DANS UN MESSAGE ADRESSE A LA CONFERENCE DES SURVIVANTS DU GENOCIDE AU RWANDA, LE SECRETAIRE GENERAL REND HOMMAGE A « TOUS CEUX QUI SONT RESTES POUR SE SOUVENIR ET REBATIR »
Communiqué de presse SG/SM/8044 |
SG/SM/8044
AFR/362
26 novembre 2001
DANS UN MESSAGE ADRESSE A LA CONFERENCE DES SURVIVANTS DU GENOCIDE AU RWANDA, LE SECRETAIRE GENERAL REND HOMMAGE A « TOUS CEUX QUI SONT RESTES POUR SE SOUVENIR ET REBATIR »
On trouvera ci-après le message que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a adressé à la conférence internationale des survivants de l’holocauste et du génocide tenue à Kigali, au Rwanda, sur le thème « Après la mort, la vie : redonner vie aux survivants du génocide ». Gana Fofang, Représentant résident par intérim du Programme des Nations Unies pour le développement, en a donné lecture au nom du Secrétaire général.
C’est avec le plus grand plaisir que j’envoie mes salutations à cette importante conférence internationale. Le Président Kagame, son gouvernement et le peuple rwandais méritent notre gratitude pour avoir accueilli cette manifestation. IBUKA, l’association des organisations de survivants, doit aussi être saluée pour avoir pris l’initiative de cette rencontre.
Le génocide a présidé à la création de l’Organisation des Nations Unies. Les hommes et les femmes qui ont élaboré la Charte se sont mis à l’ouvrage au moment même où le monde découvrait toute l’horreur de l’holocauste perpétré contre les Juifs et d’autres victimes par le régime nazi, qui a rendu encore plus urgente la création d’une institution vouée non seulement au maintien de la paix mondiale mais à la protection de la dignité humaine.
Notre époque connaît aussi le génocide. Cela fait 10 ans qu’au Rwanda et dans les Balkans nous assistons aux massacres, au nettoyage ethnique, au recours systématique au viol comme arme de guerre et aux autres atrocités qui se sont abattues sur des hommes, des femmes et des enfants au seul motif de leur origine ethnique, de leurs convictions religieuses ou de leur nationalité.
C’est avec difficulté et avec retard que la communauté internationale s’efforce de se mobiliser pour prévenir et sanctionner le génocide et les crimes contre l’humanité. Des tribunaux ont été créés et mis en service, qui ont condamné quelques-uns au moins des individus dont les crimes ont causé tant de souffrances. Le Statut de la Cour pénale internationale recueille toujours plus de ratifications nécessaires à son entrée en vigueur. Le monde cherche enfin à mettre fin à ce climat d’impunité.
Parler de survie à un génocide peut paraître contradictoire. Comment survivre lorsque tant a été irrémédiablement perdu – la famille, la communauté – et lorsque la foi elle-même est ébranlée par le mal? Tel est le lourd fardeau que doivent porter tous ceux qui sont restés pour se souvenir et rebâtir.
Le Rwanda a beaucoup à enseigner au monde alors qu’il s’attaque au défi de la reconstruction. Le pays déploie de vigoureux efforts pour assumer l’héritage du passé, démontrant ainsi qu’il est possible de surmonter la tragédie et de raviver l’espoir.
L’énormité des événements de 1994 fait du Rwanda un lieu tout désigné pour cette manifestation. Dans les journées à venir, vous porterez témoignage, vous partagerez vos expériences, vous commémorerez les victimes et vous examinerez les moyens de traduire les auteurs des crimes en justice. Ainsi, même si votre traumatisme vous hante, vous le transcenderez en luttant pour empêcher que de tels crimes ne se reproduisent.
L’Organisation des Nations Unies continuera à collaborer étroitement avec vous au coeur de cet effort vital. Je vous souhaite de cheminer peu à peu vers la guérison.
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