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CS/9189

JOHN HOLMES ATTIRE L’ATTENTION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ SUR LA DÉTÉRIORATION DE LA SITUATION HUMANITAIRE EN ÉTHIOPIE, AU DARFOUR ET EN SOMALIE

6/12/2007
Conseil de sécuritéCS/9189
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5792e séance – matin


JOHN HOLMES ATTIRE L’ATTENTION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ SUR LA DÉTÉRIORATION DE LA SITUATION HUMANITAIRE EN ÉTHIOPIE, AU DARFOUR ET EN SOMALIE


De retour d’une visite qu’il a effectuée en Éthiopie, au Soudan et en Somalie, du 26 novembre au 4 décembre, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence a déclaré ce matin aux 15 membres du Conseil de sécurité qu’il existait une menace de crise humanitaire grave et de violations des droits de l’homme dans la zone frontalière entre l’Éthiopie et la Somalie.  M. John Holmes a aussi attiré l’attention du Conseil sur la poursuite des attaques contre la population civile et le personnel humanitaire au Darfour ainsi que sur les déplacements massifs de la population de Mogadishu. 


La région d’Ogaden est en proie à un conflit entre les forces gouvernementales et le Front de libération de l’Ogaden qui, s’étant intensifié en 2007, risque de plonger dans la famine une bonne partie des 4,5 millions personnes qui y vivent.  Les opérations militaires, a souligné M. Holmes, ont limité drastiquement le commerce des produits alimentaires dont dépendent quelque 1,4 million de personnes. 


Le Coordonnateur des secours d’urgence s’est donc félicité, avec les membres du Conseil, de ce que les autorités éthiopiennes aient autorisé l’ouverture de deux bureaux de l’ONU dans les zones militaires ainsi que l’installation de 18 ONG.  Mais il faut faire plus, a dit M. Holmes, en indiquant qu’il a appelé le Gouvernement éthiopien à faciliter l’accès des agents humanitaires, dont les camions du Programme alimentaire mondial (PAM), et à créer un forum de coordination de haut niveau avec la communauté humanitaire.  De nombreux membres du Conseil ont en outre appuyé la demande du Coordonnateur des secours d’urgence visant à ce que le Gouvernement éthiopien lance des enquêtes indépendantes sur les violations des droits de l’homme.


Au Soudan où il est allé évaluer la mise en œuvre du Communiqué conjoint sur la facilitation d’une assistance humanitaire fournie par quelque 13 000 agents, M. Holmes a reçu les assurances du Gouvernement quant à la reconduction du « Moratoire sur l’action humanitaire » qui expire le 30 janvier 2008.  Cette année, a-t-il indiqué, près de 280 000 civils ont été forcés à rejoindre des camps de personnes déplacées déjà surpeuplés.  Sur une population de 4,2 millions de personnes, le Darfour compte désormais 2,4 millions de personnes déplacées.  M. Holmes a annoncé que pour 2008, le Plan de travail pour le Soudan est chiffré à 825 millions de dollars.


Après son exposé, les membres du Conseil de sécurité ont dénoncé l’expulsion d’un responsable du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et souligné que la paix passe par le déploiement rapide de la Force hybride ONU-Union africaine autorisée par la résolution 1769 du 30 juillet 2007.  Mais pour qu’elle soit effectivement en mesure de remplir son mandat de protection des civils, cette opération doit disposer des moyens robustes qu’ont prévu de déployer les deux organisations, a prévenu le représentant de la France après que son homologue des États-Unis eut demandé la liste des futurs pays contributeurs de troupes. 


Les membres du Conseil ont aussi lancé un appel pour que tous les protagonistes rejoignent le processus de Syrte sur les pourparlers de paix; la représentante du Royaume-Uni soulignant l’importance d’une implication effective de la société civile et des ONG.  Son homologue de la Belgique s’est inquiété de la résurgence de la violence à la frontière avec le Tchad, en jugeant qu’il s’agit d’un autre facteur d’insécurité dans une région où la force européenne (EUFOR) est amenée à se déployer dans le cadre la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), créée par la résolution 1778 du 25 septembre 2007.  Il ne peut s’agir d’un nouveau prétexte pour compliquer le retour des réfugiés, a-t-il averti.


La situation en Somalie a incité le représentant de l’Afrique du Sud à lancer un cri d’alarme et à exhorter le Conseil à envisager la création d’une opération dans le pays où est déployée la Mission de l’Union africaine (AMISOM).  La communauté internationale ne peut abandonner la Somalie à son triste sort, a plaidé le représentant sud-africain avant que celui du Panama ne souligne que c’est la crédibilité du Conseil qui est en jeu.


Quelque 600 000 personnes ont quitté Mogadishu et 230 000 d’entre elles ont fait de la ville d’Afgooye, le plus grand camp de personnes déplacées au monde.  Avec le Premier Ministre nouvellement élu, M. Holmes a discuté des moyens de rétablir la confiance entre le Gouvernement fédéral de transition et la communauté humanitaire dont l’assistance à quelque 1,5 million de personnes est chiffrée à 400 millions de dollars en 2008 contre 300 millions l’année précédente. 


Nous devons, a reconnu le Président du Conseil de sécurité pour le mois de décembre et Représentant permanent de l’Italie, tirer des conclusions opérationnelles mieux ciblées car il est clair qu’il faut accorder davantage d’attention à la Somalie.  La situation est difficile, a-t-il estimé, parce qu’il faut assurer un impact plus fort sur le terrain et répondre aux accusations de sélectivité que lancent régulièrement la société civile et les ONG au Conseil de sécurité.  Le représentant de la France a annoncé que l’accompagnement militaire des navires affrétés par le PAM qu’assure la Marine française se poursuivra jusqu’au 16 janvier.  


EXPOSÉ DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES HUMANITAIRES ET COORDONNATEUR DES SECOURS D’URGENCE


M. JOHN HOLMES, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué qu’il s’est rendu en Éthiopie pour évaluer la situation humanitaire dans la région d’Ogaden et discuter avec le Gouvernement des craintes d’une grave crise humanitaire.  S’il n’a pas accepté l’analyse de l’Équipe des Nations Unies, le Gouvernement a néanmoins accepté de mettre en œuvre ses recommandations, en particulier celles concernant le commerce et l’aide alimentaire.  Après des négociations intenses, le Gouvernement a permis l’ouverture de deux bureaux de l’ONU dans les zones militaires.  Aujourd’hui, quelque 18 ONG travaillent dans la zone militaire. 


À Addis-Abeba, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, le Gouvernement a estimé que les problèmes humanitaires sont largement exagérés.  Heureusement, s’est réjoui John Holmes, le Premier Ministre a assuré que son gouvernement répondra à toute crise.  Sur cette base, le Secrétaire général adjoint lui a demandé d’ouvrir l’accès humanitaire, d’accélérer les efforts de secours et de permettre à davantage d’ONG d’opérer dans la zone militaire.  Il leur a aussi demandé de permettre aux convois du Programme alimentaire mondial (PAM) de pénétrer dans les zones les plus sûres sans escorte militaire.  Au Gouvernement local, M. Holmes a demandé de reprendre le travail, en particulier dans le secteur de la santé et d’établir un forum de coordination de haut niveau avec la communauté humanitaire.


Même si nous ne sommes pas tombés d’accord avec les autorités, nous avons été en mesure de faire certains progrès pour ce qui est de l’accès et de la présence sur le terrain, a affirmé le Secrétaire général adjoint, en admettant qu’il reste encore beaucoup à faire.  Il a espéré qu’un dialogue politique pourra commencer prochainement et a encouragé la communauté internationale, en particulier les membres du Conseil, à surveiller la situation sur le terrain et à y encourager des progrès politiques.


Venant à la situation au Soudan, M. Holmes a rappelé que l’objet de sa visite était la mise en œuvre du Communiqué conjoint sur la facilitation de l’assistance humanitaire signé en mars dernier.  L’objectif était aussi d’évaluer la situation humanitaire sur le terrain.  Aujourd’hui, 13 000 travailleurs humanitaires opèrent au Darfour pour venir en aide à quelque 4,2 millions de personnes touchées par le conflit, dont 2,4 millions de personnes déplacées.  La situation continue de se détériorer, a-t-il indiqué en se déclarant préoccupé par les restrictions de mouvement, la violence contre les civils et le personnel humanitaire et le manque de respect des principes humanitaires par toutes les parties au conflit.


Des problèmes persistent aussi pour ce qui est de l’octroi des visas d’entrée et de sortie pour les travailleurs humanitaires et du dédouanement du matériel humanitaire.  M. Holmes s’est donc félicité des assurances qu’il a reçues des autorités soudanaises concernant le renouvellement des procédures simplifiées qui expirent le 31 janvier 2008.  Cette année, près de 280 000 civils ont fui la violence vers des camps de personnes déplacées déjà surpeuplés.  Le Secrétaire général adjoint s’est inquiété du refus des autorités nationales d’autoriser l’accès à certaines zones dont Adilla et Jebel Marra où des dizaines de milliers de civils ont besoin d’aide.  L’accès aux camps situés près de Nyala dans le Sud-Darfour a parfois été limité, a-t-il encore dénoncé. 


Les attaques contre le personnel humanitaire continuent à un niveau sans précédent.  Leurs responsables sont souvent difficiles à identifier mais il semble qu’ils appartiennent principalement aux groupes rebelles et aux éléments du SLA-Minni Minawi.  Pendant ses entretiens avec le Gouvernement, le Secrétaire général adjoint s’est souvent entendu dire que certains agents humanitaires s’adonnent à des activités inappropriées.  Il a dû souligner que la défense des droits des civils et du respect du droit international humanitaire est un élément fondamental de l’action humanitaire.  Il a demandé au Gouvernement d’utiliser le Comité de haut niveau comme un forum pour discuter des préoccupations plutôt que de recourir à des actions unilatérales comme l’expulsion du Chef du bureau d’OCHA dans le sud-Darfour. 


Le retour et la réinstallation des personnes déplacées est un problème très sensible, a-t-il reconnu, en indiquant que certains retours volontaires ont eu lieu mais que les conditions nécessaires à un retour massif n’existe pas encore.  Un autre problème clef est la présence d’armes dans certains camps, a-t-il ajouté, en se félicitant des discussions constructives entre le Gouvernement du Sud-Soudan et la Mission de l’Union africaine pour s’attaquer à ce problème. 


Le Secrétaire général adjoint a annoncé que le Plan de travail 2008 pour le Soudan se chiffrera à 825 millions de dollars pour les besoins humanitaires et les activités de reconstruction au Darfour.  M. Holmes a rappelé que même s’il ne s’était pas déplacé à Juba lors de sa mission, il y avait des opérations humanitaires significatives dans le Sud.


M. Holmes a indiqué qu’il s’était également rendu en Somalie, son deuxième voyage dans ce pays cette année.  Il s’est notamment rendu dans la zone où a trouvé refuge une grande partie de la population qui a fui la capitale.  Quelque 230 000 personnes vivent sur une portion de route longue de 15 kilomètres entre Mogadishu et la petite ville d’Afgooye et il s’agit probablement du plus grand groupe de personnes déplacées au monde aujourd’hui, a-t-il dit.  À quelques exceptions près, a souligné M. Holmes, les travailleurs humanitaires internationaux ne sont pas en mesure de travailler dans la région en raison des problèmes liés à la sécurité.


M. Holmes s’est dit préoccupé par la situation des centaines de milliers personnes déplacées de Mogadishu, qui sont dispersées au sud et au centre de la Somalie, ainsi que par la situation des gens qui sont restés à Mogadishu.  Il a indiqué qu’il avait rencontré le nouveau Premier Ministre Nur Hassan Hussein à Baidoa.


Dans ce contexte, M. Holmes a estimé qu’il fallait augmenter les efforts d’aide d’urgence, estimant que 1,5 million de personnes étaient dans le besoin.  Il a lancé un appel aux donateurs, aux institutions internationales et aux organisations non gouvernementales de renforcer leur présence et les ressources consacrées à la situation humanitaire en Somalie.  Il a rappelé qu’il avait demandé 300 millions de dollars en 2007.  Pour 2008, il a jugé nécessaire de prévoir des ressources d’au moins 400 millions de dollars.  Il a estimé que la communauté internationale avait la responsabilité de ne pas abandonner les Somaliens et s’est dit extrêmement préoccupé par la situation humanitaire dans les trois régions qu’il a visitées.



Déclarations


M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a exprimé sa préoccupation face à la situation en Somalie qui ne semble pas s’améliorer, comme en attestent les 230 000 personnes déplacées.  Il a espéré que le Conseil examinera bientôt l’éventualité d’une opération de paix dans le pays.  La communauté internationale ne peut abandonner la Somalie à son triste sort et le Conseil doit essayer de trouver une solution plus déterminée, a insisté le représentant.  Venant à la situation au Darfour, un autre défi de la communauté internationale, il a souligné la nécessité de travailler ensemble, -Gouvernement soudanais, Union africaine et ONU- afin de déployer la MINUAD le plus vite possible.  Elle doit être suffisamment robuste pour pouvoir protéger les personnes dans les camps et le personnel humanitaire, a conclu le représentant.


M. VLADIMIR SAFRONKOV (Fédération de Russie) a dit partager la préoccupation du Secrétariat de l’ONU face à la dégradation de la situation humanitaire dans les régions qu’il a citées.  Concernant la Somalie, il a relevé la forte augmentation du nombre de personnes déplacées et s’est dit inquiet des obstacles considérables à l’acheminement de l’aide humanitaire.  La sécurité, a-t-il estimé, est un facteur important qui exige le plein déploiement de l’opération de l’Union africaine.  Les soldats de la paix doivent pouvoir intervenir, a-t-il dit.  Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que le Conseil de sécurité devait suivre de près la situation en Somalie.  Il a indiqué que son pays était prêt à examiner les propositions de déploiement de soldats de la paix.  Tout en se déclarant préoccupé par la situation humanitaire au Soudan et surtout au Darfour, le représentant a noté des éléments positifs même si la situation générale reste très inquiétante.  Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que les questions non réglées devaient être traitées le plus rapidement possible pour que les soldats de la paix de l’Union africaine et de l’ONU puissent commencer leur travail.  La situation humanitaire en Somalie et au Soudan a pour point commun le fait que la normalisation de la situation n’est pas possible sans progrès substantiels en matière politique, a-t-il ajouté.  Il s’est dit convaincu que le travail de la communauté internationale doit être dynamique sur les trois volets, politique, maintien de la paix et humanitaire.


M. JORGE VOTO-BERNALES (Pérou) s’est dit également préoccupé par la situation humanitaire en Somalie.   Il s’est dit inquiet par le fait que l’accès de l’aide humanitaire soit au niveau le plus bas et que le personnel humanitaire soit harcelé.  Les institutions de transition doivent garantir l’accès du personnel humanitaire et fournir les garanties pour que l’aide puisse être acheminée aux destinataires, a-t-il dit.  Cette situation compromet les perspectives de régler la longue crise en Somalie, et le Conseil doit se pencher sur cet aspect des choses, a suggéré le représentant.  Il a par ailleurs regretté le manque de progrès au Darfour où il est indispensable que toutes les parties déclarent une cessation des hostilités et permettent l’accès sans entrave de l’aide humanitaire.  L’ampleur et les caractéristiques de la tragédie au Darfour doivent interroger la conscience internationale, a-t-il dit, en refusant que des considérations politiques entrent en jeu lorsqu’il s’agit de sauver des vies humaines et de garantir la dignité des personnes déplacées.  Le Plan de travail qui sera présenté le 11 décembre prochain a besoin pour la mise en œuvre de la coopération des autorités soudanaises.


M. LIU ZHENMIN (Chine) s’est dit très préoccupé par la situation décrite par M. Holmes et a lancé un appel à la communauté internationale pour accroître son aide.  Concernant la corne de l’Afrique, notamment la Somalie, il a estimé que la réaction de la communauté internationale devait être bien ciblée.  Avant tout, il faut un environnement de paix et réaliser une percée dans le processus politique, a-t-il dit.  Ce n’est qu’ainsi qu’on améliorera la situation humanitaire, a-t-il ajouté.  De l’avis de sa délégation, les crises humanitaires sont en dernier ressort une question de développement.  Il faudrait donc avoir une perspective à long terme en matière de développement, ce qui permettra d’éliminer les conflits, a-t-il dit.  Le représentant a félicité l’ONU et les autres organisations de leurs efforts inlassables et a estimé que la communauté internationale devait veiller au renforcement de la coordination avec les pays intéressés.  Il a exhorté la communauté internationale à accorder la même attention à la situation humanitaire en Somalie.  Il a rappelé que la Chine avait intensifié son assistance à certains pays africains et avait participé activement aux efforts humanitaires menés par la communauté internationale en faveur de l’Afrique.  Il a souligné que son pays avait joué un rôle actif pour atténuer la crise humanitaire en Somalie.


La paix est la meilleure garantie contre les crises humanitaires, a dit M. PETER BURIAN (Slovaquie) en exprimant son inquiétude à l’égard de la situation en matière de sécurité au Darfour.  L’assistance humanitaire est essentielle, a-t-il souligné, en faisant remarquer que de vastes régions du Darfour ne soient pas accessibles.  La situation dans les camps pour les personnes déplacées est préoccupante et il est consternant que ces personnes doivent soit rester dans des endroits qui sont la cible d’attaques, soit fuir vers des endroits dépourvus d’aide humanitaire.  Reconnaissant les défis que doivent relever le personnel humanitaire, il a appelé au respect des principes de droit humanitaire.  Il s’est dit encouragé par le Communiqué conjoint de mars dernier tout en soulignant qu’il faut faire davantage pour résoudre les problèmes existants.  Le Gouvernement du Soudan doit redoubler d’efforts, a-t-il insisté en appelant à l’accélération du déploiement de la MINUAD.  Concernant la situation en Somalie, le représentant a demandé au Gouvernement somalien de lever les restrictions imposées à l’accès humanitaires et a attiré son attention sur les actes de piraterie sur la côte somalienne.  Il a par ailleurs appuyé la proposition du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de lancer des enquêtes indépendantes sur les cas de violations des droits de l’homme.   


M. ALFREDO SUESCUM (Panama) a exhorté le Gouvernement éthiopien a enquêté sur les violations aux droits de l’homme commises par des soldats éthiopiens.  Concernant le Darfour, il a relevé que le nombre de personnes déplacées continuait d’augmenter.  Il a jugé nécessaire de tout mettre en œuvre pour surmonter les difficultés administratives qui entravent le déploiement des soldats de la paix.  S’agissant de la Somalie, le représentant a estimé que la situation humanitaire était peut-être celle qui était la plus affligeante.  La communauté internationale et les organismes de secours ont réalisé des progrès importants, a-t-il dit.  C’est pourquoi, il est nécessaire d’agir de manière énergique pour relever les défis, a-t-il souligné.


Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a renouvelé l’amitié de son pays à l’égard du peuple soudanais, en rappelant que le Royaume-Uni est le deuxième donateur bilatéral dans le monde.  Elle a regretté les attaques contre le personnel humanitaire, en admettant que ce sont les rebelles qui en sont les auteurs.  Elle a tout de même partagé les préoccupations concernant l’expulsion du responsable du Bureau d’OCHA par les autorités soudanaises.  Elle a pris note des engagements du Gouvernement soudanais concernant la prorogation des procédures simplifiées pour le personnel humanitaire.  Elle a promis que son pays continuera d’insister pour un déploiement efficace et rapide de la force hybride pour permettant un retour sûr des personnes déplacées.  Passant à la situation en Somalie, elle a rappelé le Gouvernement fédéral de transition à ses responsabilités dans la facilitation de l’assistance humanitaire et le respect du droit international humanitaire.  La représentante a dit attendre avec intérêt l’exposé du Représentant spécial du Secrétaire général pour voir comment régler certains des problèmes signalés aujourd’hui.  Là encore, la représentante a rappelé le statut de son pays comme donateur bilatéral le plus important.  Les progrès dépendront de la situation politique, a-t-elle souligné, avant de commenter la situation en Éthiopie.  Le Gouvernement doit travailler avec l’ONU pour ce qui est de l’accès de l’assistance humanitaire, a-t-elle dit, en se félicitant de l’installation des bureaux des Nations Unies dans les zones militaires et de la création d’une instance de haut niveau dans la région.  Elle a espéré que la date de sa première réunion sera fixée bientôt.


M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a affirmé que la situation humanitaire dans les régions visitées par M. John Holmes nécessitait une attention prioritaire.  Il s’est inquiété de la situation en Éthiopie, en particulier dans la région d’Ogaden, rappelant qu’il était important d’éviter les pertes en vies humaines parmi la population civile au cours du processus de stabilisation de la région.  S’agissant du Darfour, il s’est dit préoccupé par la violence et les déplacements.  Il s’est dit troublé par le fait, qu’en octobre, plus de 30 000 civils aient été déplacés par la violence entre les parties au Darfour et que les travailleurs humanitaires continuaient à être attaqués et même tués.  Il a jugé inacceptable que des véhicules humanitaires soient attaqués -128 cette année et 13 pour le seul mois de novembre- et utilisé directement ou indirectement pour prolonger le conflit.  Il a exhorté toutes les parties à coopérer avec les Nations Unies et les autres acteurs impliqués dans les efforts humanitaires.  Arguant que le Communiqué conjoint sur la facilitation de l’assistance humanitaire signé en mars dernier, entre le Gouvernement du Soudan et le Secrétariat, s’était révélé comme un bon mécanisme pour répondre aux inquiétudes humanitaires, il a souligné la nécessité de poursuivre un dialogue constructif avec le Gouvernement pour garantir une assistance au Darfour.  S’agissant de la Somalie, M. Natalegawa a constaté, avec regret, que ce pays faisait face à sa pire crise humanitaire depuis des années.  Il a estimé que la situation était, sous plusieurs aspects, pire qu’au Darfour en raison de l’impossibilité d’atteindre les populations ayant besoin d’une assistance humanitaire.  Enfin, il a rappelé que ces conflits étaient le résultat d’une incapacité à résoudre des problèmes politiques sans faire usage de la force.  L’assistance humanitaire est comme un pansement sur une plaie ouverte, a-t-il dit, faisant remarquer que pansement seul ne peut suffire à guérir la plaie.


M. JEFF DE LAURENTIS (États-Unis) a souligné l’engagement de son pays à mettre un terme à la violence au Darfour et à accélérer le déploiement de la force hybride.  Il a appuyé un Soudan pacifique, unifié et démocratique dans le cadre de l’Accord de paix.  Il a rappelé que la Secrétaire d’État américaine, Mme Condoleezza Rice, s’est rendue à Addis-Abeba où elle a eu une réunion sur le Soudan.  La paix dans ce pays passe par le déploiement de la Force hybride menée conjointement par l’ONU et l’Union africaine, a-t-il dit, en appelant tous les groupes à appuyer le processus ONU-Union africaine, et à déclarer un cessez-le-feu sur le terrain.  Il a appelé toutes les parties à participer aux pourparlers de paix, en estimant que l’implication de la société civile est essentielle au succès de ces discussions.  Il a demandé la publication rapide de la liste des pays contributeurs de troupes de l’ONU et de l’Union africaine, regrettant que le Gouvernement soudanais ait expulsé le responsable d’un bureau d’OCHA.  Le représentant s’est dit également préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Somalie.  Il s’est félicité de l’intention du Premier Ministre somalien de donner la priorité à la situation humanitaire.  Le retour à la paix et à la stabilité ne sera possible que si une solution politique est trouvée sur la base de la Charte de transition.  Le représentant a jugé important que le Département des opérations de maintien de la paix planifie précisément les choses avant d’envisager le déploiement d’une mission de l’ONU en Somalie.  Enfin, il a appelé les autorités éthiopiennes à rouvrir les voies traditionnelles du commerce pour éviter une crise humanitaire.


M. LUC JOSEPH OKIO (Congo) a estimé que l’imbrication des situations dans la région visitée par M. John Holmes fait que les succès obtenus dans un pays peuvent être ruinés par les échecs dans un autre.  Concernant la Somalie, il a estimé que les efforts de l’Union africaine devraient être soutenus avant qu’il ne soit trop tard.  Il a souligné qu’il n’y avait pas de solution militaire à ce conflit et qu’il fallait encourager les parties à trouver une solution négociée.  S’agissant du Soudan, il a appelé le Gouvernement à coopérer pleinement pour permettre le déploiement de la MINUAD.  Le représentant du Congo a également appelé la communauté internationale à soutenir les efforts de M. Holmes.


M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) s’est dit soulagé d’apprendre que le Gouvernement fédéral de Somalie a décidé d’autoriser à nouveau les opérations humanitaires dans le sud-est du pays.  Il a commenté l’opération d’accompagnement militaire des navires affrétés par le Programme alimentaire mondial (PAM) conduite par son pays.  Cette opération, a-t-il dit, répond à une demande du PAM et a reçu le soutien des autorités somaliennes.  L’engagement de la marine française se poursuivra jusqu’au 16 janvier, a-t-il annoncé.  Venant à la situation dans la région de l’Ogaden, il a invité le Gouvernement éthiopien à faciliter l’accès libre et sans entrave des convois humanitaires.  S’agissant du Darfour, le représentant a rappelé le Gouvernement soudanais à sa responsabilité première de protéger les civils.  Il a rappelé que pour qu’elle soit effectivement en mesure de remplir son mandat de protection des civils, l’opération hybride doit disposer des moyens robustes qu’ont prévu de déployer l’Union africaine et les Nations Unies.  Les institutions humanitaires ont également besoin de la coopération de Khartoum, a-t-il dit en se réjouissant que les autorités soudanaises aient donné un signal positif en vue de la reconduction du Moratoire sur l’accès humanitaire.  Par ailleurs, a-t-il conclu, les informations relatives à des relocalisations forcées au sud du Darfour sont extrêmement préoccupantes.  Le principe du retour volontaire doit s’appliquer car il est le seul à même de garantir le caractère durable du retour, a-t-il conclu.


M. TARIQ AL-ANSARI (Qatar) a relevé que M. Holmes avait déjà prévenu contre la situation humanitaire actuelle en Somalie.  La souffrance des civils somaliens a été ignorée.  Plus de 1,5 million de personnes ont été déplacées et courent le risque d’une famine, a-t-il noté.  Le représentant a donc appelé la communauté internationale à fournir une aide à la Somalie.  L’une des causes profondes du problème est une violation flagrante du droit international humanitaire et les crimes de guerre qui sont commis.  Il a estimé que ce qui rendait la situation encore plus difficile était l’incapacité de l’ONU à répondre à la demande de l’Union africaine d’aide en matière logistique.  Les forces étrangères devraient se retirer pour que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) puisse être déployée, a-t-il ajouté.  Concernant le Darfour, il a condamné les actes commis par les groupes rebelles et les actes terroristes.  Il a jugé important d’exercer davantage de pressions sur les groupes rebelles.  Le représentant du Qatar a noté par ailleurs que la région du Moyen-Orient avait aussi sa part de catastrophes humanitaires très graves, notamment dans les territoires palestiniens occupés et en particulier dans la bande de Gaza.  La bande de Gaza est devenue une immense prison, a-t-il déclaré.


M. JOHAN VERBEKE (Belgique) a souligné la nécessité d’une meilleure coordination entre les autorités somaliennes ainsi que l’utilité de contacts étroits entre le Gouvernement fédéral de transition et les Nations Unies.  Il y a lieu, a-t-il insisté, de trouver rapidement une solution avec les autorités somaliennes au problème, « devenu disproportionné » de la perception de droits de passage aux points de contrôle.  Tout en reconnaissant l’ampleur des tâches que le Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie doit mener, M. Verbeke a tout de même voulu que la question des droits de l’homme soit traitée activement, aux fins notamment de promouvoir la lutte contre l’impunité qui elle-même, a-t-il souligné, joue un rôle dans le combat contre la violence.  Prenant note de la situation humanitaire extrêmement fragile au Darfour, il a appréhendé par ailleurs la résurgence de la violence à la frontière avec le Tchad où les combats entre le Gouvernement et des mouvements tchadiens ont repris ave intensité fin novembre.  Il s’agit d’un autre facteur d’insécurité dans une région où la force européenne EUFOR est amenée à se déployer dans la cadre de la MINURCAT.  Il ne peut s’agir d’un nouveau prétexte pour compliquer le retour des réfugiés, a prévenu le représentant. 


M. LESLIE K. CHRISTIAN (Ghana) s’est dit très préoccupé par la grave situation humanitaire qui sévit dans l’Ogaden.  Il a salué l’initiative du Gouvernement de l’Éthiopie d’accréditer davantage d’organisations humanitaires dans cette région.  En ce qui concerne le Darfour, il a noté que certains déplacés avaient pu retourner dans leurs foyers.  Le plus important est que les personnes retournent volontairement dans leurs foyers, a-t-il ajouté.  Le représentant du Ghana a estimé que le déploiement de la MINUAD améliorerait la situation humanitaire.  Il a par ailleurs estimé que le rapport que vient de présenter le Coordonnateur pour les secours d’urgence, M. John Holmes, concernant la Somalie confirmait que la situation ne s’était pas améliorée.  Le représentant du Ghana a relevé que les déplacements avaient augmenté ces dernières semaines.  De l’avis de sa délégation, il s’agit d’une des situations humanitaires les plus graves dans le monde et des enfants risquent de mourir de malnutrition.  Il a exhorté les donateurs à augmenter leurs contributions.  Il a également estimé qu’il faudrait établir un dialogue politique pour assurer la réconciliation nationale.


M. MARCELLO SPATAFORA (Italie) a plaidé pour une approche axée sur les opérations du terrain car ce qui compte est de savoir si le Conseil peut secourir au mieux les personnes qui souffrent.  Concernant le Darfour, il a demandé l’application intégrale du Moratoire sur l’action humanitaire et celle du Communiqué conjoint.  Évoquant la situation dans la région de Somalie, il a salué les efforts du Gouvernement éthiopien malgré les divergences d’analyse.  Il a dit attendre avec intérêt la prochaine mise à jour du Secrétariat.  La Somalie, a-t-il poursuivi, constitue un test pour la crédibilité de l’ONU.  Nous devons, a-t-il dit, tirer des conclusions opérationnelles mieux ciblées car il est clair qu’il faut accorder davantage l’attention à la Somalie.  Nous devons intensifier nos efforts de secours, et l’imbrication des volets politique, sécuritaire, humanitaire, des droits de l’homme et du développement ne saurait empêcher l’action et l’intensification des efforts, notamment en matière de secours. 


Mes contacts avec la société civile et les ONG, a encore dit le représentant de l’Italie, ont montré qu’elles sont peu convaincues du principe selon laquelle l’ONU n’intervient que lorsqu’il y a une paix à maintenir.  Cela est une chose difficile à comprendre pour le monde extérieur, a souligné le représentant, qui y voit seulement l’illustration de la sélectivité du Conseil et de sa politique des « deux poids deux mesures », compte tenu, par exemple, de l’attention qui est accordée au Darfour.  Il faut des actions robustes pour montrer aux gens que l’ONU s’occupe de la Somalie.  L’absence d’attention de haut niveau n’est pas une option, a insisté le représentant en admettant que la situation est difficile parce qu’il faut agir dans deux directions, à savoir: assurer un impact plus fort sur le terrain et corriger la perception des gens en dehors de l’ONU car ce qui est en jeu c’est la crédibilité du Conseil de sécurité.


Reprenant la parole, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence s’est félicité de ce que les délégations soient d’accord sur la gravité des situations humanitaires qu’il a décrites.  L’assistance humanitaire, a-t-il reconnu, n’est qu’un remède à court terme.  Il a estimé que les forces de paix devaient être déployées rapidement au Darfour et en Somalie pour assurer un environnement plus favorable aux civils et aux travailleurs humanitaires.  Il a toutefois jugé qu’il faudrait du temps à la MINUAD pour atteindre sa pleine capacité.  Il s’est dit d’accord avec le Président du Conseil de sécurité sur le fait qu’il ne fallait pas une politique de « deux poids deux mesures » concernant la Somalie et le Darfour. Il s’est par ailleurs inquiété des perspectives de récoltes au Darfour qui risquent d’être limitées cette année.  Cela mettra davantage de contraintes sur l’aide humanitaire, a-t-il dit, soulignant le risque de pénurie alimentaire.  Concernant les actes de piraterie évoqués par certaines délégations, il a remercié la marine française pour la protection de navires du Programme alimentaire mondial.  M. Holmes a remercié les délégations de leur intérêt et de leur appui et assuré qu’il ferait tout son possible pour faire face aux problèmes humanitaires sur le terrain.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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