En cours au Siège de l'ONU

OBV/245

800 MILLIONS DE PERSONNES QUI SOUFFRENT DE LA FAIM DANS LE MONDE NE DOIVENT PAS ETRE OUBLIEES EN DEPIT DES EVENEMENTS ACTUELS, DECLARE M. DIOUF

18/10/2001
Communiqué de presse
OBV/245


Journée mondiale de l´alimentation

De 2001 - matin                                             SAG/94


800 MILLIONS DE PERSONNES QUI SOUFFRENT DE LA FAIM DANS LE MONDE NE DOIVENT PAS ETRE OUBLIEES EN DEPIT DES EVENEMENTS ACTUELS, DECLARE M. DIOUF


L’ancien Ambassadeur des Etats-Unis auprès de la FAO préconise

l´élargissement de la lutte antiterroriste pour englober la lutte contre la faim


La Journée mondiale de l’alimentation, placée cette année sous le thème « Lutter contre la faim pour réduire la pauvreté », a été observée ce matin au siège des Nations Unies à New York dans un climat fait de conflits et de guerre comme l´a fait remarquer le Directeur général de la FAO, M. Jacques Diouf.  Cette crise, a-t-il mis en garde, ne doit pas faire oublier que 800 millions de personnes dans le monde n´ont pas accès à la nourriture.  Notant que l’on était aujourd’hui bien loin des objectifs fixés par le Sommet mondial de l’alimentation en 1996 à Rome à savoir réduire de moitié la faim et la pauvreté d’ici à l´an 2015 – et qu’il faudrait au rythme actuel 50 ans pour y parvenir,   M. Diouf a montré, par plusieurs exemples, en quoi la faim pénalise le développement des peuples et des pays.  Une nation d’affamés ne peut ni croître ni prospérer, a-t-il expliqué.  M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint, Département des affaires économiques et sociales, a lu une déclaration du Secrétaire général M. Kofi Annan dans lequel ce dernier constate qu’à cause de la faim, les possibilités de croissance des personnes et des sociétés sont réduites et appelle à mettre fin au cercle de la misère en mettant en oeuvre des politiques, des « filets de sauvetage et de sécurité ».  L’engagement de la communauté internationale à Rome en 1996 est plus important que jamais, a-t-il souligné.  Pour M. Murari Raj Sharma, Président par intérim de la 56ème session de l'Assemblée générale, la faim est l’un des problèmes les plus anciens mais aussi un des plus faciles à régler.  Il a recommandé d’augmenter l’assistance au développement du secteur agricole en faisant notamment appel au secteur privé


L’ancien ambassadeur des Etats-Unis auprès de la FAO, M. George Mc Govern, a souhaité pour sa part que cinq des quarante milliards de dollars dégagés par le Congrès américain pour lutter contre le terrorisme soient consacrés à lutter contre la faim.  Sans vouloir excuser les auteurs des attentats du 11 septembre, a-t-il souligné, on peut mieux comprendre les difficultés d’aujourd’hui en pensant à la faim, la pauvreté, la frustration de millions de personnes dans le monde qui se sentent impuissantes.  Il a noté que, grâce aux moyens de communication actuels, ces populations démunies savent comment vivent les quelques privilégiés qui décident pour elles.


En conclusion, M. Diouf s’est dit convaincu que l’espoir l’emportera sur le désespoir.  Dans le monde que les Nations Unies essaient de construire, a-t-il poursuivi, même les plus pauvres doivent garder l’espérance d’un avenir meilleur et il est également important de leur permettre de produire leur propre nourriture, pour leur sécurité alimentaire mais aussi pour leur dignité.


Célébration de la journée mondiale de l´alimentation de 2001 sur le thème «Lutter contre la faim pour éliminer la pauvreté »


Déclarations


M. MURARI RAJ SHARMA, Président par intérim de la 56ème session de l'Assemblée générale, parlant au nom du Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré que la faim était la conséquence du manque d’accès à une nourriture adéquate, préalable à la survie humaine.  Il est choquant de constater qu’une personne sur cinq vit actuellement avec moins d’un dollar par jour, a-t-il déclaré, et le thème de cette année, lutter contre la pauvreté, a été retenu à bon escient.  Le Président par intérim a fait remarquer que la faim était un des problèmes les plus vieux mais aussi des plus faciles à régler, et il a insisté sur la nécessité d’augmenter l’assistance au développement du secteur agricole.  Dans cette lutte, a-t-il précisé, il est indispensable de resserrer les partenariats avec les pays intéressés, et de faire participer le secteur privé.  Prenant la parole en son nom, le Président par intérim a ensuite rappelé que cette journée symbolisait à la fois l’espoir placé en l’Organisation des Nations Unies et les défis à relever à l’avenir.  Il a lancé un appel aux nations et aux peuples afin qu´ils combattent la faim et la pauvreté car l’humanité l’exige, a-t-il insisté.


M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint, Département des affaires économiques et sociales, a lu une déclaration du Secrétaire général M. Kofi Annan rappelant que chaque année, la Journée mondiale de l’alimentation nous engage à lutter contre la faim.  Et si l’on veut réduire la pauvreté, a-t-il insisté, il faut s’occuper de la faim car la faim accroît encore la pauvreté.  À cause d’elle, les possibilités de croissance des personnes et des sociétés sont réduites et les conséquences sont aussi dévastatrices pour le développement social.  Il s’agit donc de mettre fin au cercle de la misère, en définissant des politiques, des filets de sauvetage et de sécurité.  L’engagement de la communauté internationale à Rome en 1996 de réduire la pauvreté et la faim de moitié avant 2015 est plus que jamais à l´ordre du jour.  J’invite donc tous les partenaires internationaux à prendre à nouveau l´engagement de lutter contre la faim et la pauvreté.


M. JACQUES DIOUF, Directeur général de la FAO, a observé qu’en ces temps de crise mondiale et même si l’attention du public était polarisée sur la guerre et les conflits, il convenait de ne pas oublier les quelque 800 millions d’humains qui n´ont pas accès à la nourriture.  Il a rappelé que le thème retenu pour cette journée, « Lutter contre la faim pour réduire la pauvreté », montrait bien l’imbrication des deux phénomènes : la pauvreté est à la racine de la faim et de la malnutrition, mais la faim est aussi cause de pauvreté.  La malnutrition ne fait pas que débiter les êtres, elle affaiblit aussi les nations; des adultes mal nourris sont plus lents et moins productifs dans leur travail.  C´est pourquoi une nation d’individus affamés ne peut ni croître ni prospérer. Lors du Sommet mondial de l’alimentation en 1996 à Rome, a-t-il rappelé, les dirigeants du monde avaient pris l’engagement de réduire le nombre de personnes affamées de moitié d’ici 2015, soit de 22 millions par an.  Il est regrettable de constater, a déclaré M. Diouf, que depuis, le rythme de cette diminution était de 6 millions de personnes par an, et qu’à ce rythme, il faudrait 50 ans pour atteindre l’objectif fixé en 1996. Il est indispensable que les dirigeants mondiaux prennent conscience de cette situation.


Car, a-t-il poursuivi, certains aspects de la faim et de la malnutrition sont alarmants.  Ainsi, 54 pour cent de la mortalité infantile dans les pays en développement est associé à la malnutrition, ce qui représente 6,6 millions de décès d’enfants de moins de 5 ans.  La faim coûte également cher aux individus, aux familles et aux sociétés : une étude récente a montré que si les pays en voie de développement avait eu de quoi nourrir leurs populations en quantité suffisante, leur produit intérieur brut aurait augmenté de 45 pour cent au cours des trente dernières années.


La victoire contre la faim, a-t-il reconnu, sera difficile à remporter mais elle est à notre portée et nous devons la gagner et les populations affamées ne peuvent attendre que les conditions idéales soient réunies.  Le succès ne peut être garanti que dans un climat de paix et de stabilité et à conditions d’investissements dans les infrastructures de base.  Aussi a-t-il lancé un appel à tous – dirigeants du monde, gouvernements, société civile, secteur privé, communauté scientifique, - afin qu´ils mobilisent leurs énergies pour combattre la faim et ainsi, réduire la pauvreté.


M. GEORGE MCGOVERN, ancien ambassadeur des Etats Unis auprès de la FAO et Sénateur, a déclaré qu’on ne pouvait visiter la ville de New York aujourd’hui sans se tourner vers le vide douloureux où se dressaient autrefois les tours jumelles. Il s’est interrogé sur les raisons qui peuvent pousser de jeunes gens à s’attaquer à une grande puissance et a affirmé qu’il était temps de se pencher sur le monde dans lequel nous vivons. Des millions de gens sans emploi, sans nourriture adéquate, sans espoir, savent dans quelles conditions privilégiées vivent ceux qui décident pour eux, a-t-il remarqué. Alors il se peut que ces populations considèrent comme des héros ceux qui s’attaquent aux symboles de ce pouvoir et ces richesses.


Bien que les efforts déployés pour arrêter ces criminels soient utiles, ils ne sont qu’une première étape dans un effort pour panser les blessures du monde contemporain, a plaidé le Sénateur, qui a ensuite détaillé les mesures à envisager pour que le monde de demain soit un peu plus sur et souriant. Evoquant les 40 milliards de dollars octroyés au Président Bush pour la lutte antiterroriste, il a suggéré à M. Bob Dole de consacrer une partie de ces milliards de dollars à la faim dans le monde. Il serait bon, a assuré le Sénateur, d’utiliser un milliard de dollars par an pendant cinq ans à différentes mesures : d’abord, assurer à chaque enfant scolarisé un repas par jour. Déjà, 48 pays sont en train de lancer un programme pilote d’alimentation à l’école, a souligné le Sénateur. On pourrait accorder une partie du financement aux ONG et au Programme alimentaire mondial, a-t-il suggéré, et affecter le reste de l’argent au Fonds des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et au PNUD. Ensuite, le Sénateur a déclaré qu’il fallait renverser la tendance à la baisse des ressources consacrées à l’agriculture et a suggéré aux Nations Unies de créer un fonds d’affectation spécial pour le développement agricole.


L’ancien ambassadeur a remarqué que si chaque Etat membre consacrait, de même que les Etats Unis, cinq milliards de dollars à ce projet, il serait possible d’alimenter les enfants des écoles, leur fournir de l’eau potable, leur offrir plus de matériel scolaire et de professeurs. Si l’on cultive des esprits sains dans des corps sains, a ajouté le Sénateur, on fera reculer les conditions qui alimentent le terrorisme.  Si on investit cinq milliards de dollars dans les enfants qui ont faim, on ne peut pas être certain des conséquences de cette mesure, a reconnu le Sénateur. Mais on ne peut pas l’être davantage pour les autres mesures antiterroristes.


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