationaux à rétablir le calme en identifiant rapidement les besoins et à lancer leurs propres réformes dans ce secteur.


Le Secrétaire général adjoint a également salué les progrès réalisés au titre du programme des réformes « Opérations de paix 2010 » et rappelé que les deux Départements étaient constamment engagés dans l’amélioration des normes de sûreté et de sécurité du personnel du Siège et sur le terrain.  À cet égard, il a rendu hommage aux 116 Casques bleus ayant trouvé la mort dans l’exercice de leurs fonctions depuis 2007.


L’Administratrice chargée du Département d’appui aux missions, Mme Jane Holl Lute, a rappelé que ce nouveau Département avait été créé pour consolider les opérations de maintien de la paix en fournissant des capacités de soutien, des ressources, du personnel, du soutien logistique, des moyens de communication et d’information.


Réagissant ensuite au tableau dressé par M. Guéhenno, les délégations, comme celle du Nigéria, ont estimé que la sécurité et la sûreté du personnel de maintien de la paix devraient bénéficier de la priorité la plus élevée.  Le représentant de ce pays, M. John Onuoha, s’est félicité des efforts déployés en ce sens par le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions, se disant notamment impressionné par la proposition de déployer des Équipes intégrées comprenant des spécialistes militaires, politiques et de police. 


Plaidant à son tour pour un renforcement des conditions de sécurité sur le terrain, la représentante de la Slovénie, qui intervenait au nom de l’Union européenne, a condamné tout acte criminel visant le personnel du maintien de la paix et appelé à l’adoption de mesures de tolérance zéro permettant d’en punir les auteurs.  Mme Sanja Štiglic a affirmé que de tels agissements mettaient non seulement en danger le personnel mais sapaient également la crédibilité des opérations de maintien de la paix.


Pour ce qui concerne la réforme du secteur de la sécurité, les délégations ont indiqué qu’elle prenait place dans le cadre des réformes en cours touchant à la gouvernance.  L’Union européenne a souligné que cette réforme devrait tenir compte du rôle de la société civile et des autres structures non étatiques de gouvernance. 


Des délégations, dont celle de l’Égypte, ont souhaité que le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions s’engagent dans un dialogue constructif et impartial sur la dimension opérationnelle des mandats décidés par le Conseil de sécurité.  D’autres pays, dont la Jamaïque, ont insisté pour que la fourniture d’équipements adéquats et la coopération entre les pays hôtes et l’ONU permettent de mener à bien le déploiement des deux missions les plus complexes de l’histoire de l’Organisation, la MINUAD et la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT).


Avant d’engager le débat, le Comité spécial a procédé à l’élection par acclamation des membres de son Bureau, en portant à sa présidence M. Felix Ani Aniokoye, du Nigéria ; MM. Diego Limeres (Argentine), Henri-Paul Normandin (Canada), Akio Miyajima (Japon) et Zbigniew Szlek (Pologne), aux postes de Vice-Présidents et M. Amr El-Sherbini (Égypte) à celui de Rapporteur.  Le Comité a également adopté son programme de travail et décidé de créer un groupe de travail qui sera chargé d’examiner le mandat que lui a confié l’Assemblée générale et de lui présenter un rapport.  Ce groupe de travail sera présidé par M. Normandin.  Le Comité spécial compte désormais un nouveau membre, la Bosnie-Herzégovine.


Outre ceux cités, les pays suivants ont pris la parole: Kazakhstan, Suisse, Mexique, au nom du Groupe de Rio, Norvège, Philippines, Qatar, Japon, Guatemala, Salvador, République de Corée, Algérie, Vietnam et Cuba.


Le Comité spécial poursuivra son débat général demain, mardi 11 mars, à 10 heures.


Débat général


M. JEAN-MARIE GUÉHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, s’est livré à une évaluation de la situation dans le domaine du maintien de la paix, qu’il a qualifiée d’entreprise phare de l’ONU.  Il a indiqué qu’au mois de janvier 2008, le Département des opérations de maintien de la paix (DPKO) gérait 20 opérations comprenant au total un personnel de 130 000 militaires, policiers et civils.  Il a précisé qu’au cours des seuls quatre dernières années, 11 missions avaient été déployées et que le budget 2007-2008 du Département s’élevait désormais à 6,65 milliards de dollars.  Le maintien de la paix de l’ONU n’a jamais été aussi important, complexe et exigeant qu’aujourd’hui, a encore dit M. Guéhenno.  Saluant les progrès accomplis en faveur de la paix et la stabilité politique au Libéria, en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire et au Timor-Leste, il a ensuite souligné l’ampleur des défis qui attendent l’ONU dans le domaine du maintien de la paix.  En cas d’échec majeur dans l’une de nos missions, a-t-il prévenu, c’est la crédibilité tout entière de ce secteur qui serait touchée, crédibilité que nous nous sommes attachés à rétablir au cours de ces dernières années. 


Le Secrétaire général adjoint a poursuivi son intervention en expliquant que pour éviter tout échec, le Département des opérations de maintien de la paix devrait être en mesure de s’appuyer sur un processus de paix viable, des mandats clairs, l’appui politique des États Membres, y compris des membres du Conseil de sécurité et des pays voisins de ceux qui accueillent une mission, des ressources adéquates et la pleine coopération des parties au conflit.  Il a attiré l’attention sur la situation dans la corne de l’Afrique, où sont déployées des opérations dans un environnement régional difficile sur les plans politique, humanitaire, des droits de l’homme et de la sécurité.  M. Guéhenno a insisté sur les grandes difficultés logistiques rencontrées par l’ONU pour ce qui est du déploiement de la MINUAD au Darfour.  Ces difficultés, a-t-il dit, sont exacerbées par le fait que la Mission elle-même pâtit du manque de soutien dans des domaines que seuls les États Membres peuvent financer.  Il a notamment souligné la nécessité cruciale pour la Mission d’être équipée des moyens de transport au sol et aériens indispensables à l’exercice de son mandat.  M. Guéhenno a cependant déploré le manque d’appui du pays hôte ainsi que l’intensification du conflit au Darfour et ses implications régionales en raison de l’absence de processus politique viable.  Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a noté que même avec une MINUAD fonctionnant efficacement, aucune mission ne saurait remplacer un processus politique ni imposer la paix.  Après trois ans de négociations douloureuses, la mort de plus de 200 000 personnes et le déplacement de plus de 2,5 millions de personnes, ne devrions-nous pas faire mieux? a demandé M. Guéhenno.


Après avoir insisté sur la nécessité d’un renfort urgent des institutions politiques et judiciaires dans des pays instables où sont déployées des opérations de maintien de la paix, l’Érythrée, la République démocratique du Congo (RDC), l’Afghanistan et Haïti notamment, M. Guéhenno est passé au volet concernant la restructuration du DPKO.  Il a, entre autres, souligné l’importance des Équipes opérationnelles intégrées, essentielles selon lui pour garantir l’unité de la chaîne de commandement et l’intégration des efforts de maintien de la paix entre le DPKO et le Département d’appui aux missions.  Il s’est dit confiant en ce qui concerne le renforcement des Équipes en vue d’intensifier l’appui du Siège à toutes les opérations de terrain. 


M. Guéhenno a poursuivi son intervention en déclarant qu’il fallait améliorer l’appui aux autorités nationales pour les aider à développer leurs capacités dans le secteur de la sécurité.  Il a ainsi rappelé que l’an dernier, le Comité spécial avait reconnu le rôle central d’une réforme de ce secteur afin, notamment, d’assurer une transition souple vers la paix.  Il est revenu sur les points clefs du rapport du Secrétaire général sur cette question.  Notant que la sécurité est d’abord de la responsabilité des États Membres, il a rappelé que l’engagement de l’ONU à ce niveau ne pouvait être que temporaire et limité.  Ce que nous pouvons faire, c’est en particulier assurer le respect des principes de transparence, la responsabilité et l’efficacité de la réforme du secteur de la sécurité, a dit M. Guéhenno, ajoutant que dans les contextes postconflit, l’ONU pouvait aider les acteurs nationaux à rétablir le calme en identifiant rapidement les besoins et à lancer leurs propres réformes dans ce domaine.


Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a ensuite attiré l’attention sur le déploiement exponentiel de la Police de l’ONU, dont le nombre d’unités est passé de 8 315 en janvier 2006 à 16 900 en janvier 2008, du fait notamment du déploiement des missions au Darfour et au Tchad.  Il a indiqué que le rôle de la Police était vital dans le cadre complexe, d’un point de vue juridique, de la redéfinition des mandats.  Il par ailleurs salué les progrès réalisés au titre du programme des réformes « Opérations de paix 2010 », la vision unifiée en vue du renforcement continu du DPKO et du Département d’appui aux missions, a-t-il dit.  Soulignant la place centrale qu’occupe le personnel dans ce contexte, il a fait observer que les deux Départements étaient constamment engagés dans l’examen et l’amélioration des normes de sûreté et de sécurité et de procédures de gestion des crises au Siège et sur le terrain.  Il a regretté à ce sujet que, depuis 2007, 116 Casques bleus aient trouvé la mort dans l’exercice de leurs fonctions.  M. Guéhenno a en outre insisté sur la nécessité d’améliorer la formation du personnel de l’ONU, en particulier dans un contexte de demande accrue d’opérations de la paix.  Il a souhaité que la formation s’effectue en s’assurant que les futurs membres du personnel soient informés de la doctrine du maintien de la paix défendue par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies. 


Plaçant ensuite au cœur du maintien de la paix les partenariats et la coopération, M. Guéhenno a estimé qu’il était fondamental que les États Membres, dès lors qu’ils acceptent de travailler avec plusieurs grandes organisations, mobilisent les ressources adéquates pour résoudre les conflits auxquels ils s’attaquent.  Nous devons aussi renforcer nos capacités d’action en collaboration avec les organisations humanitaires, a estimé M. Guéhenno.  En conclusion, il a déclaré qu’au cours de l’année à venir, qui marquera le soixantième anniversaire du maintien de la paix de l’ONU, le Département des opérations de maintien de la paix concentrerait, entre autres, ses efforts dans les domaines de la parité entre les sexes au niveau de la réforme de la sécurité et les processus électoraux.  Les Nations Unies sont plus que le maintien de la paix, a-t-il dit, mais ce domaine est le cœur de l’Organisation et il est inextricablement lié aux perceptions qu’a le public de ce qu’est l’ONU.  Des échecs dans ce domaine laissent une trace indélébile dans l’opinion, a-t-il de nouveau prévenu, estimant qu’un maintien de la paix fort ne pouvait que renforcer l’action des Nations Unies dans la résolution des conflits.


Mme JANE HOLL LUTE, Administratrice chargée du Département d’appui aux missions, a illustré l’ampleur du maintien de la paix par des chiffres, en précisant que le budget était passé de 2,5 milliards de dollars en 2002 à 6,65 milliards aujourd’hui et de 10 500 membres du personnel civil à 27 000 postes de personnel civil.  Ainsi, le maintien de la paix ne peut pas être considéré comme un phénomène temporaire mais comme une activité centrale.  Compte tenu de leur complexité, en particulier la MINUAD et la MINURCAT, les questions d’appui revêtent toute leur importance.  Elle a précisé que le Département d’appui aux missions avait été établi dans le but de mettre en place et de maintenir sur le terrain des opérations de maintien de la paix, en fournissant des capacités de soutien, des ressources, du personnel, du soutien logistique, des moyens de communication et d’information.  Sur les 33 postes approuvés, 19 ont été attribués, a–t-elle encore ajouté.  Depuis son établissement le 1er juillet, le Département d’appui aux missions et le Département des opérations de maintien de la paix ont travaillé avec efficacité.  La création de ce Département reflète la prise de conscience par les États Membres de l’importance des fonctions d’appui.


Mme Holl Lute a évoqué les défis en termes de ressources humaines caractérisées par un taux de vacances de postes de 22%, un taux de renouvellement du personnel de 28%, par un manque d’expérience, 59% des membres du personnel ayant moins de deux ans d’expérience, un âge moyen de 46 ans pour les Casques bleus.  Elle a signalé que les propositions en termes de réforme des ressources humaines portaient sur la rationalisation des contrats qui varieraient selon leur durée.  Le Département, a-t-elle aussi précisé, travaille à un concept de soutien aux ressources humaines et a établi un groupe de travail.  S’agissant des règles de conduite et de discipline, elle a expliqué qu’il existait un Mémorandum d’accord qui intègre les cas d’exploitation sexuelle et une stratégie d’aide aux victimes.  L’Assemblée générale a adopté une résolution en décembre 2007 afin d’étendre sa juridiction aux cas de délits pénaux.  Il existe également un système de traçage des actes délictueux et une campagne de lutte contre la prostitution est en cours.  Toutefois, a-t-elle reconnu, des cas d’exploitation sexuelle continuent d’être signalés et, en 2007, 17 plaintes ont été reçues menant à des enquêtes sur 136 individus, ce qui a donné lieu au rapatriement de 121 individus. 


Mme Holl Lute a également évoqué la question des achats, des technologies de l’information et des communications avant d’aborder celle relative à la gestion des risques.  Elle a expliqué que le processus d’institutionnalisation de la gestion des risques a constitué un défi significatif.  Il sera essentiel que les exigences de la gestion des risques financiers soient évaluées avec soin, en tenant compte de l’impératif de flexibilité indispensable à la gestion des risques opérationnels des opérations sur le terrain. 


Mme SANJA ŠTIGLIC (Slovénie), au nom de l’Union européenne, a estimé que le développement de nouveaux principes dans le domaine du maintien de la paix marquait une étape importante dans le processus de réforme de l’ONU.  Elle a estimé qu’il était indispensable de renforcer la capacité de réaction rapide de l’Organisation dans les situations de crise et de s’attaquer à leurs causes profondes, afin d’empêcher des conflits durables et le retour des violences dans les contextes postconflit.  À cet égard, la représentante a estimé que des opérations de maintien de la paix « modernes » doivent aller de pair avec l’assistance à la consolidation de la paix, l’aide au développement et la prévention des conflits.  Plaidant ensuite pour un renforcement des conditions de sécurité sur le terrain, la représentante a condamné tout acte criminel visant le personnel du maintien de la paix de l’ONU et appelé à l’adoption de mesures permettant de punir les auteurs de ces crimes.  Elle a également déploré les obstacles posés par certains pays à des conflits en ce qui concerne l’accès du personnel des Nations Unies ou associé aux populations dans le besoin.  À cet égard, elle a estimé « inacceptables » les confiscations de l’équipement des contingents et les actes d’humiliation que font subir les gouvernements hôtes aux membres du personnel de maintien de la paix.  Non seulement de tels agissements mettent en danger le personnel, mais ils sapent également la crédibilité des opérations de maintien de la paix, a affirmé la représentante de la Slovénie.


La représentante a ensuite attiré l’attention sur l’importance de renforcer la coopération et la planification en amont du déploiement des missions de la paix.  Elle a ainsi appelé à tenir davantage de consultations avec les pays contributeurs de troupes à tous les niveaux de la planification et du processus de prise de décisions.  Pour ce qui concerne la réforme du secteur de la sécurité, elle a déclaré que celle-ci prenait place dans les réformes en cours touchant à la gouvernance.  C’est en ce sens qu’elle a rappelé que cette réforme devait tenir compte du rôle de la société civile et des autres structures non étatiques de gouvernance ainsi que de la communauté internationale, en partie responsable des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).  Elle a ajouté que les femmes devraient participer davantage aux processus de paix en cours, conformément aux dispositions prévues par la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Elle a préconisé d’améliorer la formation des personnels féminins, de nommer des conseillers femmes en matière de genre et de renforcer la participation des femmes à tous les niveaux des opérations de maintien de la paix.


Concernant la restructuration du maintien de la paix, Mme Štiglic a souligné l’importance des Équipes opérationnelles intégrées, des éléments clefs selon elle pour renforcer l’action conjointe du DPKO et du Département d’appui aux missions.  Elle a réaffirmé la conviction de l’Union européenne que les accords régionaux et le rôle des différentes institutions à ce niveau sont indispensables au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Enfin, notant la nature multidimensionnelle du maintien de la paix, Mme Štiglic a souhaité que le Comité spécial, en consultations avec les pays contributeurs de troupes, examine de manière approfondie le concept d’observateur civil, en vue de compléter les capacités des États Membres dans le domaine de l’observation militaire et policière.


Mme SAADIA EL ALAOUI (Maroc), intervenant au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), a rappelé la nécessité pour les opérations de maintien de la paix de strictement respecter les principes consacrés par la Charte des Nations Unies et en particulier le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, ce dernier ne pouvant pas être au même niveau que les autres étant donné que son application est strictement limitée aux niveaux opérationnel et tactique.  Elle a précisé que la sécurité et sûreté du personnel de maintien de la paix était un domaine de préoccupation important pour le Mouvement des pays non alignés.  Elle a insisté sur l’importance que revêt alors une bonne planification dans un contexte qui bénéficie d’un processus politique.  La représentante a aussi ajouté que le Mouvement des pays non alignés soutenait la révision de la politique relative à la participation des États Membres aux organes chargés des enquêtes.  De l’avis de sa délégation, le recours à des sociétés privées pour garantir la sécurité des locaux des Nations Unies pouvait mettre en danger le personnel des Nations Unies.  La représentante s’est dite préoccupée par le fait que des contingents étaient déployés hors de la zone couverte par les accords et a appelé les Nations Unies à respecter le concept d’opération et les accords de déploiement. 


S’agissant de la coopération avec les pays contributeurs de troupes, la représentante a déclaré que le Mouvement des pays non alignés soutenait fermement le mécanisme de coopération triangulaire entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat des Nations Unies.  Concernant la coopération régionale, elle a rappelé qu’il incombe en premier lieu au Conseil de sécurité d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales et que les organisations régionales devaient agir en vertu du Chapitre VIII de la Charte de l’ONU et, en aucun cas, se substituer aux Nations Unies.  Elle a toutefois rappelé l’importante contribution des organisations régionales et la nécessité de fournir un soutien à leurs capacités régionales, en particulier en Afrique, et notamment en continuant de mettre en œuvre les recommandations du Sommet de 2005 relatives au plan sur 10 ans d’édification des capacités de l’Union africaine.


S’agissant de la discipline, la représentante a dit le soutien du Mouvement des pays non alignés au Mémorandum d’accord relatif aux victimes d’actes d’exploitation sexuelle.  S’agissant de la doctrine même du maintien de la paix, elle a dénoncé l’émergence de certaines idées visant à créer la confusion et la controverse autour de principes, directives et terminologie agréés qui régissent le maintien de la paix.  Passant à la réforme du secteur de la sécurité, la représentante a indiqué que le Mouvement des pays non alignés reconnaissait l’importance d’un tel domaine qui, de l’avis de sa délégation, doit aller de pair avec les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).  Les prochaines discussions au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix à ce sujet devraient porter sur la manière d’articuler les activités et le rôle du processus de réforme du secteur de la sécurité dans les situations de maintien ou de consolidation de la paix.  Elle a fait part de sa préoccupation quant à diverses idées controversées et approches contenues dans le rapport A/62/659, qui cherchent à étendre la réforme du secteur de la sécurité au-delà du maintien de la paix et des situations postconflit.


Abordant la question de la restructuration des capacités de maintien de la paix, la représentante a indiqué que le Mouvement des pays non alignés demande instamment au Secrétariat de garantir une représentation adéquate des pays contributeurs de troupes.  Elle a aussi regretté que certains postes connaissent une rotation parmi certains pays uniquement, ce qui, de l’avis de sa délégation, va à l’encontre des principes de la Charte de l’ONU.  Une telle situation doit être examinée immédiatement.  Elle a aussi souhaité que les termes de référence des Équipes opérationnelles intégrées soient disponibles pour les membres du Comité.  Le Mouvement des pays non alignés, a encore ajouté la représentante, souligne aussi la nécessité de revoir le coût des contingents, ce qui n’a pas été fait depuis 2002.  Sa délégation, a-t-elle ajouté, est préoccupée par le montant dû au titre du remboursement des pays contributeurs de troupes.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a souligné l’importance d’adopter des mesures spécifiques destinées à assurer l’unité de commandement, la promotion d’activités intégrées et le renforcement des capacités opérationnelles de maintien de la paix, au Siège et sur le terrain.  C’est en ce sens qu’il a souhaité que le Secrétaire général adjoint pour le Département d’appui aux missions soit rapidement désigné.  Il a également souhaité que le Département de l’information contribue efficacement à faire connaître les activités des opérations de maintien de la paix dans le monde.  Le représentant a ensuite réaffirmé l’attachement du Groupe de Rio à la politique de tolérance zéro prônée par le Secrétaire général de l’ONU en ce qui concerne la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels commis par du personnel des Nations Unies.  Il a réitéré également l’appui du Groupe à la MINUSTAH et sa solidarité avec le Gouvernement et le peuple haïtiens.  Les pays du Groupe du Rio, a-t-il dit, fournissent l’essentiel des contingents militaires et de police de la Mission et interviennent à d’autres niveaux de coopération en accord avec les Nations Unies.  M. Heller a invité tous les États Membres et la communauté des donateurs à contribuer plus avant au redressement économique et social d’Haïti, par le biais notamment de programmes de lutte contre l’extrême pauvreté qui continue de sévir dans ce pays et de consolidation des institutions démocratiques.  Poursuivant son intervention, M. Heller a estimé que le concept de réforme du secteur de la sécurité devrait être considéré comme faisant partie de celle touchant le cadre institutionnel de l’ONU.  Il a, par ailleurs, considéré que les remboursements à destination des pays contributeurs de troupes devraient être effectués promptement et de manière efficace.  M. Heller a, enfin, déclaré que le Groupe de Rio attachait une importance particulière à la formation de son personnel à l’ONU.  C’est en ce sens qu’il a plaidé pour la mise en œuvre d’une stratégie et d’une politique qui serviraient de base à une meilleure préparation des personnels civil, militaire et de police déployés sur le terrain, dans le cadre des opérations de maintien de la paix.


M. JOHN FAX ONUOHA (Nigéria) a estimé que la sécurité et la sûreté du personnel de maintien de la paix, y compris le personnel civil, devraient bénéficier de la priorité la plus élevée.  Outre les mesures prises par le Département des opérations de maintien de la paix, il a estimé que les sources de renseignements tactiques sont une condition sine qua non.  Il a soutenu le processus de réforme du secteur de la sécurité et a dit attendre, à cette session, de recevoir des informations détaillées sur les leçons apprises dans le contexte du maintien de la paix et des situations postconflit.  Sa délégation considère que le Bureau des affaires militaires joue un rôle essentiel et c’est pourquoi, elle appuie les mesures de restructuration proposées par le Secrétariat.  S’agissant des questions de discipline, il a appuyé le Mémorandum d’accord adopté en juin 2007 et a relevé que des missions disciplinaires avaient été établies dans 16 des 18 missions et il a souhaité qu’il en soit de même avec la MINUAD et la MINURCAT.  Le représentant s’est aussi félicité des efforts déployés par le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions et s’est dit impressionné par la proposition de déployer des équipes intégrées comprenant des spécialistes militaires, politiques et de police. 


Le représentant s’est par ailleurs dit préoccupé par la sous-représentation des pays contributeurs de troupes dans le Cadre de gestion et a estimé qu’il faudrait revoir les processus d’identification de personnel expérimenté et compétent parmi les pays contributeurs de troupes.  Le Nigéria, a-t-il assuré, appuie les propositions de réforme du Secrétaire général visant à renforcer les opérations de maintien de la paix.  Le représentant s’est félicité du rôle complémentaire que jouent les organisations régionales en soutenant les opérations de maintien de la paix et a souligné la nécessité de fournir une aide à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et à l’Union africaine, en mettant en œuvre les recommandations adoptées lors du Sommet mondial de 2005.  Il a souligné également l’importance de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, en précisant que le Nigéria comptait de nombreuses femmes dotées d’une formation adéquate pour être déployées sur le terrain. 


M. MAGED ABDELAZIZ(Égypte) a regretté que l’ONU ne parvienne pas à empêcher les conflits par le biais de la diplomatie préventive.  Il a noté que les Nations Unies se concentrent sur la gestion des conflits, en continuant à renforcer les opérations de maintien de la paix afin d’éviter que ces conflits ne s’aggravent.  Les prorogations de mandats épuisent les ressources financières de l’ONU, a estimé le représentant, ajoutant qu’une part de ces ressources devrait plutôt être allouée aux efforts de développement.  Le représentant a poursuivi son intervention en indiquant que son pays avait toujours appuyé les efforts visant à réformer le secteur du maintien de la paix.  Il a estimé à ce sujet qu’il était important que le déploiement des opérations de maintien de la paix s’effectue sur la base d’accords de paix et de processus politiques préexistants.  Le représentant de l’Égypte a ensuite attiré l’attention sur la nécessité de garantir la sécurité des troupes de maintien de la paix et du personnel des Nations Unies sur le terrain.  Il a par ailleurs appelé à la tenue de consultations approfondies entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes en amont du déploiement des opérations et missions de maintien de la paix, ou lorsqu’il convient de redéfinir les mandats de ces dernières si les circonstances l’exigent.  Il a en outre souhaité que le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions s’engagent dans un dialogue constructif et transparent sur la dimension opérationnelle des mandats décidés par le Conseil de sécurité, « en dehors de toute considération politique. »  Après avoir réaffirmé le soutien de son pays à la politique de tolérance zéro à l’égard des auteurs de crimes sexuels appartenant au personnel de l’ONU, le représentant a jugé important que le Département de l’information de l’Organisation fasse connaître la culture du maintien de la paix dans le monde.  Enfin, M. Abdelaziz a souhaité que l’Afrique reçoive l’appui nécessaire au renforcement de ses capacités de maintien de la paix, par le biais notamment de la mise en œuvre des recommandations issues du Sommet mondial de 2005 qui prévoient un rôle accru de l’Union africaine dans ce domaine.


Le colonel JACQUES MORNEAU (Canada) s’est félicité, au nom du CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), de la publication du document « Principe et directives des opérations de maintien de la paix de l’ONU », qui clarifie en des termes concrets la nature, la portée et les activités cruciales des opérations de maintien de la paix dans le monde.  Nous attendons maintenant avec impatience la publication de la doctrine qui s’y rattache.  Dans la mesure où les Nations Unies mandatent des opérations de maintien de la paix pluridimensionnelles chargées d’assurer la protection des civils, il est essentiel d’arrêter des politiques et des orientations pour la protection des civils par les Casques bleus, a-t-il estimé.  Par ailleurs, M. Morneau a appuyé la Stratégie de formation en matière de maintien de la paix et s’est félicité du succès initial du bureau de soutien ONU/Union africaine.  Il a invité le Département des opérations de maintien de la paix à renforcer ses activités dans ce domaine.  Le représentant a appuyé le rapport du Secrétaire général intitulé « Assurer la paix et le développement: le rôle des Nations Unies dans l’appui à la réforme du secteur de la sécurité », qui marque un progrès important vers la mise en place d’une approche globale cohérente.  Le Canada, a-t-il ajouté, souscrit à la création d’un groupe interorganisations des Nations Unies pour l’appui à la réforme du secteur de la sécurité.


Le représentant a ajouté que l’une des réalisations les plus importantes du Sommet mondial de 2005 est la responsabilité de protéger les populations contre les génocides, crimes de guerre, nettoyages ethniques et crimes contre l’humanité.  À cet égard, il a souligné qu’il était essentiel de poursuivre les efforts visant à mettre en pratique ce principe.  Sa délégation salue les mesures prises par les Nations Unies pour réduire les risques auxquels est exposé leur personnel sur le terrain.  Le représentant a estimé important que les commissions nationales d’enquête aient accès au personnel des Nations Unies en cas d’incident.  S’agissant du renforcement des capacités opérationnelles, le représentant a indiqué que pour que la Police des Nations Unies puisse augmenter ses effectifs de 65%, les Nations Unies et les États Membres devraient redoubler d’efforts pour recruter et déployer des officiers de police et des experts.  Il incombe en outre aux Nations Unies et aux États Membres de veiller à définir et à appliquer des normes de base pour les unités de police constituées.  Le représentant a, parmi les autres sujets abordés, invité le Département des opérations de maintien de la paix à constituer un groupe de travail informel chargé d’étudier les options possibles pour répondre aux besoins du déploiement d’urgence.


M. TAKAHIRO SHINYO (Japon) a déclaré que cette année marquait le soixantième anniversaire des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Il a ajouté que son pays cherchait à renforcer la contribution de son personnel à ces opérations, qu’il a qualifiées d’essentielles pour la paix et la sécurité internationales.  Le représentant a poursuivi, en notant que le déploiement de la MINUAD et de la MINURCAT représentait des défis de taille du point de vue des ressources que les Nations Unies doivent fournir.  Il a ensuite attiré l’attention sur la nécessaire coopération entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions, afin de permettre au maintien de la paix de l’ONU de répondre efficacement à l’augmentation de la demande dans ce secteur. 


Le Japon restera attentif aux propositions qui seront soumises et se montrera constructif en vue d’intégrer le plus efficacement possible le Bureau des affaires militaires à la double structure DPKO/Département d’appui aux missions, a ajouté M. Shinyo.  Évoquant la sécurité du personnel, il a estimé que des mesures de protection contre d’éventuelles menaces contre les opérations étaient d’une importance capitale.  Il a en outre insisté sur la nécessité de former les personnels de terrain, en respectant scrupuleusement les normes les plus élevées de compétence, de morale et de discipline.  S’agissant du recrutement de civils dans les opérations de maintien de la paix et les sièges de l’ONU, le représentant a exprimé sa préoccupation devant le déséquilibre géographique dans la représentation de cette cohorte.  Il a conclu son intervention en souhaitant que l’ONU se dote d’une politique et de directives cohérentes afin de mener à bien la réforme du secteur de sécurité.  


M. JORGE SKINNER-KLEE (Guatemala) a réitéré son appui au travail réalisé par le Comité spécial et à la présentation des activités du Département des opérations de maintien de la paix par le Secrétaire général adjoint.  Ces dernières années, l’ampleur, la complexité et la taille des opérations de maintien de la paix ont augmenté.  Ces difficultés nouvelles et constantes justifient l’application de réformes larges qui contribuent au renforcement des capacités de maintien de la paix des Nations Unies et la création du Département d’appui aux missions.  Il est fondamental de parvenir à une meilleure coordination à tous les niveaux entre le Département des opérations de maintien de la paix mais également entres d’autres départements des Nations Unies.  Abordant les conditions de sécurité dans lesquelles fonctionnent les missions, elle a souhaité que le Secrétariat accorde le plus haut niveau de priorité à la sûreté du personnel sur le terrain.  Il faut progresser dans nos modalités de sécurité que ce soit le système d’alerte rapide, les services de renseignement qui doivent fonctionner en temps réel et la protection des locaux sur le terrain.  La réforme de ce secteur doit être ciblée sur la personne humaine même si nous comprenons qu’il s’agit d’une question délicate sur le plan de la souveraineté nationale.  Il est important que les préoccupations d’ordre sécuritaire soient intégrées au mandat de la mission avant son déploiement. 


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a rappelé l’appui de son pays au programme de réformes « Opérations de paix 2010 » amorcé par le Secrétaire général de l’ONU.  Elle a souligné l’importance de l’unification de la chaîne de commandement du Siège au terrain par le biais de l’action conjointe du DPKO et du Département d’appui aux missions.  Elle a ensuite estimé que les opérations de l’ONU étaient l’instrument international le plus efficace pour prévenir les conflits et assurer la stabilité aux niveaux régional et global.  En conséquence, la représentante a jugé qu’il faut renforcer la capacité des Nations Unies dans ce secteur en s’appuyant, pour ce faire, sur les principes de la Charte de l’ONU et la doctrine Capstone, y compris le non-recours à la violence en dehors des cas de légitime défense.  Elle a par ailleurs appuyé les efforts destinés à développer des partenariats entre le système de l’ONU et les organisations intergouvernementales, ces dernières ayant au plan régional la capacité réelle de prévenir les conflits, préserver les chances de paix et former au mieux les Casques bleus.  S’agissant de la réforme du secteur de la sécurité, la représentante a estimé qu’il est du devoir et de la responsabilité des États Membres et de leurs organisations de garantir la sécurité des populations et des personnels de l’ONU comme le respect de leurs droits les plus fondamentaux.  


M. PETER MAURER (Suisse) a soutenu le recrutement de points focaux au sein de plusieurs entités du système des Nations Unies pour les questions liées à la planification des nouvelles missions de maintien de la paix et a salué les efforts entrepris.  Il a estimé qu’un tel renforcement ne se faisait pas aux dépens de la compétence des États Membres, bien au contraire.  Le représentant s’est demandé si la structure actuelle du Comité spécial était la mieux appropriée pour qu’il s’acquitte de son mandat.  Une réflexion sur le fonctionnement actuel du Comité spécial serait utile.  Il en va de même pour la structure générale du rapport du Comité spécial et la manière dont les recommandations sont examinées par l’Assemblée générale puis mises en œuvre.  Le représentant a également soutenu la restructuration tant attendue du Département des opérations de maintien de la paix et la création du Département de l’appui aux missions et, en particulier, la création d’équipes opérationnelles intégrées.  Dans le cadre du processus de restructuration, l’engagement sans délai de personnel qualifié à des postes clefs est un aspect d’une importance majeure car il en va de la crédibilité des opérations en cours.  Nous invitons le Secrétariat à considérer cette tâche comme une priorité, tout en saluant les mesures qu’il a adoptées en 2007 pour recruter davantage de femmes appelées à jouer des fonctions de direction sur le terrain.


M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a appuyé l’idée de renforcer les programmes de formation des personnels du maintien de la paix de l’ONU, afin d’accroître l’efficacité des missions et de renforcer la sécurité des membres du personnel. Il a en outre jugé que la réussite des opérations de maintien de la paix dépendait de l’appui constant de la communauté internationale.  Nous perdons cet appui lorsque les Casques bleus se conduisent de manière non professionnelle, sans respect des normes, coutumes et législations locales, a ajouté M. Wolfe.  Ces personnes, a-t-il affirmé, ternissent non seulement leur propre réputation mais, plus important, celle de l’image de l’ONU aux yeux de l’opinion internationale.  Le représentant a ainsi réaffirmé l’attachement de sa délégation à l’application d’une politique de tolérance zéro à l’égard des auteurs d’abus et d’exploitation sexuels.  Il a ensuite attiré l’attention sur la poursuite du déploiement de la MINUAD et de la MINURCAT en 2008.  Il a souligné à ce propos la nature complexe de ces missions dont le succès, a-t-il estimé, ne pourra venir que d’un effort coordonné et conjoint.  La fourniture d’équipements adéquats et la coopération entre les pays hôtes et les missions seront déterminantes à cette fin, a-t-il souligné avant de conclure.


M. MOHAMED SOFIANE (Algérie) a rappelé que les travaux du Comité spécial intervenaient cette année dans un contexte particulier marqué par une dynamique de réforme menée au pas de charge, impliquant dans son sillage une refonte des textes normatifs de même qu’une adaptation des structures internes de l’Organisation aux exigences et défis que pose le caractère changeant des conflits.  Le représentant a estimé que la stratégie élaborée par le Secrétariat en matière de réforme du secteur de la sécurité présentait la caractéristique première de déborder du mandat spécifique confié au Secrétaire général pour s’inscrire dans une approche globale.  Il s’est dit frappé par l’étendue et la diversité des situations qu’il tente de traiter ainsi que par l’éventail des besoins auxquels la stratégie se propose de répondre.  Cette ambition n’est pas réaliste et ajoute à la confusion générale, a-t-il soutenu. 


De l’avis de sa délégation, ce serait d’une part une gageure de considérer la réforme du secteur de la sécurité comme un vaste réservoir de solutions pour les nombreux problèmes auxquels doivent faire face les pays en développement et les pays en transition.  De plus, ce serait une erreur de jugement de développer un paradigme unique en matière de sécurité, faisant croire à l’existence présupposée de modèles utilisables d’un pays à un autre ou, pis encore, de ne pas reconnaître le caractère indispensable de certaines évolutions sociales.  Enfin, ce serait à ses yeux une erreur de privilégier des avancées rapides dans ce secteur politiquement sensible car en relation avec des institutions qui sont dans de nombreux pays les piliers traditionnels de la souveraineté de l’État.  Le représentant a par ailleurs commenté la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix.  Compte tenu de la façon avec laquelle elle est conduite, sans véritable travail de communication et de dialogue avec les États Membres, nous ne pouvons que nous interroger sur le sens qu’il convient de donner aux tentatives de présenter pour fait accompli des créations de postes ou de structures sans que celles-ci ne soient fondées sur un mandat politique clair donné par le Comité spécial.


M. HILARIO G. DAVIDE (Philippines) a affirmé que sa délégation prenait note du fait que le processus en cours de recrutement et de sélection du nouveau personnel de l’Équipe opérationnelle intégrée, en particulier des officiers militaires, sera secondé par le Secrétariat.  Le représentant a souhaité que lors de la sélection finale, outre la représentation régionale soient également pris en compte des pays contributeurs de troupes comme les Philippines.  Il a réitéré le soutien et la coopération sans ambiguïté de son pays en vue de permettre aux Nations Unies de maintenir la paix à travers le monde.  Comme elles l’ont fait lorsqu’elles ont déployé pour la première fois, il y a plus de 40 ans, un escadron aérien pour appuyer des opérations des Nations Unies au Congo, les Philippines sont prêtes à envoyer des troupes partout où cela est nécessaire, a-t-il ajouté.  Il a également rappelé l’importance que son pays accordait à la question de l’exploitation et des abus sexuels, précisant que les Philippines avaient mis en place une politique de tolérance zéro. 


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a déclaré que les opérations de maintien de la paix ne pouvaient pas remplacer la lutte contre les causes sociales et économiques à l’origine des conflits.  Il est impératif, a-t-il dit, que soit prise en compte l’importance déterminante de la coordination avec le pays hôte au niveau de la mise en œuvre du mandat des opérations.  Il a ajouté que cette approche est particulièrement pertinente pour ce qui concerne la conduite des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) afin de faire en sorte que les opérations de maintien de la paix restent impartiales et soutiennent les processus politiques en cours.  Le représentant a ensuite estimé que les défis en matière de maintien de la paix ne concernaient pas seulement le manque de ressources.  Il existe, a-t-il précisé, un besoin urgent de renforcer la capacité de réponse de l’ONU dans les secteurs de la sûreté et de la sécurité de son personnel, en particulier dans le contexte du déploiement de missions à haut risque.  Il a, en outre, jugé que la résolution 1353 du Conseil de sécurité devait être pleinement mise en œuvre afin de renforcer la coordination et la communication entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes, à tous les niveaux du déploiement des opérations de maintien de la paix.  Une telle approche, a-t-il dit, devrait s’établir à partir d’une relation de confiance et tenir compte des besoins des États qui accueillent ces opérations.


M. JOSE ERNESTO ESTRADA (El Salvador) a déclaré que son pays était disposé à soutenir les réformes du Département des opérations de maintien de la paix dans le cadre des efforts de transparence et d’efficacité.  Il a reconnu l’importance de la politique de tolérance zéro face aux abus sexuels.  Le représentant s’est dit convaincu de l’importance particulière de ce débat sur le renforcement des opérations de maintien de la paix et a assuré le Comité spécial de la coopération de son pays, qui dispose d’une vaste expérience en matière de gestion des conflits et de consolidation de la paix.  Son pays, a-t-il dit, est un exemple pour les États Membres et a fait de l’application de ses Accords de paix un succès.  Le représentant a précisé que El Salvador contribue aux efforts de maintien et de consolidation de paix dans le monde et souhaite augmenter sa participation aux opérations de maintien de la paix.  « Nous sommes conscients qu’en la matière, El Salvador se doit de mettre sa riche expérience au service de la communauté internationale », a-t-il dit avant de conclure. 


M. PIRAGIBE DOS SANTOS TARRAGÔ (Brésil) a rappelé que son pays, traditionnellement un fournisseur de contingents pour les opérations de maintien de la paix (OMP), est actuellement présent à ce titre dans 10 missions.  La création du Département de l’appui aux missions renforce l’efficacité du Secrétariat pour répondre aux besoins du Département des opérations de maintien de la paix, a-t-il noté, mais cela ne peut remplacer les moyens et mandats que seuls le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale peuvent décider de mettre en place.  En ce qui concerne le rapport du Secrétaire général A/62/672, il a souhaité plus de détails sur les plans prévus pour la cellule de stratégie militaire.  Abordant la question de l’équipement fourni par le contingent, le représentant a approuvé le réajustement décidé par le Groupe de travail.  Pour ce qui est de la sécurité des troupes, M. Tarragô a souhaité que des projets à impact rapide soient développés immédiatement après le conflit.  Il a souligné l’importance des mesures prises pour assurer la sécurité du personnel des Nations Unies partout dans le monde.  Il a demandé à cet égard des éclaircissements quant aux objectifs du Groupe d’experts indépendants récemment créé par le Secrétaire général.


Si les opérations militaires constituent le pilier des opérations de maintien de la paix, a poursuivi M. Tarragô, il faut en même temps prévoir assez tôt de restaurer les conditions de base pour permettre le développement.  Les opérations de maintien de la paix ne sont pas équipées pour s’occuper directement des questions de développement, mais elles peuvent soutenir les activités liées à ces questions et permettre de créer un environnement favorable à la reprise de la croissance économique.  La consolidation de la paix est en effet le prolongement des opérations de maintien de la paix, a-t-il rappelé, mais de plus en plus, on considère que les deux doivent coexister.  Ce sont les deux dimensions d’un même effort, a-t-il insisté.  Le Brésil est engagé depuis 2004 dans le maintien de la paix en Haïti et le mandat de la MINUSTAH, renouvelé en 2007 par le Conseil de sécurité, comprend des tâches spécifiques dans des domaines liés au développement.  Le représentant, tout en reconnaissant qu’au cours des 12 derniers mois, cette Mission a pu améliorer la lutte contre les gangs, a appelé à renforcer les institutions du pays de façon à lui donner une base solide pour une croissance économique durable.  Enfin, M. Tarragô a souhaité que les pays contributeurs de troupes, qui sont pour la plupart en développement, bénéficient rapidement des remboursements qui leur sont dus.


Mme MONA JUUL (Norvège) a indiqué que pour accroître la cohérence et l’intégration au Siège des Nations Unies, il était nécessaire de renforcer le Centre de situation du Département des opérations de maintien de la paix, ce qui permettra de répondre aux besoins croissants en flux d’informations.  Elle a ajouté que son pays suivait de près les travaux visant à développer et mettre en œuvre un processus de planification des missions intégrées et qu’il disposait de son propre projet dont il partagera les résultats et recommandations avec le Comité spécial.  Elle a appelé le Secrétariat à garantir rapidement l’établissement des équipes opérationnelles intégrées et a souhaité que leur rôle soit clarifié.  Cette approche intégrée doit être reflétée dans les programmes de formation.  La représentante a également assuré le Comité spécial du soutien de la Norvège pour les capacités de déploiement rapide accrues et s’est réjouie de ce que 25% des capacités de réserve de police soient des femmes.  Nous souhaitons voir une telle proportion dans le recrutement militaire et de police des opérations des Nations Unies.  La Norvège accueille favorablement le rapport du Secrétaire général sur la réforme du secteur de la sécurité, tout en insistant sur la nécessité de ne pas intervenir là où des capacités existent déjà.  La Norvège soutient aussi le renforcement des relations entre les Nations Unies et les organisations régionales.  Il est nécessaire d’établir des directives pour garantir un transfert d’autorité, sans heurt, entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales.  Enfin, Elle a dit souhaiter voir les Nations Unies plus engagées en Afghanistan et a estimé que les Missions au Darfour et au Tchad devraient être évaluées avec soin pour que l’on puisse en tirer des leçons.


M. KIM HYUN CHONG (République de Corée) a relevé que plus que jamais, la présence de femmes et d’hommes sur le terrain est indispensable dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a regretté la lenteur du déploiement des forces au Darfour en raison d’obstacles logistiques et des difficultés soulevées par la reconnaissance du mandat de l’Opération hybride ONU-Union africaine au Darfour.  Il s’est dit encouragé toutefois par le déploiement de la Force intérimaire au Sud-Liban et par l’engagement des parties à mettre en œuvre la résolution 1701.  Le moment est venu de renforcer le Comité spécial des opérations de maintien de la paix et ses méthodes de travail.  Il s’est félicité de la création du Département d’appui et des Équipes intégrées, tout en souhaitant que des directives claires soient aussi transmises sur le terrain.  Il s’est aussi félicité que davantage de femmes servent sur le terrain qui, depuis 2007, représentent une augmentation de 40%, dont 17% à des postes de grades élevés.  Le Gouvernement de la République de Corée, pour répondre au cahier des charges du déploiement, travaille à une nouvelle loi afin de permettre le déploiement de davantage de contingents et augmenter ainsi sa contribution au maintien de la paix.


M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ (Cuba) a relevé le manque de précision des notions en jeu dans le rapport du Secrétaire général.  Les notions d’opérations de maintien de la paix et d’opérations de paix sont utilisées sans distinction alors que leur étendue et leurs implications doivent être bien définies pour éviter les doutes et les mauvaises interprétations.  Le représentant a aussi estimé que le rapport du Secrétaire général sur la réforme du secteur de la sécurité dépasse le mandat conféré par le Comité spécial.  Il est nécessaire, a-t-il dit, de définir le rôle de l’ONU dans ce processus dans le cadre d’un processus intergouvernemental inclusif et transparent. 


Le concept de la réforme du secteur de la sécurité et les acteurs concernés doit être clairement défini par les États Membres.  Le rapport, a aussi estimé le représentant, ne saurait être la base des délibérations futures.  Il a jugé nécessaire de reformuler certaines définitions relatives, entre autres, aux principes de base que l’ONU doit respecter dans le processus de réforme, au rôle de régulation et à l’approche de l’Organisation.  On ne comprend pas bien comment le suivi, l’évaluation et l’examen des progrès seront effectués, a encore dit le représentant qui a, par ailleurs, souhaité que les arrangements régionaux soient conformes au Chapitre VIII de la Charte de l’ONU, qu’ils ne supplantent pas le rôle de l’ONU et qu’ils respectent strictement les principes fondamentaux des opérations de maintien de la paix.


M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a déclaré que la complexité croissante des opérations de maintien de la paix avait entraîné une demande accrue de ressources et d’appui opérationnel sur le terrain.  Il a relevé la nature changeante des situations sur place et des mandats correspondants des opérations, nécessitant selon lui que perdurent les processus politiques, l’engagement de la communauté internationale et la coordination interinstitutions.  Le représentant a estimé que, plus que jamais, le lien entre le maintien de la paix, la prévention et la résolution des conflits, la diplomatie préventive et la consolidation de la paix était crucial pour parvenir à une paix et un développement durables.  Il a estimé qu’à cette aune, le succès des opérations de maintien de la paix dépendait du strict respect des principes de la Charte des Nations Unies, en particulier ceux ayant trait à la protection du droit des États à la souveraineté et à l’intégrité territoriale.


M. HAMID CHABAR (Maroc) a déclaré que son pays attachait une importance particulière à la réussite des efforts de maintien et de consolidation de la paix dans le monde et tout particulièrement en Afrique, comme en témoigne sa participation actuelle à la MONUC et à l’ONUCI.  Le représentant a ajouté que l’implication des États Membres était nécessaire pour faire valoir une vision claire et commune du maintien de la paix, en évitant l’amalgame avec d’autres types d’opérations.  Il a estimé, à ce titre, que la « Publication interne sur les principes directeurs des opérations de maintien de la paix » était un document à même de clarifier les mandats sans préjudice aux principes nationaux des pays contributeurs de troupes.  M. Chabar a par ailleurs rappelé que la doctrine du maintien de la paix devait être guidée par les principes relatifs au consentement des parties, à l’impartialité et au non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense, de souveraineté et d’intégrité territoriale et de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays concernés.


Le représentant du Maroc a par ailleurs souligné l’importance et l’efficacité des contributions des États Membres qui, eux seuls, a-t-il dit, ont les moyens logistiques et la formation requise pour aider à reconstruire le secteur de la sécurité.  Il a ensuite réaffirmé l’appui de son pays à la politique de tolérance zéro à l’égard de la conduite de toutes les catégories du personnel du maintien de la paix.  Toutefois, a ajouté M. Chabar, le Maroc souhaite souligner qu’il est impératif de se garder des mesures hâtives et démesurées, basées sur des informations fluctuantes et imprécises et des facteurs externes.  À chaque fois qu’il a été sollicité pour faire respecter les règles de conduite, le Maroc a procédé à l’application des mesures disciplinaires, voire pénales, en s’entourant de toutes les garanties judiciaires, de transparence et d’équité requises, a encore précisé le représentant.


M. LORENC XHAFERRAJ (Albanie) s’est félicité du rapport du Secrétaire général et des recommandations qu’il a formulées concernant la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix.  Il s’est dit profondément préoccupé par les menaces qui se posent à la sécurité du personnel des Nations Unies et a condamné toute attaque terroriste, comme celle perpétrée contre les locaux des Nations Unies à Alger.  L’une des priorités récentes du Gouvernement albanais est sa contribution aux missions internationales dans le but de préserver la paix et la sécurité.  Depuis le mois d’octobre 1994, date à laquelle l’Albanie a dépêché des observateurs dans le cadre de la Mission des Nations Unies en Géorgie, quelque 3 200 Albanais ont participé aux opérations de maintien de la paix.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.