LE SECRETAIRE GENERAL DECLARE QUE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LE GROUPE DES 77 PARTAGENT LES MEMES PREOCCUPATIONS AU SUJET DE LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE
Communiqué de Presse
SG/SM/6950
LE SECRETAIRE GENERAL DECLARE QUE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LE GROUPE DES 77 PARTAGENT LES MEMES PREOCCUPATIONS AU SUJET DE LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE
19990409 On trouvera ci-après le texte de l'allocution prononcée par le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Kofi Annan, à la vingt-sixième réunion des Présidents et Coordonnateurs des Sections du Groupe des 77, au Palais des Nations, le 7 avril, à 15 h 30."C'est un plaisir pour moi que de me joindre à vous aujourd'hui. Oeuvrer avec le Groupe des 77 est, d'après mon expérience personnelle, l'un des moyens les plus efficaces d'accomplir les tâches de l'Organisation. Comme le Président la souligné avec beaucoup déloquence, vous apportez à notre action l'expérience, l'énergie et, surtout, la détermination. Vous disposez d'ailleurs parmi vos membres - et c'est là un énorme avantage - d'une grande diversité d'acquis, qui reflète des réalités nationales et régionales très différentes.
Mais quelles que soient ces différences, vous avez tous, ces deux dernières années, partagé ma profonde préoccupation devant la crise économique qui s'est répandue comme la peste partout dans le monde et dont peu de pays en développement sont sortis indemnes.
Nous avons vu le fruit de décennies d'efforts ardus balayé quasiment du jour au lendemain. Nous avons vu les exportations chuter; la valeur de la monnaie s'effondrer; et les investissements étrangers se tarir. Et nous nous sommes trouvés face à un problème fondamental : la disparité entre le monde très dynamique et hautement complexe de la finance, et le cadre institutionnel insuffisamment développé qui est censé servir à gérer celui-ci.
Le fâcheux engrenage des événements a fait chuter le niveau de vie de millions de gens. Il a aggravé les inégalités considérables qui existaient auparavant, certains segments riches de la société ayant même bénéficié de la crise tandis que les pauvres, comme d'habitude, s'appauvrissaient. Et il a engendré des problèmes sociaux, l'instabilité politique et le risque de troubles encore plus graves.
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Licenciés de leur travail ou rejetés des établissements d'enseignement, leurs espoirs frustrés et leur avenir bouché, hommes et femmes de par le monde se sont tout naturellement tournés vers leurs gouvernements et vers l'ONU pour trouver des réponses et obtenir de l'aide.
Il est de notre devoir de leur venir en aide et même de veiller, lorsque nous étudions le fonctionnement de l'économie mondiale, à faire en sorte que le développement figure en bonne place et, lorsque nous abordons cet ordre du jour important, à entendre toutes les voix. Une série d'événements particulièrement importants prévus au cours des deux prochaines années nous donnera l'occasion de satisfaire ces demandes. Ces événements sont :
un examen des conférences dans le cadre des grandes conférences des Nations Unies telles que celles sur la population, la pauvreté, les petits Etats insulaires et la promotion de la femme; Nous avons :
la dixième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, qui se tiendra à Bankgok en février 2000;
le Sommet du Sud qui se tiendra à La Havane en avril 2000; l'Assemblée et le Sommet du millénaire à New York à l'automne de l'an 2000;
la réunion de haut niveau sur le financement pour le développement;
la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, prévue pour le premier semestre de 2001.
Certaines questions figurent en bonne place à l'ordre du jour de l'ensemble de ces réunions et conférences.
L'une de ces questions est celle du financement du développement. Comme vous le savez, l'évolution du monde de la finance a d'importantes répercussions politiques, sociales et économiques. Les ressources publiques ont diminué et l'aide publique au développement, qui pendant longtemps a été l'élément essentiel du financement du développement, n'a jamais été aussi faible.
Aujourd'hui, nous savons que les capitaux privés étrangers ne suffisent pas à eux seuls, et que de toute façon la plupart des pays qui connaissent des difficultés ne sont pas en mesure d'attirer ces capitaux. L'aide publique au développement reste donc un important catalyseur du développement économique, et l'ONU continuera à chercher à faire en sorte que les objectifs en la matière, fixés il y a déjà longtemps, soient atteints.
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Parallèlement, nous encouragerons l'ouverture des marchés et, en particulier, le renforcement des capacités. Le commerce peut accomplir des merveilles, mais sans infrastructure ni institutions, sans technologie ni assistance technique, les pays en développement ne seront pas en mesure d'attirer des investissements et leur croissance ne sera ni durable ni d'origine suffisamment diversifiée pour leur permettre d'entrer en concurrence avec les autres pays et d'être autonomes.
L'allégement de la dette est une question connexe fondamentale qui, au moins, semble recevoir l'appui politique à haut niveau qu'elle nécessite. Le Président Clinton et le Chancelier Schröder, ainsi que d'autres dirigeants, ont proposé d'importantes mesures pour alléger le fardeau de la dette qui pèse sur les pays d'Afrique ainsi que pour accélérer la mise en oeuvre de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés et en élargir le champ d'application.
J'espère sincèrement que ces mesures donneront rapidement des résultats concrets. La satisfaction des besoins fondamentaux ne doit plus être l'otage du coût du service de la dette.
Nous avons un proverbe en Afrique : le «débiteur doit manger», jespère que nous nous en souviendrons: je pense en particulier à l'Afrique subsaharienne. Des dépenses d'armements exagérées, les conséquences du sida et une mauvaise gouvernance expliquent eux aussi pour partie la situation actuelle, mais le fait que les pays les plus pauvres dépensent autant pour assurer le service de leur dette que pour l'éducation et la santé donne toute sa signification à l'expression "piège de la dette".
L'allégement de la dette et le financement du développement sont des questions qui impliquent principalement un dialogue et un partenariat entre le Nord et le Sud. Aujourd'hui, vous devez également compter sur vous et sur ce que vous pouvez faire les uns pour les autres dans le cadre d'une coopération Sud-Sud.
On voit en effet se multiplier les signes qu'une telle solidarité peut être une réponse efficace à la volatilité des marchés mondiaux, et je partage les voeux que vous formez pour le succès du sommet des pays du Sud qui se tiendra l'année prochaine.
S'il est une manifestation où toutes ces questions, et tous nos espoirs, sont susceptibles de converger, c'est bien l'Assemblée du millénaire.
L'Assemblée et le Sommet du millénaire ne doivent pas être des manifestations purement symboliques ou cérémonielles. Nombre de commentateurs estiment que l'Organisation des Nations Unies est progressivement marginalisée, aussi bien en tant que force de paix et de sécurité qu'en tant qu'acteur du développement. Tel n'est pas mon avis. Je ne pense pas non plus que cela soit conforme aux intérêts ni aux désirs des peuples du monde.
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Le prochain siècle apportera de nombreux problèmes mondiaux qu'il faudra traiter dans l'enceinte d'une organisation mondiale. L'Organisation des Nations Unies a vocation à cerner ces problèmes, de même que les moyens de les résoudre.
L'Assemblée et le Sommet du millénaire nous offrent une occasion idéale pour le faire, à condition qu'ils soient correctement planifiés et préparés. Le Groupe des 77, je suis heureux de le constater, joue déjà un rôle déterminant alors que nous allons de l'avant.
Nul doute que ce programme de travail est chargé. C'est aussi un programme dans lequel les décisions prises au sein d'une instance auront une incidence sur une autre instance. Si nous nous y préparons bien, la cause du développement comme celle du multilatéralisme lui-même peuvent être renforcées et replacées au-devant de la scène. Dans le cas contraire, on risquerait de n'ajouter que de nouvelles déclarations et de nouveaux plans d'action à la pile croissante de ceux qui attendent d'être mis en oeuvre.
Et puis nous vivons une époque difficile. Mais elle nous offre des opportunités, pour autant que nous soyons désireux de découvrir de nouvelles approches et de former de nouvelles alliances qui fassent fi des clivages traditionnels.
De nouvelles approches : ainsi des améliorations apportées au mécanisme économique et social de l'Organisation des Nations Unies que le Groupe des 77 a contribué à instaurer. De nouvelles alliances : ainsi de la participation croissante du secteur privé et des milieux associatifs à nos travaux.
Prenant la présidence du Groupe des 77, Son Excellence Clement Rohee, Ministre des affaires étrangères du Guyana, a dit, et je cite : les «murs de suspicion et de défiance» ont divisé les nations développées des nations en développement et doivent être abattus, et il a appelé de ses voeux «un climat d'aspirations communes et de bonne volonté».
Je ne peux qu'abonder dans son sens. Nous ne réussirons pas à relever les défis contemporains si nous nous retranchons dans des camps opposés, munis des seules armes d'hier et bardés des doléances d'aujourd'hui. Mais si nous faisons preuve de pragmatisme, si notre politique plonge ses racines dans les réalités actuelles, alors nous pouvons certainement transformer l'avenir. L'Organisation des Nations Unies, pour sa part, reste votre fidèle partenaire dans l'action menée pour atteindre cet objectif. Je vous remercie beaucoup de votre appui."
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