En cours au Siège de l'ONU

DH/285

LA PARTICIPATION DES ADOLESCENTS EST UNE ACTIVITE POSITIVE DE DEVELOPPEMENT, ESTIME LA TABLE RONDE DES EXPERTS ET DES DELEGATIONS AU COMITE

30/01/2001
Communiqué de presse
DH/285


Comité préparatoire de la session

extraordinaire de l'Assemblée générale

consacrée aux enfants

Deuxième session de fond

3e séance - matin


LA PARTICIPATION DES ADOLESCENTS EST UNE ACTIVITE POSITIVE DE DEVELOPPEMENT, ESTIME LA TABLE RONDE DES EXPERTS ET DES DELEGATIONS AU COMITE


Le débat sur les conditions de l'enfance s'est poursuivi, ce matin, au sein du Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée consacrée aux enfants qui aura lieu en septembre 2001.  Les délégations ont été  unanimes pour dénoncer les conditions qui posent des obstacles à l'amélioration de la vie des enfants du monde et qui ont rendu difficile la pleine mise en  œuvre  des recommandations du Sommet mondial sur les enfants tenu en 1990 et des termes de la Convention relative aux droits de l'enfant et de son Protocole.  La santé et l'éducation des enfants, questions prioritaires, avec la sécurité et un mode de vie sain, ont été évoquées par la majorité des délégations qui ont  ce matin pris la parole. 


A cet égard, dénonçant la dégradation des conditions d'éducation et des services sociaux et de santé dans la plupart des pays du monde, le représentant de Cuba a noté que nous vivons actuellement dans un monde où tout se mondialise, sauf la richesse et le bien-être.  La pauvreté, qui se répand sur la scène internationale, touche aujourd'hui les 80% des populations de la planète qui vivent hors du monde industrialisé et affecte plus durement les enfants et les adolescents.  Certaines crises économiques récentes, a noté la délégation de la République populaire démocratique Lao, ont aussi malheureusement compromis les résultats encourageants qui avaient pu être atteints dans le cadre de l'amélioration de la vie des enfants,  selon les  objectifs fixés au niveau international.  Le représentant de la Norvège, de son côté, a estimé que la session extraordinaire dans ses recommandations, devra tenir compte de la disparité des résultats déjà obtenus et des obstacles, à tous les niveaux.


Après le débat général des délégations, le Comité a ouvert une table ronde sur l'épanouissement  et la participation des adolescents en entendant une série d'exposés présentés par des universitaires, des experts, et des représentants d'ONG et de groupes de jeunes venus d'horizons différents.  Prenant en premier la parole dans ce cadre, le Professeur Richard Jessor, de l'Université du Colorado, spécialiste du développement des adolescents, a dressé un tableau succinct des stades de l'enfance et de l'adolescence, dont il a tenu à différencier les différentes étapes d'évolution ainsi que les besoins et opportunités qui s'y expriment.   Les exposés qui ont suivi ont, entre autres, évoqué la situation de


l'enfance et de l'adolescence confrontée à la violence, aux conflits armés, aux abus et aux exploitations, et à la privation de liberté et d'espace de libre choix et d'expression.  La participation des enfants et des adolescents à tous les aspects de la vie sociale, ont estimé les différents présentateurs et les délégations qui ont pris la parole lors de l'échange de vues qui a suivi,  doit être perçue comme une activité positive de développement, la délégation du Bénin soulignant cependant que "les enfants ont le droit de vivre leur enfance sans qu'on leur donne des responsabilités d'adultes".


Les délégations des pays suivants ont pris la parole lors du débat général: Indonésie, Cuba, Chine, Venezuela, Norvège et République démocratique populaire lao.  Avant l'échange de vues et les questions posées sur l'épanouissement et la participation des adolescents, le Comité préparatoire a entendu les exposés du Professeur Richard Jessor, de l'Université du Colorado; de Mme Tatiyana Rondrasherskaya, de l'ONG "MRIYA (le Rêve)" (Ukraine); de M. Borg Chet Tremmel, de l'ONG allemande "Fondation pour les droits des futures générations"; de M. Issa Moussa Issa, qui s'exprimait au nom des jeunes de la Jordanie; de M. Ibrahim Andrew Sesay, Directeur de l'ONG "Caritas Makeni" de Sierra Leone, et du Dr Najat M´Jid Maalla, de l'ONG marocaine "BAYTI".


Présidé par Mme Patricia Durrant (Jamaïque), le Comité poursuivra les débats de la table ronde ouverte ce matin, cet après-midi à 15 heures.


Déclarations


M. MAKMUR WIDODO, Indonésie, a déclaré que la parole doit être de plus en plus donnée aux enfants  et aux jeunes dans le cadre de la préparation de l'examen décennal de la mise en œuvre des recommandations du Sommet mondial pour les enfants. Les travaux et débats qui ont eu lieu en Indonésie ont permis une évaluation de la mise en œuvre de la Convention relative aux droits des enfants au niveau national, et notre pays envisage de ratifier le Protocole facultatif se rapportant à la Convention. De nouveaux facteurs ont modifié les conditions de développement des nombreux pays de l'hémisphère Sud.  La crise économique qui a frappé l'Asie du Sud-Est et notre pays a créé des conditions d'instabilité sociale et politique, tout en entraînant l'appauvrissement accéléré de la population, a dit le représentant. La santé des nourrissons et des enfants s'est considérablement dégradée du fait des mauvaises conditions économiques.  Le VIH/sida frappe aujourd'hui l'Indonésie.  La pandémie affecte les nouveaux-nés et se propage aussi parmi les adolescents du fait de l'augmentation de la consommation de drogues par voie intraveineuse.  Le programme de réformes engagé par le gouvernement a permis de stabiliser les conditions sociales de la population et nous plaçons nos espoirs en la communauté internationale qui doit apporter à l’Indonésie le soutien ferme dont elle a besoin pour aller de l'avant.


M.RAFAEL DAUSA CESPEDES, Cuba, a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine faite hier par l'Iran.  Cuba, a dit le représentant, s'est résolument engagé avec le reste de la communauté internationale en faveur de la promotion du bien-être des enfants.  Mais malgré les efforts et les progrès accomplis, beaucoup reste à faire, au vu de l'augmentation de la mortalité infantile, de la malnutrition, et des abus sociaux dont sont victimes les enfants à travers le monde. Plus de 11 millions d'enfants meurent de maladies guérissables et plus de 2 millions d'entre eux sont atteints par la pandémie du sida.  L'exploitation de l'enfance se généralise avec la mondialisation dont les bénéfices ne profitent qu'à 20% de la population mondiale. Comme le dit l'UNICEF, la dette extérieure a un visage d'enfant, et nous devrions reconnaître la nécessité urgente d'un nouvel ordre international plus juste et plus équitable. 


Cuba a signé et ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant, et nous considérons ce texte comme la base du développement humain.  Notre pays a présenté l'an dernier son rapport national sur la situation des enfants.  L'éducation et la santé sont gratuites dans notre pays, et 98,7% des enfants de 5 à 10 ans sont médicalement couverts à Cuba. La mortalité infantile est de 5,2 pour 1000 dans notre pays, qui se place de ce fait dans le peloton de tête des pays du monde.  Notre indice de développement humain est parmi les plus élevés, malgré la guerre économique imposée à Cuba par les Etats-Unis.  Cuba continuera d'œuvrer pour la promotion équitable des filles et des garçons, et nous sommes ouverts à la coopération avec les Etats que nos succès pourraient inspirer.


M. WANG XINGGEN, Chine, a noté avec plaisir les développements positifs de la dernière décennie en faveur des enfants.  Des réalisations marquantes se sont produites, a-t-il remarqué, même si le développement est très inégal en ce domaine.  La pauvreté, le SIDA, par exemple ont compromis les résultats.  Le représentant a estimé que la pauvreté est la cause première des problèmes des enfants, en particulier ceux en rapport avec la santé et l’éducation.  C’est aussi à cause de la pauvreté que les enfants sont privés de la jouissance de leurs droits légitimes.  L’environnement mérite aussi plus d’attention de notre part, a-t-il relevé, comme l’assainissement et l’eau.  En ce nouveau siècle, nous devons donc multiplier nos efforts.  La Chine va accueillir une conférence au mois de mai pour la région de l’Asie.  Le représentant s’est dit convaincu que cette conférence contribuera très efficacement aux préparatifs de la session extraordinaire de l’Assemblée générale.


M. LENIN ROMERO, Venezuela, a déclaré, à l'instar de la Présidente du Comité préparatoire, Mme Patricia Durrant, que le processus préparatoire doit aboutir du point de vue technique, faire preuve de pragmatisme dans son organisation du travail et qu'il doit aboutir à un consensus politique.  Il faut aussi mettre en valeur les efforts nationaux que déploient les pays en vue de faire de la situation des enfants un indicateur du développement social.  Eradiquer la poliomyélite, prévenir les carences en iode, améliorer l'accès à l'éducation et administrer de la vitamine A sont des initiatives louables mais inefficaces face aux problèmes de la pauvreté, de l'inégalité, de la discrimination sociale et politique, de la dégradation de l'environnement, des catastrophes naturelles et des conflits armés.  Tous ces processus ont un impact sur les structures sociales dans lesquelles se déroule la vie familiale et, au sein de celle-ci, les relations humaines entre petits garçons, adolescentes et parents.  Les intérêts qui meuvent les systèmes sociétaux dans le contexte du développement durable, au lieu de favoriser le rôle de l'éducation dans le développement humain, lui font obstacle.  Augmenter les possibilités offertes à nos nations dans le système politique planétaire requiert une position claire en ce qui concerne leur développement sociopolitique.  Le Venezuela est disposé à redoubler d’efforts pour parvenir aux objectifs non atteints au cours des dix dernières années.


M. WENCHE HELLERUD, Ministre des affaires familiales et de l'enfance de la Norvège, a fait observer que la présentation par l'UNICEF des résultats obtenus depuis le Sommet mondial des enfants a mis en évidence l'importance de tirer parti de l'expérience acquise dans l'action future, et notamment de répondre aux défis que posent les disparités régionales en termes de résultats et d’obstacles restants.  A  cet égard, a-t-il déclaré, le document final de la session extraordinaire en faveur des enfants devra prendre en compte ces disparités, y compris au plan national.  Il a par ailleurs fait valoir la nécessité d'inclure de nouveaux indicateurs dans les efforts déployés en faveur des droits des enfants, tel que la représentation des deux sexes dans les programmes d'éducation et le corps enseignant.  En outre, il convient de s'attaquer aux nouvelles questions telles que l'impact du VIH/sida sur les plus vulnérables, en particulier les garçons et les fillettes. 


Pour sa part, la Norvège, qui a soumis deux rapports au Comité des droits de l'enfant en 1993 et 1998, reconnaît la contribution des travaux du Comité dans l'élaboration de son plan d'action.  La Norvège, qui est un des plus importants donateurs à  l'UNICEF, a développé ces dix dernières années une Stratégie d'assistance aux enfants dans le cadre de sa coopération au développement, et a alloué entre 0,9 et 1 % de son PNB à l'aide au développement, dont une part croissante pour les programmes en faveur à destination des enfants.  Dans son rapport au Secrétaire général, la délégation norvégienne a par ailleurs souligné certains domaines dans lesquels l'action du Gouvernement, au plan national, se concentrera dans la décennie à venir, à savoir : la dissémination de bonnes pratiques afin de convaincre les adultes de la contribution des enfants et des jeunes à la société civile ; la mise en œuvre du projet conjoint entre l'UNICEF et la Norvège dit "Défi d'Oslo" dont l'objectif est de guider les enfants sur le rôle des médias dans la réalisation de leurs droits ; la lutte contre la discrimination, en particulier à l'égard des immigrants, des handicapés et de celle liée à l'orientation sexuelle; le développement de services de traitements psychosociaux pour les mineurs isolés, en particulier les demandeurs d'asile ; et l'application du plan d'action contre les mutilations génitales féminines.


M. ALOUNKEO KITIKHOUN, République démocratique populaire lao a expliqué les progrès réalisés par son pays depuis le Sommet de 1990.  Celui-ci a ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant et a créé une commission pour les droits des mères et des enfants.  Parmi les progrès réalisés, la Convention ainsi que des manuels pour l'expliquer ont été distribués aux enfants.  Le représentant a noté la diminution du taux de mortalité, un programme de vaccination réussi, l'éradication de la poliomyélite.  Quant à l'éducation, il a relevé qu'elle a été nettement améliorée.  Enfin, la protection des enfants qui travaillent fait l'objet de soins particuliers.  Il a remarqué toutefois qu'il est encore nécessaire de réduire la disparité entre les filles et les garçons, certains groupes ayant des coutumes dépassées concernant selon lesquelles les filles doivent rester à la maison.  La crise économique a malheureusement compromis certains résultats, a-t-il reconnu, par rapport aux objectifs qui étaient fixés.  Enfin, il a indiqué que son pays tente d’appliquer les normes internationales en ce qui concerne la justice applicable aux enfants.


Table ronde sur l'épanouissement et la participation des adolescents


Exposés


Le Professeur RICHARD JESSOR de l'Université du Colorado a introduit la table ronde en déclarant qu'une personne sur six vivant sur la planète en ce moment est un adolescent.  La deuxième décennie de la vie est une période aussi critique que l'enfance elle-même, et il est de plus en plus apparent que l'adolescence crée de nouvelles attentes de la société envers un groupe humain qui passe du stade de l'enfance à celui d'adulte en devenir.  L'adolescence est une période critique sur les plans de la sexualité, de l'acquisition des connaissances et du statut économique.  C'est une période pendant laquelle l'être se sociabilise et apprend à gérer des relations et des conflits qui lui sont tout à fait nouveaux.  Un adolescent de 10 à 15 ans est cependant différent d'un adolescent de 15 à 18 ans, ce qui amène à reconnaître les aspects spécifiques de chaque étape de l'adolescence.  C'est le moment de définition par l'être de son identité, de l'acquisition de valeurs sociales, de découverte de soi-même sur le plan génésique, de choix qui vont engager le reste de la vie.  A cet égard la décision d'abandonner par exemple sa scolarité aura des conséquences tout au long de la vie de cet être humain.  Il ne faut pas cependant percevoir l'adolescence comme une période de crises et de problèmes d'identité et de définition et affirmation de soi par rapport aux autres.   C'est au contraire une période qui doit être perçue de façon plus positive.  Plutôt que d'être perçus comme des êtres à problèmes, les jeunes adolescents doivent être vus de façon plus positive. Il ne faut pas les enfermer dans un statut "d'enfants", mais au contraire reconnaître les nouveaux besoins et opportunités qui sont les leurs.  L'éducation est cruciale, et il faut leur donner les moyens d'être autonomes et autosuffisants.  Il faut donner aux jeunes les moyens d'être leurs propres avocats en favorisant leur participation à la vie civile et publique.


MME TATYANA KONDRASHEVSKAYA, "Participation et Développement des adolescents" en Ukraine, a rappelé que son pays a ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant, un des premiers actes pris après son indépendance.  Elle a considéré cependant qu'il manque en Ukraine un mécanisme de contrôle suffisant pour permettre une bonne application de la Convention.  Les enfants représentent le cinquième de la population ukrainienne mais, à son avis, ont peu la possibilité d'exprimer leurs vues et de représenter leurs propres intérêts.  La participation des adolescents (droit moral et juridique au sens de la Convention) doit être réelle, car ils ont un potentiel immense et sont capables de jouer un rôle utile dans les décisions qui les affectent.  Elle a également expliqué que des jeunes bénévoles fournissent en Ukraine un soutien aux services sociaux.  Des plans d'action locaux sont aussi développés.  Enfin, elle a estimé que le mouvement mondial pour les enfants devrait engendrer des mouvements locaux, régionaux et communautaires.


M. JORG CHET TREMMEL, Fondation pour les droits des générations futures, a pris la parole pour parler des droits de vote des enfants et des adolescents.  Ces droits, a-t-il dit, dépendent des espaces de liberté et d'expression qui sont offerts aux enfants et aux adolescents.  Au niveau formel, les adolescents sont exclus du droit de vote dans la majorité des pays d'Europe jusqu'à l'âge de 18 ans, ce qui les prive de toute expression et de tout choix dans des décisions qui engagent pourtant leur vie et leur avenir.  Certains Länder, en Allemagne, permettent cependant aux adolescents de participer à certains scrutins à partir de l'âge de 16 ans.  Les vues selon lesquelles les enfants manqueraient de maturité, et de ce fait ne seraient pas capables de faire des choix sociaux et politiques éclairés, sont discutables, a estimé M. Chet Tremmel.  Pourquoi un adolescent ayant un Coefficient intellectuel (Q.I) de 120 serait-il privé de vote, alors qu'un adulte ayant un Q.I. de 98 aurait droit à ce même vote?  Les politiciens devraient penser à donner aux jeunes les moyens de s'exprimer dans les sociétés qui se veulent démocratiques.  Leurs idées et énergie seraient, beaucoup plus qu'on ne le croit, utiles à l'équilibre des sociétés et des pays.


M. ISSA MOUSSA ISSA, au nom des jeunes de la Jordanie, a expliqué en quoi les jeunes sont intéressants pour la société.  Ils sont d'abord des consommateurs et, ensuite, sont mieux informés quant aux technologies nouvelles et donc plus à mêmes de prendre des décisions dans ce domaine.  Enfin, ils constituent en Jordanie un tiers de la population.  En Jordanie, a-t-il indiqué, un premier forum de jeunes a eu lieu, en 1999, sur le thème "Accroître le rôle et les choix de vie des adolescentes dans la société jordanienne".  Une conférence organisée par l'UNICEF a également eu lieu en juin 1999, a-t-il poursuivi, sur l'inactivité des femmes dans la société et leur mariage précoce.  Puis, un second forum (septembre 2000) en coopération avec l'UNICEF a réuni 200 participants et a abordé les attentes des jeunes.  Le jeune jordanien a enfin expliqué que, par d'autres actions, on avait aussi accru la sensibilisation des jeunes vivant des situations de conflit.  Il a relevé que le fossé entre les générations s'aggrave et qu'il faut s'attacher à favoriser la communication intergénérations.  Il a conclu en évoquant certains des grands changements dans son pays, comme la privatisation des institutions de crédit qui a aggravé la pauvreté et donc entraîné des difficultés pour les enfants.


M. IBRAHIM ANDREW SESAY, Directeur de l'ONG Caritas Makeni de Sierra Leone, a déclaré que la sous-région d'Afrique de l'Ouest connaît depuis un certain nombre d'années des situations de conflits qui perdurent et ont profondément affecté le sort et l'avenir des populations en général et des adolescents en particulier. Plus de 50% des structures d'éducation ont été détruites en Sierra Leone, où la violence est devenue un fait quotidien.  La reconstruction des infrastructures d'éducation et la redéfinition de son contenu et de ses buts sont indispensables.  Les jeunes de Sierra Leone et d'Afrique de l'Ouest grandissent dans le désespoir économique, et les tendances actuelles sont loin de leur offrir le moindre espoir.  Les seules solutions qui leur sont "offertes" sont celles de se faire enrôler dans les forces qui combattent dans les nombreux conflits de la région, et, pour les filles, malheureusement, dans les circuits de prostitution qui se multiplient.  Des ONG comme Caritas travaillent avec les collectivités locales pour redonner aux jeunes un espoir et une meilleure image d'eux-mêmes.  L'engagement actuel des groupes de jeunes en faveur de la paix est le signe qu'ils désespèrent de voir une lumière au bout du long tunnel de la violence auquel est venue se joindre la pandémie du VIH/sida.  54% des femmes en âge de porter un enfant ignorent l'existence des préservatifs en Sierra Leone.  Les renseignements relatifs à la prévention font défaut. En Sierra Leone et dans d'autres pays, les ONG s'efforcent de créer des réseaux d'entraide et d'information en vue de porter secours aux adolescents à risque.


MME NAJAT M'JID, ONG BAYTI, a présenté un exposé sur l'adolescence en difficulté au Maroc notamment sur le "vécu dans la rue" des jeunes.  Comment faire, s'est-elle demandé, avec ces jeunes qui présentent souvent des troubles comportementaux, qui perdent leurs repères dans le temps et l'espace, font l'expérience du rejet de soi, font très peu d'investissement dans le futur, subissent des maladies sexuellement transmissibles et le risque d'une grossesse pour les filles et sont victimes de carences nutritionnelle et affective?  Elle a aussi évoqué ce que les jeunes de la rue peuvent toutefois retirer de positif de leur expérience.  Ils ont notamment développé une autonomie, créé leur propre famille substitutive et un code d'honneur, et font preuve d'une grande créativité.  BAYTI travaille à l'intégration de ces jeunes par une écoute active, un gain de confiance, le renforcement des acquis de la rue et le principe de partenariat.  Il faut considérer le jeune comme acteur et non comme victime, a-t-elle rappelé.  Il faut travailler aussi avec la famille et réhabiliter l'enfant par rapport à la société.  Elle a notamment souhaité que soit favorisée la famille d'accueil, malgré les difficultés de reconnaissance de cette entité dans la législation et la société marocaine.  Elle a expliqué que se tiennent des élections au sein de l'association auxquelles participent les jeunes, et des ateliers spécifiques comme la revue de presse, le journal interne et l'élaboration du curriculum vitae.  Elle a conclu en citant Franklin Delano Roosevelt qui prônait l'obligation de préparer nos jeunes à leur avenir.


Prenant la parole, le Professeur Richard Jessor de l'Université du Colorado, s'est félicité du ton et du contenu des exposés liminaires, qui, malgré la diversité d'origines et de culture des intervenants, ont cependant mis en relief des préoccupations communes.  L'accent a été constamment placé sur le rôle des jeunes dans leur milieu et leur société. La participation des jeunes s'affirme comme l'expression d'une activité positive de développement.  Qu'il s'agisse des enfants des rues ou de ceux victimes de conflits, comme en Sierra Leone, les sociétés humaines ne semblent pas baisser les bras et sont conscientes que les jeunes et les adolescents sont leur seule garantie d'avenir.  Les effets de la mondialisation rendent plus aigus les problèmes qui se posent, mais en même temps, les espoirs que font naître les facilités accrues de communications et d'échanges doivent être saisis et concrétisés.


Commentaires


La participation des jeunes à la table ronde a été favorablement accueillie par les représentants du Sénégal, de l'Iran et du Bénin qui les ont vivement félicités.  Les commentaires qui ont suivi, ont principalement insisté sur la participation civique des adolescents.  Le représentant de la Jamaïque a exprimé son souhait de voir les pays de sa région travailler ensemble pour favoriser la participation des jeunes aux élections.  Les enfants ont la possibilité d'influer sur la vie sociale, a souligné le représentant des Pays-Bas, ce qui renforce leurs capacités.  Ce ne sont pas seulement des personnes dont il faut s'occuper, mais il faut aussi voir en eux des citoyens  Pour le représentant du Danemark, certaines choses ne peuvent pas être enseignées mais doivent être vécues, comme la participation à la vie civique que les jeunes doivent expérimenter eux-mêmes.  La représentante de la Turquie a aussi souhaité une bonne participation des jeunes au processus de prise de décisions qui les affectent.  Enfin, la représentante de la Suède a souhaité que les jeunes apprennent à pratiquer la démocratie, en choisissant leur place dans la salle de classe par exemple.  L'école doit en effet être le premier lieu d'apprentissage de la démocratie. 


Des exemples de participation des jeunes à la vie sociale ont été donnés par plusieurs représentants, dont ceux de la Géorgie, du Sénégal et du Canada qui ont parlé respectivement de la création d'un parlement des jeunes, d'un parlement des enfants et d'un congrès des jeunes.  Le représentant de l'ONG Mouvement africain des enfants et jeunes travailleurs a présenté son association, qui existe dans 44 villes de 16 pays africains, et qui lutte contre le problème des enfants dans la rue ainsi que contre celui du trafic des enfants.  Il a exprimé son regret de n'avoir pas été invité en tant que mouvement d'enfants.  Comme autre exemple, le représentant du Swaziland a parlé des clubs de jeunes qui ont été formés pour s'occuper de projets de développement, comme celui qui s'occupe d'abris pour les pauvres.


Sur le sujet du rôle de la famille, la représentante de l'ONG Youth Caucus a rappelé l'article 16 de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui fait référence à la famille.  La meilleure possibilité d'un développement sain des enfants est au sein de la famille, avec des parents aimants et qui s'adonnent à leur vocation essentielle qui est d'élever l'enfant.  C'est la meilleure garantie du développement de l'enfant et c'est là que l'enfant peut apprendre une civilisation d'amour.  La représentante de l'Iran a elle aussi souhaité que les parents soient encouragés à assumer leur devoir de guider les enfants.  Comment pouvons-nous envisager les différentes cultures dans le document final, a-t-elle demandé?  Quant à la déléguée du Bénin, elle a trouvé les exposés très bons mais trop détachés de la famille.  Les enfants, a-t-elle remarqué, ne peuvent pas évoluer seuls et il faut leur donner toutes leurs chances en commençant au sein de leur famille.  Les droits de l'enfant et la responsabilité des parents doivent donc être mieux associés, selon elle, et il faut se demander où s'arrêtent les droits des enfants.  Les jeunes ont le droit de vivre leur enfance sans qu'on leur donne des responsabilités d'adultes, a-t-elle considéré.


Le représentant du Danemark a abordé la question de l'éducation sexuelle et a estimé que si les parents peuvent avoir leur approche, il faut être sûr que les enfants bénéficient réellement de cette éducation.  La représentante de l'Egypte a insisté sur l'importance de l'éducation des filles.  De même au Swaziland, a indiqué son représentant, une initiative a été prise pour sensibiliser les fillettes aux problèmes qui les concernent, grâce au soutien de l'UNICEF.


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