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SOC/4490

LA PROTECTION SOCIALE DOIT ETRE TRAITEE EN PRIORITE POUR REUSSIR A ELIMINER LA PAUVRETE

19 mai 1999


Communiqué de Presse
SOC/4490


LA PROTECTION SOCIALE DOIT ETRE TRAITEE EN PRIORITE POUR REUSSIR A ELIMINER LA PAUVRETE

19990519 Le Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre des résultats du Sommet mondial pour le développement social et à l'examen de nouvelles initiatives a tenu, ce matin, un débat général portant sur l'engagement 2 pris par les chefs d'Etat et de gouvernement à Copenhague concernant l'élimination de la pauvreté. Il a entendu, dans ce cadre, une présentation de M. Langmore, Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social au Département des affaires économiques et sociales.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration: Allemagne (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Egypte, Bangladesh, Indonésie, Afrique du Sud, Jamaïque, Zambie, Guyana, Canada, Iran, Maroc, Syrie, Norvège, Etats-Unis, Pérou, Cuba, République de Corée, Australie, Inde, Turquie, Tanzanie, Croatie, Malaisie, Philippines, Tunisie et Bahamas. Les observateurs du Saint-Siège et de la Suisse, ainsi que la représentante du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont également pris la parole.

Les représentants des organisations non gouvernementales suivantes sont intervenus : Equipo Pueblo, Coalition du Royaume-Uni pour la lutte contre la pauvreté et le Conseil international sur la protection sociale de l'Inde.

De nombreux intervenants ont dénoncé l'inégale distribution des richesses entre les pays et ont rappelé l'engagement pris à Copenhague de consacrer 0,7% du PNB à l'aide publique au développement. Ils ont en outre appelé à la création de filets de sécurité sociale en faveur des populations les plus vulnérables et, dans ce cadre, il a été proposé des systèmes de sécurité sociale novateurs qui incluent la protection des revenus et prennent en compte le niveau des différentes économies.

Des délégations ont suggéré que la session extraordinaire de l'Assemblée générale adopte un objectif international de développement visant à réduire de moitié la proportion des populations vivant dans une extrême pauvreté d'ici à 2015.

Le Comité préparatoire reprendra ses travaux, cet après-midi, à 15 heures.

Examen et évaluation préliminaires de la mise en oeuvre des résultats du Sommet mondial pour le développement social

Examen d'interventions et d'initiatives nouvelles visant à donner suite aux engagements pris lors du Sommet

Présentation et débat général sur l'engagement 2 (Elimination de la pauvreté)

M. JOHN LANGMORE, Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social au Département des affaires économiques et sociales, présentant la question sur l'éradication de la pauvreté, a indiqué que 16 éléments ont été sélectionnés conformément aux dix engagements pris dans le cadre du Sommet mondial pour le développement social. Il s'agit notamment de l'éducation, de la sexospécificité, des ressources disponibles, de l'aide publique au développement (APD). Il y a un paradoxe évident dans la situation actuelle. Si l'on veut que l'objectif fixé par le Comité d'aide au développement de l'OCDE, qui consiste à réduire de moitié le taux de pauvreté absolue d'ici l'an 2015, soit atteint, il est indispensable d'envisager de nouvelles mesures. Le processus de suivi du Sommet doit permettre non seulement de fixer des objectifs réalisables, mais aussi de déterminer les actions qui permettraient de les atteindre. Les stratégies visant à éliminer la pauvreté s'articulent autour de cinq axes, à savoir: mise en oeuvre de politiques macroéconomiques qui associent la croissance économique à une plus grande équité dans la répartition des revenus; incitations à la création d'emplois et de revenus suffisants dans les secteurs structurés et non structurés; accès aux services sociaux de base; mise en place de filets de protection sociale pour les groupes vulnérables ou les exclus du marché du travail; et renforcement des mesures d'organisation, d'autonomisation et de participation des pauvres pour leur permettre de défendre leurs propres intérêts. Les crises financières récentes ont mis en évidence la relation étroite qui existe entre la pauvreté et le taux de croissance économiques. M. Langmore a toutefois fait remarquer que la dominance des marchés financiers décourage les initiatives nationales.

M. HUBERT LINHART (Allemagne), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a estimé que le défi aujourd'hui réside dans l'application des politiques et des programmes d'élimination de la pauvreté. Dans ce cadre, les aspects économiques, politiques et sociaux de la pauvreté doivent tous être pris en compte, car la pauvreté se traduit aussi par un manque de participation à la prise de décisions politiques, et par l'exclusion de toute vie sociale. Elle empêche la jouissance pleine et entière des droits de l'homme et des libertés fondamentales, fragilisant ainsi la démocratie. Le représentant a indiqué que les causes de la pauvreté sont principalement l'inégalité de la distribution des richesses, les politiques inadéquates, et la dominance de certains groupes dans la société. Les moyens d'éliminer la pauvreté résident dans la volonté politique et l'engagement des gouvernements.

( suivre)

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Le représentant a suggéré que la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies adopte un objectif international de développement visant à la réduction de moitié la proportion des populations vivant dans une extrême pauvreté d'ici à 2015. Il faut selon lui promouvoir des moyens de contrôler les progrès effectués dans ce sens aux niveaux mondial, régional et national à l'aide d'indicateurs prenant en compte les bonnes pratiques. Il a également proposé qu'il soit donné de meilleures directives à incorporer dans les stratégies visant à l'élimination de la pauvreté, adaptées aux besoins et aux priorités locales et nationales. Ces directives devraient comprendre, entre autres, la définition et la localisation précises des groupes les plus touchés par la pauvreté, le renforcement des relations entre les programmes anti-pauvreté à différents niveaux, le ciblage de groupes ayant des besoins spécifiques, l'intégration d'une perspective sexospécifique dans la lutte contre la pauvreté, et le développement et la promotion des capacités institutionnelles. Le représentant a également suggéré d'élaborer des mesures pour soutenir la transition vers l'économie de marché et la démocratie pluraliste dans les pays à économie en transition de manière à ce que les bénéfices soient durables et contribuent à l'intégration de tous les niveaux de la société. Ces mesures pourraient être complétées par d'autres visant à contrecarrer la propagation de la pauvreté dans ces pays, en particulier la pauvreté croissante des enfants. Le représentant a exprimé l'espoir de l'Union européenne que la session extraordinaire constituera une étape décisive dans l'élimination de la pauvreté dans le monde.

Mme SOHEIR KAUSOUH-HABIB (Egypte) a indiqué que le problème de la pauvreté entrave les efforts de développement social. Le Gouvernement égyptien a entrepris des réformes économiques pour passer à une économie de marché tout en allégeant les difficultés rencontrées par la population. La représentante a précisé que des filets de sécurité sont mis en place pour protéger les populations vulnérables, en particulier les populations ayant un petit revenu et les personnes âgées. Des efforts sont également accomplis pour fournir une éducation élémentaire et des services de santé de base aux zones urbaines et rurales pauvres. L'Egypte a renforcer le rôle de l'Etat dans le domaine du développement social en vue d'instaurer une justice sociale.

La représentante a en outre évoqué l'existence d'un réseau d'assistance sociale pour toutes les couches de la population égyptienne. Un climat favorable au secteur privé et à la société civile a été créé, car les deux ont un rôle à jouer pour l'intégrer à la dimension sociale dans les politiques gouvernementales. La représentante a informé le Comité préparatoire de la préparation d'une conférence nationale pour établir un lien entre les efforts déployés par différents protagonistes et aboutir à une gestion intégrée du développement social. Elle a cependant souligné que les efforts nationaux ont besoin d'un appui international et de l'APD.

( suivre)

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M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que la pauvreté est un phénomène multidimensionnel et doit être évaluée non seulement en termes de revenus et de richesses, mais aussi en termes de bien-être social mesuré sur la base de la scolarisation et d'autres facteurs. En conséquence, toute stratégie efficace visant à éradiquer la pauvreté doit tenir compte d'une série de facteurs. Au niveau national, le renforcement des capacités par l'amélioration des services offerts, de la formation du personnel impliqué dans le secteur privé, la protection des pauvres au cours des périodes d'instabilité économique et le renforcement des filets de protection sociale, le développement des infrastructures rurales et la promotion de l'emploi dans les zones rurales, ainsi qu'un partenariat efficace entre le gouvernement et tous les partenaires sociaux de la société civile. Au Bangladesh, le gouvernement accorde la priorité à l'éradication de la pauvreté. Son programme annuel de développement a consacré pour la période 1997-1998 42% des ressources à l'agriculture, au développement rural, à l'éducation primaire et à la santé. Des mesures supplémentaires ont été prises pour assurer une protection particulière aux groupes vulnérables. La société civile joue un rôle crucial pour appuyer les efforts du gouvernement. Le Comité pour la promotion rurale du Bangladesh assiste plus d'un million de personnes par le biais de son programme de développement rural. Les efforts nationaux doivent être complétés par des mesures prises au niveau international, notamment la création d'un climat propice à une plus grande participation des pays en développement, y compris les pays les moins avancés, au processus de mondialisation. Les mesures préconisées doivent aussi jouer sur le renforcement des initiatives des institutions financières régionales et internationales et le renforcement de l'assistance au profit des pays les plus affectés par la pauvreté, surtout en Asie du Sud-Est.

Mgr DIARMUID MARTIN (Saint-Siège) a évoqué la question de la réforme agraire, qui ne doit pas être seulement considérée comme la redistribution de terres non utilisées, mais doit être durable des points de vue humain, économique et écologique. Cela demande une assistance technique et la promotion d'une culture coopérative. Il serait également utile d'améliorer les services dans les zones rurales, et d'aider la propriété collective là où elle existe. En ce qui concerne la protection sociale, l'observateur a estimé que la session extraordinaire devrait examiner des mesures pour prévenir les répercussions sociales des crises économiques. Une plus grande attention doit être portée aux situations de précarité sociale avant que les situations de crise ne s'installent.

M. SUTJIPTOHARDJO DONOKUSUMO (Indonésie) a rappelé que la situation économique mondiale a eu, ces dernières années, un impact profond sur les programmes pour l'éradication de la pauvreté des pays en développement. Les crises financières ont eu des conséquences dévastatrices sur de nombreux pays en développement. Etant donné la magnitude de l'étendue de la pauvreté et du fossé qui sépare les pays riches des pays pauvres, il est nécessaire de réévaluer les anciennes politiques et de déterminer de nouvelles stratégies plus efficaces pour l'avenir.

( suivre)

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L'aide publique au développement est essentielle à la mise en oeuvre des programmes pour l'éradication de la pauvreté, car, a estimé M. Donokusumo, elle ne peut être remplacée par les investissements directs étrangers. Il est également nécessaire qu'il y ait un engagement de la part de la communauté internationale pour éliminer les obstacles auxquels sont confrontés les pays en développement à différents niveaux et qui freinent les meilleurs efforts accomplis pour accéder de manière équitable à l'économie mondiale.

Au niveau national, l'Indonésie a réussi à réduire sensiblement la pauvreté qui a atteint 6% juste avant la récente crise financière qui a frappé la région. Le Président Habibie encourage la promotion de l'emploi dans les zones rurales et, pour ce faire, envisage des mesures incitatrices. Il entend également mettre en place un mécanisme de marché pour l'affectation des ressources économiques existantes en vue d'encourager la productivité des petites et moyennes entreprises, notamment par le biais de programmes de microcrédit.

M. PUNDY PILLAY (Afrique du Sud) a souligné la contribution de son Gouvernement pour répondre au défi de l'élimination de la pauvreté dans la région de l'Afrique australe. Un programme de développement socio-économique ciblé sur l'élimination de la pauvreté comprend la création d'une stabilité macro-économique, la satisfaction des besoins fondamentaux, la mise en place de filets de sécurité, la participation du peuple, la création d'emplois. Le représentant a estimé que ces cinq composantes sont indispensables dans la lutte contre la pauvreté. Les autorités sud-africaines oeuvrent avec le secteur privé pur créer un climat plus favorable aux pauvres. Malgré les progrès enregistrés, de nombreux défis restent à relever. En effet, la mesure de la pauvreté reste vague, car les données sont souvent inadéquates. De plus, les pouvoirs publics locaux n'ont pas encore les moyens de mener des politiques efficaces contre la pauvreté: la décentralisation n'est pas suffisante. De même, la participation de la société civile est encore insuffisante et la coopération régionale pour l'élimination de la pauvreté n'est pas encore assez développée.

MME FAITH INNERARITY (Jamaïque) a estimé que les politiques de redistribution des ressources devraient être placées au centre des travaux de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre des résultats du Sommet de Copenhague. Elle s'est déclarée convaincue que des ressources suffisantes sont disponibles dans le monde et qu'il est possible de réaliser l'objectif de l'éradication de la pauvreté. La réforme foncière dans les zones rurales est également essentielle pour contribuer aux efforts déployés en vue d'éliminer la pauvreté des pays en développement.

M. DAWSON LUPUNGA (Zambie) a informé le Comité préparatoire sur les mesures prises par son Gouvernement pour alléger l'impact des changements structurels et des sécheresses. Il a noté que la fragmentation des efforts a souvent minimisé les effets des politiques. Pour y remédier, une coopération- partenariat avec tous les acteurs a été mise en place pour rationaliser l'aide au développement social. Le représentant a défini cinq points clefs des programmes lancés par son Gouvernement de lutte contre la pauvreté.

( suivre)

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L'aide aux exploitants agricoles pour leur faciliter l'accès aux marchés et éliminer les contraintes structurelles est primordiale. Il faut ensuite construire des structures pour l'approvisionnement en électricité et en eau. Il est également nécessaire d'augmenter la productivité dans les entreprises urbaines et le développement des ressources humaines par l'éducation et la formation. Afin d'évaluer les activités de réduction de la pauvreté, la création d'une banque de données a été prévue. Ces actions continueront d'être révisées régulièrement par le biais d'un processus consultatif.

Le représentant a insisté sur la participation de tous les acteurs dès le début, y compris les pauvres eux-mêmes, et de tous les partenaires, y compris le secteur privé. Il a proposé les thèmes suivants à porter à l'examen lors de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale : initiatives en faveur des pays lourdement endettés et mise en place de filets de sécurité sociale.

MME SONIA ELLIOT (Guyana) a souligné la nécessité d'adopter une approche holistique pour formuler les stratégies visant l'éradication de la pauvreté. La garantie de services de santé primaire, l'éducation, l'accès au microcrédit et la création d'emplois sont essentiels pour assurer le succès des programmes visant à éliminer la pauvreté. La coopération internationale est nécessaire pour appuyer les efforts déployés sur le plan national. Les pays en développement doivent être équipés des moyens nécessaires pour être en mesure d'accéder à l'économie mondiale. Les institutions financières internationales pourraient renforcer leur rôle dans le cadre de ces efforts.

Mme OKKYUNG PAK (Canada) a apporté son soutien aux déclarations de l'Union européenne ainsi qu'aux trois initiatives proposées et a fait remarquer qu'il faudrait toutefois adopter des mesures concrètes. Evoquant plusieurs programmes lancés par le Canada pour lutter contre la pauvreté, elle a indiqué que le Fonds pour la réduction de la pauvreté créé par son pays, associe tous les acteurs concernés et permet de réunir et de tirer parti de toutes les expériences en la matière. La représentante a estimé que ce système permet d'homogénéiser les actions pour l'élimination de la pauvreté, et pourrait être utilisé dans d'autres pays.

M. MASOUD ALAMOUTI MOHAMMADI (Iran) a indiqué que son Gouvernement accorde la priorité à l'éradication de la pauvreté dans sa politique de développement social. La nécessité d'étendre la sécurité sociale à tous les citoyens, ainsi que la création d'emplois constituent les moyens indispensable au succès d'une stratégie en faveur de l'éradication de la pauvreté.

Mme NAIMA SENHADJI (Maroc) a souscrit aux deux premiers objectifs proposés par la délégation de l'Allemagne au nom de l'Union européenne. Elle a en outre proposé que la prochaine session de l'Assemblée générale se penche sur les programmes pilotes de lutte contre la pauvreté. Comme le Maroc, plusieurs pays se sont dotés de programmes de lutte contre la pauvreté appuyés par le PNUD. Ces programmes contiennent de nombreux aspects novateurs, et se prêtent à la mobilisation de partenaires, encouragés à travailler ensemble, ce qui les rend plus efficaces.

( suivre)

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L'avantage de ces programme réside dans le fait que leur mise en oeuvre exige des fonds relativement peu importants. La représentante a donc souhaité qu'ils soient mis en valeur lors de la session extraordinaire, et qu'ils soient encouragés. Elle a en outre soulevé le problème de l'évaluation, jugée insuffisante ce qui porte préjudice aux efforts de lutte contre la pauvreté.

M. TAREK AKKACH, Ministre des affaires sociales de la Syrie, a réaffirmé les engagements pris par son pays dans le cadre du Sommet de Copenhague. Un plan national a été établi, couvrant les services de santé de base, l'éducation, l'emploi, ainsi que la parité des sexes dans tous les domaines. Toutefois, la mise en oeuvre des mesures nationales se heurte à certains obstacles. Le Ministre a souligné qu'il est nécessaire que les institutions spécialisées, notamment l'OIT et le PNUD continuent à contribuer aux efforts déployés par les pays en développement.

MME MARIANNE LOE (Norvège) a souligné l'importance de deux mesures indispensables pour éradiquer la pauvreté. De l'avis de sa délégation, l'accès aux services sociaux de base pour tous est crucial. La lutte contre la pauvreté exige des investissements dans les ressources humaines. Aucun pays n'a encore réussi à garantir une croissance économique sans la volonté et la capacité de procéder à des investissements humains à long terme, et en particulier en matière de santé et d'éducation. La représentante a fait remarquer que les femmes représentent la majorité de la population pauvre. La féminisation de la pauvreté constitue un phénomène alarmant qui nécessite une analyse approfondie. L'analyse de l'impact de la parité des sexes devrait servir de base pour les mesures prises en vue de réduire la pauvreté. Les femmes et les fillettes doivent être au centre de notre attention, a-t-elle souligné

Mme MIRTA ALVAREZ (Etats-Unis) a indiqué que la lutte contre le chômage et le sous-emploi sont les piliers des politiques sociales du gouvernement. L'aide aux pays en développement est inscrite dans l'Histoire des Etats-Unis, et le Gouvernement participe à de nombreux programmes de lutte contre la pauvreté dans le monde. La représentante a estimé qu'un développement durable centré sur la personne humaine est la condition à un développement social également durable. Les Etats-Unis s'emploient également à assurer la satisfaction des besoins de base pour rompre le cycle de la pauvreté. Les Etats-Unis se préoccupent en outre de l'impact des difficultés extérieures, telles que la récente crise financière, et participent à des programme visant à protéger les populations les plus vulnérables.

M. MIGUEL VENTURA, Directeur exécutif du Fonds national pour le développement social et de l'indemnisation du Pérou, a indiqué que son pays a adopté une série de mesures de restructuration entrant dans le cadre des efforts de lutte contre la pauvreté. La relance économique dans les années 90 a permis au Gouvernement d'offrir des services de base pour tous en matière de santé et d'éducation. Les dépenses publiques consacrées aux mesures sociales ont sensiblement augmenté au cours de ces dernières années.

( suivre)

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Le Gouvernement consacre, chaque année, près de 500 millions de dollars aux services de base, dans les secteurs de la santé et de l'éducation. Pour garantir l'accès réel des pauvres à l'éducation, une école pilote a été mise en place et des aides financières sont accordées aux plus défavorisés.

M. ALBERTO AMOROS (Cuba) a indiqué que l'élimination de la pauvreté passe avant tout par la solution des problèmes sociaux les plus difficiles. Le processus de mondialisation a une incidence dramatique sur les populations pauvres. La réalité prouve que la libéralisation augmente les niveaux de paupérisation des pays en développement, a affirmé le représentant. Il a souligné que l'un des éléments fondamentaux de l'engagement en faveur de l'éradication de la pauvreté réside dans une distribution plus équitable des richesses. Il a remarqué que les stratégies nationales de lutte contre la pauvreté sont impossibles à mettre en oeuvre sans une aide internationale adéquate. Le représentant a proposé que le Comité préparatoire examine les efforts déployés par les pays en développement dans le cadre de leurs engagements. Toutes les activités entreprises dans l'évaluation du suivi des engagements pris à Copenhague devraient porter aussi bien sur les pays en développement que sur les nations développées. Le représentant a indiqué que son Gouvernement a obtenu des résultats remarquables au plan social, en dépit du blocus que subit le pays.

MME PARK JI-EUN (République de Corée) a estimé que la question de la pauvreté ne peut être réglée que si les gouvernements adoptent des approches intégrées. Le Sommet de Copenhague n'a pas établi une date pour réaliser l'objectif de l'éradication de la pauvreté. Elle s'est interrogée sur l'opportunité de fixer cette date à l'an 2015. Sa délégation estime qu'il serait plus utile de restreindre le nombre de thèmes à l'ordre du jour de la session extraordinaire de l'Assemblée générale.

M. BRIAN HOWE (Australie) a évoqué la situation des économies en transition, et a estimé que les progrès accomplis dans ces pays sont menacés par l'absence de répartition des richesses. Le représentant a souligné l'importance d'un système de sécurité des revenus. Il est possible de créer des systèmes de sécurité sociale novateurs qui incluent la protection des revenus et prennent en compte les circonstances des différentes économies, a-t-il estimé. La question de la protection sociale doit être traitée en priorité pour parvenir à l'élimination de la pauvreté. On ne pourra parler de politique sociale novatrice que lorsque l'on portera l'attention sur la sécurité du revenu et la sécurité sociale.

M. LOTHAR CAVIEZEL (Suisse) a estimé que le postulat de base en vue de l'éradication de la pauvreté est qu'il faut considérer simultanément la croissance économique et l'équité aux niveaux micro (acteurs), méso (institutions) et macro (global), et cela à tous les niveaux de l'économie. Les impacts négatifs des activités économiques doivent être atténués voire éliminés par des politiques appropriées. L'observateur a indiqué que la croissance économique doit être considérée comme importante en termes de redistribution et d'équité.

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Il a estimé qu'en période de forte déréglementation, l'éthique doit se substituer à la réglementation si l'on veut éviter que des couches croissantes de la population deviennent victimes d'un fatalisme social face aux forces du marché et de la technologie.

M. GUATAM MUKHOPADHAYA (Inde) s'est ralliée à la position exprimée par le Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, à savoir l'adoption d'une approche holistique bien ciblée. Il a fait remarquer que tous les efforts nationaux ne sont pas comparables et ne sont pas réalisés par les mêmes moyens. Il est donc essentiel de souligner la situation économique des pays en commentant les expériences nationales. Le déséquilibre sur le marché de travail s'explique notamment par l'absence d'emplois productifs.

M. YUSUF ISIK (Turquie) a souhaité souligner la distinction entre pauvreté et extrême pauvreté. Il a en outre proposé d'élaborer le concept de filets de sécurité internationaux pour alléger les effets liés aux crises économiques mondiales. Selon lui, pour être efficaces, les politiques d'élimination de la pauvreté doivent être bien ciblées. En Turquie, la disponibilité alimentaire et l'emploi rural sont étroitement liés au développement social rural, il faut donc adopter une approche intégrée des différents aspects du développement social. Au titre des applications ayant trait à la Turquie, le représentant a évoqué le Fonds d'aide nationale, qui est utile mais qui a manqué de critères rigoureux. Des programmes d'aide aux travailleurs turcs sont également mis en oeuvre. La Turquie a également procédé à la réforme de son système de protection sociale.

M. PINGU KORONGO (Tanzanie) a déclaré que la mobilisation des ressources nécessaires pour la mise en place des programmes de développement social, et en particulier pour l'éradication de la pauvreté ne connaît pas encore de véritable succès dans de nombreux pays. La Tanzanie consacre 20% de son budget à ces efforts.

Mme JASMINKA DINIC (Croatie) s'est prononcée en faveur d'une répartition équitable des richesses entre les pays. La Croatie appuie la déclaration faite par l'Union européenne au sujet des pays en économie de transition, et demande que des efforts renouvelés soient déployés dans le cadre des engagements pris à Copenhague, concernant le versement de 0,7% du PNB à l'aide publique au développement. Une approche unifiée et une meilleure utilisation des ressources, grâce au renforcement du rôle des Nations Unies, sont souhaitables, a-t-il ajouté.

M. THELVANDRAN RAJADURAI (Malaisie) a indiqué que son Gouvernement a pris des mesures en faveur des pauvres et des groupes les plus vulnérables. Les restrictions budgétaires ont ralenti la mise en oeuvre des programmes sociaux. Des ressources ont été réaffectées au secteur agricole. Le Gouvernement a favorisé l'accès au microcrédit dans les zones urbaines. La Malaisie a pour objectif de réduire le noyau dur de la pauvreté au strict minimum en l'an 2000.

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Mme ERLINDA CAPONES (Philippines) a formulé quatre recommandations pour la lutte contre la pauvreté. Il faut d'abord identifier et promouvoir des activités de coopération technique sur les meilleures pratiques. Il y a lieu ensuite de fournir une assistance technique pour encourager la décentralisation dans la réalisation des programmes de lutte contre la pauvreté. De plus, il faut tenir compte du fait que les activités de formation et d'éducation jouent un rôle essentiel dans les efforts pour l'élimination de la pauvreté. Et enfin, il faut assurer l'entière participation des médias.

M. ABDELLATIF BEN KILANI (Tunisie) a insisté sur le lien étroit entre le développement économique et le développement social. Il faudrait créer des emplois et augmenter les ressources dans tous les pays. Il est nécessaire de déterminer le nombre de pauvres ainsi que leurs besoins essentiels. En outre, il faudrait établir des politiques sociales qui vont de pair avec les objectifs économiques. L'assistance accordée aux pauvres doit être globale. Le représentant a souligné que la solidarité tant nationale qu'internationale est cruciale pour réaliser l'objectif de l'éradication de la pauvreté. Le Gouvernement tunisien a mis en place des programmes d'assistance aux groupes sociaux les plus défavorisés.

M. ALGERTON ALLEN, Ministre du logement et du développement social des Bahamas, a indiqué que sans la coopération internationale, les mesures nationales peuvent échouer. Les petits Etats insulaires, qui dépendent souvent d'une seule industrie, ont besoin d'une aide qui leur permette de survivre en cas de difficultés dans ce secteur unique. Le représentant a donné l'exemple des pays des Caraïbes, dont certains n'ont pas accès aux marchés internationaux de la banane. Il a exprimé son soutien à la déclaration du Saint-Siège en ce qui concerne la nécessité de placer l'être humain au centre du développement social. Des programmes ont été lancés aux Bahamas, pour respecter les engagements de Copenhague, mais ils nécessitent l'aide internationale pour être mis en oeuvre de manière complète et efficace.

MME EIMI WATANABE, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné la nécessité de répondre à des problèmes transfrontières. Dans son rapport intitulé "Le bien-être commun mondial", le PNUD fait des propositions en ce sens. Elle a lancé un appel à toutes les délégations, leur demandant d'utiliser les programmes d'ajustement structurel pour créer les conditions qui leur permettront de réduire la pauvreté. Le fardeau de la dette est surtout et avant tout une crise des droits de l'homme. Il est nécessaire que de nombreux pays en développement bénéficient de l'allégement de la dette. Si le monde développé veut répondre aux engagements pris à Copenhague, il est possible de renverser la situation et d'améliorer les conditions de vie dans les pays en développement. La plupart des pauvres du monde vivent sur des terres "marginales" et il est donc essentiel de revenir à l'esprit de Copenhague pour garantir à tous des services de base en matière de santé, de logement, d'éducation et d'emploi.

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MME ALPIZAR, Equipo Pueblo du Mexique, a indiqué que la lutte contre la pauvreté doit se situer dans un cadre qui intègre la politique sociale et écologique. Elle a exprimé son inquiétude à l'égard des politiques qui ne sont que des assistances qui servent de palliatifs mais qui ne traitent pas des causes de la pauvreté. Elle a constaté que les réalités politiques et sociales n'ont pas encore de dimension féminine. La nécessité d'habiliter les femmes n'est pas encore assez prise en compte, a regretté la représentante. Il faut reconnaître que la pauvreté est le résultat d'un ensemble de causes nationales et internationales et menace la paix et la sécurité internationales, a-t-elle ajouté. La session extraordinaire devrait permettre de créer un comité intergouvernemental pour évaluer des programme de pauvreté et procéder à l'échange d'expériences. Enfin, la participation de la société civile doit être reconnue à tous les niveaux de la lutte pour l'élimination de la pauvreté. la représentante a conclu qu'il ne faut pas oublier que la pauvreté ne peut se résumer à des chiffres, mais qu'elle a un visage humain.

MME FRAN BENNETT, Coalition du Royaume-Uni pour la lutte contre la pauvreté, a estimé qu'aucun pays ne devrait ignorer les travaux du Comité préparatoire en considérant que cela ne concerne que les pays en développement. La pauvreté affecte toutes les populations. Il est caricatural de parler uniquement d'un Nord riche et d'un Sud pauvre. Les pauvres vivent partout dans le monde, même si le degré de pauvreté varie d'un pays à l'autre. Les stratégies visant à éradiquer la pauvreté adoptées par les gouvernements devraient intégrer davantage la société civile.

M. KOTHARI, Conseil international sur la protection sociale de l'Inde, a indiqué que la question de l'élimination de la pauvreté ne reçoit pas l'attention qui devrait lui être consacrée. Il a estimé nécessaire de mitiger les effets délétères du développement économique. Il a également dénoncé la pollution des ressources naturelles, qui a un impact sur la vie des populations vivant proche de leur environnement dans le cadre d'économies de subsistance. La pollution provoque de nouvelles formes de pauvreté, et il est temps de reconnaître qu'il y a une relation directe entre la protection de l'environnement et le développement social. La croissance doit être assurée de manière durable, au profit de tous, a affirmé l'intervenant. Il faut également redistribuer les ressources financières vers ceux qui en ont le plus besoin.

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