LE CONSEIL DE SÉCURITÉ S’INQUIÈTE DE LA MENACE QUE REPRÉSENTE LE TRAFIC DE STUPÉFIANTS EN GUINÉE-BISSAU
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Conseil de sécurité
5762e séance – matin
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ S’INQUIÈTE DE LA MENACE QUE REPRÉSENTE LE TRAFIC DE STUPÉFIANTS EN GUINÉE-BISSAU
Il va examiner à titre prioritaire la demande d’inscription du pays à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix
Le Président du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre, M. Leslie Kojo Christian (Ghana), a fait ce matin la déclaration suivante, au nom des quinze membres du Conseil:
« Le Conseil de sécurité, rappelant ses déclarations antérieures sur la Guinée-Bissau et ayant examiné le dernier rapport du Secrétaire général sur l’évolution de la situation et les activités du Bureau d’appui des Nations Unies, pour la consolidation de la paix dans ce pays (S/2007/576), réaffirme son appui aux efforts qui continuent d’être déployés pour y consolider la paix.
Le Conseil note avec une profonde inquiétude la menace que représente le trafic de stupéfiants et d’êtres humains, qui risque de remettre en cause les acquis non négligeables de l’état de droit et de la gouvernance démocratique et transparente. Il note par ailleurs que le danger que représente le trafic de stupéfiants en Guinée-Bissau peut avoir des conséquences négatives dans la région et pour au-delà.
Le Conseil est particulièrement préoccupé par la sécurité des responsables bissau-guinéens occupés à lutter contre le trafic de stupéfiants et le crime organisé. Il demande donc au Gouvernement, dûment appuyé en cela pour la communauté internationale, de prendre des mesures concertées afin d’assurer la sécurité de ces responsables.
Le Conseil se félicite de la décision prise par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) d’organiser, dans le courant de l’année, une conférence régionale sur la lutte contre le trafic de stupéfiants, afin d’arrêter un plan d’action régional pour s’attaquer à ce problème. Il demande que soient examinés d’urgence les moyens par lesquels le système des Nations Unies pourrait améliorer l’appui qu’il offre à la Guinée-Bissau dans sa lutte contre le trafic international de stupéfiants et le crime organisé. Il souligne qu’il est essentiel de contenir et de repousser la menace que représente ce trafic pour l’entreprise de consolidation de la paix en Guinée-Bissau et insiste en particulier sur l’importance du rôle de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Il prie le Secrétaire général de lui faire rapport sur la question dès que possible. Il se félicite par ailleurs de l’initiative prise d’organiser à Lisbonne, en décembre 2007, une conférence internationale sur le trafic de stupéfiants en Guinée-Bissau.
Le Conseil se déclare également préoccupé par la fragilité de la démocratisation en Guinée-Bissau, ainsi que par la crise économique et sociale persistante.
Le Conseil se félicite de la perspective de l’organisation d’élections législatives en 2008 et demande à toutes les couches de la société bissau-guinéenne de veiller à ce que ces élections se déroulent dans l’ordre et la paix. Il demande également à la communauté internationale de fournir l’appui logistique et technique nécessaire pour garantir la bonne organisation du scrutin dans le respect des échéances.
Le Conseil se félicite aussi de l’amélioration du dialogue entre le Gouvernement bissau-guinéen et les institutions de Bretton Woods et demande instamment au Gouvernement de continuer à honorer ses engagements en ce qui concerne la responsabilité budgétaire, la réforme du secteur de la justice et la bonne gouvernance. Il se félicite encore de l’assistance fournie à la Guinée-Bissau par les partenaires bilatéraux et multilatéraux, notamment le Programme des Nations Unies pour le développement, l’Union européenne et la Banque mondiale, et les encourage à renforcer leur solidarité agissante avec le pays.
Le Conseil encourage les autorités bissau-guinéennes à honorer l’engagement qu’elles ont pris de réformer le secteur de la sécurité. Il prend acte de l’annonce faite par l’Union européenne et la CEDEAO de dégager des ressources pour appuyer cette entreprise.
Le Conseil souligne qu’il est essentiel d’adopter une approche intégrée concernant le règlement de la situation complexe et multidimensionnelle à laquelle est confrontée la Guinée-Bissau, et prie le Secrétaire général de lui présenter des propositions sur la meilleure manière dont les Nations Unies pourraient fournir une assistance effective, intégrée et globale aux efforts nationaux, afin de contribuer à stabiliser durablement le pays.
Le Conseil prend acte de la lettre du Premier Ministre de la Guinée-Bissau demandant que la situation en Guinée-Bissau soit inscrite à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix et exprime son intention d’examiner cette demande à titre prioritaire.
Le Conseil réaffirme que la paix et la stabilité en Guinée-Bissau sont essentiels pour la paix et la sécurité de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest. Il souligne l’importance d’envisager le règlement des problèmes auxquels le pays est confronté dans sa dimension régionale et, dans ce contexte, se félicite du rôle joué par l’Union africaine, la CEDEAO et la Communauté des pays de langue portugaise dans l’entreprise de consolidation de la paix en Guinée-Bissau.
Le Conseil approuve et loue le rôle important joué par le Représentant du Secrétaire général et le personnel du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau, ainsi que par l’équipe de pays des Nations Unies dans le sens de la consolidation de la paix, de la démocratie et de l’état de droit, et exprime sa satisfaction de leurs activités.
Le Conseil continuera à examiner activement la situation en Guinée-Bissau. »
Rapport du Secrétaire général sur l’évolution de la situation en Guinée-Bissau et les activités du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans ce pays ( S/2007/576)
« Le trafic de drogues menace de saper le processus de démocratisation naissante en Guinée-Bissau », prévient le Secrétaire général dans ce rapport, daté du 28 septembre 2007. « Il est peut-être temps d’adopter une démarche globale afin de s’attaquer aux problèmes complexes » auxquels doit faire face la Guinée-Bissau, estime-t-il, en informant par ailleurs le Conseil de sécurité de la demande qu’il a reçue du Premier Ministre pour que son pays soit inscrit au programme de la Commission de consolidation de maintien de la paix.
Revenant sur les événements survenus depuis son dernier rapport (S/2007/401) du 3 juillet 2007, le Secrétaire général salue les efforts pour améliorer les relations entre les différentes institutions de l’État, tout en se disant préoccupé par les divisions et les rivalités qui continuent d’opposer les partis politiques en quête de pouvoir. Il note les positions contradictoires sur la tenue des prochaines élections, le Président Vieira ayant proposé de combiner en 2009, par souci d’économies, les législatives, initialement prévues pour 2008 et la présidentielle prévue pour 2010. En réponse à une demande d’assistance électorale du Gouvernement, il annonce que l’ONU prévoit d’envoyer une mission d’évaluation en Guinée-Bissau.
M. Ban Ki-moon souligne les progrès dans l’amélioration des finances publiques et dans la coopération avec les institutions financières internationales. Notant que les exportations de noix de cajou étaient passées de 73 400 à 94 000 tonnes en un an, il a cependant déploré l’impact négatif de la baisse des cours et de la dépréciation du dollar par rapport à l’euro. « La noix de cajou joue un rôle important dans la sécurité alimentaire, car elle est généralement échangée contre du riz, denrée de base », écrit-il.
Le Secrétaire générale félicite le Gouvernement pour son programme de réforme du secteur de la sécurité, avec la mise au point d’un plan d’action pour 2007-2009; dont le coût est estimé à 184,3 millions de dollars. Les annonces de contributions, dont celle du Gouvernement qui prend à sa charge 10%, ne couvrent que 23,4% des besoins, note-t-il. Il exhorte également l’Assemblée nationale à prendre de toute urgence les mesures législatives concernant ce programme.
Soulignant la menace alarmante posée par le trafic de drogues et la criminalité, le Secrétaire général relate les événements de ces dernières semaines: les informations sur l’atterrissage, en août, d’un aéronef non identifié, soupçonné de transporter de la cocaïne dans l’archipel des Bijagos; le déploiement d’une batterie anti-aérienne dans l’archipel; la poursuite de l’enquête sur le rôle présumé de plusieurs hauts fonctionnaires de l’ancien Gouvernement dans la disparition de 670 kilogrammes de cocaïne saisis; l’arrestation, le 18 août, de deux ressortissants colombiens et, le 10 juillet, de ressortissants nigérians, illustrant la tendance croissante à recruter des passeurs au niveau sous-régional. Malgré l’absence de données fiables, « un consensus croissant émerge, indiquant que ce pays constitue un point de transit majeur pour le trafic de drogues dans la sous-région », écrit-il. Étant donné que le pays ne peut lutter contre ce phénomène à lui tout seul, il faut apporter une réponse collective et obtenir sans plus attendre un appui technique et financier majeur de la part des partenaires régionaux et internationaux, poursuit-il. Il a ainsi salué l’initiative de la CEDEAO d’organiser courant 2007 une conférence régionale sur cette question.
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