En cours au Siège de l'ONU

CS/2099

APRES L’INDEPENDANCE, L’ONU MAINTIENDRA AU TIMOR ORIENTAL UNE PRESENCE INTERNATIONALE DOTEE D’UNE COMPOSANTE MILITAIRE

26/01/2001
Communiqué de presse
CS/2099


Conseil de sécurité

4265e séance -matin et après-midi


APRES L’INDEPENDANCE, L’ONU MAINTIENDRA AU TIMOR ORIENTAL UNE PRESENCE INTERNATIONALE DOTEE D’UNE COMPOSANTE MILITAIRE


José Ramos-Horta, Prix Nobel de la paix et responsable des affaires

étrangères du Timor oriental s’exprime, devant le Conseil de sécurité


      Les Nations Unies devront maintenir une présence internationale au Timor oriental après l’indépendance de ce pays, sous la forme d’une force que l’ONU devrait négocier avec les futures autorités souveraines de ce pays, ont estimé aujourd’hui l’ensemble des délégations qui sont intervenues devant le Conseil de sécurité, lors du débat sur la situation au Timor oriental.  Le Conseil qui examinait le rapport du Secrétaire général sur l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO), déployée depuis l’automne 1999, après que les Est-Timorais eurent rejetés, dans le cadre d’une consultation populaire, le statut d’autonomie spéciale proposée par l’Indonésie.  Le représentant du Timor oriental, a entendu le chef du Département des affaires étrangères du Cabinet provisoire, M. José Ramos-Horta, de même, que le Président en exercice de l'Assemblée générale, M. Harri Holkéri, qui s'est rendu récemment au Timor oriental.


      Au cours du débat, les délégations ont pris note du fait que les est-Timorais sont de plus en plus nombreux à vouloir l’indépendance avant la fin 2001, dans le cadre d'un calendrier politique adopté le 12 décembre 2000 par le Conseil national timorais, lequel prévoit, en particulier, l'élection préalable d'une Assemblée constituante, vers la fin août.  Compte tenu des efforts qu’il reste à déployer, les délégations ont convenu que le Timor oriental indépendant aura toujours besoin d’une présence internationale importante, y compris d’une force militaire pour assurer sa sécurité.  Dans l’intervalle, les délégations ont souscrit à une prorogation du mandat de l’ATNUTO jusqu’au 31 décembre pour, comme l’a expliqué la France, «permettre de parcourir dans la sérénité la période mouvementée de la transition politique».


Cette marche vers l'indépendance se fait progressivement, dans le cadre d'une politique de "timorisation", a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de l’ATNUTO, M. Sergio Vieira de Mello qui a indiqué que cette politique consiste à déléguer et transférer progressivement aux Est-Timorais diverses responsabilités - législative, exécutive et judiciaire - plutôt que d'opérer un transfert brutal des compétences actuelles de l’ATNUTO lors de l'indépendance.  M. Ramos-Horta s’est félicité de la "timorisation" en cours, et a souligné qu'il ne suffit pas de déléguer des responsabilités, mais qu'il faut aussi fournir aux Est-Timorais les moyens d’accomplir leur tâche.  Il a demandé que le processus de recrutement des Est-Timorais soit immédiatement renforcé et que les ambiguïtés structurelles et administratives entre l’ETTA – Cabinet transitoire -et l’ATNUTO soient levées. 


(à suivre -1a)


M. Harri Holkeri, Président de l'Assemblée générale, a jugé cruciale la "timorisation" de l'administration locale, qui doit être développée vigoureusement.  Toutefois, elle ne pourra pas, dans un avenir proche, remplacer entièrement une présence internationale.  Les attentes de la population locale sont compréhensibles mais le désir de trouver une solution rapide doit être tempéré par la prise de conscience du fait que la réalisation d'institutions démocratiques est, même dans les meilleures conditions, une tâche délicate et complexe, a-t-il fait remarquer.  La communauté internationale devra poursuivre son assistance au territoire même après l’indépendance, ont insisté les délégations.


De l’avis général, cette assistance devra prendre de nombreuses formes, notamment une assistance économique et technique, qui mobilisera, entre autres, les différentes agences des Nations Unies et les institutions financières internationales.  Les délégations se sont félicitées de l’avis du Secrétaire général selon lequel l’appui futur de la communauté internationale doit être fourni dans le cadre d’une mission intégrée dirigée par un représentant spécial.  Cette mission devrait être mandatée par le Conseil de sécurité et financée au moyen de quotes-parts auxquels viendraient s’ajouter des contributions volontaires.  L’appui international devrait aussi se manifester, par le maintien, à un niveau qui reste à définir, d’une force militaire internationale chargée d’assurer la sécurité du jeune Etat en attendant que la nouvelle Force de défense est-timoraise soit opérationnelle.


Comme l’a fait remarquer M. Ramos-Horta, la sécurité d’un Etat s’assure aussi par des relations de bon voisinage.  Les délégations ont donc insisté sur l’importance de relations normales entre Timor oriental et l’Indonésie.  Bon nombre de ces Etats ont encouragé le gouvernement indonésien à poursuivre dans la voie actuelle, marquée par des contacts plus nombreux et par des mesures pour juger les auteurs présumés des crimes commis contre des agents humanitaires dans les camps de réfugiés du Timor oriental, en septembre.  La question des réfugiés des camps du Timor occidental et des attaques des milices reste, de l’avis de nombreuses délégations, un des principaux obstacles à des relations stables et harmonieuses entre le Timor oriental et l’Indonésie.  Le représentant de l’Indonésie a réaffirmé la volonté de son gouvernement de collaborer avec l’ATNUTO et les dirigeants est-Timorais, et a rappelé que les procès des auteurs présumés de certains des crimes ont commencé.


Plusieurs délégations ont insisté sur l’enjeu que le Timor oriental représente pour l’ensemble de l’Asie du Sud-Est.  Le représentant de Singapour a ainsi insisté sur la communauté de destin entre le Timor oriental et l’Indonésie, un pays dont l’évolution peut, a-t-il estimé, avoir des conséquences pour toute la région. 


Outre MM. Vieira de Mello, Ramos-Horta et Holkeri, M. Mark Malloch-Brown, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Président du Groupe des Nations Unies pour le développement,  M. Klaus Rohland, Directeur à la Banque mondiale, chargé de l’Asie de l’Est et du Pacifique et du Timor oriental, et M. Luis Valdivieso, Conseiller au département Asie-Pacifique du Fonds monétaire international se sont également exprimés devant le Conseil sur le rôle respectif de leurs institutions au Timor oriental.


Lors du débat, les représentants des quinze membres du Conseil de Sécurité ont pris la parole, ainsi que les représentants de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Japon, de la Suède (au nom de l’Union européenne), du Chili, du Brésil, de Fidji, de la République de Corée, des Philippines, du Mozambique et de l’Indonésie.


Administration transitoire de l’ONU au Timor oriental  (S/2001/42)


      Le rapport sur la question souligne que les Timorais sont de plus en plus nombreux à vouloir l’accession à l’indépendance avant la fin 2001.  En conséquence, le 12 décembre dernier, un calendrier politique proposé par M. Xanana Gusmao a été approuvé qui porte sur plusieurs phases dont la phase 1 comprend la tenue d’une consultation nationale et l’adoption de décisions concernant les modalités électorales et la composition de l’Assemblée constituante.  Au cours de la phase 2, une constitution sera rédigée, dont les modalités d’adoption restent encore à définir.  Cette étape sera suivie par la mise en place du gouvernement.  Si la formule d’un régime présidentiel, qui semble avoir la préférence actuellement, est retenue, des élections auront lieu.  Le calendrier de réalisation de ce programme sera fonction de plusieurs facteurs, dont les conditions de sécurité et la complexité du processus politique de décision.  Selon la version la plus courte, les élections pourraient avoir lieu au cours de l’été et l’indépendance pourrait être déclarée vers la fin de l’année.  L’ATNUTO, l’Administration transitoire de l’ONU sur le territoire, sera entièrement responsable du déroulement des élections.


Cette évolution est aujourd’hui possible parce que ces six derniers mois, l’effort tendant à accélérer le transfert des pouvoirs aux Timorais s’est poursuivi, est-il écrit dans le rapport de l’ATNUTO qui note que le 23 octobre 2000 a été créé le Conseil national, composé de 36 membres et présidé par

M. Xanana Gusmao.  La création d’un cabinet à majorité timoraise, que M. Ramos Horta a rejoint le 19 octobre pour s’occuper des affaires étrangères, le système judiciaire et le conseil national, les Timorais exercent maintenant une bonne partie des pouvoirs de l’Etat.  La délégation progressive des pouvoirs jusqu’à ce que ceux-ci soient entièrement transférés au Gouvernement d’un Timor oriental indépendant va se poursuivre tandis que l’ONU continuera d’assumer la responsabilité générale qui lui a été confiée par la résolution 1272 (1999).  L’ATNUTO participe également à la création d’une force de défense du Timor oriental, autre innovation liée elle aussi à la responsabilité de la mission qui est de préparer le Timor oriental à l’indépendance.  La mise en place de la Force de défense - force d’infanterie légère composée de 1 500 réguliers et de 1 500 réservistes (recrutés initialement dans les Forces armées de libération nationale du Timor oriental, le FALINTIL, l’ancienne force de guérilla) – est coordonnée par l’Administration transitoire mais dépend entièrement de l’appui des gouvernements qui ont fait savoir qu’ils étaient disposés à apporter leur aide. 


Le Secrétaire général indique que la question de la sécurité demeure préoccupante.  Les infiltrations de groupes de miliciens venus du Timor occidental ont diminué ces derniers mois mais la menace demeurera tant que le Gouvernement indonésien n’aura pas démantelé ces groupes.  Cette mesure constituerait aussi une étape essentielle vers une solution au problème des réfugiés toujours hébergés dans des camps au Timor occidental.  C’est aussi compte tenu des activités des milices que l’ATNUTO a remis à plus tard la réduction prévue de sa composante militaire et qu’elle a en fait incorporé une nouvelle compagnie d’infanterie, renforcé sa capacité de surveillance et d’information et étoffé sa composante pour les affaires civiles-militaires. 


Le Secrétaire général reconnaît que l’objectif de réaliser l’indépendance du Timor oriental avant la fin de l’année est ambitieux et ne laisse guère de place à des retards techniques ou politiques.  Toutefois, le fait d’avoir fixé cet objectif permettra de faciliter le processus de transition.  Il rappelle qu’il ne faut pas oublier qu’une fois devenu indépendant le Timor oriental aura encore besoin d’une aide internationale importante qui devra aller bien au-delà du type d’aide normalement consenti à un pays en développement.  C’est ainsi par exemple que la Force de défense du Timor oriental, évoquée plus haut, ne sera pas complètement établie d’ici la fin de l’année et qu’il faudra par conséquent sans doute maintenir ce qui est à l’heure actuelle la composante militaire de l’ATNUTO.  De même, la mise en place d’une police timoraise se poursuivra bien au-delà de 2002, ce qui signifie qu’il faudra maintenir une présence policière internationale.  L’appareil judiciaire aura lui aussi besoin d’un appui international pendant plusieurs années encore.


Pour être efficace, cet appui devrait, de l’avis du Secrétaire général, être fourni dans le cadre d’une mission intégrée dirigée par un Représentant spécial.  Cette mission devrait être mandatée par le Conseil de sécurité et financée au moyen de quotes-parts.  Le Secrétaire général précise qu’il est entendu que l’aide financière au Timor oriental devra être apportée sous forme de contributions volontaires comme c’est le cas à l’heure actuelle.  Il rappelle toutefois qu’en novembre dernier le Conseil a prié le Président de l’Assemblée générale d’envisager la possibilité d’autoriser une utilisation plus flexible des ressources prévues aux budgets statutaires dans le cas d’opérations complexes de maintien de la paix, comme l’ATNUTO.  Il estime que ce principe devrait également s’appliquer aux activités faisant suite à l’opération.  Sous réserve de la décision du Conseil, la nouvelle opération déploierait ses activités dans un Timor oriental indépendant conformément à un accord qui serait conclu avec le nouveau gouvernement.  M. Annan a demandé à l’ATNUTO de dresser des plans dans ce sens et il entend présenter ses recommandations au Conseil de sécurité le moment venu.  Ce faisant, le Secrétaire général recommande de proroger le mandat de l’ATNUTO jusqu’au 31 décembre 2001.


Déclarations


M. SERGIO VIEIRA DE MELLO, Représentant spécial du Secrétaire général et Administrateur transitoire au Timor oriental, a rappelé que la résolution 1272 du conseil donnait à l’ATNUTO un mandat sans précédent, puisqu’elle devait se charger d’une responsabilité législative, exécutive et judiciaire totale, afin d’amener le pays à l’indépendance.  Il reste encore beaucoup à faire, malgré les progrès réalisés, en particulier dans les domaines de l’infrastructure, de la santé et de l’éducation, où nos efforts sont restés très en deçà de ce qui est nécessaire, a ajouté M. Vieira de Mello.  Au cours du processus de transition, la délégation progressive de l’autorité de l’ATNUTO aux organes timorais s’est poursuivie, et la « timorisation » à tous les niveaux se produit en douceur et progressivement.  Les institutions timoraises existent, comme le démontre la présence, aujourd’hui, devant le Conseil, du ministre des Affaires étrangères du Timor.  Ce glissement  de la manière dont l’ATNUTO accomplit son mandat est la pierre angulaire de la mise en oeuvre du mandat, a ajouté l’Administrateur.


Il a rappelé la difficulté à adapter le problème des missions traditionnelles de maintien de la paix à de nouveaux types de mission, qui concernent tous les aspects de la gouvernance.  Ceci s’est senti notamment dans le domaine financier.  L’ATNUTO est une mission très novatrice.  Les règles et les procédures doivent s’adapter à l’environnement changeant.  Nous ne pouvons pas attendre que le nouveau gouvernement est-timorais accomplisse les tâches appropriées avec un budget annuel « cruel » de 59 millions de dollars, sans pouvoir utiliser les ressources beaucoup plus considérables de l’ATNUTO.


La date de l’indépendance reste à déterminer.  Toutefois, il y aura des élections au milieu de l’année 2001, peut-être le 30 août, en particulier celle à l’Assemblée constituante chargée de préparer la constitution, mais qui aura sans doute aussi un rôle législatif durant la transition.  C’est l’ATNUTO qui gardera l’entière responsabilité de veiller à ce que ces élections soient libres et honnêtes.  Cependant, s’agissant de l’élection présidentielle ou de la question de savoir si l’Assemblée constituante se transforme en vraie assemblée législative, les Est-Timorais seront appelés à répondre à cette question.  En même temps, il est indiscutable que le personnel international restera en place afin de superviser certains domaines, a dit M. Vieira de Mello.  Par exemple, il n’y a actuellement qu’un seul chirurgien est-timorais.  De même, il n’y a pas encore d’avocats, le système de contrôle des frontières reste rudimentaire, etc...  L’ATNUTO entend présenter des propositions plus complètes et plus concrètes lors de la prochaine conférence des bailleurs de fonds, à Canberra, en juin.


M. Vieira de Mello s’est dit optimiste sur les perspectives d’un accord concernant le partage des ressources en gaz de la mer de Timor.  En outre, les autorités du Timor indépendant voudront peut-être modifier leurs priorités, a noté M. Vieira de Mello, qui a cité notamment le problème de la justice, pour laquelle il a lancé un nouvel appel pour obtenir des ressources supplémentaires.


Pour M. Vieira de Mello, certaines des recommandations faites par la mission du Conseil en Indonésie en novembre ont été suivies d’effet, notamment en ce qui concerne les poursuites contre des personnes accusées de crimes contre des employés des nations Unies ou des casques bleus.  En outre, l’infiltration des milices depuis le Timor occidental s’est considérablement réduite.  Cela est dû en partie à la saison des pluies, en partie à l’efficacité des forces internationales, mais en partie aussi aux initiatives prises par le commandement indonésien, a dit M. Vieira de Mello, qui  a souhaité que le personnel humanitaire puisse être rapidement en état de reprendre ses activités au Timor occidental.


Le principal espoir pour le Timor Est réside dans une frontière sûre avec l’Indonésie et des rapports amicaux avec ce dernier pays, sans quoi les maigres ressources du Timor seraient absorbées par les questions de sécurité.   En outre, il faut poursuivre la formation de la police nationale timoraise mais celle-ci ne sera pas opérationnelle avant 2004.  Une force de police internationale devrait donc rester encore longtemps, avant de pouvoir se retirer progressivement.


M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Président du Groupe des Nations Unies pour le développement, a estimé que la première tâche à accomplir, à ce stade, consiste à jeter un pont entre le travail de secours d’urgence et un programme à plus long terme de reconstruction et de développement. Les institutions et programmes des Nations Unies ont déjà consacré quelque 136 millions de dollars aux besoins à court terme en même temps qu’ils ont commencé à créer de véritables capacités nationales pour l’avenir.  La famille des Nations Unies a entrepris, à cet égard, une évaluation détaillée des besoins futurs en développement et continue de jouer un rôle clé dans la coordination du nouveau processus de développement.  Poursuivant, l’Administrateur a néanmoins reconnu que le système des Nations Unies a eu quelques difficultés à réaliser de réels progrès dans les domaines les plus prioritaires, à savoir la création d’une capacité institutionnelle qui permettrait aux est-Timorais de gérer leur pays et de satisfaire les besoins de leur population.  Les Nations Unies doivent donc accorder l’attention requise au développement d’institutions démocratiques et d’un service public responsable, tout en restant un partenaire du développement. 

En la matière, le PNUD a déjà développé un plan d’action relatif à des domaines clés couvrant l’administration de la transition, les ressources humaines, l’assistance électorale ou encore la mise en place d’un système judiciaire efficace.  A cette fin, le PNUD est déterminé à œuvrer étroitement avec les institutions de Bretton Woods, la société civile et les autres partenaires.  L’Administrateur du PNUD, abordant la question des ressources et lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu’il recherche de nouveaux moyens visant à adapter les mesures financières actuelles ou à établir d'autres mesures qui permettraient de placer les priorités citées au cœur des préparatifs du processus d’indépendance.  Le financement des coûts de l’administration actuelle,  sans toutefois investir dans la création d’une administration est-timoraise pour l’avenir consiste à manquer de vision à long terme, comme c’est le cas aujourd’hui.  Nous devons trouver un financement et une stratégie de programmation qui visent l’indépendance, a conclu l’Administrateur du PNUD.


M. KLAUS ROHLAND, Directeur à la Banque mondiale, chargé de l’Asie de l’Est et du Pacifique et du Timor oriental, a indiqué que la Banque mondiale réexamine son opération d’appui au Timor oriental afin d’identifier les domaines dans lesquels des améliorations s’avèrentnécessaires.  Il semble qu’il est nécessaire de développer un plan clair et structuré pour la transition et pour le mandat post-indépendance.  Un tel plan, doit être mis en œuvre le plus tôt possible pour permettre la mobilisation de ressources adéquates.  Il doit se concentrer sur un petit nombre d’objectifs clés et ne doit pas chercher à couvrir tous les domaines.  La mise en œuvre du plan doit être dirigée par les Est-Timorais eux-mêmes et devra être appuyée par la communauté internationale.  Le plan doit être largement diffusé parmi les fonctionnaires timorais et des autres Etats, la population timoraise et les partenaires de développement afin que tous comprennent la voie empruntée.  Enfin, la mise en œuvre du plan nécessitera une gestion et un contrôle adéquats afin d’obtenir des résultats sur le terrain. 


Le Directeur a estimé que le secteur de l’administration aura une importance cruciale dans le processus de transition.  Il a souligné la nécessité absolue pour les Est-Timorais d’hériter d’une administration composée de systèmes efficaces et de ressources humaines capables, d’une administration responsable, non corrompue et à l’abri des ingérences politiques.  Il est important,  que les Timorais participent pleinement à l’administration transitoire  conduisent à l’indépendance, ce qui leur permettra d’assurer que l’Etat en création sera réellement l’Etat qu’ils veulent pour l’avenir.  Une passation de pouvoir réussie nécessitera un effort concerté dans le recrutement et dans la création des capacités humaines et constitutionnelles au cours des prochains mois. 


Il faut reconnaître que l’indépendance n’est pas seulement un processus politique mais également un processus économique.  A cet égard, il doit être fondé sur une gestion fiscale assurant un équilibre des revenus et des dépenses. Nous devons intégrer les plans politique, administratif et économique, de manière la plus  efficace que cela n’a été le cas jusqu’à présent.  Les Est-Timorais ont besoin d’un Etat capable mais aussi d’un système durable de gestion des finances publiques.  Il faut tout mettre en œuvre, a dit le Directeur, pour éviter des projets qui ne pourraient pas être maintenus par le futur Etat comme il faut à tout prix éviter une multiplication de fonctions et d’agences gouvernementales qui seraient plus appropriées dans un pays plus grand et plus riche.  Le redressement et la croissance du secteur privé sont également  importants d’autant que le retrait de nombreux fonctionnaires internationaux pendant la période transitoire conduira à des pertes d’emplois dans les institutions publiques et dans le secteur des services. 

Cette question est importante car elle participe du lien entre la sécurité et le développement économique.  Il convient donc de travailler avec les dirigeants est-timorais, l’ATNUTO et le Fonds monétaire international pour veiller à ce qu’une bonne stimulation économique soit apportée avant la transition et pour renforcer les allocations budgétaires aux services sociaux et aux infrastructures économiques essentielles.  Le représentant a souhaité que le Fonds d’affectation spéciale pour le Timor oriental soit transformé en un mécanisme qui appuierait un budget plus intégré et plus durable pour le nouveau gouvernement.  Il a annoncé des discussions, dans ce sens, avec les Est Timorais, l’ATNUTO, les Nations Unies et les donateurs.


M. LUIS VALDIVIESO, Fonds monétaire international, (FMI), a déclaré que le rôle du FMI au Timor oriental s'est attaché à développer un cadre macroéconomique susceptible de guider la prise de décision économique, ainsi que le renforcement des capacités en développant des programmes de formation et en mettant en place des institutions, afin de s'assurer que les politiques économiques soient mises en œuvre de manière appropriées et que les ressources mises à la disposition du Timor oriental soient utilisées avec efficacité et de manière responsable.  En dépit des progrès réalisés, la tâche qui doit encore être accomplie est "monumentale".  Afin d'aider le Timor oriental à parvenir à un développement économique durable, le FMI continuera de souligner la nécessité d’élaborer des politiques macroéconomiques cohérentes et crédibles, de renforcer des capacités et de créer des conditions propices pour le secteur privé. 


La stratégie adoptée par le FMI passe par la restauration du système des paiements, le développement d'un cadre fiscal de base ainsi que d'un programme complet d'assistance technique.  Dans les secteurs monétaires et financiers, le dollar des Etats-Unis a été adopté comme monnaie légale.  Bien que son usage soit de plus en plus courant, le "rupiah" continue d'être largement utilisé.  Le dollar australien circule surtout à Dili.  Le Bureau central des paiements et l'Autorité fiscale centrale sont opérationnels.  Le FMI a élaboré un programme des questions fiscales liées au pétrole afin d'assurer le développement des ressources pétrolières du Timor oriental et afin qu'une part élevée des bénéfices qui en découlent revienne à ce pays.  La création de capacités de direction nationales dans le domaine financier a été lente et pour renforcer les compétences des fonctionnaires du Timor oriental l’Institut régional de formation de Singapour leur offre un cours sur les principes économiques de base.  La politique fiscale sera essentielle à la création d'un climat macroéconomique propice.  Il faut également que le Bureau central des paiements jouisse d'une autonomie financière.  En ce qui concerne le secteur privé, la Banque mondiale et le FMI s'efforcent de mettre en place la législation économique nécessaire pour encourager les initiatives privées.  Il est particulièrement urgent de créer un cadre légal dans les domaines commercial, foncier, du règlement des différends, du travail et des procédures de faillite.  La nécessité d'un cadre juridique pour les investissements étrangers se fait également sentir. 


M. HARRI HOLKERI, Président de l'Assemblée générale, a indiqué qu'il s'est rendu en Asie du Sud-Est, du 10 au 17 janvier 2001, et notamment au Timor oriental et en Indonésie.  Il a rendu hommage aux femmes et aux hommes, civils et militaires, qui servent les Nations Unies au Timor oriental, et a salué la direction de M. Vieira de Mello, dans un contexte matériel et politique très difficile.  M. Holkeri a jugé indispensable que la Mission reçoive de la part du Siège des Nations Unies tout le soutien dont elle a besoin pour surmonter ces difficultés.  Il a estimé qu'en outre, une étroite coopération entre toutes les agences des Nations Unies est nécessaire au succès de cette mission multidimensionnelle.  Le Président de l'Assemblée générale a déclaré qu'il y existe au Timor oriental un écart très net entre les attentes de la population locale et le processus douloureusement lent par lequel cette nation devra probablement passer pour se construire.  Dans un pays qui, de toute son histoire, n'a jamais joui de l'autodétermination ni d'un gouvernement démocratique, ce désir de solution rapide est compréhensible.  Mais il doit être tempéré en prenant conscience du fait que la réalisation d'institutions démocratiques est, même dans les meilleures conditions, une tâche délicate et complexe. 


Poursuivant, H. Holkeri a déclaré que la société du Timor oriental est confrontée à la question fondamentale de la justice contre la réconciliation.  Au sein des dirigeants politiques, il semble y avoir une véritable volonté appréciable de se diriger vers une réconciliation nationale incluant au maximum d'anciens éléments pro-indépendantistes se trouvant à présent au Timor occidental.  En même temps, il existe une forte conviction, en particulier dans le public, selon laquelle la justice est la condition préalable à toute véritable réconciliation.  M. Holkeri a estimé que ces deux démarches ne sont pas incompatibles puisque les personnes responsables de violations des droits de l'homme et de crimes contre l'humanité doivent être traduits en justice et qu'en même temps, il faut promouvoir activement la réconciliation à tous les niveaux.  Il a également été d'avis qu'en dépit de progrès appréciables, il serait irréaliste et même irresponsable d'envisager un retrait de la mission des Nations Unies à brève échéance du Timor oriental.  La "timorisation" de l'administration locale est cruciale et doit être développée vigoureusement mais, dans un avenir proche, cela ne pourra pas remplacer entièrement une présence internationale. 

M. Holkeri a jugé très préoccupante la situation aux zones frontalières entre le Timor occidental et le Timor oriental.  Sans avoir pu visiter le Timor occidental, il lui est apparu clairement qu’il reste encore beaucoup à faire pour désarmer et démanteler les milices.  Cette mesure est indispensable pour permettre aux Nations Unies de retourner au Timor occidental et pour mettre fin aux violences contre les populations civiles, et en particulier les femmes.  M. Holkeri a déclaré que lors de ses entretiens avec les autorités de Djakarta, des représentants indonésiens ont exprimé l'espoir que les Nations Unies, en particulier le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, pourraient bientôt retourner au Timor occidental. 


M. JOSE RAMOS-HORTA, responsable du Département des affaires étrangères de l’Administration transitoire du Timor-oriental (ETTA), a illustré les progrès réalisés depuis la création de l’ATNUTO par son exemple personnel, rappelant qu’il était rentré au Timor oriental le 1er décembre 1999, après 24 ans d’exil, alors que tout avait été détruit.  Tout en reconnaissant que le personnel international avait fait preuve d’un réel engagement, d'honnêteté et de professionnalisme, il a estimé que son recrutement aurait pu être plus prudent et les affectations mieux préparées, ce qui aurait permis d’éviter le gaspillage, aujourd’hui rectifié.  Des progrès ont été faits, notamment la mise en place d’une infrastructure, entre autres les écoles, les hôpitaux  et l’administration des soins comme les vaccinations.  L’économie est en réelle croissance, bien que fragile.  Plus de

1 800 entreprises ont été créées et plus de 80% de celles-ci sont dirigées par les Est-Timorais.  Les négociations concernant la Mer de Timor incitent à l’optimisme.  Il s'est félicité de la « timorisation » en cours. Toutefois, il ne suffit pas de déléguer des responsabilités: faudrait-il encore leur trouver les moyens d’accomplir leur tâche. La « timorisation » ne peut être menée à bien lorsqu’un ou plusieurs fonctionnaires internationaux font le travail.  Nous reconnaissons leur dévouement mais nous demandons que le processus de recrutement des Est-Timorais

soit immédiatement renforcé, a poursuivi M. Ramos-Horta, qui a demandé que soient levées les ambiguïtés structurelles et administratives entre l’ETTA et l’ATNUTO.  L’ETTA doit se voir attribuer les moyens pour travailler correctement et efficacement après l'indépendance.


M. Ramos-Horta s’est félicité de la situation actuelle en matière de sécurité ».  Grâce notamment aux force de maintien de la paix, l’activité des milices est pratiquement nulle. En outre, la criminalité reste au plus bas niveau, et il n’y a pas eu de violence politique comme on pouvait le craindre, grâce à la maturité et au sens des responsabilités du peuple est-timorais.  Toutefois, on pourrait améliorer le fonctionnement de la police internationale, en la réorganisant selon des critères nationaux, comme les forces militaires.  M. Ramos-Horta a cité, comme un modèle, la force de réaction rapide portugaise.  Tout en étant conscient que la force internationale sera réduite après l’indépendance,

M. Ramos-Horta a souhaité le maintien d’une certaine force, sachant que la création d’une force de défense est-timoraise à été décidée.  Toutefois, une force de défense, n’est pas l’unique moyen de garantir la sécurité nationale.  Nous devons forger des partenariats régionaux et nous entendre avec nos voisins.


Rappelant qu’il ne peut y avoir de paix sans justice, M. Ramos-Horta a déclaré qu’il ne ménagerait aucun effort pour engager le dialogue avec les factions dites « autonomistes ».  Mais ceux qui sont impliquées dans des crimes graves doivent répondre de leurs actes devant les tribunaux.   M. Ramos-Horta a affirmé qu’il entendait poursuivre le processus de normalisation avec l’Indonésie, et a rendu hommage au Président Abdurrahman Wahid pour le processus démocratique dans lequel il s’est engagé.  Les relations entre le Timor oriental et Djakarta détermineront l’avenir des relations spéciales entre le Timor oriental et la province indonésienne du Nusa Tengara Timur (Timor occidental), avec laquelle la frontière reste poreuse.  Conscient du ressentiment des Ouest-Timorais face à leurs voisins qui sont l’objet de l’aide internationale, M. Ramos-Horta a souhaité qu’on donne suite à l’idée, déjà discutée lors du Sommet du Millénaire, d’un consortium pour aider le Timor occidental. Mais il a rappelé que le sort de nombreux Est-Timorais retenus contre leur gré dans des camps de Timor occidental constitue un obstacle à l’amélioration des relations avec l’Indonésie.  Les autorités de ce pays doivent en outre poursuivre leurs efforts pour démanteler les gangs armés qui sévissent dans des camps de réfugies.  M. Ramos-Horta a souhaité l'envoi d’une mission des Nations Unies en Indonésie afin d’étudier la situation dans ces camps.


M. Ramos-Horta a rappelé qu’en décembre, le Conseil national est-timorais a adopté un calendrier de transition politique vers l’indépendance et a suscité un large débat national.  Il en résulte l’examen de thèmes persistants : la violence, l’adhésion aux principes de la démocratie et du règne du droit, a-t-il observé.  Il reste encore d'autres en suspens, comme le type d’organes démocratiques à constituer ou le système électoral à adopter, mais M. Ramos-Horta a souhaité qu’un Pacte national soit signé dès le mois prochain., avant la tenue, en mai, d’une conférence constitutionnelle qui préparera la future constitution.  Viendront ensuite, fin août, des élections pour former une assemblée constituante dotée des pleins pouvoirs, qui disposera de trois mois pour adopter une constitution, avant de devenir la première assemblée législative.  C’est à cet organe qu’il appartiendra de fixer la date des élections, y compris l’élection présidentielle, et celle de la déclaration d’indépendance.  Un gouvernement provisoire sera constitué, qui reflètera les résultats de l’élection à la Constituante, a ajouté M. Ramos-Horta, qui, en conclusion, a invité chaque membre du Conseil de sécurité à Dili pour le Jour de l’Indépendance. 

M. STEWART ELDON (Royaume-Uni), tout en saluant ce qui a été accompli, jusqu’ici au Timor oriental, a souhaité que les félicitations de mise aujourd’hui ne mènent pas à la complaisance.  Il nous faut reconnaître, a dit le représentant, que l’établissement d’un nouvel Etat n’est pas chose facile.  L’indépendance étant prévue pour la fin de l’année, il est essentiel que ces six prochains mois soient consacrés à une délégation plus avant des pouvoirs au Est-Timorais.  La création de capacités au Timor oriental doit, en conséquence, devenir la priorité.  A cet égard, le représentant a demandé une évaluation qualitative et non quantitative de la « timorisation » en cours.  Les compétences en matière politique seront un élément crucial, a-t-il dit en soulignant la nécessité de mettre en place les structures politiques et constitutionnelles appropriées.  Le processus électoral doit être inclusif et transparent, a-t-il insisté, et les discussions sur les dispositions de la nouvelle constitution doivent inclure tous les représentants de tous les secteurs de la société.  Mais, s’il veut réussir son avenir, le Timor oriental doit aussi traiter de son passé et à cet égard, l’ATNUTO et l’Indonésie doivent faire davantage pour garantir un système judiciaire crédible et efficace.  Parallèlement aux enquêtes et aux procès portant sur les crimes graves, il doit y avoir un processus réel de réconciliation nationale au sein du Timor oriental. 


Poursuivant, le représentant a estimé que compte tenu des conditions de sécurité actuelles, il faut appuyer la recommandation du Secrétaire général tendant à ne pas réduire, à ce stade, la composante militaire de l’ATNUTO.  Dans ce contexte, le représentant a appelé à plus d’efforts pour rétablir la sécurité dans le territoire.  Il a lancé un appel au gouvernement indonésien pour qu’il prenne les mesures nécessaires pour mettre en œuvre la résolution 1319 du Conseil de sécurité et achever ainsi le processus d’enregistrement des réfugiés et  faciliter le retour des réfugiés qui veulent rentrer au Timor oriental.  Tout retard en la matière impliquerait une disqualification des réfugiés, laquelle porterait atteinte aux élections à venir.  Concluant, le représentant s’est déclaré impatient de prendre connaissance des plans prévus par le Secrétaire général pour transformer l’ATNUTO  en une nouvelle opération qui aiderait les Est Timorais à prendre la place qui leur revient dans la communauté des nations, et ce, dans la sûreté et la sécurité.


M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a souligné l’importance, pour l’avenir du Timor oriental, des efforts de consolidation de la paix qui impliquent non seulement la reconstruction et le développement mais aussi le retour et la réinstallation des réfugiés.  Insistant sur la question des réfugiés, le représentant a salué le gouvernement indonésien pour avoir pris des mesures concrètes visant à travailler plus étroitement avec les institutions pertinentes, en particulier le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Les propos qu’ont tenus les autorités indonésiennes au Président de l’Assemblée générale, lors de sa visite dans la région, devraient faciliter et accélérer le retour, en toute sécurité des réfugiés, a espéré le représentant.  A cet égard, il s’est félicité de la réunion,  tenue la semaine dernière, entre l’ATNUTO et les autorités indonésiennes ainsi que de la récente visite de 250 réfugiés pendant la période de Noël.  Poursuivant, le représentant a souhaité que les donateurs bilatéraux, les institutions financières internationales, et les fonds et programmes des Nations Unies respectent leurs engagements à l’égard du Fonds d’affectation spéciale.  Il a souligné l’importance qu’il y a à accorder l’attention requise aux solutions locales pour régler les problèmes locaux.  Il a annoncé, à cet égard, la mission prochaine de la Grameen Bank au Timor oriental pour contribuer à la mise en place de programmes de micro-crédit.  Le représentant a conclu en soulignant l’importance pour la communauté internationale de poursuivre son appui après l’indépendance.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a considéré qu’à ce stade, la coopération avec le Gouvernement indonésien est importante pour réussir l’entreprise qui reste à accomplir au Timor oriental et pour contribuer à l’apaisement de la situation en général.  La volonté prouvée et affirmée des autorités indonésiennes est une preuve supplémentaire de leur engagement pour résoudre les questions en suspens, a dit le représentant en estimant, par ailleurs, que la communauté internationale doit apporter son soutien au Timor oriental dans tous les domaines.  Le Timor oriental, a-t-il poursuivi, aura encore besoin, après son indépendance, d’une aide internationale importante qui devra aller bien au-delà du type d’aide normalement consentie à un pays en développement.  Dans ce cadre, le représentant a rappelé au Président de l’Assemblée générale la demande du Conseil de sécurité d’envisager la possibilité d’autoriser une utilisation plus flexible des ressources prévues aux budgets statutaires dans le cas d’opérations complexes de maintien de la paix comme l’ATNUTO.  Le représentant a conclu en estimant que le calendrier relatif à l’indépendance, présenté par le Conseil national de résistance timoraise (CNRT), est une étape importante à laquelle il faut apporter tout le soutien requis en vue de la concrétisation de la volonté politique des Timorais.  Il a, en conséquence, jugé nécessaire d’entamer une réflexion approfondie concernant la manière avec laquelle sera gérée la mission intégrée qui devra succéder à l’ATNUTO. 


M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a estimé qu’au Timor oriental, un autre succès reste à construire, celui de l’après indépendance.  Le Conseil doit envoyer aux Timorais un signal sans équivoque traduisant sa confiance dans l’avenir de leur pays.  Il est indispensable, a insisté le représentant, d’accélérer la montée en puissance progressive du pouvoir politique et administratif timorais.  A moins d’un an de la daté prévue pour l’indépendance, a-t-il constaté, le budget de l’ATNUTO, le plus élevé parmi ceux de toutes les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, représente encore plus de dix fois celui du Timor oriental.  Le recrutement de fonctionnaires timorais aux échelons supérieurs et intermédiaires de la fonction politique reste trop lent, en a conclu le représentant en appelant à des formations et à des rémunérations plus attractives pour assurer la viabilité d’un Timor indépendant. 


Pour relever les défis actuels, a poursuivi le représentant, il faut faire appel, de façon croissante, aux donateurs bilatéraux et multilatéraux, à la Banque mondiale, au PNUD et autres fonds et programmes des Nations Unies notamment.  L’indépendance, a-t-il encore dit, marquera le passage définitif du maintien de la paix à la consolidation de la paix.  Il revient au Conseil de veiller à ce que cette transition soit aussi progressive que possible et à ce qu’elle soit préparée en amont.  La prorogation du mandat de l’ATNUTO jusqu’au 31 décembre 2001 devrait permettre de parcourir dans la sérénité la période mouvementée de la transition politique.  Dans ce contexte, le représentant a souhaité qu’un examen en profondeur de l’adéquation des moyens de l’ATNUTO à la situation sur le terrain puisse être conduit d’ici trois mois sur la base des recommandations détaillées du Secrétariat.  Il faudra par exemple s’interroger sur l’adéquation du dispositif dans les zones orientales du Timor oriental dans lesquelles la sécurité paraît la mieux assurée et où les risques liés à l’infiltration de milices sont moindres.  Cette capacité d’adaptation à une situation très évolutive est une condition essentielle du succès de l’effort internationale au Timor oriental, a dit le représentant avant de conclure par des questions adressées au Représentant spécial du Secrétaire général.


Quelle est la date la plus probable pour la tenue des consultations en prévision des élections à l’assemblée constituante?  Comment envisage-t-on, au lendemain des élections, le rôle de l’ATNUTO aux côtés d’une assemblée constituante élue?  Quelles adaptations du mandat ou, au moins, du mode de fonctionnement de l’ATNUTO seront nécessaires? Les opérations de retour seront-elles accélérées pour permettre aux réfugiés de prendre part aux élections?  Faudra-t-il prévoir des possibilités de vote par correspondance?


M. DAVID ALLEN PRENDERGAST (Jamaïque) a estimé que, pour faire avancer le calendrier de l’indépendance, il convient de traiter de la situation sécuritaire et des autres défis logistiques comme l’organisation des élections et le processus de prise de décisions.  Il a, en outre, souligné l’importance qu’il y a à promouvoir la viabilité du processus électoral à venir.  Il a donc appuyé la création, dans un proche avenir, d’une commission électorale.  Après l’indépendance, a-t-il poursuivi, le Timor oriental aura toujours besoin d’une assistance substantielle de la communauté internationale.  Il a jugé nécessaire, dans le court terme, de jeter les bases de la transition vers l’indépendance pour assurer que tout reste aux mains des est-Timorais.  Parlant de la question des réfugiés, le représentant a pris note de l’engagement du Gouvernement indonésien de traiter des problèmes de sécurité et l’a encouragé à prendre les mesures nécessaires pour traiter de manière efficace de la situation difficile dans les camps de réfugiés au Timor occidental.  Le représentant a conclu en saluant le travail accompli par le PNUD et la Banque mondiale au Timor oriental et en soulignant qu’une collaboration effective entre l’ATNUTO, la Banque mondiale, le PNUD, le FMI, la société civile et le peuple du Timor oriental élargira, à bon escient, le processus consultatif et permettra de tenir compte des différentes perspectives.


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) s’est félicité du contraste qui existe entre les images de la situation au Timor oriental d’il y a un an et le climat positif de ce débat.  Le Conseil, a dit le représentant, doit prendre les mesures nécessaires pour que l’ATNUTO accomplisse son travail dans la sérénité et garantisse ainsi un avenir prometteur à la prochaine administration au Timor oriental.  Le représentant s’est, dans ce contexte, félicité de la « timorisation » en cours des organes de décision.  Poursuivant, il s’est dit préoccupé par les incidents violents qui opposent les différents partis politiques.  Il a demandé au Conseil de suivre la situation de près et de prendre les mesures nécessaires pour atténuer ces tensions.  Concluant sur la question des réfugiés, le représentant a appelé à un contrôle plus renforcé des milices.  Il s’est félicité des procès en cours, en soulignant que la réconciliation ne peut se faire dans un climat d’impunité.  Il a appelé l’ATNUTO à mettre tout en œuvre pour encourager la réconciliation entre tous les Timorais et un rapprochement avec le Gouvernement indonésien.  M. Valdivieso a appuyé le maintien d’une présence internationale des Nations Unies après l’indépendance. 


M. SHEN GUOFANG (Chine) a jugé encourageante l’évolution récente de la situation au Timor oriental.  L’ATNUTO a fait de nombreux progrès et, malgré les difficultés actuelles, la Chine note avec satisfaction que les Est-Timorais sont désormais prêts à gérer leur pays.  Il faut assurer une transition en douceur vers l’indépendance, a ajouté le représentant, pour qui, grâce à l’ATNUTO, les administrations sont rapidement « timorisées » et les éléments d’un futur gouvernement sont en place, y compris dans le domaine des affaires étrangères et de la défense.  Toutefois, des problèmes persistent ailleurs, notamment pour ce qui est de la Justice.  Actuellement, la communauté internationale doit assurer un progrès rapide mais, avec souplesse vers l’indépendance.  La communauté

internationale doit fournir une aide financière et technique vigoureuse car le Timor oriental continue de faire face à des difficultés économiques graves.  La Chine espère que les fonds promis par la communauté internationale seront fournis le plus tôt possible. 


Il faut aussi renforcer l’unité nationale, a déclaré le représentant.  En ce domaine, le problème des réfugiés encore présents au Timor occidental constitue le principal obstacle à l’amélioration des liens entre le Timor oriental et l’Indonésie.  La Chine note avec satisfaction les échanges récents intervenus entre le Timor oriental et l’Indonésie, pays qui doit lui aussi être aidé par la communauté internationale pour résoudre le problème des réfugiés. 


La Chine, qui soutient la prorogation du mandat de l’ATNUTO, estime qu’après l’indépendance, la présence des Nations Unies devrait continuer, tout en respectant le voeu du peuple est-timorais.  La Chine est prête à mettre en place des relations bilatérales avec le Timor oriental.


M. ANDREI E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a estimé que la priorité aujourd’hui doit être à la « timorisation » du pouvoir et à la réconciliation nationale.  Ces deux volets, a souligné le représentant, ont une importance capitale pour l’avenir du territoire car ils préparent le Timor oriental à l’indépendance et jettent les bases du climat dans lequel vivra la société du Timor oriental.  Mettant l’accent sur le problème des réfugiés, le représentant a appelé le Gouvernement indonésien à mettre un terme aux activités des milices intégrationnistes.  Il s’est, dans ce cadre, félicité de la bonne coopération entre l’Indonésie et l’ATNUTO en appuyant la prorogation  de la mission pour qu’elle « puisse contribuer positivement aux objectifs généreux de l’indépendance ».


M. DAVID COONEY (Irlande) a félicité le Représentant spécial et le personnel de l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) pour l’excellent travail  qu’ils ont accompli dans des conditions difficiles.  Il s’est prononcé en faveur d’une prorogation du mandat de la Mission jusqu’à la fin de cette année.  Rappelant qu’il n’y avait pas d’activité politique démocratique au Timor oriental en octobre 1999 lorsque l’ATNUTO a été créée, M. Cooney s’est félicité des progrès réalisés dans la voie de l’indépendance, grâce au Pacte d’unité nationale.  Selon lui, de bonnes bases ont été posées et a émis l’espoir que le peuple du Timor oriental pourra participer à des élections démocratiques est permis.  Il a attiré l’attention sur la nécessité de fixer des délais stricts pour l’adoption de mesures de transition vers l’indépendance, telles que l’élaboration d’une constitution et la formation d’un gouvernement.  En outre, l’Irlande se félicite que les personnels de police, militaire et civil, soient formés conformément au droit humanitaire international, en vigueur.  Le représentant a encouragé le développement du système judiciaire, ainsi que les mesures prises par l’Indonésie pour traduire devant ses tribunaux les membres des milices accusés de crimes contre les réfugiés et le personnel des organisations internationales, ainsi que les responsables du meurtre de trois fonctionnaires du Haut Commissariat au réfugiés que les efforts menés par l’Indonésie pour traduire devant ses tribunaux les membres de la milice accusés de crimes à l’égard du personnel des organisations internationales, ainsi que les responsables du meurtre de trois fonctionnaires du Haut Commissariat au réfugiés (HCR) commis Atambua, en septembre dernier.


En dépit de nombreux progrès, M. Cooney a exprimé sa préoccupation concernant la sécurité et la situation des réfugiés dans la région, condamnant vivement l’activité des groupes de miliciens au Timor occidental.  Il a émis l’espoir que les efforts conjoints de l’ATNUTO et du gouvernement indonésien permettront aux réfugiés de rentrer chez eux en toute sécurité.  En outre, il ne faut pas que les efforts de la communauté internationale, notamment de l’Union européenne, soient compromis par une réduction prématurée des troupes.  Les délégations des pays fournisseurs de troupes ont réaffirmé lundi dernier leur engagement en faveur au Timor oriental, même après l’indépendance, a-t-il rappelé.  Il faut donc examiner les besoins et les possibilités de collaboration avec le peuple du Timor oriental et de la région.  Le représentant a rappelé que l’Irlande fournit des contingents à l’ATNUTO et contribue à la mise en oeuvre des projets de la Banque mondiale et des Nations Unies, tout en développant un programme bilatéral d’aide avec le Timor oriental.  Ainsi, l’Irlande s’est engagée à verser de 10 millions de dollars pour les trois prochaines années.  M. Cooney a souhaité que la présence internationale soit maintenue après l’indépendance, sous la direction des Nations Unies, tout en précisant dès maintenant les modalités de fin de mandat de l’ATNUTO.


M. MAMOUNOU TOURE (Mali) a invité l’ATNUTO et le Conseil national à respecter le calendrier politique qui, à terme, conduirait à la mise en place d’institutions républicaines.  Il ne fait aucun doute, a estimé le représentant, que l’ATNUTO saura relever le défi qui est d’organiser des élections transparentes, honnêtes, libres et démocratiques.  Sur le plan sécuritaire, il a dit penser que le démantèlement des milices par les autorités indonésiennes assurera la sécurité et la sûreté des réfugiés dans les camps du Timor occidental ainsi que celle du personnel humanitaire.  Il s’est donc félicité de la décision prise par l’administration indonésienne du Timor occidental et les chefs locaux de favoriser un rapatriement rapide des réfugiés est-timorais installés dans les camps.  Abordant aussi la question humanitaire, le représentant a souhaité que tout soit mis en œuvre pour que les organismes humanitaires internationaux puissent rejoindre le Timor occidental. 


Pour ce faire, les conditions de sécurité doivent être améliorées et renforcées grâce à une coopération bilatérale solide entre l’ATNUTO et le gouvernement indonésien.  Il est également nécessaire, a poursuivi le représentant, que la communauté internationale mette tout en œuvre pour que des ressources appropriées soient mises à la disposition des organismes humanitaires.  Avant de conclure, le représentant a estimé que la question de la justice et de la réconciliation nationale sera déterminante pour l’avenir d’un Timor oriental indépendant.  Aussi, la mobilisation de moyens subséquents par la communauté internationale permettra-t-elle à la justice de s’acquitter de la mission qui lui est assignée.  Le représentant a conclu en appuyant l’idée d’une forte présence internationale au Timor oriental après l’accession à l’indépendance.


Mme NANCY SODENBERG (Etats-Unis) a déclaré qu’il est important de maintenir l’engagement de la communauté internationale après la fin de l’ATNUTO à la fin de cette année.  Tout plan qui sera élaboré en vue de la création d’une nouvelle mission intégrée devra l’être en étroite collaboration entre les Nations Unies et le peuple est-timorais.  Les Etats-Unis vont étudier la question de l’utilisation des contributions.  Ils continueront en tout cas de soutenir l’ATNUTO et le peuple est-timorais dans la création d’une nation.  Suivre cette fascinante naissance constitue pour nous tous un privilège, a affirmé la représentante.


La « timorisation » est bien en cours et le Conseil soutient le transfert progressif des pouvoirs effectué par l’Administrateur transitoire au peuple timorais, a déclaré Mme Sodenberg.  De même, les Etats-Unis appuient la perspective d’élections démocratiques.  En raison de la poursuite des incursions des milices et des risques d’instabilité interne, les Etats-Unis soutiennent par ailleurs l’idée d’un maintien d’une force internationale.  La représentante a jugé intéressante la suggestion, faite ce matin par M. Ramos-Horta, de réorganiser sur la base de contingents nationaux la police internationale. 


M. HANS BRATTSKAR (Norvège) a souligné l’importance qu’il y a à organiser des élections libres justes et libres au Timor oriental.  Les citoyens est-timorais vivant en Indonésie, en particulier ceux qui vivent dans les camps de réfugiés au Timor occidental, doivent pouvoir participer aux élections.  A ce stade, un des défis les plus importants, selon le représentant, est d’assurer la participation de tous les Est-Timorais dans la création de leur future nation.  Il s’est dit convaincu de la nécessité d’une présence des Nations Unies après l’indépendance.  Une telle présence doit être fondée sur le plein respect de la souveraineté du Timor oriental et être conçue, en pleine coopération avec le nouveau gouvernement.  Le représentant s’est félicité des recommandations du Secrétaire général relative à une mission intégrée qui fonctionnerait sous les auspices d’un Représentant spécial.  Il a estimé que pour assurer la sécurité du peuple du Timor oriental, il est nécessaire de maintenir une présence militaire des Nations Unies après l’indépendance jusqu’à ce que la Force de défense est-timoraise soit pleinement mise en place.  Il en va de même pour la police civile internationale, a ajouté le représentant avant d’aborder les questions économiques et de développement.


Aussi, a-t-il souhaité que le PNUD et la Banque mondiale, entre autres, disposent des ressources nécessaires pour participer au processus de reconstruction, de manière coordonnée.  A cet égard, il a souligné l’importance d’une approche intégrée pour ce qui de la planification politique et de développement.  Les institutions de développement doivent travailler étroitement avec l’ATNUTO et occuper une place centrale dans la présence des Nations Unies après l’indépendance.  Le renforcement des capacités doit aussi être un élément central de la présence des Nations Unies, a ajouté le représentant avant de réaffirmer que son pays continuera d’apporter son appui au Timor oriental compte tenu de la nécessité que le Timor oriental ne se retrouve pas trop dépendante de l’assistance au développement.  Le représentant a annoncé, dans ce contexte, la visite prochaine de son Ministre du développement international qui se rendra au Timor oriental, en février,  pour  évaluer l’assistance qu’il convient d’apporter au territoire.  Terminant sur les questions de sécurité, le représentant a lancé un appel au gouvernement indonésien pour qu’il applique la résolution 1319 du Conseil de sécurité.  Il a souligné que la traduction en justice des personnes responsables de crimes graves est une condition préalable au rétablissement d’une paix et d’une réconciliation durables.


M. VOLODYMYR G. KROKHMAL (Ukraine) a jugé indispensable pour l’ATNUTO de concentrer les forces sur la délégation en douceur des pouvoirs et le renforcement des capacités.  La création des structures de gestion demande du temps et des efforts, a insisté le représentant en plaidant sur le plan politique, pour des élections démocratiques et transparentes de l’Assemblée constituante, base de la structure politique de la société et dernière étape du processus de réconciliation nationale.  Le représentant a aussi souligné pour un Timor oriental viable, l’importance d’une force armée, d’une police locale et d’un système judiciaire efficace.  L’importance de relations de bon voisinage avec l’Indonésie a également été soulignée par le représentant qui a identifié comme priorité pour la communauté internationale, la reconstruction économique.  Il s’est félicité de la relance économique au Timor oriental en appelant à davantage d’efforts pour le développement du secteur privé et de l’agriculture, qui représente la plus grande partie du PNB.  Le représentant s’est prononcé en faveur d’une prorogation du mandat de l’ATNUTO et du déploiement d’une présence internationale des Nations Unies après l’indépendance du Timor oriental.  Il a jugé important qu’à partir de maintenant, les stratégies de financement et les différents programmes et projets soient orientés vers l’avenir et adaptables aux conditions d’indépendance.


M. ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) a exprimé son soulagement de voir le Timor oriental retrouver la paix et le calme, après son histoire traumatisante récente, et de constater que le désir ardent de son peuple d’accéder à l’indépendance est sur le point d’aboutir, grâce à une procédure bien préparée.  Il a félicité

M. Vieira de Mello et son équipe de l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) pour leur travail et leur diligence, ainsi que le Gouvernement de l’Indonésie qui leur a facilité la tâche.  Il a également manifesté sa satisfaction de voir le mandat de l’ATNUTO exécuté selon le calendrier prévu.  Concernant le peuple est-timorais, il s’est réjoui de son implication dans le processus décisionnel depuis le début et de voir qu’il est en mesure de prendre en charge les futures institutions.  Ceci est un élément primordial dans la préparation de l’indépendance du pays, a-t-il estimé.


Le représentant a fait remarquer que l’indépendance implique une responsabilité collective quant au bien-être de la population et que les responsables politiques doivent promouvoir une culture de respect du processus démocratique et des institutions de la nation.  Il s’est félicité de la structure politique multipartite envisagée et a émis l’espoir de voir tous les Est-Timorais participer aux élections, y compris les réfugiés du Timor occidental.  A cet égard, M. Neewoor a invité le gouvernement indonésien à coopérer pour faciliter le retour des réfugiés, dans une ambiance de paix et de sécurité.  Il a souhaité aussi que ce gouvernement et l’ATNUTO puissent discuter de la date définitive de l’indépendance du Timor oriental.  Enfin, il a déclaré soutenir la prorogation du mandat de l’ATNUTO pour une période de douze mois.


Pour M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour), la responsabilité des Nations Unies ne prendra évidemment pas fin avec l’indépendance du Timor oriental.  Comme dans une famille, le vrai test de la responsabilité des Nations Unies ne commencera réellement que lorsque l’enfant sera né.  Singapour soutient la politique de « timorisation ».  Politiquement, l’ATNUTO a réussi à former un quasi-gouvernement, l’Administration transitoire de Timor-Est (ETTA) dans lequel des positions-clefs sont détenus par des Est-Timorais.   Toutefois, la « timorisation » ne doit pas se limiter au niveau politique et doit pénétrer l’administration tout entière.  Tout comme des parents attentionnés, l’ATNUTO doit contribuer à renforcer les capacités du Timor oriental afin de lui permettre de tenir sur ses pieds.  De même, alors que le Timor oriental devra pendant quelque temps demander l’aide et les conseils des Nations Unies, celles-ci devront écouter de plus en plus ce que leur enfant désire. 


Il reste toutefois beaucoup à faire, a ajouté le représentant, notamment dans le domaine de la sécurité, avec les questions des réfugiés et des milices qui restent en suspens.  Singapour appelle l’ATNUTO et le Gouvernement indonésien à travaillé de concert pour empêcher de nouveaux crimes et veiller à ce que les auteurs de ceux qui ont été commis soient jugés.  Singapour se réjouit à cet égard de l’accord conclu entre les deux parties pour organiser des opérations de sécurité conjointe de part et d'autre de la frontière terrestre.  Pays relativement jeune, Singapour sait bien que les fondations stables et durables d’un pays ne se construisent pas en un jour.  C’est pourquoi le Conseil de sécurité doit envoyer un message de soutien et d’engagement politique.  Il serait dommageable pour la crédibilité des Nations Unies que celles-ci décident, après avoir suscité des attentes, de partir avant que le travail soit fait, et bien fait, a averti M. Mahbubani.  Un arrêt précipité et prématuré de l’opération de maintien de la paix risquerait de créer une situation pire que celle qui prévalait avant son lancement.


Le représentant a rappelé que la question examinée met en jeu beaucoup plus que l’avenir du Timor oriental et de ses habitants : c’est celui de l’Asie du Sud-Est tout entière.  L’avenir du Timor oriental est lié  à celui de l’Indonésie et le sort de la gigantesque, diverse et complexe  Indonésie est inséparable de celui de la région.  L’indépendance du Timor oriental est désormais un fait irrévocable, mais il est clair aussi que  la transition indonésienne est encore en cours.  Nous ne pouvons ignorer aucun des deux faits.  L’instabilité dans l’un des deux pays menacerait l’avenir de l’autre.  Il est essentiel que le Conseil de sécurité adopte une perspective à long terme et tienne compte du contexte régional.


Il est clair que le Timor oriental indépendant ne pourra résoudre seul tous ses problèmes, a affirmé le représentant.  De même, aucun des Etats de la région, y compris l’Australie, la Nouvelle-Zélande, pas plus que l’ASEAN, ne dispose de l’ensemble de l’expertise nécessaire pour répondre aux énormes besoins du Timor oriental.  Les Nations Unies et la communauté internationale auront donc d’importantes responsabilités et obligations à assumer, même après l’indépendance.


Mme PENNY WENSLEY (Australie) a rendu hommage au travail du représentant spécial et de l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO), souhaitant que cette dernière se concentre sur la préparation vers l’indépendance.  Elle s’est félicitée des efforts récents accomplis par les Nations Unies pour accélérer le transfert d’autorité aux Timorais orientaux.  Les autres défis à relever dans les douze prochains mois sont considérables, et sont, entre autres, la construction des fondations d’un système démocratique transparent avec une éducation civique appropriée.  De même, il faut aider à développer la capacité du Timor oriental à maintenir la sécurité, la loi et l’ordre.  La création de la Force de défense est-timoraise est donc importante.  Elle a souligné que le rapatriement des derniers réfugiés du Timor oriental ainsi que la liberté d’accès du personnel humanitaire aux camps sont en outre importants.  Il est primordial que le soutien international apporté au Timor oriental pour la transition vers l’indépendance soit maintenu par la suite.


L’Australie soutient fermement le Secrétaire général dans sa recommandation de renouveler le mandat de l’ATNUTO jusqu’au 31 décembre 2001.  La représentante a estimé que les pays contributeurs de troupes devraient poursuivre leur engagement dans les opérations de maintien de la paix après cette période.  De plus, elle pense que toute diminution des effectifs militaires devrait être fondée sur une évaluation objective par les forces de l’ATNUTO.  Mme Wensley a souligné l’importance de former les troupes sur les questions relatives au HIV/sida et autres maladies transmissibles.  S’agissant de la période post-indépendante, elle a souhaité qu’on l’organise dès maintenant, car elle nécessitera un soutien international substantiel, notamment dans les domaines de la police civile et militaire et de l’administration civile.  Il faut préparer cette présence assez tôt, a-t-elle insisté, la tâche essentielle étant d’aider le Timor oriental dans la création des institutions, la gestion financière, le domaine judiciaire, la police, la santé, l´éducation et les infrastructures.  En ce qui concerne la dimension des opérations de maintien de la paix, elle doit être basée sur une évaluation de la situation en matière de sécurité lorsque nous serons plus proches de l’indépendance.  D’une manière générale, elle a souhaité que les efforts dans la poursuite des criminels et de ceux qui ont violé les droits de l’homme soient continués.  En outre, elle a estimé important que le Timor oriental construise des relations positives avec ses voisins, tels que l’Indonésie. 


M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande), se félicitant de la recommandation du Secrétaire général visant la prorogation du mandat de l’ATNUTO, a rappelé que son pays a informé le Secrétariat de sa décision d’y maintenir son bataillon et son escadron d’hélicoptères jusqu’au mois de mai 2002.  Estimant que la délégation des pouvoirs aux Est-Timorais constitue un des domaines où des progrès devraient être enregistrés, le représentant a souligné qu’il faudrait que les Est-Timorais deviennent responsables des décisions relatives à leur avenir et ne considèrent plus les Nations Unies que comme mentor ou conseiller. Abordant la question de la sécurité, le représentant a plaidé pour la poursuite, à leur niveau actuel, des opérations de l’ATNUTO, notamment celles de la composante militaire.  Toute décision visant la réduction du nombre des troupes doit être fondée sur une évaluation militaire objective et soigneuse de la situation par les protagonistes sur le terrain.  Une telle décision, a insisté le représentant, ne devrait en aucun cas se fonder sur des considérations budgétaires.  En ce qui concerne l’avenir, le représentant a appuyé la recommandation du Secrétaire général visant à demander à l’ATNUTO d’élaborer des plans pour une opération intégrée, en consultation avec les Est-Timorais et les organisations partenaires.  Une telle opération doit nécessairement inclure une composante « casques bleus » pour la sécurité, a estimé le représentant.


M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) s'est concentré sur le processus politique visant l'indépendance du peuple est-timorais.  Il s'est félicité du consensus croissant du peuple est-timorais sur le calendrier politique en vue de l'indépendance.  La volonté du peuple quant à la manière dont le Timor oriental doit être absolument respectée.  La poursuite de l'indépendance doit se faire à travers un processus politique ouvert, juste et démocratique. De même, pour assurer une paix et une sécurité durable une fois l'indépendance acquise, il sera nécessaire de mettre en place un système politique possédant ces caractéristiques.  Conscientes des éventuelles difficultés techniques, la délégation japonaise appelle les Nations Unies à faire de leur mieux pour concrétiser la série de mesures politiques sur lesquelles le peuple est-timorais doit se mettre d'accord.  En même temps, elle appelle le peuple du Timor oriental à comprendre qu'une préparation insuffisante risque de compromettre la transparence, la participation et la justice du processus.  Le Japon estime également que les Est-Timorais doivent pouvoir être en mesure de conduire eux-mêmes leurs élections futures. 


La question des réfugiés est-timorais au Timor occidental continue à être une source de préoccupation.  Les autorités indonésiennes et les institutions concernées des Nations Unies doivent déployer des efforts afin de résoudre au plus vite le problème des réfugiés.  Par ailleurs, les récents incidents violents survenus pendant la campagne des partis politiques est-timorais sont préoccupants.  Le peuple du Timor oriental doit assurer une transition ordonnée et pacifique vers l'indépendance, et aucune violence ne doit être tolérée par l'ATNUTO.  Pour ce qui est de la phase qui suivra l'indépendance, le Japon estime que le Timor oriental continuera à avoir besoin d'un important soutien de la communauté internationale une fois qu'il sera parvenu à l'indépendance.  Après l'indépendance, le transfert d'autorité devra être achevé et la responsabilité d'administrer le pays reposera entièrement sur les Est-Timorais.  Il est impératif au cours de la phase de transition de susciter un sentiment de possession parmi les Est-Timorais et les aider à maîtriser les connaissances et les compétences nécessaires pour diriger une nation.  Le représentant a souligné qu'il est important de poursuivre l'assistance de la communauté internationale au Timor oriental.  Des mécanismes de coordination des bailleurs de fonds sont nécessaires.  Un mécanisme de coordination sur le terrain jouant un rôle comparable à celui que jouit à présent l'ATNUTO, est également nécessaire pour maintenir un contact quotidien avec les bailleurs de fonds.  Etant donné l'importance de la pénurie en ressources humaines et ses répercussions prévisibles sur le transfert du pouvoir administratif, le Japon est d'avis que la présence des Nations Unies au Timor oriental après l'indépendance devrait inclure non seulement des éléments de polices civile et militaire, mais aussi du personnel de conseil et de formation. 


M. PIERRE SCHORI(Suède), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a rendu hommage à la composante militaire de l’ATNUTO, qui a permis de rétablir puis de maintenir la sécurité.  En même temps, l’Union européenne soutient le transfert progressif des pouvoirs législatif et exécutif aux Est-Timorais.  Dans ce contexte, l’Union européenne encourage l’ATNUTO à accélérer la formation de la Force de police du Timor oriental, tout en reconnaissant que le maintien d’une force de police internationale restera nécessaire après l’indépendance.  L’Union européenne félicite également la police civile pour son excellent travail.


L’Union européenne constate qu’au cours des six derniers mois, des efforts ont été faits pour intégrer des Est-Timorais dans l’administration au plus haut niveau. Elle se félicite notamment de la participation de M. José Ramos-Horta comme membre du Cabinet, chargé des relations extérieures.  Toutefois, l’Union européenne souhaite que soient encore accentués les efforts de « timorisation », afin de renforcer les capacités nationales dans tous les domaines de l’administration.  L’ATNUTO devrait progressivement passer d’un rôle d’exécution à un rôle consultatif.  L’Union européenne est également satisfait des progrès réalisés en matière d’éducation et de santé.


M. Schori s’est félicité des premières mesures prises pour poursuivre les responsables des crimes commis au Timor oriental, en septembre 1999. L’Union européenne insiste sur le renforcement du système judiciaire au Timor oriental.  Elle constate également avec satisfaction que les procès contre les responsables présumés des crimes odieux commis contre des employés du HCR en septembre 2000 au Timor occidental ont commencé à Djakarta, et qu’un suspect a été arrêté dans le cadre de l’assassinat d’un casque bleu.  L’Union européenne encourage le gouvernement indonésien à poursuivre ses efforts, notamment pour juger les auteurs des crimes de septembre 1999.  Elle encourage également les autorités judiciaires indonésiennes  à poursuivre leur coopération  avec le Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme.  Enfin, l’union européenne, insistant sur le processus de réconciliation, se félicite des contacts qui sont intervenus  entre certains dirigeants favorables à l’intégration et le Conseil national de la résistance timoraise.


L’Union européenne soutient le calendrier  prévoyant l’indépendance du Timor oriental en 2001, ainsi que le calendrier politique mis au point par le Conseil national pour la transition vers cette indépendance.  Elle note que l’ATNUTO sera pleinement responsable de la conduite des élections, avec le soutien de la


Division de l’assistance électorale du Secrétariat.  Elle invite l’ATNUTO à poursuivre ses efforts pour garantir des élections libres et honnêtes en vue de constituer une assemblée constituante, qui devra refléter une large participation politique et autoriser un véritable débat ouvert et démocratique.


La question de la sécurité est étroitement liée à la transition politique, a rappelé le représentant pour qui, en dépit des améliorations considérables, il demeure des sujets de préoccupation sur ce point.  L’Union européenne invite donc le gouvernement indonésien à mettre en oeuvre sans délai les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, condamne fermement les activités des milices au Timor occidental, et souligne qu’il est impératif de mettre fin au plus tôt à leurs activités.  A défaut, c’est tout le processus de transition qui serait menacé.   Les réfugiés doivent pouvoir choisir entre leur installation en Indonésie et leur retour au Timor oriental.  Une solution à la question des réfugiés, le rétablissement de la sécurité dans les camps ainsi que la reprise de l’assistance humanitaire, sont essentiels à l’instauration d’une paix durable.  L’Union européenne continuera de jouer un rôle actif à cet égard.


Le représentant a déclaré que la réduction progressive de la force internationale au Timor oriental après l’indépendance ne pourra avoir lieu que si une étude objective de la situation sur place montre que cela est possible.  Il est essentiel, en effet, que la sécurité du nouvel Etat soit assurée.  L’Union européenne se félicite en outre des efforts de l'ATNUTO et de divers gouvernements pour mettre en place une force de défense est-timoraise formée initialement à partir des forces du FALINTIL.  Pour ceux des membres du FALINTIL qui ne rejoindront pas cette nouvelle force, l'Union européenne soutient les programmes de réintégration de l’Organisation internationale des migrations (OIM) et de la Banque mondiale. 


Le rôle de l’Union européenne en tant que principal contributeur au développement du Timor oriental a été récemment réaffirmé à Bruxelles, a rappelé M. Schori.  L’Union reconnaît aussi le rôle des institutions financières internationales et des Nations Unies, notamment du PNUD et de la Banque mondiale et les encourage à continuer de participer à l’effort de développement.  Enfin, l’Union européenne soutient la promotion du mandat de l’ATNUTO jusqu’au 31 décembre 2001, comme l’a recommandé le Secrétaire général, et attend de ce dernier de nouvelles recommandations en vue d’une nouvelle opération intégrée de suivi.  Il est important qu’aucun vide n’apparaisse dans la transition vers l’indépendance, a conclu M. Schori.


M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili) a souligné l'ampleur de la tâche extraordinaire d’édifier un Etat, qui a été confiée aux Nations Unies, aux dirigeants et au peuple du Timor oriental.  A cet égard, il a noté qu’il n’existe pas de précédent ni de situation comparable dans l'histoire de l'Organisation.  Le représentant a ajouté que le Chili peut attester du caractère indispensable de la création d'une commission de vérité et de réconciliation pour toute transition démocratique.  Il a également pris note des problèmes liés à la sécurité, aux réfugiés et aux milices.  Il s'est dit rassuré par les signes positifs qui ressortent des relations bilatérales entre le Timor oriental et l'Indonésie, indispensables à l'application de la résolution 1319 du Conseil de sécurité, relative à la collecte des armes et à l'élimination de la menace des milices. 


En ce qui concerne l'avenir, il est particulièrement important de déterminer si l'objectif principal de l'ATNUTO a été rempli, tel que le prévoit la résolution 1272.  Le Chili estime qu'il n'est pas encore possible de se prononcer et qu'il est donc essentiel de renouveler le mandat de la Mission au moins jusqu'à la fin de l'année.  Le Timor oriental aura besoin de la présence et de l'assistance de la communauté internationale pendant une longue période, que ce soit dans le domaine du maintien de la paix ou celui de la reconstruction nationale.  Il a été suggéré de rationaliser l'ATNUTO mais il serait prématuré de réduire les ressources de la Mission dans le domaine du maintien de la paix.  Le Chili estime que tout changement ou affaiblissement des fonctions de la Mission serait une grave erreur. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a souligné que son pays demeure engagé dans les efforts tendant à l’établissement d’un Timor oriental démocratique et stable comme l’atteste la visite du Président Cardoso, au début de la semaine.  Il s’agissait pour le Président, a expliqué la représentante, de donner un message de solidarité au peuple est-timorais dont la lutte pour l’indépendance et pour la liberté a capturé le cœur et l’âme des Brésiliens. Le Président a profité de l’occasion de sa visite pour lancer des projets de coopération dans les domaines du renforcement des capacités, de la formation professionnelle et de l’éducation.  Il a annoncé l’élargissement de cette coopération aux secteurs de la santé, de l’agriculture, des normes d’exploitation pétrolière et de l’évaluation des ressources naturelles et de la protection de l’environnement par des données collectées par satellite.  En ce qui concerne la participation à la force de maintien de la paix, le Brésil, a dit la représentante, envisage la possibilité de renforcer son contingent en y ajoutant notamment  une unité de soins.  S’étant également rendu en Indonésie, le Président Cardoso a convenu avec son homologue indonésien d’étudier la possibilité de lancer des initiatives communes dans le domaine de la reconstruction et de la réconciliation au Timor oriental. 


La représentante a poursuivi en se félicitant des progrès accomplis jusqu’ici au Timor oriental en soulignant qu’à la veille de l’indépendance, moins de 10% des postes de gestion sont pourvus et que dans les domaines de sécurité, de la loi et de l’ordre et de l’administration publique il reste beaucoup à faire.  En ce qui concerne la sécurité, la représentante a jugé essentiel qu le niveau actuel des troupes de l’ATNUTO soit maintenu jusqu’à ce qu’une évaluation fiable, faite par les personnes sur le terrain, justifie une réduction des effectifs. 


M. AMRAIYA NAIDU (Fidji) a estimé que la prorogation de l’ATNUTO est inévitable et essentielle et félicite le Secrétaire général pour sa vision.  Le slogan « pas de sortie sans stratégie » est particulièrement adapté au Timor oriental, a poursuivi le représentant.   Toutes les ressources et tous les efforts déployés par les Nations Unies pour aider l’Indonésie à transférer les pouvoirs au Timor oriental seraient vains si les forces de maintien de la paix étaient retirées sans une consultation adaptée de toutes les parties intéressées.  Inversement, le maintien de la présence des Nations Unies renforcera le moral du peuple est-timorais et ainsi que leur confiance en l’ONU.  Une stratégie de sortie viable supposera plusieurs phases, dont chacune sera précédée d’une évaluation de la situation, d’une estimation des besoins et de la prise des mesures appropriées par les agences de développement partenaires.


Malgré une paix relative, les opérations humanitaires restent gravement perturbées par la persistance de milices violentes, a rappelé le représentant.  Cette situation souligne la nécessité d’un maintien de la présence des Nations Unies.  Toutefois, une telle  présence comporte deux aspects.  L’instauration de la paix est la plus immédiate mais le plus important pour assurer une paix durable réside peut-être dans la création de bases solides.  Si cet objectif requiert une nouvelle prolongation du mandat de l’ATNUTO, le gouvernement fidjien la soutiendra.  Le Timor oriental mérite non seulement de la bonne volonté à son égard, mais il mérite aussi un soutien financier et technique tangible pour établir des normes internationales décentes. 


M. KIM YOUNG-MOK (République de Corée) a soutenu la prorogation du mandat de l'ATNUTO, expliquant que son pays s'est engagé à soutenir la présence des Nations Unies au Timor oriental.  Dans cet esprit, nous sous sommes joints aux efforts que la communauté internationale a déployés en faveur du Timor oriental en fournissant des contingents militaires, d’autres ressources humaines et des ressources financières.  Nous constatons avec satisfaction que les personnels de la République de Corée ont mené leur mandat avec succès dans le cadre de l'ATNUTO.  Le représentant a souligné l'ampleur des efforts et ressources financières qui seront nécessaires à l'édification de la nation du Timor oriental. Il importe en priorité de maintenir le processus d'intégration politique si l'on veut édifier une nation stable et solide.  Au moment où le pays connaît des évènements politiques majeurs, il est important d'éviter toute erreur quand nous nous efforçons de renforcer la stabilité dans le territoire.  La communauté internationale ne doit épargner aucun effort pour aider les timorais de l'Est à parvenir à une "timorisation" complète dans tous les domaines.  Le représentant a insisté sur l'importance de la coopération du Gouvernement indonésien pour ce qui est des questions touchant la lutte contre les milices, le retour des réfugiés, les poursuites à l'encontre des criminels de guerre, et la sécurité aux frontières.  La coopération entre le Gouvernement indonésien et l'ATNUTO peut être renforcée, notamment en relançant leur mécanisme de coopération.  Nous souhaitons également que le personnel du Haut Commissariat aux réfugiés, qui s'est retiré en décembre dernier, revienne au Timor oriental.


M. ENRIQUE MANALO (Philippines) a rendu hommage aux divers acteurs qui participent aux opérations de maintien de la paix et de l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO).  Il a noté que la présidence singapourienne du Conseil de sécurité avait donné un nouvel élan au travail des Nations Unies au Timor oriental, en ouvrant les discussions aux pays non membres du Conseil mais contributeurs de troupes.  Il a déclaré apprécier les consultations informelles qui ont eu lieu entre ces pays, le Conseil et le Secrétariat des Nations Unies, ce qui a permis de prendre en compte les vues des pays contributeurs.  En ce qui concerne la situation au Timor oriental, il a relevé qu’il faut faire face à son indépendance en moins d’un an.  Il soutient donc la recommandation du Secrétaire général de prolonger la mission de l’ATNUTO jusqu’au 31 décembre 2001.  Ce sera un bon exemple de la nécessité de coopération internationale dans l’instauration de la paix, du progrès et de la sécurité.


Le représentant a souligné les difficultés à venir, comme la mise en place de l’Assemblée constituante et l’organisation des élections, ce qui est prévu pour l’été.  Les conditions de sécurité sur ce territoire pourront affecter le calendrier prévu, a-t-il estimé, rappelant la mort de deux personnes participant aux opérations de maintien de la paix au cours des six derniers mois, ainsi que celle de trois membres du Haut Commissariat aux réfugiés.  En ce qui concerne les troupes, il a considéré qu’il ne fallait pas les réduire pour l’instant.  Il faut aussi traiter les problèmes relatifs au désarmement des miliciens et aux camps de réfugiés au Timor Occidental.  M. Manalo a souhaité que la sécurité soit accrue et s’est félicité des procès en cours se rapportant aux meurtres d’Atambua.  Après l’indépendance, le Timor Oriental aura toujours besoin d’une aide internationale,

a-t-il relevé, et l’engagement des Nations Unies devrait se poursuivre dans les affaires militaires, policières et civiles du nouvel Etat.  Les Philippines sont prêtes à y participer et attendent les discussions et consultations qui auront lieu sur ce sujet.


M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a accueilli avec satisfaction les informations selon lesquelles la situation en matière de sécurité s’est stabilisée au Timor oriental et a estimé qu’il s’agit là d’un facteur qui contribuera, de manière décisive, à un passage en douceur de la transition à l’indépendance.  Dans ce contexte, le représentant a appelé à davantage d’efforts pour traiter du problème des réfugiés et des milices.  Il a également appelé l’ATNUTO et le Gouvernement de l’Indonésie à continuer leur coopération pour assurer la sécurité dans la région et permettra ainsi la reprise des activités des institutions humanitaires.  Selon le représentant, une stratégie d’information doit être mise en place pour permettre aux réfugiés de prendre des décisions en connaissance de cause.  Il a reconnu que beaucoup reste à faire en ce qui concerne, par exemple, la création d’une police, le retour des réfugiés, la cessation des activités des milices, l’administration nationale et la construction d’infrastructures adéquates.  La communauté internationale doit, a-t-il souhaité, démontrer sa solidarité en mettant à disposition les ressources requises que l’ATNUTO doit être autorisée à utiliser de manière plus souple.  Plaidant pour que la présence qui sera déployée après l’indépendance soit dotée d’un mandat approprié, le représentant a souligné que la fourniture d’une assistance technique, financière et autres sera un élément essentiel à la naissance du Timor oriental en tant que nation.  Pour finir, le représentant a réaffirmé l’attachement de son pays au droit à l’autodétermination pour expliquer la décision de son gouvernement de contribuer au processus de transition au Timor oriental, en y déployant un léger contingent de personnels civil et militaire.


M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a réaffirmé le ferme engagement de son pays à construire des liens harmonieux et mutuellement avantageux avec un Timor oriental indépendant, démocratique et stable, et est donc fermement décidé à résoudre toutes les questions en suspens, en particulier celle des réfugiés est-timorais.  L’Indonésie, a-t-il affirmé, a toujours coopéré avec l’ATNUTO, son administrateur et les dirigeants est-timorais, et elle continuera de le faire.  Une solution à la question des réfugiés contribuerait à la réalisation des objectifs du gouvernement indonésien.  Toutefois, un tel résultat dépend aussi de la situation au Timor oriental, a poursuivi M. Wibisono, qui a rappelé que certains observateurs indépendants se sont montrés critiques envers l’ATNUTO, y compris M. Xanana Gusmao.  Pour le représentant, le rapatriement des réfugiés suppose un environnement  calme et des perspectives d’emploi au Timor oriental, afin que les candidats au retour puissent obtenir des assurances en matière de développement économique et sur les possibilités de leur propre développement personnel.  De ce fait, les rapports indépendants faisant état de violence, d’intimidation ou même de meurtres à l’encontre de minorités ou de partisans de l’intégration n’incitent pas au retour, a estimé le représentant.  M. Wibisono a affirmé que son pays  continuerait de contribuer processus de réconciliation au Timor oriental en organisant des pourparlers, comme ceux de Densapar (Bali) les 18 et 19 décembre, sous les auspices de l’Université suédoise d’Uppsala.


Le représentant a affirmé que son gouvernement poursuit ses efforts pour désarmer les milices, tant par la persuasion que la répression, et que des centaines d’armes, grenades et munitions ont ainsi été confisquées.  L’appareil de sécurité indonésien contrôle désormais la situation à l’intérieur et autour des camps et le long de la frontière avec le Timor oriental, a-t-il affirmé.  Concernant les réfugiés, il a expliqué que le tragique incident du 6 septembre 2000 qui avait eu pour conséquence de placer la région à un niveau de mesures de sécurité qui interdit aux agences internationales de travailler.  Des négociations sont en cours entre l’Indonésie et le Représentant résident du PNUD sur les modalités d’une nouvelle évaluation de la sécurité qui pourrait aboutir à un changement du statut sécuritaire de la zone.  M. Wibisono a rappelé que des procès ont été engagés contre les auteurs d’actes criminels, citant notamment celui d’Eurico Guterres. De même, le procès des six suspects poursuivis dans le cadre des meurtres des trois employés du HCR, en septembre 2000, a commencé.


Reprenant la parole, M. RAMOS-HORTA a rappelé, à propos de la violence, qu’il n’y avait eu, durant toute l’année 2000, que deux cas de violence à connotation politique et que ces deux incidents n’avaient pas causé de mort.  La situation politique est donc particulièrement calme.  Citant des statistiques de la police civile internationale, il a rappelé que la criminalité au Timor oriental était parmi la plus faible du monde et ce, malgré une situation économique très difficile marquée notamment par un très fort taux de chômage.


Répondant aux questions des délégations, M. VIEIRA DE MELLO a d’abord évoqué la présence internationale de l’ONU après l’indépendance pour se féliciter que toutes les délégations aient souhaité que les Nations Unies continuent de jouer un rôle d’appui ferme.  C’est une question d’une grande importance pour les dirigeants et pour le peuple est-timorais, a dit le Chef de l’ATNUTO avant de répondre à une question de la Chine sur le détail du mandat et de la forme de cette présence et lui assurer que le Secrétaire général ne saurait tarder à faire des propositions précises.


Pour ce qui est des forces de sécurité, M. Vieira de Mello a salué les Etats qui ont apporté une aide à la constitution d’une force de défense et de police.  Il a reconnu la nécessité de trouver une formule nouvelle pour améliorer les réalisations de la composante de police civile au Timor oriental.   S’attardant sur les efforts de formation, le Chef de l’ATNUTO a estimé que la formation donnée jusqu’ici aux policiers nationaux est un des domaines où l’Administration a enregistré le plus de progrès.  Pour février 2001, 300 officiers de police seront déployés dans les rues du Timor oriental et à partir de la même date, un minimum de 100 officiers sera diplômé chaque mois.  D’ici décembre 2001, le nombre de policiers passera à 1400, mais cette nouvelle force ne sera ni pleinement formée ni déployée avant 2004.


Répondant sur le niveau de "timorisation", le Chef de l’ATNUTO a convenu qu’elle a été excellente au sommet de l’Etat et dans les premières institutions mises en place, bonne à un niveau moins élevé de l’administration et très peu satisfaisante au niveau des hauts fonctionnaires de la nouvelle fonction publique.  C’est la raison pour laquelle l’Administration a donné à la question un rang de priorité pendant le reste de la période de transition.  S’agissant de l’appareil judiciaire, le Chef de l’ATNUTO a précisé que seul le Royaume-Uni a répondu à l’appel lancé à la fin du mois de novembre 2000 visant à mobiliser des ressources financières.  Le Chef de l’ATNUTO a aussi fait part de la création prochaine d’une commission de la vérité et de la réconciliation pour les crimes qui ne relèvent pas de la catégorie des crimes graves.  Cette commission devrait être fonctionnelle en mars prochain à Dili et dans cinq sous-régions. 


Venant à la question de l’éducation civique, le Chef de l’ATNUTO s’est réjoui du nombre faible d’incidents de caractère politique.  Il a dit espérer que l’adoption de lois, du Pacte d’unité nationale, d’un code de conduite pour les partis politiques et de campagnes d’éducation civique permettront de prévenir toute violence potentielle.  Les partis, a-t-il dit, ont rejeté la violence et comptent exercer leur droit fondamental de vivre en paix.  Le parti politique bien connu qui pourrait être à l’origine de cette violence peut-être neutralisée par des moyens pacifiques et dans, le cas échéant, par la présence policière et militaire très forte dont l’ATNUTO dispose. 


Pour ce qui est de la question des réfugiés, le Chef de l’ATNUTO a estimé qu’avec une mise en œuvre efficace de propositions nouvelles, il sera possible de relever les défis en matière de réfugiés.  Actuellement, des rumeurs continuent de créer des craintes infondées au sein de la population réfugiée.  Partant, il a été décidé avec l’Indonésie de mettre en place une stratégie par laquelle policiers et militaires indonésiens transmettront les informations aux populations.  De plus, une invitation a été faite à la presse indonésienne pour se rendre au Timor afin de transmettre une image plus réelle de la situation.  Il est aussi question d’accélérer le paiement des pensions des fonctionnaires réfugiés pour les encourager à rentrer.


S’exprimant sur le rôle de l’ATNUTO aux côtés d’une Assemblée constituante élue, le Chef de l’ATNUTO a affirmé que tous les dirigeants politiques ont promis de reconnaître le fait que l’ONU continue d’exercer l’administration du territoire jusqu’à l’indépendance.  La nomination d’un nouveau cabinet après les élections devrait faciliter le lien entre l’exécutif et le législatif.  Un problème peut en effet se poser si l’Assemblée décide d’exercer des pouvoirs législatifs avant l’indépendance.  Dans ce cas, il conviendra de faire appliquer « avec tact » le paragraphe 1 de la résolution 1272 du Conseil de sécurité qui stipule que l’ATNUTO est habilitée à exercer l’ensemble des pouvoirs exécutifs, et législatifs, y compris l’administration de la justice.  Il faudra donc trouver un équilibre avec cette Assemblée constituante, a conclu le Chef de l’ATNUTO.


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