Assemblée générale: appels au lancement d’une quatrième Décennie du développement industriel de l’Afrique
Ce matin, l’Assemblée générale a examiné le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la Troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique (2016-2025), l’occasion pour les intervenants de saluer les progrès tangibles accomplis durant cette Décennie mais aussi de s’inquiéter des défis structurels persistants à l’industrialisation du continent. À l’instar du Groupe des États d’Afrique, de nombreux appels ont donc été lancés en faveur de la proclamation d’une quatrième Décennie du développement industriel de l’Afrique.
« Avec une vision, une volonté politique et une solidarité internationale, la quatrième Décennie pour le développement industriel de l’Afrique pourra libérer tout le potentiel industriel du continent et contribuer de manière décisive à un système multilatéral plus équitable, équilibré et inclusif », a souhaité le Groupe qui, par la voix de la Guinée-Bissau, a appelé à consolider les partenariats public-privé, faciliter les transferts de technologies et mobiliser des financements prévisibles pour soutenir la montée en puissance de l’industrie africaine.
Dans un premier temps, le Groupe a salué les progrès tangibles accomplis durant la Troisième Décennie, notamment dans les secteurs agroalimentaire, pharmaceutique, des énergies renouvelables et de la numérisation. Les zones économiques spéciales et les chaînes de valeur régionales ont permis de renforcer la coopération intra-africaine, et des progrès ont également été obtenus grâce à la diversification des secteurs économiques et aux efforts d’intégration régionale. Pour de nombreuses délégations, ces réalisations traduisent une montée en puissance de l’Afrique industrielle, bien que la contribution manufacturière au PIB du continent n’ait atteint que 10,3% en 2024.
Une transformation industrielle freinée par des défis structurels
Les délégations ont toutefois constaté que des défis structurels persistants continuent de freiner la transformation industrielle africaine, le Groupe des États d’Afrique évoquant la faible intégration entre les industries extractives et les chaînes de transformation, le manque de financement adapté aux PME, ainsi que l’accès limité aux technologies de production avancées. Le Zimbabwe a signalé pour sa part que les coûts commerciaux élevés, particulièrement pour les pays en développement sans littoral, ainsi que la dépendance persistante aux exportations de matières premières non transformées, privent le continent de ressources essentielles.
Le Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies a dénoncé l’impact des mesures coercitives unilatérales, considérées comme des obstacles majeurs au développement industriel africain. Il a appelé à leur levée immédiate, rappelant que la souveraineté économique passe par la liberté des États africains de définir leurs politiques industrielles et énergétiques sans conditionnalités extérieures. « L’industrialisation, comme la paix, ne peut être imposée de l’extérieur. Elle doit être impulsée de l’intérieur, conformément aux priorités nationales et aux stratégies continentales », a-t-il dit.
De son côté, la Russie a pointé du doigt les inégalités commerciales et financières héritées du colonialisme, citant en exemple le déséquilibre du marché mondial du café, évalué à 460 milliards de dollars, dont moins de 10% des bénéfices reviennent aux pays africains producteurs.
L’Afrique du Sud s’est inquiétée de la faiblesse du financement prévisible pour les programmes liés à l’industrialisation et de la multiplicité des mandats onusiens. Outre une meilleure coordination, elle a recommandé de numériser les registres institutionnels et d’utiliser l’intelligence artificielle pour renforcer l’efficacité opérationnelle du système onusien. Les Maldives et le Belize, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), ont estimé que la réforme en cours dans le cadre de l’Initiative ONU80 doit préserver les engagements de développement à l’égard des petits États insulaires en développement (PEID). Les fermetures de bureaux dans les petits États, au profit des grands, affaiblissent la présence opérationnelle de l’ONU sur le terrain, ont-ils mis en garde.
L’Angola a annoncé pour sa part qu’il accueillerait, en octobre, un sommet sur les infrastructures et le financement du développement en Afrique, dans la perspective d’enclencher la quatrième Décennie.
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