PENURIES ALIMENTAIRES PERSISTANTES DANS 29 PAYS. LE PHENOMENE CLIMATIQUE EL NINO MENACE LES RECOLTES DE 1998 DANS L'HEMISPHERE SUD, SELON LA FAO
Communiqué de Presse
FAO/3682
PENURIES ALIMENTAIRES PERSISTANTES DANS 29 PAYS. LE PHENOMENE CLIMATIQUE EL NINO MENACE LES RECOLTES DE 1998 DANS L'HEMISPHERE SUD, SELON LA FAO
19971112 Rome, 12 novembre -- Non moins de 29 pays, la plupart en Afrique, souffrent encore de pénuries alimentaires aiguës nécessitant une aide exceptionnelle ou d'urgence, indique le bulletin "Perspectives de l'alimentation" publié aujourd'hui par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), à l'occasion de la tenue de la 29ème session de sa conférence (7-18 novembre 1997)."Même si, dans les pays en développement, la production céréalière ne devrait reculer que légèrement en 1997 par rapport au bon niveau de l'an dernier, le nombre des pays confrontés à des crises alimentaires a atteint 29 en 1997 alors qu'il était de 25 en 1996. Parmi les pays affectés, 18 se trouvent en Afrique, 5 en Asie, 5 autres en Europe de l'Est/Communauté des Etats indépendants (CEI) et un en Amérique latine", selon le bulletin.
En Afrique, les pays affectés sont l'Angola, le Burundi, l'Erythrée, l'Ethiopie, le Kenya, le Lesotho, le Libéria, la Mauritanie, le Mozambique, le Niger, l'Ouganda, la République démocratique du Congo, le Rwanda, la Sierra Leone, la Somalie, le Soudan, la Tanzanie et le Tchad. En Asie, ce sont l'Afghanistan, la Corée du Nord, l'Irak, le Laos et la Mongolie. En Europe de l'Est/CEI, les pays qui souffrent de pénuries alimentaires sont l'Azerbaïdjan, l'Arménie, la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie et le Tadjikistan alors qu'en Amérique latine la situation alimentaire reste précaire en Haïti. "Les difficultés d'approvisionnement sont, le plus souvent, le fait des mauvaises conditions météorologiques mais les troubles intérieurs et les réformes économiques tiennent toujours une place importante".
Le phénomène météorologique El Niño auquel on assiste actuellement, et qui devrait atteindre son paroxysme au cours des prochains mois, continue d'être préoccupant et pourrait compromettre les récoltes de 1998 dans certaines régions de production importantes de l'hémisphère sud.
El Niño se manifeste par un réchauffement anormal des eaux de surface dans l'Océan pacifique au large de l'Equateur et du Pérou, qui se produit à intervalles de 2 à 7 ans, avec des intensités et durées variables. En 1983, les interactions entre l'océan et l'atmosphère ont provoqué, un peu partout dans le monde, des catastrophes naturelles majeures et, au Pérou, une chute de la production agricole, des glissements de terrain qui ont enseveli des villages entiers et une forte réduction des stocks d'anchois.
- 2 - FAO/3682 12 novembre 1997
"L'inquiétude est considérable quant aux effets négatifs possibles du phénomène El Niño sur les récoltes de céréales secondaires de 1998. Selon les spécialistes, les pluies seront très probablement insuffisantes pendant la période des semis, qui doit commencer bientôt. La plupart des gouvernements ont donc préparé des plans d'urgence complets afin d'atténuer les effets d'une sécheresse éventuelle", indique le bulletin. "Dans de nombreux pays d'Asie, les mauvaises conditions météorologiques que provoquerait El Niño pourraient retarder les opérations de semis de riz, ce qui nécessiterait l'utilisation de variétés à maturation précoce mais à rendement plus faible. Les premières indications font état d'une baisse des superficies cultivées en riz dans les pays de l'hémisphère sud".
Le bulletin analyse l'impact éventuel du phénomène El Niño non seulement sur la production mondiale de céréales, mais aussi sur les prochaines récoltes de manioc, de cultures oléagineuses, de café, de cacao, de sucre, de fruits tropicaux, d'agrumes, de raisin et d'autres produits horticoles. Les approvisionnements mondiaux de coton et de jute ne devraient pas être affectés, tandis que la production de fibres dures pourrait reculer si la sécheresse se poursuivait dans certains pays de l'hémisphère sud. L'impact éventuel d'El Niño sur les forêts et les pêches y est également évoqué. Le principal risque en ce qui concerne les forêts est celui du feu, comme on a pu le constater récemment en Indonésie, tandis que l'impact sur les disponibilités de poissons devrait se traduire, dans le cas de figure le moins catastrophique, par une diminution des stocks dans certaines zones du fait des modifications des températures superficielles de l'eau de mer.
D'autre part, le rapport annuel de la FAO, "La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 1997" (265 pages), présenté aujourd'hui à la presse internationale et aux participants à la 29éme session de la conférence de l'Organisation, contient une série de renseignements qui montrent notamment que les écarts de revenus et les différences de sécurité alimentaire entre les pays tendent à s'accroître. "Il faut renverser la tendance conformément aux engagements pris lors du Sommet mondial de l'alimentation qui s'était tenu en novembre 1996 à Rome", fait-on observer à la FAO.
Le rapport fait le point sur la sécurité alimentaire mondiale et présente une étude sur l'environnement économique de l'agriculture ainsi que trois "dossiers" sur les forêts dans un contexte planétaire, la productivité des agricultrices et la prévention du changement climatique, notamment les politiques de réduction des émissions. A ce propos, on y lit que "l'effet des politiques mondiales de réductions des émissions sur le secteur agricole sera différent selon les régions et les pays", mais qu'en tout état de cause, "la limitation des émissions de méthane et d'oxyde nitreux risque de freiner la croissance de l'agriculture". L'ouvrage recommande "des politiques de réduction du déboisement et de promotion des races améliorées de bétail ainsi que des pratiques de gestion des cultures propres à réduire les émissions de
- 3 - FAO/3682 12 novembre 1997
bioxyde de carbone, de méthane et d'oxyde nitreux". Il prescrit également "l'amélioration des pratiques d'aménagement des terres, notamment une meilleure utilisation des eaux et des engrais et la conservation de la matière organique.
Cette année, le chapitre spécial du rapport est consacré aux industries agroalimentaires et à leur rôle dans le développement. Pour encourager les investissements privés dans ce secteur, l'ouvrage recommande la création d'"un cadre macroéconomique stable" et la mise en place de "réformes visant à la suppression des distorsions et des rigidités du marché.
* *** *