En cours au Siège de l'ONU

8957e séance – après-midi     
CS/14779

Syrie: pour le Coordonnateur des secours d’urgence, les opérations humanitaires au travers des lignes de front ne peuvent remplacer l’aide transfrontalière

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M.  Martin Griffiths, a déclaré, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que les opérations humanitaires au travers des lignes de front en Syrie ne peuvent remplacer les volumes d’aides permis par les opérations humanitaires transfrontalières, dont l’autorisation annuelle arrive bientôt à terme.  Certaines délégations ont fait valoir un point de vue divergent, à l’instar de la Fédération de Russie ou encore de l’Inde qui a indiqué que ces opérations ne peuvent durer « indéfiniment ». 

À l’entame de son propos, M. Griffiths a déclaré que la communauté internationale a « abandonné » le peuple syrien, qui est entré dans une seconde décennie de conflit.  « Le minimum vital ne lui est même pas apporté », a-t-il dit, en précisant que l’aide d’urgence n’atteint que la moitié des plus de quatre millions de Syriens qui en ont besoin.  « L’aide alimentaire que nous fournissons chaque mois n’est pas suffisante. »  Même son de cloche du côté du Secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, M. Jan Egeland, qui a affirmé que la situation a empiré, alors que le pays ne fait plus la une des médias internationaux.  « Nous sommes passés de la guerre à l’enfer. » 

Le Secrétaire général adjoint a néanmoins jugé possible d’améliorer la situation grâce à un « financement intelligent et des efforts humanitaires créatifs ».  Il s’est aussi félicité qu’une aide continue d’être apportée dans le nord-ouest de la Syrie au moyen de livraisons au travers des lignes de front.  « Deux opérations de cette nature ont ainsi été achevées et une troisième devrait l’être prochainement, conformément à notre plan sur six mois. »  M. Griffiths a précisé que l’aide alimentaire au travers des lignes de front a bénéficié à plus de 40 000 personnes ce mois-ci, en qualifiant ces développements de « positifs ». 

Toutefois, il a appelé à utiliser « toutes les options disponibles pour aider ceux qui sont dans le besoin », en soulignant l’importance de l’assistance humanitaire transfrontalière.  « Tous les mois, l’ONU fournit de la nourriture et de l’aide à des millions de personnes dans le nord-ouest. »  Le Coordonnateur des secours d’urgence a tenu à préciser que cette opération fait l’objet d’un suivi parmi les plus rigoureux au monde.  « Nous savons où sont les besoins, quelle aide est fournie et l’endroit où elle est dispensée. » 

M. Egeland a lui aussi souhaité que les opérations transfrontalières dirigées par l’ONU vers le nord-ouest se poursuivent au-delà du mois de juillet.  « C’est une bouée de sauvetage essentielle pour des millions de Syriens », a-t-il dit.  Il a donc exhorté le Conseil à assurer « une réponse transfrontalière continue », dirigée et gérée par l’ONU depuis la Turquie.  « Restons lucides: le mécanisme transfrontalier sera nécessaire aussi longtemps que l’aide ne parviendra pas à toutes les populations dans le besoin sur l’ensemble du territoire », a appuyé la France. 

La Turquie a, elle, déclaré qu’il n’y a tout simplement pas d’alternative disponible en termes d’échelle ou de portée qui puisse répondre aux besoins croissants dans le nord-ouest.  La vie de millions de personnes vulnérables dépend de l’aide acheminée par l’unique point de passage transfrontalier de Bab el-Haoua, a-t-elle indiqué, en précisant que celui-ci est doté du système de surveillance le plus efficace au monde.  Les États-Unis ont jugé « indispensable » de renouveler l’autorisation de cette aide et demandé aux membres du Conseil de travailler à l’unisson. 

« Si les opérations transfrontalières sont importantes, elles ne peuvent durer indéfiniment », a tempéré l’Inde qui a donc encouragé les agences onusiennes à accroître leurs efforts en vue de renforcer les opérations au travers des lignes de front.  De son côté, l’Iran a appelé à veiller à ce que l’aide humanitaire transfrontalière parvienne aux véritables bénéficiaires et ne tombe pas entre les mains de groupes terroristes. 

« L’aide humanitaire ne remplacera jamais le fonctionnement des usines et des hôpitaux, des écoles et des centrales électriques », a, pour sa part, réagi la Fédération de Russie.  La délégation a estimé que la normalisation de la situation rendra l’aide humanitaire « moins chère », en invitant les autres membres du Conseil à redoubler d’efforts dans ce domaine.  La Syrie a, quant à elle, déclaré que le mécanisme d’aide transfrontalière viole l’indépendance et l’intégrité territoriale de son pays. 

« Les groupes terroristes et les milices séparatistes empêchent l’accès pour l’acheminement de l’aide humanitaire », a dénoncé le représentant syrien.  Enfin, à l’instar de son homologue russe, le délégué a dénoncé les sanctions unilatérales et les mesures coercitives de certains États Membres à l’encontre de son pays.  « Celles-ci sont responsables des souffrances de la population syrienne. »  Le Mexique a, quant à lui, regretté que la santé mentale des enfants et des victimes de ce conflit soit rarement évoquée au Conseil de sécurité. 

Cette séance a aussi été l’occasion d’attirer l’attention sur l’accès à l’eau, après le bombardement d’une station hydrique le 2  janvier.  M. Egeland a invité à conclure un accord autour des cours d’eau du nord et a demandé aux forces aériennes syriennes et russes et aux autres parties de ne pas attaquer les infrastructures d’eau ni de les utiliser comme monnaie d’échange politique.  

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (SYRIE)

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, s’est dit extrêmement préoccupé par les centaines d’enfants qui ont été pris au piège lors du « terrifiant siège » de la prison d’Hassaké.  Il est crucial que tous les enfants soient évacués en toute sécurité, a dit M. Griffiths, en ajoutant que ces enfants n’auraient jamais dû être emprisonnés.  Il a indiqué que de nombreux garçons et filles syriens sont en train de grelotter de froid sous des tentes, dans la neige, dans des camps, sans aucune perspective d’en sortir.  Alors que le pays entre dans sa seconde décennie de conflit, le Secrétaire général adjoint a estimé que « nous avons abandonné le peuple syrien », le minimum vital ne leur étant même pas apporté.  Un tel abandon ne peut servir de stratégie, a-t-il martelé, en soulignant la nécessité pour l’ONU d’adopter de nouvelles approches. 

M. Griffiths a déclaré que l’attaque contre la prison précitée atteste de la volatilité de la situation en Syrie et de la menace que Daech continue de faire peser.  Il a déploré la violence qui se poursuit sans interruption dans le camp de Hol, signalant que le 11 janvier un travailleur humanitaire syrien a été tué.  Il a souligné la nécessité de trouver des solutions durables pour les personnes qui vivent dans les camps, y compris le rapatriement de tous les ressortissants de pays tiers, en particulier les enfants.  Il a réitéré son message que les civils, notamment les enfants, et les infrastructures civiles doivent être protégés. 

Mentionnant l’hiver rigoureux en Syrie, il a déclaré que certains Syriens en sont réduits à brûler des déchets pour rester au chaud, au risque d’être asphyxiés sous leurs tentes.  « Le mois dernier, au moins 24 personnes ont été blessées et deux sont mortes dans l’incendie de leur tente. »  M. Griffiths a précisé que les ressources financières à disposition ne permettront d’aider que la moitié des plus de 4 millions de Syriens dans le besoin.  Pendant ce temps, la crise économique s’aggrave et le prix des aliments s’est envolé.  « L’aide alimentaire que nous fournissons chaque mois n’est tout simplement pas suffisante. »  

Malgré ces circonstances défavorables, nous pouvons améliorer les choses grâce à un financement intelligent et des efforts humanitaires créatifs, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.  Il a ainsi mentionné l’expansion par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de projets d’irrigation le long de l’Euphrate.  Il a indiqué qu’une aide continue d’être apportée dans le nord-ouest de la Syrie au moyen de livraisons au travers des lignes de front.  « Deux opérations de cette nature ont ainsi été achevées et une troisième devrait l’être prochainement, conformément à notre plan sur six mois. »  M. Griffiths a donc appelé à appuyer ce plan afin d’aboutir à des livraisons d’aide prévisibles.  L’aide alimentaire au travers des lignes de front a bénéficié à plus de 40 000 personnes à nouveau ce mois-ci, a-t-il dit, en qualifiant ces développements de « positifs ».  Nous devons utiliser toutes les options disponibles pour aider ceux qui sont dans le besoin, a-t-il plaidé. 

M. Griffiths a néanmoins tenu à rappeler que les opérations au travers des lignes de front ne sauraient remplacer les volumes d’aide permis par l’opération humanitaire transfrontalière.  Tous les mois, les Nations Unies fournissent de la nourriture et de l’aide à des millions de personnes dans le nord-ouest, a-t-il rappelé en précisant que cette opération fait l’objet d’un suivi parmi les plus rigoureux au monde.  « Nous savons où sont les besoins, quelle aide est fournie et l’endroit où elle est dispensée. » 

En conclusion, le Secrétaire général adjoint a souligné la nécessité d’élargir l’accès humanitaire et de mettre à disposition des ressources pour financer les opérations humanitaires.  « Votre responsabilité ne s’arrête pas là », a-t-il lancé aux membres du Conseil en rappelant la nécessité de renforcer les programmes de relèvement précoce afin d’assurer un accès aux services de base et de restaurer « l’espoir ». 

M. JAN EGELAND, Secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, a indiqué s’être rendu de nombreuses fois, depuis le début de « cette guerre cruelle qui dure depuis une décennie », sur le terrain en Syrie et auprès des réfugiés syriens vivant dans les pays voisins.  Alors que la Syrie a disparu des gros titres des médias internationaux, la situation sur le terrain a considérablement empiré, a-t-il déploré en signalant que le conflit armé continue de faire des morts et cause des destructions et des déplacements de civils, « comme nous l’avons vu ces derniers jours dans le nord-est ».  Dans le même temps, la crise socioéconomique, aggravée par la sécheresse, est maintenant si profonde que les familles ont exprimé un message récurrent lorsqu’il les a rencontrées: « Nous sommes passés de la guerre à l’enfer. »  Nous avons besoin d’aide pour sortir les Syriens de cette paralysie étouffante, a-t-il plaidé, précisant que cette demande d’aide est faite par la Norvège en tant que membre du Conseil de sécurité. 

M. Egeland a d’abord demandé de l’aide pour mettre fin aux restrictions d’accès de tous les côtés des lignes de conflit.  Il a constaté que l’action humanitaire est encore trop souvent freinée par des contraintes administratives, logistiques, juridiques et des barrières physiques.  La Fédération de Russie et d’autres États peuvent aider du côté gouvernemental, a-t-il estimé, expliquant que le Conseil norvégien pour les réfugiés est toujours incapable de fournir une aide juridique aux personnes déplacées et aux rapatriés.  De leur côté, la Turquie et les États-Unis peuvent aider les autorités de facto dans les zones contrôlées par l’opposition, a-t-il ajouté avant d’appeler à redoubler d’efforts de toutes parts pour parvenir à un règlement négocié et pacifique du conflit dans le nord-ouest du pays.  Il a rappelé à cet égard que trois millions de civils vivent dans des zones contrôlées par l’opposition, la plupart n’ayant pas le strict minimum pour vivre.  Il a rappelé que de nombreux combattants et leurs familles y avaient été envoyés dans des bus depuis les villes assiégées dans d’autres régions du pays dans le cadre d’accords de cessez-le-feu. 

Aux pays voisins, notamment la Turquie qui accueille déjà généreusement des millions de personnes, il a dit que ce n’est pas le moment de fermer les frontières.  L’heure est maintenant au partage international des responsabilités pour veiller à ce que les civils syriens bénéficient de leur droit à la protection et à l’asile, conformément à la Convention sur les réfugiés, a plaidé le Secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés.  Il a également appelé à relancer le système de déconfliction géré par l’ONU pour la Syrie, avec la participation de toutes les parties concernées, y compris la Fédération de Russie.  Pour être efficace, le système nécessite une surveillance continue des aspects purement civils des sites déconfinés, le suivi et le signalement de toutes les attaques, a recommandé M. Egeland en demandant aussi de lancer immédiatement des enquêtes sur les attaques afin d’établir les responsabilités pour les crimes de guerre potentiels. 

M. Egeland a ensuite demandé que les efforts visant à accroître l’aide humanitaire transfrontalière se poursuive en Syrie, y compris les opérations transfrontalières dirigées par l’ONU vers le nord-ouest qui, a-t-il souhaité, doivent se poursuivre au-delà du mois de juillet.  C’est à son avis une bouée de sauvetage essentielle pour des millions de Syriens et une garantie de protection de milliers de travailleurs humanitaires.  Il a appelé le Conseil à assurer « une réponse transfrontalière continue », dirigée et gérée par l’ONU depuis la Turquie.  Il a aussi appelé à la sécurisation de l’accès à l’eau et à la conclusion d’un accord autour des cours d’eau du nord.  Le bombardement d’une station d’eau le 2 janvier a aggravé l’accès critique à l’eau pour les habitants de la ville d’Edleb, a-t-il souligné avant d’appeler les forces aériennes syriennes et russes et les autres parties au conflit à s’assurer que les infrastructures d’eau ne soient pas attaquées.  Il a demandé à tous les acteurs de respecter les accords de partage de l’eau et de veiller à ce que l’eau ne soit pas utilisée comme monnaie d’échange politique. 

Il a par ailleurs dit soutenir la remise en état des infrastructures et des services civils touchés par la guerre, indépendamment de qui contrôle le territoire.  Sans un soutien financier accru pluriannuel à long terme pour la réhabilitation et la reconstruction, des millions d’enfants resteront sans accès à l’éducation, à l’eau, à l’électricité et la santé, a-t-il mis en garde.  Il a salué les récents amendements du Gouvernement américain portant sur les mesures humanitaires dans le cadre des sanctions frappant la Syrie.  Il a demandé de réduire l’impact des sanctions sur le carburant, l’électricité et les secteurs public et privé.  De plus, M. Egeland a appelé à des solutions durables pour les réfugiés: relocalisation, intégration ou retour volontaire en toute sécurité sont les options disponibles.  Il a fait observer que les premiers bébés réfugiés syriens nés dans la vallée de la Bekaa, au Liban, ou dans le camp de Zaatari, en Jordanie, ont maintenant 10 ans et qu’ils n’ont jamais vu le pays de leurs ancêtres.  Selon lui, la Syrie n’est toujours pas propice à un retour massif de ces réfugiés.  Il a, à cet égard, cité les preuves recueillies par des groupes de défense des droits de l’homme sur certains rapatriés qui ont été détenus et torturés.  Il n’y a pas de système pour surveiller, assister, protéger et soutenir ceux qui reviennent, a-t-il regretté. 

Enfin, M. Egeland a demandé de combler le déficit de financement des opérations humanitaires qui a été constaté en 2021.  Il a exhorté les donateurs à ne pas tourner le dos aux Syriens en 2022 et à continuer à fournir un soutien à la réponse humanitaire, pour s’assurer notamment que les Syriens reçoivent le financement promis l’année dernière.  Un financement à plus long terme et un soutien au relèvement rapide sont essentiels pour nous permettre d’ajuster notre réponse aux besoins sur le terrain, a-t-il fait valoir. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a plaidé pour que les besoins humanitaires de la population syrienne soient au cœur des préoccupations du Conseil de sécurité.  Elle a rappelé que la résolution 2585 (2021) autorise les Nations Unies et leurs partenaires à continuer d’acheminer une aide transfrontalière à la Syrie en provenance de Turquie.  Elle a précisé que plus de 10 000 camions ont déjà apporté une aide à travers cette frontière pour répondre aux besoins vitaux des populations.  « Notre seul objectif est de garantir que l’aide humanitaire atteigne les personnes qui en ont besoin », a insisté la représentante avant de se féliciter aussi que des camions du Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres agences de l’ONU aient pu traverser les lignes de front dans le nord-ouest.  Alors que l’hiver cause des tempêtes et des inondations et que les enfants meurent de froid, Mme Juul a condamné une frappe aérienne le 2 janvier qui a endommagé une centrale hydrique, privant 270 000 personnes d’eau courante.  Elle a aussi déploré des incidents visant des travailleurs humanitaires dans le nord-ouest de la Syrie et les récentes attaques contre la prison d’Hassaké.  Enfin, elle a exhorté toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et à tout mettre en œuvre pour minimiser les dommages aux civils et aux infrastructures civiles. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a jugé « équilibrée » l’évaluation de la situation humanitaire en Syrie faite par le Secrétaire général du « Norwegian Refugee Council ».  Rappelant que le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière a été prorogé jusqu’au 10 juillet 2022, il a estimé que de nombreux problèmes doivent être résolus au cours des cinq prochains mois afin d’équilibrer les efforts humanitaires en Syrie.  Tout en notant que l’acheminement de l’aide a rapidement augmenté en Syrie, il a accusé de sabotage et de menace à la vie des Syriens tout blocage de convois humanitaires, y compris à Edleb.  Le plan élaboré en octobre 2021 qui vise à mieux équiper le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) doit être lancé d’urgence, a-t-il recommandé. 

Aujourd’hui, a poursuivi M. Polyanskiy, il est indispensable d’assurer la présence des Nations Unies dans le nord-ouest de la Syrie pour assurer un meilleur contrôle.  Il a jugé également important de rétablir certaines infrastructures pour instaurer les conditions qui permettront aux Syriens de vivre.  Toutefois, a tempéré le représentant, aussi efficace soit-elle, l’aide humanitaire ne remplacera jamais le fonctionnement des usines et des hôpitaux, des écoles et des centrales électriques.  La normalisation de la situation rendra l’aide humanitaire moins chère, a-t-il fait valoir en invitant les autres membres du Conseil à redoubler d’effort dans ce domaine.  Il a rappelé au passage le problème que posent les sanctions unilatérales et les mesures coercitives pour la vie des citoyens syriens.  M. Polyanskiy a terminé en disant que le début de l’année a été marqué par la catastrophe et la tragédie, ainsi que des questions pressantes qu’il faudra aborder dans une autre réunion.  Ce sera l’occasion de faire connaître nos évaluations et de comprendre ce qui se passe dans les zones illégalement occupées par les États-Unis, a-t-il annoncé. 

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a réitéré sa condamnation sans réserve de l’attaque terroriste contre la prison d’Hassaké et du terrorisme sous toutes ses formes et manifestation.  Après 10 années de conflit, la situation en Syrie est définie maintenant par une escalade de la violence sur fond de situations économique et humanitaire difficiles, a constaté la représentante, qui a appelé à redoubler d’efforts pour apporter l’aide nécessaire aux Syriens dans le besoin.  Une solution politique est la condition sine qua non pour mettre fin à la crise syrienne, a-t-elle martelé ajoutant que cela suppose un cessez-le-feu national et le retour au dialogue pour assurer la mise en œuvre de la résolution 2254. 

S’agissant des points de passage transfrontaliers, la représentante a estimé que celui de Bab el-Haoua représente une ligne de survie et a exhorté les parties au conflit à faciliter un accès sans entraves de l’assistance humanitaire sur tout le territoire syrien.  Elle a également engagé les parties à assurer la protection des enfants syriens et des infrastructures civiles. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dit soutenir pleinement les efforts déployés par l’ONU et les organisations de la société civile pour sauver des vies en Syrie.  Dans ce pays en proie à une crise humanitaire « catastrophique » après 11 années de guerre, les chiffres parlent d’eux-mêmes, a constaté le représentant, en rappelant que 14 millions de Syriens dépendent de l’aide humanitaire pour vivre et que plus de 90% d’entre eux se trouvent désormais sous le seuil de pauvreté, en majorité des femmes, des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées.  De plus, plus 12 millions de Syriens ont été déplacés, dans leur pays ou à l’étranger, et sont à présent confrontés à des conditions hivernales très dures.  Au regard de ces circonstances, « sauver des vies doit être la priorité des priorités », a martelé le délégué.  À ses yeux, cela va bien au-delà de fournir de l’alimentation et des médicaments.  Les Syriens ont aussi besoin de liberté et d’espoir, a-t-il souligné, appelant de ses vœux une solution politique pour enfin mettre un terme à ce conflit. 

Dans l’immédiat, il importe selon lui de maintenir l’acheminement de l’aide humanitaire par tous les canaux possibles.  Observant à cet égard que l’assistance transfrontalière continue de sauver des vies en Syrie, il a salué l’action du Conseil de sécurité, qui, lorsqu’il est uni, « peut faire une différence pour des millions de personnes ».  C’est pourquoi, a-t-il dit, il faut rouvrir les points de passages de Yaroubiyé et de Bab el-Salam, en plus de celui de Bab el-Haoua.  Avant de conclure, le délégué a appelé l’ensemble des parties au conflit à permettre le passage de l’aide afin que tous les civils qui en ont besoin puissent en bénéficier.  

Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a déclaré que la Syrie est le symbole de l’incapacité du Conseil à trouver un compromis, alors que les populations syriennes sont victimes du conflit.  Elle a condamné les attaques contre les infrastructures civiles, ainsi que celles ciblant les camps de réfugiés, notamment celui de Hol, appelant par ailleurs les pays à rapatrier leurs ressortissants qui se trouvent dans ces camps en Syrie.  Elle a également demandé la levée des mesures coercitives à l’encontre de la Syrie, au motif que celles-ci entravent l’aide.  Elle a appelé à poursuivre l’acheminement de fournitures essentielles, y compris des doses de vaccins.  Il faut également garantir que les fournitures médicales soient intégrées aux prochains cycles d’assistance, a-t-elle ajouté.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a déploré le fait que 14 millions de Syriens dépendent de l’aide humanitaire, jugeant urgent de mettre fin au conflit qui paupérise la population entière d’un pays.  La hausse des besoins sur les plans humanitaire et médical rend plus que jamais indispensable la garantie d’un accès humanitaire sûr et sans entraves, a-t-elle fait observer, en soulignant la nécessité pour l’ensemble des parties, en particulier les autorités syriennes, de respecter leurs obligations au regard du droit international humanitaire.  

La représentante a regretté de constater que ces principes ne sont toujours pas respectés par Damas.  Après avoir rappelé que l’Union européenne a consacré 25 milliards d’euros à la réponse à la crise syrienne depuis 2011, la délégation a considéré qu’en l’absence de solution politique, la paix ne serait pas possible en Syrie.  « Mais restons lucides: le mécanisme transfrontalier sera nécessaire aussi longtemps que l’aide ne parviendra pas à toutes les populations dans le besoin sur l’ensemble du territoire », a-t-elle ajouté.  Notant que les réfugiés syriens ne pourront pas prendre le chemin du retour dans les conditions actuelles, elle a affirmé en conclusion que la France continuerait à apporter son soutien au mécanisme de lutte contre l’impunité. 

M. XING JISHENG (Chine), a déclaré que les conditions en Syrie sont « profondément préoccupantes », notamment en raison de la baisse des revenus, la flambée du prix des denrées alimentaires, la pandémie de COVID-19 et une pénurie d’approvisionnement en eau et d’hivernage.  Alors que le Gouvernement syrien a pris des mesures utiles pour faire face à la situation économique, la guerre civile, le terrorisme et les sanctions continuent d’avoir un impact sérieux, s’est inquiété le représentant.  Il a appelé la communauté internationale à engager des projets de reconstruction d’une façon intégrée, et à appuyer l’aide humanitaire d’urgence, ainsi que la fourniture de vaccin, de nourriture et d’eau.  Il faut également renforcer les projets menés par le PAM et l’UNICEF, a-t-il ajouté, saluant en outre la coopération du Gouvernement syrien dans l’acheminement de l’aide. 

M. Xing a demandé la levée des sanctions unilatérales et la création de conditions favorables à la reconstruction du pays, récusant la politisation de l’aide humanitaire en Syrie.  Il a appelé á l’élaboration d’un mécanisme de surveillance pour assurer le bon déroulement des opérations transfrontalières, alertant notamment des risques de détournement de l’aide. 

Alors que le conflit syrien entre dans sa douzième année, M. ECKERSLEY (Royaume-Uni) a rappelé que 13,4 millions de personnes dans le pays ont un besoin désespéré d’aide humanitaire.  Il a noté que, dans le nord-ouest, les besoins de 3,4 millions de personnes sont pourvus uniquement grâce à l’aide transfrontalière onusienne.  Le délégué s’est dit particulièrement préoccupé par l’affamement utilisé comme tactique de guerre.  Il a ensuite commenté le travail publié hier par le Groupe consultatif indépendant de haut niveau sur la déconfliction humanitaire en Syrie, en jugeant essentiel que l’ONU mette en œuvre ses recommandations.  L’établissement des faits, les enquêtes et une reddition de comptes pour les violations commises sont cruciales, a-t-il dit.  « Tout mécanisme ayant pour but de protéger les civils et de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dépend du sérieux avec lequel les acteurs armés s’acquittent de leurs obligations, y compris par le biais du mécanisme de déconfliction, comme le préconise le Groupe. »  Sans cela, il ne peut y avoir de relation de confiance entre acteurs armés et acteurs humanitaires, a argué le délégué.  Il a estimé que le « régime Assad » et la Russie ont fait montre de peu d’égards pour le droit international humanitaire en ciblant des écoles, des hôpitaux et ceux qui fournissent les premiers secours.  « Nous rappelons l’obligation qui incombe à chaque partie de tout faire pour éviter des victimes civiles, y compris en ne faisant pas un usage aveugle d’armes en zone urbaine. » 

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a condamné l’escalade de la violence à Hassaké et exprimé sa préoccupation quant aux conséquences humanitaires de cette nouvelle vague de violence dans le Nord-Est de la Syrie.  « Nous faisons écho à l’appel de l’UNICEF pour assurer la protection et l’évacuation des enfants qui se trouvent à l’intérieur de la prison », a-t-il dit.  Plus de 45 000 personnes ont été déplacées à cause de ces affrontements, a constaté le représentant, en citant aussi les 14 millions de personnes qui dépendent de l’aide humanitaire.  Il a jugé urgent que l’accès humanitaire soit maintenu sans restriction pour répondre aux besoins de la population en général, mais aussi pour répondre aux déplacements nouveaux et constants.  D’autre part, il a souligné la nécessité de donner la priorité à la situation des filles et des garçons résidant dans le camp de Hol, en insistant sur le fait que l’une des mesures pour remédier à cette situation est le rapatriement digne des enfants dans leur pays d’origine.  Il a regretté que la santé mentale des enfants et des victimes de ce conflit ait rarement été évoquée au Conseil de sécurité. 

Venant à la situation dans le nord-ouest de la Syrie, le représentant a salué l’état d’avancement du plan semestriel des points de passages de l’aide humanitaire entre les lignes de front, tout en rappelant le caractère essentiel des points de passage transfrontaliers alors que les besoins ne cessent d’augmenter.  L’hiver a déjà entraîné des conséquences fatales, notamment pour la population déplacée du nord-ouest, a rappelé le représentant en appelant à faciliter une réponse humanitaire efficace qui garantisse des solutions à long terme.  Le plan semestriel y contribue, a-t-il concédé, mais il faut un plan de reconstruction bien plus global qui ne soit pas à court terme.  M. Gómez Robledo Verduzco a conclu en plaidant pour une solution politique qui ne laisse aucune place à l’impunité. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a indiqué que la raison fondamentale de l’aggravation de la situation humanitaire en Syrie est le manque de progrès sur le front politique.  Il a souligné la nécessité pour toutes les parties, en particulier les acteurs extérieurs, de s’engager en faveur d’un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens sous les auspices de l’ONU.  Si les opérations transfrontières sont importantes, elles ne peuvent durer indéfiniment, a poursuivi le délégué.  Il a donc encouragé le Bureau de la coordination des affaires humanitaires et les agences onusiennes à accroître leurs efforts en vue de renforcer les opérations au travers des lignes de front, avant de prendre note des récents développements positifs à ce sujet.  « Des efforts concertés sont néanmoins requis alors que nous nous rapprochons de la fin de l’autorisation d’une année de l’assistance humanitaire transfrontalière. »

Le délégué indien a estimé qu’il n’est pas possible de discuter de la situation humanitaire en Syrie sans parler du rôle grandissant joué par les groupes terroristes tels que Daech.  « L’attaque perpétrée contre la prison d’Hassaké par Daech la semaine dernière montre l’ampleur de ce problème. »  Notant le rôle joué par les acteurs extérieurs dans le renforcement des groupes terroristes en Syrie, le représentant a prévenu que continuer de négliger cette question ne pourra que causer un dommage irréparable à la lutte contre le terrorisme. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a estimé que l’acheminement de l’aide aux civils syriens demeure une priorité, en particulier dans le nord-ouest et le sud de la Syrie.  Cela s’applique également au nord-est du pays où la récente offensive de Daech à Hassaké a entraîné une vague de déplacés et entravé l’acheminement de l’aide humanitaire.  Pour améliorer la situation sur le terrain, il a dit soutenir le développement et la mise en œuvre du plan semestriel des Nations Unies pour livrer et distribuer régulièrement l’aide humanitaire à travers les lignes de front dans le nord-ouest de la Syrie.  Il a aussi souhaité que la livraison de fournitures médicales au peuple syrien reste une priorité, y compris pour les vaccins contre la COVID-19.  Étant donné que moins de 5% de personnes sont entièrement vaccinées contre la COVID-19 en Syrie, il a souhaité que la communauté internationale y accorde une plus grande attention, en particulier pour la population vivant dans les camps. 

Les Émirats arabes unis ont envoyé plus de 97 tonnes d’aide médicale à la Syrie, en plus de plus de 200 000 doses de vaccins, a fait savoir le représentant en signalant avoir mené un programme de vaccination bénéficiant à 12 000 réfugiés syriens dans des camps situés en Jordanie.  M. Abushahab a encouragé les membres de l’ONU et du Conseil de sécurité à déployer davantage d’efforts pour soutenir le relèvement rapide des infrastructures civiles et des secteurs vitaux, y compris les secteurs de l’éducation et de la santé qui ont été touchés par le conflit.  En conclusion, il a affirmé que le seul moyen de mettre fin aux souffrances infligées au peuple syrien est de progresser sur la voie politique. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a souligné l’importance des opérations humanitaires transfrontalières de l’ONU en Syrie, autorisées par la résolution 2585 (2021) pour répondre aux besoins vitaux des populations.  Il a plaidé pour le maintien de ces opérations humanitaires, sous une surveillance détaillée et étroite, et pour la recherche des moyens de faciliter l’augmentation des opérations humanitaires à travers les lignes de front de manière régulière et prévisible.  Il a exhorté toutes les parties à respecter le droit international humanitaire en rappelant leur obligation d’assurer un accès humanitaire libre et sans entrave qui respecte les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.  « Le Brésil réitère l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu national pour alléger les souffrances de la population syrienne », a dit le représentant avant de condamner les attaques aveugles contre des populations et infrastructures civiles. 

Par ailleurs, M. Costa Filho s’est particulièrement inquiété de la présence croissante de groupes terroristes en Syrie.  Il s’est dit alarmé par les rapports de l’UNICEF citant 850 enfants détenus à Hassaké, dont certains n’ont que 12 ans. Après avoir appelé à protéger les enfants, le représentant du Brésil a attiré l’attention sur les conséquences délétères potentielles des sanctions unilatérales sur la population civile dans un scénario de crise économique aiguë et d’aggravation de la faim.  Il s’est dit convaincu que seul un processus politique dirigé par les Syriens et facilité par l’ONU, préservant l’intégrité territoriale de la Syrie, apportera une paix durable et soulagera les souffrances de la population syrienne. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a noté que les exposés de MM. Griffiths et Egeland ont dressé un « constat accablant » de l’ampleur des besoins humanitaires en Syrie.  Depuis une dizaine d’années, ce pays en guerre est le théâtre de la « plus grande crise de déplacés et de réfugiés de notre époque ».  En dépit de ces souffrances, a-t-il observé, des opérations militaires se poursuivent dans le pays, qui est soumis à des sanctions, à des frappes aériennes et à l’effondrement de son économie.  Dans ce contexte, le fossé de défiance entre les belligérants est tel qu’aucune perspective politique fiable ne semble se dessiner, a déploré le représentant, constatant dans le même temps une nette diminution des flux humanitaires pour la Syrie.  Les promesses de la Conférence de Bruxelles sont en effet « très en retrait des espérances », alors que la population en est réduite à vivre sous le seuil de pauvreté, ce qui est « moralement insoutenable ». 

Enjoignant à la communauté internationale de se mobiliser davantage, le délégué a rappelé que les résolutions 2504 et 2533 adoptées en 2020 par le Conseil visaient à garantir que l’aide humanitaire parvienne aux personnes qui en ont besoin en Syrie.  Il a déclaré que l’aide doit « s’affranchir de toute politisation » et a réitéré son appui à l’action menée par le Secrétaire général en faveur de l’assistance transfrontalière.  Il a également jugé important de mettre en place un dispositif assurant la rationalité et la traçabilité de l’aide dans le contexte syrien et améliorant le maillage du système d’acheminement.  Selon lui, le consensus entre les parties sur la poursuite des opérations transversales autorisées par le Gouvernement syrien donne plus d’espoir aux Syriens dans le besoin.  Ce canal d’acheminement est d’autant plus crucial qu’il permet de réduire la dépendance des communautés à l’assistance, a-t-il conclu, avant de rendre un hommage appuyé aux différentes organisations humanitaires qui s’emploient à « donner un visage à l’espoir ». 

M. LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que la population syrienne est confrontée aux rigueurs de l’hiver, cette année encore plus redoutable que les précédentes en raison de la pandémie et la crise économique qui touche le pays. C’est la raison pour laquelle chacun doit revoir à la hausse son niveau d’assistance financière pour venir en aide aux Syriens et en faire davantage sur le plan humanitaire.  La délégation a déclaré qu’elle soutenait toutes les modalités de cette assistance, qu’il s’agisse des convois transfrontaliers ou de ceux qui arrivent depuis le nord-est de la Syrie ou à travers les lignes de front. À la lumière de cette situation, elle a considéré comme indispensable de renouveler les autorisations données à l’acheminement de cette aide, demandant aux membres du Conseil de sécurité de travailler à l’unisson pour permettre le passage de l’aide humanitaire aux frontières.  Nous pourrions apporter du matériel médical, a fait ainsi remarquer la représentante, en soulignant que la Syrie est le pays qui a le taux de vaccination contre la COVID-19 le plus faible au monde. Dans ce contexte sanitaire très grave, la délégation américaine a salué les pays qui contribuent à la stabilité régionale en protégeant les réfugiés installés chez eux et ceux qui ne peuvent pas encore prendre le chemin du retour.  Tout retour doit être sûr, volontaire, informé et digne, a-t-elle insisté en conclusion. 

En réponse à la déclaration du Royaume-Uni, le représentant de la Fédération de Russie, M. POLYANSKIY, a avoué son étonnement à propos des commentaires de cette délégation sur les violations du droit international humanitaire, alors que « c’est la Grande-Bretagne qui a effectué plus 4 500 frappes en Syrie et en Iraq depuis août 2017, faisant des dizaines de victimes ».  La Fédération de Russie respecte le principe de désescalade, a assuré le représentant en précisant que les risques de tuer par hasard des civils ne peuvent pas complètement être exclus, surtout face à l’utilisation de boucliers humains.  Il a estimé que les questions de la protection des objectifs civils et de l’acheminement de l’aide humanitaire doivent être réglées par les Nations Unies en contact direct avec le Gouvernement légal de la République arabe syrienne.  Sur la question de la protection accordée à certains objectifs à Edleb, le représentant russe a fait valoir qu’il n’est pas garanti que ces objectifs soient comme ils sont réellement décrits et qu’ils peuvent être des camps militaires. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a fait part de la souffrance de la population qu’il a mise sur le compte des sanctions unilatérales et des mesures coercitives de certains États Membres.  Il a ensuite rappelé que les forces américaines ont détruit des écoles, une boulangerie et également d’autres installations civiles dans le nord-est du pays.  « Ce sont les crimes des forces d’occupation américaines que viennent compléter les crimes des forces du régime turc et de leurs alliés terroristes. »  Réitérant sa requête au Conseil de sécurité pour une intervention contre ces groupes terroristes, le représentant a regretté le fait que cet organe n’assume pas ses responsabilités, parce que certains pays occidentaux continuent selon lui de se plier au souhait du « régime Erdoğan ».  Ces pays protègent ce « régime » qui ne va donc pas devoir répondre aux crimes de confiscation de territoire syrien, aux meurtres et aux assassinats, à l’utilisation de l’eau comme arme et encore bien d’autres souffrances imposées aux réfugiés et aux personnes déplacées, a alerté le délégué syrien.  « Ce sont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. »

M. Sabbagh a aussi rejeté le mécanisme d’aide transfrontalière qui, à ses yeux, viole l’indépendance et l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne et qui permet aux groupes terroristes contrôlant Edleb d’utiliser ses habitants comme boucliers humains.  Les groupes terroristes et les milices séparatistes empêchent l’accès pour l’acheminement de l’aide humanitaire, a dénoncé le représentant qui a aussi déploré les souffrances des Syriens dans le Golan syrien occupé « à cause des pratiques des autorités d’occupation israéliennes qui y sèment une véritable terreur par la confiscation des territoires ».  Il a demandé au Conseil de condamner la réunion organisée par Israël au mois de décembre dans le Golan et la déclaration de création de deux nouvelles colonies dans le Golan syrien occupé.  « Nous voulons qu’il y ait des actions urgentes du Conseil de sécurité afin de mettre fin aux attaques israéliennes contre la souveraineté syrienne. »  Il faut garantir le retrait d’Israël du Golan syrien, a martelé le représentant syrien. 

M. ÖNCÜ KEÇELI (Turquie) a indiqué que la Turquie dispose de son propre projet national pour répondre aux besoins en abris à Edleb en cette période d’hiver et a encouragé les donateurs internationaux à accorder la priorité au financement de tels projets.  Il a souligné que le mécanisme transfrontalier des Nations Unies est une bouée de sauvetage pour 3,4 millions de personnes dans le nord-ouest, arguant qu’il n’y a tout simplement pas d’alternative disponible en termes d’échelle ou de portée qui pourrait répondre aux besoins croissants dans le nord-ouest.  La vie de millions de personnes vulnérables dépend de l’aide acheminée par l’unique point de passage transfrontalier de Bab el-Haoua, a-t-il indiqué, précisant que celui-ci est doté du système de surveillance le plus efficace au monde. 

Le représentant a souligné que la Turquie s’est pleinement engagée à contribuer à la mise en œuvre de la résolution 2585 (2021) et a jugé important que les projets de relèvement rapide prévus par ce texte soient mis en œuvre sans aucune discrimination dans toute la Syrie, sur la base de l’évaluation des besoins faite par l’ONU.  L’aide humanitaire n’est qu’un pansement avec lequel nous essayons de traiter un cancer, a lancé le délégué qui a estimé que l’ONU est devenue un « service d’intervention après coup », que ce soit en Syrie, en Afghanistan, au Yémen, ou au Soudan du Sud.  « La communauté internationale jette de l’argent pour éloigner les problèmes devant leurs portes ».  Il a appelé à s’attaquer aux causes profondes des conflits, notant que dans le cas de la Syrie, il s’agit de la restriction des libertés et droits fondamentaux par le régime syrien.  De ce fait, la crise humanitaire se poursuivra si nous ne nous attaquons pas aux problèmes politiques et si la communauté internationale ne parvient pas à un règlement politique conformément à la résolution 2254 (2015). 

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a appelé à accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire autorisée par la résolution 2585 (2021) notamment en ce qui concerne l’eau, l’assainissement, la santé, l’éducation et les abris.  Elle a indiqué que lors de leur réunion de décembre dernier, les garants d’Astana ont exhorté la communauté internationale, les Nations Unies et ses agences humanitaires, à renforcer leur assistance à l’ensemble de la Syrie grâce à des « projets de relèvement et de résilience ».  Des efforts sérieux sont également nécessaires pour lever les sanctions unilatérales imposées à la Syrie et qui ont exacerbé les souffrances, a-t-elle ajouté.  Estimant que l’aide humanitaire était moins efficace dans les zones non contrôlées par le Gouvernement, la représentante a appelé à veiller à ce que l’aide humanitaire transfrontalière parvienne aux véritables bénéficiaires et ne tombe pas entre les mains de groupes terroristes.  

Mme Ershadi a par ailleurs salué la libération, en 2021, de 10 détenus syriens, facilitée par le groupe de travail sur la libération des détenus établie par le format d’Astana, appelant à poursuivre cette évolution positive en 2022 à plus grande échelle.  Elle a aussi appelé à faciliter le retour sûr, volontaire et digne des réfugiés syriens et des personnes déplacées, avant de mettre en garde ceux qui tentent de les décourager de rentrer chez eux, notamment en diffusant des informations inexactes sur les conditions actuelles en Syrie. 

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