En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6509

LA COMMUNAUTÉ D'ACTION EST BEAUCOUP PLUS EFFICACE QUE L'ACTION ISOLÉE DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

31 mars 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6509


LA COMMUNAUTÉ D'ACTION EST BEAUCOUP PLUS EFFICACE QUE L'ACTION ISOLÉE DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

19980331 On trouvera ci-après le texte de l'allocution prononcée, hier, à Moscou par le Secrétaire général, Kofi Annan, devant la Douma d'Etat:

Je suis très heureux de revenir à Moscou en ce moment, et je suis hautement honoré d'avoir l'occasion de m'adresser à la Douma d'État de la Fédération de Russie qui, dès ses premiers jours, a accordé son soutien indéfectible à l'Organisation des Nations Unies. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie a joué un rôle et exercé une responsabilité sans parallèle tout au long de l'histoire de l'Organisation. Plus récemment, durant la crise de l'Iraq, elle a accompli sa mission d'une manière admirable.

Alors que la Commission spéciale des Nations Unies en Iraq commençait à avoir de plus en plus de mal à réaliser sa tâche et que la menace d'une action militaire se précisait nettement, il est devenu manifeste qu'une intervention diplomatique s'imposait. J'ai eu le privilège de collaborer étroitement avec le Gouvernement russe durant l'ensemble des négociations difficiles et complexes qui ont abouti à la solution attendue par le monde entier et qui ont ainsi empêché un affrontement militaire potentiellement dévastateur.

Le Président Eltsine, le Ministre des affaires étrangères Primakov et son adjoint, M. Possouvaliouk, se sont employés sans relâche, durant les semaines ayant précédé ma mission à Bagdad, à convaincre les dirigeants iraquiens d'autoriser la Commission spéciale des Nations Unies à mener à bien sa mission de désarmement. Ils ont contribué par leurs efforts à jeter les fondations de notre succès commun et ont, depuis lors, réitéré et souligné que l'Iraq devait se conformer intégralement et inconditionnellement aux exigences du Conseil de sécurité.

Je leur en suis redevable. Une fois encore, nous avons prouvé de concert la sagesse de l'adage selon lequel mieux vaut prévenir que guérir. Immédiatement à mon retour de Bagdad, j'ai pu m'entretenir de ma mission avec une délégation de la Douma conduite par M. Vladimir Loukine, Chef de la Commission des affaires étrangères de la Chambre basse de la Douma. J'ai été encouragé par le soutien qu'il a exprimé à ce sujet. Je suis aujourd'hui très heureux d'avoir l'occasion d'expliquer ma mission aux membres des deux Chambres.

( suivre)

- 2 - SG/SM/6509 31 mars 1998

L'ensemble du Moyen-Orient se trouve à l'heure actuelle à un tournant extrêmement délicat qui requiert de la patience, de la détermination et du courage. Si l'accord auquel je suis parvenu avec les dirigeants iraquiens donne ses fruits, des pas concrets auront été accomplis vers la paix et la stabilité à long terme dans la sous-région du Golfe.

Il nous faut maintenant enregistrer des progrès analogues sur le front arabo-israélien qui est, plus que jamais, essentiel pour l'avenir de la région. La visite que j'ai accomplie la semaine dernière dans cette région a confirmé que personne n'entretenait d'illusions quant aux mesures à prendre, aux compromis à faire et aux concessions à accorder pour que la paix puisse régner. Il est indispensable que cette paix rétablisse la dignité, l'autodétermination et la sécurité de toutes les parties. C'est là le seul moyen de susciter l'intérêt de tous les peuples du Moyen-Orient qui y trouveront alors des raisons de vivre et de lutter.

Je tiens à saisir cette occasion pour vous exposer plus précisément la nature de l'accord auquel je suis parvenu avec le Gouvernement iraquien, ainsi que les obligations et les promesses qui y sont contenues.

Je suis allé à Bagdad, dûment autorisé par tous les membres du Conseil de sécurité, afin de rechercher une solution pacifique à la crise. Cette crise a pris fin. Le mandat du Conseil de sécurité a maintenant été réaffirmé. L'accès des inspecteurs des Nations Unies a été non seulement rétabli, mais aussi élargi de manière à inclure tous les sites quels qu'ils soient. De fait, dans les semaines qui se sont écoulées depuis l'accord, la Commission spéciale des Nations Unies a pu, pour la première fois en sept ans, accéder à un certain nombre de sites que les Iraquiens déclaraient "sensibles", y compris les sites dits présidentiels.

Il appartient maintenant aux dirigeants iraquiens de faire en sorte que la menace contre la paix et la sécurité internationales soit écartée à jamais. Le respect intégral par l'Iraq des exigences du Conseil de sécurité est le seul et unique but de cet accord.

Rien de plus ni rien de moins ne permettra de mener à bien le processus de désarmement prescrit par les Nations Unies et d'accélérer ainsi la levée des sanctions conformément aux résolutions antérieures du Conseil de sécurité. L'accord en question met plus que jamais à l'épreuve la volonté des dirigeants iraquiens de tenir leur parole. Mais il demande aussi à la région et à la communauté internationale de diriger leur regard vers l'avenir et d'envisager le moment où le processus de désarmement sera achevé en Iraq. Nous sommes tous d'accord sur le fait que les sanctions ont beaucoup aggravé les souffrances du peuple iraquien, que l'élargissement du programme "Pétrole contre nourriture" réduira ses souffrances sans pour autant affaiblir le régime de désarmement et que, tôt ou tard — et le plus tôt sera le mieux, comme nous l'espérons —, l'Iraq, entièrement désarmé et pacifique, pourra reprendre sa place légitime au sein de toutes les nations.

( suivre)

- 3 - SG/SM/6509 31 mars 1998

L'accord obtenu à Bagdad n'a été ni une "victoire" ni une "défaite" pour quiconque — que ce soit un individu, un pays ou un groupe de pays. Il est certain que l'Organisation des Nations Unies et la communauté mondiale n'ont rien perdu, n'ont rien cédé ni concédé d'important. Toutefois, cet arrêt — au moins pour le moment — de la reprise des hostilités militaires dans le Golfe a permis à la paix, à la raison et au règlement des conflits par la voie diplomatique d'enregistrer une victoire.

Si cet accord est pleinement exécuté et ouvre, au fil des jours, un horizon nouveau dans le Golfe, si cette action diplomatique, appuyée par l'équité, la fermeté et la force, résiste à l'épreuve du temps, ce sera là un précédent durable et précieux pour l'Organisation des Nations Unies et la communauté mondiale. Il prouvera qu'en agissant de concert, le monde peut prévenir les conflits.

Je sais que la communauté internationale peut compter sur la Douma d'État pour appuyer les efforts actuellement entrepris en vue de réaliser cet objectif.

Pour l'Organisation des Nations Unies, il n'y a pas de but plus élevé, d'engagement plus profond ni d'ambition plus grande que de prévenir les conflits armés. La Fédération de Russie est devenue, au cours des 10 dernières années, un pilier indispensable pour tout ce que l'Organisation cherche à réaliser dans le domaine de la paix et de la sécurité.

S'agissant du maintien de la paix, les soldats russes ont servi courageusement dans des opérations des Nations Unies à l'échelle mondiale et sous les auspices de la Communauté d'États indépendants, comme en Géorgie et au Tadjikistan, afin d'assurer la paix. Permettez-moi de rendre aujourd'hui hommage à ces soldats de la paix, à leur dévouement, à leur abnégation et à leur courage, et de saluer tout particulièrement ceux d'entre eux qui ont fait l'ultime sacrifice de leur vie. La Russie fournit actuellement plus de 1 000 soldats, policiers et observateurs aux opérations des Nations Unies en Angola, en Bosnie, en Croatie, en Géorgie, au Sahara occidental, au Moyen- Orient et le long de la frontière entre l'Iraq et le Koweït. Le monde leur en est redevable.

Alors que la communauté internationale s'emploiera à résoudre les conflits et les différends de l'avenir, nous serons plus que jamais tributaires de la volonté d'États tels que la Russie de renforcer la crédibilité et la légitimité de l'action des Nations Unies. En même temps, l'Organisation est parfaitement consciente des difficultés économiques que connaît actuellement le peuple russe. Permettez-moi, en l'occurrence, d'exprimer ma gratitude particulière au Parlement russe, qui est résolu à s'acquitter des engagements qu'il a pris auprès des Nations Unies.

- 4 - SG/SM/6509 31 mars 1998

Dans un monde où les intérêts et les pouvoirs sont multiples, il nous faut reconnaître que la communauté d'action est beaucoup plus efficace que l'action isolée. Le règlement de la crise de la Commission spéciale des Nations Unies n'en est que l'exemple le plus récent.

Il est impératif que nous en fassions, de concert, un véritable modèle pour l'avenir.

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