LES ENFANTS RELEVENT DE LA RESPONSABILITE PREMIERE DES PARENTS
Communiqué de presse DH/289 |
Comité préparatoire de la session
extraordinaire de l'Assemblée générale
consacrée aux enfants
Deuxième session de fond
7e séance - matin
LES ENFANTS RELEVENT DE LA RESPONSABILITE PREMIERE DES PARENTS
Les mesures recommandées au plan international doivent être
adaptables pour permettre à chaque Etat de vraiment les appliquer
Le Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée aux enfants, prévue au mois de septembre 2001, a poursuivi ce matin ses travaux en continuant son débat sur le projet de document final de la session.
Le rôle de la famille, la responsabilité des Etats et des gouvernements, la place centrale que doivent occuper les programmes de santé, d'éducation scolaire et morale, ont été soulignés par la majorité des délégations qui ont souhaité, comme celle des Etats-Unis, que la version finale du texte soit rédigée après une refonte en profondeur du projet actuel. La délégation des Etats-Unis a fait remarquer que les recommandations du Sommet de 1990 ont sans doute pêché par leur caractère trop global et de ce fait détaché des réalités individuelles de chaque pays. Il a demandé que le document final de la session fixe des actions réalistes à la portée des individus et de la société civile. Le représentant des Etats-Unis a d'autres part estimé que les termes de la Convention relative aux droits de l'enfant, à laquelle ils ne sont pas parties, ne devraient pas être érigés en valeur-étalon permettant de mesurer les politiques que mène un pays en faveur des enfants.
Insistant sur la responsabilité des Etats dans la promotion des droits et la protection des enfants, plusieurs représentants dont ceux du Bélarus, de l'Ouganda, de Bahreïn, au nom du Groupe des pays arabes, et de la Pologne, ont insisté sur le fait que le document final devait respecter les informations et données fournies par les Etats Membres dans leurs rapports nationaux, et tenir compte des valeurs culturelles et religieuses des différentes sociétés. En matière sociale et de santé, la Pologne tient au respect de la vie et au rôle traditionnel des parents dans la famille et dans l'éducation des enfants, a dit la représentante de ce pays. Dénonçant les mesures unilatérales de sanctions dont les conséquences socioéconomiques affectent la vie des enfants des pays qui en sont victimes, Bahreïn et Cuba ont demandé que le texte fasse implicitement référence à la nécessité d'abolir et d'interdire ce genre de mesures. Plusieurs délégations ont abordé la situation des enfants vivant sous occupation étrangère.
Les délégations dont la liste suit ont aussi pris la parole au cours de la réunion de ce matin: Tonga (au nom des Etats du Forum du Pacifique Sud), Sénégal, Mexique, Paraguay, Qatar, Malaisie, Australie, Pakistan, Syrie, Jordanie, Kenya, Ghana et Swaziland. Les Observateurs de la Suisse et de l'Ordre souverain de Malte se sont aussi exprimés. Le Comité a, en fin de séance, entendu les représentantes de l'Organisation internationale du travail (OIT) et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).
Le Comité préparatoire poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.
Déclarations sur le projet de conclusions qui seront adoptées lors de la session extraordinaire
MME ALISE MALOLO, Tonga, au nom du groupe du Forum des îles du Pacifique, a rappelé la place spéciale que ces pays accordent aux enfants. En tant qu'Etats parties à la Convention relative aux droits des enfants, nous reconnaissons le rôle clé de cet instrument dans les actions lancées au bénéfice des enfants, a-t-elle ajouté. Elle a estimé que le projet de texte à l'examen constitue une bonne base de discussions. Elle a évoqué certains problèmes spécifiques qui la préoccupent, comme la propagation du VIH/sida et le réchauffement planétaire qui menacent particulièrement les enfants. A son avis, les recommandations de la session extraordinaire devraient pouvoir être intégrées aux actions nationales, être tournées vers la pratique et l'avenir, et réalistes. Elle a estimé que pour pouvoir être efficaces, les mesures doivent tenir compte des différences entre les garçons et les filles. Elle a donc souhaité que soient introduites dans le texte des dispositions sur la sexospécificité. Elle a enfin déclaré que l'opinion des jeunes est importante et que ceux-ci doivent pouvoir faire entendre leur voix à la session extraordinaire.
M. MBAYE DIACK, Secrétaire général adjoint de la Présidence de la République du Sénégal, a rappelé que son pays considère les problèmes de l'enfance comme une priorité. Il a indiqué que le préambule et plusieurs articles de la Constitution adoptée le 7 janvier 2001, contiennent des dispositions relatives aux enfants. A côté des décisions d'ordre législatif, a-t-il ajouté, des mesures concrètes ont été prises au Sénégal, comme la création d'un ministère chargé de la petite enfance, un projet de programme de construction des cases ou encore la création du ministère exclusivement chargé de la jeunesse. Par ailleurs, le Sénégal a réussi à éradiquer le vers de Guinée et a accompli des progrès notables dans la lutte contre la poliomyélite et le VIH/sida, par exemple. Le représentant a relevé que des problèmes importants demeurent, comme celui des enfants dans la rue ou des filles employées comme bonnes à tout faire. Il s'est félicité par ailleurs du projet de conclusions élaboré par le Bureau, qui accorde une importance appropriée aux efforts de lutte contre le VIH/sida. Il a souhaité toutefois que l'on mette plus l'accent sur les enfants africains.
M. EDUARDO NAVARETTE, Représentant personnel du Président du Mexique, a estimé que le projet de texte, préparé par le Bureau constitue une excellente base pour les travaux. Nous devons présenter un programme montrant clairement les mesures à prendre, de façon réaliste et donc assorti de délais d'application, a-t-il considéré. Il a présenté quelques propositions de fond, comme réduire la proportion des personnes qui souffrent de la faim et de la pauvreté. Il faut aussi réduire la mortalité infantile et élargir la couverture de services de base, comme l'eau potable et l'assainissement. Selon lui, il est aussi indispensable d'améliorer la qualité de l'éducation qui doit en outre profiter à tous les enfants. A son avis, il faut garantir des ressources minimales aux familles, afin notamment qu'elles puissent subvenir aux besoins des écoliers, et réduire le nombre des enfants victimes des violences et du racisme. Par ailleurs, il faut aussi se pencher sur les conditions de vie des enfants des minorités, pour lesquels il y a aussi des mesures spécifiques à prendre.
M. KAKIMA NTAMBI, Secrétaire général du Ministère du travail et du développement social de l'Ouganda, a déclaré que le Sommet mondial pour les enfants a été un catalyseur en Ouganda en ce qui concerne la protection de l'enfance. L'Ouganda a ratifié la Charte de l'OUA sur l'enfant africain en 1994 après avoir signé la Convention de l'ONU relative aux droits de l'enfant en 1990. Un Conseil national des enfants a été mis en place en 1992 en même temps qu'un portefeuille ministériel était créé au sein du Gouvernement sur cette question. L'Ouganda appuie le Protocole sur les enfants dans les conflits armés et soutient les mesures contre la prostitution, l'exploitation et le travail des enfants. Nous travaillons dans ce cadre avec l'Organisation internationale du Travail, a dit le représentant.
L'environnement juridique créé en Ouganda est favorable à l'enfance et nous travaillons à la promotion de la santé, des vaccinations, et de la lutte contre les pandémies comme celle de VIH/sida. Le nombre de sidéens est en baisse en Ouganda. Le nombre d'enfants enrôlés dans les écoles primaires est passé de 2,6 millions en 1997 à près de 7 millions en 2001. Quant à la mortalité, son taux est passé de 122 pour 1000 en 1991 à environ 90 pour 1000 aujourd'hui. Notre pays pense que le document final de la session extraordinaire devrait mentionner les développements positifs constatés dans la situation des enfants au cours de la décennie écoulée. Il devrait mettre en relief la place des enfants dans la société comme citoyens à part entière. Il devrait prévoir aussi, entre autres, des outils de contrôle sur les problèmes dont souffrent les enfants, comme le travail forcé, l'exploitation et les lacunes dans l'éducation. D'autres facteurs comme le rôle des femmes dans la protection et l'épanouissement des enfants, devrait être mentionné. L'Ouganda pense aussi que des questions comme celle de la dette devrait être incluses dans le document final.
M. AURELIO VAZELA AMARILLA, Secrétaire exécutif du Secrétariat d'action sociale de la Présidence de la République du Paraguay, a joint sa délégation à la déclaration du Groupe de Rio faite hier par la Colombie. Les solutions aux problèmes qui affectent l'enfance passent par la disparition de la pauvreté, a-t-il estimé. Le document final devrait donc clairement énoncer le besoin de mettre en place un nouveau cadre économique international. Nous pensons aussi que le document doit souligner l'importance des actions au niveau local qui seules peuvent assurer la pleine participation des enfants eux-mêmes à la promotion de leurs droits. Nous insistons aussi sur la sexospécificité et l'égalité de traitement de tous les enfants. En tant que Président en exercice du marché commun du sud de l'Amérique, le Mercosur, le Paraguay abritera bientôt, à Asunción, un Sommet des pays de cette organisation au cours duquel seront débattus les droits des enfants.
M. ADEL ALI AL-KHAL, Qatar, a indiqué que le Conseil supérieur des affaires familiales a été chargé de gérer et de coordonner les efforts nationaux visant l'élaboration du rapport sur les enfants de la fin de la décennie récemment soumis à l'UNICEF. Sur la base des conclusions du rapport, une stratégie va être développée pour étudier la condition des enfants dans le pays. Le Qatar appuie les efforts internationaux visant la ratification universelle des Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l'enfant. Il condamne toutes formes d'exploitation illicite des enfants et appuie les efforts de la communauté internationale pour les éliminer. A la suite de la ratification de la Convention, le Qatar a incorporé les dispositions de la Convention dans sa législation nationale et considère la réalisation de ses objectifs comme prioritaire. A cet égard, le Gouvernement condamne les pratiques visant à priver les enfants du droit de vivre leur enfance complètement et, par conséquent, appuie les institutions gouvernementales chargées de l'éducation et encourage les initiatives du secteur privé et de la société civile dans ce sens. Bien que seuls 10% du budget soient consacrés aux services sociaux, ces services sont de bonne qualité. Le Gouvernement prévoit de développer, en coopération avec les organisations internationales concernées, des programmes pour promouvoir le développement social, culturel, moral et cognitif de la petite enfance. Il travaille également à la création d'orphelinats gouvernementaux et non gouvernementaux pour prendre en charge les enfants sans famille et s'emploie à réduire toutes formes de violence contre les enfants.
En ce qui concerne les adolescents, de nombreux projets d'enseignement et de formation professionnelle sont développés. Selon les statistiques nationales, non seulement le taux d'infection au virus VIH/sida mais aussi le taux de mortalité infantile ont nettement baissé. Des succès ont été enregistrés dans le domaine de l'élimination de la poliomyélite et de l'immunisation contre les différentes maladies infantiles. De plus, 100% de la population bénéficie des services d'assainissement en eau et de l'accès à l'eau potable. Des efforts sont par ailleurs déployés pour assurer l'accès à l'éducation de base des enfants et limiter l'abandon scolaire. Enfin, l'étude du phénomène entraînant la représentation supérieure des filles par rapport à celle des garçons dans l'enseignement primaire devrait permettre d'équilibrer la situation.
M. RAFAEL DAUSA CESPEDES, Cuba, a indiqué que son gouvernement est engagé en permanence envers la cause des enfants, trésor le plus précieux de l'humanité. En ce qui concerne le projet de conclusions, il a souhaité que l'on parle plus précisément des acteurs sociaux. Selon la délégation de Cuba, il faut insister sur le rôle clé de la Convention relative aux droits de l'enfant, qui doit être une base des mesures à venir. S'agissant de la mondialisation et de ses conséquences sur la pauvreté, la question devrait être approfondie dans l'analyse des causes. Il faut aussi concrétiser les engagements oubliés sur l'aide au développement, sans poser de barrière d'ordre politique. Le représentant a estimé que la mention de l'augmentation des contributions doit être intégrée dans le texte. Quant à la question de la protection des enfants souffrant des conflits armés, elle devra assurément être mentionnée dans le texte. Enfin, le document final de la session extraordinaire devra renforcer les questions relatives à la pornographie et à l'exploitation sexuelle, fort mal traitées dans le texte. Le document final sera suffisamment vaste pour couvrir les problèmes des enfants dans les pays, tant en développement que développés, a-t-il conclu.
MME BEINAROVICH, Bélarus, a proposé que le document final de la session extraordinaire soit plus concis. Elle a demandé que le texte fasse des références aux questions qui se posent à l'enfance sur des bases communautaires, nationales et régionales pour proposer des solutions applicables à ces différents niveaux. Il faudrait d'autre part tenir compte des informations fournies par les pays dans leurs rapports nationaux. Le Bélarus est surpris que les informations nationales aient largement été ignorées par le document actuellement proposé. La version finale devrait se situer, logiquement, dans la droite ligne des constats et recommandations faits au niveau national.
M. MICHAEL SOUTHWICK, Etats Unis, a fait valoir l'intérêt porté par son pays aux problèmes des enfants dans le monde, rappelant son soutien aux activités en faveur des enfants de plusieurs institutions des Nations Unies œuvrant dans le domaine du développement comme l'UNICEF et le PNUD ainsi que le plan de réforme du système d'éducation américain annoncé la semaine dernière par le Président Bush. Il a indiqué que les Etats-Unis étaient d'accord avec le Président de l'Assemblée générale qui a déclaré attendre de la session extraordinaire qu'elle produise un document de fin de session concis, novateur, orienté vers l'action et fixant des échéances.
Le projet de document final est loin de répondre à cet objectif, a-t-il déclaré. La Session extraordinaire doit produire un document clair et cohérent, qui fixe des actions réalistes à la portée des individus et de la société civile et qui suscite l'engagement de tous. Ce document doit être restructuré de façon à mettre l'accent sur l'évaluation des progrès accomplis durant la décennie, sur l'identification de nouveaux défis et la définition des actions et des objectifs futurs. La section concernant les futures actions et les futurs objectifs doit à notre avis être complètement reformulée. Dans sa forme actuelle, le projet est un mélange confus d'actions politiques et juridiques avec les principaux objectifs mal définis et un ensemble incomplet de sous-objectifs. Sa façon d'aborder les obligations nationales et le soutien international est déséquilibrée et irréaliste. Comme l'a exprimé l'Ambassadeur Hammarberg, au nom de l'Union européenne, c'est au niveau national que nos objectifs seront atteints. Nous ne devons pas dévier des objectifs du Sommet original sans raisons. Le texte actuel fixe par exemple une diminution du taux de maternité infantile d'au moins un tiers entre 2000 et 2010. L'objectif initial était de le réduire de moitié en dix ans. Quelle est la base de ce changement?
Le représentant s'est prononcé en faveur d'un processus qui guiderait les pays participants dans leur définition d'objectifs compatibles avec leur situation. Il a recommandé qu'un examen technique complet des objectifs soit réalisé avec l'aide des institutions et agences spécialisées de l'ONU. Il a fait observer que le projet était imprécis dans le domaine du contrôle. Il a indiqué que les Etats-Unis sont favorables au processus mis en place depuis 1992 par un certain nombre de régions qui prévoit une adaptation et une évaluation régulière des objectifs aux plans régional et national.
Les Etats peuvent être encouragés à envisager de ratifier la Convention sur les droits de l'enfant et les autres instruments internationaux, a-t-il par ailleurs déclaré. Mais il n'y a pas d'obligation à le faire. Nous estimons qu'il est erroné et inapproprié d'utiliser la Convention comme la pierre de touche servant à mesurer l'engagement des Etats en faveur des enfants. En tant que pays non parties à la Convention, les Etats-Unis n'acceptent pas les obligations qui en découlent pas plus que nous n'acceptons de la considérer comme le seul ou le meilleur cadre pour le développement de programmes et de politiques en faveur des enfants.
M. SAYED A.RAHMAN SAYED MOHD, Malaisie, a estimé que le projet de conclusions de la session extraordinaire de l'Assemblée générale était un document extrêmement complet dans la mesure où il porte sur les aspects sociaux, culturels, économiques, psychologiques et politiques de la gestion de l'enfance. De part son dynamisme et le potentiel qu'il renferme, il pourrait devenir un document de référence durable. L'on pourrait néanmoins l'améliorer en le rendant également accessible aux enfants. Il faudrait également tester sa force et sa durabilité en terme de gestion en fonction des critères suivants: accessibilité, admissibilité, applicabilité, réalisme, responsabilité et adaptabilité.
Reconnaissant les besoins des enfants lors des premières années, le représentant a également mis l'accent sur ceux des enfants qui ont franchi la phase de survie. Le document final par conséquent doit accorder suffisamment de place aux problèmes de ces enfants en particulier pour ce qui touche à la qualité des soins et de la protection, à un système adéquat de soutien familial et parental, et aux programmes d'alphabétisation. Le représentant a également souhaité que les objectifs fixés s'attachent à favoriser la participation des enfants aux questions les concernant. Le document final, a-t-il ajouté, ne doit pas avoir de parti pris en fonction des sexes. Le représentant a également soutenu fermement le fait que les enfants handicapés ont été identifiés comme le groupe d'enfants ayant le plus grand besoin de protection et d'aide.
MME PENNY A. WENSLEY, Australie, a fait observer que le document final qui sera adopté lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale devait être considéré comme une étape vers un objectif final, et non comme une fin en soi. Après avoir salué les efforts de l’UNICEF et du Bureau du Comité pour identifier de nouveaux engagements et les traduire en stratégies concrètes, la représentante a souligné qu’il est important que ces objectifs soient assortis de conseils pratiques de mise en œuvre et qu’ils soient réalistes, mesurables et centrés sur les priorités. Le document devrait mettre l’accent sur des indicateurs et des évaluations des priorités, plutôt que de faire état d’un ensemble complexe d’objectifs qui n’est pas nécessairement pertinent dans tous les pays, a ajouté la représentante. Elle a souhaité que les aspects pratiques du document soient mis en avant, notamment par la référence à des “modèles de bonne mise en œuvre”. Car si nous partageons tous l’objectif d’offrir un avenir meilleur à nos enfants, les façons d’atteindre cet objectif sont multiples, a-t-elle fait observer, avant de recommander que l’UNICEF collecte et diffuse des informations sur les meilleurs “modèles de mise en œuvre”. Elle a enfin insisté pour que le document fasse explicitement référence aux questions sexospécifiques et aux questions relatives à l’adolescence.
M. SALAH ALMAKI, Bahreïn, au nom du Groupe des Etats arabes, a noté les défis qui devraient en particulier retenir l'attention et figurer dans le document, notamment la pauvreté, les maladies, les privations, la violence et la toxicomanie. Le document conclut que les nombreux problèmes intéressent toutes les régions du monde, a-t-il remarqué. Il a donc espéré que les participants pourront travailler ensemble pour atteindre des résultats qui bénéficieront aux enfants du monde entier. Examinant le document, il a noté que de nombreux pays manquent encore de moyens sociaux, économiques et financiers pour mener des actions qui amélioreront les conditions de vie des enfants. Il faut donc examiner la question d'un financement approprié et les pays développés doivent donner un élan dans les pays les moins avancés, a-t-il souhaité. A son avis, le problème de la dette est un défi majeur dont les conséquences entravent le développement des enfants. Le représentant a ensuite abordé les situations de conflits armés et l'impact négatif de l'occupation étrangère ou des sanctions économiques sur les enfants. Selon lui, La session extraordinaire devra y faire référence. Il a enfin souhaité qu'elle aboutisse à des recommandations pratiques. Il a également affirmé que la famille, constituée normalement d'un père et d'une mère unis par les liens du mariage, est la cellule de base de la société.
M. SALMIN SENGA, Tanzanie, a estimé qu'il faut parvenir à un accord sur des termes qui apparaissent plusieurs fois dans le projet de document final, et notamment ceux d'"adolescent", "jeunes" et "jeunesse". Selon la Convention relative aux droits de l'enfant, un enfant est une personne âgée de moins de 18 ans. A quel groupe d'âge devrions-nous penser lorsque nous parlons des adolescents, des jeunes et de la jeunesse ? La délégation tanzanienne juge très important de définir ces différents groupes d'âge ainsi que les droits et obligations qui leurs échoient. Le représentant a noté que l'éradication de la pauvreté ne reçoit pas l'attention qu'elle mérite en matière d'objectifs et de stratégies dans le projet. Selon lui, l'élimination de la pauvreté devrait être l'un de nos objectifs à atteindre dans le cadre d'un plan d'action assorti d'un calendrier. Le document semble davantage s'intéresser aux symptômes de la pauvreté qu'aux racines mêmes du problème. Il a souhaité que la "Vision" reflète suffisamment les questions liées à la survie de l'enfant. Le document semble considérer que tous les enfants survivent à leur naissance. Nous devons également refléter la responsabilité première des parents, de la famille et de la communauté dans la réalisation de la "Vision", car c'est dans leur cadre que la survie, le développement, la participation et les meilleurs intérêts de l'enfant sont nourris. Le représentant a estimé que le document devrait aussi faire référence à l'impact de la violence sur l'enfant au sein de la famille, ainsi que de la violence résultant des pratiques traditionnelles nocives. Il a été d'avis qu'il faut établir des objectifs tenant compte des différentes catégories d'enfants ayant besoin de mesures spéciales de protection dans certains pays donnés, notamment les enfants des rues, les enfants qui travaillent et les enfants handicapés. Pour ce qui est de la section sur les engagements, le représentant a jugé nécessaire de susciter la participation des jeunes et des adolescents car ils ont des devoirs en ce qui concerne la réalisation de leurs droits.
MME KATARZYNA MAZELA, Pologne, a déclaré que la session extraordinaire qui sera consacrée aux enfants doit permettre de renouveler l'engagement pris à l'égard des enfants et d'examiner les modalités de l'action en leur faveur pour la décennie à venir. Construire "Un monde fait pour l'enfant" met au défi les gouvernements, les institutions, tous les gens de bonne volonté de par le monde et leur offre l'occasion de promouvoir le respect de la vie et de la dignité de chaque être humain, sans préjugés ou discriminations quelque qu'ils soient. La délégation polonaise estime que dans une perspective de développement social un certain nombre d'aspects devraient être renforcés. Il est notamment nécessaire de protéger et de promouvoir le droit à la vie avant et après la naissance, conformément au Préambule de la Convention relative aux droits de l'enfant. Il est également impératif de respecter le rôle central des parents et leur droit à éduquer et à former leurs enfants. Enfin, les Etats doivent chercher à assurer l'indépendance économique des familles, à éliminer la pauvreté sous toutes ses
formes ainsi que l'accès à l'éducation et aux soins de santé de base. Ces trois aspects continuent d'être fondamentaux et d'une importance durable à tous les stades du développement économique et social. La Pologne appuie fermement le libellé de la Déclaration mondiale et du Plan d'action issus du Sommet mondial de 1990 ainsi que de la Convention relative aux droits de l'enfant et estime qu'y adhérer strictement peut être le moyen concret de garder une approche consensuelle concernant les questions relatives aux droits de l'enfant.
M.AIZAZ CHAUDHRY, Pakistan, a déclaré que le projet de texte final devait être modifié pour que soit soulignée la nécessité de mener à terme la mise en œuvre du Plan d'action, jusqu'ici inachevée, du Sommet mondial pour les enfants de 1990. Le Pakistan pense que le document devrait fixer des cibles précises à atteindre en matière économique et commerciale pour trouver des solutions aux effets néfastes de la mondialisation et à ses retombées sociales négatives qui affectent la vie des enfants. Le Pakistan demande que soient respectées les valeurs culturelles et sociales de chaque pays et de chaque société, et que les sujets prêtant à controverse soient exclus du document. Le Pakistan aussi estime que l'UNICEF devrait travailler de plus près avec les Etats pour arriver à confectionner un texte équilibré et des documents de travail plus complets pour la tenue de la session extraordinaire.
M. FAYSSAL MEKDAD, Syrie, a remarqué combien il est important d'aborder les problèmes des enfants qui sont les hommes et les femmes de demain. Il a indiqué que la Syrie a été un des premiers pays à ratifier la Convention relative aux droits de l'enfant. Un Comité suprême de l'enfance a été créé en janvier 1999, comprenant des représentants de différents ministères s'occupant des enfants, ainsi que des représentants des ONG. Il s'agit notamment de réaliser des études pour le gouvernement, a-t-il expliqué. Puis, il a ajouté que des milliers d'enfants syriens ne peuvent jouir de leurs droits à cause de l'occupation du Golan par Israël. Beaucoup de familles ont été expulsées de leurs territoires, ce qui constitue une véritable tragédie, a-t-il déploré. S'agissant du texte proposé, la Syrie voudrait l'enrichir dans les dispositions portant sur la situation des enfants sous occupation étrangère, en rappelant la référence qui en était faite dans la Déclaration de 1990, pour ne pas négliger ce problème. Le représentant a enfin parlé du rôle important de la famille unie et de la société civile dans l'amélioration du sort des enfants.
M. ABDERRZAQ BANI HANI, Jordanie, a félicité le Bureau du Comité préparatoire et l'UNICEF pour les efforts considérables qu'ils ont accomplis en vue d'élaborer l'avant-projet de conclusions. Il s'est dit heureux de voir ce texte inspiré par la Convention relative aux droits de l'enfant, ce qui permet aux gouvernements de renouveler leurs engagements en vue de mener des actions dans les différents domaines. C'est aussi le moyen de donner aux Etats l'occasion de connaître les meilleures pratiques en vigueur sur le plan international. Le représentant s'est félicité que le document s'attache à traiter à la fois les problèmes liés à la petite enfance et à l'adolescence. Cependant, en dépit de tous les aspects positifs du texte, il a regretté que certaines questions ne soient pas traitées de manière plus approfondie. Il s'agit notamment de la définition de la façon de mettre en œuvre les plans d'action et le rôle des gouvernements, des institutions internationales, des ONG et du secteur privé. De
l'avis de sa délégation, le champ d'application du document devrait comprendre des engagements explicites, en particulier celui selon lequel aucun enfant ne devrait aller se coucher en ayant faim. Il a ajouté que la petite enfance devrait inclure le stade fœtal. Enfin, il a estimé que le texte doit traiter de la question de la qualité des services offerts aux enfants survivants.
M. SAMMY OLE KWALLAH, Directeur des services pour l'enfance, Représentant personnel du Président de la République du Kenya, a déclaré que son pays avait déjà remis son rapport de fin de décennie, détaillant les initiatives prises par le Gouvernement pour atténuer les effets de la pauvreté, du VIH/sida et de la crise. Le délégué a ensuite fait un certain nombre de remarques sur le projet du document qui sera adopté par la session extraordinaire de l’Assemblée générale. Il a conseillé de prendre en considération non seulement la question de l’accès à l’eau mais également celle de la qualité de l’eau, non seulement le rôle des familles mais également celui des communautés. Posant le problème du travail des enfants et de l’éducation, M. Kwallah a souhaité que le document mentionne explicitement l’importance d’un système éducatif non formel, car c’est là une solution pour les enfants qui ont quitté l’école. M. Kwallah a proposé que l’on distingue les pays qui ont atteint les objectifs affichés en 1990. En ce qui concerne le VIH/sida, le délégué a souhaité que le document fasse clairement état du rôle des parents comme élément essentiel dans la prévention et la gestion des infections dues à ce virus et à d’autres maladies infectieuses. Il s’est prononcé en faveur d’un organe indépendant de contrôle qui, dans chaque pays, serait chargé de collecter des données et des informations, notamment en provenance des agences qui mettent les programmes en œuvre.
M. JOHN KUNENE, Swaziland, après avoir remercié le Bureau du Comité préparatoire, a proposé une réorganisation du document pour regrouper les sections I et VIII, les sections II et III, ainsi que les sections IV, V et VI. Il s'est ensuite déclaré satisfait de la référence faite à la pauvreté et à l'endettement de nombreux Etats membres. A ce propos, il a souhaité qu'on plaide davantage en faveur de l'annulation de la dette de la plupart des Etats en développement, ce qui permettrait d'assurer certains services sociaux de base. Il lui est apparu en outre inacceptable d'emprunter pour les besoins des services sociaux, comme l'ont proposé certaines institutions internationales. Le nombre effrayant des enfants orphelins ne permet pas d'assurer une bonne nutrition et une éducation suffisante. Il a souhaité qu'on parle des effets du tabac sur les jeunes. Au sujet des partenariats, il a insisté sur la nécessité de tenir compte de certains secteurs dans le processus d'élaboration des programmes en faveur des enfants. Le représentant a ensuite abordé le problème du VIH/sida et les cas de transmission du virus par la mère, estimant que c'est dans ce domaine qu'on peut le mieux agir. Il a regretté que des Etats comme le Swaziland ne puissent pas profiter des initiatives pour l'accès aux vaccins. M. Kunene a souhaité toutefois continuer à participer à l'élaboration du document qui devrait être adopté lors de la session extraordinaire de l'Assemblé générale consacrée aux enfants.
MME ALBERTA QUARTEY, Présidente de la Commission nationale pour les enfants et Représentante spéciale du Président du Ghana, a déclaré que le document final de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée aux enfants devrait clairement établir un lien direct avec la Déclaration et le Plan d'action du Sommet mondial pour les enfants en prenant en compte les résultats obtenus et les obstacles qui subsistent dans leur application. Ceci permettrait de mieux appréhender les défis et problèmes qui existent ou sont naissants et s'opposent au bien-être de l'enfance en ce nouveau millénaire. A notre point de vue, a dit la représentante, le Plan d'action de 1990 est loin d'avoir été réalisé, et le document final de la session extraordinaire devrait donc trouver un juste équilibre entre des nouvelles recommandations et le besoin de terminer la mise en œuvre du plan de 1990.
En ce qui concerne les pays d'Afrique, bien que nous apprécions l'accent mis sur les droits, nous pensons aussi que la survie et le développement physiques de l'enfant devraient être un des premiers soucis. Si l'enfant ne peut se développer physiquement, se soucier simplement de ses droits et protection n'a aucun sens. C'est pourquoi nous demandons que soient renforcées les recommandations du document final concernant les questions économiques et sociales, et que soient mentionnées des dates-butoir de réduction de la pauvreté et les moyens d'y parvenir par un meilleur accès aux marchés en matière commerciale, et par l'annulation de la dette, et la mobilisation de ressources internationales en vue de créer un environnement qui garantisse la sécurité humaine. Le document doit aussi mentionner le besoin d'aider les pays en développement à améliorer leur capacité de collecte de données et d'analyses, et celui de créer des indicateurs spécifiques de mesures des progrès accomplis et des impacts des programmes menés en faveur des enfants.
M. JEAN-FRANCOIS GIOVANNI, Suisse, a fait valoir que toute identification d'actions et de mesures nécessaires en faveur des enfants devrait se fonder sur le droit, notamment sur les dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant. En outre, les deux Protocoles facultatifs à cette Convention, la Convention n°182 de l'OIT sur l'élimination des pires formes de travail des enfants, ainsi que les autres instruments internationaux de protection des droits de l'homme devraient représenter les piliers principaux des actions à entreprendre. La Convention relative aux droits de l'enfant définissant un enfant comme une personne de moins de 18 ans, la Suisse juge problématique la mention d'autres groupes d'âge, notamment les jeunes de 15-24 ans par rapport au HIV/Sida, a-t-il déclaré.
L'observateur a également mis en avant la nécessité d'intégrer dans toutes les actions futures en faveur des enfants les engagements adoptés lors des autres Conférences mondiales et de leurs suivis. Il a indiqué que la Suisse considérait que l'éradication de la pauvreté représentait un élément central dans la mesure où l'évolution du niveau socioéconomique a une influence directe sur toutes les autres problématiques.
La Suisse considère que "l'avant-projet de conclusions" constitue une bonne base pour les discussions et négociations à venir et incorpore dans ses grandes lignes les préoccupations du gouvernement et de la société civile suisses, a déclaré M. Giovanini. Néanmoins son contenu devrait être plus innovateur tout en restant réaliste et universel. Le représentant a souhaité qu'y figurent dans un premier temps les progrès accomplis, ensuite la réaffirmation de l'urgence à mettre en œuvre les objectifs non-réalisés et enfin la définition des objectifs supplémentaires à respecter dans un délai donné. Le document de conclusions devrait mentionner tous les acteurs internationaux ayant un mandat en faveur des droits de l'enfant, a-t-il également indiqué. Il devrait préciser les mécanismes de rapport et de suivi sur le respect des engagements pris lors de la Session spéciale, notamment la tenue d'une prochaine Conférence d'examen dans un délai de dix ans.
MME MARY REINER BARNES, Ordre militaire souverain de Malte, a rappelé la mission de service de l'Ordre de Malte depuis sa création en 1099 et son engagement envers les droits à la vie, à la santé et à l'éducation. Elle s'est félicitée des dispositions concernant ces domaines dans le document examiné. Elle a cité divers services, notamment la gestion d'hôpitaux et de cliniques, que l'Ordre assure à Bethléem, en République dominicaine, en Haïti, en Ethiopie, au Rwanda, au Burundi. De même, des crèches au sein des hôpitaux ou dans les banlieues sont organisées par l'Ordre de Malte, a-t-elle expliqué, comme à Bonn (Allemagne) et à Sao Paolo (Brésil). L'ordre encourage aussi l'éducation des orphelins, comme au Honduras, et la représentante s'est félicitée des mesures envisagées à ce sujet dans le texte. Elle a aussi parlé des camps de volontaires et des fêtes mensuelles organisés pour les enfants handicapés, comme à New York. Ces services auxiliaires permettent aux enfants d'y participer, ce qui leur donne une responsabilité sociale, a-t-elle ajouté. Elle s'est enfin déclarée heureuse de pouvoir participer à cette session préparatoire.
MME ALICE OUEDRAOGO (Organisation internationale du Travail-OIT)a déclaré que la nouvelle Convention internationale sur les pires formes de travail des enfants avait été adoptée en 1999, et était entrée en vigueur le 19 novembre 2000. L'engagement de la communauté internationale a été confirmé par les 60 ratifications que la Convention 182 a reçues à ce jour et qui devraient atteindre 90 à la fin de l'année 2001. La Convention numéro 138, qui fixe l'âge minimum d'admission à l'emploi a été ratifiée par 138 Etats Membres. De plus en plus, les pays travaillent à contrôler le travail des enfants et à réduire et combattre les abus. Aujourd'hui plus de 260 millions d'enfants à travers le monde travaillent pour gagner leur vie. Plusieurs millions d'entre eux n'ont même pas cinq ans. Nous aimerions que le contenu final de la session contienne des références qui deviendront des lignes directrices d'action du contrôle et de la réglementation du travail des adolescents.
MME MARI SIMONEN, représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déploré que 10 ans après le Sommet mondial pour les enfants, 500 000 femmes par an meurent encore en couches, essentiellement dans les pays en développement, que des milliers de jeunes femmes et d’adolescentes vivent des grossesses non désirées, et que nombre d’entre elles doivent subir des avortements sous contrôle médical, étant même parfois contraintes de quitter l’école.
Mme Simonen a déclaré que les inégalités, sociales et entre les sexes, accroissent la vulnérabilité de certains groupes. Elle a en outre attiré l’attention sur les coûts qui résultent de la négligence des besoins génésiques et sexuels des personnes, et en particulier, des adolescents. Elle a rappelé que, lors de la Conférence des Nations Unies sur la population et le développement qui s’était tenue au Caire en 1994, les Etats s’étaient engagés à donner accès aux femmes et aux hommes à l’information, à l’éducation et aux services concernant la reproduction et la santé sexuelle. Cinq ans après la Conférence du Caire, lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au suivi du Programme d’action adopté au Caire, les Etats se sont à nouveau engagés à fournir des services d’accueil, d’information et de soutien visant à protéger les adolescentes de la maladie, des abus et de l’exploitation. Le FNUAP considère qu’il est nécessaire d’inclure dans le document final les recommandations pratiques concernant des objectifs déjà identifiés dans d’autres conférences, comme le Programme d’action de la Conférence des Nations Unies du Caire, le Programme d’action de Beijing et la Déclaration du millénaire. Tout projet d’action devrait également prévoir de donner aux femmes et aux adolescentes les informations pertinentes sur leur santé reproductive et génésique ainsi qu’un accès facile aux préservatifs masculins et féminins afin de les protéger des maladies et des grossesses non désirées, a conclu Mme Simonen.
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