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AG/PKO/193

LA PROPOSITION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE SCINDER LE DÉPARTEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EXAMINÉE AU COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

27 février 2007
Assemblée généraleAG/PKO/193
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial des opérations                              

de maintien de la paix                                     

197e & 198e séances – matin & après-midi


LA PROPOSITION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE SCINDER LE DÉPARTEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EXAMINÉE AU COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX


Au deuxième et dernier jour du débat général du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, de nombreuses délégations ont commenté la proposition du Secrétaire général qui figure dans son rapport* sur la mise en œuvre des recommandations du Comité spécial et qui vise à scinder en deux le Département des opérations de maintien de la paix (DPKO) afin, notamment, de mieux répondre à la demande croissante de Casques bleus dans le monde.


Dans son rapport, le Secrétaire général exprime en effet son intention de renforcer la capacité de l’Organisation de mener des opérations de paix et de sécurité en créant deux nouveaux instruments: un département des opérations de paix et un département de l’appui aux opérations de paix.  Le premier planifierait, dirigerait et gérerait toutes les opérations de maintien de la paix, ainsi que toutes les autres opérations sur le terrain relevant de la compétence de l’actuel Département des opérations de maintien de la paix, alors que le second fournirait un appui aux opérations des Nations Unies sur le terrain, notamment pour les ressources humaines, les finances, les achats, la logistique, les communications, les technologies de l’information et d’autres aspects de l’administration et de la gestion, y compris la déontologie et la discipline.  


Selon le Secrétaire général, un tel projet devrait permettre aux Nations Unies de répondre de façon plus efficace et plus responsable à la demande soutenue d’opérations de maintien de la paix, étant entendu que les États Membres et les organes compétents de l’Assemblée générale, notamment le Comité spécial, joueraient un rôle crucial dans cette entreprise.


Le représentant de l’Uruguay a approuvé ce projet, estimant qu’il renforcerait l’unité dans la chaîne de commandement entre le Siège de New York et le terrain.  Il est fondamental d’assurer une coordination fluide entre les deux départements proposés, a-t-il expliqué, souhaitant, dans la coordination des deux instruments, une participation directe des pays qui fournissent des contingents. 


La Jordanie a observé de son côté que la meilleure approche des opérations de maintien de la paix a toujours consisté en un commandement et un contrôle unifiés des Nations Unies.  Toute décision susceptible de changer la façon de gérer les opérations de maintien de la paix devrait être examinée par le Comité spécial, en tant qu’unique organe responsable chargé de l’examen des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, a-t-il noté.


Pour le Népal, la relation entre les deux départements devra être bien définie afin que les ressources ne soient pas détournées à d’autres fins.  La Thaïlande et l’Iran ont de leur côté mis en garde contre toute tentation de décision hâtive en la matière, le dernier estimant qu’une telle restructuration nécessitait un débat approfondi au sein du Comité spécial, de la Cinquième Commission et du CCQAB pour éviter les doublons et les erreurs de gestion.  Le Chili a quant à lui mis l’accent sur la nécessité d’éviter de fragiliser la complémentarité indispensable entre les structures du terrain et celles du Siège de New York.  L’autorité du futur département de l’appui aux opérations de paix doit, selon ce représentant, se situer à un niveau intermédiaire, entre le sous-secrétariat des opérations de paix et le Secrétaire général de l’ONU.


Pour le Brésil, la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix ou sa division en deux départements n’est pas la seule priorité de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix.  D’autres questions, tout aussi importantes, méritent l’attention du Comité spécial, a-t-il dit.  Les pays développés doivent par exemple contribuer davantage à l’effort commun, en déployant notamment plus de soldats de la paix sur le terrain.  Un avis partagé par d’autres délégations, comme celles du Ghana.


Le représentant de la Fédération de Russie s’est néanmoins demandé si la division du Département des opérations de maintien de la paix était de nature à améliorer l’efficacité de ces opérations.  Il s’est également déclaré favorable à l’établissement de mécanismes d’interaction entre les membres du Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat des Nations Unies.


Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Kazakhstan, Pakistan, Népal, Fidji, Brésil, Mexique, Ukraine, Chine, États-Unis, Jamaïque, Yémen, Cuba, Salvador, Namibie, Jordanie, Inde, Fédération de Russie, Singapour, Iran, Ghana, Algérie, Guinée, Géorgie, Norvège, Thaïlande, Uruguay, Chili, Indonésie, Équateur, Soudan, Sri Lanka, Kenya, Argentine, Venezuela, Sénégal, Philippines, Zambie, Israël, République populaire démocratique de Corée (RPDC) et Viet Nam.


Le Japon et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ont exercé leur droit de réponse.


La session 2007 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, qui s’est ouverte hier, doit se poursuivre jusqu’au 16 mars.  Sa prochaine réunion sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.


* Rapport publié sous la cote A/61/668


Débat général


M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a expliqué que sa délégation soutenait le plan de restructuration du DPKO, qui prévoit notamment la création de deux nouveaux instruments, un département des opérations et un département d’appui sur le terrain.  Le représentant a par ailleurs estimé qu’il fallait accroître l’efficacité du Secrétariat des Nations Unies et s’assurer que, sur le terrain, l’unité du commandement est respectée.  Il a également plaidé pour l’établissement d’un partenariat solide entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, celles-ci ayant, en particulier en Afrique, la capacité réelle de prévenir les conflits ou d’en empêcher la reprise.  Enfin, le représentant a souligné la nécessité de s’attaquer aux causes des conflits, notamment la lutte contre le terrorisme et le commerce de stupéfiants, ainsi que la lutte contre la pauvreté.


M. FARUKH AMIL (Pakistan) a rappelé que le maintien de la paix était une activité essentielle des Nations Unies.  Le Pakistan, a-t-il ajouté, est une partie prenante importante dans le succès de cette entreprise, ayant plus de 10 000 hommes déployés sur le terrain.  Indiquant que son pays était le contributeur de troupes le plus important depuis 2003, le représentant a affirmé que le Pakistan faisait bénéficier le Comité spécial de sa grande expérience, alors que les demandes d’aide dans ce domaine étaient en hausse spectaculaire.  Il a par ailleurs indiqué qu’une meilleure planification, la fourniture de ressources adéquates et le renforcement des capacités de déploiement rapide étaient les priorités identifiées par sa délégation.  Soulignant la nécessité de mener à bien le programme de réformes de l’agenda du maintien de la paix à l’horizon 2010, le représentant a dit qu’il fallait veiller à ce que les objectifs soient clairs pour aboutir aux résultats souhaités.  La sécurité du personnel doit être analysée de près et prise en compte sur la durée.  Toutefois, la nécessité de réformer ne doit pas briser la continuité d’action, a-t-il ajouté, insistant sur l’importance qu’il fallait attacher aux questions de fonds.


Le représentant a par ailleurs souhaité que les questions d’organisation ne relèguent pas à l’arrière-plan des travaux du Comité spécial les questions de fonds.  C’est en ce sens qu’il a demandé que toutes les missions reçoivent les budgets adaptés à leurs mandats.  Il a aussi fait part de sa préoccupation quant au manque de représentation des pays contributeurs les plus importants au plus haut niveau de décision, sur le terrain comme au Siège. 


M. DEVENDRA B. MEDHASI (Népal) s’est félicité de l’intention du Secrétaire général de renforcer la capacité de l’Organisation à gérer et à soutenir les opérations de paix.  La multiplication sans précédent, ces dernières années, de la demande de soldats de la paix reflète la reconnaissance du rôle des Nations Unies dans ce domaine, a-t-il dit.  Il a également mis l’accent sur la sécurité et la sûreté du personnel militaire et de police sur le terrain.  Le représentant a par ailleurs affirmé que la réforme devait accorder une attention prioritaire à la définition de responsabilités institutionnelles bien établies en matière de sécurité et de sûreté du personnel des Nations Unies, ainsi que pour une relation bien définie entre le département d’appui sur le terrain et le département des opérations de paix pour que les ressources ne soient pas détournées à d’autres fins.  Le Népal, a-t-il dit, s’associe pleinement au concept de renforcement de la division militaire et de police.  Le représentant a par ailleurs réitéré son plein appui à la politique de tolérance zéro pour les cas d’exploitation et d’abus sexuels commis par des soldats de la paix, et a appuyé la stratégie proposée par le Secrétaire général dans ce domaine.


M. FILMONE KAU (Fidji) a estimé que pour maintenir leur crédibilité, les opérations de maintien de la paix des Nations Unies nécessitaient une réforme constante, un remaniement et des investissements.  Fidji, a-t-il également assuré, a l’intention de maintenir et d’accroître son engagement dans les opérations de maintien de la paix.  Saluant la proposition formulée par le Secrétaire général de créer deux instruments nouveaux travaillant en étroite collaboration -le département de l’appui aux opérations de paix et le département des opérations de paix, il a en outre renouvelé l’appui de son pays à la cause de la paix, et a réaffirmé sa volonté d’y contribuer dans la limite de ses moyens, conformément à l’esprit et à la lettre de la Charte des Nations Unies.


M. PIRAGIBE TARRAGÔ (Brésil) a estimé que la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix ou sa division en deux départements n’était pas la seule priorité de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix.  D’autres questions, tout aussi importantes, méritent l’attention du Comité, a-t-il dit, souhaitant que les pays développés contribuent davantage à l’effort commun, en déployant notamment plus de soldats de la paix sur le terrain.  Le manque des ressources adéquates entrave également l’exécution des mandats, a ajouté M. Tarrago, pour qui la nature multidimensionnelle des missions requiert non seulement davantage de fonds, mais aussi une rationalisation des modalités de gestion.  Pour le représentant, il convient en outre de doter les opérations de la paix d’un volet consacré au développement pour accompagner, sur la durée, la reconstruction des sociétés postconflit où interviennent les Nations Unies.  En conclusion, il a recommandé la mise en place des projets à impact rapide dans les phases de sortie immédiate des conflits, pour sécuriser l’environnement dans lequel sont amenés à œuvrer les soldats de la paix.


Mme ANA PAOLA BARBOSA (Mexique) s’est félicitée de la mise en œuvre des cinq priorités du programme de réformes « Opération de paix 2010 ».  La proposition de restructuration du Département des opérations de maintien de la paix offre, à son avis, une occasion de renforcer intégralement le processus de réforme des opérations de maintien de la paix, ainsi que l’occasion de renforcer les travaux et les débats du Comité spécial.  Le Mexique, a souligné la représentante, reconnaît par ailleurs la nécessité de renforcer l’efficacité du Département des opérations de maintien de la paix afin qu’il puisse bénéficier d’une capacité appropriée capable de répondre aux exigences des opérations de maintien de la paix.  Elle a également affirmé que son pays accordait une haute priorité à la nécessité d’encourager la promotion de l’état de droit dans les missions de paix, et de veiller à la sécurité et la protection des missions et du personnel associé de ces missions.  La représentante s’est également prononcée pour la formulation rapide d’une doctrine générale définissant les objectifs des missions de maintien de la paix, ce qui contribuerait, à son avis, à la définition de mandats plus clairs et renforcés et à l’amélioration de l’image des Nations Unies.


M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a soutenu l’intention du Secrétaire général de mener une évaluation de l’ensemble des activités du Département des opérations de maintien de la paix.  L’augmentation importante des activités de maintien de la paix fournit l’occasion de mieux mettre en œuvre la stratégie de réformes « Operations de paix 2010 », a-t-il estimé.  Le représentant a insisté dans ce contexte sur la nécessité de disposer de capacités de déploiement rapides et d’améliorer les capacités de planification.  Il a accordé son soutien à l’initiative visant à mettre en œuvre une approche intégrée et globale pour la phase de planification des missions.  Le représentant a aussi apporté son soutien à la proposition du Secrétaire général visant à combler les lacunes existantes dans les capacités de la Division militaire du DOMP, affirmant par ailleurs qu’il était important de trouver les moyens de garantir le remboursement dans les temps de pays contributeurs de troupes.  Évoquant par ailleurs les menaces croissantes qui se posent à la sécurité du personnel de maintien de la paix, le représentant a soutenu la proposition tendant à renforcer les capacités du Centre de situation ou à établir une cellule d’analyse stratégique au Siège de l’ONU à New York.


Il a aussi soutenu la proposition visant à créer une capacité de police civile conséquente.  La délégation a également insisté sur la nécessité de renforcer les liens de partenariat avec les organisations régionales, de privilégier l’interaction entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat.  Il a souhaité aussi voir un plus grand partenariat entre le Comité spécial des opérations de maintien de la paix et la Commission de consolidation de la paix ainsi qu’entre le DOMP et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix.  Insistant sur l’importance de la formation du personnel de maintien de la paix, le délégué a dit relever avec appréciation les efforts déployés au Siège pour mettre au point du matériel de formation normalisé.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a rappelé que les opérations de maintien de la paix avaient connu un développement rapide au cours des dernières années.  Elles représentent désormais un moyen important en matière de paix et de sécurité dans le cadre du multilatéralisme et contribuent à renforcer la crédibilité et l’autorité de l’ONU.  Toutefois, a ajouté le représentant, il est temps de réformer notre action à ce niveau afin de répondre aux nouveaux défis et aux attentes de nombreux pays demandeurs d’aide.  Le représentant a par ailleurs estimé que l’agenda de réformes 2010 devait s’appuyer sur les buts et principes de la Charte dans le cadre du mandat du Conseil de sécurité.  Par ailleurs, les opérations de maintien de la paix ne doivent pas être renforcées uniquement dans leurs aspects militaires, a-t-il estimé, en soulignant l’importance de partenariats solides entre les acteurs, l’amélioration de la formation du personnel, l’accroissement des ressources et la discipline des soldats de la paix.


Le représentant a également salué la pertinence du plan de restructuration proposé par le Secrétaire général.  Celui-ci, a-t-il affirmé, devrait permettre de trouver de nouvelles sources de financement des nouvelles missions.  Il a cependant souhaité que la restructuration du secteur du maintien de la paix reflète les souhaits légitimes de tous les États Membres.  C’est pourquoi il a demandé que les débats futurs sur ce sujet se déroulent dans un esprit de consensus.  Estimant qu’à terme le gouvernement hôte devait devenir propriétaire du processus de gestion des situations postconflit, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à formuler une stratégie de sortie.  Enfin, il a demandé que les mandats des opérations de la paix soient réexaminés tous les six mois pour réévaluer les besoins et réajuster les ressources en conséquence.


M. WILLIAM J. BRENCICK (États-Unis) a affirmé qu’il convenait d’appuyer les efforts du Secrétaire général en vue d’améliorer la capacité de l’Organisation à faire face aux besoins urgents dans le cadre du maintien de la paix.  Il a en outre salué tous ceux qui servent actuellement dans les missions de la paix des Nations Unies, dont le nombre ne cessait de s’accroître dans le monde.  Il a estimé que chaque mission devait être analysée de façon individuelle, a-t-il dit, estimant qu’il n’y avait pas de format unique.  À son avis, la question critique était de savoir comment créer un amalgame de composantes pour rendre ces missions les plus efficaces possible.  Le représentant a par ailleurs estimé que le maintien de la paix des Nations Unies ne devait pas se substituer à l’assistance régionale ou à celle qui pourrait être fournie par d’autres institutions spécialisées.  S’agissant des allégations portant sur des cas d’exploitation et d’abus sexuels, il a souligné la nécessité d’agir davantage dans ce domaine et de veiller à ce que les responsables de tels méfaits soient punis.  À ce titre, il a demandé aux membres du C-34 que les mémorandums d’entente modèles sur ces questions soient établis de façon ferme et transparente, de manière à éliminer la culture d’impunité qui encourage ces actes. 


Mme NICOLETTE WILLIAMS (Jamaïque) a déclaré que les opérations de maintien de la paix actuelles se caractérisaient par une nature de plus en plus complexe et un manque de ressources adaptées à cette évolution.  Les soldats de la paix sont mobilisés non seulement pour sécuriser des sociétés postconflit, mais aussi pour aider les gouvernements concernés à reconstruire leur pays et à restaurer les conditions favorables au développement durable.  Pour la représentante, il revient aux États Membres d’assurer la sécurité des soldats de la paix  dans les contextes très difficiles où ils sont déployés.  C’est en ce sens que la Jamaïque appuie la recommandation du Secrétaire général de tout mettre en œuvre pour assurer l’unité de commandement sur le terrain, a-t-elle déclaré, précisant que sa délégation attendait avec impatience le déploiement de la Force permanente de police et qu’elle comptait participer activement aux discussions prévues dans les semaines à venir sur les questions relatives à la division en deux départements du Département des opérations de maintien de la paix.


M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ (Cuba) a affirmé que de nouvelles opérations de maintien de la paix ne sauraient remplacer la recherche des causes profondes d’émergence des conflits.  Ces opérations ne constituent pas à une fin en soi, elles visent avant tout à relancer le développement économique et social durable des sociétés meurtries par des années de violence, a-t-il remarqué.  Dans ce cadre, a-t-il ajouté, il faut souligner le rôle du Comité, en tant que seule instance habilitée à examiner les mesures de renforcement de la capacité de l’ONU en matière de maintien de la paix.  Le représentant a souhaité que cette capacité d’action respecte la non-ingérence dans les affaires intérieures des États récipiendaires d’aide et souligné que, conformément à la Charte de l’ONU, il fallait obtenir le consentement des parties et s’assurer que le recours à la force sur le terrain ne s’exerçait qu’en cas de légitime défense.  Le représentant a plaidé pour la formulation de mandats clairs et réalistes, prévoyant notamment des stratégies de sortie dès le lancement de nouvelles opérations.  Il a également souhaité que, conformément aux recommandations du Secrétaire général, l’unité de commandement des missions soit pleinement assurée et que la coordination des activités conduites sur le terrain et au Siège soit améliorée.  S’agissant du recrutement du personnel, il a rappelé la nécessité impérieuse de respecter le principe de la répartition géographique équitable.  Un déséquilibre évident existe dans l’attribution des postes, aux dépends des pays en développement, a-t-il regretté.  Enfin, le représentant a émis le souhait que les États Membres mettent sur pied un mécanisme de suivi périodique visant à examiner l’application des mesures prises par le Comité spécial chaque année.


M. MOHAMMED M. ALI AL-OTMI (Yémen) a affirmé que son pays, respectueux du principe de la souveraineté et de l’intégrité des États, estimait que le recours à la force devait se limiter aux cas de légitime défense.  Le représentant a condamné violemment les actes et les violations répétées dont sont victimes les personnels des Nations Unies et a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les mesures de sécurité dans les missions comme au Siège des Nations Unies.  Il a exprimé l’appui total de son pays au Secrétaire général dans sa proposition de réformes du Département des opérations de maintien de la paix.  Celui-ci, a estimé le représentant, est incapable de faire face aux besoins de maintien de la paix.  Il a en outre plaidé en faveur d’une répartition géographique équitable dans le recrutement du personnel des Nations Unies et dans la participation aux opérations de maintien de la paix, afin que celle-ci reflète pleinement l’engagement de la communauté internationale tout entière.


Mme CARMEN MARIA GALLARDO HERNANDEZ (El Salvador) a affirmé que, dans le cadre de la réforme des opérations de paix, il convenait de fixer les aspects positifs ou négatifs que ces changements entraîneraient pour les Nations Unies.  Elle a noté avec satisfaction à cet égard que les recommandations formulées par le Comité spécial ont été mises en œuvre.  La représentante s’est en outre félicitée du déploiement des premières équipes chargées de veiller sur le comportement et le respect de la discipline sur le terrain.  Elle a, à cet égard, apporté son soutien à la politique de tolérance zéro à l’égard des cas d’exploitation et d’abus sexuels.  Soulignant que son pays célébrait cette année 15 ans d’accord de paix, la représentante a affirmé que son pays constituait un bon exemple de maintien de la paix et était en mesure d’apporter son expérience aux activités de l’Organisation, en particulier la Commission de consolidation de la paix que le Salvador préside actuellement.  Elle a par ailleurs jugé indispensable de renforcer la participation des femmes dans les processus de décision en matière de prévention et de règlement des conflits, de même que dans les missions sur le terrain.


M. KAIRE M. MBUENDE (Namibie) a indiqué que son pays était disposé à apporter toute son aide à la réalisation de l’agenda de réformes 2010 des opérations de maintien de la paix, car toutes les mesures visant à améliorer l’efficacité du mandat des Nations Unies dans ce domaine étaient les bienvenues. Il a, à cet égard, souhaité notamment que la formation des futurs soldats de la paix et la consolidation des capacités des pays récipiendaires d’aide soient renforcées.  Par ailleurs, il a souligné que son pays attachait une grande importance à la promotion de la participation des femmes dans le processus de maintien de la paix.  Le nombre de celles-ci dans les contingents de la Namibie a augmenté de manière considérable au cours des dernières années, a-t-il noté.  À nos yeux, a-t-il précisé, la participation des femmes n’est pas qu’une question d’équilibre dans la représentation des genres, mais nous croyons, au-delà, qu’elles peuvent apporter une valeur ajoutée dans la recherche d’une paix et d’un développement durables dans ce type d’opérations.


Le représentant a par ailleurs affirmé que le maintien de la paix était un effort collectif, requérant à ce titre l’établissement de partenariats solides entre les Nations Unies et toutes les parties prenantes œuvrant au niveau régional et sous-régional dans ce domaine.  C’est pourquoi, a-t-il conclu, la Namibie attendait avec impatience la finalisation des accords sur le commandement conjoint entre l’Union africaine et la Mission des Nations Unies au Darfour.


M. HARON HASSAN (Jordanie) a affirmé qu’il ne fallait pas perdre de vue l’importance de la sûreté et de la sécurité sur le terrain, en accordant à cette question tous les moyens nécessaires.  Cette question devrait en effet être prioritaire, à son avis, sur l’agenda du Comité spécial et du Département des opérations de maintien de la paix, pour trois raisons principales: le besoin croissant de maintien de la paix, la complexité croissante des opérations de maintien de la paix et l’évolution rapide de la technologie.  Sûreté et sécurité devraient demeurer au cœur de toute discussion sur la restructuration, a-t-il insisté.  S’agissant de la création de deux instruments du Département des opérations de maintien de la paix, l’un pour les opérations de paix et l’autre pour un appui sur le terrain, le représentant a estimé que la meilleure approche dans les opérations de maintien de la paix a toujours consisté en un commandement et un contrôle unifiés des Nations Unies.  Il a en outre souligné que toute décision susceptible de changer la façon de gérer les opérations de maintien de la paix devait être examinée par le Comité spécial, en tant qu’unique organe chargé de l’examen des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.  Le représentant a par ailleurs exhorté le Conseil de sécurité à prendre les mesures nécessaires pour éliminer les restrictions qui entravent la mise en œuvre du mandat des missions de l’ONU, compromettant directement la sécurité des soldats de la paix sur le terrain.


M. AJAI MAHOTRA (Inde) a jugé que l’unité dans l’effort de maintien de la paix nécessitait un commandement et des structures de contrôle des activités de terrain clairs.  Le lien entre le terrain et le Siège doit être renforcé, a ajouté le représentant, soulignant que l’Inde attendait avec impatience le résultat des discussions du Comité spécial sur les questions relatives aux ressources humaines.  La mort de 89 soldats de la paix en 2006, dont un Indien au Soudan, le caporal Mohan Singh Gurung, est un rappel douloureux de la nécessité impérieuse de s’attaquer rigoureusement à la sécurisation des personnels onusiens déployés dans les zones à risques, a-t-il précisé.  Le représentant a par ailleurs déploré la lourdeur administrative qui ralentit la conduite d’opérations de plus en plus complexes.  Il a plaidé pour un assouplissement des missions, en particulier celles intervenant dans des contextes de crise.  Pour s’adapter à des circonstances particulièrement volatiles et changeantes, a-t-il estimé, il est indispensable d’améliorer la logistique, la planification, ainsi que les composantes administratives des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a recommandé, qu’à cet égard, le Comité spécial tienne compte des leçons tirées dans le cadre du déploiement, l’été dernier, de la FINUL renforcée. En un temps record, en effet, cette mission a été établie pour à la fois assurer l’évacuation des victimes et la sécurité des soldats de la paix, a-t-il noté.


M. VLADIMIR F. ZAEMSKY (Fédération de Russie) a souligné que son pays accordait une importance particulière au rôle que les opérations de la paix jouent dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a mis l’accent sur les mesures efficaces qui ont été prises au cours des dernières années pour renforcer la capacité commune à maintenir la paix, notamment lors du Sommet mondial de 2005, lorsque les dirigeants du monde ont confirmé qu’ils respectaient les principes fondamentaux des activités de maintien de la paix.  Ce principe repose en particulier sur la responsabilité première du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il déclaré.  Le représentant s’est également déclaré favorable à l’établissement de mécanismes d’interaction entre les membres du Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat des Nations Unies.  S’agissant du programme de réformes, il s’est demandé si la division du Département des opérations de maintien de la paix en deux départements séparés - un département des opérations de paix et un département d’appui sur le terrain, était source d’efficacité.


Par ailleurs, la réforme du secteur de la sécurité était à son avis l’un des facteurs les plus importants du succès des opérations de maintien de la paix dans les pays qui sortent de conflits.  Cette réforme, a-t-il soutenu, est un des éléments cruciaux de tout processus de stabilisation dans un environnement postconflit, soulignant qu’elle devait s’accompagner de la promotion de l’état de droit, d’une justice équitable et du désarmement des anciens combattants.  Le représentant a également souligné que la Déclaration sur la coopération et les actions futures sur la stabilisation et la reconstruction, adoptée lors du sommet du G-8 à Saint-Pétersbourg, devrait permettre d’engager le G-8 dans les efforts entrepris, en premier lieu par les Nations Unies, pour stabiliser et reconstruire dans les situations postconflit.  À cet égard, il a mis l’accent sur la participation de la Fédération de Russie dans le processus de reconstruction postconflit du Liban.    


M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) a déclaré que sa délégation était pleinement consciente du rôle important des accords régionaux dans le maintien de la paix et de la sécurité.  Dans ce cadre, a-t-il expliqué, la relation entre les Nations Unies et les organismes nationaux doivent être transparents et les acteurs doivent tenir compte de la nature temporaire de ces opérations.  Les accords régionaux ne sauraient être considérés comme des solutions de remplacement au rôle des Nations Unies, mais plutôt comme des moyens complémentaires et d’appui à ce rôle, a estimé le représentant, qui a affirmé que son pays croyait fermement à la nécessité de renforcer la capacité des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix, en tenant compte notamment de l’apport d’éventuelles ressources externes au système de l’ONU.  M. Maleki a également plaidé pour la mise en œuvre de la force permanente des Nations Unies en vue de faciliter le lancement des nouvelles missions.  Il a aussi souhaité que le Département des opérations de maintien de la paix soit restructuré en s’appuyant sur les propositions du Secrétaire général.  Cependant, il a mis en garde contre toute tentation de décision hâtive en la matière, une telle restructuration réclamant à son avis des discussions approfondies au sein du Comité spécial, de la Cinquième Commission et du CCQAB pour éviter les doublons et les erreurs de gestion.   


M. SIM TIONG KIAN (Singapour) s’est déclaré favorable à l’idée de créer un nouveau département d’appui qui s’occuperait de l’administration, des achats et des processus de recrutement.  Un tel département pourrait permettre au Département des opérations de maintien de la paix de se consacrer totalement aux questions plus urgentes qui ont un impact stratégique et opérationnel sur le terrain.  Le représentant a par ailleurs soutenu l’idée de confier au département d’appui la responsabilité de s’occuper des missions menées par d’autres départements comme le Département des affaires politiques et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  Il a également salué la recommandation de doter le Représentant spécial du Secrétaire général d’une autorité à la fois opérationnelle et financière.  Mais pour éviter que les initiatives n’ouvrent la voie à des abus dans le domaine des achats et de l’administration, des garanties adéquates doivent être crées en terme de supervision et de contrôle, a-t-il toutefois ajouté.


Passant en revue d’autres propositions de réforme, le représentant a salué la proposition de création d’une capacité de réserve de 2 500 civils pour les opérations de maintien de la paix.  En la matière, il faut faire en sorte que les termes des contrats encouragent la formation de ce type d’experts, a-t-il dit.  Appelant à des processus de recrutement et de sélection rigoureux, il a aussi jugé utile de mettre en place des systèmes d’évaluation et de gestion solides.  En conclusion, il a  proposé la création d’un comité informel chargé d’examiner les problèmes inhérents à la réforme, qui pourrait être composé de représentants du Cabinet du Secrétaire général, du Département des opérations de maintien de la paix et du Département de la gestion. 


M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a estimé que la demande importante de Casques bleus ne baissera pas dans l’avenir, d’où la nécessité, selon lui, d’adopter des mesures souples et innovantes pour faire face à l’augmentation du nombre des soldats de la paix.  L’objectif de faciliter une intervention plus rapide et plus efficace de l’ONU ne peut être atteint que si nous adoptons des mesures pour gérer la logistique et les stocks de déploiement, a-t-il dit.  Compte tenu des ressources insuffisantes des pays en développement, qui fournissent pourtant d’importants contingents aux opérations de maintien de la paix, le représentant a exhorté les pays développés à faire des efforts supplémentaires pour renforcer les capacités de ces opérations.  Il a en outre jugé indispensable le rôle crucial que jouent les organisations régionales dans le règlement des situations de conflit dans le monde.  Saluant la coopération croissante entre les Nations Unies et les organisations régionales telles que l’Union africaine, l’Union européenne, l’OTAN ou la CARICOM, il a appelé à une intensification des efforts entrepris en ce sens. 


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a estimé que le succès de toute opération de maintien de la paix dépendait en premier lieu du respect des principes de base que sont le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense.  Il a estimé que d’autres facteurs, tels que la définition d’un mandat clair, un financement soutenu, la dotation suffisante en moyens logistiques et un engagement politique sans équivoque, étaient en outre indispensables à la réussite de ce type d’opération.  Le représentant a par ailleurs rappelé que le rapport Brahimi avait permis de mieux cerner les défis auxquels le Département des opérations de maintien de la paix doit faire face. Il a par ailleurs précisé que la proposition du Secrétaire général de scinder le Département en deux entités, un département des opérations de paix et un département de l’appui aux opérations de paix devait être examinée dans le cadre du programme de réforme 2010.  M. Benmehidi a également affirmé que le Conseil de sécurité, principal organe responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales, devait formuler des mandats de façon aussi rigoureuse et claire que possible dans ce domaine, ce qui faciliterait, à son avis, l’exécution des tâches dévolues aux missions déployées sur le terrain.  Le représentant a recommandé que les pays fournisseurs de troupes contribuent à la définition du mandat d’une opération dans laquelle leurs unités militaires étaient engagées.  En conclusion, il a estimé que la coopération entre les Nations Unies et les organismes régionaux était importante, en particulier en Afrique, en matière de prévention des conflits, de gestion des crises, d’aide humanitaire, de reconstruction postconflit et de développement économique.


M. PAUL GOA ZOUMANIGUI (Guinée) a affirmé que la fin de la guerre froide avait favorisé un changement substantiel dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  La réforme de ce type d’opérations nécessitait, à son avis, une évaluation périodique dans un cadre coordonné en tenant compte, notamment, de la complexité des missions.  À ce sujet, il a noté avec satisfaction qu’un nombre important de réformes avaient été mises en œuvre.  La Guinée a également pris note, a-t-il poursuivi, de la proposition de diviser le Département des opérations de maintien de la paix en deux départements distincts, l’un consacré aux opérations de maintien de la paix, l’autre à l’appui logistique apporté à ces opérations.  En outre, il a souligné que son pays continuait de soutenir la politique de tolérance zéro sur la question de l’exploitation et des abus sexuels et a encouragé les États Membres à travailler davantage ensemble sur cette question.  En conclusion, il a estimé que l’Organisation devait accorder plus d’importance à la prévention des conflits, qui est moins coûteuse que le maintien de la paix, appelant à la mise en œuvre effective de la résolution A/57/337 de l’Assemblée générale sur la prévention des conflits, dont l’adoption a fait l’objet d’un long processus de négociation.     


M. IRAKLI CHIKOVANI (Géorgie) a attiré l’attention sur la situation en Abkhazie, où l’opération de maintien de la paix est déployée depuis 14 ans.  Outre les tâches lui incombant de faire respecter le cessez-le-feu et de prévenir la violence, cette opération a pour mandat de créer les conditions favorables au retour de 300 000 personnes déplacées et réfugiés victimes du nettoyage ethnique dans cette région.  Pourtant, a ajouté le représentant, nous déplorons le fait qu’à ce jour aucun réfugié n’a pu regagner sa terre d’origine dans des conditions normales de sécurité. Dans les faits, 2 000 personnes ont été tuées depuis le déploiement de l’opération, dont la majorité des Géorgiens.  Le représentant a également évoqué la mort d’un membre du Ministère des affaires étrangères de Géorgie, qu’il a qualifiée d’« acte terroriste ».  À la lumière de ces événements, a-t-il dit, il est devenu évident que le format actuel de l’opération de maintien de la paix en Géorgie n’était plus adapté à la situation dans la région.  Il a estimé que les Nations Unies devaient intervenir pour inverser la donne et relancer le processus de paix, notamment en accompagnant l’opération en cours d’un volet lié au développement, comprenant notamment une forte composante civile et assurant le maintien d’un environnement sécurisé.


M. JOHAN L. LOVALD (Norvège) a indiqué que son pays partageait l’avis du Secrétaire général selon lequel il est urgent de renforcer les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  La Norvège, a-t-il dit, appuie l’intention du Secrétaire général de renforcer la transparence et la responsabilisation du Secrétariat.  Il y a un intérêt collectif, à son avis, à renforcer la capacité de planification de l’ONU et à conduire des opérations de maintien de la paix afin d’assurer la paix et la stabilité.  La capacité de planification militaire doit être une priorité opérationnelle immédiate, a-t-il également relevé, précisant que le nombre actuel de planificateurs militaires au Siège était clairement insuffisant pour gérer le nombre croissant de personnel sur le terrain.  Le caractère multidimensionnel des opérations de maintien de la paix souligne également, selon lui, la nécessité de renforcer la capacité civile, y compris la police de l’ONU.  La réforme sur la sûreté et la sécurité est également un domaine hautement prioritaire du Gouvernement norvégien, a-t-il ajouté, notant que son pays appuyait la vaste gamme de projets de réforme en Afrique, en Asie et en Europe de l’Est.  S’agissant des cas d’exploitation et d’abus sexuels, il a indiqué que son pays demeurait favorable à la formulation définitive de stratégies dans ce domaine.  Par exemple, les États Membres du Comité spécial devraient s’assurer que les enfants nés de tels actes se voient offrir toute l’aide dont ils ont besoin.


M. RUAMPON MEECHOO-ARRTH (Thaïlande) a déclaré que la proposition du Secrétaire général de restructurer le Département des opérations de maintien de la paix nécessitait l’ouverture d’un débat poussé entre tous les États Membres.  Il a ainsi mis en garde contre une prise de décision trop hâtive, aboutissant à la séparation du Département en deux entités travaillant de manière étroite.  Pour le représentant, il convient, à ce stade, de s’assurer que les propositions du Secrétaire général dans le domaine du maintien de la paix conduiraient bien à un renforcement de la capacité d’action de l’ONU dans ce secteur.  En particulier, l’accent doit être mis, à son avis, sur l’examen des moyens à mettre en œuvre pour améliorer la structure de commandement et la sécurité du personnel déployés sur le terrain.  Le représentant a également plaidé pour une représentation géographique équitable aux postes de décision, les pays en développement étant, en l’état, sous-représentés à ce niveau.  En conclusion, il a souhaité que des stratégies de sortie soient définies pour permettre une transition souple de la phase de transition à la paix dans les sociétés postconflit.  Cela aurait pour effet de faciliter le retrait des missions les plus anciennes, a jugé le représentant. 


M. ELBIO O. ROSSELLI (Uruguay) a affirmé que son pays, septième contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix, se félicitait des réformes entreprises.  L’Uruguay, a-t-il notamment expliqué, accepte par ailleurs la proposition du Secrétaire général de créer un département des opérations de paix et un département d’appui sur le terrain.  Cette répartition des responsabilités assurerait et renforcerait à son avis la cohésion de la chaîne de commandement entre le Siège de New York et le terrain.  Il est par ailleurs essentiel, a souligné le représentant, d’assurer une coordination fluide entre les deux départements proposés, estimant que la contribution des pays fournisseurs dans ce domaine était indispensable.  Pour ce qui est de la réforme du secteur de la sécurité, elle constitue, a-t-il affirmé, un élément essentiel de tout processus de stabilisation dans les situations postconflit.  Le représentant a par ailleurs exprimé le plein appui de son pays à la politique de tolérance zéro établie par le Secrétaire général dans les cas d’exploitation et d’abus sexuels. 


M. HERALDO MUÑOZ (Chili) a noté que son pays participait aux opérations de maintien de la paix depuis leur création, en 1948.  Nous sommes actuellement présents en Haïti, et notre expérience sur ce terrain nous a permis de nous adapter aux changements ayant affecté cette opération et les autres, au départ à dominante militaire et aujourd’hui de nature beaucoup plus complexe, a-t-il dit.  Pour le représentant, il est évident que la dimension politique doit être renforcée pour répondre à cette évolution, en facilitant notamment la prise de décision relative à l’identification des besoins en matière d’appui logistique.  C’est en ce sens que le représentant a salué l’idée de création d’un département de l’appui aux opérations de paix, qui, financé avec des ressources adéquates, permettrait une décentralisation des processus de décision plus en phase avec ses besoins.  Le représentant a ajouté que la modernisation du maintien de la paix devait passer également par une délimitation claire de ses responsabilités et par l’établissement d’un mécanisme d’audit transparent, visant au suivi de l’utilisation des ressources allouées au maintien de la paix.  Le représentant a en outre estimé qu’il fallait éviter, à la faveur de la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix telle que proposée par le Secrétaire général, de fragiliser la complémentarité indispensable entre les structures du terrain et celle du Siège de New York.  À cet égard, il a affirmé que l’autorité du futur département de l’appui aux opérations de paix devrait se situer à un niveau intermédiaire, entre le sous-secrétariat des opérations de paix et le Secrétaire général de l’ONU. 


Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie) a estimé qu’il n’était plus possible de remettre la réforme des opérations de maintien de la paix, mais, qu’en même temps, il n’était pas question que cette réforme aboutisse à la création d’une bureaucratie plus importante.  Selon la représentante, la nécessité d’avoir des opérations multidimensionnelles doit aller de pair avec le besoin des soldats de la paix de se concentrer sur leurs tâches propres.  De même, il est indispensable, à ses yeux, de prêter une attention prioritaire à une coordination plus étroite des opérations de maintien et de consolidation de la paix, notamment veiller à ce que les soldats de la paix ne soient pas retirés trop tôt dans des situations précaires.  Les priorités pour le maintien et la consolidation de la paix doivent émaner en premier lieu des gouvernements nationaux, a-t-elle par ailleurs estimé, affirmant que le déploiement des soldats de la paix ne contribuerait à apporter une paix véritable que si la communauté internationale maintient son engagement à trouver des solutions politiques avec les organisations régionales. 


M. RODRIGO RIOFRIO (Équateur) a déclaré qu’il fallait aborder les problématiques du maintien de la paix de manière intégrée et coordonnée, compte tenu des liens reconnus entre les domaines de la sécurité et du développement.  Il a estimé que sans un travail soutenu de reconstruction des services de base dans les sociétés postconflit, il ne serait pas possible d’atteindre les objectifs à long terme visant la  transition de ces sociétés vers la paix et le développement durables.  Dans le cas de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), où mon pays est particulièrement actif, nous avons pu vérifier les avantages des projets à impact rapide, a-t-il précisé, en affirmant que dans les régions où l’État est absent, la Mission a été la seule source de stabilité sociale en Haïti. 


Le représentant a ajouté qu’il fallait accorder une importance particulière à la planification et à la gestion des missions, en tenant compte du bien-être des personnels qui se trouvent être à la fois sollicités et exposer à des risques nouveaux.  Il a également souhaité que le renforcement de la Division militaire du Département des opérations de maintien de la paix soit discuté plus avant au cours de la présente session du Comité spécial.  Le processus de réformes exige l’engagement conjoint et sans faille du Secrétariat et des États Membres pour assurer la légitimité et l’efficacité que nous recherchons tous dans le domaine du maintien de la paix, a-t-il lancé.  Selon le représentant, l’agenda de réformes 2010 doit passer par une formation technique accrue du personnel, en raison de la multitude des besoins logistiques des nouvelles opérations de terrain.


M. KHOC (Soudan) a dit attacher une grande importante aux travaux du Comité spécial.  Le représentant a rappelé que son pays accueillait une des plus grandes missions de maintien de la paix des Nations Unies.  Il a estimé que la réforme des opérations de maintien de la paix ne devait pas s’opérer au détriment des principes de la Charte des Nations Unies, notamment pour ce qui est des mandats des missions.  Il a notamment rappelé la nécessité de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales des États, ainsi que les diversités culturelles et les traditions des sociétés dans lesquelles elles opèrent.  Par ailleurs, a-t-il estimé, la stratégie de sortie des conflits doit être claire depuis les premières phases du déploiement des missions.  Le représentant a en outre critiqué l’intervention de la Norvège, dont le représentant avait plus tôt souligné le besoin urgent des Nations Unies de jouer un rôle plus actif au Darfour et du Comité spécial d’essayer de convaincre le Gouvernement soudanais d’autoriser la mise en œuvre rapide du plan de l’ONU et de l’Union africaine pour cette région.   


M. PRASAD KARIYAWASAM (Sri Lanka) a estimé que la complexification des opérations de maintien de la paix avait conduit à une demande accrue de ressources additionnelles.  La conséquence est que les États Membres ont une obligation de résultat plus grande qu’avant.  Le représentant s’est par ailleurs félicité de la volonté affichée du Secrétaire général de renforcer tous les secteurs onusiens du maintien de la paix et a souhaité que le Comité spécial se saisisse au cours de cette session des questions relatives à la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix.  Évoquant l’engagement de son pays sur le terrain, le représentant a indiqué que la sécurité du personnel était une priorité absolue de son gouvernement.  Il a exprimé sa préoccupation devant le silence entourant les cas de décès de maladies d’un nombre important de soldats de la paix, se prononçant pour une meilleure circulation de l’information entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes.  Il a par ailleurs regretté que ces derniers étaient sous-représentés dans les sphères les plus hautes de décision, sur le terrain comme au Siège.  Enfin, il demandé aux États Membres de s’acquitter dans les délais prévus à cet effet de leurs obligations, en remboursant comme convenu les pays contributeurs de troupes.


M. Z. D. MUBURI-MUITA (Kenya) a affirmé que son pays, contributeur de troupes de longue date, était convaincu que certains aspects du maintien de la paix pouvaient être améliorés.  Il s’est félicité du rapport du Secrétaire général sur cette question et a souhaité que les membres du Comité spécial examinent objectivement les questions qui y sont soulevées afin d’adopter des structures permettant une amélioration de l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  Ces types d’opération sont devenus plus complexes que par le passé, a-t-il noté, précisant que leur gestion devait être modifiée en conséquence.  Il s’est prononcé pour la mise en place de systèmes de sécurité palliatifs adaptés à des situations spécifiques, lançant un appel aux Nations Unies, en tant que représentant du pays présidant l’Autorité intergouvernementale sur le développement, pour qu’elles contribuent à l’opérationnalisation de la force africaine en attente.


Le représentant de l’Argentine a expliqué que son pays était très attentif à la proposition du Secrétaire général de restructurer le Département des opérations de maintien de la paix.  Nous sommes d’avis que le Comité spécial est l’organe de choix pour lancer le cadre de consultations permettant de réaliser les objectifs fixés à ce niveau, a-t-il dit.  La Cinquième Commission et le CCQAB devraient compléter ce débat, compte tenu des responsabilités qui sont les leurs, a-t-il ajouté, précisant que l’évolution récente des opérations de la paix exigeait qu’on étudie dès à présent leur réforme.  À cet égard, il a déclaré que son pays souhaitait examiner plus avant le projet de scission du Département des opérations de maintien de la paix.  Sans nul doute, la réalisation de ce projet permettrait l’amélioration des procédures d’identification dans le domaine logistique, a-t-il affirmé, estimant toutefois que d’autres aspects du projet, comme ceux concernant les mandats de la Division de la police, devaient faire l’objet de discussions détaillées.  Le représentant a aussi souhaité que le Comité se penche sur la demande accrue de composantes civiles dans les opérations multidimensionnelles de maintien de la paix.  C’est en ce sens qu’il a approuvé l’idée du déploiement d’observateurs civils par les pays qui sont incapables par ailleurs de fournir des troupes militaires ou policières.


Mme MAHUAMPI DE ORTIZ (Venezuela) a estimé que la proposition de réforme du Secrétaire général du Département des opérations de maintien de la paix exigeait davantage d’informations et de précisions afin de mieux la comprendre et de mieux contribuer à sa mise en œuvre.  Cette proposition, a-t-elle dit, doit faire l’objet d’un diagnostic sur le plan technique.  La représentante a estimé que la réforme devait être formulée dans le cadre d’une révision systématique et non sur un plan particulier.  À ses yeux, un département n’est pas un lieu isolé sans relations d’interdépendance, mais fait partie d’un réseau complexe de relations. 


M. PAUL BADJI (Sénégal) a estimé qu’une action importante dans le domaine du maintien de la paix ne pouvait donner de résultats satisfaisants qu’en s’appuyant sur une stratégie globale et cohérente.  Le Comité spécial, a-t-il dit, est le cadre approprié pour proposer des mesures visant à impulser la réforme du secteur de la sécurité.  À cet égard, deux paramètres doivent être pris en compte, l’appropriation de cette réforme par les autorités nationales du pays concerné et la réduction des foyers de tension par la promotion d’une bonne gouvernance et la prévention des conflits.  Le représentant a ajouté que, s’agissant du renforcement des capacités africaines de maintien de la paix, le Sénégal saluait les efforts entrepris dans le contexte de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine.  La coopération avec d’autres organisations régionales et des pays amis de l’Afrique était également appréciée par l’UA et les États Membres qui entendent prendre leurs responsabilités dans la recherche des solutions aux crises qui secouent le continent africain.  Enfin, M. Badji a estimé que la formation des hommes et des femmes africains, membres potentiels des missions de maintien de la paix en Afrique et ailleurs, pourrait permettre la mise à disposition de plus de personnels militaires, policiers et civils qualifiés.  En conclusion, il a souligné les efforts du Service de la formation intégrée du Secrétariat pour traduire en français des programmes de formation dans les documents d’appui au cours dispensés aux futurs employés de terrain. 


M. BAYANI S. MERCADO (Philippines) a affirmé que son pays avait donné son appui à la réforme du Département des opérations de maintien de la paix, qui était incontournable compte tenu du volume de travail excessif imposé à ce Département, en particulier ses divisions de police et militaire.  Il a souhaité que la Division militaire soit renforcée pour mieux aider à superviser les opérations et a appuyé la création d’une capacité de réserve de police qui puisse être rapidement déployée.  Le représentant a par ailleurs réitéré l’appel des Philippines aux pays développés pour que ceux-ci participent davantage aux opérations de maintien de la paix.  Il a également affirmé que son pays accordait beaucoup d’importance à la discipline et au comportement des soldats de la paix, les Philippines ayant de leur côté pris des mesures importantes à cet égard. 


M. TENS C. KAPOMA (Zambie) a déclaré que la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix devrait permettre un réalignement et un ciblage salutaire des ressources.  À ses yeux, le futur département des opérations de paix devra s’appuyer sur l’établissement d’une entité logistique à part entière afin d’assurer l’appui administratif et logistique nécessaire au niveau régional.  M. Kapoma a ajouté que son pays continuait d’appuyer la proposition du Secrétaire général de renforcer les effectifs des divisions militaire et de police du Département des opérations de maintien de la paix.  En conclusion, le représentant a affirmé que son pays, en tant que contributeur de troupes, était très préoccupé par les retards pris dans les remboursements au titre de matériel appartenant aux contingents et les lenteurs administratives du processus de certification en cas de décès et d’invalidité.


M. GERSHON KEDAR (Israël) a affirmé que l’appui aux forces de l’ONU se faisait également par la surveillance, l’efficacité et l’efficience et à travers un processus constant de réforme.  À son avis, le Secrétaire général devrait disposer de la souplesse nécessaire pour réformer le Secrétariat.  Par ailleurs, la communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour que la mission de la FINUL au Liban soit un succès jusqu’à la réalisation d’une paix durable, a-t-il estimé, soulignant que la cessation des hostilités au Liban, l’été dernier, avait été rendue possible grâce à la résolution 1701 du Conseil de sécurité, dont la FINUL occupe une partie centrale.  À son avis, l’ensemble des dispositions de la résolution 1701 doit être respecté pour assurer le succès de la FINUL 2, a-t-il dit, soulignant que le regroupement du Hezbollah au Sud-Liban et son réarmement, violation de la résolution 1701, risquaient de compromettre ce succès.  Il a assuré qu’Israël ferait tout de son mieux pour renforcer ses rapports avec la FINUL. 


M. PAK GIL YON, Observateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a estimé que la première urgence était de punir les soldats de la paix ayant commis des crimes humanitaires.  En particulier, l’exploitation et les abus sexuels constituent une violation flagrante des droits de l’homme et une perversion grave de la Charte des Nations Unies, a-t-il fait valoir.  Le représentant a ajouté qu’au cours du siècle dernier, l’armée japonaise s’était rendue coupable d’esclavage sexuel, 20 000 femmes coréennes ayant été victimes de ce crime.  Pourtant, a-t-il déploré, le Japon, loin de reconnaître ces crimes, a justifié son histoire en dénaturant le contenu des manuels scolaires.  Afin de prévenir la résurgence de tels crimes dans le cadre des opérations de maintien de la paix, le commandement de l’ONU doit être intégralement réorganisé, a affirmé le représentant.  Il a dénoncé l’intention des États Unis d’utiliser le commandement de l’ONU pour déclencher une guerre contre la RPDC, compromettant ainsi la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne. 


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a reconnu l’importance des opérations de maintien de la paix que son pays appuyait, dans la mesure où ces opérations respectaient les buts et les principes figurant dans la Charte des Nations Unies et étaient soumises à l’approbation des parties intéressées.  Face à l’augmentation du nombre des opérations de maintien de la paix et des nouveaux défis qui découlent de cette situation, il est impératif, à son avis, de faire des efforts pour mieux gérer ces opérations.  Le processus d’amélioration des opérations de maintien de la paix est une entreprise à long terme et multidimensionnelle qui exige des compétences et des ressources de la part des États Membres et des organisations régionales, a-t-il également affirmé.     


Droits de réponse


Le représentant du Japon a réagi à la déclaration de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qualifiant de regrettables des propos injurieux n’ayant en outre pas leur place dans le contexte de la présente session.  Le Japon s’est excusé des crimes auxquels il a été fait allusion, et cela à de nombreuses reprises, a-t-il dit. Toutefois, les chiffres brandis par la RPDC sont tout à fait exagérés, ce qui est inacceptable.


Le représentant de la RPDC a répondu que ces chiffres n’étaient nullement exagérés et que le Japon n’avait jamais reconnu ses crimes.  À preuve, a-t-il ajouté, le Japon n’a jamais versé de compensation aux victimes coréennes.  Le représentant a estimé que tout pays qui viole le droit international ne devrait recevoir l’approbation de la communauté internationale.  Le Japon doit simplement reconnaître la nature des crimes commis au cours de la Seconde Guerre mondiale.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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