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CS/2213

LE CONSEIL REAFFIRME LE ROLE CENTRAL DE L’ONU DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET ADOPTE UNE RESOLUTION INVITANT LES ETATS A S’ENTRAIDER POUR MIEUX LE COMBATTRE

12/11/2001
Communiqué de presse
CS/2213


Conseil de sécurité

4413ème séance - matin


LE CONSEIL REAFFIRME LE ROLE CENTRAL DE L’ONU DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET ADOPTE UNE RESOLUTION INVITANT LES ETATS A S’ENTRAIDER POUR MIEUX LE COMBATTRE


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, s’adressant au Conseil de sécurité, réuni ce matin sous la présidence de la Jamaïque, a prévenu que le succès de la lutte contre le terrorisme se mesurerait en nombre de vies épargnées et d’actions mises en échec.  Alors que les membres du Conseil, représentés au niveau ministériel, examinaient les menaces à la paix et à la sécurité internationales résultant d’actes terroristes, M. Annan les a appelés à une coopération accrue, notamment dans les domaines judiciaires et de l’échange d’informations, pour mieux lutter contre le terrorisme.  A l’instar de nombreux intervenants, le Secrétaire général a jugé que l’heure n’était pas à la définition du terrorisme, notant simplement qu’il s’agissait d’un problème complexe, dont le dénominateur commun est l’utilisation calculée de la violence meurtrière contre des civils à des fins politiques.  Le Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, le général Colin Powell, a jugé que le «terrorisme est une attaque contre la civilisation et contre la religion, et non un affrontement entre les deux». 


L’ensemble des Etats membres du Conseil, en particulier Maurice et la Tunisie, tout en affirmant leur volonté de prendre des «mesures concrètes et réalisables», selon le Ministre de Singapour, pour combattre le terrorisme, ont fait valoir la nécessité de s’attaquer au terreau sur lequel il s’épanouit.  Pour le représentant de l’Irlande, il faut ainsi «rechercher la justice sociale avec la même énergie que celle que nous consacrons à lutter contre le terrorisme».  Le rôle central que doivent jouer les Nations Unies dans ce combat a été mis en exergue à plusieurs reprises.  Le Ministre français des affaires étrangères, M. Védrine, jugeant pour sa part qu’il était indispensable d’assurer la cohérence entre les initiatives des différentes instances internationales, a suggéré la création d’un forum sur le financement du terrorisme.  Ce forum pourrait relayer les exigences formulées par les Nations Unies.


Les membres du Conseil ont, à cet effet, unanimement appelé à mettre en œuvre les dispositions de la résolution 1373 du 28 septembre 2001, qui incite les Etats à prévenir et réprimer le financement des actes de terrorisme et à s’abstenir d’apporter quelque forme d’appui que ce soit aux personnes impliquées dans des actes de terrorisme.  Notant les difficultés que peuvent rencontrer certains Etats dans l’application de cette résolution, le Conseil a adopté ce matin à l’unanimité la résolution 1377 (2001), par laquelle il demande à tous les


Etats de s’entraider à cet effet.  Dans ce texte, le Conseil reconnaît également que de nombreux Etats ont besoin d’une assistance pour pouvoir appliquer toutes les dispositions de la résolution 1373 (2001) et invite les Etats à faire connaître au Comité contre le terrorisme les domaines dans lesquels ils ont besoin d’un appui de ce genre. 


Le Conseil a observé une minute de silence à la suite de l’accident d’un avion de ligne survenu ce matin à New York.  Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole: République populaire de Chine, Colombie, Mali, Norvège, Fédération de Russie, Ukraine, Royaume-Uni et Bangladesh.


MENACES À LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES TERRORISTES


Projet de résolution (S/2001/1060)


Le Conseil de sécurité


Décide d’adopter la déclaration ci-jointe concernant l’action menée à l’échelon mondial contre le terrorisme. 


Annexe


Le Conseil de sécurité,


Se réunissant au niveau ministériel,


Rappelant ses résolutions 1269 (1999) du 19 octobre 1999, 1368 (2001) du 12 septembre 2001 et 1373 (2001) du 28 septembre 2001,


Déclare que les actes de terrorisme international constituent l’une des menaces les plus graves à la paix et à la sécurité internationales au XXIe siècle;


Déclare en outre que les actes de terrorisme international constituent un défi à tous les États et à l’humanité tout entière;


Réaffirme sa condamnation catégorique de tous les actes ainsi que de toutes les méthodes et pratiques de terrorisme, qu’il juge criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motifs, sous toutes leurs formes et manifestations, où qu’ils soient commis et quels qu’en soient les auteurs;


Souligne que les actes de terrorisme international sont contraires aux buts et aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et que le financement, la planification et la préparation des actes de terrorisme international, de même que toutes les autres formes d’appui à cet égard, sont pareillement contraires aux buts et aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies;


Souligne également que les actes de terrorisme mettent en péril la vie de personnes innocentes ainsi que la dignité et la sécurité des êtres humains dans le monde entier, menacent le développement social et économique de tous les États et compromettent la stabilité et la prospérité mondiales;


Affirme qu’une démarche suivie et globale, faisant appel à la participation et à la collaboration actives de tous les États Membres de l’Organisation des Nations Unies, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international, est essentielle pour lutter contre le fléau du terrorisme international;


Souligne qu’une action internationale soutenue visant à étayer l’entente entre les civilisations, à régler les conflits régionaux et à remédier aux divers problèmes mondiaux, y compris les problèmes de développement, contribuera à la coopération et à la collaboration internationales, elles-mêmes nécessaires pour soutenir la lutte la plus large possible contre le terrorisme international;


Se félicite de l’engagement des États en faveur de la lutte contre le fléau du terrorisme international, notamment durant le débat plénier de l’Assemblée générale qui s’est déroulé du 1er au 5 octobre 2001, demande à tous les États de devenir dès que possible parties aux conventions et protocoles internationaux relatifs au terrorisme international, et encourage les États Membres à faire progresser les travaux dans ce domaine;


Demande à tous les États de prendre d’urgence des mesures afin d’appliquer pleinement la résolution 1373 (2001) et de s’entraider à cet effet, et souligne l’obligation qu’ont les États de refuser un soutien financier et toutes autres formes d’appui ainsi que l’asile aux terroristes et à ceux qui appuient le terrorisme;


Se déclare résolu à appliquer la résolution 1373 (2001) en coopérant pleinement avec l’ensemble des États Membres de l’Organisation des Nations Unies, et se félicite des progrès accomplis jusqu’ici par le Comité contre le terrorisme créé en application du paragraphe 6 de la résolution 1373 (2001) afin de suivre la mise en oeuvre de cette résolution;


Reconnaît que de nombreux États ont besoin d’une assistance pour pouvoir appliquer toutes les dispositions de la résolution 1373 (2001) et invite les États à faire connaître au Comité contre le terrorisme les domaines dans lesquels ils ont besoin d’un appui de ce genre;


Invite dans ce contexte le Comité contre le terrorisme à examiner les moyens d’aider les États et, en particulier, à étudier avec les organisations internationales, régionales et sous-régionales la possibilité :


•     De promouvoir les pratiques optimales dans les domaines sur lesquels porte la résolution 1373 (2001), y compris l’élaboration de modèles de lois selon qu’il conviendra;


•     De faire appel aux programmes existants d’assistance en matière technique, financière, réglementaire, législative et autre, qui pourraient faciliter l’application de la résolution 1373 (2001);


•     De promouvoir les synergies éventuelles entre ces programmes d’assistance;


Demande à tous les États de redoubler d’efforts pour éliminer le fléau du terrorisme international.


Déclarations


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a remarqué que la résolution 1373 est large, qu’elle vise les terroristes et ceux qui leur accordent refuge, aide et appui.  Elle appelle les Etats à coopérer dans un vaste domaine, notamment dans les enquêtes criminelles et l’échange d’informations.  Le Comité contre le terrorisme, présidé par l’Ambassadeur Greenstock (Royaume-Uni) a produit au cours de ses 90 premiers jours un programme de travail qui appelle avec insistance les Etats à faire leur rapport sur les mesures entreprises.  Ces rapports, a insisté le Secrétaire général, vont fournir des repères à la


communauté internationale et lui seront indispensables pour évaluer ses capacités à combattre le terrorisme.  Aussi M. Annan a-t-il appelé tous les Etats à mettre en œuvre la résolution 1373 sans réserve et à présenter leurs réponses avant la fin décembre.


Le Secrétaire général a rappelé qu’il avait récemment créé un Groupe de travail, composé de hauts fonctionnaires de l’ONU et d’experts indépendants pour définir l’incidence à plus long terme du terrorisme et qu’il allait formuler des recommandations sur les mesures que les Nations Unies pourraient prendre pour lutter plus efficacement.  La légitimité conférée par l’ONU pourrait, a-t-il poursuivi, amener un plus grand nombre d’Etats à prendre des mesures difficiles mais nécessaires dans tous les domaines, politique, économique et diplomatique pour mettre le terrorisme en échec.


Le Secrétaire général a indiqué qu’il comprend et accepte la nécessité d’une définition juridique du terrorisme, mais il a d’abord réclamé un engagement moral: on ne peut chercher à justifier la mort d’innocents quelles que soient les raisons et les revendications.  Il a également appelé à renforcer les contrôles contre les armes de destruction massive et les autres armes, ce qui signifie une interdiction de la vente des petites armes aux groupes privés.  Il a souhaité que soit renforcée la protection des installations industrielles importantes y compris les complexes chimiques et nucléaires.  Il s’est enfin félicité de la détermination de la communauté internationale à lutter contre le terrorisme, la mettant toutefois en garde contre le fait qu’il ne s’agit pas d’un phénomène unique mais d’un problème complexe, dont le dénominateur commun est l’utilisation préméditée de la violence meurtrière contre des civils à des fins politiques.  En dernière analyse, a conclu M. Annan, notre succès sera établi à la mesure du nombre de vies sauvées et de la mise en échec des actes terroristes.


M. K.D. KNIGHT, Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque, a déclaré que la réponse la plus efficace dans le combat contre le terrorisme était une coopération totale au niveau international.  Nous devons joindre nos forces pour combattre ce fléau, a insisté le Ministre.  Il a observé que par ses résolutions 1368 et 1373, le Conseil de sécurité a ouvert la voie dans le processus des mesures à prendre pour combattre le terrorisme international.  Le Ministre a rappelé que tous les Etats avaient une responsabilité propre, qu’ils ne devaient pas fournir un refuge aux terroristes, qu’ils devaient leur refuser tout financement et qu’ils devaient empêcher à toute personne située sur leur territoire d’aider les terroristes de quelque manière que ce soit. 


La communauté internationale doit relever ces défis, a indiqué le Ministre, ils ne doivent pas nous empêcher d’aller de l’avant.  Pour cela, il faut assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 1373, et à cet égard le Comité contre le terrorisme a mis au point des mesures que les Etats doivent respecter.  Mais tous les Etats n’ont pas les mêmes capacités pour mener à bien leurs obligations, a rappelé le Ministre, il est de la responsabilité des organisations internationales et régionales et des autres Etats de leur fournir le soutien nécessaire. 


Le Ministre a d’autre part indiqué qu’il était nécessaire de promouvoir un nouvel engagement international pour s’attaquer aux racines du terrorisme: la pauvreté, l’injustice, les atteintes à l’environnement.  Il a souligné que la communauté internationale devait renforcer ses efforts dans la lutte mondiale contre le terrorisme, en particulier en mettant fin au trafic illicite des armes légères.  La Jamaïque soutient le travail du Comité contre le terrorisme, a ajouté le Ministre, ainsi que les efforts pour élaborer un projet de convention globale contre le terrorisme.  Le terrorisme menace la stabilité et le développement socioéconomique de tous nos Etats, a conclu le Ministre.  Nous devons le vaincre.


M. TANG JIAXUAN, Ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine, a souligné les dommages infligés à l’économie mondiale et à la civilisation tout entière par les événements du 11 septembre.  Tous les pays devraient adopter les mesures nécessaires pour mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et coopérer au niveau international, a-t-il poursuivi, appelant également à une lutte ciblée et bien définie contre le terrorisme.  La Chine, a-t-il ajouté, est convaincue que la lutte contre le terrorisme équivaut à combattre l’intolérance et la violence.  Elle pense aussi qu’il ne faut pas appliquer les «deux poids deux mesures» dans cette lutte, autrement dit la communauté internationale se doit de traiter tous les actes de la même façon et les condamner d’une seule voix.


Jugeant que l’ONU est l’organisation la plus représentative de la communauté des nations, le Ministre a souligné que les résolutions adoptées et les séances du Conseil de sécurité ont joué un rôle irremplaçable dans la lutte contre le terrorisme.  Il a souhaité que l’ONU et le Conseil continuent de jouer un rôle majeur et que le Conseil soutient l’action du Comité contre le terrorisme, ce qui facilitera aux Etats Membres l’application de la résolution 1373 (2001).  Il a conclu en rappelant que la Chine avait déjà adhéré à neuf des douze conventions internationales sur le terrorisme et qu’elle s’apprêtait à en ratifier deux autres, à savoir la Convention sur la suppression des actes de terrorisme et celle sur la répression du financement du terrorisme.


M. GUILLERMO FERNANDEZ DE SOTO, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a déclaré que depuis le début son pays avait soutenu sans hésitation les décisions prises par le Conseil de sécurité, et qu’il appuyait en particulier les démarches faites pour bloquer les sources de financement du terrorisme.  Le manque de contrôle des flux financiers et l’existence de paradis bancaires permettent aux criminels de disposer de ressources pour financer la mort, a rappelé le Ministre, qui a insisté également sur l’importance de la drogue dans le financement de tels actes et dans l’achat d’armes.


Le Ministre a déclaré que son pays avait progressé dans la mise en œuvre de la résolution 1373, et qu’il disposait d’une législation pénale avancée pour réprimer les actes de terrorisme qui sont eux-mêmes clairement identifiés dans les textes de loi.  Le mois dernier, a poursuivi le Ministre, nous avons adhéré à la Convention contre le financement du terrorisme, et nous continuerons d’apporter notre concours au Comité des sanctions contre l’Afghanistan que nous présidons.  Les actes terroristes ont mis à l’épreuve nos structures juridiques, a indiqué M. de Soto, en précisant que la lutte devait se faire dans le respect des droits de l’homme et de l’Etat de droit.  


M. HUBERT VEDRINE, Ministre des affaires étrangères de la France, a estimé que la mobilisation contre le terrorisme international doit être universelle et qu’à cet égard, les Nations Unies ont un rôle essentiel à jouer.  L’ONU, selon le Ministre, a d’abord vocation à doter la communauté internationale d’instruments juridiques renforcés qui lui permettent de lutter contre le terrorisme, notamment en privant les terroristes de toute source de financement.  C’est dans cet esprit qu’il a appelé à une mobilisation pour favoriser l’entrée en vigueur de la Convention sur la répression du financement du terrorisme, conclue il y a deux ans.  Cette mobilisation signifie aussi une coopération accrue entre les Etats, et l’ONU y a contribué en adoptant la résolution 1373 (2001) qui a mis en place le Comité contre le terrorisme, pouvant aider les Etats à répondre aux exigences de la coalition mondiale.  Il est enfin indispensable, a poursuivi le Ministre, d’assurer la cohérence entre les initiatives des différentes enceintes internationales et celle des Nations Unies.  Aussi, la France propose la création d’un forum sur le financement du terrorisme, à la composition plus large que le Groupement d’Action financière sur le blanchiment des capitaux (GAFI) et qui pourrait relayer les exigences formulées par les Nations Unies.  Le Ministre a conclu en indiquant que la déclaration que le Conseil de sécurité va adopter aujourd’hui témoigne de la détermination de ses membres et de la communauté internationale dans cette lutte complexe et de longue haleine


M. BRIAN COWEN, Ministre des affaires étrangères de l’Irlande, a déclaré que les terroristes ont un mépris pour toutes les valeurs que les Nations Unies symbolisent, à savoir la liberté et la tolérance, les droits de l’homme, le pluralisme et le respect des religions.  La communauté internationale s’est mobilisée et doit continuer à le faire.  A court terme, cela signifie qu’il faut traduire les responsables de ces actes devant la justice. Cela signifie aussi qu’il faut mettre en place à travers le monde un dispositif juridique solide pour détruire leur capacité à agir.  Dans ce combat, a dit M. Cowen, les Nations Unies sont un gage de succès: il existe déjà un certain nombre de conventions internationales contre le terrorisme qui avaient été élaborées sous les auspices des Nations Unies, que les Etats doivent ratifier d’urgence.  Nous devrions aussi parvenir rapidement à un accord sur une convention générale internationale contre le terrorisme. 


La résolution 1373 (2001) offre un plan d’action pour empêcher les terroristes d’opérer, et les membres du Comité contre le terrorisme posent les bases de sa mise en œuvre, a rappelé le Ministre irlandais des affaires étrangères, tout en soulignant la nécessité de mettre également au point des mesures d’appui et d’assistance mutuelle pour que tous les Etats puissent appliquer la résolution.  L’ennemi qui vit dans l’ombre doit être confronté à des lois qui projettent la lumière sur lui, a ajouté le Ministre qui a rappelé la nécessité de réaffirmer la puissance de l’ONU.  Le Ministre a également observé qu’il fallait s’attaquer aux conditions générales qui permettent au terrorisme de s’épanouir, citant en exemple les énormes inégalités dans la répartition des richesses au niveau mondial.  Ce sont des réalités que nous ne pouvons méconnaître, a souligné le Ministre: il faut chercher à atteindre la justice sociale avec la même énergie que nous consacrons à la lutte contre le terrorisme.


M. ANIL KUMARSINGH GAYAN, Ministre des affaires étrangères de Maurice, a appelé le Conseil à ne pas se lancer dans une définition du terrorisme car aucune exigence ne peut justifier la mort d’innocents.  Il a fait remarquer que les attaques du 11 septembre dernier avaient aussi porté atteinte à l’économie des pays pauvres et perturbé les activités économiques et sociales dans le monde.  Les terroristes ont un mépris pour la vie humaine et le Conseil de sécurité doit adresser un message clair pour que la communauté internationale ne se laisse pas terroriser, a-t-il insisté, ajoutant que le terrorisme est l’ennemi des valeurs fondamentales des Nations Unies et des autres organisations internationales


La guerre contre le terrorisme n’est pas une question de choix mais une nécessité, a poursuivi le Ministre, car la solution de rechange est trop horrible pour être envisagée.  Mais, a-t-il fait valoir, ceux qui pourraient être attirés par leur propagande se trouvent souvent dans des situations désespérées.  C’est pourquoi, le Ministre a appelé le Conseil, dans le cadre de ses travaux sur le terrorisme, à ne pas négliger les problèmes de long terme tels que ceux liés au sous-développement.


M. JAN PETERSEN, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a déclaré que le 11 septembre a ajouté une nouvelle dimension au rôle central du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Ces attaques terroristes étaient dirigées contre nous tous, a-t-il déclaré.  La communauté internationale doit être unie dans sa condamnation et sa lutte contre le terrorisme.  Nous devons conserver et renforcer une large coalition contre le terrorisme quelles que soient notre race, notre religion ou notre nationalité.  Les Nations Unies représentent la pièce maîtresse pour réaliser cette fin.  Notre objectif immédiat est de prévenir d'autres attaques terroristes et de traduire les responsables en justice.  Le terrorisme international est un phénomène complexe et à facettes multiples.  Nous pourrons seulement le mettre en échec en adoptant une approche globale et à long terme.  Nous devons au même moment faire tout notre possible pour apporter une aide humanitaire à ceux qui sont pris entre deux feux, ceux qui ont longtemps souffert entre les mains des terroristes et de ceux qui les soutiennent.  Nous devons nous en prendre aux bases souterraines du terrorisme.  Nous devons, a-t-il dit, employer tous les moyens à notre disposition: politique, juridique, militaire et financier. 


Les Nations Unies doivent jouer un rôle de chef de file dans l’élaboration d'une stratégie globale et à long terme pour lutter contre le terrorisme international.  Le Secrétaire général, a-t-il suggéré, pourrait trouver utile de nommer un représentant spécial à cette fin.  Pour mener cette bataille contre le terrorisme international, nous avons besoin de toute urgence d'une direction politique.  Nous devons continuer à démontrer que nous luttons contre le terrorisme selon nos propres termes, en défendant nos valeurs, nos droits et nos libertés que les terroristes méprisent.  Nous appuyons la résolution 1368 du Conseil de sécurité.  Nous prenons une part active aux travaux du Comité du Conseil de sécurité établi en vertu de la résolution 1373.  Le terrorisme est une menace globale à la paix et à la sécurité que l'on doit combattre comme telle.  C'est pourquoi, a conclu M. Petersen, le Conseil de sécurité doit rester le centre de notre réponse.   


M. IGOR IVANOV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que le rôle du Conseil de sécurité est très symbolique, en ce qu'il représente la principale institution de notre Organisation investie des plus hautes responsabilités pour maintenir la paix et la sécurité.  Face aux terroristes, a-t-il expliqué, la solidarité en vue de combattre ce mal permet de mieux protéger son propre pays et ses citoyens.  Nous savons combien le terrorisme est dangereux dans sa forme actuelle et de quelle façon il s'étend, a-t-il remarqué.  C'est pourquoi, a-t-il poursuivi, il est d'une importance primordiale de continuer à développer les fondements solides du droit international sous l’égide de l'ONU.  Le Ministre s'est félicité des décisions qui ont été prises au cours des derniers mois, notamment de la résolution 1373, qui doivent déboucher sur des mesures concrètes dans ce domaine. 


Par ailleurs, il ne faut pas commettre la grave erreur d'assimiler le terrorisme à une quelconque religion, nationalité ou culture, a-t-il averti.  Une autre des tâches principales à accomplir est, selon le Ministre, de créer un espace juridique international unique pour lutter contre le terrorisme, en achevant le projet de convention générale contre le terrorisme et celui sur le terrorisme nucléaire.  Il estime aussi qu'il appartient au Conseil de sécurité d'engager l'Assemblée générale à adopter au cours de la présente session le premier traité dans l'histoire de l'Organisation qui sera destiné à lutter contre le terrorisme qui recourt à des armes de destruction massive.  Par ailleurs, il a considéré indispensable de renforcer de façon significative la capacité de maintien de la paix des Nations Unies.  Tout aussi important, a-t-il ajouté, est de mettre en place une stratégie complexe développée dans le cadre du Conseil de sécurité.  Enfin, il a souhaité que les Nations Unies et les institutions financières et économiques redoublent d'efforts pour fournir un environnement plus équilibré et non discriminatoire, afin de parvenir à un développement économique et social mondial.


Pour M. S. JAYAKUMAR, Ministre des affaires étrangères de Singapour, la lutte contre le terrorisme n’est pas une lutte contre une religion ou contre le peuple de l’Afghanistan, mais d’une lutte contre le fanatisme, l’intolérance et, pour la civilisation, et il faut la gagner.  Les menaces vont se présenter de différentes façons, certaines plus virulentes que d’autres, comme les maladies, a-t-il exprimé.


Depuis le 11 septembre, il y a eu une condamnation très nette du terrorisme puis une détermination très nette à le combattre: il faut maintenant traduire cette détermination et cette colère en actions cohérentes.  Il a noté que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale avaient sans délai, adopté trois résolutions qui servent de fondements juridiques à la lutte contre le terrorisme.  Mais, a-t-il poursuivi, un long chemin reste à parcourir et il a appelé à une meilleure coopération entre les services chargés de l’application des lois et les services de renseignements des différents pays, ces derniers étant la pierre angulaire de la lutte contre le terrorisme.  Nous ne l’emporterons, a-t-il estimé, que s’il existe une coopération plus profonde et plus étroite entre nous. 


Le Ministre a souhaité que les conférences se concentrent sur des mesures réalisables et concrètes si l’on veut contribuer aux efforts mondiaux contre le terrorisme.  Il a recommandé que les experts chargés de l’application des lois passent en revue la suffisance ou l’insuffisance des mécanismes internationaux, examinent les moyens de les renforcer, et suggèrent d’en créer de nouveaux.  Il a rappelé que le mois dernier à Shanghai, les dirigeants de l’APEC avaient adopté cette démarche, évitant les débats théoriques pour favoriser les mesures concrètes, tel le renforcement de la sécurité dans les aéroports.  Il n’y a pas d’autre choix: soit nous coopérons et nous gagnons, soit nous ne pouvons pas gagner !


M. HABIB BEN YAHIA, Ministre des affaires étrangères de la République tunisienne, a déclaré que la Tunisie avait attiré l'attention sur les dangers du terrorisme dès le début des années 90 et avait suggéré, dans de nombreux forums, la mise en place d’un cadre international qui permettrait de lutter contre ce phénomène.  Sur le plan intérieur, a-t-il expliqué, la Tunisie a pour sa part trouvé des solutions efficaces en adoptant une stratégie globale économique, sociale, culturelle et éducationnelle qui lui a permis d'éloigner définitivement les dangers du terrorisme et de la violence tout en renforçant les fondements de l'Etat de droit et des institutions.  Nous estimons que le temps est venu pour que la communauté internationale conjugue ses efforts en vue d'éradiquer le phénomène du terrorisme et ses moyens structurels, financiers et d'information; qu’elle coordonne et coopère en vue de définir un plan d'action rigoureux qui s'attaquerait au terrorisme dans toutes ses formes et manifestations religieuse, raciale ou politique; qu’elle s'engage réellement et explicitement à n'accorder aucune assistance directe ou indirecte, y compris l'octroi de l'asile politique, à des éléments dont l'implication tacite ou effective dans des actes terroristes a été établie.  Les Etats, a souligné le représentant, devraient également veiller, dans le cadre de la coopération, à ne pas permettre aux réseaux terroristes de se dissimuler derrière des organisations de la société civile pour agir en toute liberté et à les priver de tout moyen d'action.  Il est par ailleurs impératif d'être attentif et vigilant quant à l'usage par ces réseaux des technologies d'information modernes pour propager la culture de l'extrémisme, de la violence et de la provocation.


Par ailleurs, nous notons avec satisfaction les conclusions du débat qui s'est tenu à l'Assemblée générale suite aux événements du 11 septembre 2001, et notamment celle appelant à éviter tout amalgame entre l'Islam et certains actes de groupes terroristes extrémistes qui n'ont aucune relation avec l'Islam, religion de modération et de tolérance, celles appelant à insister sur le droit des peuples à l'autodétermination et à consolider la coopération et la solidarité internationales en vue d'éliminer les facteurs de frustration et de privation dans le monde et de résoudre les problèmes internationaux comme celui de la cause palestinienne afin que ces problèmes ne soient pas exploités par les groupes terroristes dans le but d'ébranler la stabilité internationale, enfin celle appelant à combattre les manifestations de la pauvreté et du sous-développement.


M. ANATOLIY ZLENKO, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, évoquant les attaques terroristes dont certains gouvernements ont été victimes à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, a noté qu’à l’époque les dirigeants du monde ne s’étaient pas réunis pour débattre de ces menaces.  S’ils l’avaient fait, a-t-il expliqué, peut-être que certaines pages du siècle le plus sanglant de l’humanité n’auraient pas été écrites.  Il a observé qu’il était du devoir du Conseil de sécurité de mettre au point une réponse unifiée à ces menaces et d’apporter une contribution décisive à la formulation d’une politique globale des Nations Unies contre le terrorisme.  Les attaques terroristes du 11 septembre ont marqué une page dans l’histoire de l’humanité, a-t-il poursuivi, et la communauté internationale ne peut se permettre d’être mal préparée et mal équipée face aux nouvelles menaces: en effet, la prochaine initiative terroriste risque de se traduire par une catastrophe de niveau mondial.


L’Ukraine a clairement défini sa place dans les efforts actuels pour combattre le terrorisme international, a expliqué le Ministre, en rappelant le Plan d’action adopté par la Conférence internationale de Varsovie, à laquelle participaient 17 Etats d’Europe centrale et orientale.  M. Zlenko a indiqué que grâce à la résolution 1373, un cadre pour une réponse globale au terrorisme avait été créé mais qu’il fallait que tous les Etats mettent maintenant la résolution en œuvre.  Il a ajouté que ce n’était toutefois qu’une des tâches auxquelles les Nations Unies étaient confrontées: il faut aussi s’occuper de la production d’armes, de celle de drogues, du blanchiment d’argent, ainsi que d’éliminer la haine et l’intolérance, de résoudre le problème de la prolifération des armes de destruction massive.  Autant de problèmes préoccupants depuis les derniers événements, a conclu le Ministre.


M. JACK STRAW, Secrétaire aux affaires étrangères du Royaume-Uni, a rappelé que le 11 septembre 2001, un tiers des nations du monde ont perdu des ressortissants.  Le terrorisme qui vise délibérément des innocents pour défendre des objectifs, est horrible et aucune motivation ne peut le justifier, a-t-il souligné.  Il s’est félicité de la détermination très forte, montrée jusqu’à présent par la communauté internationale à le combattre et il a appelé tous les Etats à faire de la mise en oeuvre de la résolution 1373 (2001) une priorité. 


En 2000, le Royaume-Uni avait déjà renforcé ses lois antiterroristes et aujourd’hui, il prend de nouvelles mesures dont certaines présentées cette semaine au Parlement.  Il s’agit notamment de renforcer les libertés civiles telles que le droit de vivre à l’abri des craintes d’un attentat et d’empêcher les terroristes de profiter de ces libertés.  Il a fait observer que son pays a déjà ratifié les 12 conventions existantes contre le terrorisme et a demandé que tous les Etats en fassent autant.  Nous devons nous attaquer activement au financement du terrorisme, au commerce des drogues et nous devons lancer le message disant nous sommes tous unis, a-t-il poursuivi.  Les nouvelles venant d’Afghanistan sont encourageantes, a-t-il noté, mais elles ne suffisent pas.  Il a appelé à la mise en place, au-delà des succès militaires, à l’installation d’un gouvernement représentatif de toutes les ethnies.


M. COLIN POWELL, Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, a remercié les Etats pour leurs condoléances après les événements du matin en ajoutant qu’il s’agissait à première vue d’un accident. Remarquant que la plupart des victimes étaient originaires de la République dominicaine, il a adressé ses condoléances au Gouvernement dominicain.  Faisant allusion aux ruines encore fumantes du World Trade Center, le Secrétaire d’Etat a souligné que le monde était dans l’obligation d’agir et tout de suite.  Ceux qui cherchent à définir le terrorisme n’ont pas besoin d’aller trop loin, a-t-il ajouté: il s’agit d’une attaque contre la civilisation et contre la religion, et non d’un affrontement entre les deux.  Le Secrétaire d’Etat a expliqué que la stratégie des Etats-Unis était de déclarer la guerre à toutes les organisations terroristes mondiales et que pour cela son pays avait besoin de la coopération des autres états, en particulier au niveau des forces de police et des institutions bancaires. 


Le Secrétaire d’Etat s’est réjoui que les Nations Unies aient répondu avec autant de célérité en faisant savoir aux responsables des actes terroristes qu’ils avaient des comptes à rendre.  La résolution 1373 est un acte essentiel de la communauté internationale qui modifie fondamentalement notre réponse au terrorisme, a fait observer le Secrétaire d’Etat.  Il faut empêcher les terroristes d’aller d’un pays à l’autre, de trouver des fonds, un asile et des armes, a-t-il poursuivi.  Dans cette lutte, les Etats doivent travailler ensemble, mais le combat est d’abord interne et il faut mettre en place des réformes économiques, améliorer les programmes scolaires car c’est une façon de refuser aux terroristes le moyen d’exister.  Le règne du droit et l’ordre public doivent prévaloir, a souligné le Secrétaire d’Etat, qui a ajouté que son pays était disposé à échanger des informations avec les autres Etats pour combattre l’ennemi commun.  Il a également insisté sur l’importance de l’intégration des systèmes de communication internationale.  Observant que les Nations Unies avaient un rôle important à jouer, M. Powell a averti que l’inaction pouvait avoir de sérieuses conséquences, et qu’aucun n’objectif n’était supérieur en ce moment à la lutte contre le terrorisme.


Pour M. MODIBO SIDIBE, Ministre des affaires étrangères du Mali, les événements du 11 septembre ont rappelé aux Etats leur vulnérabilité et il a jugé essentiel que tous coopèrent de manière concrète et efficace.  Il a estimé qu’il était nécessaire de parvenir au plus vite à une définition précise du terrorisme international sous toutes ses formes et il a souhaité que l’on parvienne rapidement à une Convention globale qui comblerait les lacunes du dispositif existant.  Il a appelé à s’attaquer à ce qui constitue le terreau du terrorisme, citant entre autre la misère, la pauvreté, les conflits régionaux.  Une stratégie de lutte sous les auspices des Nations Unies implique aussi l’assistance aux pays en développement afin de les aider à renforcer leurs capacités.  La résolution 1373 représente, une étape importante, car le Conseil de sécurité a mis en avant la nécessité d’une coopération financière contre le terrorisme et le Mali est en train de prendre les mesures nécessaires, a-t-il indiqué.


Soulignant que son pays avait ratifié toutes les Conventions des Nations Unies, il a rappelé que l’organe de prévention des conflits de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), réunie ici hier, avait, de son côté, émis des recommandations pour renforcer les capacités de l’Afrique à lutter contre le terrorisme.  Il a réitéré le souhait de son pays de voir rapidement convoquée une conférence internationale sur le terrorisme.


M. REAZ RAHMAN, Ministre d’Etat des affaires étrangères du Bangladesh, a fait valoir que l’évolution de la situation mondiale avait été radicale à la suite des événements du 11 septembre et que dans ce contexte, il était devenu nécessaire pour le Conseil de sécurité de jouer son rôle d’une façon équilibrée, créative et proactive, dans la ligne des obligations à l’égard de la Charte.  Il peut dans le même temps mettre en place un ensemble de mesures préventives, destinées à éviter que ne se développe un contexte favorable au développement du terrorisme. 


Le Ministre a indiqué que la position de son pays sur le terrorisme était claire et constante, qu’il avait toujours assumé ses responsabilités internationales à cet égard et qu’il avait pris des mesures au plan national pour remplir ses obligations en accord avec les résolutions 1373 du 28 septembre 2001.  Il a attiré toutefois l’attention du Conseil sur le fait que de nombreux pays, dont le sien, auraient besoin du soutien, de l’appui, de l’assistance et de l’expertise internationales pour mettre en oeuvre les résolutions pertinentes.  Il s’est félicité de ce que le Comité de lutte contre le terrorisme ait mis l’accent sur la nécessité de fournir une assistance aux Etats Membres.  Il a exprimé l’espoir que son pays deviendra prochainement partie à certaines des conventions antiterroristes des Nations Unies.  Il a indiqué que la Convention régionale de l’ASACR sur la répression du terrorisme pouvait fournir le cadre régional d’une plus grande coopération et coordination entre les membres de l’ASACR et que les efforts faits pour donner une nouvelle impulsion au processus de l’ASACR se traduirait par une accélération du processus. 


Dans notre lutte commune contre le terrorisme, a-t-il déclaré, il est extrêmement important que le Conseil de sécurité reste uni et actif.  Pour cela, il faudrait peut-être étudier la possibilité d’établir un mécanisme de coordination des travaux du Conseil et ceux de l’Assemblée générale dans cet important domaine.  Dans le combat contre le terrorisme, la solidarité internationale a atteint un niveau élevé et nous devons essayer de préserver ou de renforcer cet esprit de coopération.  Le Ministre a indiqué que le Bangladesh appuyait les actions entreprises pour traduire en justice les auteurs de ces crimes mais qu’il considérait comme important de préserver les intérêts et le bien-être de la population civile innocente.  Il a rappelé que la communauté internationale, et également le Conseil de sécurité, avaient à maintes reprises, insisté sur la nécessité de protéger les populations civiles dans les zones de conflits.  Il a demandé instamment au Conseil d’être prêt à traiter de cette question avec le même soin et la même compassion. 


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