LE CONSEIL EST INVITÉ À S’IMPLIQUER DAVANTAGE DANS LES EFFORTS DE REDRESSEMENT DE LA SOMALIE
Communiqué de presse CS/2201 |
Conseil de sécurité
4392ème séance – matin et après-midi
LE CONSEIL EST INVITÉ À S’IMPLIQUER DAVANTAGE DANS LES EFFORTS DE REDRESSEMENT DE LA SOMALIE
Le Conseil de sécurité, réuni depuis ce matin sous la présidence de l’Irlande, a examiné la situation en Somalie et entendu le représentant du Secrétaire général et Chef du Bureau politique des Nations Unies en Somalie, M. David Stephen qui a estimé que la Conférence d’Arta (Djibouti), en 2000, restait la source d’inspiration de la communauté internationale. Le Gouvernement national de transition (GNT) prévu par le Processus de Djibouti, représente selon lui, l’embryon des institutions futures, le but étant de parvenir à un système de gouvernement fédéral dans un pays où la population reste méfiante envers toute autorité centrale. Aussi M. Stephen a-t-il attiré l’attention du Conseil sur la multiplication des initiatives de paix parallèles au Processus d’Arta et appelé les acteurs internationaux à structurer leur action pour régler ce problème.
Le Premier Ministre de la Somalie a souligné que le Processus de Djibouti demeurait la seule base de la réconciliation. Il a salué la perspective de création d’un comité des amis de la Somalie, bien accueillie par les autres délégations, à condition toutefois, comme l’a fait valoir le Royaume-Uni, que les membres de ce comité se fixent des objectifs clairs. Le Premier Ministre a regretté que le Secrétaire général n’ait pas recommandé dans son rapport l’établissement d’une mission de consolidation de la paix en raison des conditions de sécurité. Une telle mission reste impérative et urgente, a-t-il souligné tout en mettant en garde contre la spirale de violence et le risque d’abandon dont souffre son pays. Des membres du Conseil ont apporté leur soutien à l’action du GNT dans un environnement difficile tandis que d’autres, à l’instar de l’Ethiopie ont suggéré que le dialogue engagé à Arta s’ouvre aux groupes qui n’avaient pas participé à la Conférence de Djibouti.
Déplorant la persistance de problèmes de sécurité, plusieurs délégués, dont ceux de Singapour, de l’Irlande, de la Fédération Russie, de la France et de l’Egypte ont toutefois jugé nécessaire une plus ample implication des Nations Unies dans le redressement de la Somalie. Ils ont plaidé pour l’envoi d’une mission interinstitutions des Nations Unies qui, comme l’a suggéré le représentant de Maurice, étudierait les conditions nécessaires à un déploiement ultérieur. Ils ont fait valoir qu’une dégradation de la situation en Somalie, faute de paix et de stabilité, risquait de déboucher sur une crise semblable à celle de l’Afghanistan. Des représentants ont noté qu’il serait dangereux de laisser subsister des «poches vides» selon l’expression du délégué du Royaume-Uni, dans lesquelles s’engouffreraient les terroristes sans y trouver la moindre résistance. Dans ce contexte, le délégué de la Norvège a réclamé un respect scrupuleux de l’embargo sur les armes.
Des délégations ont exprimé leur préoccupation face à la situation humanitaire grave qu’endure le peuple somalien. A ce titre, plusieurs pays ont appelé à une aide accrue de la communauté internationale à la Somalie.
LA SITUATION EN SOMALIE
Rapport du Secrétaire Général sur la situation en Somalie (S/2001/963)
Dans ce rapport au Conseil de sécurité, conformément à la demande de son Président dans une déclaration du 27 mai 1999 (S/PRST/1999/16), le Secrétaire général rend compte de l'évolution politique et fait le point de la situation en Somalie du 19 décembre 2000 au 11 octobre 2001. Il conclut qu'il lui est impossible, à l'heure actuelle et compte tenu des conditions de sécurité, de recommander le déploiement d'une mission de consolidation de la paix. Il propose en revanche que soit renouvelé le mandat du Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie jusqu'en 2003.
Au plan politique, M. Annan considère que la conclusion du processus de Djibouti, à Arta, demeure l'option la plus viable pour une paix durable en Somalie. Il se félicite de la résolution du Gouvernement national de transition et d'autres dirigeants somaliens d'engager un dialogue sans conditions préalables et leur demande de travailler ensemble dans l'intérêt du peuple somalien. Il rappelle qu'au cours des dix dernières années, ce pays n'a connu aucun gouvernement central et que, par conséquent, le Gouvernement national de transition n'a hérité d'aucune des institutions formelles d'un Etat moderne. Toutefois, note-t-il, un système judiciaire est progressivement mis en place et du personnel est peu à peu recruté pour prendre en charge la police dans la capitale.
Le Secrétaire général note que ces dernières semaines, les "Présidents" du Puntland et du Somaliland autoproclamés autonomes ont vu leur autorité contestée et que ceci a créé une incertitude quant à la stabilité politique de ces deux régions. Il se dit également préoccupé par la situation des droits de l'homme et s'inquiète que de vastes secteurs de la population continuent de pâtir du conflit interne et de ses conséquences. D'autant que l'insécurité qui règne dans le pays continue d'empêcher l'ONU et ses partenaires de prêter assistance sans entrave à ceux ou celles qui sont dans le besoin.
Jugeant que les problèmes qui se posent à la Somalie sont d'une telle gravité que le processus de consolidation de la paix risque d'être très long, le Secrétaire général envisage la création d'un comité des amis de la Somalie (CAS) qui réunirait notamment les pays concernés de l'IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement). Un tel comité examinerait entre autre les moyens d´attirer l'attention sur les besoins du pays en ce qui concerne la réconciliation nationale et contribuerait à mobiliser des fonds pour le redressement et le développement national.
Déclarations
M. DAVID STEPHEN, Représentant du Secrétaire général et Chef du Bureau politique des Nations Unies en Somalie, a rappelé que dix ans se sont écoulés depuis l’effondrement du régime de Siad Barré et que depuis, le pays est resté sans institutions centrales efficaces. Pour cette raison, la seule référence des Somaliens en matière d’autorité est le clan, aussi faudra-t-il créer des institutions efficaces au-delà des clans, mais trouver un rôle pour ces clans dans les structures futures. La Conférence d’Arta (Djibouti) reste à cet égard une source d’inspirations pour la communauté internationale. Le rétablissement de la confiance est un ingrédient crucial.
Le Gouvernement national de transition mis en place doit encore faire l’objet de négociations à l’avenir, a-t-il poursuivi, rappelant que la Charte prévoit un système de gouvernement fédéral. Certains dirigeants politiques et autres n’ont pas participé au processus de Djibouti. Nous pensons que ce Gouvernement national de transition est un embryon des institutions futures. Mais nous devons toujours faire face à la suspicion des clans et aussi à celle des Somaliens : la très mauvaise expérience qu’une partie d’entre eux a connu avec la dictature fait que nombre d’entre eux ont un soupçon sur ce que pourrait être une autorité centrale.
Pour la Communauté internationale, l’autre problème est la prolifération des initiatives de paix, aussi faudrait-il que celles-ci soient structurées et bien articulées afin de régler ce problème, sinon les Somaliens continueront de ne pas harmoniser leurs positions sur le règlement de la question.
M. ALI KHALIF GALAYDH, Premier Ministre de Somalie, a réitéré la détermination de son pays à coopérer avec les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Les tragiques événements du 11 septembre ont alerté les peuples et les gouvernements du monde entier sur la menace posée par le terrorisme. Mon Gouvernement, a-t-il souligné, soutient pleinement la résolution 1373 (2001) et a adopté plusieurs mesures pour lutter contre ce fléau, notamment la création d’un groupe de travail consacré à la lutte antiterroriste. Il a demandé et obtenu le soutien des autorités religieuses du pays, les «umas» tandis que les agences favorisant les transferts de fonds ont promis la transparence dans leurs transactions.
Mais pour que ces mesures soient réellement efficaces, la communauté internationale doit apporter l’assistance nécessaire, par exemple, dans la formation des services de renseignements. Mon Gouvernement, a-t-il poursuivi, a regroupé et formé 25 000 miliciens qui seront réintégrés à la société et 8 000 policiers ont été déployés à l’intérieur et autour de la capitale Mogadiscio. L’Armée Nationale a entrepris de renforcer la sécurité et la stabilité du pays. De même, pour la première fois en onze ans, le Gouvernement a été en mesure de collecter les impôts.
A propos de la réconciliation nationale, le Premier Ministre a réaffirmé que le processus de paix de Djibouti demeure la base de cette réconciliation. Le Gouvernement accueillera avec plaisir les efforts des pays voisins et de la communauté internationale pour le soutenir et engage les parties qui n’y ont pas encore adhéré à le faire. Dans cet esprit, le Gouvernement a réussi à intégrer au processus d’Arta deux des cinq factions qui étaient restées en dehors et continue de négocier intensément avec les factions restantes et avec les deux entités administratives du nord, le Puntland et le Somaliland. Il a également mis en place la Commission nationale de réconciliation prévue parmi les institutions de transition dont le but, en oeuvrant indépendamment du Gouvernement, sera de réconcilier toutes les parties en présence en vue d’une paix durable Elle doit faciliter le processus d’établissement d’un système de gouvernement fédéral. Mais le manque de fonds et de ressources constitue un obstacle majeur, aussi le Premier Ministre, a-t-il appelé la communauté internationale à apporter son aide.
Le Gouvernement se félicite du rapport du Secrétaire général sur la situation en Somalie, a-t-il poursuivi, mais regrette toutefois qu’il ne recommande pas l’établissement d’une Mission de consolidation de la paix, décision qui, selon le Premier Ministre, relève de fonctionnaires en poste à Nairobi. Nous pensons que l’absence d’une telle mission enverra un signal erroné à la communauté internationale et, en particulier, aux organisations régionales, aux donateurs et aux chefs de guerre. Cela risque de contribuer à la spirale de l’insécurité et de la négligence dont la Somalie est victime depuis dix ans. Le Gouvernement juge impératif et urgent la création d’une telle mission. Nous demandons l’envoi d’une Mission interinstitutions des Nations unies qui réexaminera le travail des fonctionnaires à Nairobi et réévaluera de manière objective la situation sécuritaire sur place.
Le Gouvernement salue la proposition du Secrétaire général de créer un comité des amis de la Somalie, dont les membres devront toutefois être pleinement engagés en faveur de la paix et de la stabilité et être prêts à jouer un rôle constructif. Enfin, à propos de la reconstruction, il a souligné que le Gouvernement fonctionne avec un budget de 14 millions de dollars en dépit des nombreux défis qui l’attendent.
M. WANG YINGFAN (Chine) a déclaré que la situation du pays n’était pas stable et s’était même dégradée récemment dans le Somaliland et le Puntland. Le processus de paix en Somalie est dans l’impasse, a déclaré le représentant, car le conflit s’est aggravé en raison de ses ramifications avec la prolifération des armes légères. A moins d’interrompre l’approvisionnement en armes, le processus de paix sera condamné, a-t-il observé en appelant les Etats à respecter l’embargo sur les armes. La solution passe par les efforts communs de la population à favoriser la réconciliation nationale, a précisé le représentant, en espérant que les différentes parties sauront travailler ensemble et que la communauté internationale saura donner l’élan nécessaire. Il a soutenu le projet de création d’un comité des amis de la Somalie et a incité la communauté internationale à agir aussi vite que possible. Il a attiré l’attention sur la gravité de la situation humanitaire : si l’on ne sort pas de l’impasse politique, les souffrances de la population continueront, a-t-il prévenu.
M. Jean-David Levitte (France) a remarqué que la situation en Somalie pouvait engendrer une certaine lassitude au vu des efforts consacrés à ce pays par le Conseil de sécurité depuis 1992, à savoir deux opérations de maintien de la paix, pour un coût de quelque deux milliards de dollars, et une force multinationale de 37 000 hommes. Il a cependant indiqué qu’il ne fallait pas baisser les bras, et que 750 000 personnes avaient besoin d’une aide internationale humanitaire. Il a indiqué en outre que dans le nouveau contexte international de «l’après 11 septembre», il était essentiel d’aider la Somalie pour éviter qu’elle ne devienne un «nouvel Afghanistan». Bien que l’organisation «Al-Itihad Al-Islamiya» n’ait plus d’existence «militaire» en Somalie depuis 1995-1996, a remarqué le représentant, de nouveaux terroristes pourraient trouver refuge sur le territoire somalien. La lutte contre le terrorisme poussera les membres des organisations terroristes à chercher de nouvelles implantations, et la Somalie ne doit pas devenir l’un de leurs refuges, a insisté le représentant. Aider la Somalie aujourd’hui, c’est tout à la fois de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits, a-t-il déclaré. Il a appelé à une plus grande implication des Nations Unies, notamment dans le domaine crucial de la formation de la police. Il a rappelé que la France était favorable à l’envoi d’une mission de consolidation de la paix en Somalie dès que les conditions de sécurité le permettront.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a indiqué que, lors des consultations informelles, les membres du Conseil avaient eu un véritable débat sur la situation en Somalie. La création du Gouvernement national de transition, il y a plus d’un an, a été un repère important, et c’est un atout indiscutable. Il faut voir maintenant ce que nous pouvons faire pour consolider le processus.
Tout en notant que des mesures sont prises pour assurer la mise en place progressive du système judiciaire et le recrutement du personnel de la police de la capitale, M. Mahbubani fait observer que le Gouvernement n’a pas encore pu établir la sécurité dans les autres régions. Il est essentiel d’apporter un appui soutenu au Gouvernement pour lui permettre de réaliser cet objectif. La délégation de Singapour est d’avis que l’achèvement du processus d’Arta demeure l’option la plus viable pour une paix durable en Somalie. Il faut que le Conseil de sécurité encourage le peuple et le Gouvernement national de transition à poursuivre ce processus.
Le représentant a préconisé d’adopter une démarche globale pour la Somalie, et ne pas se limiter à déployer des efforts que dans le cadre de l’action humanitaire. Il a appelé à procéder à une remise à plat de la situation à la lumière des événements du 11 septembre dernier, soulignant qu’il est dans l’intérêt de tous d’encourager la mise en place de gouvernements stables dans le monde et d’empêcher ainsi l’action de mouvements extrémistes. L’instabilité en Somalie contribuerait à créer ce type de «poches» que cherchent les terroristes. Rappelant que la Somalie n’a pas pu fonctionner en tant qu’Etat pendant dix ans et que les armes y sont pléthoriques, M. Mahbubani a souligné la nécessité pour la communauté internationale de veiller à ce que la Somalie ne devienne pas l’Afghanistan de 2001.
La création d’un Bureau de consolidation de la paix en Somalie serait plus qu’utile, a-t-il reconnu tout en estimant que la sécurité du personnel de l’ONU doit être un principe fondamental. Toutefois, il faut aussi s’assurer que la création d’un Bureau de consolidation de la paix ne soit pas prise en otage par tel ou tel clan, a-t-il souligné en ajoutant que l’intégrité de la Somalie et sa souveraineté devaient par ailleurs être respectées. La Somalie a été considérée comme le plus grave échec de l’ONU. Aujourd’hui nous avons enfin l’occasion de tourner une nouvelle page et de remettre ce pays sur pied.
M. VOLODYMYR KROKHMAL (Ukraine) s’est dit gravement préoccupé par la situation en Somalie et par la menace que fait peser le terrorisme international sur le monde. Il a indiqué que le processus d’Arta restait la seule solution possible pour parvenir à la paix et a soutenu une plus vaste participation de toutes les composantes de la société somalienne au processus de paix. Il est important de maintenir l’élan acquis, a déclaré le représentant, en indiquant que la solution de la question somalienne était dans les mains des Somaliens eux-mêmes, et que les chefs de guerre et de faction devaient cesser leurs actes de déstabilisation. La communauté internationale doit soutenir le processus de paix, a poursuivi le représentant, apportant son appui à la mise en place d’un cadre pour des négociations intrasomaliennes. Il a aussi jugé utile la proposition du Secrétaire général de créer un comité des amis de la Somalie. Le représentant a déclaré que la sécurité du personnel des Nations Unies était un préalable au déploiement de toute force de maintien de la paix, et a espéré que les événements du 11 septembre dernier permettront d’attirer l’attention sur le problème somalien.
M. ANDREY GRANOVSKY (Fédération de Russie) a estimé que le succès d’un règlement pacifique en Somalie exige que toutes les parties composant la société locale y soient associées. Nous recommandons aux parties qui ne l’ont pas encore fait de se rejoindre aux efforts du processus d’Arta et du dialogue qui en découle, pour faire cesser la violence et pour garantir la sécurité. La Fédération de Russie appuie l’idée d’envoyer à Mogadishu une Mission interinstitutions et estime que la tâche de l’ONU est également d’assurer des conditions extérieures favorables au rétablissement de la paix et de la stabilité dans le pays. Tous les pays doivent ainsi continuer de respecter strictement l’embargo militaire contre la Somalie.
Le représentant a salué la volonté du Secrétaire général d’intensifier les échanges de vue sur la Somalie et s’est dit prêt à participer au comité des amis de la Somalie, tel qu’envisagé par le Secrétaire général mais juge qu’il serait utile que l’organe en question œuvre aussi pour mettre un terme aux différentes initiatives de paix.
M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a rappelé que son pays n’avait pas cessé d’appeler l’attention du Conseil de sécurité sur la situation en Somalie. Le Conseil ne peut plus désormais continuer à être le témoin passif d’une tragédie qui n’a que trop duré, et dont le résultat fut un démembrement de fait de l’Etat somalien et la marginalisation quasi-absolue d’une nation laissée à son propre sort, a-t-il déclaré. Aujourd’hui, le monde a enfin réalisé la multitude des menaces posées à la paix et à la sécurité internationales, a noté le représentant, mais cette prise de conscience n’aura aucun sens si l’on continue à fermer les yeux sur la situation qui sévit en Somalie. Rappelant que le Secrétaire général jugeait impossible à ce stade l’envoi d’une mission de consolidation de la paix en Somalie, il a déclaré que le maintien du statu quo n’était pas une option. Certes, l’avenir de la Somalie relève du ressort des Somaliens eux-mêmes, a reconnu M. Jerandi, soulignant toutefois qu’il est du devoir des acteurs extérieurs d’aider le pays à sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve depuis dix ans.
Le représentant a mis l’accent sur les efforts du Gouvernement national de transition pour entamer l’exécution de ses projets dans le domaine de la sécurité et du relèvement. Il a concédé que les succès de ce Gouvernement étaient certes limités, mais a déclaré que tout gouvernement aurait été dans la même situation s’il ne disposait pas de l’appui nécessaire et si ses efforts se heurtaient à une résistance farouche. Pour venir en aide à la Somalie, M. Jerandi a proposé au Conseil de sécurité de mettre en place une action concrète pour préserver la souveraineté et l’unité du pays, mettre fin à toutes tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures de la Somalie, décourager la prolifération d’initiatives parallèles au processus d’Arta, mobiliser l’assistance nécessaire au Gouvernement national de transition et poursuivre la réflexion au sujet de la présence des Nations Unies sur le terrain en Somalie et de l’élargissement du mandat du Bureau politique pour la Somalie.
M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) s’est félicité des initiatives prises par la Somalie pour mettre en œuvre la résolution 1373 (2001) car il est important que les terroristes se sachent traqués et il faut éviter des foyers dans lesquels ils pourraient opérer parce qu’il n’existe pas d’autorité pour les en empêcher. Ceci, dans le contexte de la Somalie, souligne la nécessité de parvenir rapidement à la paix et la stabilité en incluant toutes les forces du pays.
Malheureusement, en termes de sécurité, les appels du Conseil de réconciliation et de relèvement de la Somalie ne semblent pas avoir porté leurs fruits : les combats se sont accentués et nous sommes particulièrement préoccupés par l’instabilité politique dans le Puntland. Il faut mettre un terme à ce cycle de violence et on ne peut y parvenir que par le biais du dialogue, a souligné M. Eldon. De l’avis de sa délégation, les initiatives extérieures, là où elles peuvent aider, sont utiles. A cet égard, le Royaume-Uni encourage les gouvernements de la région, notamment le Kenya, à intervenir comme le demande l’Autorité intergouvernementale pour le développement (AIGD). Quant au rôle des Nations Unies, M. Eldon a fait sienne la recommandation du Secrétaire général pour qu’une mission d’évaluation de la sécurité soit établie, mais il doit s’agir d’un processus technique qui évalue les risques.
La délégation du Royaume-Uni se dit prête à examiner la proposition de constituer un comité des amis de la Somalie, insistant sur la nécessité de se fixer des objectifs clairs et d’étudier la manière dont elle pourrait promouvoir le processus de paix. Rappelant qu’il ne peut y avoir de paix sans réconciliation politique, M. Eldon a appelé à ce que d’autres mesures soient prises pour aider à une paix durable tout en mettant en place le cadre décrit dans le processus de paix.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) s’est dit convaincu que la complexité de la situation en Somalie ne favorisait pas l’intervention des Nations Unies, mais que c’était cette complexité qui devait encourager le Conseil de sécurité à intervenir pour promouvoir la paix. Le Conseil doit apporter son soutien au Gouvernement national de transition, a plaidé le représentant, sans quoi il se retrouvera dans la même situation qu’avant mais cette fois sans aucun interlocuteur légitime au niveau interne. Il a jugé que les initiatives locales doivent être au centre de l’attention des institutions de New York et a insisté pour que les solutions proposées par les Africains deviennent la base de toute réflexion. Il a apporté son soutien aux efforts de coordination politique lancés par l’Organisation de l’unité africaine, ainsi que son idée d’organiser une Conférence nationale de réconciliation. Il a reconnu que de telles initiatives ne seraient pas forcément récompensées par un succès, mais a cependant fait remarquer qu’elles allaient dans le bon sens. Il a réitéré son soutien à une approche régionale du problème.
Dans le domaine humanitaire, le représentant a incité le Conseil de sécurité à soutenir l’action des organismes des Nations Unies et des organisations humanitaires. Tout en reconnaissant que les conditions n’étaient pas remplies pour ouvrir un bureau sur place, il a espéré qu’on pourrait procéder à un nouvel examen à fond des conditions de sécurité. Il a apporté son soutien à la création d’un comité des amis de la Somalie qui puisse coordonner les initiatives des acteurs et encourager les progrès du processus de paix.
M. JOSIAH B. ROSENBLATT (Etats-Unis) a salué l’initiative du Secrétaire général de créer un comité des amis de la Somalie et indiqué que son pays examine les moyens d’y contribuer. Il a noté que le Secrétaire général exclut, pour le moment, l’établissement d’une mission de consolidation de la paix, soulignant que le terme «pour le moment» est le mot clef car le Secrétariat de l’ONU saura tenir compte à l’avenir de la situation des Somaliens et des conditions de sécurité. Il a conseillé à ceux qui souhaitent voir l’ONU consolider son rôle sur place de concentrer leurs efforts sur la Somalie, pas sur New York.
Il a fait valoir qu’un élargissement de la présence de l’ONU à l’avenir ne peut remplacer la volonté du peuple somalien de libérer son pays du chaos. Aucun groupe n’a jusqu’à présent réussi à obtenir la légitimité requise et il ne revient pas aux puissances extérieures de dire qui est le représentant légitime du peuple somalien. Il faut réfléchir au meilleur moyen de former une masse critique de Somaliens résolus à œuvrer dans leur pays contre la guerre et qui serait la seule force légitime. Lorsque la Mission de l’ONU est allée en Somalie dans les années 90, elle voulait sauver des vies, a-t-il rappelé, ajoutant que le sabotage de la Mission de maintien de la paix n’était pas le fait du peuple de Somalie.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a insisté sur la nécessité de considérer le processus de paix d’Arta comme la seule voie possible pour une paix durable en Somalie et a appelé toutes les parties à travailler de concert pour le mettre en œuvre. Il a accueilli favorablement la proposition de l’OUA de dépêcher une mission en Somalie, et a encouragé les Etats Membres de l’ONU à contribuer généreusement aux appels consolidés interinstitutions pour la Somalie. Le représentant a insisté en outre sur l’importance du désarmement et a félicité les efforts du Gouvernement national de transition en ce sens. Il a condamné les attaques de la semaine passée contre un poste de police à Mogadishu, et a noté toutefois qu’il y avait eu des améliorations en matière de sécurité en Somalie. Le processus de paix en Somalie ne doit pas être pris en otage par certains groupes qui souhaitent empêcher le retour du pays au calme, a précisé le représentant. Il a appelé tous les pays de la Corne de l’Afrique à joindre leurs efforts pour venir en aide au processus de paix en Somalie, et à respecter scrupuleusement l’embargo sur les armes établi par la résolution 733 (1992). Tout en reconnaissant à l’Ethiopie le droit de patrouiller le long de sa frontière avec la Somalie, il l’a encouragée à utiliser son influence sur le Conseil somalien de réconciliation et de restauration pour favoriser sa réconciliation avec le Gouvernement national de transition. Il a soutenu la suggestion du Secrétaire général d’établir un Comité des amis de la Somalie pour faciliter l’échange d’informations entre les acteurs régionaux et favoriser la réconciliation nationale.
M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a salué la présence du Premier Ministre somalien et souhaité que ce débat ouvre la voie à un processus de collaboration et d’échanges entre les Nations Unies et le Gouvernement national de transition (GNT). Il a rappelé que le GNT assume la lourde tâche de la reconstruction et du développement dans un pays qui sort de dix années de vacance d’institutions étatiques et nationales formelles. Il a mis l’accent sur les efforts positifs du GNT pour restaurer certaines institutions politiques, administratives et judiciaires et faire progresser la reconstruction de la Somalie. M. Koonjul a,
entre autres, souligné la démobilisation et la réintégration des milices et la création d’une force de police dans la capitale. Il s’est interrogé sur la réalité du soutien apporté par la communauté internationale au processus d’Arta et au GNT, soulignant que dans la perspective de la mise en place d’institutions démocratiques d’ici à 2003 et de la poursuite du processus de réconciliation en cours, le GNT devait être soutenu par les donateurs. Il a évoqué la situation humanitaire et les 750 000 personnes menacées par la famine avant de considérer que la communauté internationale n’apporte pas l’assistance nécessaire au GNT.
Rappelant que le GNT avait lancé un appel pour le déploiement d’une mission de consolidation de la paix des Nations Unies, le représentant a appuyé cette revendication, arguant qu’elle renforcerait l’aptitude du GNT à promouvoir le dialogue avec les autres factions et à asseoir sa légitimité. Il a mis l’accent sur les aspects sécuritaires liés aux événements du 11 septembre, rappelant que l’organisation Al-Itihad Al-Islamiya, suspectée d’actions terroristes, est basée en Somalie. Il a souligné le danger que posent les Etats désorganisés qui peuvent servir de refuge aux groupes terroristes avant de considérer qu’il est de l’intérêt de la communauté internationale tout entière de disposer d’un Gouvernement fort et stable, surtout dans le cadre de ses efforts actuels visant l’éradication du terrorisme. M. Koonjul a fait observer que l’évolution positive des conditions de sécurité en Somalie ont incité des pays à ouvrir des missions sur place à Mogadishu et a exhorté le Secrétaire général à prévoir l’ouverture d’un bureau chargé de poser les bases du déploiement d’une mission de consolidation de la paix qui travaille en étroite collaboration avec le GNT. Il a réitéré le soutien de Maurice au processus d’Arta, appelant tous les groupes politiques de Somalie à s’engager dans un dialogue pacifique et constructif avec le GNT qui est l’institution reconnue par la communauté internationale.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a déclaré que beaucoup de défis restaient à relever en Somalie, mais que des progrès avaient déjà été accomplis par le Gouvernement national de transition. Que pouvons-nous faire, s’est interrogée la représentante, pour aider le pays? Déjà, nous manifestons notre soutien au Gouvernement national de transition, a-t-elle observé, et nous réaffirmons notre soutien au processus d’Arta. Elle a appuyé les initiatives de l’OUA présentées dans le rapport et s’est dit disposée à appuyer la proposition de création d’un comité des amis de la Somalie. Elle a jugé que toute initiative devait être menée dans le cadre d’une étroite collaboration avec le Gouvernement national de transition et a rappelé que comme le souligne le Processus d’Arta, la participation de la population était nécessaire. La communauté internationale doit prêter davantage attention au programme politique local et communautaire, a-t-elle ajouté.
La représentante a espéré que les Etats soutiennent plus fermement l’appel global interinstitutions pour la Somalie. Elle a rappelé que la Communauté internationale devait appuyer la création d’un Etat de droit et faire respecter l’embargo sur les armes faute de quoi il serait impossible d’arrêter les combats. Elle a apporté son appui à l’envoi d’une Mission de consolidation de la paix en Somalie mais a noté que le Secrétaire général indique qu’il était trop tôt pour le faire. Elle a encouragé les parties somaliennes à se consacrer à l’objectif final: la stabilité dans le pays.
M. MOCTAR OUANE (Mali) s’est dit préoccupé par la grave situation humanitaire que traverse le pays après dix ans de guerre et une série de catastrophes naturelles. De même la situation sécuritaire, notamment dans le Puntland, reste préoccupante. Il a jugé malgré tout la situation générale encourageante avec, notamment, la création du Comité national de réconciliation et de restitution des biens. Il a salué l’implication de l’OUA pour son appui au processus de paix d’Arta.
L’idée de création d’un comité des amis de la Somalie, telle que proposée par le Secrétaire général, résoudrait efficacement les problèmes de réconciliation, et le Mali, appuie pleinement une telle idée. Il a demandé au représentant du Secrétaire général de lui expliquer plus avant le fonctionnement de ce comité. Il a jugé que l’envoi, dans un avenir prévisible, d’une mission de consolidation de paix en Somalie paraît d’une nécessité urgente. Il a appuyé le renouvellement pour deux ans du mandat du Bureau politique pour la Somalie, recommandé par le Secrétaire général.
M. RUHUL AMIN (Bangladesh) a rappelé que le Processus d’Arta demeurait la seule solution viable pour la Somalie. Il a souligné qu’il fallait tirer les leçons de l’histoire et ne pas répéter les mêmes erreurs qu’en Afghanistan. Convaincu que le Comité des amis de la Somalie serait un instrument crucial pour favoriser le processus de paix, il a estimé qu’il faudrait aussi établir un mécanisme d’information entre le Comité et le Conseil de sécurité. Il a en outre plaidé pour une plus grande implication des pays de la région et a insisté sur la nécessité de trouver les moyens de bloquer les livraisons d’armes aux chefs de guerre. La Somalie a vu de grands changements, les chefs de guerre ont perdu du terrain et c’est maintenant que l’ONU devrait assurer le processus de paix. Préoccupé par le fait que les programmes menés par le Gouvernement de transition n’avaient reçu presque aucun soutien de la part de la communauté internationale, M. Amin a demandé d’expliquer les raisons pour lesquelles seulement 20% des 230 millions prévus avaient été versés. Sa délégation estime qu’il faut trouver les moyens d’appuyer les travaux du Gouvernement national de transition.
M. RICHARD RYAN (Irlande) a jugé que le temps est venu pour le système de Nations Unies en général de participer davantage au redressement de la Somalie et que le Conseil de sécurité ne devrait pas s’en tenir à des ambitions limitées. Convaincu que le processus d’Arta est le moyen le plus viable pour parvenir à la paix et que la population de la Somalie a commencé à s’engager dans la réconciliation, il a appelé la communauté internationale à exprimer sa solidarité. Comme le Secrétaire général le suggère, l’Irlande est d’avis que le Comité national pour la réconciliation et la restitution des biens, en tant que commission indépendante, œuvre pour mener à bien le processus d’Arta. M. Ryan a demandé aux Somaliens de s’engager dans un dialogue constructif, dans le respect mutuel. Il a aussi demandé à toutes les parties ayant une influence dans le pays de coopérer avec les nouvelles institutions.
Si le processus politique a été lent, nous devons toutefois reconnaître que des progrès ont été accomplis, a dit le représentant. Tout gouvernement en Somalie aurait été confronté aux mêmes problèmes que le Gouvernement national de transition. Mais des efforts étroitement coordonnés par les acteurs extérieurs contribueraient encore davantage à parvenir à la paix. Ainsi, la création d’un comité des amis de la Somalie renforcerait le processus de réconciliation nationale.
Le représentant a souligné que son pays restait très préoccupé par le rôle déstabilisateur que continuent de jouer certains pays de la région et que le territoire de la Somalie ne devrait pas être utilisé pour saper la stabilité de la région. Il a demandé à tous les Etats de s’abstenir de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Somalie. Profondément préoccupée par la grave situation humanitaire, la délégation irlandaise appuie l’action des institutions de l’ONU, encourageant les donateurs à répondre généreusement aux appels lancés. La communauté internationale doit réagir d’urgence aux besoins de la Somalie. Elle estime que le moment est venu pour l’ONU d’entreprendre une évaluation approfondie de la situation en matière de sécurité, à partir du Siège de l’ONU, ici à New York. M. Ryan a demandé au Gouvernement national de transition d’indiquer ce qui pourrait être fait pour l’aider à assurer les conditions propices à une mission de consolidation de la paix en Somalie, car depuis trop longtemps le peuple somalien lutte seul et les conséquences négatives de la situation en Somalie sont trop lourdes. Le temps est venu, a-t-il conclu, pour que le Conseil de sécurité adopte une démarche plus concrète en Somalie.
M. ROBLE OLHAYE (Djibouti) a déclaré que les efforts du Gouvernement national de transition avaient attiré en Somalie des centaines de Somaliens revenus dans leur pays d’origine pour apporter leur concours et qu’il n’y avait pas d’autre meilleur baromètre de la situation que ces «patriotes» qui rentrent dans leur pays pour le servir et non à la recherche du pouvoir. Il a retracé les événements des années troubles qui ont été le lot de la Somalie, et a mis en cause l’attitude des chefs de guerre qui ont fait échouer pendant longtemps toutes les initiatives de paix qui cherchaient à tout prix à rapprocher leurs vues. Ces criminels intérieurs, a déclaré le représentant, ont ravagé le pays et ont rendu l’Etat presque inexistant. Il a évoqué l’initiative prise par Djibouti de mettre en place en 1999 un nouveau processus, qui insistait sur la nécessité de maintenir l’intégrité territoriale de la Somalie et de désarmer les parties, mais sans jamais fermer la porte à la participation des chefs de faction. Or non seulement ils ont refusé d’intégrer le processus de paix, a rappelé le représentant, mais ils ont essayé de saper les efforts de la Conférence afin de faire prévaloir le statu quo.
Notant les allusions faites dans le rapport au Conseil de réconciliation et de reconstruction de la Somalie, il a indiqué que cette entité avait pour seul objectif de saper les efforts du Gouvernement national de transition. Il a déclaré que le Conseil de réconciliation et de reconstruction de la Somalie n’était qu’un ramassis de criminels regroupant des troublions qui s’apparentent à ceux condamnés par le passé.
Le représentant a apporté son soutien au Comité des amis de la Somalie, à condition que cet organe vienne en aide au Gouvernement national de transition et ne se contente pas de faire écho à des avis divergents sur le règlement de la situation en Somalie. Il a rappelé la nécessité absolue d’aider le Gouvernement national de transition car c’est le seul organe légitime. Il a encouragé le Conseil de sécurité à mener une évaluation de la sécurité, pour envisager l’envoi d’une mission de paix. La Somalie risque de devenir un vivier pour le terrorisme et le trafic de drogues si elle continue d’être oubliée, a averti le représentant.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a déploré l'inactivité quasi-totale et l'hésitation excessive de la communauté internationale à l'égard de la Somalie et ce, depuis le départ de la dernière opération de maintien de la paix de l'ONU, l'UNOSOM II, il y a six ans et demi. Ayant rappelé l'engagement pris par le Conseil de sécurité, lors de son sommet de septembre 2000, d'accorder une priorité égale au maintien de la paix dans toutes les régions du monde, le représentant a soutenu que cet engagement n'a pas été respecté dans le cas de la Somalie qui, dit-il, n'a pas reçu une priorité égale à celle portée par le Conseil à d'autres conflits en Afrique ou ailleurs. L'Egypte a exhorté à nouveau le Conseil de sécurité à soutenir le Gouvernement national de transition en Somalie et à obliger les autres factions en dehors du Processus d'Arta, de coopérer avec le président Salad pour rebâtir les institutions gouvernementales nationales, établir une force de police crédible et désarmer et démobiliser les milices encore actives à Mogadishu.
M. Aboul Gheit a exhorté le Conseil à faire respecter l'embargo sur les ventes d'armes à la Somalie avec la même détermination dont il a fait preuve dans le cas d'autres conflits, notamment la Sierra Leone, l'Angola et l'Afghanistan. Tout en appréciant les raisons ayant incité le Secrétaire général à ne pas recommander le déploiement d'une nouvelle mission de paix en Somalie, il a réitéré que les Nations Unies doivent être prêtes à affronter les défis et dangers que comporte la Somalie tout comme l'Organisation le fait dans d'autres régions du monde où le personnel de l'ONU œuvre actuellement. Le représentant se félicite de la proposition du Secrétaire général visant à créer un comité des amis de la Somalie et a indiqué que son pays est disposé à prendre une part active à ce nouveau mécanisme.
M. ABUZED OMAR DORDA (Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé que son pays avait été le seul à garder en permanence une ambassade à Mogadishu. Pour la première fois, a-t-il indiqué, on est en présence d’un processus de paix sain grâce à la Conférence d’Arta, qui a jeté les bases d’un Gouvernement national de transition et d’un Parlement de transition. Les restes du passé de la Somalie n’existent plus, a observé le représentant, et le Conseil de sécurité n’a plus de raison d’hésiter : aujourd’hui il existe un Gouvernement national de transition représentatif avec lequel il peut traiter, et la population en a assez de la guerre. Les chefs de guerre sont les seuls à vouloir faire échouer le processus d’Arta, a indiqué le représentant, et ils renonceront peut être à leur position s’ils voient que les Nations Unies ont la ferme intention de soutenir le Gouvernement national de transition.
Il a averti du risque que des forces néfastes fassent de la Somalie l’une de leurs bases. S’il n’est pas possible d’envisager une intervention comme il y a quelques années, a concédé le représentant, la seule solution reste l’envoi d’une mission de la paix. Sinon pourquoi verser une cotisation tous les ans, si cela doit servir à faire la paix dans un endroit au détriment d’un autre? Il a proposé que l’ONU envoie une mission sur place qui puisse soumettre un rapport au Conseil de sécurité, afin que celui-ci soit en possession de tous les éléments pertinents susceptibles de justifier l’envoi d’une mission de la paix. Le représentant a espéré que le Conseil de sécurité accepterait de financer la Commission nationale de réconciliation qui n’a pu se réunir, en raison d’un manque de ressources financières, notamment le transport de ses membres. Il a demandé au Conseil d’appuyer le Gouvernement national de transition dans ses efforts pour mettre en place des infrastructures importantes qui lui permettront de collecter des fonds.
M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a tout d’abord annoncé la contribution de son pays, d’un montant de 4,8 millions de dollars, aux efforts de réconciliation nationale et d’aide humanitaire accomplis par les Nations Unies en Somalie. Il a souligné que les divisions profondes et la concurrence entre les clans disposant de groupes armés avaient causé d’indicibles souffrances au peuple somalien et constituaient l’obstacle majeur à la réunification du pays. Certains chefs de guerre ont créé des coalitions pour lutter contre le Gouvernement national de transition, d’autres ont refusé d’établir le dialogue avec ce Gouvernement.
Le représentant a rappelé que le Japon plaide depuis longtemps en faveur d’un règlement politique global du conflit et de la réconciliation nationale dans le but de rétablir un Etat unifié de Somalie. On ne peut toutefois y parvenir qu’avec l’aide de toutes les parties en présence en Somalie et avec l’aide de la communauté internationale, a-t-il dit, ajoutant que le Japon attache beaucoup d’importance au rôle de la société civile pour réaliser cet objectif.
M. Motomura s’est par ailleurs dit profondément préoccupé par la grave situation humanitaire que traverse le pays, qui devait être considérée comme telle par la communauté internationale. Rendant hommage aux organisations et aux personnels humanitaires qui travaillent dans une situation dangereuse et instable, il a insisté pour que ceux-ci soient adéquatement protégés. Concernant la proposition d’une mission de consolidation de la paix, le Japon appuie le point de vue du Secrétaire général selon lequel la situation actuelle en matière de sécurité ne le permet pas.
M. JEAN DE RUYT (Belgique), s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés, a renouvelé l’appel déjà lancé au Gouvernement national de transition, en place depuis un an, pour qu’il poursuive ses efforts en vue de la réconciliation nationale. L’Union européenne, a-t-il dit, encourage toutes les parties qui ne l’ont pas encore fait à participer au processus d’Arta et à entamer le dialogue dans un esprit de compromis. Il a souhaité que le Comité national pour la réconciliation et la restitution des biens fonctionne de manière indépendante du Gouvernement et constitue un forum de dialogue important.
Evoquant l’actualité, M. De Ruyt a indiqué que l’Union européenne engage le Gouvernement national de transition à coopérer avec le Comité contre le terrorisme institué par la résolution 1373 du Conseil de sécurité et avec le Gouvernement des Etats-Unis. La situation de la Somalie est étroitement liée à celle des pays voisins, aussi le Gouvernement national de transition devrait-il reprendre contact avec ces pays, notamment l’Ethiopie. Les Etats de la région, quant à eux, doivent s’abstenir d’intervenir militairement en Somalie. M. De Ruyt a toutefois insisté sur la nécessité d’encourager les efforts régionaux en faveur de la paix.
Prenant note des recommandations du Secrétaire général, l’Union européenne est d’accord qu’il faut examiner la question de la sécurité à fond avant de créer une mission de consolidation de la paix et se prononce en faveur d’une nouvelle évaluation de la situation en matière de sécurité. Toutes les parties en conflit doivent redoubler d’efforts pour permettre le déploiement de personnel international. Les individus ayant la moindre influence sur les parties doivent, quant à eux, également se mobiliser. L’Union européenne se dit prête à contribuer à la reconstruction du pays et à examiner les possibilités d’un appui institutionnel.
M. ARTHUR C.I. MBANEFO (Nigéria) a souligné l’évolution positive de la situation en Somalie notamment avec la mise en place du Gouvernement national de transition (GNT), dirigé par le Président Abdikassim Salad Hassan, et des structures administratives et étatiques. Il a salué la présence du Représentant permanent de la Somalie auprès des Nations Unies et celle du Premier Ministre somalien qui assistaient au débat, ce qui témoigne ainsi du retour officiel de la Somalie aux Nations Unies après des années d’absence. Il a renouvelé le soutien du Nigéria au processus de paix en Somalie et aux efforts du Président djiboutien, M. Gulleh, qui ont contribué à la mise en place du GNT. M. Mbanefo a souhaité que le processus de paix en Somalie soit renforcé par la création d’un environnement plus stable dans le pays et par la reconnaissance de l’autorité et de la légitimité du GNT. Il a rappelé que le dernier Sommet de l’Organisation de l’unité africaine, tenu en juillet à Lusaka, avait été l’occasion pour les Chefs d’Etat de réitérer leur soutien au processus d’Arta et au GNT et d’exhorter toutes les parties somaliennes à privilégier le dialogue.
Le représentant a évoqué la situation humanitaire en Somalie, s’inquiétant de la détérioration de la sécurité alimentaire dans le sud du pays qui menace 750 000 personnes de famine. Soulignant que les Nations Unies et les agences spécialisées avaient répondu aux situations d’urgence, M. Mbanefo a lancé un appel à l’assistance internationale pour répondre à cette situation et renforcer les chances de consolidation du processus de paix par le GNT. Il a regretté que seuls 16% des 126 millions de dollars demandés par le Secrétaire général en 2001 pour financer l’Appel consolidé interagences aient été à ce jour couverts par les contributions. Il a mis en garde contre la situation sécuritaire à Mogadishu qui empêche tout déploiement d’une mission de consolidation de la paix des Nations Unies avant de déclarer que la communauté internationale doit déployer les ressources matérielles nécessaires pour assurer le succès du processus de paix en Somalie.
M. ABDALLA SALEH AL-ASHTAL (Yémen), rappelant que son pays se trouve dans la même région, a déclaré que les événements en Somalie ont créé une instabilité dans toute la région où le commerce des armes est florissant, les actes de piraterie et de terrorisme se développent et le trafic des stupéfiants s’amplifie. Sur la longue côte du Yémen, arrivent des milliers de réfugiés qui fuient l’anarchie, a regretté le représentant. Toutefois, s’est-il réjoui, le Processus d’Arta ouvre une nouvelle voie et il faut le poursuivre en dépit des difficultés auxquelles il se heurte. Le représentant a indiqué que la communauté internationale devait appuyer le dialogue entre le Gouvernement national de transition et les factions du pays. Il a aussi soutenu la proposition visant la création d’un Comité des amis de la Somalie ainsi que l’envoi d’une mission pour la consolidation de la paix en Somalie.
M. ADBUL MEJID HUSSEIN (Ethiopie) a rappelé que le processus qui a abouti à la Conférence de Djibouti n’était pas le premier, que d’autres se sont tenus dans d’autres pays de la région, notamment l’Ethiopie : tous ces efforts, a-t-il estimé, ont constitué des tentatives réelles de ramener la paix et ont pavé la voie du processus d’Arta. Considérant que ce processus est un succès, il a indiqué que son pays travaille très dur pour qu’il ne s’effondre pas et que les pays membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (AIGD) ont pris les mesures nécessaires.
Le représentant a observé que, lors du Sommet de Khartoum, en novembre 2000, son pays avait insisté pour que ceux qui n’avaient pas participé au dialogue en cours le rejoignent. La position du Sommet est que ceux qui n’ont pas participé au processus peuvent le faire s’ils le souhaitent, a-t-il dit, ajoutant qu’une délégation avait été envoyée à Mogadishu en ce sens, mais que le Gouvernement national de transition avait refusé cette proposition. Le Conseil de sécurité doit savoir, a-t-il poursuivi, que les membres du Gouvernement national de transition ne sont pas toujours du même avis. L’Ethiopie n’est en faveur que du peuple de Somalie et ne voit pas de groupe ou d’entité qui ait acquis une légitimité. Ceux qui prétendent aujourd’hui qu’on ne peut discuter avec un groupe ou un autre ont tort, a-t-il estimé car ce n’est pas l’esprit de la Charte des Nations Unies. Le représentant a fait remarquer que le Conseil somalien de réconciliation s’est réuni dans le sud de l’Ethiopie, que beaucoup de Somaliens viennent à Addis-Abeba pour discuter et que ceci fait partie du processus de réconciliation. L’Ethiopie fera ce qu’elle pourra pour que ceux qui n’ont pas participé au processus d’Arta puissent le faire, a-t-il prévenu.
Le représentant éthiopien a enfin souligné que la plus forte concentration de Somaliens dans la région se trouve dans son pays et que, par conséquent, aucun autre pays ne peut davantage souhaiter que la Somalie redevienne un pays stable. Il a exhorté le Conseil de sécurité à faire appliquer l’embargo sur les armes en Somalie en cours car, a-t-il rappelé, nous avons été, sur notre territoire, victimes de groupes terroristes venus de Somalie. L’Ethiopie a mis un terme à leurs opérations en détruisant leurs bases à l’intérieur de la Somalie. Ce sont, selon le représentant qui affirme en avoir la preuve, les mêmes groupes qui constituent le réseau Al Qaeda. A cet égard, il a estimé que le Gouvernement national de transition prend effectivement des mesures contre le terrorisme mais qu’il ne faut pas se faire d’illusion, certains membres au sein du Gouvernement étant, selon lui, liés au problème.
M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a souligné la nécessité, pour la communauté internationale, de prêter plus d’attention à la situation en Somalie. La guerre civile a conduit à des destructions dans tous les domaines, a-t-il remarqué, sans que la communauté internationale fasse autant d’efforts qu’elle a faits pour d’autres pays qui connaissent pourtant des problèmes similaires, le cas des Balkans, par exemple. Des dizaines de décisions ont été prises en ce qui concerne d’autres conflits, mais toutes les déclarations adoptées dans le cas de la Somalie, sont restées lettres mortes, a déploré le représentant.
Il s’est félicité du succès de la Conférence de Djibouti, et a souligné que le Gouvernement national de transition avait bénéficié de nombreux efforts de la part d’organisations régionales pour parvenir à une réconciliation nationale. Il a souligné que sans ressources financières adéquates, il ne serait pas possible de faire revenir la paix en Somalie. Il a noté que des programmes mis en place par le Gouvernement national de transition n’avaient bénéficié d’aucune subvention de quelque sorte que ce soit. Il a suggéré au Conseil de sécurité d’évaluer la sécurité sur le terrain pour ensuite prendre une décision. Il a appuyé la proposition de mettre en place un bureau de consolidation de la paix. Le moment est venu d’agir énergiquement, a lancé le représentant.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a remarqué que des forces politiques de Somalie avaient auparavant fait échouer les efforts internationaux, mais qu’aujourd’hui la communauté internationale dans son ensemble apportait son soutien au jeune Gouvernement national de transition afin de lui permettre de convaincre toutes les parties de rejoindre la coalition gouvernementale. La tâche du président est extrêmement ardue, a indiqué le représentant, d’autant plus que la guerre civile a détruit les structures sociales. Ce pays a toujours besoin de notre soutien, a plaidé le représentant et il a proposé de dépêcher sur place un représentant du Secrétaire général pour évaluer la situation sur le terrain et assurer la coordination entre les pays de la région. Il a prié le Conseil de sécurité de demander aux pays de la région de cesser d’encourager les tendances sécessionnistes en Somalie, sans quoi ce pays pourrait devenir un refuge pour les criminels.
M. MOHAMMED A. ALDOURI (Iraq) a exprimé son souhait à voir la Somalie revenir sur la scène internationale en tant que pays souverain et unifié. Il a assuré le nouveau Gouvernement du soutien de son pays et a demandé au Conseil de sécurité, aux Nations Unies ainsi qu’à la communauté internationale de prendre la question de la Somalie au sérieux. Cela suppose qu’il faudra y consacrer d’importantes ressources financières, a précisé le représentant, en espérant que les Etats arabes et la Communauté internationale dans son ensemble se montrent solidaires. Il a appelé les Etats Membres à apporter une aide immédiate à la Somalie afin d’aider le pays à se redresser. La nomination d’un représentant du Secrétaire général pour la Somalie et pour la coordination avec les pays voisins contribuera certainement à résoudre certains des principaux problèmes de la Somalie et à renforcer les institutions de l’Etat, a souligné le représentant. Il a regretté les réticences du Conseil de sécurité et a rappelé que les hésitations ne feraient que renforcer les problèmes de la Somalie.
M. BOB F. JALANGO (Kenya) a salué le retour de la Somalie dans le concert des Nations grâce à son Gouvernement national de transition (GNT) et rappelé la détresse du peuple somalien qui a souffert des conflits et de l’isolement depuis 1991. Il a mentionné les initiatives de l’IGAD, de l’OUA et des Nations Unies pour trouver une solution au problème de l’absence de l’Etat en Somalie et a exhorté les Nations Unies à redoubler d’efforts pour assister le peuple somalien et le GNT dans la mise en oeuvre d’institutions nationales efficaces et dans la relance de l’économie et du développement.
M. MOKHTAR LAMANI, Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), a salué les efforts des pays voisins de la Somalie, notamment de Djibouti pour son rôle actif dans la recherche d’un règlement permanent de la crise somalienne. Les Nations Unies, a-t-il souhaité, doivent poursuivre leurs efforts avec les organisations régionales telles l’OCI, l’Organisation de l’unité africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement. Il s’est félicité de la perspective d’un Comité des amis de la Somalie qui contribuerait à rechercher des solutions durables et à mobiliser des fonds. L’Observateur de l’OCI a reconnu que la situation restait précaire et qu’il ne lui semblait pas opportun d’ouvrir en Somalie un Bureau de l’ONU dans les circonstances actuelles. Toutefois, M. Lamani a fait valoir que le Processus d’Arta avait déjà permis de former une Assemblée et un gouvernement de transition, aussi la communauté internationale, a-t-il plaidé, doit-elle fournir l’aide nécessaire à la reconstruction d’une administration centrale.
Reconnaissant que la responsabilité de la paix en Somalie incombe à son peuple et à ses dirigeants, M. Lamani a jugé que la communauté internationale devait leur venir en aide. De l’avis de sa délégation, la communauté internationale repense actuellement ses priorités, soulignant toutefois que la paix et la sécurité sont des objectifs sérieux, urgents et interdépendants et que la situation en Somalie exige une intervention immédiate pour que ces objectifs soient réalisés. En agissant, la communauté internationale est tenue de respecter l’intégrité, la souveraineté et l’indépendance de la Somalie.
M. David Stephen, représentant du Secrétaire général et Chef du Bureau politique des Nations Unies en Somalie, a déclaré que le Bureau n’avait pas les moyens de contrôler tous les flux d’armes en direction ou en provenance de la Somalie. En réponse aux inquiétudes concernant la sécurité, il a remarqué que lors de sa dernière visite à Mogadishu, en septembre, il avait cru ressentir une tension bien inférieure à ce qu’était celle-ci au mois de mars. Concernant le faible montant de l’aide financière fournie, il a déclaré qu’il n’était pas en mesure de parler au nom des donateurs, mais qu’à son avis les échecs passés ne les avaient pas encouragés à engager de grosses dépenses. Il a fait allusion au projet de Comité des amis de la Somalie, en remarquant que cette question ferait l’objet de nouvelles consultations et que le Secrétaire général tiendrait compte des remarques formulées à cet effet.
M. ALI KHALIF GALAYDH, Premier Ministre de Somalie, a remarqué que les gens qui avaient causé les événements de 1993 étaient les mêmes que ceux qui continuent de rejeter le processus d’Arta et avec lesquels on nous demande d’entamer le dialogue. Il a regretté que l’envoi d’une mission de la paix achoppe sur le problème de la sécurité, car si l’ONU n’envoie pas de personnel il n’y a aucune chance de promouvoir la paix ou la sécurité en Somalie, a-t-il déclaré, et c’est un cercle vicieux qui s’installe. Il a dit comprendre la nervosité de certains Etats vis-à-vis de la question de la sécurité, mais c’est du destin de tout un peuple qu’il s’agit, a–t-il rappelé. La Somalie est Membre des Nations Unies, a déclaré le représentant, et tout ce qu’elle demande c’est qu’on la traite comme les autres pays qui ont des problèmes post-conflit. L’ONU a envoyé des forces en Sierra Leone et au Kosovo, a rappelé le représentant, alors pourquoi la Somalie est-elle mise à l’écart et pourquoi lui impose-t-on des conditions de sécurité aussi strictes? Pour sortir de cette impasse, il a soutenu l’idée d’une mission d’établissement des faits qui procéderait sur place à des évaluations fréquentes. Il a déploré que sur les 100 millions de dollars d’aide humanitaire reçue par la Somalie, une infime partie ait été consacrée à la formation des forces de police. Si la sécurité a autant d’importance, a-t-il remarqué, il faudrait y consacrer plus d’argent, ainsi qu’à la collecte d’informations. Il a déclaré que le Processus de paix d’Arta avait réussi parce qu’il est contraire aux douze précédents, taillés sur mesure pour les seigneurs de guerre. Le Processus d’Arta a été élaboré par des gens qui ont une légitimité à parler au nom du peuple somalien. Il n’y a pas d’autre solution que dans le peuple somalien, a insisté le représentant. Il a suggéré aux membres du Conseil de venir sur le terrain pour constater qu’aucun seigneur de guerre ne pourra jamais contribuer à la paix en Somalie.
Se disant choqué par les allégations de l’Ethiopie, selon lesquelles il y aurait des extrémistes au sein du GNT, le Premier Ministre a déclaré que la grande frontière en commun avec l’Ethiopie ne donnait pas à ce pays un droit de regard sur les affaires somaliennes. Il a rejeté les accusations selon lesquelles l’Afghanistan enverrait des armes par bateaux en Somalie. Les seules armes qui viennent en Somalie sont celles qui passent par la frontière avec l’Ethiopie, a indiqué le Premier Ministre, et il ne s’agit pas que d’armes légères mais aussi de mines terrestres. Cela n’aide pas la lutte antiterroriste de montrer du doigt certains Etats, a-t-il déclaré.
Le Premier Ministre s’est félicité de l’appel lancé en faveur de l’aide humanitaire, tout en ajoutant que la Somalie avait avant tout besoin de pluie, qui n’était pas tombée depuis deux ans. Une situation d’autant plus difficile pour les agriculteurs et éleveurs, a-t-il remarqué, que les exportations de bétail avaient cessé en raison de la fièvre qui touche la vallée du Rift.
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