POUR L’AVENIR, JE VOIS POUR LA SOCIÉTÉ CIVILE UN RÔLE QUASIMENT ILLIMITÉ, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, À LA CLÔTURE DE LA CONFÉRENCE DPI/ONG
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Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
POUR L’AVENIR, JE VOIS POUR LA SOCIÉTÉ CIVILE UN RÔLE QUASIMENT ILLIMITÉ, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, À LA CLÔTURE DE LA CONFÉRENCE DPI/ONG
On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée aujourd’hui à New York par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la cinquante-neuvième Conférence annuelle du Département de l’information pour les organisations non gouvernementales:
C’est un grand plaisir pour moi que de me joindre à vous tous aujourd’hui. Comme vous le savez, une bonne part de mes activités journalières est consacrée aux contacts avec les gouvernements. Ce sont pourtant votre soutien et votre participation qui ont rendu possibles nombre de mes succès en tant que Secrétaire général.
Aussi, alors que j’approche la transition qui me mènera de la vie publique à la vie privée, suis-je particulièrement heureux de me trouver parmi tant de représentants de la société civile du monde entier, réunis ici pour apprendre, échanger des idées et nouer des liens.
Je peux aujourd’hui, me remémorant la décennie écoulée, être fier et heureux de constater que durant ce temps, les échanges actifs entre les Nations Unies et la société civile sont devenus à la fois plus étendus et plus profonds.
Comme le manifeste l’intitulé de la Conférence, cette année, nos rapports sont des rapports de partenariat, étroits et en développement. Les organisations non gouvernementales restent des alliées essentielles des Nations Unies, non seulement pour ce qui est de mobiliser l’opinion publique, mais aussi pour la formulation des grandes politiques et leur application sur le terrain, dans les pays et dans les communautés.
À l’échelon intergouvernemental, ces dernières années ont vu l’Assemblée générale tenir avec des représentants des organisations non gouvernementales et du secteur privé des auditions officieuses consacrées à la migration et au développement, au VIH/sida, au Programme d’action en faveur des pays les moins avancés, ainsi qu’aux préparatifs du Sommet mondial de 2005.
À l’échelon national, les coordonnateurs résidents des Nations Unies collaborent étroitement avec les représentants de la société civile, au niveau municipal et au niveau local.
Ces liens résultent d’un effort délibéré des Nations Unies pour toucher les organisations non gouvernementales et le secteur privé. Mais ils s’expliquent aussi par la remarquable expansion du rôle de la société civile, qui est désormais responsable d’un monde en changement, et par le rôle moteur que vous jouez de plus en plus dans des domaines où les pouvoirs publics n’ont parfois pas souhaité ou pas pu intervenir.
Depuis le Sommet « Planète Terre » de 1992, la société civile a laissé sa marque sur une série de conférences mondiales consacrées à des sujets cruciaux, environnement, droits de l’homme, population, pauvreté, promotion de la femme... Vous avez fait entendre votre voix. Mais ces dernières années, vous avez fait mieux. Vous avez fait sentir votre influence. Qu’il s’agisse d’allégement de la dette, de maladie, de bonne gouvernance ou de droits de l’homme, la révolution mondiale des organisations non gouvernementales, lancée par les citoyens du monde entier, a contribué à faire avancer les choses, et donné une vitalité et une signification nouvelles à la notion de communauté internationale.
De plus en plus, c’est de groupes bénévoles comme les vôtres que partent des initiatives d’interventions améliorant la vie d’êtres humains.
De ce fait, même si la démocratie représentative demeure la seule méthode légitime de prise de décisions collective, la démocratie active, en participation, revêt de plus en plus d’importance. La société civile, qui a la possibilité d’exprimer les intérêts des citoyens, de dialoguer directement avec les gouvernements et de participer directement aux grands débats politiques, nationaux et internationaux, peut ainsi faire le lien entre la théorie et la pratique de la démocratie.
Si naguère les grandes réunions et conférences internationales étaient presque exclusivement l’apanage des gouvernements, il serait impensable maintenant que ces manifestations aient lieu sans l’apport de vos idées, de vos moyens de communication et de mobilisation.
Si naguère la gouvernance ne concernait que les gouvernements, à l’heure actuelle la société civile est intégrée à différentes structures mondiales de gouvernance, allant d’ONUSIDA au Forum sur la gouvernance d’Internet.
Si naguère le contrôle et l’application des lois étaient pour l’essentiel du ressort des gouvernements, aujourd’hui la société civile est souvent à l’avant-garde de ceux qui veillent à faire respecter les accords internationaux, sur des sujets qui vont des droits de l’homme et du travail des enfants à l’environnement et aux responsabilités sociales des entreprises.
Si naguère les mécanismes de contrôle et de contre-pouvoir étaient, dans les sociétés démocratiques, aux mains des parlements, à l’heure actuelle une société civile pleine de vitalité sert de garde-fou contre les excès de l’État.
Et si naguère c’étaient les gouvernements qui fixaient les programmes, aujourd’hui c’est vous qui avez inscrit des questions nouvelles à l’ordre du jour.
Ce que vous avez réalisé est admirable. Vous avez joué un rôle déterminant, par exemple, pour la lutte mondiale contre les maladies infectieuses et pour l’ouverture d’un grand débat sur la pauvreté.
Vous avez réussi grâce à votre influence à faire interdire l’emploi des mines antipersonnel par la Convention d’Ottawa. Vous avez fait campagne en faveur du Statut de la Cour pénale internationale, et avez réussi à donner aux victimes du génocide, des viols de masse et d’autres crimes de guerre au moins l’espoir d’obtenir justice à l’avenir. Et vos campagnes populaires ont contribué à persuader les gouvernements d’accorder un allégement substantiel de la dette aux pays les plus pauvres, et de consacrer les sommes ainsi économisées à des programmes de réduction de la pauvreté.
Cette année, vos interventions ont été essentielles pour la création du nouveau Conseil des droits de l’homme aux Nations Unies.
Et le mois dernier, les États Membres de l’Organisation des Nations Unies sont parvenus à un accord historique en parachevant la Convention sur la protection et la promotion des droits des personnes handicapées, aboutissement d’années de plaidoyer des organisations de défense des droits des personnes handicapées, qui ont participé à toutes les étapes de la négociation et ont eu une influence déterminante sur les résultats. Sans leur plaidoyer résolu et leur dévouement, je ne pense pas que cet important accord aurait jamais été conclu.
Votre montée en puissance, manifestement, est porteuse de changement. Alors que les dirigeants et les médias ont tendance à faire ressortir les conflits de valeurs et de croyances, nos partenariats permettent au contraire de jeter des passerelles, et d’offrir un point de vue différent. Notre diversité même sert à légitimer nos idéaux démocratiques communs. Ces rencontres d’idées s’inscrivent dans l’action plus large engagée par les Nations Unies pour promouvoir la compréhension et la tolérance par le biais de l’initiative de l’Alliance des civilisations, dont le Groupe de haut niveau vient de se réunir ici à New York.
Vous avez la capacité de faire reculer les limites du possible, car vous pouvez dire et faire des choses que nous ne pouvons dire ni faire. Dans certains domaines, c’est vous qui êtes à l’avant-garde, et nous qui vous suivons. C’est pour cela que je me réjouis tant de votre soutien et de votre exemple. Il y a tant de choses que nous pouvons, que nous devons faire.
Pour l’avenir, je vois pour la société civile un rôle quasiment illimité, mais qui vous donne à l’égard de ceux et celles que vous représentez des obligations solennelles. Vous exercez de plus en plus d’influence, mais vous devez l’exercer en toute responsabilité. Vous devez vous employer à resserrer des alliances – avec l’ONU, avec le secteur privé, avec le secteur public, et entre vous – qui permettent d’éviter les doublons et d’avoir le maximum d’impact.
Tandis que vous avancez dans cette voie, les Nations Unies seront fières de travailler avec vous pour un monde de paix et de prospérité. Il y a mille façons de resserrer les liens entre nous. Nous pourrons ainsi avancer plus vite vers un avenir de justice, de démocratie et de paix pour tous. Les Nations Unies sont bien convaincues que pour achever ce qui reste à faire pour la sécurité humaine, pour le développement durable et au-delà, il nous faut mettre en commun nos savoirs, affermir notre action. Pour l’ONU, la révolution des organisations non gouvernementales, qui est la montée en puissance des citoyens du monde, est la plus belle chose qui soit arrivée depuis longtemps.
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