CONSEIL: LE RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION ENTRE L’ONU ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES INDISPENDABLE POUR RELEVER LES NOUVEAUX DÉFIS À LA PAIX
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Conseil de sécurité
5529e séance – matin
CONSEIL: LE RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION ENTRE L’ONU ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES INDISPENDABLE POUR RELEVER LES NOUVEAUX DÉFIS À LA PAIX
L’émergence de conflits multidimensionnels exige une amélioration constante de leurs interactions
À l’heure où la communauté internationale est confrontée à des conflits de plus en plus complexes et multidimensionnels, que ce soit au Moyen-Orient, au Darfour ou en République démocratique du Congo, les membres du Conseil ont réaffirmé aujourd’hui l’importance de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, identifiée comme un moyen de promouvoir le maintien et la consolidation de la paix.
Dans une déclaration présidentielle adoptée aujourd’hui à l’issue d’une réunion ministérielle, les membres du Conseil ont décidé d’élargir la concertation et la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales en les invitant, lorsqu’il y a lieu, à participer à leurs travaux. Le Conseil invite par ailleurs celles d’entre elles qui sont dotées de moyens de maintien de la paix ou d’intervention rapide à renforcer leur collaboration avec le Secrétariat de l’ONU pour déterminer les conditions dans lesquelles ces moyens pourraient servir l’exécution des mandats de l’ONU.
Grâce à leur implantation régionale et sous-régionale et à leur expertise, ces organisations sont souvent plus rapidement informées de l’évolution de situations susceptibles de dégénérer en conflits. Les Nations Unies, et plus particulièrement le Conseil de sécurité s’agissant des menaces à la paix et à la sécurité internationales, ont donc tout intérêt à resserrer les liens avec celles-ci pour réagir au plus vite et protéger les populations en danger.
Nulle part ailleurs qu’au Darfour, cette nécessité paraît aujourd’hui plus urgente, a prévenu le Ministre d’État des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni. Saluant le travail accompli par la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS), M. Kim Howells a déclaré que ce fardeau devait maintenant être partagé avec les Nations Unies et la communauté internationale, dans la mesure où il n’est pas raisonnable d’exiger d’une seule organisation régionale de maintenir sa présence militaire au Darfour. Sa délégation a vivement encouragé à mettre en œuvre au plus vite la résolution 1706 (2006) et a prié instamment le Conseil d’assumer ses responsabilités.
L’Observateur permanent de la Ligue des États arabes a, de son côté, estimé que la coopération historique entre la Ligue et l’ONU, créées toutes deux il y a une soixantaine d’années, devrait permettre de parvenir à un règlement durable de la situation au Moyen-Orient. M. Mahmassani a lancé un appel au Conseil de sécurité en ce sens, affirmant qu’il en allait de sa crédibilité. L’Organisation de la Conférence islamique a, quant à elle, attiré l’attention sur l’importance d’un dialogue politique pacifique et d’une reconnaissance mutuelle des cultures, des éléments devenus de plus en plus importants à la lumière des récents évènements.
Enfin, plutôt que de multiplier les organisations régionales, l’Union européenne a pour sa part parié sur une optimisation de leurs compétences respectives. La Chine a souligné pour sa part la primauté des synergies sur la duplication des efforts. Plusieurs délégations ont appuyé la proposition du Secrétaire général, présent à cette séance, d’établir un mécanisme global de sécurité collective qui soit le garant d’une paix durable.
Outre les membres du Conseil et celles déjà citées, les organisations intergouvernementales régionales suivantes ont pris la parole: Présidence de l’Union européenne, Organisation des États américains, Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), Ligue des États arabes, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, Communauté des États indépendants, Organisation de la Conférence islamique, Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Organisation du Traité de sécurité collective, et Conseil de l’Europe. Prévu initialement sur la liste des orateurs, le Ministre des affaires étrangères de la Roumanie n’a pas fait de déclaration.
LES ENJEUX DE LA COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES POUR LE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Déclarations d’ouverture
Mme DORA BAKOYANNIS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a ouvert le débat en se félicitant des efforts du Secrétaire général pour renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité. Rappelant que le Conseil de sécurité avait déjà reconnu la nécessité d’impliquer davantage les organisations internationales dans la prévention et la gestion des conflits, elle a partagé cette position tout en indiquant que la participation des organisations régionales allégerait le fardeau du Conseil et augmenterait sa crédibilité. Par ailleurs, elle a constaté des évolutions récentes dans ce domaine, dont la tenue, à l’initiative du Secrétaire général, de six réunions de haut niveau. Celles-ci ont identifié une série de mesures pour la coopération en matière de prévention de conflits ainsi que des principes de base concernant la consolidation de la paix, a-t-elle précisé.
Toutefois, elle a souligné qu’il restait de nombreux défis à relever afin de rendre la relation entre les Nations Unies et les organisations régionales plus substantielle et opérationnelle. Afin de faciliter la vision d’un mécanisme régional et mondial pour la paix et la sécurité, elle a estimé qu’il fallait identifier les organisations régionales et sous-régionales, et définir les critères qui les distinguent des organisations internationales, a-t-elle argué. Elle a rappelé que la résolution 1631 (2005) du Conseil de sécurité soulignait le besoin de clarifier le mandat des organisations, dont les régionales afin de parvenir à une coordination plus efficace. Enfin, elle s’est félicitée des efforts visant à renforcer les capacités de ces organisations. Elle a d’ailleurs ajouté que la septième réunion de haut niveau, qui se tiendra après ce débat, se pencherait sur la mise en œuvre d’un processus décennal de renforcement des capacités des organisations régionales et sous-régionales africaines.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’il y a 14 ans, le Conseil a invité son prédécesseur à présenter des recommandations pour renforcer le rôle des Nations Unies dans la paix et la sécurité internationales. Cette demande portait notamment sur la coopération avec les organisations régionales en vertu du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. Six réunions de haut niveau ont eu lieu jusqu’à présent, une septième se tiendra le 23 septembre prochain, a-t-il annoncé. Il a indiqué que l’accent avait été mis, cette année, sur la coopération avec l’opération de maintien de la paix de l’Union africaine au Soudan; la coopération avec l’Union européenne dans l’appui au processus de paix en République démocratique du Congo (RDC); et sur des partenariats avec la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’OTAN en Afghanistan et au Kosovo, ainsi qu’avec l’Organisation des États américains en Haïti. Des consultations ont également été engagées avec l’Organisation de la Conférence islamique et la Ligue des États arabes sur le règlement des conflits au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. Notre médiation comprend aussi des efforts de partenariats avec l’IGAD, en Somalie et au Soudan, l’ANASE au Cambodge, au Myanmar et au Timor-Leste, la Francophonie en République centrafricaine et la communauté des pays de langue portugaise en Guinée-Bissau, a poursuivi le Secrétaire général, qui a rappelé que toutes ces expériences comprennent la prévention des conflits, le maintien et la consolidation de la paix.
L’engagement des acteurs régionaux améliore ainsi notre connaissance des situations spécifiques. Leurs capacités militaires de maintien de la paix nous ont permis de réagir plus rapidement et leurs ressources se révèlent précieuses dans les situations postconflit. Il est cependant nécessaire de faire encore davantage, a estimé M. Annan. Le programme de renforcement des capacités de l’Union africaine, qui s’étendait sur 10 ans, a réalisé de réels progrès, principalement parce qu’il a permis de conjuguer les efforts de tous les acteurs régionaux, sous-régionaux, déployés sur le terrain ou non. Il est temps désormais de porter le partenariat global à un niveau beaucoup plus pratique en réfléchissant aux moyens d’établir un mécanisme de sécurité collective qui protège les peuples et soit garant d’une paix durable sur le terrain, a conclu le Secrétaire général.
Déclarations
M. HAMAD BIN JASSIM BIN JABR AL-THANI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar, s’est dit convaincu de l’importance d’une action coordonnée au sein des Nations Unies et a estimé que les organisations régionales et sous-régionales, ainsi que les accords internationaux, visaient à renforcer les bases d’une paix et d’une sécurité durables. Il a indiqué que les organisations régionales et sous-régionales pouvaient jouer un rôle crucial dans ce domaine car elles étaient les mieux placées pour évaluer l’approche la plus adéquate à adopter face aux conflits dans leur région. Il a salué l’attention accrue portée au renforcement du partenariat entre l’ONU et ces organisations ainsi que l’idée d’élaborer une structure globale dans laquelle les capacités se complèteraient sur la base des avantages comparatifs et d’une division claire des rôles. En outre, le Ministre des affaires étrangères a souligné que les organisations régionales constituaient le lien le plus fort entre les niveaux national et international.
Par ailleurs, il a noté que la coopération émergente, telle que celle entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine, démontrait le vrai potentiel de ces échanges et leurs avantages pour maintenir la paix et la sécurité. Toutefois, il a estimé que tous les conflits et organisations régionales n’étaient pas traités de la même manière, créant un déséquilibre entre la sécurité collective mondiale et régionale. La situation instable dans notre région est la preuve de ce déséquilibre et doit être rétabli urgemment, a-t-il ajouté. Il a ainsi plaidé pour un partenariat qui reflète équitablement les préoccupations des diverses organisations régionales. S’accordant avec le Secrétaire général sur l’importance de mieux définir cette coopération, il a de plus appuyé le projet de déclaration présidentielle de cette réunion.
M. LI ZHAOXING, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a déclaré que son pays appuyait le rapport du Secrétaire général au sujet de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. Il a tenu à faire trois remarques à cet égard. Il est important, selon lui, que les efforts de chaque partie se complètent et que la coordination soit accrue. Il faut une synergie afin d’éviter la duplication des efforts. M. Zhaoxing estime que les organisations régionales doivent adresser des rapports complets et actualisés au Conseil de sécurité sur l’avancement des actions qu’elles mènent en vertu de la Charte des Nations Unies. Il a estimé également important de faire progresser une coopération axée sur les résultats recherchés. Une telle coopération doit être souple et diversifiée dans ses formes, sans être réduite à un modèle ou un mécanisme particulier. Enfin, il est important pour le représentant de la Chine de renforcer la capacité d’action sur le terrain. À cet égard, il a demandé aux Nations Unies de fournir une plus grande assistance à l’Union africaine à cet égard afin que celle-ci puisse jouer un plus grand rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent.
M. JÁN KUBIŠ, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, a exprimé son soutien à l’idée d’un mécanisme global qui permettrait de renforcer la coopération entre les organisations régionales et les Nations Unies dans le maintien et la consolidation de la paix. Cette coopération a beaucoup de valeur dans les régions de conflit, notamment en Afrique où l’Union africaine est devenue l’interlocutrice privilégiée des Nations Unies, même si un rôle important reste dévolu aux organisations sous-régionales, comme la CEDEAO. Il faut en outre renforcer les capacités du continent africain dans la prévention des crises, a prévenu le Ministre. L’importance de cette coopération prend toute sa signification dans la crise qui sévit actuellement au Darfour. M. Kubiš a salué, à cet égard, la réunion importante entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui s’est tenue à Addis-Abeba lors de la dernière mission effectuée par le Conseil et qui a permis de réfléchir à des solutions durables au conflit.
Les organisations intergouvernementales régionales ont également un rôle à jouer dans la prévention de la prolifération des armes de destruction massive, a estimé le Ministre. Beaucoup d’entre elles sont par ailleurs intéressées par la perspective d’une participation aux travaux de la Commission de consolidation de la paix. Pour sa part, la Slovaquie a accepté de renforcer, au Conseil, l’interaction avec les organisations régionales, en particulier dans les régions en développement ou disposant de moyens limités. Le Ministre a ensuite attiré l’attention sur une composante très importante de la consolidation de la paix pour son gouvernement qui est la réforme en matière de sécurité. Il a rappelé qu’il en avait fait sa priorité thématique lors de sa présidence du Conseil de sécurité. Enfin, le Ministre slovaque des affaires étrangères a annoncé son intention d’organiser une réunion avec les organisations régionales représentées à New York dans les semaines à venir.
M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Ministre des affaires étrangères du Ghana, a dit avoir noté, ces derniers temps, des dérives préoccupantes dans les relations entre l’ONU et certains pays africains. Il s’est donc félicité d’avoir l’occasion de revoir la question de la coopération entre les Nations Unies et les institutions régionales. Il s’est dit convaincu que les organisations régionales ont l’obligation de prêter main forte à l’ONU dans le maintien de la paix en s’assurant que les efforts internationaux ne soient pas compromis. Le Ministre des affaires étrangères a dénoncé le manque de coopération de certains États membres de l’Union africaine qui peuvent mettre en danger le rôle de l’Union dans le partenariat régional et international dans le domaine de la sécurité. Dans ce contexte, il a espéré que les restrictions imposées à la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE) seront levées prochainement. Il a aussi souligné que le renforcement de la présence des Nations Unies, qui sont déjà présentes dans le Sud, est incontournable si l’on veut sauver la vie des millions de personnes déplacées.
Le Ministre des affaires étrangères s’est félicité des « importantes initiatives » prises ces dernières années par le Conseil de sécurité pour développer la coopération avec l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il a espéré que les différents contacts aboutiront à l’établissement d’un cadre de coopération renforcée, notamment dans la mise en œuvre des recommandations du Rapport Brahimi de 2000. Il a aussi salué la création du « desk des Nations Unies » conformément au Rapport du Secrétaire général sur le partenariat en matière de sécurité, en souhaitant qu’un autre soit créé pour renforcer le dialogue entre les Nations Unies, l’Union africaine et la CEDEAO pour la prévention des conflits. M. Akufo-Addo s’est dit particulièrement préoccupé par la nécessité de renforcer la coordination entre l’Union africaine et des organisations régionales qui sont pour la plupart d’entre elles en gestation et qui manquent d’institutions pleinement développées. Il a également souligné la nécessité pour ces organisations de rationaliser leurs activités afin d’éviter les doubles emplois. Pour le représentant du Ghana, la meilleure garantie de la paix et de la sécurité dans le monde consiste en un système multilatéral crédible organisé autour des principes et des valeurs de la Charte de l’ONU.
M. BASILE IBOUEKE (Congo) a déclaré que son pays, qui assume les responsabilités de la présidence de l’Union africaine, mesurait chaque jour la nécessité d’une telle coopération qui revêt, dans certains cas, la forme d’un véritable partenariat, comme au Darfour ou en Côte d’Ivoire. M. Iboueke a jugé que pour renforcer les relations entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, il fallait intégrer les nouveaux outils de coopération pour répondre aux besoins réels en matière de paix, de sécurité et de développement. Il s’est ainsi félicité de l’adoption, le 17 octobre 2005, de la résolution 1631 du Conseil de sécurité préconisant, notamment, des réunions régulières avec lesdites organisations dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité. S’agissant de la prévention des conflits, le représentant a noté avec satisfaction que l’Union africaine, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et l’Union européenne disposent chacune d’une centre de prévention des conflits dotés de systèmes d’alerte rapide. En matière de rétablissement de la paix, il a indiqué que la collaboration entre l’ONU et l’Union africaine s’était manifestée par l’envoi de médiateurs et de représentants spéciaux.
Pour ce qui est du maintien de la paix, M. Iboueke a estimé que les organisations régionales contribuaient, dans une mesure importante, aux efforts déployés sur le plan international pour aider les États qui sortent d’un conflit armé à retrouver une paix durable. Dans le cas de la gestion de la crise du Darfour, a-t-il ajouté, « l’Afrique estime qu’un passage à une force des Nations Unies s’inscrit parfaitement dans la logique ayant prévalu jusqu’ici ». Le représentant a également salué la création récente de la Commission de consolidation de la paix. Il a ensuite rappelé l’apport considérable du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale qui assiste les pays de la sous-région dans la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. Enfin, M. Iboueke a reconnu qu’il convenait de demander aux organisations internationales, régionales et sous-régionales qui voudraient participer au renforcement de la coopération avec les Nations Unies, de conclure un accord formel avec le Secrétaire général pour répondre à l’appel lancé par les chefs d’État au Sommet mondial de septembre 2005.
M. PHILIPPE DOUSTE-BLAZY, Ministre des affaires étrangères de la France, a d’abord évoqué l’affirmation croissante de l’Union européenne en tant qu’acteur majeur au service de la paix, en Afrique plus particulièrement. Il a estimé que les institutions politiques dont l’Union africaine s’est dotée « émergent comme des instruments incontournables de la paix en Afrique ». Le Ministre français, qui a ensuite évoqué la complémentarité entre les organisations régionales et les Nations Unies, s’est ensuite interrogé sur la façon d’aller plus loin dans « cette interaction si nécessaire pour la paix et la sécurité internationales ». M. Douste-Blazy a répondu que le Conseil de sécurité devait continuer à encourager les efforts d’intégration régionale et sous-régionale qui, a-t-il noté, sont loin d’avoir atteint le même degré d’avancement dans toutes les régions du monde. « Encourageons les échanges d’expériences et d’expertises » entre les organisations et l’ONU, a lancé le Ministre français des affaires étrangères. « Définissons là où nous le pouvons de bonnes pratiques et des procédures communes. » Enfin, veillons à mieux assurer, une meilleure synergie, une meilleure coordination entre les acteurs, a ajouté le Ministre. Celui-ci a achevé son intervention en soulignant le rôle de la Commission de consolidation de la paix. La France, a-t-il dit, souhaite que ce nouvel organe de l’ONU se mette rapidement au travail sur des situations concrètes.
M. PER STIG MØLLER, Ministre des affaires étrangères du Danemark, a indiqué qu’il axait son intervention sur deux points: la nécessité d’une plus grande implication des organisations africaines dans les efforts de paix et le combat contre le terrorisme. Sur le premier point, M. Møller a rappelé que l’objectif était d’avoir un impact réel sur le terrain. Pour ce faire, il convient d’avoir des partenariats efficaces et une division pragmatique des tâches entre les organisations impliquées dans la prévention des conflits, la gestion des crises et la stabilisation postconflit.
Le chef de la diplomatie danoise a noté que les Nations Unies, si elles ont une bonne connaissance sur la prévention et la résolution des conflits, elles n’étaient pas toujours en mesure de comprendre les causes à la racine des problèmes. Les institutions africaines ont donc un rôle clef à jouer à cet égard. M. Møller a donc appelé le Conseil et la Commission de consolidation de la paix à explorer les meilleurs moyens de soutenir les efforts visant à développer l’architecture de sécurité africaine en travaillant notamment étroitement avec l’Union africaine.
Concernant le combat contre le terrorisme, le Danemark est convaincu que les organisations régionales peuvent jouer un rôle particulièrement efficace. Leur rôle est non seulement politique mais aussi technique en aidant leurs États membres à répondre à leurs obligations. Beaucoup d’États souhaitent en effet s’investir davantage dans la lutte contre le terrorisme mais ils manquent de moyens ou de capacités nécessaires. Les organisations régionales peuvent donc s’acquitter d’un rôle exceptionnel dans ce domaine, a conclu le Ministre danois des affaires étrangères.
M. JORGE E. TAIANA, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l’Argentine, a déclaré que son pays soutenait pleinement toutes les initiatives visant à améliorer la coordination entre les organisations régionales et les Nations Unies dans les domaines du maintien de la paix et de la sécurité et de la protection des droits de l’homme. M. Taiana a noté qu’au cours des dernières années, la plupart des conflits dont a été saisi le Conseil de sécurité étaient le produit de guerres civiles se caractérisant, notamment, par des violations des droits de l’homme, des persécutions religieuses ou ethniques, des mouvements massifs de personnes déplacées et de réfugiés, la prolifération d’armes légères, le trafic d’êtres humains et la détérioration de la situation des groupes les plus vulnérables. Souvent, a expliqué le Ministre, les conflits internes s’étendent à toute la région. Dans ce cadre, a-t-il ajouté, la prévention et la réaction rapide sont d’une importance significative pour empêcher l’embrasement. M. Taiana a évoqué la situation en Haïti, qu’il a qualifié de «modèle de coopération entre les Nations Unies et l’Organisation des États américains (OEA)» Cette dernière, a-t-il dit, a facilité, grâce à son association avec l’ONU et à son leadership, l’exécution du mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Cet apport a été fondamental dans l’organisation d’élections libres qui ont abouti à l’établissement de l’actuel gouvernement démocratique de ce pays.
Le Ministre a par ailleurs estimé que la mise en place d’une coopération systémique entre l’ONU et les organisations régionales, s’appuyant sur une distribution claire des fonctions de chacun des rouages, augmentera la capacité de la communauté internationale à prévenir les conflits, à réagir rapidement quand éclate un confit et à fournir des solutions de paix durable. À cette fin, a ajouté M. Taiana, l’Argentine, à l’instar du Secrétaire général, reconnaît la nécessité d’une répartition équitable des ressources et des capacités entre toutes les régions du monde, de sorte que l’expérience des organisations régionales puisse être utilisée au mieux dans le règlement des conflits.
M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a affirmé que les organisations régionales et les Nations Unies devaient mobiliser leurs capacités respectives dans leurs efforts communs pour assurer le maintien et la consolidation de la paix, notamment en Afrique. Il a souligné le rôle particulièrement important de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de la Conférence islamique dans cette coopération. La Fédération de Russie continue pour sa part de renforcer la coopération entre la Communauté des États indépendants et les Nations Unies, notamment dans la médiation du conflit territorial entre la Géorgie et l’Abkhazie. Ces efforts porteront leurs fruits si toutes les parties respectent les obligations qui leur reviennent dans ce cadre, a cependant souligné le Ministre. Saluant la décision de l’Organisation du Traité de sécurité collective d’établir un cadre de coopération dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, M. Lavrov a souligné le rôle de l’Organisation de coopération de Shanghai dans ce domaine dans la consolidation de la paix en Afghanistan. Nous espérons enfin que cette réunion permettra de concrétiser les engagements pris dans l’élimination des armes de destruction massive lors du Sommet mondial de septembre 2005, a conclu le Ministre.
M. JOSE ANTONIO GARCIA BELAUNDE, Ministre des relations extérieures du Pérou, a noté que le fait que la majorité des 16 opérations de maintien de la paix actuelles comprennent des instances dans lesquelles participent des organismes régionaux démontre l’intensité de la nouvelle relation qui s’est établie ces quinze dernières années avec les Nations Unies. Les organisations régionales sont appelées, selon le Ministre péruvien, à jouer un rôle de premier plan dans la prévention et la résolution des conflits. Leurs capacités à maintenir l’attention sur les problèmes structurels, c'est-à-dire l’information, l’analyse et la gestion des crises et les opérations de paix ou de reconstruction institutionnelle et matérielle, doivent être utilisées et dans beaucoup de cas, renforcées. Les organisations régionales doivent développer leurs propres mécanismes, a-t-il poursuivi en citant l’exemple de la zone de paix andine. Il a évoqué l’action de la MINUSTAH en Haïti pour illustrer la capacité des États de la région à mettre en œuvre les décisions prises par le Conseil de sécurité, à travers les organismes régionaux comme l’Organisation des États américains et la CARICOM ou encore un forum comme le Groupe de Rio.
Le Ministre a jugé utile que les organisations régionales et sous-régionales comme la Banque interaméricaine de développement s’allie à cet effort et contribue à créer un environnement favorable à la stabilité et au développement, en facilitant le commerce, en générant des emplois et en rendant viable le retour volontaire des réfugiés et des personnes déplacées. Le Ministre a conclu en soulignant le rôle important de la Commission de consolidation de la paix et a voulu que les organisations régionales et sous-régionales, à vocation économique, l’aident à définir les objectifs politiques et les domaines prioritaires de reconstruction. Dans cet effort, il faut aussi impliquer les multinationales regroupées, par exemple dans le Pacte mondial, pour donner une viabilité économique, sociale et politique aux efforts de reconstruction réalisés par les nationaux et la communauté internationale. Il est nécessaire, a encore dit le Ministre, que les mécanismes régionaux et sous-régionaux accompagnent l’action multilatérale afin de renforcer les principes et les propositions des Nations Unies par la prise en compte des particularités de chaque région.
Mme ASHA ROSE MIGIRO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République-Unie de Tanzanie, a estimé que des résultats importants avaient déjà été atteints mais a ajouté qu’il convenait d’en faire plus dans le renforcement des liens entre l’ONU et les organisations régionales. L’Union africaine a montré le rôle clef qu’elle pouvait jouer, a-t-elle ajouté, en évoquant l’aide fournie par l’Union européenne. Ce débat devrait se conclure par la ferme résolution de traduire notre détermination à institutionnaliser la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales en une action concrète et durable, a souhaité la Ministre. Le Conseil de sécurité doit permettre aux Nations Unies de mettre en œuvre cette détermination. Il est temps d’agir, a-t-elle conclu.
M. KIM HOWELLS, Ministre d’État des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, s’est félicité de l’engagement du Conseil de sécurité à élargir sa coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, afin de renforcer sa capacité à répondre aux conflits par le biais de la prévention et du règlement des crises et de la reconstruction post-conflit. Nulle part ailleurs qu’au Darfour, cette nécessité est plus urgente, a—t-il prévenu. Saluant le travail accompli par la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS), il a déclaré que son fardeau devait maintenant être partagé avec les Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble, dans la mesure où il n’est pas raisonnable d’exiger d’une seule organisation régionale qu’elle maintienne une présence militaire dans une région telle que le Darfour. La délégation a donc souligné la nécessité de mettre en œuvre au plus vite la résolution 1706 (2006), encourageant le Conseil à agir pour appuyer l’Union africaine et à assumer ses responsabilités. Le Darfour est un exemple clair où l’Union européenne, l’OTAN et les Nations Unies, travaillent ensemble, a souligné le Ministre, qui a émis l’espoir que cela serait également le cas au Kosovo, avec l’OSCE. Il a ensuite saisi l’occasion du débat pour inviter le Secrétaire général à réfléchir aux moyens de rassembler les organisations régionales dans les cycles de conflit, particulièrement l’Union européenne et l’Union africaine, pour développer des partenariats en vue de renforcer leur coopération cruciale. La délégation a enfin salué l’initiative constituée par la Commission de consolidation de la paix, qui préconise une approche holistique à laquelle les organisations régionales peuvent, selon elle, apporter un concours précieux.
Mme JACKIE WOLCOTT SANDERS (États-Unis) a relevé que les activités des organisations régionales pouvaient renforcer l’action des Nations Unies. Elles peuvent établir un lien étroit entre elles et apporter des expériences tout aussi importantes en permettant des synergies fructueuses. Ces liens sont précieux dans le domaine des opérations de maintien de la paix, a-t-elle ajouté. Toutefois, cette coopération devrait se faire sur une base officieuse et ne pas se substituer aux relations entre États au sein des Nations Unies, a conclu la représentante des États-Unis.
M. KENZO OSHIMA (Japon) a constaté que le rôle des organisations régionales dans le maintien de la paix et la sécurité internationales s’était accru et que la coopération entre celles-ci et les Nations Unies en était un facteur essentiel. Soulignant que les organisations régionales avaient la connaissance ainsi que l’appropriation régionale des efforts de paix et de sécurité, il a estimé que leur implication constituait un élément clef pour la résolution des conflits et la consolidation de la paix. De plus, il a mis en avant la nécessité pour le Conseil de sécurité de renforcer sa coopération avec les diverses organisations dans la mise en œuvre de ses résolutions. Il s’est dit convaincu qu’une coopération en faveur du déploiement rapide de Casques bleus permettrait d’améliorer l’efficacité et la rapidité de la réponse aux conflits. Il a ainsi affirmé qu’il fallait systématiser l’assistance –formation, équipement et autres capacités- fournie aux organisations régionales dans ce domaine.
Par ailleurs, il a insisté sur le rôle joué par les organisations régionales dans l’appropriation régionale du processus de paix et a plaidé pour leur participation à la Commission de consolidation de la paix. Afin de favoriser le dialogue entre ces organisations et le Conseil de sécurité, le représentant du Japon a suggéré que leurs représentants respectifs se rencontrent et que l’on multiplie les occasions permettant aux organisations régionales d’informer le Conseil sur leurs activités. Enfin, il a mis l’accent sur l’importance de renforcer les capacités des organisations régionales, citant en exemple l’assistance fournie par son pays à l’Union africaine.
Prenant la parole au nom de l’Union européenne, M. ERKKI TUOMIOJA, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a rappelé que le Sommet mondial de 2005 avait entériné le principe d’une relation plus étroite entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales. Il a estimé que la coopération entre l’Union européenne, les Nations Unies et l’Union africaine avait produit des résultats concrets. L’Union européenne soutient donc l’idée d’accroître la responsabilité des organisations régionales en matière de règlement de conflits régionaux. Cette relation doit s’opérer dans le cadre du système des Nations Unies avec le soutien du Conseil de sécurité, et être fondée sur les principes de l’état de droit, des droits de l’homme et de la consolidation de la paix. Cependant, M. Tuomioja a prévenu qu’il faudrait éviter que les discussions débouchent sur la création de nouvelles structures, et qu’un cadre uniforme soit imposé à des organisations souvent très différentes. La souplesse et le pragmatisme doivent caractériser la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, a-t-il insisté.
Le Ministre a ensuite évoqué les relations entre l’Union européenne et les Nations Unies dans le domaine de la gestion des crises. Une structure de consultation a été instaurée entre les deux organisations pour favoriser la coopération et l’échange des meilleures pratiques. Depuis le début de l’année 2003, l’Union européenne s’est engagée dans plus d’une douzaine d’opérations, essentiellement avec les Nations Unies. M. Tuomioja a rappelé le déploiement d’une opération militaire en République démocratique du Congo pour soutenir la Mission d'observation des Nations Unies (MONUC) pendant les élections, ainsi que la contribution de l’Union africaine à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL). L’Union européenne et les Nations Unies coopèrent également pour la prévention des conflits. Enfin M. Tuomioja a estimé que le succès de la Commission de consolidation de la paix dépendrait de sa capacité à impliquer les organisations régionales et la société civile.
M. JOSE MIGUEL INSULZA, Secrétaire général de l’Organisation des États américains, a souligné qu’un partenariat mondial était indispensable entre les Nations Unies et les organisations régionales. L’OEA est d’accord pour passer d’une coopération au coup par coup à une collaboration plus systématique. Citant le rôle de l’OEA aux côtés de la MINUSTAH, il a notamment donné en exemple l’organisation des élections en Haïti, les plus démocratiques depuis longtemps selon lui dans ce pays. Le représentant de l’OEA a aussi évoqué le rôle de son institution en Equateur et en Bolivie. Une expérience précieuse a ainsi été acquise, a noté M. Insulza. Tout cela montre que l’on peut coordonner plus avant les opérations dans l’avenir, de manière pragmatique et aussi plus stable, selon lui, ce qui permettrait d’avoir une vision plus claire et une compréhension meilleure des conflits.
M. LAURO L. BAJA (Philippines) a indiqué que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), au nom de laquelle il s’exprimait, avait entrepris de nombreuses initiatives au cours des 40 dernières années pour contribuer à la paix, à la sécurité et à la stabilité de la région. Il a rappelé que l’Association s’employait actuellement à mettre en place une communauté ANASE pour la sécurité, troisième pilier de la création d’une communauté ANASE d’ici à 2020. Celle-ci vise à assurer un environnement juste et démocratique dans la région, a-t-il précisé. Par ailleurs, il s’est félicité de la récente accession de 10 nouveaux pays, dont l’Australie, la Chine, l’Inde et la Fédération de Russie, au Traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est. M. Baja a rappelé que les participants au premier Sommet ANASE-ONU, en 2000 à Bangkok, avaient souligné l’importance d’une coopération plus étroite dans les activités de l’Organisation et de l’ANASE. Il a noté que cette coopération avait été renforcée par l’adoption des résolutions 57/35 (2002) et 59/05 (2004) de l’Assemblée générale et la tenue du deuxième Sommet ANASE-ONU, l’année dernière. En outre, il a estimé qu’il fallait aussi encourager la coopération entre organisations régionales. Enfin, afin d’évaluer la contribution potentielle des organisations régionales aux efforts de l’ONU en matière de maintien de la paix, il a suggéré une étude de chaque région pour en déterminer les avantages comparatifs.
M. YAHYA MAHMASSANI de la Ligue des États arabes a déclaré que le maintien de paix et de la sécurité internationales rencontraient des difficultés considérables, qui rendent d’autant plus importantes la coopération entre le Conseil de sécurité et des organisations régionales comme la Ligue des États arabes. Mais il faut renforcer cette coopération face à l’apparition d’un nouveau type de conflits, qui exigent l’amélioration continue des outils existants. Cela ne sera pas suffisant si les cadres législatifs appropriés ne sont pas mis en place pour permettre à l’ONU de s’en servir sur le terrain, a prévenu M. Mahmassani. Soulignant ensuite l’importance de l’équilibre entre les organes des Nations Unies, tel que prévu par Charte des Nations Unies, il a toutefois indiqué qu’il serait bienvenu de renforcer leur coopération, notamment lorsque l’ECOSOC peut formuler des recommandations sur la consolidation de la paix. En outre, a estimé M. Mahmassani, la réforme du Conseil devrait considérer la possibilité de mandats plus longs pour les membres élus, ce qui permettrait de prendre des mesures à long terme et d’assurer un suivi. Rappelant ensuite que l’ONU et la Ligue des États arabes avaient été créées en même temps, ce qui justifie leurs liens privilégiés, le représentant s’est déclaré convaincu que cette coopération pourrait contribuer à parvenir à un règlement durable de la question du Moyen-Orient. Nous lançons donc un appel au Conseil pour qu’il renforce sa crédibilité en prenant les décisions qui lui incombent en vertu de la Charte des Nations Unies, a conclu M. Mahmassani, l’invitant à dépasser ses réticences et à assumer ses responsabilités.
M. KAREL DE GUCHT, Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a rappelé que l’objectif de son organisation était de promouvoir la sécurité à travers la coopération. Il ne peut y avoir de paix et de sécurité en l’absence de démocratie. Le Conseil permanent de l’OSCE a adopté en mars 2006 une Déclaration sur la coopération avec les Nations Unies, ce qui a permis de renforcer les efforts de lutte contre la criminalité organisée et de promouvoir la ratification de la Convention sur la criminalité transfrontalière. Certaines activités de l’OSCE résultent directement de résolutions du Conseil de sécurité, notamment au Kosovo et en Géorgie. L’OSCE espère développer cette coopération dans d’autres domaines comme la prévention des conflits et la reconstruction. L’OSCE offre ses services aux parties d’un conflit pour en prévenir l’escalade et pour créer les conditions d’un règlement pacifique, a-t-il indiqué, citant les conflits en Géorgie-Ossétie du Sud, au Haut-Karabakh et en Transnistrie (Moldova). Il a ensuite évoqué les bons résultats de l’OSCE en matière de droits de l’homme, notamment grâce à son Haut Commissariat aux minorités nationales qui identifie les tensions ethniques et à son Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme. Citant le Forum pour la coopération en matière de sécurité de l’OSCE, M. de Gucht a souligné les contacts réguliers que l’OSCE entretient avec les partenaires pour la coopération en Asie et en Méditerranée afin d’encourager la mise en œuvre de mesures de confiance et de sécurité. L’OSCE développe également des activités pour renforcer les capacités avec des organisations siégeant hors de sa zone géographique. M. de Gucht a conclu en réaffirmant le soutien de l’OSCE à son partenariat avec l’ONU.
M. VLADIMIR B. RUSHAYLO, Président du Comité exécutif de la Communauté des États indépendants (CEI), a estimé que le rôle des organisations régionales comme celle qu’il représente était d’appuyer la paix et la sécurité. Il a rappelé la résolution 1631 concernant le trafic des armes légères et de petit calibre, qui souligne la lutte contre ce phénomène déstabilisateur considérable. La lutte contre ces armes fait l’objet d’une Convention, a-t-il rappelé. Le Conseil exécutif de la CEI a été plus loin en adoptant un texte pour lutter contre le trafic des missiles, commerce qui ne devrait se faire, selon lui, qu’en vertu d’ententes entres États. Au sujet de la lutte contre le terrorisme, les États membres de la CEI ont conclu des ententes à ce sujet, a rappelé M. Rushaylo. Ainsi, la CEI a adopté un programme de coopération dans la lutte contre le terrorisme qui prévoit une coopération étroite avec les instances internationales. La CEI reste et restera toujours une organisation coopérant avec les Nations Unies et les organisations régionales, a conclu Vladimir Rushaylo.
M. EKMELEDDIN ISHANOGLU, Secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique, a estimé que l’approche qui a prévalu jusqu’à présent pour répondre à des crises de plus en plus complexes ne fonctionne plus. Les conflits ne peuvent être réglés de manière durable si les problèmes de société et de gouvernance ne sont pas pris en compte, a affirmé le représentant. Soulignant la volonté de l’Organisation de la Conférence islamique de promouvoir la coopération avec les Nations Unies et la communauté internationale, le représentant a rappelé que, dans le domaine du développement, elle pourrait renforcer son rôle en travaillant plus étroitement avec la Commission de consolidation de la paix, notamment en Sierra Leone. Il a souligné qu’il était nécessaire d’établir un dialogue politique pacifique et de reconnaître mutuellement les cultures, qui sont devenus des éléments de plus en plus importants à la lumière des récents évènements. Ce n’est qu’en prenant en compte cette diversité que la communauté internationale pourra résoudre les conflits en cours, a conclu le Secrétaire général de l’OCI.
M. JAAP DE HOOP SCHEFFER, Secrétaire général de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a souligné que l’Alliance atlantique avait déjà apporté d’importantes contributions et qu’elle continuerait de le faire, comme cela est le cas plus particulièrement en Bosnie, au Kosovo, dans l’ex-République yougoslave de Macédoine et en Afghanistan. L’OTAN a tiré des enseignements importants de ces expériences, notamment dans ses relations avec les Nations Unies. M. de Hoop Scheffer a rappelé la nécessité d’une adéquation entre les objectifs fixés et les moyens engagés. Un juste équilibre doit être trouvé entre les acteurs locaux et les organisations internationales. Nous avons tout intérêt, a-t-il dit, à ce que la population et les autorités locales prennent en charge les tâches de reconstruction. Cela n’est pas toujours possible mais reste indispensable si l’on ne veut pas que les opérations engagées s’éternisent, a noté le Secrétaire général. Il est important, a-t-il relevé, de conserver le soutien des opinions publiques dans les actions entreprises. Les Nations Unies et le Conseil de sécurité ont un rôle prééminent dans le maintien de la paix et les organisations régionales se doivent de les assister. L’OTAN réaffirme son engagement à cet égard, a conclu M. de Hoop Scheffer.
M. NIKOLAI BORDYUZHA, Secrétaire général de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), s’est déclaré en faveur d’un renforcement de la coopération entre les organisations régionales dans la résolution des conflits, dans la mesure où le Conseil de sécurité continuerait de jouer un rôle prépondérant dans ce processus, conformément à la Charte des Nations Unies. L’OTSC prend pour sa part des mesures pour établir son propre potentiel en matière de maintien de la paix dans l’intention de le mettre au service des opérations de l’ONU. Le représentant a également soutenu le renforcement des capacités des institutions spécialisées du système des Nations Unies qui, selon lui, doivent coopérer de manière plus étroite avec les autres organisations intergouvernementales et régionales et assumer la coordination de leurs activités respectives. En même temps, le Secrétaire général de l’OTSC a souligné le besoin d’une meilleure coordination entre les organisations régionales elles-mêmes, en particulier celles qui ont des responsabilités similaires dans une région donnée. Il serait ainsi bienvenu d’établir une banque de données sur les pratiques et les capacités des organisations régionales partenaires des Nations Unies et des institutions du système des Nations Unies dans la prévention des conflits, du maintien et de la consolidation de la paix. M. Bordyuzha a en conclusion, proposé d’établir un mécanisme d’alerte, dans la lutte contre le terrorisme et le trafic de stupéfiants destiné à immédiatement informer les Nations Unies de l’émergence de certaines situations.
M. TERRY DAVIS, Secrétaire général du Conseil de l’Europe, a expliqué que son organisation assurait la stabilité de ses 46 membres en se basant sur le concept de sécurité démocratique, qui puise ses racines dans un système de traités dont le respect est régulièrement contrôlé. Une série de conventions fournit de nouveaux moyens de diminuer les capacités des terroristes et elle criminalise les actes pouvant mener à des actes de terrorisme, comme l’incitation, le recrutement et la formation. Ces conventions renforcent également la coopération entre les États membres et elles renforcent la protection des victimes. Une politique efficace arrête davantage de terroristes qu’elle n’aide à en recruter de nouveaux, a-t-il insisté, avant d’évoquer la promotion du dialogue interculturel et interreligieux. Outre l’élaboration de normes, le Conseil de l’Europe mène des campagnes pour combattre le trafic d’êtres humains, pour promouvoir les droits des enfants et la diversité. Il mène aussi des opérations de reconstruction postconflit, notamment au Kosovo.
Évoquant la relation entre les Nations Unies et les organisations intergouvernementales telles que le Conseil de l’Europe, M. Davis a estimé que le maintien de la paix et de la sécurité internationales relevait des Nations Unies, puisqu’il existe un lien évident entre sécurité régionale et sécurité internationale. Il a appuyé l’idée de clarifier les rôles respectifs des différents organismes, éventuellement à travers un cadre d’accords avec l’Organisation. Cependant, il a souhaité que soit également développée une approche tournée vers les résultats, plutôt que de perdre du temps en discussions ou en catégorisations. Nous avons besoin d’actions, pas de paroles, a-t-il souligné.
Déclaration présidentielle
Le Conseil rappelle ses résolutions et les déclarations de son président sur la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, ainsi que les trois réunions qu’il a consacrées à la question, en avril 2003, pendant la présidence mexicaine et, en juillet 2004 et octobre 2005, pendant la présidence roumaine.
Les États Membres ont souligné que le Conseil était investi de la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et que l’établissement d’un partenariat plus efficace, conforme aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, entre l’ONU et les organisations régionales et d’autres organisations intergouvernementales, contribuerait au maintien de la paix et de la sécurité.
Le Conseil prend note de la tradition naissante que constituent les réunions annuelles de haut niveau organisées par le Secrétaire général, à l’occasion desquelles des personnalités éminentes sont saisies d’un ordre du jour de fond de plus en plus étendu. Il note que la septième réunion de haut niveau suit immédiatement sa réunion du 20 septembre 2006 et que le Président du Conseil est invité à y rendre compte des résultats de cette réunion.
Le Conseil se félicite des progrès accomplis dans le sens de la réalisation des objectifs de sa résolution 1631 (2005), compte tenu des enjeux définis par le Secrétaire général dans son rapport (A/61/204-S/2006/590), à qui il sait gré de ce qu’il a entrepris pour renforcer les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales et les autres organisations intergouvernementales en matière de paix et de sécurité, contribuant ainsi à la mise en œuvre des recommandations du Sommet mondial de 2005 (A/RES/60/1) sur le resserrement des liens entre ces organisations et l’ONU. Le Conseil engage le prochain Secrétaire général à poursuivre et intensifier cette entreprise.
Le Conseil relève que le Secrétariat a organisé au début de juillet 2006 une réunion de travail avec les organisations régionales et d’autres organisations intergouvernementales, consacrée à l’examen des progrès accomplis dans l’application de la résolution 1631, et demande qu’une réunion semblable soit organisée en 2007.
Le Conseil souligne les avantages qu’il y aurait à resserrer la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, notamment la négociation d’accords de paix en cas de conflit. À cet égard, le Conseil a décidé, dans la Note de son président relative aux travaux du Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure, qu’il a adoptée récemment, d’élargir la concertation et la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales:
- En invitant, lorsqu’il y a lieu, les organisations concernées à participer à ses séances publiques et privées1;
- En continuant de tenir, lorsqu’il y a lieu, des consultations officieuses avec les organisations régionales et sous-régionales, quand il rédige, entre autres textes, des résolutions, déclarations de son président et déclarations à la presse2;
- En portant à l’attention des représentants des organisations régionales et sous-régionales, lorsqu’il y a lieu, les résolutions, déclarations de son président et déclarations à la presse qui les intéressent3.
Le Conseil invite les organisations régionales et sous-régionales à lui communiquer par écrit leurs vues et réflexions avant qu’il n’examine les questions d’intérêt régional inscrites à son ordre du jour.
Le Conseil invite toutes les organisations régionales et sous-régionales dotées de moyens de maintien de la paix ou d’intervention rapide en cas de crise à renforcer leur collaboration avec le Secrétariat de l’ONU et à déterminer avec celui-ci les conditions auxquelles ces moyens pourraient être mis au service de l’exécution des mandats de l’ONU et de la réalisation de ses objectifs.
Le Conseil invite le Secrétariat et les organisations régionales et sous-régionales à étudier les moyens de développer leurs échanges d’informations sur leurs capacités respectives et les enseignements tirés des opérations de maintien de la paix en affichant sur le site Web de la Section des pratiques optimales de maintien de la paix des informations sur l’expérience de toutes les organisations régionales et sous-régionales qui ont fourni des troupes ou ont autrement coopéré avec les Nations Unies pour le maintien de la paix.
Le Conseil prend note du rapport intérimaire du Secrétaire général sur la prévention des conflits armés, et notamment du fait que le rôle joué par les organisations régionales et sous-régionales y est reconnu. Il exhorte le Secrétariat de l’ONU et les organismes des Nations Unies, ainsi que tous les États et toutes les organisations internationales compétentes à poursuivre leur action en vue de renforcer les capacités des organisations régionales et sous-régionales, en particulier de l’Union africaine et des organisations sous-régionales africaines, qui jouent un rôle utile en matière de négociation d’accords de paix, de prévention des conflits, de gestion des crises et de stabilisation après les conflits4.
Le Conseil note avec satisfaction que nombre d’organisations régionales et sous-régionales entendent s’associer étroitement aux travaux de la Commission de consolidation de la paix, et s’engage à faciliter leur participation aux activités de la Commission portant sur les pays qui les concernent.
Le Conseil se félicite des efforts faits pour renforcer la coopération entre le Secrétariat de l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en matière de médiation et de rétablissement de la paix. Il invite le Secrétariat à élargir sans tarder sa base de données sur le rétablissement de la paix aux organisations régionales et sous-régionales, afin de faciliter les échanges d’informations et de données d’expérience.
Le Conseil prend note avec satisfaction des efforts consentis par un nombre croissant d’organisations régionales et sous-régionales, en collaboration avec ses organes subsidiaires, pour faire face aux menaces que les actes terroristes font peser sur la paix et la sécurité internationales. Il les engage à intensifier leur action pour renforcer les moyens de lutte antiterroriste de leurs États membres.
Le Conseil prie instamment les organisations régionales et sous-régionales d’aider les États qui en ont besoin à mettre en œuvre les accords existants sur le commerce illicite des armes légères et de redoubler d’efforts pour mettre un terme à ce commerce, notamment en instituant des mécanismes de contrôle régionaux plus efficaces. Il les engage aussi à encourager leurs États membres à renforcer leur législation en la matière.
Le Conseil rappelle les paragraphes pertinents du Document final du Sommet mondial de 2005 (A/RES/60/1) et prend acte avec gratitude des nombreuses mesures que le Secrétaire général a prises pour resserrer les liens entre l’ONU et les organisations régionales et autres organisations intergouvernementales. Il entend pour sa part envisager de prendre d’autres mesures en vue de rendre plus étroite et plus concrète la coopération entre l’ONU, les organisations régionales et sous-régionales et les autres organisations intergouvernementales qui participent aux réunions de haut niveau organisées par le Secrétaire général, notamment en matière de prévention des conflits, de consolidation de la paix et de maintien de la paix.
1.Par. 30 de la note adoptée récemment sur les méthodes de travail du Conseil.
2.Par. 42 de la même note.
3.Mesure inspirée du paragraphe 44 de la Note.
4.Résolution 1631, par. 2.
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