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CS/9019

CONSEIL DE SÉCURITÉ: CHOIX VOLONTAIRE DES IVOIRIENS, L’ACCORD DE OUAGADOUGOU OUVRE LA VOIE À LA FIN DE LA CRISE, DÉCLARE LE FACILITATEUR DU DIALOGUE

18/05/2007
Conseil de sécuritéCS/9019
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Conseil de sécurité

5676e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: CHOIX VOLONTAIRE DES IVOIRIENS, L’ACCORD DE OUAGADOUGOU OUVRE LA VOIE À LA FIN DE LA CRISE, DÉCLARE LE FACILITATEUR DU DIALOGUE


Il note les difficultés de mise en œuvre et la bonne foi des deux parties, et appelle l’ONU à appuyer le bon déroulement des élections présidentielles


« L’Accord politique de Ouagadougou, fruit du Dialogue direct interivoirien, marque un véritable tournant dans le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire », a déclaré ce matin, devant le Conseil de sécurité, M. Djibrill Bassolé, Ministre de la sécurité nationale de Burkina Faso.


S’exprimant au nom de M. Blaise Compaoré, Facilitateur du Dialogue direct interivoirien et Président du Burkina Faso, M. Bassolé a rappelé que l’Accord conclu entre les deux principales forces qui se sont affrontées durant la crise ivoirienne été le résultat  d’un dialogue ouvert et fécond entre le Président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, et le Secrétaire général des Forces Nouvelles, Guillaume Soro.  L’originalité de l’Accord de Ouagadougou réside dans le fait qu’il est le produit de la volonté libre et commune des deux principales forces du pays.  Il s’efforce d’apporter des solutions pratiques et appropriées aux différentes préoccupations des deux parties les plus concernées, qui sont  les questions de l’identification et des audiences foraines; de l’organisation des élections; du processus du désarmement  et de la démobilisation; du démantèlement des milices armées; de la suppression de la zone de confiance; de la suppression de l’autorité de l’Etat, et du redéploiement de l’administration sur l’ensemble du territoire national de la Côte d’Ivoire, a souligné M. Bassolé.


La mise en œuvre de l’Accord connaît des retards dans l’adoption de certains actes juridiques essentiels et le démarrage des opérations importantes que sont les audiences foraines, le processus d’enrôlement électoral, le démantèlement des milices armées ou le redéploiement de l’administration sur l’ensemble du territoire national, a relevé le Ministre burkinabé.  Cette situation est principalement due à la complexité des opérations concernées et à leur coût élevé, et non pas à une mauvaise volonté des deux parties, a souligné M. Bassolé en indiquant que le Facilitateur, M. Blaise Compaoré, est convaincu que les parties ne pourront conduire ce processus à son terme sans le concours de l’ONU, qui devra jouer un rôle essentiel dans la certification des futures élections présidentielles en Côte d’Ivoire.


Pour l’examen de la situation en Côte d’Ivoire, le Conseil de sécurité était saisi du Treizième rapport du Secrétaire général sur l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).


LA SITUATION EN CÔTE D’IVOIRE


Treizième rapport du Secrétaire général sur l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (S/2007/275)


Dans ce rapport, le Secrétaire général rappelle que la signature de l’accord de Ouagadougou marque un authentique tournant dans le processus de paix en Côte d’Ivoire. Pour la première fois depuis le début de la crise, les parties ivoiriennes ont noué un dialogue de leur propre initiative et avec un Facilitateur de leur choix, note Ban Ki-moon.  De surcroît, elles ont elles-mêmes tracé le cadre devant permettre de régler les questions fondamentales qui avaient jusque-là entravé les progrès du processus de paix, relève le Secrétaire général.  Les partis d’opposition, qui n’étaient pas directement associés au Dialogue, ont confirmé leur plein appui à l’Accord et le mandat qu’ils avaient confié au Premier Ministre Guillaume Soro à l’effet de les représenter, indique le rapport.


Le Secrétaire général souligne que la maîtrise du processus de paix fait peser sur les parties ivoiriennes une responsabilité de poids: celle d’appliquer l’accord de Ouagadougou intégralement et de bonne foi.  Le fait qu’elles ont su tenir la première grande date butoir fixée dans le calendrier d’exécution est de bon augure sur ce point. Toutefois, comme dans tout processus de paix, des événements imprévus viendront mettre à l’épreuve leur volonté à chaque étape critique, note Ban Ki-moon en les exhortant à faire preuve de constance et à maintenir le processus de paix sur les rails.


À cet égard, il faut absolument forger la cohésion nationale et encourager une véritable réconciliation nationale, afin qu’elles sous-tendent le climat politique positif qui est en train de s’instaurer, poursuit le Secrétaire général.  Par ailleurs, si l’on entend préserver un climat politique sain et la confiance entre les parties, il sera essentiel de venir à bout des principales sources d’insécurité que sont notamment les violations des droits de l’homme, l’activité des milices, et l’incitation des médias à la violence, souligne-t-il.


La volonté politique des parties à elle seule ne permettra pas de maintenir le processus de paix, relève le Secrétaire général.  Ainsi, poursuit-il, le retard avec lequel ont été lancées les opérations de démantèlement des milices, de cantonnement des ex-forces combattantes, de redéploiement de l’autorité de l’État, et des sessions des audiences foraines, qui toutes devaient commencer le 23 avril, souligne les difficultés que présente l’application de l’Accord pour des institutions nationales dont la capacité demeure limitée.


Les autorités ivoiriennes auront besoin de l’assistance des Nations Unies et des autres partenaires internationaux pour développer la capacité des principales institutions nationales participant à l’application de l’Accord de Ouagadougou, en particulier le Centre de commandement intégré qui a été constitué récemment, indique le rapport.


Pour le Secrétaire général, l’épreuve décisive pour l’Accord de Ouagadougou sera sa capacité de régler les questions fondamentales qui sont au cœur de la crise ivoirienne, en particulier l’identification de la population, le désarmement des combattants, la réunification du pays, et le rétablissement de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire.  À défaut, c’est tout le processus de paix qui pourrait capoter, avec les graves conséquences que cela entraînerait non seulement pour la Côte d’Ivoire, mais également pour la sous-région, constate Ban Ki-moon.


L’Accord représente une chance tant pour les parties ivoiriennes que pour leurs partenaires internationaux: celle de tourner la page, indique le Secrétaire général en soulignant que pour les parties, ce pourrait bien être la dernière chance d’un règlement pacifique de la crise.  Ainsi se trouveraient évités les revers et les impasses prolongées que l’on a connus dans le passé.  Dans la situation idéale qui prévaut, les parties étant maîtresses du processus de paix, la communauté internationale doit adapter son rôle et ses relations avec les parties ivoiriennes à cet effet, recommande le Secrétaire général.  En particulier, ajoute-t-il, il importe de respecter et d’entretenir l’esprit de consensus entre les parties, car il s’agit d’un facteur critique permettant de faire avancer le processus de paix.


Parallèlement, le montant considérable des ressources déjà investies en Côte d’Ivoire impose aux partenaires internationaux sur le terrain d’aider les parties à faire en sorte que tous les processus clefs se déroulent de façon transparente, équilibrée et crédible. C’est pourquoi, souligne le Secrétaire général, tout en veillant à accompagner les institutions nationales à mesure qu’elles exécutent l’Accord, les partenaires internationaux ne peuvent se contenter d’un rôle d’observateurs passifs.  Ils doivent fournir le soutien et les conseils nécessaires pour garantir que le processus de paix soit mené conformément aux normes acceptées internationalement.


Le Secrétaire général demande donc au Conseil de sécurité d’approuver ses recommandations quant à la nature du soutien que l’ONUCI devrait continuer d’apporter à la nouvelle phase du processus de paix.  En fournissant un tel soutien, les organismes des Nations Unies aideront aussi à renforcer la capacité des institutions nationales, à accroître la crédibilité et la transparence de processus aussi importants que l’identification de la population; le désarmement et l’organisation des élections, et à empêcher tout retard dans le déroulement du processus.


Exposé du Représentant du Facilitateur du Dialogue direct interivoirien


M. DJIBRILL Y. BASSOLE, Ministre de la sécurité nationale du Burkina Faso et Représentant du Facilitateur du Dialogue direct interivoirien devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, a rappelé que l’Accord politique de Ouagadougou, auquel a donné lieu ce Dialogue direct, marque un véritable tournant dans le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire.  Intervenu entre les deux principales forces ex-belligérantes à la suite d’un dialogue ouvert et fécond entre le Président ivoirien, Laurent Gbagbo, et le Secrétaire général des Forces Nouvelles, Guillaume Soro, il s’efforce d’apporter des solutions pratiques aux différentes préoccupations des deux Parties les plus concernées, telles que la question de l’identification et des audiences foraines, et celles de l’organisation des élections, du processus de désarmement et démobilisation, du démantèlement des milices armées, de la suppression de la zone de confiance, de la restauration de l’autorité de l’Etat, et du redéploiement de l’administration sur l’ensemble du territoire national de la Côte d’Ivoire.


L’Accord de Ouagadougou, a poursuivi le Ministre, constitue un compromis acceptable et équilibré pour les deux parties et tire tous les enseignements des accords antérieurs que sont ceux de Linas Marcoussis, d’Accra, et de Pretoria.  Son originalité réside dans le fait qu’il est le produit de la volonté libre et commune des deux principales forces militaires du pays, a souligné M. Bassolé, qui a indiqué qu’il s’agissait de la raison pour laquelle l’Accord a été accueilli favorablement par la classe politique ivoirienne et par l’ensemble du peuple de Côte d’Ivoire.  Dans la pratique, la détermination des deux parties à mettre en œuvre leurs engagements issus de cet Accord a fortement contribué à la décrispation du climat politique général en Côte d’Ivoire, comme l’a du reste constaté la Mission multidisciplinaire d’évaluation des Nations Unies dans son rapport rendu au Secrétaire général.  M. Bassolé a affirmé que la logique d’affrontement, qui prévalait auparavant en Côte d’Ivoire, avait cédé le pas à une logique de partenariat utile.


Le Comité d’évaluation et d’accompagnement (CEA) de l’Accord, réuni à Ouagadougou le 11 mai 2007, sous la présidence du Facilitateur, le Président du Burkina Faso, M. Blaise Compaoré, s’est réjoui des progrès réels accomplis sur le terrain, notamment en ce qui concerne le nouveau cadre institutionnel de mise en œuvre; la mise en place du Centre de commandement intégré (CCI); la suppression de la zone de confiance, ainsi que l’amélioration de l’ambiance générale.  Certes, a-t-il reconnu, la mise en œuvre de l’accord connaît des retards dans l’adoption de certains actes juridiques essentiels et dans le démarrage des opérations importantes comme les audiences foraines, le processus d’enrôlement électoral, le démantèlement des milices armées ou le redéploiement de l’administration sur l’ensemble du territoire national.  Toutefois, a souligné le Ministre burkinabé, cette situation s’explique davantage par la complexité des opérations concernées et leur coût élevé que par la mauvaise volonté des deux parties.  Par ailleurs, l’application de l’Accord se heurte à certaines difficultés inhérentes à la nature même de la crise, et qui sont liées notamment au financement des opérations.


Conscient de l’ampleur de la tâche et de la variété des difficultés qui pourraient compromettre la réalisation des objectifs de l’Accord, le Facilitateur du Dialogue direct interivoirien s’est engagé pleinement à accompagner les parties tout au long du processus de sortie de crise, a indiqué son Représentant.  A cet effet, il est convenu avec elles de nommer un représentant spécial à Abidjan.  Il envisage aussi la mise en place, dans le cadre du Comité d’évaluation et d’accompagnement, de deux organes consultatifs: l’un, de caractère national, permettant d’informer et de recueillir les avis et suggestions des autres composantes de la société ivoirienne, et l’autre, de dimension internationale, permettant à tous les partenaires qui s’impliquent dans le processus de sortie de crise d’exercer un suivi et un accompagnement de celui-ci.


Le Facilitateur est convaincu que les parties ne pourront conduire ce processus à son terme sans le concours de la Communauté internationale et de l’ONU, a déclaré M. Bassolé.  Du reste, l’Accord fait appel aux Nations Unies pour accompagner les parties dans leur volonté de restauration de la paix en Côte d’Ivoire, notamment en ce qui concerne le processus d’identification, le processus électoral, le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, la suppression de la zone de confiance et le démantèlement des milices armées.  M. Compaoré, a poursuivi son Représentant, réitère donc son appel aux Nations Unies pour qu’elles apportent leur appui conséquent aux parties et à la Facilitation tant sur le plan technique que sur le plan financier.  Il soutient le rôle qu’elles devraient jouer dans la certification du processus électoral.  La certification reste le meilleur moyen de créer la confiance entre les différentes forces politiques ivoiriennes et de ramener la paix en Côte d’Ivoire.  Le rôle de certification gagnerait à être joué dans une approche institutionnelle intégrée, sous la responsabilité du Représentant spécial du Secrétaire général, a dit M. Bassolé.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, le Facilitateur souhaiterait que le Conseil de sécurité apporte son appui aux deux organes consultatifs qu’il envisage de mettre en place, et il apprécierait tour concours que le Conseil apporterait aux parties pour contribuer à la transparence des différentes opérations et à la création d’un climat apaisé, conformément aux dispositions de l’Accord de Ouagadougou, a conclu le Ministre.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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