En cours au Siège de l'ONU

SOC/4725

LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL EXAMINE LES BONNES PRATIQUES POUR PROMOUVOIR LE PLEIN-EMPLOI ET LE TRAVAIL DÉCENT POUR TOUS

09/02/2007
Conseil économique et socialSOC/4725
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement social

Quarante-cinquième session

6e et 7e séances – matin et après-midi


LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL EXAMINE LES BONNES PRATIQUES POUR PROMOUVOIR LE PLEIN-EMPLOI ET LE TRAVAIL DÉCENT POUR TOUS


La Commission du développement social a poursuivi aujourd’hui son examen du thème prioritaire de sa quarante-cinquième session, la promotion du plein-emploi et le travail décent pour tous, en étudiant les bonnes pratiques en la matière, résultant notamment des différentes expériences nationales.  À l’occasion d’une table ronde, quatre intervenants ont mis en avant les initiatives mises en œuvre pour permettre à tous les groupes de la société d’intégrer le marché de l’emploi. 


L’intégration de l’emploi à toutes les politiques du gouvernement, la création d’un environnement propice au secteur privé, la mise en place de mesures incitatives pour les entreprises, ou encore l’amélioration de l’éducation et de la formation continue ont été citées comme de bonnes pratiques à envisager pour créer des opportunités de travail par M. José Manuel Salazar, Directeur exécutif pour le secteur de l’emploi de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et modérateur de cette discussion.  Ce dernier a aussi jugé essentiel que les politiques nationales s’adressent à des groupes spécifiques, comme les femmes, les jeunes, les populations autochtones, ou les personnes travaillant dans le secteur informel. 


À titre d’exemple, M. Santosh Mehrotra, Conseiller pour le développement rural de la Commission de planification du Gouvernement de l’Inde, a fait part du nouveau programme de « Garantie nationale d’emploi rural », lancé l’année dernière et qui vise les populations les plus pauvres de l’Inde.  Ce programme, a-t-il expliqué, garantit 100 jours de travail par année à ceux qui en font la demande.  Il a ajouté que cet emploi devait être fourni dans les 15 jours, à défaut de quoi l’État serait tenu par la loi de verser une allocation quotidienne au chômeur.  Il a fait valoir que l’objectif de cette initiative était de fournir un filet de sécurité pour les groupes vulnérables et d’améliorer le recrutement au niveau local afin de combiner croissance et équité et de renforcer la sécurité des moyens de subsistance en zone rurale, à long terme. 


Mme Sonia Rocha, Directrice de recherches à l’Institut des études sur l’emploi et la société au Brésil, a quant à elle mis en avant la « Bolsa-Familia », une allocation familiale mensuelle créée en 2003 au Brésil.  Elle a noté que 11 millions de familles avaient bénéficié de ce versement de liquidités l’année dernière.  Dans un pays où 34% de la population vit dans la pauvreté, a-t-elle fait valoir, cette mesure vise à alléger de manière immédiate les conditions de vie des pauvres.  Quant à Zephania Kameeta, archevêque de l’Église luthérienne évangélique de la Namibie, il a présenté la proposition faite au Gouvernement zambien pour fixer un revenu minimum de 100 dollars mensuels à chaque citoyen namibien sous forme de prime mensuelle de 100 dollars namibiens.  Il a rappelé que la Namibie détenait le triste record de la société la plus inégale au monde, les deux tiers de ses habitants vivant en dessous du seuil de pauvreté, et a estimé que ce programme universel de soutien permettrait de redonner dignité et indépendance aux plus démunis. 


Enfin, une dernière conférencière, Mme Sylvia Beales, représentante de « HelpAge International », a souligné que l’importance de replacer l’homme au centre du développement, en conjuguant performance économique et justice sociale, tout en garantissant le droit à un emploi de qualité et en reconnaissant la contribution à la société des plus vulnérables, contribuerait à réduire sensiblement la pauvreté.  Sans sécurité sociale, sans solidarité, il ne peut y avoir ni travail décent, ni conditions de vie décentes, a-t-elle insisté.


Une majorité de délégations s’est également ralliée à ce point de vue alors que la Commission poursuivait cet après-midi le débat général qu’elle avait entamé hier.  Ainsi, les représentants de la Colombie, du Chili ou encore de la Norvège ont mis l’accent sur la nécessité d’adopter des politiques économiques et sociales complémentaires et intégrées.  Ils ont également souligné la nécessité de promouvoir une croissance économique forte tout en renforçant les droits des travailleurs comme moyen d’épanouissement de l’individu, mais également comme gage de stabilité de la société. 


Faisant écho à la table ronde qui s’était tenue dans la matinée, les délégations ont aussi mis en lumière l’importance d’élaborer et de mettre en œuvre des initiatives pour les groupes les plus vulnérables.  L’efficacité de la lutte contre la pauvreté ne peut être garantie qu’en accompagnant les programmes d’assistance et d’aide aux plus démunis par des emplois durables, a notamment déclaré le représentant de la Tunisie.  Dans cette optique, de nombreux pays, dont le Malawi, la Jamaïque et l’Iran, ont fait part de leurs efforts nationaux pour établir une plus grande égalité entre les hommes et les femmes, mais aussi pour intégrer les jeunes ou encore les employés du secteur informel au marché structuré du travail. 


La Commission du développement social poursuivra ses travaux, lundi 12 février, à 10 heures, en tenant une table ronde sur le vieillissement. 



SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET DE LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Thème prioritaire: promotion du plein-emploi et d’un travail décent pour tous


Table ronde sur le thème « bonnes pratiques en matière de promotion du plein-emploi et d’un travail décent pour tous »


M. JOSÉ MANUEL SALAZAR, Directeur exécutif, secteur de l’emploi de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et modérateur de cette table ronde, a lancé la discussion en soulignant que s’il existait un consensus autour de la nécessité de promouvoir le plein-emploi et le travail décent, le défi était maintenant de mettre en œuvre et d’opérationnaliser ces concepts.  Il a fait part de quelques-unes des bonnes pratiques, selon l’OIT, à mettre en œuvre afin de promouvoir l’emploi.  Il a d’abord affirmé qu’il fallait considérer les questions d’emploi et autres questions économiques de manière intégrée.  En pratique, cela veut dire que tous les ministères et agences doivent coordonner leurs politiques et veiller à ce que ces politiques aient un impact positif en matière d’emploi, a-t-il précisé.  Il a aussi suggéré que l’emploi devait être pris en compte dans les plans et programmes nationaux, comme par exemple les stratégies de réduction de la pauvreté.  Par ailleurs, M. Salazar a estimé qu’une autre bonne pratique consistait à créer un environnement propice pour que le secteur privé puisse générer des emplois, même si le secteur public demeure un employeur important.


Il est essentiel, a déclaré M. Salazar, que les politiques nationales s’adressent à des groupes spécifiques, comme les femmes, les jeunes, les populations autochtones, ou les personnes travaillant dans le secteur informel.  Ces politiques doivent être accompagnées d’objectifs quantitatifs et d’indicateurs mesurables, a-t-il ajouté.  Il a également insisté sur la nécessité d’offrir des programmes d’éducation de base, de formation continue à l’intention de ces groupes et d’adopter des mesures comme les incitations financières pour les entreprises afin de faciliter l’entrée des jeunes sur le marché du travail.  Soulignant l’importance d’une croissance forte et soutenue pour parvenir au plein-emploi, M. Salazar a toutefois précisé que cette croissance économique devrait soutenir la création d’emplois et trouver un équilibre entre les interventions et les incitations dans les différents secteurs, afin de mieux cibler les opportunités d’emploi.  Il a aussi fait valoir que la capacité d’un pays à soutenir la croissance était, entre autres, liée à sa capacité à diversifier son économie vers des secteurs plus innovants et plus productifs. 


M. ZEPHANIA KAMEETA, de l’Église luthérienne évangélique de la Namibie, a déclaré que l’emploi décent était une affaire de survie dans son pays.  Selon le dernier rapport sur le développement social dans le monde, la Namibie détient le triste record de la société la plus inégale au monde, les deux tiers de ses habitants vivant en dessous du seuil de pauvreté.  L’intervenant a souligné que cette situation était encore plus préjudiciable pour les jeunes, le taux de chômage étant de 64,6% parmi les 15-19 ans et de 57,4% parmi les 20-24 ans.  Évoquant les différentes stratégies et bonnes pratiques établies depuis l’indépendance pour éliminer les injustices structurelles en Namibie, M. Kameeta a noté que l’accent mis sur la croissance économique ne s’était pas traduit par une réduction significative de la pauvreté.  La réponse à ce défi, a-t-il poursuivi, réside peut-être dans la décision de fixer un revenu minimum alloué à chaque citoyen namibien sous forme de prime mensuelle de 100 dollars namibiens, les personnes âgées éligibles pouvant toucher une pension de 370 dollars namibiens.  Ce programme universel de soutien, financé par une réforme fiscale à définir, permettrait de redonner aux plus démunis dignité et indépendance.  L’allocation d’un revenu minimum aurait aussi des effets sur l’immobilier, la croissance économique, le pouvoir d’achat et, de ce fait, sur l’emploi.  En outre, ce système serait bénéfique sur le plan de la santé, dans la mesure où il contribuerait à améliorer les conditions de vie des personnes vivant avec le VIH/sida. 


M. Kameeta a souhaité que le Gouvernement namibien s’attache à corriger les déficits socioéconomiques structurels qui sapent tout développement durable dans ce pays.  À cet égard, il a demandé que celui-ci cesse de dire que les pauvres sont finalement responsables de leur propre sort.  Le Gouvernement doit être un agent de changement contre tout ce qui peut conduire à la désintégration du tissu social et de l’identité namibienne.  Dans ce contexte, l’intervenant a affirmé que le secteur privé, dans une économie de marché, offrait un éventail de solutions considérables pour générer toujours plus de profits.  En revanche, il ne réussit pas à créer des emplois décents, c’est pourquoi des politiques interventionnistes d’ajustement devraient permettre une redistribution équitable des richesses produites.  Ces politiques, a estimé M. Kameeta, pourraient s’appuyer sur un contrôle accru des flux financiers, le renforcement des normes du travail, l’encadrement des échanges commerciaux, l’allocation de prêts à taux bas pour les plus démunis ou encore l’allégement de la dette privée.   


Mme SONIA ROCHA, Directrice de recherches de l’institut des études sur l’emploi et la société au Brésil, a fait part de la « Bolsa-Familia », une allocation familiale mensuelle créée en 2003 au Brésil.  Elle a expliqué que ce programme visait à réduire immédiatement la pauvreté par un petit transfert régulier d’argent aux familles pauvres, sous réserve que les enfants soient vaccinés et aillent à l’école.  Cela permet au programme d’avoir également un impact à long terme sur la pauvreté, a-t-elle fait valoir.  Rappelant que 34% de la population au Brésil vivait dans la pauvreté, elle a noté que 11 millions de familles avaient été bénéficiaires de cette allocation en décembre 2006.  Par ailleurs, elle a indiqué que la « Bolsa-Familia » avait introduit des changements en comparaison aux prestations précédentes, la somme fournie étant plus importante (entre 20 et 45 dollars par famille et par mois).  De plus, elle a précisé qu’il existait désormais un seul programme de prestations, ce qui permettait d’éviter les chevauchements et d’améliorer l’efficacité et le rendement du programme.  


Il existe toutefois des problèmes de ciblage des familles, a reconnu Mme Rocha, puisqu’on estime qu’à ce jour, 5 millions de familles ne bénéficient toujours pas de cette allocation alors qu’elles en remplissent les critères d’éligibilité.  Outre une amélioration dans ce domaine, elle a aussi souhaité une meilleure base institutionnelle pour ancrer ce programme dans la population, notant l’absence d’un système d’assistance sociale.  Pour l’instant, le programme est limité aux transferts de liquidités mais ne garantit pas des services ou une assistance aux familles, a-t-elle poursuivi.  En conclusion, elle a fait observer que cette allocation avait en effet réussi à améliorer de manière immédiate les conditions de vie des pauvres.  Cela a aussi eu un effet sur l’autonomisation de la mère, puisque c’est elle qui gère cet argent, a-t-elle fait remarquer.  Elle a aussi noté que cette allocation avait permis d’augmenter la part budgétaire consacrée aux pauvres et d’atténuer les tensions résultant de la transition économique, notamment l’exclusion du marché du travail.  Ces transferts semblent constituer un élément permanent de la politique sociale brésilienne, mais il faut maintenant en améliorer le suivi et l’évaluation, a-t-elle conclu. 


Mme SYLVIA BEALES, représentante de « HelpAge International  », a expliqué que son organisation œuvrait en faveur des droits et de l’autonomisation des personnes âgées.  Cette population va quadrupler dans les années à venir, a-t-elle dit, et elle contribuera plus longtemps à l’activité économique, notamment dans les pays à revenus faibles ou moyens.  Sous l’effet de cette pression démographique, a ajouté l’intervenante, la protection sociale devient une question fondamentale, déjà consacrée notamment dans le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement ainsi que dans les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Pour Mme Beales, la notion de travail décent s’applique également aux personnes âgées, au vu notamment de leur situation particulièrement défavorable sur le marché du travail formel et informel.  En effet, a-t-elle expliqué, dans les pays en développement, les personnes âgées occupent des emplois de mauvaise qualité.  Elles sont souvent exploitées et subissent de plein fouet la précarité. 


Moins le pays est développé, plus le nombre des personnes de plus de 60 ans, économiquement actives, augmente dans le secteur informel.  Il s’agit le plus souvent de femmes, a encore dit Mme Beales.  Il a été démontré, a-t-elle indiqué, que le fait de replacer l’homme au centre du développement, en conjuguant performance économique et justice sociale, tout en garantissant le droit à un emploi de qualité et en reconnaissant la contribution à la société des plus vulnérables, aurait un effet positif sur la réduction de la pauvreté.  Elle a noté qu’eu égard aux quatre piliers de l’agenda pour un travail décent, celui de la protection sociale était le plus négligé.  Un dialogue doit s’ouvrir, conformément aux recommandations de l’OIT, sur la protection sociale universelle et l’efficacité des transferts sociaux.


Ce type de transferts avait fait la preuve de son utilité.  L’OIT montre ainsi qu’en République-Unie de Tanzanie, une pension sociale et une bourse allouées aux personnes handicapées permettraient de réduire la pauvreté de 40%.   D’autres recherches vont dans ce sens, qui démontrent, elles aussi, que les prestations sociales renforcées contribuent à l’amélioration du bien être des plus défavorisés, tout en soutenant la croissance économique.  La question du coût de ces transferts sociaux fait l’objet de nombreux débats politiques.  L’OIT a lancé des études pour suivre les dépenses tirées du PIB afin de créer des systèmes de retraite et de santé universaux.


Mme Beales a indiqué que le retour aux investissements de ces dépenses permettait par exemple aux bénéficiaires de prestations sociales de payer leurs impôts et, ce faisant, de contribuer à l’effort national.  Enfin, elle a souhaité que le travail décent pour tous, et pour tous les âges, devienne une priorité politique.  Sans sécurité sociale, sans solidarité, il ne peut y avoir ni travail décent, ni conditions de vie décentes.  C’est pourquoi, il convient de soutenir les gouvernements dans la mise en place transparente des programmes pertinents.


M. SANTOSH MEHROTRA, Conseiller pour le développement rural de la Commission de planification du Gouvernement de l’Inde, a rappelé que si l’Inde se félicitait de son rythme de croissance élevé, ce pays souhaitait que cette croissance soit inclusive de toute la population.  Il a ainsi fait part du nouveau programme de « Garantie nationale d’emploi rural», lancé l’année dernière, et a estimé que celui-ci pourrait être utilisé comme bonne pratique par d’autres pays.  Il a d’abord rappelé que les anciens programmes dans le domaine du développement rural avaient de nombreuses lacunes, notamment une couverture insuffisante, une bureaucratie excessive ou encore un manque de participation des communautés.  Pour surmonter ces lacunes, il a fait valoir qu’il était nécessaire de revoir la stratégie mise en œuvre.  Il a affirmé que, pour cette raison, ce programme

découlait d’une loi selon laquelle ces prestations sont une obligation pour le Gouvernement et un droit pour la population.  Il a expliqué que l’objectif était de fournir un filet de sécurité pour les groupes vulnérables et d’améliorer le recrutement au niveau local afin de combiner croissance et équité et de renforcer la sécurité des moyens de subsistance en zone rurale, à long terme. 


Le programme garantit 100 jours de travail par année, a-t-il précisé, pour chaque membre du foyer qui en fait la demande.  Il a ajouté que cet emploi devait être fourni dans les 15 jours suivant la demande présentée par le bénéficiaire et que si ce n’était pas le cas, le Gouvernement devait verser une allocation quotidienne au chômeur.  Il a noté que les emplois offerts aux chômeurs se limitaient souvent à des activités dans le domaine de la conservation de l’eau, qui est un grave problème en Inde, en particulier en zones rurales, ou encore dans le domaine de la lutte contre la sécheresse et les inondations.  Par ailleurs, il a insisté sur l’importance des assemblées de village dans la planification et la mise en œuvre de ce programme.  C’est au niveau local que l’on enregistre les demandeurs d’emploi, qu’on leur fournit des cartes d’emplois et qu’on identifie les possibilités de travail, a-t-il ajouté.  Rappelant que la structure des castes avait un poids certain dans ces zones rurales, il a toutefois souligné la nécessité de rendre les assemblées de villages socialement responsables et de renforcer les capacités des plus pauvres.  Il a affirmé qu’il s’agissait là d’un important défi à relever, espérant toutefois qu’en raison du cadre juridique dans lequel s’inscrit ce programme, il serait possible d’en faire profiter le plus grand nombre en les informant de ce nouveau droit. 


De nombreuses délégations se sont adressées aux panélistes pour leur poser des questions et leur faire part de certaines initiatives prises au niveau national.  La Jamahiriya arabe libyenne a ainsi demandé des précisions sur le terme d’exclusion sociale.  Il a également souhaité savoir comment faire pour que le secteur privé recrute des personnes handicapées ou âgées, comme c’est le cas dans son pays, et comment exercer une pression sur le secteur privé pour que ses tenants fassent une place aux personnes handicapées et âgées dans leur plan de recrutement. 


L’Allemagne, au nom de l’Union européenne, a expliqué que cette dernière s’était donnée pour objectif de moderniser sur la durée le système de production sociale en soutenant les progrès technologiques, tout en protégeant les groupes les plus vulnérables.  Notant, par ailleurs, que le partenariat entre secteur privé, ONG et gouvernements n’était pas applicable à tous les pays, la représentante allemande s’est interrogée sur le fait de savoir si l’objectif de travail décent était compatible avec le secteur informel.  Le représentant du Japon a expliqué qu’en matière de bonnes pratiques en faveur de l’emploi, son pays axait sa politique sur les jeunes.  Nous avons mis en place un projet triennal incitatif, les employeurs fournissant une formation moderne aux jeunes chômeurs qu’ils recrutent et forment sur le tas.  Comment rendre ces bonnes pratiques plus efficaces, a-t-il demandé aux panélistes?  Le représentant de la Finlande a demandé comment il serait possible d’améliorer les compétences des chômeurs pour les réadapter au marché en constante évolution du travail. 


Le représentant de l’Argentine a, quant à lui, expliqué que les transferts des revenus vers les secteurs les plus pauvres avaient, dans son pays, permis la mise en œuvre de programmes d’accompagnent du changement socioéconomique.  Nos politiques de réduction des déficits budgétaires avaient pour objectif de faciliter la création d’emplois.  Il a affirmé que les politiques publiques

restaient les plus déterminantes pour améliorer le bien-être des peuples.  Il a ensuite voulu en savoir plus sur les stratégies de sortie de la pauvreté dont les panélistes ont souligné la nature universelle.  Comment aller ensemble vers une société plus juste et équilibrée? s’est-il demandé. 


La représentante des ONG a regretté, de son côté, que les jeunes n’aient pas accès au plein-emploi et qu’ils ne participent pas suffisamment aux programmes d’emploi.  Comment intégrer les jeunes dans ces processus ? a-t-elle souhaité savoir.  La représentante de la Jamaïque a, quant à elle, déclaré que son pays mettait l’accent sur l’aide aux enfants des familles de chômeurs les plus démunis.  Nos prestations dans ce domaine ne sont pas versées si les enfants sont déscolarisés ou ne sont pas dûment vaccinés.  Elle a plaidé pour un investissement accru dans les ressources humaines afin de briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté.  De l’avis de sa délégation, les prestations sociales du type de celles présentées par les panélistes doivent générer des revenus et créer des emplois productifs.  La représentante a ajouté que la retraite universelle, si elle est souhaitable, peut rarement être appuyée financièrement par la plupart des pays. 


La représentante des États-Unis a ensuite demandé comment les transferts sociaux de revenus pouvaient être utilisés par les bénéficiaires pour les réinsérer dans la société.  Le représentant du Pakistan a, pour sa part, souhaité savoir quels étaient les facteurs faisant obstacle à la volonté des acteurs pour mettre en place les prestations sociales universelles destinées aux groupes vulnérables. 


Le représentant du Venezuela est intervenu pour dire qu’à ses yeux, il conviendrait de parler d’entreprises décentes, ces unités étant directement responsables des conditions de travail de leurs employés et du respect de leur dignité.  Pour le représentant de la Zambie, la clef est de parvenir à élargir la protection sociale au secteur informel, qui embauche dans les pays du tiers monde jusqu’à 80% de la main d’œuvre active.  Comment s’adresser à ces personnes qui ont le plus besoin des prestations évoquées par les panélistes? a-t-il demandé.


La délégation cubaine a souhaité que les gouvernements réfléchissent à un concept d’emploi utile pour réaliser une culture du travail intégrée.  Il a noté que son pays avait lancé un programme qui considère les études comme une forme d’emploi, son but étant de réintégrer dans la machine sociale les jeunes chômeurs en rupture de ban. 


En réponse à ces observations et questions, M. Kameeta a souligné l’importance de l’amélioration des compétences.  Toutefois, il a estimé que cette notion était liée à la création d’emplois et devait aller de paire avec la génération d’opportunités de travail dans toutes les mesures entreprises à cet égard.  Mme Rocha a répondu aux demandes d’éclaircissement concernant la « Bolsa-Familia », précisant que ce programme ne visait pas à éliminer la pauvreté mais à l’atténuer à court terme.  La question de la sortie des familles de ce programme ne se pose pas et il n’existe pas de délai de fin de ces prestations, a-t-elle ajouté.  Elle a précisé que tant que les revenus de la famille étaient en dessous d’un certain seuil, celle-ci pouvait bénéficier de cette prestation.  Elle a enfin affirmé que ce programme devait s’employer à améliorer sa composante de suivi puisqu’il n’existait pas pour l’instant de système institutionnel pour le gérer et l’évaluer.


Pour sa part, Mme Beales a partagé l’avis de certaines délégations quant à la nécessité de garantir et de reconnaître la contribution de tous, jeunes, personnes âgées, personnes handicapées.  Elle a estimé nécessaire de faire reculer la discrimination fondée sur le handicap ou l’âge dans le milieu du travail.  À cet égard, elle a souligné l’importance d’un partenariat entre les groupes exclus mais a également qualifié de bonne pratique la discrimination positive en faveur de ces personnes.  En outre, elle a affirmé que cette intégration de tous au marché de l’emploi exigeait une volonté politique.  De même, face aux observations de certaines délégations sur le coût des programmes sociaux, elle a indiqué que la volonté politique pouvait permettre de les mettre en œuvre. 


Enfin, M. Mehrotra a reconnu qu’il n’y avait pas de disposition spécifique pour les jeunes dans le programme de garantie pour l’emploi rural en Inde.  Il a toutefois estimé que les foyers qui avaient ces emplois de 100 jours s’élevaient au-dessus du seuil de pauvreté pour cette année-là et que cela bénéficiait aux plus jeunes membres de la famille.  Il a aussi noté que le pays travaillait à intégrer les personnes âgées dans ce programme, précisant que des questions se posaient sur le type de travail et la rémunération.  En outre, il a affirmé qu’il incombait en premier lieu au Gouvernement de veiller à ce que le travail soit décent dans le secteur non structuré, en particulier dans les pays dans lesquels ce secteur est très important.  S’agissant de la protection sociale, le panéliste a aussi souligné la responsabilité des pays industrialisés qui, pour couper les coûts, transfèrent une partie de leur travail vers les pays en développement.  Dans ces cas, les entreprises du Nord doivent veiller à ce que les entreprises du Sud assument une certaine responsabilité de protection sociale, a-t-il suggéré.  Enfin, en ce qui concerne l’acquisition des compétences, il a rappelé que de nombreux enfants dans les pays en développement n’étaient pas suffisamment scolarisés.  Il a également affirmé que l’éducation secondaire devait être moins générale et plus professionnelle afin de rendre les jeunes plus employables. 


Débat général


Déclarations


Mme FAITH INNERARITY, Directrice technique au Ministère du travail et de la sécurité de la Jamaïque, a déclaré que la réalisation du plein-emploi et du travail décent était encore un défi de taille dans les pays en développement.  Elle a expliqué que les tendances de l’emploi étaient affectées, en Jamaïque et dans la région des Caraïbes, par le déclin des exportations agricoles, la nécessité de réformer l’éducation et les formations pour répondre à la demande d’une main d’œuvre plus productive, ou encore, la croissance du secteur informel et l’impact des migrations.  Elle a précisé que l’augmentation de la taille du secteur informel avait des conséquences importantes sur la protection sociale et les droits des travailleurs.  Elle a aussi noté que les envois de fonds, provenant des nationaux travaillant à l’étranger, étaient substantiels, regrettant cependant que la fuite des cerveaux ait des incidences sérieuses sur le développement social et économique de la région.  Elle a indiqué que ces questions, qui constituaient des priorités pour les pays de la région, étaient abordées non seulement sur le plan national, mais aussi au niveau régional, notamment à travers des initiatives entre gouvernements, employeurs et syndicats parrainés par l’OIT.  Elle a expliqué que ces projets visaient à promouvoir des normes et des droits communs concernant l’emploi, à créer des opportunités pour les femmes, à accroître la protection sociale et à renforcer le dialogue social. 

Mme Innerarity a fait valoir que ces initiatives avaient pour but de lutter contre le chômage des jeunes, qui se situe entre 20 et 29% dans les Caraïbes.  Elle a notamment souligné que la CARICOM avait mis en place une stratégie pour le développement de la jeunesse, qui met l’accent sur l’égalité des chances et l’entreprenariat pour ce groupe. 


M. FERNAND POUKRÉ-KONO (République centrafricaine) a expliqué que la vocation agricole des pays africains était sensible aux variations des cours de matières premières, comme le coton.  Ces pays ne peuvent pas rivaliser avec les pays développés dont les agriculteurs bénéficient de nombreuses subventions.  Il a ajouté que les niveaux très élevés de chômage en Afrique étaient particulièrement inquiétants  concernant les jeunes.  Peu ou pas qualifiés, ces jeunes ont du mal à intégrer pleinement les métiers du secteur privé qui exigent une certaine compétence.  De ce fait, la capacité à attirer des investissements étrangers ou à délocaliser des unités de production se trouve affectée.  Le représentant a ajouté que la marginalisation des femmes dans les pays africains avait des conséquences énormes pour les populations du continent, les femmes ayant souvent la responsabilité des enfants et de l’entretien quotidien du ménage.  Fragilisées par cette situation, de nombreuses femmes vivent avec leur famille dans une grande misère largement en dessous du seuil de un dollar par jour.


Le représentant a estimé que seule une bonne stratégie de l’emploi au niveau national pourrait aider les pays africains à envisager un plein-emploi et réduire la pauvreté.  Cela passe par une formation continue plus adaptée aux besoins spécifiques des pays en développement, notamment par un meilleur partenariat entre le secteur éducatif et le monde de l’entreprise.  


M. CHRISTIAN SIEBER (Suisse) a souligné le rôle central de l’État au plan économique, notamment dans la création de conditions-cadres qui favorisent des marchés efficaces et le développement du secteur privé.  L’État doit aussi promouvoir une politique du marché du travail adaptée aux besoins de l’économie et respectueuse des droits fondamentaux, particulièrement pour les personnes et groupes de population les plus vulnérables, a-t-il ajouté.  Soulignant ensuite le rôle du secteur privé dans la création des emplois, le représentant a déclaré que la notion de responsabilité citoyenne des entreprises jouait un rôle toujours plus important, aux côtés de la société civile, pour permettre de s’engager en faveur d’une croissance économique respectueuse du développement social et du travail décent.  Pour sa part, l’Organisation internationale du Travail (OIT) joue, selon la délégation, un rôle déterminant tant au niveau normatif que dans la promotion d’un travail décent.  Par ailleurs, elle a fait valoir l’emploi des jeunes comme condition nécessaire à leur intégration social et par conséquent à la stabilité de la société dans son ensemble.  Le rapport du Secrétaire général est d’ailleurs corroboré par celui de l’OIT sur les tendances mondiales de l’emploi 2007, qui dénombre 86,3 millions de jeunes entre 18 et 24 ans au chômage, soit 44% des chômeurs dans le monde.  Le Gouvernement suisse s’engage pour sa part, de manière active contre le chômage des jeunes, notamment en soutenant les jeunes pour trouver une place d’apprentissage.


Mme WARIF HALABI (République arabe syrienne) a réaffirmé les engagements pris par son pays dans le cadre de la Déclaration et du Programme d’action de Copenhague.  Pour garantir un emploi décent à tous, a-t-elle affirmé, il faudrait des sociétés stables et sûres, basées sur la justice et les droits de l’homme.  Pour réaliser cet objectif, elle a indiqué que son pays avait adopté une série de mesures, par le biais de son dixième plan quinquennal de développement, qui sont axées sur le développement humain.  Elle a expliqué que ce plan quinquennal mettait l’accent sur l’amélioration des infrastructures en faveur d’un développement régional équilibré, mais aussi sur la protection sociale des individus.  Elle a également souligné que pour assurer le développement humain dans le pays, la Syrie s’attachait à lutter contre la pauvreté, l’analphabétisme et le chômage.  Elle a également affirmé que son pays s’employait à augmenter sa croissance économique pour parvenir à ces objectifs.  En outre, elle a insisté sur la nécessité d’améliorer la coopération en matière de développement pour obtenir de plus nombreux investissements étrangers.  Enfin, elle a mis en avant les efforts de son pays pour réduire le chômage des jeunes, soulignant la nécessité de les faire participer aux processus décisionnels, mais aussi de leur offrir une éducation qui corresponde mieux aux demandes du marché du travail.  Toutefois, elle a rappelé que l’occupation étrangère et l’instabilité constituaient de graves entraves au bien être des citoyens, beaucoup d’entre eux se trouvant démunis et privés de chances d’éducation et de travail. 


M. CLEMENT K. KHEMBO, Ministre des personnes handicapées et des personnes âgées du Malawi, a expliqué que comme dans les autres pays en développement, le secteur informel a absorbé au Malawi une part significative des emplois économiques.  Il a précisé que 34% des PME agricoles étaient gérées par des femmes et n’employaient souvent que cinq personnes ou moins.  S’agissant du chômage des jeunes, il a indiqué que sur les quelque 300 000 étudiants qui quittaient l’école chaque année, seulement 30 000 trouvaient un emploi dans les secteurs de l’économie formelle, la majorité aboutissant dans le secteur informel, pourvoyeur d’emplois mal rémunérés et peu gratifiants.  Pour répondre à ces défis, le Malawi a mis en place des stratégies destinées à promouvoir le plein-emploi et un travail décent pour tous.  C’est en ce sens que les autorités nationales mettent l’accent sur la stabilité microéconomique, et l’égalité homme/femme dans l’accès aux emplois équitablement rémunérés.  Le principe directeur pour parvenir à l’éradication de la pauvreté est la croissance économique conjuguée à un développement actif des infrastructures.  Il convient également d’associer à cet effort le secteur privé, que le Gouvernement du Malawi reconnaît comme étant le moteur de la création de richesses et d’emplois.  Le représentant a indiqué que son pays avait mis en place des communautés chargées d’assurer dans les zones rurales la formation polytechnique des jeunes, en particulier des femmes les plus démunies ou ayant quitté l’école trop tôt pour acquérir une qualification professionnelle.  Il a également souligné l’importance de développer le secteur des technologies afin de renforcer la décentralisation des activités économiques et de désenclaver les régions isolées.


Mme PAIMANEH HASTEH (République islamique d’Iran) a estimé que malgré les progrès effectués pour parvenir aux engagements de la Déclaration et du Programme d’action de Copenhague, les efforts ont été entravés par des tendances de nature économique et politique.  Ainsi, elle a cité en exemple les mesures économiques unilatérales, la politisation du commerce et le manque de transferts des technologies vers les pays en développement.  Ces actions et politiques, a-t-elle poursuivi, sont en contradiction avec les objectifs et principes de Copenhague.  Elle a appelé tous les pays, particulièrement les pays développés, a reconnaître la gravité de la situation actuelle et à respecter les engagements pris à l’échelle internationale, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Par ailleurs, elle a fait part des progrès faits par son pays dans la mise en œuvre des engagements pris à Copenhague, par le biais de programmes et de mesures axés sur le développement humain.  Elle a précisé qu’à travers des initiatives dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la lutte contre la pauvreté, l’Iran avait notamment réduit son nombre d’analphabètes ainsi que son taux de mortalité infantile tout en s’engageant dans la privatisation des entreprises d’État afin de créer un environnement favorable à la création d’un secteur privé vibrant. 


Mme MEIRAV EILON SHAHAR (Israël) a déclaré qu’en tant que nation ayant intégré au cours de son histoire des vagues successives d’immigrants dotés de compétences diverses, son pays était devenu très performant dans le domaine de la formation.  Le but de nos programmes en la matière est de permettre aux nouveaux arrivants d’acquérir rapidement une formation adaptée à leur nouvelle vie.  La représentante a ajouté que le développement social, basé sur une économique forte et des droits sociaux pour tous, était un gage de stabilité politique en Israël.  La pauvreté est source d’agitation et de détresse, a-t-elle ajouté, expliquant par exemple que les jeunes pouvaient être tentés de fuir le foyer familial.  Pour assurer à cette population l’éventail le plus large possible d’opportunités sociales, Israël multiplie les partenariats avec les entreprises, qui sont les structures les plus à même d’autonomiser les jeunes et de les responsabiliser.  En ce qui concerne les personnes âgées, la représentante a dit que son Gouvernement avait mis sur pied un programme d’assistance basé notamment sur le renforcement des services médicaux d’urgence.  En outre, le nombre de maisons de retraite devrait augmenter de manière significative dans un avenir proche. 


M. NATHANIEL MWAHACHENGA, Responsable des questions sociales au Ministère pour le développement des communautés et les services sociaux de la Zambie, a affirmé que la mondialisation était le dénominateur commun identifié comme ayant le plus d’incidences sur les tendances en matière d’emploi.  Nous reconnaissons que l’économie mondialisée a eu un effet plutôt néfaste sur la sécurité de l’emploi, les pensions, les assurances dans le domaine de la santé.  Les disparités demeurent en fonction des niveaux de développement des pays et régions considérés.  Pour le représentant, il convient donc de mettre en œuvre des règles internationales et des politiques intégrées à cette échelle pour permettre à terme aux pays pauvres de prendre en charge leur propre avenir.  La Zambie reconnaît que le sous-emploi et la pauvreté sont inextricablement liés.  C’est pourquoi, nous appuyons les mesures visant à réaliser l’objet d’un emploi décent pour tous en mettant l’accent sur le dynamisme des petites et moyennes entreprises et l’innovation technologique.  M. Mwahachenga a ensuite souligné la nécessité de renforcer la réforme des institutions financières et politiques, la transparence, la bonne gouvernance et la protection des droits des personnes en vue de lutter collectivement et efficacement contre la pauvreté.  S’agissant de la protection sociale et de l’incitation à la participation des groupes vulnérables à la vie économique, le représentant a noté que les femmes pouvaient plus facilement que par le passé accéder au marché du travail, même si leurs revenus demeurent inférieurs à ceux des hommes.  Il a ajouté que de nombreux programmes à destination des jeunes commençaient à porter leurs fruits, le Gouvernement zambien ayant mis l’accent sur le renforcement des liens entre l’école et le monde des entreprisses.


M. SAHBI KHALFALLAH (Tunisie) a affirmé que l’efficacité de la lutte contre la pauvreté ne pouvait être garantie qu’en accompagnant les programmes d’assistance et d’aide aux plus démunis par des emplois durables.  Il a aussi estimé que le travail décent était un gage de stabilité et de sécurité pour les citoyens, arguant que la paix dans le monde passait par une meilleure situation économique internationale et la coopération entre pays développés et pays en développement.  Par ailleurs, il a déclaré que la promotion du plein-emploi était une priorité absolue du Gouvernement de la Tunisie, particulièrement au profit des jeunes et des femmes.  Il a fait valoir que la Tunisie s’était attelée, dans le cadre d’un vaste programme de réformes sociales et économiques, à mettre tout en œuvre pour créer un plus grand nombre d’emplois et a cité les initiatives du Fonds de solidarité national ou du Fonds national pour l’emploi qui visent cet objectif.  Il a déclaré que le capital humain était une des plus grandes richesses du pays afin d’augmenter la croissance et parvenir aux OMD.  Le représentant a, en outre, fait valoir que le pays avait multiplié les régimes de couverture sociale, notamment en faveur des catégories professionnelles à revenu limité dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche.  Enfin, soulignant la difficulté pour certains pays de parvenir à l’objectif du travail décent, il a estimé que si les problèmes étaient spécifiques à chaque pays, les solutions devaient être le fruit d’une coopération de tous les intervenants de la communauté internationale. 


Mme CLOTILDE FERRY (Monaco) a rappelé qu’alors que le rapport du Secrétaire général indique une réduction du taux de chômage dans les pays développés, qui est passé de 7,8% en 1995 à 6,7% en 2005, à Monaco, ce taux se maintient depuis plusieurs années à 0,9%.  Dans de nombreux pays en développement, a-t-il poursuivi, la promotion de l’accès aux ressources financières, notamment en faveur des femmes indigentes, a eu un effet important dans la lutte contre la pauvreté.  Comme l’indique le rapport du Secrétaire général, la promotion du microfinancement est désormais considérée comme une stratégie efficace de réduction de la pauvreté, de promotion de l’emploi et de création de revenus.  Le représentant a ainsi fait savoir que la Principauté de Monaco avait mis en place, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la création de caisses locales de microcrédit, dont les femmes bénéficient en leur permettant de développer leurs activités, comme la vente au détail, le maraichage et la couture.


M. ABDAMAHMOUD (Soudan) a constaté que l’Afrique souffrait du taux le plus élevé de chômage au monde, comme le souligne le rapport du Secrétaire général sur le plein-emploi.  Il a estimé que le thème du plein-emploi et d’un travail décent englobait les politiques économiques et sociales qui devraient être complémentaires.  Il a affirmé qu’au Soudan, l’Accord de paix global, l’Accord d’Abuja ainsi que les efforts déployés pour achever la réconciliation nationale avaient constitué une base pour œuvrer en faveur du progrès économique.  Selon lui, le plus important est de reconstruire les zones détruites par la guerre afin d’assurer l’insertion des communautés de base dans ces régions.  À cet égard, il a noté les mesures prises dans ce domaine, mettant en avant la création d’un Fonds de développement social de 50 millions de dollars pour répondre aux besoins urgents de ces communautés.  Il a fait valoir que 200 villages avaient bénéficié de plus de 728 projets dans les domaines de l’éducation de base, de la santé, de l’accès à l’eau potable et à l’électricité.  Certains projets visent aussi la promotion de la jeunesse et de la femme, a-t-il ajouté.  Il a toutefois noté que malgré ces efforts, une coordination entre les politiques macroéconomiques était nécessaire pour parvenir aux objectifs de développement social.


M. OLA BREVIK (Norvège) a noté que la décennie écoulée avait été marquée par une mondialisation croissante de l’économie et la hausse du taux de chômage international.  Nous devons corriger cet effet pervers de la mondialisation, en rééquilibrant le partage des richesses entre riches et pauvres et en donnant une chance à tous les groupes sociaux, sans considération d’âge ou d’origine ethnique.  Le représentant a indiqué que cette nécessité était plus impérieuse à un moment où le marché du travail ne connaît plus de frontière et s’appuie de plus en plus sur une force de travail migrante.  Il a, par ailleurs, insisté sur la nécessité d’accompagner les différentes transitions du cycle social et professionnel de mesures plus souples.  Ce qu’il faut, c’est doter les ressources humaines d’une plus grande capacité d’adaptation à ces fluctuations.  Pour le représentant, la priorité au niveau des politiques nationales doit être donnée à la formation aux nouvelles technologies et à l’égalité des chances pour l’accès à un emploi décent.


M. ALDO MANTOVANI (Italie) a expliqué que son Gouvernement avait fixé comme objectif l’augmentation du taux d’emploi, tout en réduisant les disparités régionales dans ce domaine.  La qualité de l’emploi signifie non seulement la création de postes dans des secteurs prometteurs en termes de croissance, mais aussi l’adaptation du travail aux besoins individuels.  Le représentant a indiqué qu’à cette fin, avait été adopté un Pacte de solidarité entre les générations, selon lequel les volontaires italiens ayant atteint l’âge de 55 ans pouvaient décider de continuer leur travail à mi-temps seulement, afin que les heures qu’ils libèrent permettent d’employer des chômeurs à mi-temps.  Dans un même temps, l’Italie est en train d’étudier des mesures qui permettraient de faire bénéficier les employés non salariés de congés maladie et maternité.  Cette nouvelle approche a été présentée à l’Union européenne pour atteindre les objectifs de Lisbonne en matière de croissance et d’emploi, a ajouté M. Mantovani.  Nous sommes en faveur d’un travail décent dans le cadre de la mondialisation, en conciliant la souplesse nécessaire à la vie des affaires et la protection des droits fondamentaux des travailleurs.  Le représentant a aussi souligné la nécessité de promouvoir un modèle social qui soit soucieux de l’intégration de tous les citoyens, y compris des travailleurs migrants.


M. NIRUPAM SEN (Inde) a reconnu que la mondialisation inspirait des craintes, car l’environnement qu’elle crée est source d’instabilité et de précarité.  Dans un tel contexte d’évolution sociale et économique rapide, il faudrait, a-t-il préconisé, renforcer les méthodes éducatives dans le domaine des technologies et des compétences de ceux qui envisagent l’expatriation.  Il a expliqué qu’au niveau national, il était désormais acquis qu’un partenariat entre les secteurs public et privé ainsi qu’une sécurité sociale élargie au plus grand nombre étaient indispensables à la croissance et à la création d’emplois décents.  Toutefois, a-t-il dit, des obstacles au développement du commerce demeurent, en particulier l’imposition aux pays du tiers-monde de barrières tarifaires qui entravent leur économie et la création durable de richesses.  Dans le domaine agricole notamment, la destruction des emplois résulte de l’impossibilité pour les exploitants du Sud de rivaliser à armes égales avec leurs homologues richement subventionnés du Nord.  L’exemple agricole est éloquent et nous demande de réformer en profondeur les modes de gouvernance économique mondiaux, conformément à la résolution 61/16 de l’Assemblée générale qui a donné mandat au Conseil économique et social (ECOSOC) d’examiner de manière régulière l’état des stratégies engagées à ce niveau.  


Mme YOUSRIA BERRAH (Algérie) a souligné la nature intégrative du travail et le caractère varié et multiple des approches sur le plein emploi et le travail décent.  L’Algérie, a-t-elle affirmé, a fait de la croissance un facteur de création d’emplois, en injectant annuellement sur le marché du travail 400 000 postes pour atteindre, à l’horizon 2009, l’objectif de 2 millions de nouveaux emplois.  Cet effort s’est accompagné d’un aménagement des textes régissant le travail dans le but de les rendre compatibles avec la réalité du terrain et en adéquation avec le développement économique et social, les exigences de justice sociale et les engagements internationaux, y compris en matière de lutte contre la discrimination et le travail des enfants. 


L’action du Gouvernement d’Algérie s’articule autour de quatre axes, a précisé la représentante, en citant le programme de soutien à l’emploi des jeunes de 19 à 35 ans; celui de l’aide à la création d’emplois pour les chômeurs âgés de 35 à 50 ans; celui des contrats pré-emplois pour les diplômés; et le dispositif de microcrédit destiné aux femmes au foyer.  En conséquence, le taux de chômage est passé de 17,7% en 2004 à 12,3% en 2006.  La représentante a conclu en reconnaissant la responsabilité première des gouvernements nationaux avant de souligner néanmoins l’importance de la coopération internationale qui doit mener à la création d’un environnement propice à l’investissement, à la liberté de circulation des capitaux, des connaissances et des personnes ainsi qu’à la mise en place d’un système commercial équitable.


M. DARIO VIVAS (Venezuela) a fait valoir que son pays plaçait la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale au cœur de son processus révolutionnaire.  Toutefois, il a affirmé que ces objectifs demeureraient impossibles dans le monde à réaliser tant que le modèle économique dominant ne placerait pas l’être humain au centre des priorités.  Il a souligné que son pays s’attachait à l’inclusion sociale productive en rendant au peuple les possibilités de générer de la richesse par l’emploi productif et le développement de son potentiel.  Le travail est un droit fondamental qui permet l’épanouissement de la personne et d’une société intégrée, a-t-il poursuivi.  Il a déclaré qu’il était du devoir de l’État de garantir ces conditions qui mettent en avant l’humain et non les marchés et les capitaux.  Le représentant a ainsi précisé que le droit à une véritable dignité au travail était inscrit dans la Constitution du pays.  En outre, il a indiqué que la sécurité sociale était de garantir des conditions de vie dignes pendant et après la vie active et que la protection du travailleur devait privilégier la personne et non pas l’entreprise.  Il a enfin assuré qu’en plaçant l’être humain au cœur de toutes ses politiques et en assurant un programme continu et intégré, le Gouvernement du Venezuela avait réussi à réduire le chômage de 8,4% en décembre 2006.  Il s’est dit convaincu que l’expérience du Venezuela pouvait servir d’autres pays du Sud.


M. HERALDO MUÑOZ (Chili) a déclaré que la promotion du travail décent était, avec le renforcement du système de protection sociale, une priorité de l’agenda social de son pays.  Il a argué que cet objectif nécessitait le respect des normes internationales de travail et l’élaboration de politiques publiques ciblées.  Il s’est dit convaincu que la mondialisation économique devait aller de paire avec la mondialisation des normes et conditions qui assurent la création d’emplois.  Par ailleurs, il a fait valoir que les accords commerciaux bilatéraux du Chili et ceux souscrits avec le Canada, les États-Unis et l’Union européenne contenaient des clauses sur le respect des droits du travail reconnus internationalement.  Au plan national, il a souligné l’entrée en vigueur d’une loi sur la sous-traitance afin de protéger les travailleurs très vulnérables de ce secteur.  Il a en outre fait part des efforts du pays pour une participation plus active des femmes au marché de l’emploi et a ainsi cité la loi sur la non-discrimination dans le secteur public qui traite de l’équité entre hommes et femmes pour ce qui est du recrutement, de la rémunération, de la promotion et de la formation professionnelle.  Enfin, il a indiqué que son pays s’employait à une réforme de son système de sécurité sociale, notamment pour augmenter la couverture offerte aux travailleurs indépendants, et à garantir l’égalité entre hommes et femmes notamment. 


M. SHIN DONG-IK (République de Corée) a jugé que pour corriger les effets pervers de la mondialisation, les Nations Unies, l’Organisation internationale du Travail (OIT), les autres institutions et la société civile avaient apporté des contributions significatives, ce dont rendent compte les résultats obtenus lors de la quarante-quatrième session de la Commission.  Le représentant a noté que désormais, il était largement admis que l’éradication de la pauvreté passe par la promotion du plein-emploi et la création d’emplois décents pour tous.  Il a ensuite expliqué que les autorités de son pays misaient sur une formation renforcée des jeunes, en particulier dans les secteurs les plus porteurs de l’économie sud-coréenne.  Cette adaptation structurelle est l’un des principaux défis de notre époque, à un moment où le marché du travail n’a jamais été aussi changeant et flexible.  Au lendemain de la crise asiatique de 1997, nos gouvernements ont mis sur pied des politiques nationales d’emploi en rapport avec la Stratégie de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de 1994.  Celle-ci recommandait déjà de mettre l’accent sur la qualité des emplois offerts, en notant les relations entre emploi décent et dynamisme d’autres secteurs d’activité comme le logement, l’éducation et la santé.  Le représentant a ajouté que l’une des priorités du Gouvernement de son pays était de doter les travailleurs subissant de plein fouet la précarisation de droits renforcés qui facilitent leur mobilité sur le marché de l’emploi. 


M. MUHAMMAD ALI SORCAR (Bangladesh) a déclaré que son Gouvernement s’attachait à encourager la participation économique des groupes les plus vulnérables, en particulier les femmes.  L’éducation, a-t-il dit, est l’une des conditions sine qua non pour la création d’emplois décents pour tous.  Dans le cas des femmes, une allocation budgétaire spéciale est réservée à la formation, tandis que 6% des fonctionnaires gouvernementaux sont recrutés au sein de la population que forment les personnes handicapées, ces dernières bénéficiant, en outre, de taux préférentiels lorsqu’elles contractent un prêt.  Le représentant a ajouté que les mesures sociales avaient permis une amélioration notable du bien-être des citoyens du Bangladesh.  Notre pays, a-t-il dit, a tiré un bénéfice significatif des microcrédits et de la formation des employés de l’économie informelle.  Le représentant a toutefois ajouté que de nombreux défis devaient être encore relevés pour atteindre l’objectif d’assurer un emploi décent pour tous, en particulier pour les jeunes et les migrants.  En dépit des ressources allouées, le sous-emploi des jeunes reste une source majeure d’inquiétude.  C’est pourquoi, nos stratégies reposent sur la formation accélérée aux nouvelles technologies et aux méthodes de gestion administratives de cette force de travail potentielle, ainsi que sur l’aide aux plus dynamiques par le biais de microcrédits.  En outre, a encore dit le représentant, le Ministère de la jeunesse et des sports chapeaute un réseau de clubs qui assure la promotion des valeurs du travail et de la solidarité. 


M. CARLOS SUÁREZ (Colombie) a souligné que les actions pour promouvoir l’emploi étaient essentielles pour parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et du développement durable.  Il a affirmé que son pays s’était employé à redoubler d’efforts dans ce domaine depuis le Sommet mondial sur le développement social.  Il a insisté sur la nécessité de faire bénéficier toute personne de la croissance économique, particulièrement les plus pauvres et les plus vulnérables.  Il a rappelé que la pauvreté avait atteint 58% de la population en 2000 et que le taux de chômage s’élevait à près de 20% dans les viles.  Le représentant a aussi noté que, pour faire face à cette situation, des politiques avaient été lancées en 2003 avec des résultats très positifs en trois ans, notamment l’augmentation de la croissance à 5% par an, des records d’investissements étrangers et la baisse du chômage à 12% au niveau national.  Le représentant a estimé que cela était le résultat de mesures cohérentes et complémentaires dans les domaines social et économique du pays, avec des efforts fournis dans les secteurs macroéconomiques comme la finance, mais aussi dans ceux de l’éducation, du développement rural et des services publics.  Par ailleurs, il a souligné l’importance d’élaborer des programmes pour l’insertion de groupes spécifiques et a cité les actions entreprises en faveur des jeunes et des femmes ou encore des personnes déplacées ou anciens membres de groupes violents.  Il a aussi affirmé que le pays soutenait le développement des micro, petites et moyennes entreprises pour créer des emplois et réduire la taille du secteur informel.  Enfin, il a mis l’accent sur l’accès et la qualité de l’éducation afin de combler les lacunes entre compétences des travailleurs et exigences des employeurs. 


M. ABDULKADER AHMED SAEED ALSUBEIHI (Yémen) a indiqué que sa délégation avait examiné avec attention le rapport du Secrétaire général sur la promotion du plein-emploi.  Il a noté que les efforts fournis par les États Membres sous l’égide de l’ONU étaient freinés par de nombreux obstacles.  La pauvreté, la famine et le chômage imposent ainsi un fardeau supplémentaire aux pays en développement, le fossé entre riches et pauvres n’ayant eu de cesse de se creuse depuis 10 ans.  Le représentant a jugé que la promotion du plein-emploi requérait une réelle égalité des chances, soutenue par des transferts accrus de technologies et l’ouverture des marchés du Nord aux produits du Sud.  Dans ce cadre, a-t-il dit, il est crucial pour les pays en développant d’améliorer leurs méthodes de bonne gouvernance en luttant contre la corruption sapant la mise en œuvre des stratégies d’emploi décent pour tous.  Enfin, le représentant a encouragé une mobilisation tournée vers la formation et l’enseignement gratuits. Pour le Yémen, il convient d’éradiquer l’analphabétisme des 15-40 ans pour permettre à cette tranche d’âge dynamique d’accéder aux emplois du secteur tertiaire.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.