En cours au Siège de l'ONU

8991e séance, matin
CS/14827

Conseil de sécurité: la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement indique que l’ONU n’a pas connaissance d’un programme d’armes biologiques en Ukraine

Alors que ses forces assiègent plusieurs villes ukrainiennes, la Fédération de Russie a, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité convoquée à sa demande, accusé les États-Unis de soutenir des programmes biologiques militaires en Ukraine.  Ces accusations ont été rejetées avec force par les États-Unis qui se sont inquiétés à la perspective que cette campagne de désinformation soit le prélude à une utilisation d’armes biologiques par la Russie en Ukraine.  « L’ONU n’a connaissance d’aucun programme d’armes biologiques », a, de son côté, précisé la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement. 

Mme Izumi Nakamitsu a indiqué qu’elle était au courant des reportages qui circulent dans les médias concernant les allégations de programmes d’armes biologiques, avant de rappeler que la Fédération de Russie et l’Ukraine sont toutes deux parties à la Convention sur les armes biologiques de 1972 qui interdit le développement, la production, l’acquisition, le transfert, le stockage et l’utilisation d’armes biologiques et à toxines. 

Elle a également rappelé qu’en vertu de l’article VI de la Convention, « chaque État partie qui constate qu’une autre partie agit en violation des obligations découlant des dispositions de la Convention peut déposer une plainte auprès du Conseil de sécurité ».  Si celui-ci donne son accord, une enquête pourrait être initiée, a-t-elle expliqué.  Bien que ces dispositions n’aient pas été régulièrement utilisées, il s’agit néanmoins de procédures convenues au niveau international qui peuvent être utilisées pour désamorcer les tensions ainsi que pour aborder et résoudre toute préoccupation relative au respect des obligations au titre de la Convention dans un cadre multilatéral, a noté Mme Nakamitsu qui a appelé les États parties à envisager d’utiliser les procédures disponibles pour résoudre ce type de question. 

« L’opération militaire spéciale que mène la Russie en Ukraine a révélé que Kiev est en train d’effacer des traces de ses programmes militaires biologiques développés avec le soutien des États-Unis », a accusé la Fédération de Russie qui a dit détenir des documents confirmant l’existence d’un réseau d’au moins 30 laboratoires biologiques en Ukraine qui auraient mené des recherches dangereuses sur la peste, l’anthrax et le choléra, entre autres, « le tout financé et directement supervisé par le Département de la défense des États-Unis ». 

Dans une intervention aux accents apocalyptiques, la délégation russe a notamment détaillé un projet appelé « UP-4 » dont l’objectif serait d’étudier la possibilité de propager des infections dangereuses par les oiseaux migrateurs.  Un autre projet consisterait à faire des chauves-souris des porteurs potentiels d’armes biologiques afin de transmettre à l’homme la peste, la leptospirose, ou encore les filovirus et les coronavirus. 

« Ce sont des actes imprudents », a dénoncé la Russie qui a dit craindre l’impossibilité de contrôler l’évolution d’une telle situation.  Elle a aussi relevé que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recommandé à l’Ukraine de détruire les agents pathogènes particulièrement dangereux afin d’éviter toute fuite qui pourrait entraîner une propagation de maladie au sein de la population.  « Mais on ne sait pas si Kiev a donné suite à cette recommandation », a-t-elle déploré, avant de relever que l’ordre a été donné, le 24 février, de détruire de manière irréversible tous les échantillons des laboratoires.  La nomenclature et la quantité excessive de biopathogènes laissent à penser que ces activités ont été menées dans le cadre d’un programme d’armes biologiques, a-t-elle affirmé. 

Estimant que les informations partagées par la Russie doivent être « dûment prises en compte », la Chine a souligné que les parties ont l’obligation de présenter tous les éclaircissements nécessaires et d’accepter le système de vérification multilatéral. 

« L’Ukraine n’a pas de programme d’armes biologiques », ont tranché en revanche les États-Unis, précisant que les laboratoires publics ukrainiens permettent de détecter des maladies comme la COVID-19.  Les États-Unis, a ajouté la délégation, sont fiers de soutenir ce travail. 

Déplorant ce qu’elle a appelé une campagne de désinformation de la part de la Fédération de Russie, la délégation américaine a avoué sa crainte que celle-ci serve de prétexte pour justifier l’utilisation d’agents chimiques ou biologiques en Ukraine, y compris à des fins d’assassinat, évoquant notamment l’empoisonnement d’Alexei Navalny par des agents russes. 

De nombreuses délégations ont, elles aussi, dénoncé « les mensonges de la Russie qui ne trompent personne », selon l’expression de la France.  « Ces mensonges font partie d’une stratégie cynique de désinformation dont la Russie a fait une véritable arme de guerre », a-t-elle accusé, tandis que l’Albanie a fustigé « les théories du complot biologique relevant d’un fantasme russe ».  « Il est inadmissible que la Russie brandisse de telles accusations pour justifier son injustifiable agression », a renchéri l’Irlande. 

Leur emboitant le pas, l’Ukraine a souligné que les installations médicales ukrainiennes respectent les normes internationales et a regretté que le Conseil de sécurité soit manipulé par la Fédération de Russie, estimant que l’organe devrait plutôt s’atteler à débattre des crimes contre l’humanité que ce pays commet depuis le 24 février.  Selon les estimations des autorités locales, les bombardements russes ont fait 1 582 morts à Marioupol, s’est indignée la délégation ukrainienne qui a en outre affirmé que le ciblage des zones résidentielles est prémédité, « comme l’ont confirmé des pilotes russes capturés aujourd’hui ». 

Également présente, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a déclaré que la « dévastation dépasse l’entendement », précisant qu’au 11 mars, on comptait 1 546 victimes civiles, y compris 564 tués et 982 blessés, depuis le début de l’invasion.  C’est l’usage d’une artillerie lourde qui a fait la plupart des victimes, et des informations crédibles font état de l’emploi d’armes à sous-munitions par les forces russes, y compris dans les zones densément peuplées, a précisé Mme Rosemary DiCarlo qui a qualifié d’alarmante la situation à Marioupol, Kharkiv, Soumy et Tchernihiv. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Notant que la guerre en Ukraine en est à sa troisième semaine, Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a indiqué que les forces russes poursuivent leurs opérations et assiègent plusieurs villes dans le sud, l’est et le nord du pays, la situation étant particulièrement alarmante à Marioupol, Kharkiv, Soumy et Tchernihiv.  Elle a indiqué que la dévastation dépasse l’entendement, tandis que les civils paient le tribut le plus lourd, précisant qu’au 11 mars, il y a eu 1 546 victimes civiles, y compris 564 tués et 982 blessés, depuis le début de l’invasion le 24 février.  Elle a expliqué que c’est l’usage d’une artillerie lourde qui a fait la plupart des victimes, en insistant sur les informations crédibles faisant état de l’emploi d’armes à sous-munitions par les forces russes, y compris dans les zones densément peuplées.  Ces armes, ainsi que les attaques indiscriminées, sont prohibées par le droit international, a-t-elle rappelé. 

La Secrétaire générale adjointe a indiqué que, selon l’OMS, il y aurait eu 26 attaques vérifiées contre des centres de soins, du personnel de santé et des ambulances, causant la mort de 12 personnes et faisant 34 blessés.  Elle a fermement condamné le bombardement de la maternité de Marioupol le 9 mars, en rappelant que cibler les civils est inexcusable et intolérable.  « Tous les responsables de violations du droit international humanitaire doivent être tenus responsables. »  Elle a indiqué que le pays compte deux millions de déplacés, et que l’ONU renforce ses opérations humanitaires là où la situation sécuritaire le permet, précisant que plus de 500 000 personnes reçoivent une assistance.  Notant que ce travaille nécessite des ressources financières, elle a appelé les donateurs à débloquer rapidement des fonds promis depuis le lancement, la semaine dernière, de l’appel de 1,5 milliard de dollars.

Il est capital de parvenir à une cessation des hostilités afin de garantir une évacuation des civils, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe qui a précisé que le 9 mars, plus de 51 000 personnes ont été évacuées le long des 5 couloirs agréés sur 6.  Elle a indiqué qu’il y a désormais 2,5 millions de réfugiés ukrainiens et a souligné que toutes les personnes fuyant l’Ukraine, y compris les ressortissants de pays tiers, doivent être protégées, dans le respect du principe de non-refoulement.  Elle a ensuite insisté sur l’urgence absolue de négociations pour mettre un terme à la guerre en Ukraine.  Prenant note des pourparlers qui ont eu lieu, elle a appelé à l’intensification des efforts pour parvenir à des arrangements humanitaires et de cessez-le-feu.  « La logique du dialogue et de la diplomatie doit l’emporter sur la logique de guerre. »  Elle a déclaré que les déclarations selon lesquelles cette guerre serait un « tournant » et marquerait « la fin du multilatéralisme » ne sont pas exagérées.  « Nous devons tout faire pour trouver une solution et mettre un terme à cette guerre, nous devons le faire maintenant. »

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a dit être au courant de reportages dans les médias concernant les allégations de programmes d’armes biologiques.  L’ONU n’a connaissance d’aucun programme d’armes biologiques, a-t-elle assuré.  Elle a rappelé que la Convention sur les armes biologiques de 1972 interdit le développement, la production, l’acquisition, le transfert, le stockage et l’utilisation d’armes biologiques et à toxines.  La Fédération de Russie et l’Ukraine sont toutes deux parties à cette Convention.  En outre, la Fédération de Russie est un gouvernement dépositaire en vertu de la Convention.  Mme Nakamitsu a souligné que les armes biologiques sont interdites depuis l’entrée en vigueur de la Convention en 1975.  Au total, 183 États ont désormais adhéré à la Convention et ces armes sont universellement considérées comme odieuses et illégitimes.  Elle a noté que la Convention n’a pas un mécanisme de vérification multilatéral supervisé par une organisation indépendante, telle que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Par conséquent, évaluer le respect de ses obligations est du ressort des États parties. 

L’article V de la Convention, a-t-elle poursuivi, stipule que « les États parties s’engagent à se consulter et à coopérer entre eux pour résoudre tous problèmes qui pourraient éventuellement surgir quant à l’objectif de la Convention, ou quant à l’application de ses dispositions ».  Dans le cadre de cet article, les États parties ont établi un échange annuel d’informations sur la base des mesures de renforcement de la confiance.  Les États parties doivent donc déclarer des informations sur les installations et activités sur leur territoire afin de « prévenir ou réduire la survenance d’ambiguïtés, doutes et soupçons » entre eux.  La Haute-Représentante a souligné que la Fédération de Russie et l’Ukraine participent chaque année à ces activités relevant des « mesures de confiance » et que les rapports annuels soumis par ces deux pays sont à la disposition de tous les États parties à la Convention sur les armes biologiques.

L’article VI de la Convention pour sa part stipule que « chaque État partie qui constate qu’une autre partie agit en violation des obligations découlant des dispositions de la Convention peut déposer une plainte auprès du Conseil de sécurité ».  Si celui-ci donne son accord, une enquête sur la base de cette plainte pourrait être initiée, a-t-elle expliqué, précisant que cet article n’a jamais été activé.  Bien que ces dispositions n’aient pas été régulièrement utilisées, il s’agit néanmoins de procédures convenues au niveau international qui peuvent être utilisées pour désamorcer les tensions ainsi que pour aborder et résoudre toute préoccupation relative au respect des obligations au titre de la Convention dans un cadre multilatéral.  Elle a appelé les États parties à envisager d’utiliser les procédures disponibles pour résoudre ce type de question.

Estimant que la situation actuelle appelle à renforcer, opérationnaliser et institutionnaliser la Convention, Mme Nakamitsu a encouragé les États parties à se rendre à la neuvième Conférence d’examen, prévue à Genève plus tard en 2022, et à s’y engager pour une refonte sérieuse de la Convention pour s’assurer qu’elle est correctement équipée et dispose des ressources nécessaires pour faire face aux défis à venir. 

Par ailleurs préoccupée par la sécurité et la sureté des installations nucléaires en Ukraine, elle a exhorté à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter tout accident qui pourrait avoir de graves conséquences pour la santé publique et l’environnement.  La possibilité d’un accident causé par une panne d’alimentation électrique d’un réacteur ou l’incapacité d’assurer un entretien régulier augmente de jour en jour, a-t-elle prévenu, notant que les forces qui contrôlent effectivement les centrales nucléaires en Ukraine doivent assurer leur fonctionnement sûr et sécurisé.  Elle s’est notamment dite préoccupée par le fait que quatre des sept piliers de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour l’exploitation sûre et sécurisée des installations ne seraient pas mis en œuvre à Tchernobyl et à Zaporijia.  Les communications doivent être entièrement rétablies et le personnel d’exploitation doit être autorisé à s’acquitter correctement de ses fonctions et à le faire sans pression indue, a-t-elle insisté.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération du Russie) a déclaré que l’opération militaire spéciale que mène la Russie en Ukraine a révélé que Kiev est en train d’effacer des traces de ses programmes militaires biologiques développés avec le soutien des États-Unis.  Il a dit détenir des documents émanant de son Ministère de la défense confirmant l’existence d’un réseau d’au moins 30 laboratoires biologiques en Ukraine qui ont mené des recherches dangereuses sur la peste, l’anthrax et le choléra, entre autres, le tout financé et directement supervisé par le Département de la défense des États-Unis.  L’Institut Mechnikov à Odessa ainsi que des laboratoires à Kiev, Lvov, et Kharkov ont participé à ces recherches dont les résultats ont ensuite été envoyés aux États-Unis, notamment au Walter Reed Army Institute of Research et aux US Army Biological Warfare Laboratories. 

Il a donné des détails d’un projet appelé « UP-4 » dont l’objectif est d’étudier la possibilité de propager des infections dangereuses par les oiseaux migrateurs, y compris la grippe H5N1 ainsi que la « maladie de Newcastle ».  Un autre projet consiste à faire des chauves-souris des porteurs potentiels d’armes biologiques afin de transmettre à l’homme la peste, la leptospirose, ou encore les filovirus et les coronavirus.  Des expériences ont également été menées pour étudier le transfert de maladies dangereuses par les ectoparasites, notamment les poux et puces.  Ce sont des actes imprudents, a dénoncé le représentant qui a dit craindre l’impossibilité de contrôler l’évolution d’une telle situation. 

L’Ukraine se trouve au croisement de routes migratoires de porteurs potentiels de maladies entre la Russie et de l’Europe de l’Est, a prévenu le représentant, ajoutant que ces recherches ont été menées au cœur de l’Europe de l’Est et à proximité immédiate des frontières de la Russie.  Des données montrent que des oiseaux bagués et relâchés de la réserve de Kherson ont été envoyés dans les régions d’Ivanovo et de Voronej en Russie.  Il a aussi fait état du transfert de 140 conteneurs contenant des ectoparasites de chauves-souris du laboratoire biologique de Kharkov à l’étranger, alertant du risque que ces matériaux soient utilisés à des fins terroristes ou vendus sur le marché noir. 

M. Nebenzia a également affirmé que sous prétexte de tester des médicaments pour le traitement et la prévention des infections à coronavirus en provenance d’Ukraine, le Walter Reed Army Institute of Research a prélevé plusieurs milliers d’échantillons de sérum sur des patients appartenant à l’ethnie slave.  Il a ensuite fait observer qu’il est possible de créer des bioagents capables d’affecter sélectivement divers groupes ethniques.

Par ailleurs, depuis 2014, les activités des laboratoires biologiques de l’Ukraine et la réforme du système de santé ukrainien mis en œuvre par les États-Unis ont conduit à une augmentation incontrôlée de cas de rubéole, de diphtérie, et de tuberculose en Ukraine, a poursuivi M. Nebenzia.  Les cas de rougeole ont été multipliés par plus de 100 et l’Organisation mondiale de la Santé a annoncé que l’Ukraine est un pays à haut risque de flambée de poliomyélite.  À Kharkov, où se trouve l’un de ces laboratoires, 20 soldats ukrainiens sont morts de la grippe porcine en janvier 2016 et 364 personnes y avaient succombé en mars de la même année.

L’Ukraine a donné le feu vert pour transformer le pays en un champ d’expérimentation et utiliser ses habitants comme cobayes potentiels, a encore dit M. Nebenzia.  Selon Reuters, a-t-il rapporté, l’OMS a recommandé à l’Ukraine de détruire les agents pathogènes particulièrement dangereux afin d’éviter toute fuite qui pourrait entraîner une propagation de la maladie au sein de la population.  Mais on ne sait pas si Kiev a donné suite à cette recommandation, a-t-il déploré.

Selon le représentant, les documents à la disposition du Ministère de la défense russe confirment que toutes les recherches dangereuses effectuées par les laboratoires biologiques ukrainiens ont été menées sous la supervision directe de spécialistes américains bénéficiant de l’immunité diplomatique.  Les États-Unis ont depuis demandé d’en effacer rapidement la trace ainsi que toute preuve de violation de l’article premier de la Convention sur les armes biologiques.  Le 24 février, l’ordre a été donné de détruire de manière irréversible tous les échantillons des laboratoires, résultant en la destruction de plus de 320 cuves.  La nomenclature et la quantité excessive de biopathogènes laissent à penser que ces activités ont été menées dans le cadre d’un programme d’armes biologiques, a-t-il affirmé.

S’adressant à « ses collègues européens », M. Nebenzia leur a demandé de réfléchir à la menace que représenterait la « diffusion » de bioagents en provenance d’Ukraine pour la population européenne, alertant qu’une telle menace peut devenir incontrôlable et couvrir toute l’Europe.  Il a par ailleurs relevé que le 8 mars, lors d’une audience au Congrès américain, la Sous-secrétaire d’État américaine aux affaires politiques, Mme Victoria Nuland, aurait affirmé, en réponse à une question sur la présence d’armes biologiques ou chimiques en Ukraine, « qu’il existe des centres de recherche qui ne devraient pas tomber entre les mains des forces armées russes ». 

Les menaces biologiques ne connaissent pas de frontières, a averti le représentant russe, et aucune région du monde ne peut se sentir en sécurité.  Il a dit que les États-Unis supervisent plusieurs centaines de laboratoires biologiques dans 30 pays, dont le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie du Sud-Est, et refusent de les placer sous vérification internationale, bloquant depuis 2001 l’élaboration d’un protocole juridiquement contraignant sur la création d’un mécanisme de vérification du respect, par les États, de la Convention sur les armes biologiques.  Cela ne peut que suggérer que les États-Unis ont quelque chose à cacher, a-t-il estimé.  Affirmant n’avoir présenté qu’une petite fraction des preuves à sa disposition, le représentant a fait savoir qu’il transmettrait des informations supplémentaires au Conseil de sécurité ultérieurement.

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est dit choqué par « les théories du complot biologique relevant d’un fantasme russe » en expliquant qu’aucun fait et aucune information à la disposition du système des Nations Unies ne permettent de confirmer une telle accusation de programme d’armes chimiques ou biologiques en Ukraine.  Il a fustigé « une tradition russe de rhétorique mensongère et d’affabulations » en conférant « la palme d’or » à une déclaration russe qui prétendait, il y a deux jours, que la Fédération de Russie n’a pas attaqué l’Ukraine.  « Nous aurions pu rire de cette blague si elle ne se traduisait pas par la destruction de villes et par une situation désastreuse pour des millions de réfugiés. »  Le représentant de l’Albanie a estimé que la multiplication de ces allégations ne sert que de prétextes à la Russie pour préparer le terrain à l’utilisation d’armes de destruction massive en accusant les autres de le faire.  Illustrant son propos, il a rappelé que la Russie soutient et a soutenu « le régime syrien de Bachar el-Assad » qui a utilisé des armes chimiques contre sa population. 

Le représentant a invité à réfléchir à l’escalade de la situation qui menace tout le continent européen avant de se dire horrifié par l’utilisation par la Fédération de Russie d’armes à sous-munitions dans les zones urbaines et dans 26 attaques enregistrées contre des infrastructures sanitaires.  « Nous sommes face à des attaques immorales qui constituent des crimes de guerre, voilà les faits », s’est impatienté le représentant albanais avant de rappeler que la liberté finira toujours par l’emporter face à la tyrannie.  Parce que l’agression est addictive, le représentant de l’Albanie a jugé indispensable que David l’emporte maintenant contre Goliath. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a réagi à ce qu’elle a appelé une campagne de désinformation de la part de la Fédération de Russie.  Elle a rappelé d’emblée que l’ONU venait de confirmer ne pas avoir connaissance d’un programme d’armes biologiques en Ukraine.  Elle a dit craindre que ce n’est qu’un prétexte pour justifier l’utilisation par la Fédération de Russie de ce type d’armes en Ukraine.  Le Secrétaire d’État américain, M. Antony Blinken, avait mis en garde contre une telle possibilité, a rappelé la représentante qui a reproché à la Russie de chercher à utiliser le Conseil de sécurité pour légitimer sa désinformation et la « guerre de choix de Putin » contre l’Ukraine.  L’Ukraine n’a pas de programme d’armes biologiques, a-t-elle tranché en assurant qu’il n’y a pas de laboratoires d’armes biologiques appuyés par les États-Unis sur place.  Les laboratoires publics de l’Ukraine permettent de détecter des maladies comme la COVID-19, a expliqué Mme Thomas-Greenfield en indiquant que les États-Unis sont fiers de soutenir ce travail.  « Cela n’a absolument rien à voir avec les armes biologiques », s’est-elle indignée.  Elle a rappelé que c’est la Fédération de Russie qui a un tel programme et des antécédents documentés de leur utilisation.  Ce sont des agents russes qui ont empoisonné Alexei Navalny et la Fédération de Russie soutient toujours le « régime d’el-Assad » en Syrie, un régime qui a utilisé des armes chimiques contre son propre peuple, a-t-elle aussi rappelé.

Les États-Unis, a-t-elle poursuivi, sont préoccupés que la Fédération de Russie puisse avoir l’intention d’utiliser des agents chimique ou biologiques contre le peuple ukrainien, y compris à des fins d’assassinat.  La représentante a souligné que dès le début de ce conflit, la tactique américaine a été de faire part de ce qu’elle sait au monde de manière transparente, « et nous avons eu raison à bien plus d’occasions que nous ne l’aurions souhaité ».  Mme Thomas-Greenfield a dénoncé les attaques menées par la Fédération de Russie contre des écoles, des orphelinats, des hôpitaux ou des centrales d’assainissement d’eau.  « C’est la Russie qui est l’agresseur ici. »  La Russie, a-t-elle illustré, qui ne peut pas cacher les gros titres du New York Times et les photos de cette mère ukrainienne et de ses deux enfants tués en essayant de fuir Kiev, et d’autres sur les réseaux sociaux ou sur Al-Jazira.  La Russie n’arrive pas à créer une réalité alternative, a-t-elle analysé en remarquant que même ses diplomates n’arrivent pas à communiquer sérieusement la propagande russe.  Elle a aussi relevé que même les citoyens russes sont en train de se lasser de cette propagande: ils descendent manifester dans la rue contre cette guerre de choix de Putin.

La séance d’aujourd’hui a révélé au monde les objectifs de Fédération de Russie et confirmé ce que les États-Unis avaient anticipé, a-t-elle tonné.  « Le monde regarde, il y a des preuves vidéo et photographiques et vous allez devoir répondre de vos actes », a lancé Mme Thomas-Greenfield à son homologue russe en assurant que « la vérité et la transparence l’emporteront ».  Elle a conclu en appelant le Président Putin à mettre fin à cette guerre, « tout de suite ».

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dénoncé avec la plus grande fermeté « les allégations infondées de la Russie » selon laquelle il y aurait des attaques chimiques en préparation en Ukraine, avec des laboratoires de recherches sur les armes bactériologiques.  Les mensonges de la Russie ne trompent personne, a dit le délégué.  « Soyons sérieux. »  Il a déclaré que ces mensonges font partie d’une stratégie cynique de désinformation dont la Russie a fait une véritable arme de guerre.  « Nous avons dénoncé ces provocations irresponsables il y a seulement quelques jours à l’OIAC, avec 46 autres États parties. »

Il a aussi rappelé que ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la Russie diffuse des mensonges pour attiser la confusion, semer la peur et surtout couvrir sa propre responsabilité.  « Il faut rappeler une évidence: c’est bien la Russie, et non pas l’Ukraine, qui a eu recours à des armes de destruction massive ces dernières années sur le sol européen. »  C’est également elle qui tente de couvrir par la désinformation les attaques chimiques du « régime syrien », a déclaré le délégué.

Il s’est aussi dit très préoccupé par la possibilité que cette campagne de désinformation puisse être le prélude à l’utilisation d’une arme chimique ou biologique orchestrée par la Russie en Ukraine.  Ces armes sont bannies par le droit international et ne doivent jamais être utilisées, dans aucun contexte, par qui que ce soit, a asséné le délégué.  Il a rappelé que la Russie s’y est engagée en ratifiant la Convention sur l’interdiction des armes biologiques et celle sur l’interdiction des armes chimiques.  « La réalité, c’est que la Russie a prémédité l’agression d’un État souverain, violé la Charte des Nations Unies, jeté sur les routes des millions d’Ukrainiens, y compris russophones, provoquant la plus grave crise humanitaire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. »  La désinformation, pas plus que le veto, ne saurait masquer cette dure réalité, a conclu le délégué.  « Ni les Russes ni le monde ne sont dupes. »

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a jugé « totalement infondées » les allégations de la Fédération de Russie, affirmant qu’il n’y a pas la moindre preuve crédible que l’Ukraine possède un programme d’armement biologique.  Elle a indiqué que les hauts fonctionnaires onusiens ont confirmé que l’Ukraine n’a pas un tel programme, dénonçant les « mensonges russes ».  La Fédération de Russie s’enfonce aujourd’hui dans de nouvelles profondeurs, mais le Conseil ne doit pas se laisser entraîner par elle, a-t-elle lancé.  La Fédération de Russie a rompu ses engagements au titre de la Charte, mais nous ne devons pas la laisser renverser le système multilatéral lui-même.  « Nous ne siégeons pas dans cette enceinte pour servir de public à la propagande intérieure de la Fédération de Russie », a encore déclaré la représentante qui a accusé le pays d’abuser de son siège permanent pour propager désinformation et mensonges et pervertir l’objectif du Conseil de sécurité. 

Prenant note des informations les plus générales concernant les activités biologiques liées à l’Ukraine, M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a souligné l’importance de la Convention sur les armes biologiques dont il faut assurer la mise en œuvre complète.  Le représentant a ajouté que toute question relative aux obligations découlant de la Convention devrait être traitée conformément aux dispositions de celle-ci, ainsi que par la consultation et la coopération entre les parties concernées.  Préoccupé par la situation qui règne en Ukraine, M. Tirumurti a souhaité que les négociations directes en cours entre la Russie et l’Ukraine puissent conduire à la cessation des hostilités.  Il n’y a pas d’autre alternative que la voie de la diplomatie et du dialogue, a-t-il affirmé.  Le représentant a estimé par ailleurs que la situation humanitaire désastreuse nécessite une attention immédiate et urgente.  Il a appelé les États Membres à adhérer aux principes de la Charte des Nations Unies et du droit international et à respecter la souveraineté et l’intégrité des États.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a évoqué la déclaration du Porte-parole du Secrétaire général selon lequel l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) n’a connaissance d’aucune activité du Gouvernement ukrainien qui soit contraire à ses obligations découlant des traités en matière d’armes biologiques notant que cela vient d’être répété ce matin par la Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement.  Le Mexique s’est engagé à respecter la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques ou à toxines, a-t-il dit, précisant que tout différend entrant dans le cadre de cette convention doit être réglé au moyen des mécanismes établis par la Convention elle-même.

M. de la Fuente Ramírez a cité à cet égard l’article V de la Convention qui dispose que les États parties s’engagent à se consulter et à coopérer pour résoudre les problèmes qui se posent quant à l’objectif de la Convention ou son application.  Il prévoit aussi que les consultations et la coopération peuvent être menées au moyen de procédures internationales appropriées dans le cadre de l’ONU et conformément à sa Charte.  Le Mexique est opposé à l’utilisation d’armes biologiques, par tout acteur et en toutes circonstances, a martelé le représentant avant de s’opposer aussi à toute attaque visant les installations médicales et scientifiques de l’Ukraine.  Il a conclu en réitérant l’appel urgent à établir une pause humanitaire durable.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) est d’avis qu’à la lumière des informations à disposition, une détermination définitive sur les programmes biologiques de l’Ukraine ne peut être faite qu’après une évaluation approfondie, par des institutions compétentes telles que l’OMS, pour établir la vérité sur les laboratoires biologiques dont il est question et l’état de la recherche sur les maladies infectieuses qui y sont entrepris.  Il a demandé aux parties de respecter l’appel à un cessez-le-feu inconditionnel et immédiat et à la Fédération de Russie de retirer toutes ses troupes d’invasion des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine, en gardant à l’esprit les conséquences incalculables qu’un incident accidentel ou délibéré de libération d’agents chimiques ou biologiques sur le théâtre du conflit pourrait avoir sur les populations à l’intérieur et autour de l’Ukraine, mais aussi sur la stabilité mondiale et sur l’environnement sécuritaire déjà fragile.  La militarisation d’agents chimiques ou biologiques dans la guerre en Ukraine ou ailleurs serait une erreur, a mis en garde le représentant, et cela ne devrait même pas être envisagé.  En tant qu’État partie à la Convention sur les armes biologiques, le Ghana est favorable à un régime de vérification pour cette Convention et y voit l’occasion d’un ajout qui pourrait être fait de manière raisonnable et sensée, en particulier à la lumière des récents développements sur la scène internationale, y compris la pandémie de COVID-19.

Avant de conclure, M. Agyeman a rappelé aux parties belligérantes leur obligation de respecter et de se conformer à leurs engagements en vertu du droit international, du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  En particulier, il a appelé à la protection des civils et des travailleurs humanitaires en Ukraine.  La possession ou la prolifération d’armes de destruction massive, y compris les armes chimiques et biologiques, ne garantissent ni la paix internationale ni la sécurité nationale, a-t-il tranché en appelant à leur élimination. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a profondément regretté la décision de la Russie de convoquer cette réunion du Conseil.  « Elle l’a fait uniquement pour lancer des accusations sans fondement contre l’Ukraine. »  Il est inadmissible que la Russie brandisse de telles accusations pour essayer de justifier son injustifiable agression contre l’Ukraine, a poursuivi la déléguée.  Elle a redit qu’il n’y a pas d’éléments accréditant le développement d’armes chimiques en Ukraine, en rappelant que l’approche de la Russie sur ce dossier est « familière ».  Ce pays a en effet pour habitude d’user de la désinformation pour couvrir ses propres transgressions et agressions, a avancé la déléguée qui a jugé inacceptable de brandir de telles accusations contre l’Ukraine, alors que celle-ci est une partie fiable à la Convention sur les armes biologiques.

Mme Byrne Nason a exhorté la Russie à cesser cette campagne de désinformation et à ne pas utiliser ce Conseil pour propager ladite désinformation, au risque de saper le rôle de ce dernier.  Elle a rappelé que la Russie inflige des souffrances à des millions de personnes en raison de son « agression insensée ».  Un accès humanitaire sans entrave est d’une urgente nécessité, a conclu la déléguée irlandaise, en exhortant la Russie à cesser immédiatement les hostilités et à se retirer de l’Ukraine.

Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que la Fédération de Russie a appelé à une réunion du Conseil de sécurité sur la base d’un faux récit en insinuant que l’Ukraine développe des armes biologiques.  Selon elle, la véritable menace à la paix et la sécurité internationales est la guerre illégale menée par la Fédération de Russie contre un autre État souverain membre de l’ONU.  Rien ne prouve que l’Ukraine ait développé ou prévu d’utiliser des armes chimiques ou biologiques, a-t-elle souligné.  La représentante a appelé au respect de la Convention sur les armes biologiques et celle sur l’interdiction d’armes chimiques.  Elle a rappelé que tous les États parties ont été obligés de détruire leurs stocks de telles armes lorsqu’ils sont entrés dans ces deux accords.

Mme Juul a en outre exprimé sa préoccupation devant la crise humanitaire croissante en Ukraine.  Elle s’est dite consternée par le manque flagrant de respect pour le droit international humanitaire affiché par les forces militaires russes, s’inquiétant en particulier de leur mépris flagrant pour leur obligation de protéger la population civile ukrainienne.  L’espace nécessaire à l’action humanitaire doit être restauré et protégé, a-t-elle conclu, en demandant de permettre un accès humanitaire continu et soutenu.

M. ZHANG JUN (Chine) a reconnu que la situation en Ukraine évolue rapidement et devient de plus en plus complexe et sensible.  Il a appelé à redoubler d’efforts sur le plan diplomatique pour apaiser les tensions et retrouver la voie vers un règlement politique dans les plus brefs délais.  Il a encouragé la poursuite des pourparlers entre les Ministres des affaires étrangères russe et ukrainien.  Ces négociations devraient aider à créer les conditions propices aux pourparlers de paix, a-t-il estimé.

Réitérant ensuite l’importance de la sûreté et la sécurité biologique, le représentant a encouragé tous les pays qui n’auraient pas encore détruit leurs stocks d’armes biologiques à le faire dans les plus brefs délais.  Il a noté avec préoccupation les informations partagées par la Russie, appelant à ce qu’elles soient dûment prises en compte.  Les parties ont l’obligation de présenter tous les éclaircissements nécessaires et d’accepter le système de vérification multilatéral.  Il a voulu en savoir plus sur les informations qui indiquent que l’OMS a conseillé à l’Ukraine de détruire les agents pathogènes de ses laboratoires pour éviter la propagation de maladies infectieuses.  Il faut tout mettre en œuvre pour garantir la sûreté et la sécurité des laboratoires en question.  M. Zhang a ensuite rejeté l’allégation sans fondement de son homologue américaine.  Selon lui, la communauté internationale doit être mise au courant des activités militaires biologiques des États-Unis qui, a-t-il affirmé, disposent de plus de 336 laboratoires dans le monde.  Et si ces informations sont fausses, les États-Unis doivent présenter les données précises pour les réfuter, a dit M. Zhang. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a estimé que toutes les accusations concernant des violations des principes de la Convention sur les armes biologiques sont extrêmement graves et doivent être soigneusement étayées par des preuves solides.  « Une telle preuve doit être présentée et confirmée par un organisme indépendant et impartial, comme prévu à l’article VI de la Convention sur les armes biologiques », a insisté le représentant avant de préciser que la recherche sur les agents pathogènes nouveaux et dangereux devrait faire l’objet de mécanismes garantissant une stricte transparence. 

Il a rappelé que le Brésil est depuis longtemps favorable à la négociation d’un mécanisme multilatéral de vérification qui viendrait compléter la Convention sur les armes biologiques avec des mesures garantissant la protection et la sécurité contre les menaces biologiques émergentes.  Il a estimé que la situation dont est saisie le Conseil aujourd’hui ne fait que renforcer l’urgence et la nécessité d’un tel mécanisme.  En conclusion, le représentant du Brésil a condamné fermement l’utilisation ou la menace d’utilisation d’armes de destruction massive, y compris les armes biologiques et chimiques, partout, par n’importe qui et en toutes circonstances.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a dit avoir écouté avec une profonde inquiétude les graves accusations relatives à la mise au point d’armes biologiques en violation de la Convention sur l’interdiction du développement, de la production et du stockage d’armes bactériologiques et à toxines en Ukraine.  Le Conseil de sécurité, tel que mandaté par la Convention sur les armes biologiques, est tenu d’examiner toute plainte déposée par un État partie à la Convention relative à une violation de celle-ci, a-t-il rappelé.  La Convention donne au Conseil de sécurité la responsabilité d’examiner de telles plaintes, et, s’il y a lieu, de mener une enquête, a insisté le représentant estimant que c’est le cas ici.

Alors que les diplomates ukrainiens et russes se rencontrent à Antalya pour explorer une base négociée pour un cessez-le-feu, et même s’ils ne sont pas encore tombés d’accord, le représentant les a exhortés à redoubler d’efforts et à tirer parti de la volonté de nombreux pays de leur prêter assistance.  Les risques d’élargissement et d’escalade de ce conflit doivent être pris en compte avec un extrême sérieux, a demandé le représentant en soulignant les effets qui se font déjà sentir en Ukraine et au-delà de ses frontières.  Il a fait observer que les sanctions et contre-sanctions menacent l’approvisionnement alimentaire mondial, et que la hausse rapide des prix de l’énergie plongent des millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté alors même que les nations luttent pour se remettre de l’impact de la COVID-19.

En ce qui concerne les graves allégations entendues aujourd’hui, quelle que soit l’action entreprise au Conseil de sécurité, le représentant a estimé que cela devrait s’accompagner d’un nouvel engagement de tous les États Membres envers la Convention sur les armes biologiques.  Le Kenya a donc exhorté ses 183 États parties à saisir l’occasion de la neuvième Conférence d’examen plus tard cette année pour renforcer le régime des armes biologiques et les normes qui protègent l’humanité de la menace d’utilisation de ces armes odieuses.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a appelé les parties à s’en tenir au strict respect des dispositions de la Convention sur les armes biologiques qui interdit formellement l’utilisation des armes à large spectre, ainsi que leur mise au point, leur fabrication et leur stockage.  « Il va de soi que les effets potentiels de telles armes dépasseraient les frontières de l’Ukraine. »  Le représentant a appelé les belligérants à s’abstenir de recourir à de telles armes et à respecter le droit international humanitaire.  Il a réitéré son opposition à la guerre et réaffirmé son attachement au règlement pacifique des différends entre États Membres des Nations Unies.  « Nous continuons d’appeler les parties à la désescalade, à un cessez-le-feu immédiat et à revenir à la table de négociation afin d’arrêter les souffrances des populations civiles, qui payent un lourd tribut depuis le début des hostilités. »

Le représentant du Gabon a appelé le Conseil à s’élever au-delà de la logique de confrontation, et de condamnation, pour faire prévaloir la recherche d’une solution crédible afin d’éviter un embrasement dont nul ne peut prédire les conséquences.  « La diplomatie doit reprendre le dessus. »  Le Conseil de sécurité ne peut et ne doit pas être le lieu d’échange d’invectives et de réaffirmation des rivalités, a conclu le délégué du Gabon, en appelant de nouveau à une sortie de ce conflit par la diplomatie.

Reprenant la parole, M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dénoncé la propagande des États-Unis, estimant avoir eu raison de dénoncer aujourd’hui les agissements des États-Unis en Ukraine.  Il a rappelé les morts et les destructions occasionnées lors de l’invasion de l’Iraq par les États-Unis.  Ce n’est pas parce que vous n’avez pas connaissance des programmes biologiques en Ukraine qu’ils n’existent pas, a déclaré le délégué.  Il a rappelé que Mossoul a été détruit par les forces de la coalition et que les cadavres ont été laissés dans les rues pendant des semaines.  « Cela n’a pas ému nos collègues occidentaux. »  Il a brandi des photos de la maternité de Marioupol montrant des murs intacts, les destructions étant selon lui le fait de mines placées autour de ce bâtiment.  Il a aussi affirmé que des fausses photos de femmes qui se trouveraient dans cette maternité circulent avant de se dire scandalisé par les accusations brandies contre les forces russes. 

« Il n’y a qu’un agresseur ici, et c’est la Russie », a rétorqué Mme THOMAS-GREENFIELD (États-Unis), qui a affirmé que répondre aux mensonges de la Russie ne serait pas digne de ce Conseil.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a dénoncé les mensonges russes en rappelant des allégations récentes de la délégation.  Revenant particulièrement sur les propos du « monsieur assis dans le siège de l’Union soviétique », il a affirmé que la femme figurant sur les photos prises près de la maternité détruite de Marioupol est bien réelle et a mis au monde une fille hier.

« En appelant à la tenue de cette réunion, l’État agresseur s’est une fois de plus tiré une balle dans le pied », a-t-il noté.  Il a souligné que les installations médicales ukrainiennes respectent les normes internationales et fonctionnent avec la collaboration des institutions internationales.  Les informations alléguées ne sont que des élucubrations de la partie russe, a-t-il accusé.  Le délégué a dit regretter que le Conseil de sécurité soit manipulé par la Fédération de Russie, alors même que l’organe devrait plutôt s’atteler à débattre des crimes contre l’humanité que la Fédération de Russie commet depuis le 24 février.  Il a souligné que les bombardements russes ont fait 1 582 morts à Marioupol, selon les estimations des autorités locales.  Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, des morts sont enterrés dans des charniers, a déploré le délégué qui a signalé que le nombre de civils tués dépasse celui des forces militaires.  Il a appelé à une meilleure assistance humanitaire, insistant notamment sur l’impératif d’évacuer les civils.  Il a alerté que le fait d’emprunter les « couloirs verts » mis en place par la Fédération de Russie, et menant vers son territoire, pourrait être considéré comme des déplacements forcés.  Le représentant a par ailleurs affirmé que le ciblage des zones résidentielles était prémédité, « comme l’ont confirmé des pilotes russes capturés aujourd’hui ».  Le plus rapidement l’agresseur sera stoppé et plus sûr notre monde sera, a-t-il dit.

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