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FEM/1134

LA LUTTE CONTRE LA VIOLENCE À L’EGARD DES FEMMES ET NOTAMMENT LA TRAITE DES FEMMES AU RANG DES PRIORITES DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

06/03/2001
Communiqué de presse
FEM/1134


Commission de la condition de la femme

2ème séance - après-midi


LA LUTTE CONTRE LA VIOLENCE À L’EGARD DES FEMMES ET NOTAMMENT LA TRAITE

DES FEMMES AU RANG DES PRIORITES DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE


La violence à l’égard des femmes, la traite et la pandémie de VIH/sida ont été largement cités cet après-midi par les délégations qui ont pris part à ce premier jour du débat général de la quarante-cinquième session de la Commission de la condition de la femme.


La Secrétaire générale du Ministère du développement du Rwanda a indiqué que plus de 77% des femmes violées lors du génocide ont été infectées par le VIH/sida et qu’il faudrait mettre en place un fonds pour l’assistance aux victimes de violences sexuelles.  Selon la représentante du Conseil international des femmes, 20% des femmes dans le monde ont été victimes d'agression.


La Vice-Premier Ministre de la Croatie, qui a accueilli, en novembre dernier, la réunion du Groupe d’experts sur le thème "Parité et discrimination raciale" a déclaré q’une attention particulière doit être accordée à la double discrimination, fondée sur le sexe et la race ou l’origine ethnique, que les femmes subissent et qui accroît leur vulnérabilité à la violence sexuelle.  A cet égard, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a, quant à lui, affirmé que la féminisation de la pauvreté issue de la mondialisation est un facteur décisif de la vulnérabilité des femmes à la traite, qu’il a qualifiée de véritable entreprise qui prospère par le trafic illicite de 700 000 à 2 millions de femmes et d’enfants. 


Pour la représentante du Japon, la féminisation de la pauvreté rend les femmes plus vulnérables aux risques de la traite.  Elle a rappelé, dans ce contexte, que le Japon a introduit, en mars dernier, le concept de sécurité humaine - qui s’entend du droit à vivre à l’abri du besoin et de la peur.  L'industrie du sexe est l'un des cinq premiers groupes d'acheteurs d'équipement informatique, a fait remarquer la représentante du Conseil de l'Europe.  Les moyens techniques les plus sophistiqués sont ainsi mis au service de l'exploitation sexuelle des femmes.


La Vice-Premier Ministre de la Croatie, la Secrétaire d’Etat au Ministère des affaires étrangères du Danemark, la Secrétaire d’Etat au multiculturalisme et à la situation de la femme du Canada ont pris part au débat.  Les représentants des pays et institutions suivantes ont fait des déclarations: Pérou, Japon, Royaume-Uni, Etats-Unis, Rwanda, République populaire démocratique de Corée, Bureau du Haut Commissariat pour les réfugiés, Organisation mondiale de la santé (OMS), Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale au nom des commissions régionales (CESAO), Organisation des Nations Unies pour la science et la culture (UNESCO), Conseil de l’Europe.  Les organisations non gouvernementales suivantes ont également participé au débat: Fédération des femmes universitaires, Conseil international des femmes, International Project Assistance Service.


La Commission poursuivra son débat général mercredi 7 janvier à partir de

10 heures. 

SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE "LES FEMMES EN L'AN 2000 : ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIÈME SIÈCLE"


Débat général


M. MANUEL PICASSO (Pérou) a évoqué la contribution des pays d’Amérique latine et des Caraïbes aux préparatifs de la 23ème session extraordinaire de l’Assemblée générale et à la tenue de la session elle-même.  Ces pays se sont organisés d’une manière inégalée pour que leur vision soit intégrée dans le document final.  L’harmonisation des points de vues, tout en maintenant les singularités des situations locales, ne nous est pas étrangère, a souligné le représentant.  Le Consensus de Lima qui a été adopté en mars dernier constitue la base sur laquelle repose la position des pays d’Amérique latine et des Caraïbes au sujet du processus d’évaluation du Programme d’action de Beijing.  Il est donc important de reconnaître la contribution des mécanismes régionaux.  S’agissant des thèmes à l’étude, en particulier celui relatif aux femmes et au VIH/sida, le représentant a estimé que le rôle de la Commission doit être d’établir un lien entre les inégalités entre les sexes et la vulnérabilité de la femme et des filles face à la pandémie du VIH/sida.  Pour ce qui est du deuxième thème relatif aux femmes et à la discrimination raciale, il a fait référence à la Déclaration et au Programme d’action de Santiago qui pourraient être une source d’inspiration pour l’élaboration de l’ordre du jour mais également de la déclaration finale de la Conférence mondiale des Nations Unies contre le racisme.  Le représentant a plaidé en faveur de l’inclusion d’un sous-point relatif aux populations autochtones, aux descendants d’Africains et aux migrants ainsi que d'un sous-point relatif aux victimes de discrimination aggravée ou multiple qui comprendrait les femmes et les enfants, les personnes infectées par le virus VIH/sida et les plus pauvres.


Mme YORIKO MEGURO (Japon) s’est félicitée de l’adoption par la session extraordinaire Beijing + 5 de la Déclaration politique qui réaffirme les engagements des gouvernements pour la promotion de la condition de la femme, reconnaît le rôle et la contribution de la société civile et souligne l’égale responsabilité partagée entre les hommes et les femmes.  Les mesures supplémentaires et les autres initiatives constituent une avancée par rapport à Beijing, notamment dans les domaines de la violence à l’égard des femmes, des politiques en faveur de la famille dans le cadre professionnel et au sujet de l’implication des femmes dans l’élaboration des politiques de développement et de consolidation de la paix.  Le Gouvernement japonais a créé un Plan pour la parité définissant 11 domaines prioritaires et donnant les orientations jusqu’en 2010 ainsi que la liste des mesures devant être appliquées d’ici à la fin 2005.  Parmi ces mesures, on compte celles visant la participation des femmes à la prise de décisions, à éliminer les disparités entre les femmes et les hommes sur le marché du travail et à promouvoir la participation des femmes dans les activités sociales comme dans les zones rurales.  L’harmonisation de la vie de famille avec la vie professionnelle, la lutte contre la violence à l’égard des femmes, l’éducation et la santé des femmes tout au long du cycle de vie sont également des objectifs du plan.  Dans le cadre de la réforme du gouvernement central, le Japon a par ailleurs renforcé les mécanismes nationaux de promotion de la parité.  le Conseil de l’égalité entre les sexes a été créé pour enquêter et examiner les questions importantes et les mesures prioritaires dans le domaine de la parité, de même que contrôler l’application des mesures prises et évaluer l’impact des politiques gouvernementales.  Pour le Gouvernement, la réalisation d’une société de l’égalité entre les sexes est une priorité. 


La mondialisation a entraîné une féminisation de la pauvreté et rend les femmes plus vulnérables aux risques de la traite des maladies infectieuses, aux conflits et à leurs conséquences.  Dans ce contexte, le Japon a introduit, en mars dernier, à la suite de l’initiative de Premier Ministre à l’occasion du Sommet du millénaire, le concept de sécurité humaine.  A la suite de cette initiative, le Fonds fiduciaire pour la sécurité humaine a été créé et la création de la Commission sur la sécurité humaine a été annoncée.  Le thème du VIH/sida est étroitement lié à la notion de sécurité humaine.  Dans ce cadre, le Japon compte oeuvrer activement dans ce domaine par le biais de l’initiative d’Okinawa contre les maladies infectieuses.  Le problème de l’exploitation sexuelle et commerciale des enfants doit également être examiné.  Il est crucial de prendre des mesures pour protéger les enfants.  A cette fin, le Gouvernement du Japon, en coopération avec l’UNICEF, l’ECPAT et le groupe d’ONG pour la Convention relatives aux droits de l’enfant, accueillera le deuxième congrès mondial contre l’exploitation des enfants en décembre prochain. 


M. SUE LEWIS (Royaume-Uni), évoquant la situation des femmes dans son pays, en particulier des femmes originaires du Pakistan et du Bangladesh, a indiqué que le défi majeur qui se pose est d’éliminer la discrimination à leur encontre dans le respect des cultures, traditions et croyances.  Nous avons à cet égard élaboré un rapport sur les questions relatives aux minorités ethniques et l’exclusion sociale qui identifie les obstacles qui se posent à l’égalité entre les sexes et propose des recommandations.  Le Gouvernement a également mis en place des groupes de travail présidés par les dirigeants de communautés ethniques.  Nous avons également pris des mesures pour lutter contre les mutilations génitales et les crimes dits d’honneur. 


Le Royaume-Uni procède actuellement à une étude sur le lien entre de nombreux concepts comme l’ethnicité, la religion, l’identité nationale, les origines, la langue, afin d’évaluer leur rôle dans  la formation de familles interethniques.  Nous déployons également des efforts pour promouvoir la participation des femmes, des membres de minorités et des personnes handicapées aux prises de décisions et aux services publics.  Le Gouvernement a également fixé un système de quotas régissant la nomination de femmes, des membres des minorités ethniques et des personnes handicapées à des postes de responsabilité.  La représentante a également indiqué que son pays accorde la priorité à la lutte contre le VIH/sida.  Nous contribuons actuellement 100 millions de livres chaque année à la lutte contre la pandémie. 


Mme ZELJKA ANTUNOVIC, Vice-Première Ministre de la Croatie, a annoncé que son pays a ratifié récemment le Protocole facultatif de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Elle a indiqué que son Gouvernement a accueilli, en novembre dernier, la réunion d’experts sur le thème "Parité et discrimination raciale" dont le document final pourra servir de base et de référence à l’examen de cette question et à la lutte contre ce problème.  A la suite des élections parlementaires organisées l’année dernière, la représentation des femmes à la Chambre a augmenté sensiblement pour atteindre 21,5%.  Ceci a joué un rôle de catalyseur et a notamment permis la création d’une Commission parlementaire pour l’égalité entre les sexes. 


La Constitution a récemment été amendée pour octroyer à l’égalité des sexes une des valeurs les plus hautes dans l’ordre constitutionnel.  Cela témoigne de la volonté de créer en Croatie les conditions de la reconnaissance et de la promotion de l’égalité entre les sexes, condition préalable du développement durable.  Cette Commission a élaboré, en coopération avec les ONG, une nouvelle politique nationale de promotion de l’égalité pour la période 2001-2005. 


L’approche duale adoptée à la présente session est très importante.  Le sida s’est propagé à un degré préoccupant et nous devons parvenir à un consensus sur le fait que la meilleure prévention est l’éducation à tous les niveaux de même que la reconnaissance du rôle important que peut jouer la perspective sexospécifique dans la lutte contre cette pandémie.  De plus, conformément aux recommandations du Groupe d’experts, pour éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, une attention particulière doit être accordée à la discrimination intersectionnelle dont elles sont victimes. 


Concernant les propositions relatives aux méthodes de travail de la Commission, la Croatie appuie les initiatives du Bureau visant à renforcer l’efficacité de la Commission, notamment en ce qui concerne l'intégration d'une perspective sexospécifique dans les politiques et stratégies d’application du Programme d’action de Beijing + 5 et du Document final de la session extraordinaire.  L’émancipation des femmes doit se faire avec la participation des hommes.  Le travail futur de la Commission doit être plus dynamique, thématique et orienté vers l’action et conjugué avec des actions aux niveaux national, régional et international, en collaboration avec les ONG.


Mme BETTY E. KING (Etats-Unis) a indiqué que les questions d’égalité entre les sexes et la lutte contre la discrimination constituent une dynamique puissante de la politique des Etats-Unis.  Les discussions de cette Commission montrent bien que les droits des femmes n’existent pas dans le vide dans la mesure où il s’agit de droits humains.  Aux Etats Unis nous allons dans le sens d’une plus grande égalité pour tous.  De grands succès ont découlé de l’universalité de la lutte des minorités ethniques de notre pays mais nous il nous faut faire plus.  Les formes complexes de discrimination à l’encontre des femmes doivent faire l’objet d’études plus poussées, notamment lorsqu’il s'agit de femmes de travailleurs migrants, des femmes battues ou des femmes victimes de la traite des êtres humains.  La loi adoptée par le Congrès américain en 2000 tend à protéger les victimes de la traite.  Cette loi a créé une classification nouvelle de victimes qui ont désormais accès à divers services.  Dans notre lutte contre la traite des femmes, nous devons également identifier les causes de ce phénomène comme l’exclusion socioéconomique ou les situations de conflits armés. 


La représentante a évoqué le jugement rendu par le Tribunal pour l’ex-Yougoslavie à l’encontre de Serbes de Bosnie coupables de crimes contre l’humanité en raison des viols commis sur des femmes musulmanes.  S’agissant du VIH/sida, la représentante a relevé l’impact particulier de cette pandémie sur les femmes et les discriminations qui en découlent.  Elle a souligné la vulnérabilité particulière des femmes en Afrique sub-saharienne en précisant que son pays  est le plus grand pays donateur dans le cadre de son programme USAID.  La représentante a soutenu le projet de programme de travail pluriannuel de la Commission dans la mesure où il reflète bien le fait que les questions touchant les femmes sont indivisibles des droits de l’être humain.  Elle a cependant regretté que les questions relatives aux femmes handicapées n’y figurent pas.


Mme MARIE-CLAIRE MUKASINE, Secrétaire générale du Ministère du développement du Rwanda, a déclaré que grâce au courage et à la détermination des femmes beaucoup de progrès ont été réalisés pour l’émancipation des femmes mais les discriminations à leur égard persistent et il reste beaucoup à faire pour atteindre l’objectif de l’égalité.  Plus de 65% de la population rwandaise vit en dessous du seuil de pauvreté dont 54% sont des femmes, qui dans leur majorité, sont chefs de familles et illettrées.  Il apparaît que le groupe le plus vulnérable au VIH/sida sont les prostituées. 


Un Plan d’action national sur la parité a été élaboré.  Une stratégie de promotion de la parité a été établie et le Comité national de suivi de l’application du Programme de Beijing contrôle l'application des douze domaines critiques identifiés à Beijing et dans le Document final de la dernière session extraordinaire sur la question.  La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes a été traduite en langue nationale pour être diffusée parmi la population.  Une loi sur les régimes matrimoniaux a octroyé les mêmes droits à la fille ou la femme qu’à l’homme dans le cadre du mariage.  La lutte contre la violence à l’égard des femmes est également une préoccupation du Gouvernement, et notamment l’incrimination des viols commis pendant et après le génocide.  La délégation du Rwanda se félicite que les violences sexuelles commises lors du génocide aient été reconnues comme crime contre l’humanité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda. 


Des mesures spécifiques ont été adoptées dans le cadre de la lutte contre le VIH/sida.  Une approche multidimensionnelle est menée et une campagne d’information est organisée.  L’accès aux traitements et aux soins, en particulier pour les femmes et les filles atteintes du sida, s’impose.  Plus de 77% des femmes violées lors du génocide ont été infectées par le virus.  Il faudrait une mobilisation généralisée des pays du Nord et du Sud pour permettre l’accès aux traitements.  Il faut également mettre en place un fonds pour l’assistance aux victimes de violences sexuelles.  Les femmes ont été les premières victimes du génocide mais elles ont pris de nombreuses initiatives.  La Fédération des femmes pour la paix a vu le jour à l’initiative des femmes rwandaises, de même qu’une organisation des femmes partenaires pour la paix.  La solidarité entre les femmes de par le monde est cruciale à la réalisation de l’égalité entre les sexes, a conclu la représentante.


Mme ELLEN MARGRETHE, Secrétaire d’Etat au Ministère des affaires étrangères du Danemark, a expliqué que son pays a lancé une stratégie globale pour ce qui est des questions d’égalité entre les sexes.  Outre les efforts d’intégration des sexospécifités dans tous les secteurs du service public, un Comité directeur a été créé afin de contrôler ce processus.  Rappelant que le Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes est entré en vigueur, elle a demandé instamment aux Etats qui ne l’ont pas fait d’accéder à ce protocole.  Le Danemark a achevé les négociations sur le Protocole sur le trafic des êtres humains qui est, a-t-elle souligné, l’une des violations les plus graves des droits de la femme. 


S’agissant plus particulièrement des travaux de la Commission, la représentante a estimé que la discrimination basée sur le sexe est également une violation des droits de l’homme.  S’agissant de la pandémie du VIH/sida, elle a noté deux tendances, à savoir la prévalence de la pandémie chez les enfants, les jeunes garçons et filles et l’ampleur de ce fléau en Afrique.  La prochaine session spéciale de l’Assemblée générale sur la question ne doit pas simplement aborder la situation particulière des femmes et des filles mais tenir compte des dimensions sexospécifiques de l’épidémie.  Nous sommes également particulièrement préoccupés par le fait que les pratiques culturelles, économiques, politiques et sociales qui donnent la préférence aux garçons et aux hommes aux dépens des femmes et des filles, ne font qu’exacerber leur vulnérabilité à la pandémie.  Dans diverses régions du monde, a ajouté la représentante, les rapports sexuels sont dictés uniquement par l’homme.  La question des droits en matière de reproduction s’inscrit également dans le cadre de notre réflexion.


Mme HEDY FRY, Secrétaire d’Etat du Canada pour le multiculturalisme et la condition de la femme, a reconnu le rôle de premier plan joué par la Commission en tant que catalyseur du changement.  Il faut maintenant trouver des moyens innovants permettant à la Commission de s’acquitter de son mandat et de veiller à la crédibilité des son travail.  L’intégration complète des sexospécificités dans le travail des Nations Unies exige une démarche systématique et stratégique.  C’est la raison pour laquelle le Canada au nom des pays qui forment le groupe CANZ soumettra un projet de résolution sur le suivi et la mise en oeuvre des conclusions concertées de l’ECOSOC.  S’agissant des thèmes spécifiques de la session, mme Fry a estimé qu’il était impossible de venir effectivement à bout d’une forme de discrimination sans reconnaître explicitement la question de l’égalité entre les sexes.  Les travaux de la Commission devraient refléter l’évolution historique, les spécificités régionales et l’universalité du racisme.  Le Canada s’efforcera lors de la Conférence mondiale sur le racisme, d’assurer la reconnaissance des besoins et droits des femmes autochtones.  Nous nous emploierons également à l’intégration des perspectives sexospécifiques dans les stratégies adoptées par la Conférence.  Pour ce qui est du thème des femmes et du sida, la représentante a reconnu que la pandémie n’est pas simplement une question de santé mais également un symptôme d’iniquité, de pauvreté, d’analphabétisme et d’un accès insuffisant  aux services sociaux.  Les gouvernements doivent promouvoir et protéger les droits fondamentaux des femmes et des filles qui vivent avec le VIH/sida.  L’amélioration des conditions socioéconomiques est essentielle à la prévention.  Les institutions politiques doivent s’engager à mettre au point des stratégies qui favorisent la participation des femmes et des filles à la conception, à la mise en oeuvre et à l’évaluation des programmes.


M. LI HYONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a estimé que le Document final de la session extraordinaire offre un moyen important de lutter contre le problème des femmes qui sont victimes de sanctions, de conflits armés et d’autres maux tels que la violence, la traite et l’illettrisme.  D’innombrables femmes, enfants et personnes âgées deviennent réfugiés à la suite des sanctions et des conflits armés et la traite des femmes est une entreprise qui prospère avec le trafic illicite de quelque 2 millions de femmes.  La mondialisation, la concurrence illimitée et la libéralisation aggravent les problèmes des femmes. 


La mondialisation a généré une pauvreté extrême dans de nombreux pays en développement.  Par conséquent, les femmes dans les situations vulnérables sont marginalisées.  Afin de trouver une solution aux problèmes des femmes, il convient d’appliquer effectivement la Déclaration et le Programme d’action de Beijing et le Document final de la session extraordinaire.  Les gouvernements doivent avant tout mettre en oeuvre des politiques permettant aux femmes de participer aux activités sociopolitiques. 


Depuis sa libération, le Gouvernement de Kim Jong Il applique des politiques spécifiques pour les femmes.  Nos femmes jouent leur plein rôle dans la société sur une base d’égalité avec les hommes.  Le rôle du système des Nations Unies dans l’application du Programme de Beijing doit être renforcé.  Il convient également de liquider le passé des crimes commis à l’encontre des femmes.  L’absence d’incrimination des crimes commis à l’égard des "femmes de confort" appelle l’indignation de la communauté internationale et un règlement dans les meilleurs délais.  La réunion préparatoire Asie-Pacifique de la Conférence mondiale contre le racisme a adopté des dispositions visant à la reconnaissance des responsabilités des Etats et à la compensation pour l’occupation coloniale.  Le Japon doit, à cet égard, se joindre à la communauté internationale, reconnaître les crimes commis à l’encontre des "femmes de confort" et présenter des excuses accompagnées de compensations.  Le représentant a conclu en annonçant que son Gouvernement a récemment adhéré à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.


Mme CONCHITA PONCINI (Fédération internationale des femmes universitaires) a affirmé être encouragée par le fait que les droits de la femme sont désormais intégrés à tous les points à l’ordre du jour de la Commission des droits de l’homme en vertu d’une résolution qu’elle a adoptée l’année dernière.  Ce développement ne fait que refléter le consensus de plus en plus marqué selon lequel les droits des femmes sont des droits de l’homme.  Nous sommes cependant préoccupés par le fait qu’il n’est pas fait mention de cette évolution dans l’ordre du jour provisoire de la Commission.  Nous aurions souhaité que cette résolution figure comme une introduction à tous les points soumis à l’examen de son attention comme par exemple le racisme multiple, la discrimination raciale, la xénophobie, le droit au développement, les droits culturels et sociaux, le droit à l’information et à l’éducation, les droits des femmes autochtones, le droit à la santé…etc  La Commission de la condition de la femme peut contribuer à la mise en oeuvre de cette résolution, en continuant notamment d’entretenir un dialogue avec la Commission des droits de l’homme.


M. NICOLAS BWAKIRA, Directeur du Bureau de New York du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, a indiqué que cette année coïncide avec l’examen décennal des politiques et lignes directrices pour la protection des femmes réfugiées du HCR dont les résultats seront présentés cette année.  Le dialogue avec les bénéficiaires de l’action du HCR est cruciale.  A la fin mars, le HCR accueillera une conférence sur la prévention et les réponses à apporter aux violences sexuelles et fondées sur le sexe dans les situations touchant les personnes déplacées.  L’objectif est de mettre à profit les enseignements tirés de l’expérience et de l’expertise et de planifier l’action future.  Ces deux prochaines années, le HCR tiendra des "Consultations mondiales pour revitaliser


le régime de protection international" avec les gouvernements, les experts et les ONG, y compris avec les réfugiés.  En 2000, le HCR a permis la participation des femmes réfugiées burundaises aux négociations de paix d'Arusha.  Il a également soutenu la création d’un réseau d’activistes pacifiques féminines réunissant des femmes de Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone.  La diminution des ressources met en évidence le besoin d’un partenariat interinstitutions pour renforcer les efforts collectifs. 


Mme NAFSIAH MBOI, (Organisation mondiale de la santé (OMS)) a fait part des activités relatives aux femmes qui figurent au rang de priorité de l’organisation.  Elle a indiqué que l’OMS  travaille avec des partenaires dans six pays différents  afin de définir plus clairement l’ampleur et les conséquences sur la santé de la violence à l’égard des femmes.  L’OMS a par ailleurs intégré une perspective sexospécifique dans ses efforts de lutte contre la pandémie du VIH/sida.  Elle accorde une attention considérable au sort des enfants orphelins du sida ainsi qu’aux femmes veuves du sida auxquelles peu d’attention a été accordée jusqu’à présent.  Les problèmes que rencontrent les veuves du sida sont extrêmement complexes et touchent à leur survie même et à celle de leur famille.  Ces problèmes sont aggravés par des questions de discrimination et d’isolement.  La représentante a souligné que sur les cinq objectifs stratégiques de Beijing, l’un portait sur un accès accru des femmes à des services de santé abordables.  Il nous faut mieux faire dans les domaines de la collecte de l’information et de l’analyse des sexospécificités non seulement pour ce qui est de la santé des femmes mais également de leur vie de famille et de leur vie communautaire.  Il nous faut également éliminer toute discrimination lors de l’élaboration des programmes de santé et être davantage à l’écoute des femmes qui éprouvent une réticence à avoir recours aux services de santé.  Nous devrons également  travailler aux questions relatives au financement de la santé, a-t-elle conclu.


Mme FATIMA SBAITY KASSEM, s’exprimant au nom de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale au nom des commissions régionales, a indiqué que ces dernières constituent une interface efficace entre les gouvernements et la société civile.  Elles fournissent également une perspective régionale en ce qui concerne l’égalité des sexes.  Elles se concentrent sur l’allègement de la pauvreté, le partenariat avec la famille et la participation des femmes au processus de prise de décisions.  Les Commissions régionales reconnaissent des progrès notamment au sujet de la participation des femmes au marché du travail et de la lutte contre la discrimination.  Cependant sur le marché du travail, la discrimination fondée sur le sexe sur le marché du travail persiste et la violence basée sur le sexe s’est accrue.  Pour les régions arabes, le statut des femmes est largement régi par des règles culturelles qui limitent la participation de ces dernières.  En Afrique, le sida décime des communautés entières.  En Europe, les femmes sont touchées par le processus de transition.  L’industrie du sexe, le trafic des femmes et des migrants se développe de manière préoccupante.  Dans ce contexte, les commissions régionales demandent à tous les Etats qui n’ont pas ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et son Protocole facultatif de le faire. 


Mme BREDA PAVLIC (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture) a expliqué que l’UNESCO accorde la priorité à l’édification des capacités des Etats Membres tout en portant une attention particulière au développement de politiques qui tiennent compte des perspectives sexsopécifiques, à la formation des enseignants, à la modification des manuels scolaires, au développement des programmes scolaires et à la fourniture de conseils.  L’éducation formelle mais également informelle continue d’être encouragée  en tant que droit fondamental de l’homme.  L’élaboration de programmes de prévention, notamment de la pandémie du VIH/sida, bénéficie d’une attention prioritaire tout comme le sont les programmes d’éducation scientifique et technologique à l’intention des femmes et des filles.  L’UNESCO met également en place des mesures permettant d’intégrer une dimension soucieuse de l’égalité entre les sexes dans tous ses domaines de compétences.  Son nouvel Institut de statistiques basé à Montréal a l’intention d’élaborer d’autres données ventilées par sexe et un effort important est actuellement déployé pour définir des indicateurs sexospécifiques . 


Mme SOPHIE PIQUET, Direction générale des droits de l’homme du Conseil de l’Europe, a rappelé qu’en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, les 43 Etats Membres du Conseil se sont engagés à continuer d’oeuvrer pour la promotion de l’égalité et des droits fondamentaux des femmes.  Elle a indiqué que la version révisée de la Charte sociale européenne contient une disposition spécifique relative au droit à la dignité dans le travail, qui couvre la prévention du harcèlement sexuel et de tous types d’actes répréhensibles ou offensants répétés.  Une innovation importante a été apportée au mécanisme de contrôle établi par la Charte, avec un protocole prévoyant un système de réclamations collectives permettant aux syndicats, organisations d’employeurs et ONG de présenter des allégations d’une application non satisfaisante de la Charte.  Ce protocole peut constituer un outil efficace pour la protection des droits des femmes au niveau européen. 


En ce qui concerne la Convention européenne des droits de l’homme, la représentante a signalé la signature par 25 Etats d’un protocole additionnel portant une clause d’interdiction générale de la discrimination.  Il interdit toute discrimination, quelle qu’elle soit.  Une fois entré en vigueur, le protocole pourra être invoqué aussi bien par les particuliers que par les Etats devant la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg.  Cette clause et la jurisprudence qui en découlera constitueront un outil juridique essentiel pour la lutte contre les discriminations et pour la protection des droits des femmes.  En mai l’année dernière, le Comité des Ministres a adopté une Recommandation adressée aux Etats Membres sur la lutte contre la traite d'êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle.  Deux projets de recommandations sont à l’étude concernant la participation des femmes dans la vie politique et publique et la protection des femmes et des fillettes contre la violence, qui est une des priorités du Conseil depuis huit ans. 


Une approche intégrée de l’égalité a marqué l’avènement d’une étape décisive en matière de concrétisation de l’égalité.  Le Conseil s’apprête à lancer un projet pilote pour étudier la mise en oeuvre de l’approche intégrée dans des domaines aussi variés que l’éducation, la santé, les politiques pour les réfugiés, le sport ou les politiques locales.  Un rapport sur les actions positives en rapport avec le principe de non discrimination a été publié.  Il convient d’être attentif au fait que l’utilisation parfois abusive des nouvelles technologies de


l’information se fait souvent au détriment des droits des femmes.  Par exemple, l’industrie du sexe est l’un des cinq premiers groupes d’acheteurs d’équipement informatique.  Les femmes sont victimes de la traite et obligées d’effectuer des prestations sexuelles filmées destinées à être retransmises sur Internet.  Les moyens techniques les plus sophistiqués sont mis au service de l’exploitation sexuelle des femmes et du racisme.  Le Conseil a commencé à étudier ces questions ainsi que les moyens de prévenir ces pratiques illicites.  Pour aller de l’avant, il est important de mener des actions communes et de renforcer la coopération internationale afin que les droits fondamentaux des femmes soient pleinement et effectivement garantis et protégés.


Mme HERZOG (Conseil international des femmes), a souligné le lien entre les droits humains et la parité entre les sexes.  Dès 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme a condamné la discrimination fondée sur le sexe.  La Convention de 1979 sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes exige le respect des droits humains de la femme.  Néanmoins, à la lumière de l’ examen des objectifs principaux du Programme d’action de Beijing, l’on peut conclure que la discrimination à l’égard des femmes est encore extrêmement marquée.  Ainsi, 70% des pauvres dans le monde sont des femmes tandis que 20% des femmes ont été victimes d’agression.  Outre les déclarations d’intention, il est important que les Gouvernements prouvent aux Nations Unies que leurs politiques s’appuient sur la problématique de la parité entre les sexes.


Mme ENGH, représentante de l'International Project Assistance Service, a déclaré que l’engagement, la volonté politique et l’attention appropriée au rôle que l’inégalité entre les sexes et ses manifestations sociales, politiques, économiques, culturelles et religieuses ont sur les femmes et les filles sont essentielles à la lutte contre la pandémie de sida.  Des politiques et des cadres juridiques doivent être mis en place pour permettre aux communautés de protéger les droits des femmes et des filles.  Les femmes et les filles doivent être émancipées afin qu’elles puissent résister aux efforts qui vont à l’encontre de leur protection contre le sida et une attention particulière devrait être accordée à la situation de celles vivant avec le VIH/sida.  La communauté internationale doit examiner les situations de violations des droits de l’homme motivées par une discrimination fondée sur la race, le sexe, l’origine ethnique auxquelles sont confrontées les femmes et les filles et qui les rendent vulnérables au sida.  A titre d'exemple, la représentante a cité les viols, l’esclavage sexuel et la traite des femmes.  La participation des femmes à la prise de décisions dans le domaine de la prévention et de la lutte contre le sida doit être encouragée.  Les gouvernements doivent s’attaquer à la question de la pauvreté disproportionnée des femmes.  L’éducation et la diffusion d’information sur le sida sont primordiales.  Les discriminations multiples que subissent les femmes doivent être reconnues et des programmes pour éliminer cette subordination des femmes et des filles élaborés.  La convergence de la discrimination raciale et la discrimination fondée sur le sexe doit être examinée.  Les gouvernements doivent lutter contre les stéréotypes véhiculés par les médias et ces derniers doivent être conscients de leur responsabilité en la matière.  Les gouvernements doivent promouvoir la liberté de choix en matière de santé reproductive.  Enfin, les femmes et les filles doivent avoir accès à un prix abordable et non discriminatoire aux services de santé, à l’information et aux traitements. 


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