En cours au Siège de l'ONU

8945e séance - matin
CS/14762

Conseil de sécurité: le Représentant spécial appelle les partenaires du Mali à appuyer les aspirations de la population et aider à résoudre les défis de la transition

Alors que les Assises nationales de la refondation au Mali se sont terminées le 30 décembre 2021, le Représentant spécial El-Ghassim Wane est venu ce matin présenter au Conseil de sécurité le rapport trimestriel du Secrétaire général sur la situation dans ce pays, en recensant les progrès et défis les plus récents: la mise en œuvre de l’Accord d’Alger et les défis sécuritaires, les dernières sanctions de la CEDEAO, ainsi que la situation humanitaire.  Plusieurs membres du Conseil ont aussi mentionné le « déploiement du groupe paramilitaire Wagner » en s’en inquiétant.

M. El-Ghassim Wane, qui intervenait par visioconférence, a d’abord souligné la profonde aspiration des Maliens à voir se réaliser des réformes, une meilleure gouvernance et un État plus efficace.  Il a invité les partenaires du Mali à s’appuyer sur ces aspirations pour aider à poser les bases de la transition et d’une stabilité durable.  Une représentante de la société civile, Mme Adam Dicko, Directrice exécutive de l’Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie, a appelé à plus d’humilité et à l’élaboration de solutions communes dans lesquelles les populations locales se reconnaissent pleinement.  « Au nom de tous les jeunes Maliens qui aspirent à un lendemain meilleur », elle a pointé du doigt le virus des inégalités sociale, économique, politique et environnementale qui entrave l’accès aux services essentiels, prive des millions de jeunes de bonheur et pousse la plupart d’entre eux à vivre dans la misère.   

Le Représentant spécial a rappelé qu’au cours du week-end, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a tenu un Sommet extraordinaire pour faire le point sur les mesures prises par le Mali pour s’acheminer vers la tenue d’élections et un retour à l’ordre constitutionnel.  Le Sommet fait suite aux Assises nationales de la refondation dont les résultats ont été transmis par les autorités maliennes au Président de la CEDEAO avec une projection pour la tenue des élections présidentielles fin 2026.  Le 5 janvier, le Médiateur de la CEDEAO a été dépêché au Mali pour de nouvelles consultations qui ont permis d’arrêter une proposition révisée pour la tenue des élections un an plus tôt, fin 2025.  

Les dirigeants de la région ont néanmoins estimé que le chronogramme proposé était « inacceptable » et ont pressé les autorités maliennes à se concentrer sur un retour rapide à l’ordre constitutionnel.  Ils ont confirmé les sanctions individuelles mises en place le 12 décembre et en ont prononcé de nouvelles, notamment le rappel des ambassadeurs des États de la CEDEAO au Mali, la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre ces États et le Mali, la suspension de toutes les activités commerciales et financières -avec des exonérations pour les produits alimentaires, les fournitures médicales, le pétrole et l’électricité-, le gel des avoirs des entreprises publiques maliennes dans les banques commerciales de la région, et la suspension de l’aide financière de la CEDEAO.  Le Représentant spécial a indiqué que le Mali a rendu la pareille en annonçant le rappel de ses ambassadeurs et la fermeture des frontières avec les États membres de la CEDEAO.  Dans une adresse à la nation, le Président de la transition Goita a déclaré que le Mali reste ouvert au dialogue avec la CEDEAO pour trouver un compromis qui réconcilierait les aspirations du peuple malien et respecterait les principes de l’Organisation.  

Face à cette situation, la Chine a invité les deux parties à trouver un terrain d’entente.  De leur côté, les trois pays africains membres du Conseil -les A3 (Ghana, Gabon et Kenya)- ont exhorté le Conseil de sécurité à accueillir favorablement le communiqué final du Sommet de la CEDEAO et à appuyer les sanctions prises, tout en plaidant pour que celles-ci soient mises en œuvre en gardant à l’esprit les besoins opérationnels de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), notamment pour la lutte contre le terrorisme au Mali.  Les A3 ont également insisté sur un soutien logistique, matériel et financier en faveur de la Force conjointe du G5 Sahel, dans le cadre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, en recommandant pour cela la mise en place d’un bureau conjoint et le déploiement d’une brigade d’intervention rapide comme c’est le cas pour certaines missions.   

La situation sécuritaire volatile au Mali a, il est vrai, fortement inquiété les membres du Conseil, comme en a attesté le Représentant spécial en rappelant la série d’attaques coordonnées contre les camps de la MINUSMA, ainsi que la mort de 28 Casques bleus en 2021.  Il a noté que le Tchad a récemment offert des troupes supplémentaires pour la MINUSMA, une évolution saluée par les autorités maliennes.  Il a aussi relevé que le conflit a eu un impact dévastateur sur les civils et la situation humanitaire.  Le nombre de personnes déplacées est passé de 216 000 en 2020 à plus de 400 000 un an plus tard.  Dans des circonstances aussi difficiles, la réponse à l’appel humanitaire est restée tiède puisque seulement 38% des fonds nécessaires ont été reçus.    

Alors que la Fédération de Russie a décrié des ingérences étrangères excessives « qui ne font que compliquer la situation », Mme Dicko a plaidé pour que le Mali ne devienne pas le nouveau terrain d’affrontement des puissances mondiales.  La France a déploré le fait que les autorités de transition utilisent des fonds publics déjà limités pour rétribuer des mercenaires étrangers au lieu de soutenir les forces nationales et les services publics au bénéfice du peuple malien.  Le représentant français a fermement condamné le déploiement sur le territoire malien de mercenaires du groupe Wagner, assurant qu’ils sont « connus pour menacer les civils, violer le droit international et la souveraineté des États ».  D’autres délégations comme l’Albanie ont tenu des propos similaires, les États-Unis y voyant même une menace pour la MINUSMA et le peuple malien.  « La MINUSMA mérite de savoir si ces soi-disant sous-traitants font partie de l’aide bilatérale officielle et, dans l’affirmative, ils doivent être tenus pour responsables par leur pays d’origine », ont-ils dit. 

Les Maliens ont le droit d’interagir avec d’autres partenaires qui sont prêts à coopérer avec eux dans le domaine du renforcement de la sécurité, a réagi la Fédération de Russie.  Le Mali a tout simplement affirmé n’avoir pris aucun engagement avec Wagner et assuré qu’il n’y a « aucun mercenaire présent sur le sol malien ».  Le représentant malien a, en revanche, reconnu entretenir une « relation de coopération d’État à État avec la Russie » et ce, depuis 1960.  Et c’est à la faveur de cette coopération « historique et dynamique » que des formateurs et instructeurs russes se trouvent actuellement au Mali pour conseiller et former les militaires maliens à l’utilisation du matériel acquis par le Mali auprès de la Fédération de Russie.   

LA SITUATION AU MALI - S/2021/1117S/2022/8

Déclarations

M. EL-GHASSIM WANE, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, a expliqué qu’à défaut de présenter le rapport du Secrétaire général, il préférait faire une mise à jour des progrès et défis les plus récents.  Il a ainsi rappelé qu’au cours du week-end, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a tenu un Sommet extraordinaire pour faire le point sur les mesures prises par le Mali pour s’acheminer vers la tenue d’élections et un retour à l’ordre constitutionnel.  Le Sommet fait suite aux Assises nationales de la refondation tenues du 11 au 30 décembre au niveau local et national.  À la suite de la conclusion des Assises, le soir du Nouvel An, les autorités maliennes ont transmis au Président de la CEDEAO ses résultats ainsi qu’une projection pour la tenue des élections fin 2026.  Le 5 janvier, le Médiateur de la CEDEAO a été dépêché au Mali pour de nouvelles consultations qui ont permis d’arrêter une proposition révisée pour la tenue des élections présidentielles fin 2025.

Comme indiqué dans leur communiqué, les chefs d’État et de gouvernement ont estimé que le chronogramme proposé était « inacceptable » et ont pressé les autorités maliennes à se concentrer sur un retour rapide à l’ordre constitutionnel.  Ils ont confirmé les sanctions individuelles mises en place le 12 décembre et en ont prononcé de nouvelles, notamment le rappel des ambassadeurs des États de la CEDEAO au Mali, la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre ces États et le Mali, la suspension de toutes les activités commerciales et financières -avec des exonérations pour les produits alimentaires, les fournitures médicales, le pétrole et l’électricité-, le gel des avoirs des entreprises publiques maliennes dans les banques commerciales de la région, et la suspension de l’aide financière de la CEDEAO.

Comme indiqué par la CEDEAO, a poursuivi M. Wane, ces sanctions doivent être revues et progressivement levées en attendant la finalisation d’un calendrier acceptable pour les élections et les progrès nécessaires vers sa mise en œuvre.  Le Représentant spécial a indiqué que le Mali a rendu la pareille en annonçant le rappel de ses ambassadeurs et la fermeture des frontières avec les États membres de la CEDEAO.  Dans une adresse à la nation, le Président de la transition Goita a déclaré que le Mali reste ouvert au dialogue avec la CEDEAO pour trouver un compromis qui réconcilierait les aspirations du peuple malien et respecterait les principes de l’Organisation.  M. Wane a rappelé que les Assises nationales de la refondation ont souligné la nécessité d’améliorer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix.  La médiation internationale, menée par l’Algérie et incluant la MINUSMA et d’autres acteurs internationaux, a continué à être activement impliquée.  C’est ainsi que le 5 janvier, la médiation s’est réunie pour la troisième fois depuis octobre 2021 et a demandé l’organisation d’une réunion décisionnelle entre les signataires maliens.  Un séminaire de haut niveau qui sera organisé la semaine prochaine permettra également à toutes les parties prenantes de mieux opérationnaliser les recommandations de l’Observateur indépendant.

Le Représentant spécial a souligné que la MINUSMA a continué à s’engager constamment avec les parties maliennes et les acteurs internationaux à l’appui du processus de paix.  Elle a également poursuivi ses efforts sur le terrain, notamment en soutenant la reconstitution des bataillons qui sont désormais parties intégrantes des forces armées maliennes, y compris à Kidal.  Une série de consultations a été entreprise au cours des derniers mois avec l’appui de la MINUSMA pour identifier les approches stratégiques, les efforts prioritaires et les actions rapidement réalisables dans des domaines tels que la sécurité, la gouvernance, le développement et l’aide humanitaire.

Selon M. Wane, la série d’attaques coordonnées contre les camps de la MINUSMA, ainsi que la mort de 28 Casques bleus en 2021, dont 7 Togolais dans un seul incident en décembre, démontre l’environnement dangereux dans lequel la MINUSMA fonctionne.  Il a relevé que le conflit a eu un impact dévastateur sur les civils et la situation humanitaire.  Le nombre de personnes déplacées est passé de 216 000 en 2020 à plus de 400 000 un an plus tard.  La situation sécuritaire qui se dégrade affecte également la production agricole alors même que plus de 1,8 million de personnes devraient avoir besoin d’une aide alimentaire en 2022 contre 1,3 million en 2021.  Dans des circonstances aussi difficiles, la réponse à l’appel humanitaire est restée tiède puisque seulement 38% des fonds nécessaires ont été reçus.  Un soutien plus fort de la communauté internationale est nécessaire de toute urgence pour combler ce déficit de financement, a indiqué le Représentant spécial.

Malgré un environnement très difficile et des défis de capacité, la MINUSMA continue de faire de son mieux pour protéger les civils, a-t-il assuré en soulignant que cela a permis de créer un environnement plus favorable en désamorçant les tensions et en renforçant les efforts de paix.  La MINUSMA, en soutien aux forces armées maliennes, protège également les routes clefs et les infrastructures vitales pour des populations de plus en plus isolées.  De même, la Mission soutient les efforts humanitaires dans les villages qui ont été encerclés pendant des mois par des groupes extrémistes dans le centre du Mali.  Des mesures ont été aussi prises pour assurer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, a-t-il affirmé.  Il a relevé que le Tchad a récemment offert des troupes supplémentaires pour la MINUSMA, une évolution saluée par les autorités maliennes.  Selon le Représentant spécial, cela donnerait aussi plus de souplesse pour répondre aux menaces contre les civils et les soldats de la paix, tout en offrant à la Mission plus d’espace pour soutenir les forces de défense et de sécurité maliennes.

M. Wane a affirmé qu’alors que le pays fait face à des temps difficiles, on observe une profonde aspiration des Maliens à voir se réaliser des réformes, une meilleure gouvernance et un État plus efficace.  Les partenaires du Mali devraient donc s’appuyer sur ces aspirations pour aider à poser les bases d’une stabilité durable, a-t-il recommandé en demandant aussi tous les efforts possibles pour résoudre les défis liés au processus de transition.  Au-delà de la transition politique, il est crucial que le Conseil de sécurité continue à prêter la même attention à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et à la stabilité au centre, deux autres éléments constitutifs d’un Mali stable, a ajouté M. Wane.

Mme ADAM DICKO, Directrice exécutive de l’Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie (AJCAD), a réitéré l’objectif de son organisation qui est de promouvoir la justice sociale et les valeurs démocratiques au Mali.  Puis elle a rappelé que son pays est depuis 10 ans en proie aux conflits, à la violence et à l’instabilité.  Des dizaines de conférences et autres sommets internationaux se sont tenus sans jamais réellement faire une place à ceux et celles qui, au quotidien, sont mobilisés pour plus de justice sociale, la défense des droits humains et la construction d’un Mali en paix, a dénoncé la militante.  Après 10 ans d’échec des stratégies visant à résoudre les crises sahéliennes, a ajouté Mme Dicko, il est temps d’enclencher un changement de cap, de faire preuve de plus d’humilité et de permettre l’élaboration de solutions communes dans lesquelles les populations locales se reconnaissent pleinement.

« Au nom de tous les jeunes Maliens qui aspirent à un lendemain meilleur », la Directrice exécutive d’AJCAD a pointé du doigt le virus des inégalités sociale, économique, politique et environnementale, qui entrave l’accès aux services essentiels, prive des millions de jeunes de bonheur et pousse la plupart d’entre eux à vivre dans la misère.  Ce virus « mutant » s’adapte en profitant d’un système gangrené par la mauvaise gouvernance politique, le manque de transparence et un déficit démocratique qui fait que nombre de Maliens ne se sentent pas intégrés dans une société qui au mieux les ignore, au pire les exclut. 

Pour la militante, la dégradation de la crise appelle à faire des constats.  Sur le plan sécuritaire, elle a jugé inadaptée la réponse militaire actuelle qui a montré ses limites et son incapacité à non seulement venir à bout de la menace, mais aussi à la contenir.  Les jeunes Maliens déçus sont révoltés contre un État qui n’arrive plus à assurer leur sécurité, a-t-elle témoigné en prévenant que les plus fragiles se rallient aux groupes extrémistes pour des raisons pécuniaires et matérielles, mais aussi et souvent, pour protéger leurs proches. 

Les jeunes s’interrogent sur la répétition d’actions des pays dits « opposés de point de vue », les voyant se disputer pour des intérêts d’appartenance géopolitique sur un nouveau terrain après la Syrie, l’Afghanistan, ou encore la Libye.  Elle a plaidé pour que le Mali ne devienne pas le nouveau terrain d’affrontement des puissances mondiales, demandant au Conseil de sécurité d’être non seulement à la hauteur de ses responsabilités mais surtout exemplaire.  « La terre malienne mérite mieux qu’être un terrain de règlements de comptes politiques. »  Ce n’est pas sur vos déclarations mais sur vos actes que vous serez jugés, a pointé du doigt la militante.

Réitérant que la démocratie malienne va mal et manque d’amis sincères, Mme Dicko a dénoncé le fait qu’au nom de la sacro-sainte stabilité, les puissances négocient des compromis qui fragilisent la démocratie déjà faible.  Pour elle, il y a urgence à garantir une plus grande transparence dans la vie publique et dans les relations que les membres du Conseil entretiennent avec le Mali.  Elle a dénoncé les solutions de financement de l’entreprenariat qui sont avant tout destinées à éviter les flux migratoires plutôt que de chercher à faciliter un réel développement économique et financier des personnes bénéficiaires.  L’aide est aussi importante que ses conditions d’octroi, a-t-elle souligné. 

Regrettant que l’enjeu de la gouvernance a été minimisé trop longtemps par ceux et celles qui prétendaient apporter la solution aux crises sahéliennes, Mme Dicko a dit qu’il est pourtant au cœur des défis au Mali.  Elle a constaté que l’on parle de ramener l’État dans les zones où il a été absent pendant des années et qui ont été reprises aux groupes dits djihadistes, mais que l’on ne s’interroge jamais sur la nature de l’État qu’on parle de réinstaller.  « Est-ce que faire revenir un État souvent vu par la jeunesse comme indifférent à son sort, voire perçu comme prédateur, est-il la solution? a demandé la militante.  Le Mali souffre d’un contrat social qui est rompu, a-t-elle rappelé en soulignant le défi qui consiste surtout à transformer l’État et l’action publique pour qu’ils soient au service de l’ensemble des Maliens et des Maliennes. 

Avant de terminer, Mme Dicko a invité le Conseil de sécurité à faire confiance en la population malienne et en sa société civile, qui sont la clef pour résoudre les crises actuelles.  « Il est primordial que notre société civile soit soutenue, accompagnée et renforcée. »  À travers elle, nous améliorerons la gouvernance en travaillant pour plus de transparence et de responsabilité dans l’action publique, a argué la militante qui a promis de nouvelles solutions et un nouveau vivre-ensemble.  Elle a demandé au Conseil d’intervenir dans la recherche rapide de solution à la situation politique entre le Gouvernement malien et la CEDEAO.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a constaté que la situation au Mali est extrêmement préoccupante et relevé que les autorités de transition n’ont pas respecté leurs engagements.  Regrettant l’absence de trajectoire réaliste de retour à l’ordre constitutionnel, il a dénoncé le rétrécissement de l’espace démocratique et dit soutenir pleinement tous les efforts de la CEDEAO pour obtenir le respect des engagements des autorités de transition et l’organisation dans des délais raisonnables des élections devant clore la période de transition.  Il a aussi regretté l’absence de progrès dans la mise en œuvre de l’accord de paix et l’absence de stratégie intégrée pour les régions du centre, qui laisse les populations en proie à l’insécurité et à la dégradation de la situation humanitaire.  En outre, de même que la CEDEAO, il a regretté profondément que les autorités de transition utilisent des fonds publics déjà limités pour rétribuer des mercenaires étrangers au lieu de soutenir les forces nationales et les services publics au bénéfice du peuple malien.  « La France et ses partenaires les plus proches ont fermement condamné le déploiement sur le territoire malien de mercenaires du groupe Wagner, connus pour menacer les civils, violer le droit international et la souveraineté des États. »

La France reste déterminée à soutenir le Mali et le peuple malien, a affirmé M. de Rivière avant d’appeler les autorités de transition à reprendre le chemin du dialogue, à avancer dans la préparation concrète des élections sur la base d’un calendrier crédible, à progresser dans la mise en œuvre de l’accord de paix et à développer une stratégie pour le centre.  « Nous reconnaissons la gravité des défis auxquels doit faire face le Mali et nous ne sous-estimons pas l’ampleur de la tâche.  C’est pourquoi nous poursuivons nos opérations militaires pour faire face à la menace terroriste au Sahel. »  C’est aussi pourquoi, a ajouté le représentant, nous avons toujours maintenu notre aide au développement et notre aide humanitaire au profit des Maliens, tout comme l’Union européenne.  Il a également indiqué renforcer son soutien à la société civile malienne en saluant sa vitalité.  Le représentant de la France a réitéré son appui à la MINUSMA et au Représentant spécial, et salué l’engagement des pays contributeurs de troupes.  Il s’est dit très préoccupé par les risques que fait courir le déploiement des mercenaires du groupe Wagner au bon accomplissement du mandat de la MINUSMA, rappelant être instruit à cet égard de l’expérience grave de la MINUSCA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine).  Redisant poursuivre les efforts pour répondre aux besoins des Maliens, M. de Rivière a appelé « encore une fois » les autorités de transition à la reprise du dialogue et à des engagements clairs en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a regretté la mort de huit Casques bleus à la suite d’attaques devenues trop fréquentes.  Ces incidents montrent la gravité des défis sécuritaires et soulignent la nécessité d’efforts concertés de la part du Gouvernement malien et des partenaires internationaux pour stabiliser le pays.  Ces efforts doivent être dirigés par un gouvernement légitime qui répond aux besoins de sa population, a dit le représentant dénonçant le Gouvernement de transition qui « cherche à prolonger son mandat ».  « Déçu » de la demande du Mali de retarder les élections jusqu’à cinq ans, le représentant a noté que cela remet en question son engagement en faveur de la démocratie et de l’état de droit.  Apportant son appui aux efforts de médiation de la CEDEAO, M. Kariuki a appelé les autorités de transition à préparer sans délai les élections afin que l’ordre constitutionnel puisse être rétabli dès que possible.  Pour lui, ce sera au prochain gouvernement démocratiquement élu de mener à bien toutes les réformes à plus long terme.  

Il a encouragé les autorités de transition à continuer de collaborer de bonne foi avec la CEDEAO, afin qu’un calendrier électoral crédible puisse être convenu.  M. Kariuki a constaté l’élargissement du conflit vers le sud et estimé que la présence confirmée du groupe Wagner au Mali risque de déstabiliser davantage le pays.  Nous avons vu comment les droits humains des civils et comment les Casques bleus ont été mis en danger par la présence de forces Wagner en République centrafricaine, a rappelé le représentant pour qui leur déploiement ne fera qu’accroître les défis auxquels le Mali est confronté.  Il a exhorté le Gouvernement malien à repenser sa décision.  Il a également déclaré que les troupes britanniques apportent une contribution tangible aux objectifs de la MINUSMA, y compris en ce qui concerne la protection des civils dans les zones difficiles d’accès.  Dénonçant le rétrécissement de l’espace pour les acteurs des droits humains dans le pays et le maintien des obstacles à la participation des femmes aux processus politiques et de consolidation de la paix, le représentant a indiqué que son gouvernement finance des programmes pour aider à faire entendre la voix des Maliennes.  Il a terminé en exhortant les autorités de transition, les groupes armés signataires et toutes les parties prenantes à redoubler d’efforts pour inclure les femmes et les jeunes. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que l’obligation de restituer l’ordre constitutionnel doit être mis en œuvre en tenant compte des réalités sur le terrain, lesquelles ont leur logique propre et nécessitent la mise en place de certains ajustements.  Évoquant les élections législatives, il a estimé qu’à moins de rétablir le contrôle de l’État dans de nombreuses régions du pays, les résultats du scrutin seront difficilement considérés comme fiables.  Et cela tracera une voie directe vers une autre instabilité politique comme cela s’est produit au Mali en 2020, a-t-il mis en garde.  Il a également affirmé que les ingérences extérieures « excessives » dans ces questions, « dont nous avons été témoins ces derniers mois », ne peuvent que compliquer la situation.

M. Nebenzia a relevé que la situation sécuritaire reste précaire, avec des extrémistes qui continuent de terroriser la population locale, et de mener des attaques contre des formations militaires maliennes et les Casques bleus de l’ONU.  Il a noté que suite à la fermeture de certaines bases françaises dans le pays, les Maliens se retrouvent seuls et a estimé que les Maliens ont le droit d’interagir avec d’autres partenaires qui sont prêts à coopérer avec eux dans le domaine du renforcement de la sécurité.  Critiquer de telles actions est fallacieux et irrespectueux face à un État souverain, a dénoncé le délégué.  De même, l’imposition de sanctions contre ce pays faisant déjà face à de nombreuses difficultés pourraient conduire à des conséquences fâcheuses.

Le délégué a ensuite estimé que les décisions concernant les modalités du mandat de la MINUSMA, y compris le nombre des forces engagées, doivent être prises à la lumière de l’avis de Bamako, ajoutant que la Fédération de Russie soutient le principe de « problèmes africains - solutions africaines ».  Reconnaissant que la situation au Mali est un facteur clef de sécurité régionale, M. Nebenzia s’est dit prêt à examiner les propositions visant à étendre l’assistance à la Force conjointe du G5 Sahel par l’intermédiaire du Conseil de sécurité de l’ONU.

Pour M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique), le Mali est un cas très complexe de rencontre de corruption, de violence et de conflits armés.  Il a constaté que le report du calendrier électoral de cinq ans, décidé par le Gouvernement de transition, complique davantage la situation politique et sécuritaire, et a demandé aux autorités maliennes de présenter un calendrier électoral qui ne prolonge pas la période de transition.

Le représentant a pris note des sanctions adoptées au Ghana dimanche dernier et a appelé à ce que celles-ci n’aient pas d’incidences sur l’action humanitaire.  Il a ensuite souligné que seul un gouvernement légitime au Mali pourra répondre aux nombreuses aspirations de la population.  Préoccupé par l’avancée de la violence dans le centre du pays en raison notamment de l’insuffisance de la présence sécuritaire de l’État malien, il a invité ce dernier à assurer la souveraineté territoriale et la sécurité au Mali.

Au nom des A3 (Ghana, Gabon et Kenya), M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a dit reconnaître l’urgente nécessité pour le peuple malien de vivre en sécurité et d’avoir un gouvernement qui le représente.  La hausse rapide des dépenses militaires dans le contexte d’insécurité a renversé les priorités du Gouvernement, a-t-il reconnu.  Il a déploré qu’en dépit de l’augmentation de ces dépenses militaires, les exactions des groupes armés n’ont pas baissé.  Il a appelé à combler le vide laissé par la fermeture des bases militaires françaises au nord du Mali.

Le représentant a salué les Assises de la refondation, tout en notant que les mesures décidées nécessiteront assurément des moyens pour ramener la paix et la sécurité dans la région.  Il a appelé les autorités de transition à tenir compte de leurs engagements et des idéaux qui les lient à l’Union africaine (UA).  Les A3 exhortent le Conseil de sécurité à accueillir favorablement le communiqué final du Sommet de la CEDEAO, lequel rappelle qu’une transition plus rapide devrait être enclenchée au plus vite, a déclaré M. Biang.  Il a aussi exhorté le Conseil à appuyer la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la région et le Mali ainsi que le gel des avoirs de l’État malien dans les banques régionales de la CEDEAO.  M. Biang a plaidé pour que ces sanctions soient honorées en gardant à l’esprit les besoins opérationnels de la MINUSMA, notamment la nécessité de lutter contre le terrorisme au Mali, appelant également à un soutien logistique, matériel et financier en faveur de la Force conjointe du G5 Sahel, dans le cadre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Selon les A3, seul un bureau conjoint pourrait permettre la bonne mise en place d’un tel appui, a dit le représentant qui a également proposé le déploiement d’une brigade d’intervention rapide comme c’est le cas pour certaines missions comme la MONUSCO.  Pour les A3, le Conseil doit envisager des mesures supplémentaires pour lutter contre les groupes terroristes dans la région, ce qui passe également par le renforcement des moyens aériens de la MINUSMA.  

Enfin, le représentant a exprimé la préoccupation des A3 face à la détérioration de la situation humanitaire au Mali.  Il a salué le fait que les sanctions de la CEDEAO ne touchent pas les articles clefs de l’action humanitaire tels que les médicaments ou les produits pétroliers.  

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a condamné les attaques contre les Casques bleus de la MINUSMA et a appelé les autorités maliennes à traduire les auteurs de ces crimes devant la justice.  Il a souligné l’urgence de mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation et de renforcer la sécurité dans l’ensemble du territoire.  Préoccupé par l’incertitude de la situation politique, il a appelé les parties prenantes maliennes à parvenir à un consensus sur les aspects de fond de la transition, notamment le programme de réformes du Gouvernement de transition, les réformes électorales et la période de transition.  Il a salué les espoirs suscités par la tenue des Assises nationales de la refondation et a appelé les parties prenantes de faire avancer les recommandations qui en sont issues.  Il a aussi espéré que les autorités de transition entreprendront les réformes politiques, électorales et institutionnelles nécessaires et œuvreront à la tenue d’élections et au retour à un gouvernement démocratique.  

M. Tirumurti a par ailleurs déploré l’absence de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et a exhorté les autorités de transition et les autres signataires à accélérer le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration.  Il a aussi réclamé une réponse régionale forte pour faire face à la menace terroriste au Mali.  La restructuration de la présence des forces internationales ne doit pas créer de vide sécuritaire mais être complété par une forte présence de forces nationales et régionales, a-t-il estimé.  Il a ensuite engagé l’ONU à fournir un plus grand appui, notamment financier, à la Force conjointe du G5 Sahel.  Il est également important que la MINUSMA dispose des ressources nécessaires pour s’acquitter de son mandat, a-t-il ajouté, insistant sur la sécurité et la sûreté des Casques bleus.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a tout d’abord présenté ses condoléances aux proches des Casques bleus tués en fin d’année 2021, et a estimé que les soldats de la paix doivent disposer des équipements nécessaires pour garantir leur sécurité, notamment face aux attaques perpétrées à l’aide d’engins explosifs improvisés.  Elle a ensuite appelé à soutenir tous les efforts déployés par la MINUSMA et la CEDEAO pour aider les autorités à mettre en œuvre la transition politique et à appliquer l’Accord pour la paix.

La représentante a décrié l’absence totale de volonté politique des autorités de transition maliennes en ce qui concerne la tenue des élections, les exhortant à tenir leur engagement de rétablir la démocratie.  Une transition sur cinq ans n’est pas dans l’intérêt du peuple malien, a-t-elle martelé, insistant en outre sur l’importance de la participation des femmes.  La représentante a également appelé à réaliser des progrès concrets dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, notamment en ce qui concerne l’intégration des anciens combattants et la participation des groupes de la société civile dirigés par des femmes.

Poursuivant, Mme Thomas-Greenfield s’est inquiétée de l’instabilité croissante de la situation sécuritaire, citant notamment les conflits intercommunautaires, la violence sexiste et la situation très grave dans le centre du pays.  Saluant le travail important de la MINUSMA auprès des femmes victimes de violences sexuelles, elle a appelé les autorités à traduire les auteurs de ces actes en justice.  Elle a aussi jugé nécessaire d’augmenter le plafond des troupes et de les doter de capacités de réaction plus rapide pour leur permettre de protéger les civils dans le centre du pays.  Il faut aussi aider les Casques bleus à mieux se protéger, grâce à des équipes de neutralisation des explosifs.  

Mme Thomas-Greenfield s’est ensuite préoccupée de la présence d’individus liés au groupe Wagner, y voyant une menace pour la MINUSMA et le peuple malien.  La MINUSMA mérite de savoir si ces soi-disant sous-traitants font partie de l’aide bilatérale officielle et, dans l’affirmative, ils doivent être tenus pour responsables par leur pays d’origine, a-t-elle dit.

La représentante a ensuite appelé les autorités de transition à élaborer une stratégie globale pour protéger les civils, rétablir l’autorité de l’État, fournir les services de base, notamment dans le centre du pays, et assurer la tenue des élections.  « Notre objectif est de travailler avec vous », a ajouté la déléguée, s’adressant directement au représentant du Mali.  « Travaillons ensemble pour accueillir de nouveau le Mali dans la famille des nations où le Mali a sa place. »

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire dans le centre du Mali et a jugé impératif que les autorités s’accordent sur une stratégie politique pour protéger les civils.  Il est également crucial que le Conseil de sécurité fournisse suffisamment de troupes et d’équipements militaires à la MINUSMA pour lui permettre de défendre son propre personnel et les civils et d’adapter ses opérations, a-t-il ajouté.  Préoccupé par la propagation de la radicalisation et de l’extrémisme violent, le représentant a signalé que le déploiement de mercenaires étrangers ne fait que complexifier la situation.  Il a appelé les autorités à ne pas prendre des décisions aussi conséquentes à la légère, alertant du risque de détérioration d’une stabilité déjà très fragile.  « Le Mali a besoin de décisions avisées et d’actions responsables, pas de mercenaires irresponsables », a dit le délégué qui s’est aussi inquiété de l’importante augmentation des violations des droits humains et des abus signalés par la MINUSMA, exhortant les autorités de transition à mener des enquêtes effectives.

M. Hoxha a par ailleurs dénoncé le report « inacceptable » du calendrier électoral, y voyant le désir de rester au pouvoir de manière illégale.  Il a fait part de son plein appui aux initiatives de la CEDEAO et a appelé les autorités à accélérer le retour à l’ordre constitutionnel.  « C’est au peuple de décider », a-t-il affirmé, exprimant par la suite ses préoccupations au sujet du manque de mise en œuvre de l’Accord pour la paix.  Il a appelé le Conseil à exercer toutes les pressions possibles pour que les parties prenantes maliennes passent d’un processus de consultations qui s’éternise à des actions concrètes, et parviennent à un consensus sur une période de transition raisonnable.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a estimé que la proposition de transition présentée par les autorités, visant à reporter jusqu’à cinq ans le retour à l’ordre constitutionnel, ne contribue en rien aux efforts de stabilisation.  Même si « l’initiative » de la fonder sur une large consultation populaire, compte tenu de la participation des femmes et des groupes minoritaires, est louable, les Maliens méritent une transition rapide vers la démocratie.  Pour cette raison, le Brésil soutient les efforts de la CEDEAO pour assurer la conclusion de la transition politique, a indiqué le représentant qui a exhorté les autorités maliennes à tenir des élections générales dès que possible.  Relevant que les élections à elles seules ne suffiront pas à mettre fin au conflit malien, il a également jugé essentiel de mettre en œuvre les engagements pris par les parties à l’Accord pour la paix.  Le délégué a aussi exhorté les forces politiques à honorer les engagements pris à Alger, notamment en ce qui concerne l’intégration des ex-combattants dans les forces armées

M. de Almeida Filho s’est inquiété de l’expansion de la menace terroriste au sud du Mali, relevant en outre que les violations des droits humains continuent d’être monnaie courante.  Il a salué le fait que la MINUSMA a initié des projets à impact rapide afin de réduire la violence communautaire, ainsi que ses efforts pour contenir une détérioration encore plus grande des conditions de sécurité.  Cependant, le mandat de la Mission doit être compris comme transitoire et durable, a-t-il souligné, ajoutant que la solution dépend de la capacité de l’État malien à assumer ses responsabilités.  C’est pourquoi le Brésil défend le renforcement des institutions étatiques et des forces de sécurité au Mali, avec le ferme soutien de la communauté internationale.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a déclaré qu’une transition politique prolongée au Mali servira seulement à aggraver l’instabilité, avant d’encourager le Gouvernement de transition à établir un calendrier pour le retour à l’ordre constitutionnel et la tenue des élections.  Préoccupée par les menaces auxquelles font face les civils maliens et les Casques bleus, elle a appelé à fournir des ressources suffisantes et appropriées à la MINUSMA et à augmenter la capacité de son personnel afin de soutenir les autorités nationales dans la protection des civils, en particulier dans le centre du pays.  Les efforts de la Mission ne pourront être durables que s’ils s’accompagnent d’un plan de stabilisation à long terme en matière de sécurité et de services publics essentiels, a-t-elle ajouté.

La représentante s’est ensuite inquiétée de l’augmentation des graves violations à l’encontre des enfants, ainsi que de la prévalence de la violence sexuelle et sexiste.  Elle a salué la signature par les autorités de transition d’un plan d’action visant à lutter contre les violences sexuelles liées aux conflits, pour ensuite appeler à nommer des femmes au Comité de suivi de l’Accord et à opérationnaliser l’observatoire indépendant des femmes.  La détérioration de la situation humanitaire exige aussi une attention urgente, a ajouté la déléguée qui a appelé toutes les parties à soutenir l’action humanitaire.  Un gouvernement inclusif, démocratique, dirigé par les civils représente la meilleure voie afin de réaliser la sécurité et la prospérité au Mali, et dans la région du Sahel, a souligné Mme Byrne Nason qui a appelé à la mise-en œuvre de l’Accord pour la paix.

M. DAI BING (Chine) a appelé la communauté internationale à appuyer les recommandations des Assises nationales de l’an dernier.  Il a insisté sur le fait que toute feuille de route doit respecter la volonté des Maliens.  Le représentant a dit prendre note des décisions de la CEDEAO et de la réaction du Mali, avant d’inviter les deux parties à trouver un terrain d’entente.  Il a appelé les forces qui sont hors de la région à se garder d’exercer des pressions sur le Mali, arguant qu’elles sont contre-productives.  Il est tout aussi important de poursuivre la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et d’avancer dans le cadre du DDR (désarmement, démobilisation et réintégration).  Le délégué chinois a rappelé que la MINUSMA est déployée dans un contexte très dangereux, comme en témoignent les 28 Casques bleus tués au Mali en 2021.  Il faut donc assurer une bonne sécurité pour les soldats de la paix, a-t-il plaidé.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a appelé à achever le processus de transition politique et à réaliser des progrès concrets vers la tenue des élections en poursuivant les efforts du Gouvernement de transition.  Il est aussi essentiel de coordonner les efforts à l’échelle sous-régionale, régionale et internationale pour appuyer la transition politique conformément à l’Accord pour la paix et la réconciliation.  La représentante a également insisté sur l’importance du dialogue pour ensuite souligner l’importance de la participation des femmes au processus de transition et à la mise en œuvre de l’Accord.   

Dénonçant également la situation sécuritaire, la représentante a souligné le « rôle important » de la Force conjointe du G5 Sahel pour combattre le terrorisme au Mali et dans la région du Sahel.  Mme Nusseibeh a aussi appelé à adopter une approche intégrée et globale de lutte contre le terrorisme, notamment en répondant à ses causes premières et en renforçant l’état de droit et le développement économique de la région.  La représentante a en outre attiré l’attention sur l’urgence de répondre aux besoins humanitaires de la population.  Elle a aussi appelé à répondre aux menaces sécuritaires provoquées par les changements climatiques au Mali, formulant l’espoir que cette question sera prochainement examinée par le Conseil de sécurité.

Mme MONA JUUL (Norvège) a donné lecture d’une déclaration raccourcie, annonçant que la suite de son texte était publiée en ligne.  Elle a exprimé sa profonde préoccupation au vu de l’évolution de la situation politique, sécuritaire et humanitaire au Mali.  Reprenant les termes du Représentant spécial, elle a estimé que le Gouvernement de transition « et nous en tant que partenaires » devons aborder au moins trois choses de manière coordonnée.  La première est l’augmentation signalée des personnes déplacées, le ciblage systématique des civils et la poursuite des attaques contre les écoles, qui doivent cesser, y compris dans le centre.  La deuxième est le respect de l’Accord d’Alger, en tant que fondement légitime de la paix et de la poursuite du dialogue au Mali.  Son troisième point a été un appel aux dirigeants de transition du Mali pour qu’ils fassent preuve de prudence dans l’utilisation du pouvoir qu’ils ont pris par la force, pour le bien de la jeunesse malienne.  

La transition politique a besoin d’une nouvelle dynamique, a poursuivi la représentante en ajoutant que la sécurité et la bonne gouvernance doivent aller de pair.  « Nous demandons au Gouvernement de transition malien de tenir compte des messages de la CEDEAO. »  L’évolution de la situation au Mali n’affecte pas seulement les Maliens, mais aussi les pays voisins, a fait remarquer Mme Juul avant de plaider pour que des élections aient lieu et que l’ordre constitutionnel soit rétabli dès que possible pour garantir la légitimité et la responsabilité.  C’est la seule façon de connaître la véritable volonté du peuple malien, a-t-elle observé.

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a rappelé que tout au long du mois de décembre 2021, les Maliennes et les Maliens, de l’intérieur comme de la diaspora, du niveau local à l’échelle nationale, ont procédé à un diagnostic sans complaisance des défis actuels du pays.  Les recommandations pertinentes, issues de ces Assises nationales de la refondation, constitueront une nouvelle feuille de route du Gouvernement de transition, a-t-il expliqué en signalant que le Gouvernement du Mali a immédiatement engagé des consultations avec la CEDEAO relativement au chronogramme de la Transition.  « Cependant, c’est avec stupéfaction que nous avons appris l’adoption de sanctions économiques et financières à l’encontre du Mali », a révélé le représentant.  Pour lui, ces mesures contrastent avec les efforts du Gouvernement et sa disponibilité au dialogue en vue d’un compromis avec la CEDEAO.  « Le Gouvernement a condamné ces sanctions illégales et illégitimes prises par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)et la CEDEAO, en violation flagrante des textes fondateurs de ces organisations, et en contradiction avec les principes de solidarité et l’idéal panafricain. »  Je rappelle, a-t-il dit, concernant l’UEMOA, qu’un embargo décidé par les chefs d’État et de gouvernement, applicable à un État souverain, constitue une violation manifeste du Traité de l’UEMOA et des statuts de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).  En outre, le gel des avoirs d’un État, des entreprises publiques et parapubliques ne saurait être appliqué par la Banque centrale qui reste un organe indépendant auquel chaque État membre a concédé son droit souverain d’émission, a-t-il plaidé. 

S’agissant de la CEDEAO, le représentant a cité plusieurs des mesures que le Gouvernement malien a dénoncées, car elles ne sont fondées sur aucun texte communautaire: la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali; la suspension des transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali; le gel des avoirs de la République du Mali dans les banques centrales de la CEDEAO; le gel des avoirs de l’État malien et des entreprises publiques et parapubliques dans les banques commerciales des pays de la CEDEAO.  Dans son adresse à la nation, le 10 janvier 2022, le Président de la transition, Chef de l’État, le colonel Assimi GOITA, a déclaré que malgré le caractère illégal, illégitime et inhumain de certaines décisions, le Mali reste ouvert au dialogue avec la CEDEAO pour trouver un consensus entre les intérêts supérieurs du peuple malien et le respect des principes de l’Organisation.  À cette occasion, il a également appelé la CEDEAO à revoir sa grille de lecture de la situation au Mali en procédant à une analyse approfondie et en mettant l’intérêt des populations maliennes au-dessus de toute autre considération.  Enfin, le Président de la transition a réaffirmé sa volonté de tout mettre en œuvre pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel dans un Mali apaisé et sécurisé.  

Sur le plan sécuritaire, M. Konfourou a assuré que le Gouvernement du Mali continue d’intensifier les efforts pour le recrutement, la formation et l’équipement des Forces de défense et de sécurité maliennes, en vue de renforcer leurs capacités opérationnelles.  De décembre 2021 à nos jours, a-t-il témoigné, les Forces de défense et de sécurité maliennes ont engagé une vaste offensive, notamment dans les régions du centre et du sud du Mali.  Au cours de ces opérations, elles ont infligé de lourdes pertes aux groupes extrémistes, y compris des chefs terroristes.  Plusieurs interpellations ont eu lieu et une quantité importante de matériels de guerre a été récupérée, a précisé le représentant.  Ces opérations vont se poursuivre et s’intensifier avec l’objectif ultime de rétablir l’autorité de l’État, des services administratifs et sociaux de base sur l’ensemble du territoire national et de protéger nos populations et leurs biens, a promis le délégué.  Il a ajouté que la stratégie du Gouvernement pour stabiliser durablement le pays porte également sur les opérations pacifiques de désarmement des éléments des groupes extrémistes.  

M. Konfourou a ensuite répondu à une observation faite par certains membres du Conseil qui accusent le Gouvernement du Mali de recourir à une société de sécurité privée.  « Ceux qui entretiennent cette campagne de fausses informations savent pertinemment que le Mali n’a pris aucun engagement avec Wagner et qu’il n’y a aucun mercenaire présent sur le sol malien », a-t-il rétorqué.  Il a souhaité que soit mis fin à cette « campagne de désinformation » contre le Mali, soulignant que le pays n’est pas dans une logique de confrontation et reste ouvert à tous les partenaires qui souhaitent l’aider à relever ses multiples défis.  C’est dans ce cadre, a-t-il expliqué, que le Mali entretient une relation de coopération d’État à État avec la Russie et ce, depuis 1960.  Et c’est à la faveur de cette coopération « historique et dynamique » que des formateurs et instructeurs russes se trouvent actuellement au Mali pour conseiller et former les militaires maliens à l’utilisation du matériel acquis par le Mali auprès de la Fédération de Russie.  

Au sujet de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, il a rappelé que le Gouvernement et les mouvements signataires restent engagés dans une mise en œuvre diligente et intelligente.  Au titre du chapitre développement de l’Accord, il a cité la mise en place du Fonds pour le développement des régions du Nord et l’appel lancé aux partenaires du Mali à contribuer au financement de cette stratégie.  En ce qui concerne la situation actuelle au centre du Mali, il a assuré que le Gouvernement s’attèle à la mise en œuvre de la Stratégie de gestion intégrée de la crise au centre du Mali qui comprend des mesures politiques et sécuritaires, notamment le renforcement du dispositif de sécurité au centre et le dialogue envisagé avec les Maliens modérés. 

Sur la question de l’augmentation de l’effectif de la MINUSMA, le représentant a indiqué que le Gouvernement malien vient de donner son accord à la demande du Gouvernement tchadien de renforcer son contingent de 1 000 éléments supplémentaires au sein de la MINUSMA, un personnel qui sera déployé à Aguelhoc.  Au chapitre des droits de l’homme, M. Konfourou a indiqué que le Conseil des ministres a adopté, le 29 décembre dernier, les projets de texte instituant un mécanisme juridique unique de réparation et de mise en œuvre des mesures de réparation par voie administrative pour les préjudices subis par les victimes des différentes crises survenues au Mali depuis 1960.  Enfin, concernant la situation humanitaire, il a signalé que le Gouvernement du Mali adhère pleinement à l’appel du Secrétaire général pour une mobilisation des ressources en faveur du financement du plan de réponse humanitaire 2021.  

S’adressant à la représentante des États-Unis, il a dit que le Mali ne sera jamais dans une logique de confrontation avec quiconque et a assuré que le pays est ouvert à chacun de ses partenaires qui souhaite le soutenir.

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