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SG/SM/11175-AG/10619

« LE DEFI SANS PRECEDENT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES APPELLE UNE REPONSE SANS PRECEDENT » DE LA PART DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE, DECLARE BAN KI-MOON

24/09/2007
Secrétaire généralSG/SM/11175
AG/10619
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« LE DEFI SANS PRECEDENT DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES APPELLE UNE REPONSE SANS PRECEDENT » DE LA PART DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE, DECLARE BAN KI-MOON


Nous devons obtenir un progrès décisif à la Conférence de Bali

pour parvenir à un accord d’ici à 2012, à l’expiration du Protocole de Kyoto


On trouvera ci-après le texte intégral du discours du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à la Réunion de haut niveau sur les changements climatiques, le 24 septembre:


C’est il y a 20 ans, ici même dans cette salle, que les changements climatiques ont fait leur apparition à l’ordre du jour politique du monde.  Proposé par un pays insulaire, Malte, le sujet, qui n’a rien perdu de sa force d’évocation, est la « protection du climat mondial pour les générations actuelles et à venir ».


Il s’est passé bien des choses depuis lors.  Mais la tâche fondamentale demeure inchangée, et n’a fait que gagner en urgence.  Je suis pour ma part convaincu que les changements climatiques, et notre réaction, seront ce qui nous définira nous, définira notre ère, et définira finalement ce que nous laisserons aux générations futures.


Aujourd’hui, l’heure des doutes est passée.  Le Groupe d’experts intergouvernemental des Nations Unies sur l’évolution du climat a confirmé sans la moindre ambiguïté le réchauffement de notre système climatique, et l’a lié directement à l’activité humaine.


Les scientifiques ont délimité très clairement la gravité du problème.  Leur message est très simple:


•     Nous en savons assez pour agir;


•     Si nous n’agissons pas maintenant, l’impact des changements climatiques sera dévastateur;


•     Nous disposons de mesures et de technologies d’un coût abordable qui nous permettent de nous attaquer à ce problème dès maintenant.


Seulement, le temps nous est compté.  Le moment d’agir est venu.


C’est pour cela que je vous ai invités, vous les dirigeants du monde, à vous joindre à moi pour cette réunion de haut niveau sur les changements climatiques. 


Le défi sans précédent des changements climatiques appelle une réponse sans précédent.  Et exige un sens des responsabilités sans précédent.  Le sens des responsabilités qu’il faut pour fixer des orientations nouvelles.  Votre sens des responsabilités.


Je suis heureux que vous ayez été si nombreux à venir à cette manifestation.  Votre présence ici me dit que vous partagez mon inquiétude.  Et que vous êtes prêts à agir.


Les effets des changements climatiques sont ressentis aujourd’hui partout dans le monde.  Mais ce sont ceux qui sont le plus démunis face à eux qui les ressentent le plus.  Il est terriblement ironique pour nombre de pays en développement que ce sont eux, qui ont contribué le moins à l’évolution du climat, qui sont le plus menacés par ses conséquences.  Pour certains pays et peuples insulaires, c’est une question de survie.  L’impératif moral ne saurait être plus clair. 


Partout, les changements climatiques menacent gravement le développement.  Leurs conséquences néfastes pourraient en fait compromettre gravement tout ce que nous avons fait pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement. 


Mais ce n’est pas là un jeu à somme nulle.  Avec de l’imagination, nous pouvons réduire les émissions tout en stimulant la croissance économique.  C’est pour nous l’occasion de faire progresser le développement durable, l’occasion d’encourager de nouveaux types de technologies, d’industries et d’emplois plus propres, et l’occasion d’intégrer aux politiques et aux pratiques nationales les risques associés aux changements climatiques. 


Ce qui doit régler nos actions, c’est la réalité – le fait que si nous choisissons maintenant l’inaction, ce sera de toutes les options la plus coûteuse à terme.


L’action nationale doit être au centre de notre réaction aux changements climatiques, et elle doit être emmenée par les pays industrialisés.  Quinze ans ont passé depuis qu’à Rio, la dernière main a été mise à la Convention-cadre sur les changements climatiques.  Il y a 10 ans qu’a été adopté le Protocole de Kyoto.  Pourtant les émissions de la plupart des pays industrialisés continuent à augmenter.  Et leurs émissions par habitant restent beaucoup trop fortes pour être acceptables.  Parallèlement, le soutien à l’adaptation des pays pauvres est resté bien en deçà de ce qu’il devrait être.


Face à ces lacunes, il faut le concours de tous les pays et de tous les secteurs de la société, société civile et milieux d’affaires comme pouvoirs publics régionaux et locaux.  C’est pour cela que j’ai invité leurs représentants à se joindre à nous aujourd’hui, et à nous faire part de leurs idées et de leurs expériences.  Il faudra la participation de tous les secteurs pour que les émissions cessent d’augmenter dans les 10 à 15 années à venir, pour diminuer fortement ensuite, comme indiqué par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.


Mais la nature et l’ampleur du problème sont telles que l’action nationale ne suffit pas.  Aucun pays ne peut suffire seul à la tâche.  Aucune région ne peut se mettre à l’abri de ces changements climatiques.  C’est pour cela qu’il nous faut nous y attaquer dans un cadre mondial, de manière à garantir le plus haut niveau de coopération internationale.


C’est là précisément le type de défi mondial auquel l’ONU est le mieux à même de répondre.  Je trouve très encourageant de constater qu’il est universellement reconnu que les Nations Unies offrent le meilleur cadre pour négocier des mesures d’ampleur mondiale face aux changements climatiques.  Je n’en suis pas moins déconcerté, comme beaucoup, par la lenteur du progrès de ces négociations.


Notre réunion est une occasion de donner une impulsion politique à ce processus.  Les négociations cruciales qui auront lieu à Bali en décembre au titre de la Convention-cadre sont toutes proches.  Il nous faut planter le décor pour un accord complet qui attaque les changements climatiques sur tous les fronts : adaptation, émissions, déboisement, technologies propres, mobilisation des ressources, etc.  Nous devons parvenir à un accord le plus vite possible, de manière qu’une politique mondiale soit en place pour 2012, année où prend fin la première période d’engagement du Protocole de Kyoto.  Notre but doit être d’obtenir un progrès véritablement décisif à Bali.


Les paramètres essentiels d’un cadre mondial sont de plus en plus clairs.  Ce sont:


–                    Une responsabilité plus active des pays industrialisés pour la réduction des émissions;


–     Des incitations à l’action pour les pays en développement, sans toutefois qu’ils aient à sacrifier la croissance économique ou la réduction de la pauvreté, dans le respect intégral du principe des responsabilités communes mais différenciées;


–     Un soutien fortement accru à l’adaptation dans les pays en développement, surtout pour les pays les moins avancés et les petits pays insulaires en développement;


–     Un renforcement de l’innovation et de la diffusion des technologies; et


–     De nouvelles formules de financement, avec en particulier une meilleure utilisation des possibilités offertes par le marché.


Notre tâche immédiate est de transformer notre inquiétude commune en un consensus nouveau sur la voie à suivre, ce que nous ferons à Bali en décembre.  Le succès ou l’échec seront fonction du sens des responsabilités et de la détermination que manifesteront ceux qui se trouvent dans cette salle aujourd’hui.


Unis par notre intérêt commun à réaliser les objectifs du développement durable, aspirant à mener une vie comblée dans un environnement sain et productif, assignés par le destin à la sauvegarde de la planète Terre, nous tenons aujourd’hui l’avenir entre nos mains.  Ensemble, nous devons faire en sorte que nos petits-enfants n’aient jamais à demander pourquoi nous n’avons pas fait ce qu’il fallait et les avons laissés subir les conséquences de notre inaction.


Lançons donc un signal clair et unanime à tous les habitants du monde.  Faites savoir aujourd’hui que vous êtes prêts à assumer cette responsabilité et que vous relèverez franchement le défi.


Je vous remercie beaucoup.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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