Soixante-seizième session,
77e et 78e séances – matin & après-midi
AG/12423

Assemblée générale: premier débat « révolutionnaire » suite à l’utilisation du veto pour rejeter une résolution du Conseil de sécurité sur la RPDC

Neuf jours ouvrables après le recours au veto par la Chine et la Fédération de Russie pour rejeter un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à durcir le régime de sanction contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC), l’Assemblée générale s’est saisie aujourd’hui du dossier au cours d’un débat que son Président, M. Abdulla Shahid, a qualifié de « révolutionnaire ». 

De nombreux États Membres ont eux aussi souligné le caractère historique de cette réunion, la première depuis l’adoption, le 26 avril dernier, de la résolution L.52 par laquelle l’Assemblée générale a décidé que sa présidence convoquera une séance dans les 10 jours ouvrables suivant l’exercice du droit de veto par un ou plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité, afin de tenir un débat sur la situation au sujet de laquelle le veto a été opposé, sous réserve qu’une session extraordinaire d’urgence ne soit pas tenue sur cette même situation.  Pour le Pérou et d’autres, la tenue de ce débat représente un pas en avant dans la démocratisation des décisions prises par le Conseil de sécurité, ainsi qu’une avancée en faveur de la transparence et la responsabilité.

En venant aux faits, la Chine a déclaré n’avoir pas eu d’autre choix, le 26 mai, que de voter contre le projet de résolution rédigé par les États-Unis, dénonçant le mépris de Washington pour les préoccupations légitimes de la RPDC.  « Le vote de la Chine est simple: va-t-il aider ou non à maintenir la paix et la sécurité internationales », a indiqué la délégation chinoise.  L’ampleur des sanctions du Conseil contre la RPDC étant d’ores et déjà sans précédent, elle a notamment estimé que l’imposition de sanctions supplémentaires n’étaient ni justes ni humaines. 

« Renforcer la pression des sanctions sur Pyongyang est non seulement futile, mais aussi extrêmement dangereux du point de vue humanitaire », a renchérit la Fédération de Russie.  À ses yeux, ce « paradigme des sanctions » n’a pas été en mesure de garantir la sécurité dans la région ou de rapprocher du règlement des problèmes de non-prolifération nucléaire.  Au contraire, l’année dernière a été marquée par une aggravation de la situation et nos collègues occidentaux ont complètement ignoré les appels répétés de Pyongyang aux États-Unis pour mettre fin à leurs activités hostiles, a-t-elle déploré.  La RPDC a d’ailleurs fait valoir que la modernisation de son armement relève de notre droit d’assurer notre légitime défense contre les menaces directes des États-Unis. 

Notant cependant que la RPDC a lancé un nombre record de missiles balistiques ce week-end, le Ministre d’État aux affaires étrangères du Japon a alerté que Pyongyang profiterait de l’absence de réaction ferme du Conseil pour accélérer ses programmes nucléaires et de missiles.  La République de Corée a en outre relevé que les activités nucléaires de la RPDC représentent un immense défi pour la prochaine Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, tout en assurant que la porte du dialogue reste ouverte malgré les provocations et les menaces répétées.

Auteur du projet avorté, les États-Unis ont fait observer que depuis 2006, chacune des résolutions du Conseil de sécurité sur la RPDC a été adoptée à l’unanimité, rejetant l’idée que les sanctions soient la cause de l’escalade actuelle.  Tant que la RPDC ne choisira pas la voie de la diplomatie et ne prendra pas de mesures significatives dans le sens de la dénucléarisation, nous ferons tout pour restreindre ses programmes illégitimes, a prévenu le délégué qui a souligné que les vetos de la Chine et de la Fédération de Russie n’ont rien fait pour la sûreté et la sécurité collectives.  La délégation américaine a également indiqué que dans le texte présenté au Conseil, elle avait pris soin d’inclure des dispositions pour appuyer l’aide humanitaire ainsi que la riposte à la pandémie de COVID-19. 

La résolution n’aurait peut-être pas été une réponse idéale aux provocations de la RPDC mais elle aurait certainement été une réponse nécessaire, a estimé pour sa part le Brésil qui, à l’instar de nombreuses délégations, a jugé urgent de rétablir l’unité du Conseil de sécurité.  Il n’a pas non plus caché sa crainte que la réunion d’aujourd’hui ne brouille la séparation des pouvoirs de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, au risque de remettre en question l’autorité et la légitimité de ce dernier et de décourager ses membres de chercher un terrain d’entente.

Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a également fait sienne une résolution (A/76/L.62) présentée par la Géorgie et consacrée à la situation des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie (Géorgie) et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud (Géorgie).  Adopté par 95 voix pour, 12 contre et 56 abstentions, ce texte appelle notamment à fixer un calendrier pour le retour volontaire sans entrave, dans la sécurité et la dignité de tous les déplacés et réfugiés touchés par les conflits en Géorgie dans leurs foyers.  Il souligne également qu’il faut d’urgence assurer l’accès sans entrave des agents humanitaires à tous les déplacés, réfugiés et autres habitants de toutes les zones touchées par le conflit partout en Géorgie. 

M. Shahid a par ailleurs informé les délégations des résultats des élections à la présidence des six grandes commissions de l’Assemblée générale.  La présidence de la Première Commission, qui est chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a été confiée à M. Magzhan Ilyassov (Kazakhstan).  Les travaux de la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, seront dirigés par Mme Lachezara Stoeva (Bulgarie), et ceux de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, par M. José Alfonso Blanco Conde (République dominicaine).  La Quatrième Commission, chargée des questions de politique spéciale et de la décolonisation, sera dirigée par M. Mohamed Al Hassan (Oman) et la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, par M. Philippe Kridelka (Belgique).  La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, aura à sa tête M. Pedro Comissário Afonso (Mozambique).

La prochaine réunion de l’Assemblée générale aura lieu demain, jeudi 9 juin, à partir de 10 heures pour élire des membres non-permanents du Conseil de sécurité. 

 RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES - POINT 124: RAPPORT SPÉCIAL DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (A/76/853)

Débat conformément à la résolution A/RES/76/262

M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, a salué l’organisation de ce débat « révolutionnaire » sur l’utilisation du droit de veto au Conseil de sécurité.  Il a estimé que cette réflexion fait partie du mandat de l’Assemblée générale qui a le droit et la responsabilité d’agir sur la capacité du Conseil de sécurité à s’acquitter de son mandat.  Lorsque le multilatéralisme est menacé, l’Assemblée générale s’engage à défendre la Charte des Nations Unies et le droit international.  Ce sont ces valeurs et ces sentiments qui guident mon travail et ils doivent également guider le multilatéralisme, a déclaré M. Shahid. 

Notant que l’existence et la prolifération des armes nucléaires constituent un danger existentiel pour l’humanité et pour l’ensemble de la vie sur la planète, le Président de l’Assemblée générale a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour réaliser la vision commune d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il faut nous mobiliser avec conviction, et avec énergie pour résoudre les nombreux défis sécuritaires auxquels l’humanité est confrontée -le monde n’attend pas moins de nous, a-t-il souligné.  Et pour cela, il faut nous appuyer sur le rôle essentiel de l’Assemblée générale.  Selon lui, les débats doivent aboutir à un véritable engagement à appuyer la non-prolifération des armes nucléaires et l’utilisation scientifique de l’atome. 

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que la situation s’est améliorée dans la péninsule coréenne, et a regretté que cette évolution positive n’ait pas suscité une « réponse appropriée » des États-Unis.  Ce pays a préféré les pressions, les mots creux et les sanctions, a déploré le délégué, en dénonçant le mépris des États-Unis pour les préoccupations légitimes de la RPDC.  Il a exhorté les États-Unis à agir de manière responsable et à éviter tout mauvais calcul, avant d’indiquer que l’ampleur des sanctions du Conseil contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) sont d’ores et déjà sans précédent.  Des sanctions supplémentaires n’étaient ni justes ni humaines.  Il a souligné la nécessité de promouvoir une solution politique et d’alléger les sanctions, avant d’évoquer le projet de résolution porté par la Chine qui poursuit de tels objectifs.  Il a espéré que la partie américaine se ralliera à ce projet de résolution, en indiquant que l’écrasante majorité des membres du Conseil partage le même point de vue que la Chine sur le dossier de la RPDC.  Ce sont les États-Unis qui ont choisi la confrontation lors du dernier vote, entraînant ainsi un échec du Conseil, a-t-il analysé.  Nous n’avons pas eu d’autre solution que de voter contre, a dit le délégué.  Le représentant a ensuite dénoncé les tensions récentes créées par les États-Unis dans la région du Pacifique avec notamment la vente de missiles de croisière.  Enfin, il a déclaré que son pays veille toujours à agir de manière responsable au sein du Conseil.  Le vote de la Chine est simple: va-t-il aider ou non à maintenir la paix et la sécurité internationales?

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a tout d’abord présenté les condoléances de son pays à la République islamique d’Iran à la suite de la catastrophe ferroviaire de ce matin.  En venant à la réunion du Conseil de sécurité du 26 mai, au cours de laquelle la Russie a voté contre le projet de résolution américain sur la RPDC, elle a indiqué qu’au cours des consultations, « les collègues américains » ont ignoré les avis de sa délégation, notamment le fait que ces nouvelles sanctions aggraveraient la situation humanitaire dans ce pays.  Notre proposition, qui aurait permis d’aboutir à un document consensuel du Conseil, a été rejetée, a-t-elle dit.  La représentante a aussi estimé que l’imposition de nouvelles sanctions contre la RPDC conduiraient à une impasse.  Depuis 2006, a-t-elle indiqué, à l’initiative des États-Unis, il a été adopté un grand nombre de mesures restrictives contre la RPDC, toutes plus sévères les unes que les autres.  Or ce paradigme des sanctions n’a pas été en mesure de garantir la sécurité dans la région ou de rapprocher du règlement des problèmes de non-prolifération nucléaire, a-t-elle constaté.  Au contraire, l’année dernière a été marquée par une aggravation de la situation sur la péninsule.  Nos collègues occidentaux sont habitués à rejeter la faute sur les autorités nord-coréennes, pourtant, a-t-elle affirmé, ils ont complètement ignoré les appels répétés de Pyongyang aux États-Unis pour mettre fin à leurs activités hostiles.  

La déléguée a ensuite relevé que les voies politiques alternatives, comme l’initiative russo-chinoise, à travers un projet de résolution humanitaire, ont été rejetées.  Selon elle, renforcer la pression des sanctions sur Pyongyang est non seulement futile, mais aussi extrêmement dangereux du point de vue humanitaire.  Elle a fait état des conséquences humanitaires des précédentes sanctions sur la RPDC, avant même le début de la pandémie de COVID-19.  Et c’est dans ce contexte que « les collègues américains » ont proposé de nouvelles sanctions.  C’est complètement irresponsable, a-t-elle décrié.  En outre, la création de nouveaux blocs militaires dans la région, comme l’union entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, soulève de sérieux doutes quant aux bonnes intentions de ces pays vis-à-vis de Pyongyang, a-t-elle ajouté.  La représentante a ensuite indiqué que la Russie s’oppose à toute activité militaire susceptible de mettre en danger la sécurité de la péninsule coréenne et des pays d’Asie du Nord-Est.  Elle a également appelé à faire participer tous les acteurs de la région au processus de paix, et ne pas recourir à « une utilisation primitive du bâton de sanctions » qui entraîne de graves conséquences secondaires.  

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée - RPDC), a estimé que la tentative des États-Unis d’obtenir du Conseil de sécurité qu’il adopte une résolution, le 26 mai dernier, est une atteinte à la souveraineté de son pays.  Dénonçant cet acte illégal, le représentant a déclaré que la détermination de la RPDC à renforcer ses capacités de défense répond à la nécessité de se préparer à une situation politique et militaire en mutation rapide et à toutes les futures crises sécuritaires dans la péninsule coréenne et ailleurs dans la région.  La modernisation de notre armement, a-t-il tonné, relève de notre droit d’assurer notre légitime défense et de protéger la sécurité et les intérêts fondamentaux de l’État contre les menaces directes des États-Unis.  C’est dans le cadre de cette modernisation que la RPDC effectue régulièrement des essais sans causer aucun mal aux pays voisins.  

Les sanctions contenues dans la résolution du 26 mai ne sont que le produit, a affirmé le représentant, de la politique hostile et illégale des États-Unis visant à rogner sur la souveraineté, le droit d’exister et le droit au développement de la RPDC.  Les prétendus engagements diplomatiques et appels au dialogue sans conditions préalables de Washington ne sont rien de plus qu’un écran de fumée pour dissimuler la nature hostile de sa politique à l’égard de la RPDC et, ce faisant, induire la communauté internationale en erreur.  Le fait que le Conseil de sécurité soit appelé à remettre en question le droit à la légitime défense d’un État souverain est une négation du principe d’égalité souveraine et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  

Si les essais de missiles balistiques intercontinentaux (MBI) de la RPDC représentent réellement une menace à la paix et à la sécurité internationales, le Conseil de sécurité doit alors dire pourquoi ceux des États-Unis ne seraient pas une menace pour mon pays, a martelé le représentant qui a vu dans la réunion de l’Assemblée générale une autre violation américaine du droit international.  Le renforcement de nos capacités de défense relève d’un choix inévitable face aux menaces des États-Unis, a-t-il insisté.

Mr. KIYOSHI ODAWARA, Ministre d’État aux affaires étrangères du Japon, s’est inquiété que la RPDC ait à nouveau lancé des missiles balistiques le week-end dernier, et profite de l’absence de réaction ferme du Conseil pour accélérer ses programmes nucléaires et de missiles.  Il a estimé que l’usage du droit de veto a pu encourager la démarche nord-coréenne, faisant par ailleurs observer que le lancement de plus de 60 missiles balistiques depuis 2019 n’a cessé d’augmenter le niveau de menace pour la région et au-delà.  À ses yeux, le projet de résolution qui a fait l’objet d’un veto était bien équilibré et conçu dans le seul but d’honorer l’engagement du Conseil à prendre des mesures importantes pour contenir la menace que pose les programmes nucléaires et de missiles de la RPDC. 

Rappelant que la RPDC est le seul pays à avoir effectué des essais nucléaires au XXIe siècle, le Ministre d’État s’est particulièrement inquiété que la RPDC ait annoncé son intention de faire progresser ses forces nucléaires « le plus vite possible ».  Il s’est aussi inquiété de l’exportation d’armes et de technologies par la RPDC, avant de prévenir que le manque d’action du Conseil de sécurité ne fait que nuire au régime de non-prolifération, dont le Traité sur la non-prolifération.  Il a appelé le Conseil de sécurité à agir résolument en adoptant une nouvelle résolution en réponse au lancement de missiles, entre autres.  Le Ministre d’État japonais a ensuite exhorté la RPDC à accepter les invitations répétées au dialogue, avant d’affirmer que toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité demeurent pertinentes, malgré les vetos opposés par certains membres permanents. 

M. OLOG SKOOG, Chef de la délégation de l’Union européenne, a dénoncé le mépris de la RPDC pour le droit international et l’ONU.  La communauté internationale ne doit pas rester inactive face aux essais de missiles de la RPDC et doit parler d’une seule voix.  Les sanctions sont un instrument essentiel à disposition du Conseil, a dit le délégué.  Il a rappelé que c’est le régime de la RPDC qui ferme les frontières du pays et use de ressources publiques pour financer son programme de missiles, alors que la population se trouve dans une situation critique.  Il a rappelé les efforts de l’Union européenne pour améliorer la situation humanitaire en RPDC.  La RPDC doit cesser son programme d’armes de destruction massive et saisir la main qui lui a été tendue pour négocier, a exhorté le délégué.

Au nom des pays nordiques, M.  MARTIN BILLE HERMANN (Danemark), a rappelé que la précédente résolution du Conseil de sécurité prévoyait de nouvelles sanctions au cas où la RPDC effectuerait d’autres tirs de missiles balistiques.  Or depuis le début de cette année, ce pays a procédé à de nombreux tirs, dont huit rien qu’au cours du week-end dernier.  Le Conseil, a martelé le représentant, a pour mandat de maintenir la paix et la sécurité internationales et le droit de veto ne saurait le saper.  Il a aussi relevé que le projet de résolution que les deux membres du Conseil de sécurité ont rejeté, le 26 mai dernier, prévoyait pourtant des dérogations humanitaires, notamment dans le contexte de la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Ces deux États membres doivent donc revenir sur leur décision, a estimé le représentant.

Au nom de la Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg (BENELUX), M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a regretté le résultat du vote du 26 mai 2022 au Conseil de sécurité durant lequel la Russie et la Chine, utilisant le veto, ont non seulement rompu l’unité de longue date du Conseil sur les programmes illégaux d’armes de destruction massive et de missiles balistiques de la RPDC, mais également porté un coup au régime international de non-prolifération, sapant ainsi la paix et la sécurité internationales.  Notant que les tirs de missiles balistiques intercontinentaux (MBI) de la RPDC constituent une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité, il a appelé l’organe à rester ferme, donner suite à son propre engagement, et prendre les mesures convenues à l’unanimité.  C’est d’autant plus important à l’approche de la dixième Conférence d’examen des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui aura lieu en août de cette année.  Il est essentiel de faire respecter les résolutions du Conseil de sécurité pour indiquer clairement que la communauté internationale ne tolère pas qu’un pays prenne le cours de la prolifération nucléaire, a-t-il ajouté. 

Pour le représentant, le débat d’aujourd’hui porte sur la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales, et non sur les sanctions.  Il a appelé la RPDC à cesser ses activités déstabilisatrices et à donner la priorité au bien-être de sa population.  C’est exactement ce qu’aurait fait la résolution qui était sur la table du Conseil de sécurité le 26 mai: ouvrir la voie à une aide humanitaire supplémentaire à un moment où les Nord-Coréens sont durement touchés par la pandémie de COVID-19.  À ses yeux, l’Assemblée générale et tous les États Membres, ont la responsabilité d’agir résolument et de veiller à ce que toutes les résolutions existantes du Conseil de sécurité concernant la RPDC soient entièrement mises en œuvre.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a dénoncé le fait que la Chine et la Fédération de Russie aient exercé leur droit de vote, inaugurant ainsi une première pour un projet de résolution sur la non-prolifération.  Un tel message, s’est inquiété le représentant, est particulièrement préoccupant devant une violation flagrante de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La dernière série des tirs de missiles balistiques effectués par la RPDC créée une situation qui rend encore plus probable le risque d’une catastrophe nucléaire, sans compter que la RPDC ne cesse de consacrer des ressources déjà maigres à la prolifération des armes, au détriment de sa situation humanitaire.  Le représentant a vu dans la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, du 26 avril dernier, un moyen efficace d’éviter que ceux qui exercent leur droit de veto aient le dernier mot.  La résolution a en effet conféré à l’Assemblée le mandat permanent de tenir un débat chaque fois qu’il y a un blocage au Conseil de sécurité. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dénoncé le veto récemment opposé par deux membres du Conseil, alors que la RPDC viole les résolutions du Conseil et méprise le droit international avec ses tirs de missiles.  Il a demandé à la RPDC de mettre en œuvre lesdites résolutions.  Ces deux vetos viennent récompenser un régime qui sape la stabilité, a dit le délégué, en s’interrogeant sur la pertinence de ce droit de veto.  Il a constaté que le Conseil, en raison du veto, est paralysé et devient un simple spectateur, comme il est spectateur devant le déclenchement récent d’une guerre.  « Est-ce ce Conseil que nous voulons? »  Le veto ne doit être pas un blanc-seing donnant l’illusion d’une solution rapide, a conclu le délégué, en plaidant pour son usage responsable.

M. CRISTIAN ESPINOSA (Équateur) a rappelé que son pays fut l’un des quatre-vingt-trois coauteurs de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale.  Avec ce mécanisme efficace de transparence et de responsabilité, nous renforçons le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale ainsi que ses relations avec le Conseil de sécurité, a-t-il salué.  L’exercice du veto n’est plus le dernier mot, s’est-il encore félicité, avant de regretter le fait que le mécanisme prévu par la résolution n’ait été activé que 30 jours après son adoption, alors que nous sommes devant un double veto contre un projet de résolution sur la non-prolifération.  Le délégué a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale d’intensifier ses efforts en vue d’une désescalade immédiate des tensions dans la péninsule coréenne et d’une dénucléarisation définitive et vérifiable.  De même, il a exhorté le Conseil de sécurité à agir dans l’unité pour assurer le respect par la RPDC de ses obligations en vertu du droit international et des résolutions pertinentes. 

Se félicitant d’un débat qui donne à l’Assemblée générale l’occasion de promouvoir la transparence et la responsabilité, M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a insisté sur l’histoire longue et dangereuse de la prolifération en RPDC qui vient pourtant de bénéficier de l’exercice du droit de veto.  Nous devons nous unir, a dit le représentant, pour répondre au programme de missiles et d’armes de destruction massives illégitime de la RPDC qui depuis le début de l’année, a lancé 31 missiles balistiques dont six missiles intercontinentaux, un missile de portée intermédiaire et au moins des éléments dits ultrasoniques.  C’est le plus grand nombre de missiles balistiques jamais lancés par la RPDC en une seule année et nous ne sommes qu’au mois de juin, a fait observer le représentant, en dénonçant une violation flagrante des résolutions consensuelles du Conseil de sécurité. 

Mais en réponse à ces provocations, la Chine et la Fédération de Russie ont choisi d’exercer leur droit de veto, donnant ainsi à la RPDC une approbation tacite.  Or le Secrétaire général a condamné vigoureusement le tir du 24 mai dernier, le Directeur de l’AIEA a signalé que la RPDC prépare son site de lancement et le Président Joe Biden, et son Secrétaire d’État, M. Anthony Blinken, n’ont cessé d’exprimer publiquement leur disposition à dialoguer avec Pyongyang sans conditions préalables, a énuméré le délégué.  Nous avons, a-t-il ajouté, offert une aide humanitaire et des vaccins à la RPDC, après la flambée de la pandémie de COVID-19.  Qu’a fait la RPDC?  Elle a répondu par des essais qui déstabilisent non seulement la région mais le monde entier. 

Depuis 2006, a rappelé le représentant, chacune des résolutions du Conseil de sécurité sur la RPDC a été adoptée à l’unanimité.  Au fil des ans, les sanctions ont eu le mérite de ralentir les programmes illégitimes de missiles balistiques intercontinentaux et d’armes de destruction massive de la RPDC.  Mais, a-t-il concédé, les sanctions ne sauraient remplacer la diplomatie car elles n’ont pas vocation à devenir permanentes.  Nous sommes prêts, a affirmé le représentant, à discuter de leur allègement pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Mais nous rejetons l’idée qu’elles soient la cause l’escalade actuelle.  Tant que la RPDC ne choisira pas la voie de la diplomatie et ne prendra pas de mesures significatives dans le sens de la dénucléarisation, nous ferons tout pour restreindre ses programmes illégitimes, a prévenu le délégué. 

Apporter une aide humanitaire et répondre aux menaces à la paix et à la sécurité internationales ne sont pas contradictoires et une nouvelle résolution aurait été la seule approche possible pour répondre efficacement à tout l’éventail des problèmes urgents.  Dans le texte présenté au Conseil, nous avions pris soin, a souligné le représentant, d’inclure des dispositions sur une aide humanitaire et sur une aide à la riposte contre la pandémie de COVID-19.  Le processus d’élaboration a été inclusif et a tenu dûment compte des points de vue de tous les États membres, issus de toutes les régions du monde. 

Aussi le 26 mai, 13 membres du Conseil se sont-ils engagés à protéger le régime de non-prolifération et ont choisi d’envoyer un message fort sur le caractère illégal et intolérable des programmes d’armement de la RPDC.  Les vetos de la Chine et de la Fédération de Russie n’ont rien fait pour la sûreté et la sécurité collectives.  Ce qu’il faut, c’est mettre fin au programme d’armement de la RPDC, a martelé le représentant, conscient de la responsabilité de son pays vis-à-vis de tous ceux qui sont présents ici à l’Assemblée générale. 

M. CHO HYUN (République de Corée) a rappelé que lors de sa réunion du 26 mai, le Conseil de sécurité a échoué pour la première fois à répondre aux graves provocations de la RPDC.  Le Conseil de sécurité n’a pas tenu ses engagements et a manqué une occasion de répondre aux attentes de la communauté internationale, a-t-il déploré.  Si certains ont avancé que le silence du Conseil encouragerait la RPDC à faire preuve de retenue et de dialogue, on a au contraire assisté au plus grand nombre de tirs balistiques cette année, y compris huit lancements samedi dernier, ce qui représente le plus grand nombre de tirs effectué en une seule journée jusqu’à présent.  Il a jugé cette situation d’autant plus alarmante que la RPDC semble se préparer à un nouvel essai nucléaire.  Bien que la résolution du Conseil de sécurité n’ait pas été adoptée, la position exprimée par 13 membres démontre clairement une convergence de la position de la communauté internationale sur cette affaire, a estimé le représentant qui y a vu la condamnation par la communauté internationale des violations continues par la RPDC des résolutions du Conseil de sécurité. 

Relevant que les activités nucléaires de la RPDC représentent un immense défi pour la prochaine conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le représentant a exhorté ce pays à mettre fin à ces actions provocatrices, à se conformer à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et à répondre à l’appel au dialogue et à la paix.  De même, il a appelé la RPDC à coopérer avec la communauté internationale pour atténuer les souffrances humanitaires causées par l’épidémie de COVID-19.  La porte du dialogue reste ouverte malgré les provocations et les menaces répétées de la RPDC, a-t-il assuré, exhortant le pays à changer de cap et à participer à un dialogue constructif en faveur de la dénucléarisation.  Rappelant par ailleurs que les États Membres ont conféré au Conseil de sécurité la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le délégué a appelé à collectivement exhorter, aider et guider le Conseil de sécurité pour qu’il fonctionne correctement, notamment en ce qui concerne la RPDC. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a déploré que le veto empêche le Conseil de s’acquitter de ses responsabilités, en dénonçant les violations répétées commises par la RPDC.  Elle a souligné l’importance de cette réunion, alors que le Conseil est paralysé par le veto, jugeant inquiétante l’inaction de ce dernier face aux agissements de la RPDC.  Elle a exigé de ce pays qu’il abandonne ses activités nucléaire et balistique, accepte l’offre de dialogue des Etats-Unis et se joigne à la communauté internationale dans la recherche de solutions diplomatiques.  Le Conseil doit faire appliquer ses propres résolutions et agir de manière unie face aux agissements de la RPDC, a souligné la représentante. 

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a appelé à la constitution d’un front uni contre la menace posée par un « État nucléaire rebelle », qui en seulement cinq mois a effectué six tirs de missiles balistiques intercontinentaux et vingt-trois autres tirs de missiles balistiques, « en toute impunité », malgré l’engagement que le Conseil de sécurité a pris dans la résolution 2397 (2017).  Quand la communauté internationale est abandonnée par deux membres permanents, elle mérite une explication, a-t-elle argué, en se félicitant de cette réunion de l’Assemblée générale.  La représentante a condamné toutes les démonstrations de force susceptibles d’aggraver les risques sécuritaires dans la péninsule coréenne et de porter atteinte à la stabilité internationale.  Elle a exhorté la RPDC à coopérer sans plus tarder avec la communauté internationale, y compris l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dans la mise en œuvre pleine et effective de son accord de garanties prévu par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) duquel Pyongyang s’est retiré en 2003.  Elle a aussi encouragé ce dernier à accepter l’offre du Mécanisme COVAX qui fournit les vaccins contre la COVID-19. 

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a exhorté la communauté internationale à promouvoir le dialogue en vue d’une solution politique et à garder à l’esprit que le but ultime est de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive.  Rappelant que les tirs de la RPDC constituent une menace à la paix et à la sécurité internationales, il a exhorté le Conseil de sécurité à agir, en s’abstenant d’exercer le droit de veto.  Ce débat, a estimé le représentant, ouvre un nouveau chapitre dans les relations entre les principaux organes de l’ONU.  Dénonçant l’abus qui consiste à ce que deux voix seulement puissent bloquer la majorité, le représentant a voulu que l’on mette un frein au droit de veto par un appui massif à l’initiative franco-mexicaine, à laquelle ont déjà adhéré 106 États. 

Mme GRBA (Türkiye)s’est dit gravement préoccupée par le développement continu des programmes de missiles nucléaires et balistiques de la RPDC.  Le rythme croissant des lancements de missiles depuis le début de cette année est sans précédent et alarmant, a constaté la représentante.  Cette menace manifeste pour la paix et la sécurité régionales et internationales compromet le régime mondial de non-prolifération et viole de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité.  Elle a exhorté la RPDC à prendre des mesures urgentes pour renoncer son programme d’armes de destruction massive de manière complète, vérifiable et irréversible, à revenir au plein respect de ses obligations au regard du Traité sur la non-prolifération et à signer et ratifier le Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires (TICE).  Notant par ailleurs que les conditions humanitaires désastreuses en RPDC se sont aggravées avec la récente apparition de la pandémie de COVID-19, la représentante a encouragé Pyongyang à accepter les offres de vaccins dans le cadre du Mécanisme COVAX et à fournir un accès à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ainsi qu’aux organisations humanitaires.  Il est urgent d’assouplir les restrictions sur les mouvements transfrontaliers afin de permettre la livraison de nourriture et d’autres types d’aide humanitaire aide à la population civile, a-t-elle insisté. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a indiqué qu’il n’a pas été convaincu par les arguments avancés par la Russie et la Chine pour justifier leur veto.  Le Conseil doit faire appliquer ses résolutions et agir lorsque celles-ci sont violées, a dit le délégué.  Il a appelé de ses vœux un « Conseil actif, redevable et transparent », déplorant que le Conseil n’ait pas pu agir alors qu’il s’était engagé à le faire. Toute violation des résolutions du Conseil doit entraîner une réaction, a insisté le délégué, en pointant la responsabilité éminente des membres permanents à cette fin.  Estimant que le monde a besoin d’une ONU capable d’agir, il a salué la tenue de cette réunion car elle montre que l’ONU peut remédier à ses erreurs et ses lacunes.

Mme KRASSIMIRA BESHKOVA (Bulgarie) a fermement condamné les lancements de missiles balistiques par la RPDC.  Elle a appelé la RPDC à s’abstenir de toute autre action qui pourrait accroître les tensions internationales ou régionales, et à se conformer aux dispositions des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en abandonnant toutes ses armes nucléaires, tout comme les autres armes de destruction massive.  Alors que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération approche à grands pas, l’inaction face à des violations aussi flagrantes du régime de non-prolifération serait préjudiciable au Traité dans son ensemble, a averti la déléguée.  Selon elle, l’objectif de ce débat est de discuter de la situation dans laquelle le veto a été opposé, mais il est aussi question pour les membres du Conseil de sécurité d’écouter les vues de l’ensemble des États Membres, car, selon l’Article 24 (1) de la Charte des Nation Unies, le Conseil de sécurité agit au nom des Membres de l’ONU dans l’exécution de ses fonctions.  Le lancement de 31 missiles balistiques en moins de six mois est plus qu’un signal d’alarme, et le Conseil de sécurité doit agir maintenant, a-t-elle affirmé. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a déclaré que sa délégation a vigoureusement milité pour un Conseil de sécurité plus redevable qui puisse répondre rapidement et de manière résolue aux crises mondiales.  Il a souligné que le droit de recourir au veto ne doit pas être pris à la légère, jugeant crucial de garantir davantage de transparence et de redevabilité chaque fois qu’il est utilisé.  S’agissant du projet de résolution le 26 mai 2022 qui aurait visé à imposer des sanctions supplémentaires à la RPDC, il a appelé les membres du Conseil à travailler ensemble et en toute bonne foi autour pour revenir au consensus qui a existé en son sein depuis 2006.  Il s’est inquiété de la fréquence des essais de missiles balistiques effectués par la RPDC depuis le début de l’année, notant que ceux-ci aggravent les tensions dans la péninsule coréenne.  Le délégué a appelé la RPDC à mettre immédiatement terme à ces provocations et à accélérer l’accès à l’aide humanitaire pour la population. 

M. NICOLAS DE RIVIERE (France) a regretté le blocage du Conseil de sécurité du fait de deux membres permanents « qui ont fait le choix de protéger le régime nord-coréen ».  Il a indiqué que cette situation inédite depuis 2006 a déjà, et aura sur la durée, des conséquences néfastes sur le régime de non-prolifération.  Il a regretté que le régime ait abandonné son moratoire de 2018 sur les tirs de missiles balistiques de longue portée et les essais nucléaires et qu’il dise désormais clairement que l’arme nucléaire ne sera plus confinée à une stricte fonction dissuasive.  En parallèle, les activités sur le site d’essais de Punggye-ri se poursuivent et tout laisse à penser qu’un septième essai nucléaire pourrait avoir lieu à très court terme, a prévenu le représentant, avant de fustiger un rythme et une gravité des provocations nord-coréennes sans précédent depuis le début de l’année.  Il a fermement condamné les huit nouveaux missiles balistiques de courte portée tirés quasi-simultanément, il y a quelques jours. 

Face à l’escalade actuelle, le délégué a appelé à une actualisation des sanctions afin de lutter efficacement contre les détournements, en particulier dans le domaine cyber.  C’était d’ailleurs là l’objet du projet de résolution déposé devant le Conseil, a précisé le représentant pour qui l’allègement des sanctions serait incompréhensible au vu des multiples provocations de la RPDC.  Il a appelé à relancer un véritable processus politique, et renouer avec le dialogue afin de progresser vers un désarmement complet, vérifiable et irréversible, conformément aux résolutions du Conseil.  Préoccupé par la situation humanitaire, en particulier la situation épidémique désastreuse en RDPC, le représentant a regretté que le régime continue de consacrer l’essentiel de ses ressources au développement de programmes qui violent le droit international au lieu de pourvoir aux besoins essentiels de sa population.  Ce régime est une menace pour sa population, pour ses voisins, et pour le monde dans son ensemble, a-t-il accusé. 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a qualifié la réunion d’aujourd’hui d’avancée historique pour une transparence accrue des travaux de l’ONU, avant de souligner la responsabilité éminente des membres permanents du Conseil.  Si nous sommes présents aujourd’hui, c’est parce que le Conseil a échoué à s’acquitter de ses responsabilités, a tranché le représentant, en dénonçant les violations des résolutions perpétrées par la RPDC et en encourageant le Conseil à progresser dans le règlement de la question à l’examen.  L’Assemblée ne peut se substituer au Conseil dans l’exercice de ses responsabilités, s’est impatienté le représentant.

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a fermement condamné la mise au point d’armes de destruction massive par la RPDC.  Il a demandé au pays de prendre des mesures constructives, comme la signature du Traité sur l’interdiction complète et générale des essais d’armes nucléaires (TICE), et de s’investir dans le programme des garanties de l’AIEA.  Il a dénoncé le double veto russo-chinois, soulignant que le fait de ne pas exiger des comptes à la RPDC est un renoncement aux responsabilités du Conseil de sécurité.  L’inaction risque de normaliser le comportement illicite de la RPDC, a-t-il averti, pour ensuite exhorter ces deux membres permanents du Conseil de sécurité à honorer leurs responsabilités.  

Le représentant a ensuite expliqué que la décision de l’Australie de se doter d’un sous-marin à propulsion nucléaire a été prise afin de renforcer la sécurité dans la région.  Il a assuré que l’Australie est attachée à défendre toutes ses obligations en matière de non-prolifération.  De plus, le partenariat dit AUKUS (Australie, Royaume-Uni et États-Unis) se déroule de manière transparente. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a dit avoir pris note des explications de la Chine et de la Fédération de Russie lorsqu’ils ont exercé leur droit de veto.  Il a aussi reconnu la manière inclusive et transparente par laquelle les États-Unis ont mené les négociations, ce qui a permis un texte équilibré et solide reflétant les principales préoccupations des membres du Conseil.  La résolution n’aurait peut-être pas été une réponse idéale aux provocations de la RPDC mais elle aurait certainement été une réponse nécessaire, a estimé le représentant.  Il est crucial et urgent, a-t-il dit, de rétablir l’unité du Conseil, de mettre de côté les différences, les intérêts et les agendas cachés, et de se concentrer sur les objectifs de non-prolifération. 

Le représentant a dit craindre que la réunion d’aujourd’hui ne brouille la séparation des fonctions et des pouvoirs du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale et ne donne l’impression que la seconde, compte tenu de sa composition universelle, est en quelque sorte hiérarchiquement au-dessus du premier.  Or l’Article 12 de la Charte, a interprété le représentant, interdit à l’Assemblée de faire des recommandations sur un différend ou une situation dans le cadre duquel ou de laquelle le droit de veto a été exercé.  De même, la transparence et la responsabilité, tant saluées aujourd’hui, voudraient aussi que le Conseil de sécurité vienne systématiquement expliquer à l’Assemblée générale ce qui sous-tend chacune de ses décisions sur un recours à la force. 

Le fait de brouiller ainsi les mandats entre ces deux organes risque de remettre en question l’autorité et la légitimité du Conseil et de décourager ses membres de chercher un terrain d’entente lorsqu’ils sont divisés.  Le veto, a encore estimé le représentant, ne peut être interprété comme un manquement à la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales mais tout ce débat montre qu’il est temps de finaliser la réforme du Conseil de sécurité. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a estimé que le débat d’aujourd’hui marque une étape importante dans la relation entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, une preuve que l’ONU sait se réinventer.  Elle a relevé que la RPDC a rompu son propre moratoire sur les essais de missiles balistiques à longue portée, au mois de mars et transgressé les résolutions du Conseil de sécurité à plusieurs reprises.  Le pays met ainsi au défi le régime mondial de non-prolifération, a—t-elle argué, avant de l’exhorter à réintégrer le TNP rapidement, de se soumettre aux inspections de l’AIEA, et de s’y conformer pleinement.  Elle a également invité le pays à signer et ratifier le TICE et à observer pleinement le moratoire sur les explosions nucléaires expérimentales ou toute autre explosion nucléaire.  La Suisse soutient la population nord-coréenne depuis plusieurs décennies, a-t-elle rappelé, avant d’exhorter le Conseil de sécurité à ne pas rester muet face à une menace claire contre la paix et la sécurité internationales et le non-respect de ses résolutions. 

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a souligné le caractère historique de la réunion d’aujourd’hui.  L’usage excessif du droit de veto dans des situations particulièrement graves exige une action rapide et décisive, a déclaré le délégué, en mentionnant l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Il a dénoncé l’emploi du veto par la Russie et la Chine alors que la RPDC viole les résolutions du Conseil et se livre à un comportement irresponsable.  Il a déploré le manque de volonté de la RPDC de s’engager dans des pourparlers pour la dénucléarisation de la péninsule coréenne, avant d’appeler ce pays à abandonner ses programmes d’armes de destruction massive.  Il a espéré que face aux agissements de la RPDC le Conseil sera de nouveau uni.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a appuyé la position des États qui se sont opposés à des sanctions supplémentaires contre la RPDC.  Il a dénoncé la manipulation politique de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, qu’il avait lui-même appuyée.  Nous voyons aujourd’hui, a constaté le représentant, certains États essayer d’isoler ceux qui s’opposent opposer à eux et d’ignorer leur position.  C’est cette pratique de stigmatisation systématique qui alimente les divisions au Conseil et limite sa faculté à trouver collectivement les moyens de régler pacifiquement les crises, a prévenu le représentant.  Il a qualifié de légitimes les préoccupations de la Chine et de la Fédération de Russie qui n’ont eu d’autre choix que de voter non pour faire entendre leur voix. 

Les plus grandes victimes des sanctions injustes sont les populations, a-t-il martelé, rappelant au Conseil son incapacité avérée à en atténuer les conséquences catastrophiques.  Les sanctions imposées à la RPDC n’ont fait qu’accélérer la détérioration de la situation, avec des conséquences humanitaires inacceptables.  Il est donc tout simplement « inhumain » de vouloir les renforcer, surtout dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  Ce sont, a poursuivi le représentant, les hésitations des États-Unis et leur refus de répondre favorablement aux initiatives positives de la RPDC qui ont bloqué le dialogue et érodé la confiance.  Il faut aussi rappeler que les États-Unis et leurs alliés ont eux-mêmes exercé leur droit de veto une dizaine de fois et ce, de manière injuste contre les peuples de « notre région », dont le peuple palestinien.  Respectons la Charte, s’est impatienté le représentant.  Appuyons le droit de la RPDC de protéger son peuple et son intégrité territoriale et admettons que l’imposition de nouvelles sanctions serait moralement inacceptable.   

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a regretté les vetos de la Fédération de Russie et de la Chine, en appelant au respect la résolution 2397 (2017) dans laquelle le Conseil a exprimé à l’unanimité sa détermination à prendre de nouvelles mesures significatives en cas de nouvel essai nucléaire en RPDC ou de tirs de missiles balistiques.  Le délégué s’est dit troublé par les ressources que consacre la RPDC à la mise au point d’armes de destruction massive, au lieu d’investir dans les logements, les produits alimentaires et les vaccins indispensables à son propre peuple.  Le projet de résolution du 26 mai dernier, a-t-il souligné, aurait considérablement élargi les mécanismes de dérogation humanitaire.  Il a encouragé le Gouvernement de la RPDC à changer de trajectoire et à réintégrer le régime international de non-prolifération.  Il a aussi tenu à insister sur le fait que l’exercice du droit de veto a empêché le Conseil de sécurité de prendre les mesures nécessaires pour faire face à une très grave situation sécuritaire et humanitaire.  

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a exprimé sa préoccupation face au recours de plus en plus fréquent au droit de veto, ces dernières années, y compris dans le cadre de menaces graves à la paix et à la sécurité internationales.  Le veto n’est pas un droit, c’est un privilège, a tranché le représentant, avant de condamner les tirs de missiles balistiques de la RPDC et de souligner que le développement des programmes nucléaires et balistiques de la RPDC constitue une menace et une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  M. Blanco a appelé à la mise en œuvre intégrale des résolutions du Conseil, ainsi qu’à la reprise des négociations en vue d’une dénucléarisation complète, irréversible et vérifiable de la péninsule coréenne.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a invoqué la responsabilité partagée de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, au regard de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, de maintenir la paix et la sécurité internationales et de faire respecter le droit international.  Il a appelé au dialogue et au règlement pacifique des différends liés à la péninsule coréenne et à s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, y compris la menace ou l’emploi d’armes de destruction massive.  Il a jugé urgent de faire progresser le désarmement nucléaire et a souligné l’importance de la prochaine Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Atteindre l’universalité du Traité reste l’objectif stratégique de nos efforts collectifs en faveur du désarmement et de la non-prolifération nucléaires, a insisté le représentant pour qui le débat d’aujourd’hui aura un impact positif sur les perspectives de succès de la prochaine conférence d’examen. 

M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a déploré le fait que la RPDC ne respecte pas ses engagements en matière de non-prolifération, violant par là même les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a appelé le pays à s’engager de bonne foi dans le dialogue sur cette question.  Le délégué a demandé à tous les membres du Conseil de sécurité d’agir urgemment sur ce point.  Il a indiqué que tant que la RPDC ne se conformera pas à ses engagements, le Gouvernement tchèque plaidera pour le maintien des sanctions qui frappent le pays. 

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a estimé que les deux vetos du 26 mai dernier, ont compromis la résolution 2397 (2017), dans laquelle le Conseil a exprimé sa détermination à prendre d’autres mesures importantes au cas où la RPDC se livrait à d’autres tirs de missiles.  Cette résolution, a souligné la représentante, avait été adoptée à l’unanimité et aujourd’hui le Conseil a trahi ses promesses.  Nous parlons des essais et de l’exposition aux armes nucléaires parce que nous nous souvenons des terribles répercussions des 67 essais qui ont été effectués sur notre territoire entre 1946 et 1958, a dit la représentante.  Elle a estimé que la crise humanitaire en RPDC ne saurait servir d’excuse au Conseil de sécurité pour rendre en quelque sorte acceptable une menace nucléaire.  Cette menace est pour nous plus qu’inacceptable, a tranché la déléguée qui a exhorté les membres permanents du Conseil à exercer leur droit de veto à bon escient et à dépasser les intérêts nationaux et les rivalités stratégiques.  Devant nous et le monde entier, a-t-elle conclu, la RPDC doit être tenue pour responsable de ses propres actes et le Conseil de sécurité, de son leadership ou de son manque de leadership.  En tant que Nations Unies, nous pouvons, et nous devons, faire mieux.

M. RICHARD ARBEITER (Canada) a constaté que cette année seulement, la Corée du Nord a effectué plus de 30 essais de missiles balistiques, tous explicitement interdits par des résolutions adoptées à l’unanimité par le Conseil de sécurité.  Il a fait part de sa déception face à l’incapacité de ce dernier de réagir adéquatement par l’adoption d’une résolution et de maintenir sa décision antérieure visant à prendre des mesures si la Corée du Nord procède à d’autres essais de missiles balistiques intercontinentaux.  Il a rappelé que les sanctions sont conçues pour cibler le programme d’armes de destruction massive de la Corée du Nord et qu’elles ne sont pas un obstacle à la prestation d’aide humanitaire.  Selon lui, la résolution à laquelle deux membres du Conseil ont opposé leur veto aurait encore simplifié la procédure actuelle pour les exemptions humanitaires en demandant au Comité 1718 de publier une liste de catégories bien définies d’articles qui seraient exemptés du régime pour des raisons humanitaires.  Il s’est dit préoccupé par l’incapacité du personnel humanitaire à fournir de l’aide depuis 2020, et a demandé à la Corée du Nord d’accepter les offres d’aide de la communauté internationale, tant en ce qui concerne sa réponse à la pandémie de COVID-19 que pour l’aider à éviter une famine imminente sur son territoire.   Canada

Le veto n’a fait que paralyser le Conseil de sécurité, s’est alarmé M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït), en parlant d’une situation préoccupante dans la péninsule coréenne.  Il a condamné les tirs de missiles balistiques et exhorté les parties à négocier en vue d’un retour à la stabilité.  Il est crucial de respecter la Charte et le régime de non-prolifération, a conclu le représentant, en espérant que le Conseil recouvra son unité sur ce dossier.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a appelé la RPDC à s’abstenir de procéder à de nouveaux tirs de missiles balistiques et à s’engager dans un dialogue avec les acteurs principaux pour parvenir à une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.  La représentante a aussi exhorté la RPDC à revenir au TNP et à s’acquitter de toutes ses obligations à l’égard de l’AIEA.  Elle a qualifié de judicieux le projet de résolution rejeté au Conseil de sécurité.  Avec un groupe de petits États, a-t-elle dit, la Nouvelle-Zélande s’est toujours opposée au droit de veto, un dispositif antidémocratique et anachronique qui n’a pas sa place à l’ONU, surtout quand il est utilisé pour servir des intérêts nationaux, au détriment de l’intérêt général de la paix et de la sécurité collectives.  La représentante a appuyé le point de vue du Liechtenstein, selon lequel quand le Conseil de sécurité est incapable d’agir, l’Assemblée générale doit pouvoir jouer un rôle constructif dans la recherche de solutions et le renforcement de l’efficacité de l’ONU dans son ensemble. 

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a demandé que le Conseil de sécurité agisse chaque fois qu’il y a une violation persistante de la paix et de la sécurité internationales avant de regretter que deux membres permanents n’aient pas rempli leurs obligations.  Elle s’est inquiétée des dangers que représentent les essais nucléaires et de missiles balistiques menés de la RPDC.  Elle a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas adopté le projet de résolution condamnant les récents tirs de missiles de la RPDC.  La représentante a ensuite exhorté la RPDC à renoncer à ses armes de destruction massives et à son programme de missile, avant de demander à la Chine et à la Russie d’assumer leurs responsabilités liées à la paix et à la sécurité internationales.

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a estimé que cette réunion améliore l’établissement des responsabilités en ce qui concerne l’usage du droit de veto, en attendant l’abolition de ce droit.  Il s’est dit gravement préoccupé par les développements dans la péninsule coréenne et a estimé que les programmes balistique et nucléaire de la RPDC alimentent l’instabilité.  Le délégué a exhorté ce pays à s’abstenir de toute autre provocation et acte illicite, à respecter les résolutions pertinentes du Conseil et à revenir à la table des négociations.  Enfin, il a souligné le besoin d’une action efficace de ce Conseil sur ce dossier, tout en prenant en compte les besoins humanitaires. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a exhorté la RPDC à respecter ses obligations découlant des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a invité le pays à renoncer à ses programmes de développement d’armes de destruction massive.  Pour le délégué, les actions de la RPDC exigent une réaction résolue de la communauté internationale.

M. MATHU JOYINI (Afrique du Sud) s’est dit préoccupé par le programme nucléaire et de missiles de la RPDC en violation de nombreuses résolutions sur la question.  Il a jugé regrettable que le Conseil de sécurité n’ait pas pu s’entendre sur une réponse unie face aux violations continues de ses résolutions par la RPDC, exhortant ensuite tous les Etats Membres à mettre en œuvre les résolutions pertinentes.  Il a appelé aussi à des mesures humanitaires pour éviter que le peuple de la RPDC souffre en raison des décisions de son gouvernement.  

M. KRISTEL LÕUK (Estonie) a exprimé ses « profonds regrets » que le veto ait été opposé par la Chine et la Russie lors de la réunion du Conseil de sécurité du 26 mai, estimant que l’utilisation de ce droit a permis à une situation « très grave » dans la péninsule coréenne de s'aggraver davantage.  Rien que cette année, la RDPC a effectué 18 séries d'essais de missiles balistiques, dont six lancements de missiles balistiques intercontinentaux, a noté la représentante, ce qui démontre la volonté de ce pays de poursuivre le développement de son programme nucléaire « en rhétorique comme en action ».  Elle a condamné fermement ces activités, ajoutant que lorsque le Conseil ne fait pas respecter ses propres résolutions, il risque de saper l'état de droit et d’affaiblir le régime international de non-prolifération et de désarmement.  Elle qualifié de « manipulation des faits et de la vérité » le prétexte invoqué pour justifier le veto, selon lequel des sanctions supplémentaires ne feraient qu’aggraver la situation de la population.

M. BOSTJAN MALOVRH (Slovénie) a déclaré que son pays a toujours été un fervent partisan du dialogue, tout en ajoutant que les sanctions sont un instrument essentiel à la disposition du Conseil.  Il a rappelé que celles proposées dans le projet de résolution qui a été rejeté prévoyaient des dérogations.  Le régime de la RPDC est celui qui ferme ses frontières, entrave l’accès humanitaire et refuse les livraisons de vaccins contre la COVID- 19, a-t-il accusé, avant d’exhorter le Conseil à agir de manière unie et décisive pour remédier aux risques posés par les agissements de la RPDC.

M. IVAN ŠIMONOVIC (Croatie) a affirmé que l’Assemblée générale a le droit d’agir chaque fois que le Conseil de sécurité ne peut remplir son mandat de maintien de la paix et la sécurité internationales.  Il a appelé la RPDC à renoncer à ses programmes de missiles balistiques et à s’engager, de manière vérifiable, en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a enfin exhorté les membres du Conseil à privilégier l’intérêt commun.

Mon pays a prouvé son attachement à l’édification d’un monde exempt d’armes nucléaires, a affirmé Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) qui a dénoncé l’approche déséquilibrée du Conseil à l’égard de la RPDC et des sanctions graves qui deviennent l’outil de choix pour faire pression sur les pays en développement.  Soulignant les effets délétères de ces mesures restrictives dans son pays, elle a estimé que l’imposition d’un autre train de ces mesures à la RPDC ne peut être de nature à favoriser la stabilité.  Privilégions plutôt le dialogue, a-t-elle conseillé.

M. ANDREJS PILDEGOVICS (Lettonie) a fustigé le comportement irresponsable de la RPDC qui se préparerait à un nouvel essai nucléaire.  Elle a rejeté les tentatives visant à dépeindre la RPDC comme une victime, soulignant que c’est le régime de la RPDC qui viole le droit international et agit contrairement aux besoins de son peuple en tenant ses frontières fermées à l’aide humanitaire.  Il a fustigé le comportement irresponsable de la Russie qui brandit sans cesse la menace de l’arme nucléaire avant d’exhorter la RPDC à privilégier le dialogue.   

Mme STANCIU (Roumanie) a appelé le Conseil à retrouver son unité et à faire pression sur la RPDC afin qu’elle renonce à ses actes irresponsables.  Elle a invité cette dernière à accepter les offres de dialogue des États-Unis, à retourner à la table des négociations et à cesser tout acte incompatible avec le droit international.  Ce ne sont pas les sanctions qui sont à l’origine de la situation humanitaire critique en RPDC mais bien la politique de Pyongyang, a-t-elle tranché, avant d’exhorter ce pays à rejoindre le TNP.

M. MANUEL RODRIGUEZ CUADROS (Pérou) a estimé que la tenue de ce débat représente un pas en avant dans la démocratisation des décisions prises par le Conseil de sécurité, et une avancée en faveur de la transparence et la responsabilité dans les décisions de l’organe.  Il a jugé qu’en vertu de la Charte des Nations Unies, l’usage du veto est un recours extrême qui doit être évité par tous les membres permanents.  Ces derniers se doivent, au contraire, de privilégier la négociation et la recherche de la conciliation des intérêts. 

M. JEEM LIPPWE (États fédérés de Micronésie) a déclaré que malgré le « succès » de la résolution 76/262, adoptée il y a à peine un mois, nul ne saurait se substituer au Conseil de sécurité et à sa responsabilité première d’intervenir sur les questions relatives à la paix et à la sécurité internationales.  Il s’est dit gravement préoccupé par l’évolution nucléaire et balistique en RPDC, estimant qu’elle représente une menace pour la région d’Asie-Pacifique et le monde entier.  Selon lui, l’exercice du droit de veto au mépris des résolutions antérieures, adoptées à l’unanimité, ne peut qu’encourager la RPDC à exploiter, à son profit, les divisions du Conseil.  

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a vivement regretté que la Chine et la Russie aient utilisé le droit de veto contre une résolution du Conseil de sécurité sur la RPDC. Bloquer la réponse aux violations répétées des résolutions du Conseil de sécurité envoie un signal dangereux aux États qui cherchent à saper la paix et la sécurité internationales, a-t-il averti. Il a observé que la menace que les armes de la RPDC représentent pour la paix et la sécurité internationales n’a fait qu’augmenter et qu’il était donc juste que le Conseil prenne d’autres mesures.  Le représentant a appelé à continuer à faire pression pour que la RPDC revienne à ses engagements au titre du Traité sur la non-prolifération et les garanties de l'AIEA, exhortant la Chine et la Russie à travailler avec les autres membres du Conseil à cette fin.  Le délégué a également indiqué que le projet de texte qui a fait l’objet d’un véto aurait facilité l’octroi de l’aide humanitaire à la RPDC, y compris en réponse à la COVID-19.

Mme ILANA VICTORYA SEID (Palaos) a rappelé que son pays a été l’un des premiers à adopter une constitution qui interdit les armes nucléaires, après avoir subi 300 essais en cinq décennies.  Maintenant que de nombreuses îles du Pacifique sont irradiées et inhabitables, il faut s’inquiéter de l’impact de nouveaux essais sur l’environnement et surtout sur les stocks halieutiques.  La représentante s’est dite particulièrement préoccupée par la préparation d’un septième essai nucléaire en RPDC et elle a reproché au Conseil de sécurité de n’avoir pas su obtenir le respect de ses résolutions.  Elle a donc exhorté la RPDC à accepter le dialogue et à faciliter l’aide humanitaire pour traiter de la pénurie des produits alimentaires et de la pandémie de COVID-19. 

Mme THARARUT HANLUMYUANG (Thaïlande) a dit sa déception devant les tirs balistiques menés par la RPDC au mépris du droit international.  Elle a exhorté ce pays à cesser de tels tirs, à respecter les résolutions du Conseil et à s’engager dans la voie du dialogue.  Enfin, la déléguée a plaidé pour une dénucléarisation irréversible et vérifiable de la péninsule coréenne.  

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour soutenir les efforts internationaux visant l’élimination totale et complète des armes nucléaires, dans le but ultime de l’avènement d’un monde sans armes de destruction massive.  Il a appelé la RPDC à respecter toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et à s’abstenir de prendre des mesures d’escalade qui augmenteraient la tension sur la péninsule coréenne.

M. MANUEL ALCIBÍADES RUIZ DÍAZ (Paraguay) a réaffirmé l’importance pour le Conseil de sécurité de surmonter ses divergences, avant de rappeler que son pays a toujours plaidé pour une réforme de cet organe et l’élimination progressive du droit de veto.  Lorsqu’il ne peut honorer ses obligations, en raison des privilèges accordés à ses membres permanents, le Conseil devient une menace pour le multilatéralisme, a tranché le représentant.  Il a condamné dans les termes les plus fermes les actes de la RPDC qui ne font qu’aggraver les tensions dans la péninsule coréenne et menacent l’intégrité territoriale d’un État Membre de l’ONU, en violation des résolutions du Conseil de sécurité et du droit international. 

Droits de réponse

Réagissant aux accusations de l’Australie, de l’Allemagne et des États-Unis, la Chine a expliqué que son vote au Conseil de sécurité trouve sa justification dans sa détermination à rétablir la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne.  Nous avons déjà adopté 10 résolutions sur des sanctions contre la RPDC et il est temps que le Conseil privilégie la prévention du chaos, en s’abstenant d’imposer un autre train de mesures restrictives. 

La RPDC a dénoncé ceux qui essayent « de manière désespérée » de dénaturer la situation dans la péninsule coréenne.  Les aspirations de notre peuple à la paix sont plus grandes que jamais et sans les menaces directes des États-Unis, nous n’aurions pas renforcé nos capacités de défense, s’est-elle expliquée.  Elle a reproché à l’administration américaine de déployer des armes dans la péninsule coréenne et au Conseil de sécurité, de n’avoir pas su trouver les moyens de régler la situation.  C’est la politique de deux poids deux mesures des États-Unis qui sape la paix dans la péninsule, a-t-elle martelé.

CONFLITS PROLONGÉS DANS LA RÉGION DU GROUPE GUAM ET LEURS INCIDENCES SUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES ET SUR LE DÉVELOPPEMENT - POINT 36

Rapport spécial du Conseil de sécurité (A/76/828)-Projet de résolution (A/76/L.62)

Débat

M. BJÖRN OLOF SKOOG, Chef de la délégation de l’Union européenne, a réitéré son soutien à la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Géorgie.  Il a indiqué que l’UE demeure engagée à appuyer la consolidation de la paix et le règlement des conflits en Géorgie, y compris au travers de sa coprésidence des discussions internationales de Genève et de la Mission de surveillance de l’Union européenne (MSUE).  Il s’est inquiété des violations des droits humains dans les régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud et a demandé un accès humanitaire sans entraves aux populations affectées par le conflit.  Le délégué a regretté qu’à ce jour aucun progrès n’ait été réalisé pour assurer le retour volontaire, sûr et digne des réfugiés et des déplacés ainsi que leur capacité d’exercer leurs droits sur leurs biens.  Il a salué les efforts de la Géorgie pour trouver des solutions d’hébergement durables pour les déplacés et promouvoir leur intégration socioéconomique. 

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie), au nom d’un Groupe de pays, a apporté son soutien à la souveraineté de la Géorgie, dont une partie du territoire est sous occupation russe.  Il a dénoncé la tenue d’élections illégales en Abkhazie et dans la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud, ainsi que les restrictions aux libertés dans ces territoires, notamment la liberté linguistique.  Il a demandé un accès immédiat à ces territoires pour les mécanismes de surveillance des droits humains, en particulier le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Il a mentionné la guerre brutale menée contre l’Ukraine et constaté que la Russie perpètre les mêmes violations qu’en Géorgie.  Il a appuyé la délivrance de mandats d’arrêts de la CPI dans le cadre de la guerre de 2008 en Géorgie.  Il a plaidé pour l’instauration de conditions de sécurité propices au retour volontaire, sans entrave, sûr et digne de tous les déplacés et réfugiés dans leurs foyers.  Il a vivement déploré le manque de volonté de la Russie pour régler la question du retour. 

Au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, M. RICHARD ARBEITER (Canada)s’est inquiété des conséquences humanitaires de la guerre de 2008 en Géorgie qui a entrainé des déplacements forcés dans les régions de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.  Il a appuyé les droits humains des déplacées forcées et leur droit de rentrer chez eux plus de 14 ans après le conflit.  Il a fustigé les processus consistant à ériger des frontières artificielles avant de regretter que la question des personnes déplacées et des réfugiés ne soit toujours pas réglée.  Il a appelé à adopter le projet de résolution pour soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Géorgie. 

M. OSUGA TAKESHI (Japon) a dénoncé la violation du droit international et les tentatives d’accaparer les territoires d’autres pays.  Il a indiqué que pour faire face à la crise humanitaire en Ukraine, son pays a déboursé quelque 200 millions de dollars.  Il a aussi indiqué que le Japon s’est porté coauteur de la résolution présentée aujourd’hui et entend maintenir son soutien aux États membres du GUAM.

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a regretté le manque de progrès sur le front des déplacés en Géorgie et a plaidé pour le retour volontaire, sans entrave, dans la sécurité et la dignité de tous les déplacés et réfugiés.  Il n’a pas manqué de mentionner la guerre injustifiée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et rappelé le caractère inviolable des frontières.  Il a apporté son soutien à la souveraineté de la Géorgie et souhaité une intensification du dialogue avec les régions sécessionnistes.

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a déclaré que la présence militaire de la Russie dans les régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud est une violation de l’intégrité territoriale de la Géorgie.  Il a appelé la Russie à cesser ces actions et à s’acquitter de ses obligations en vertu de l'accord de cessez-le-feu de 2008.  La Russie doit retirer ses forces pour revenir aux positions d’avant le conflit et permettre un accès sans entrave aux organisations humanitaires.  Il a également engagé la Russie et les autorités de facto d'Abkhazie et d’Ossétie du Sud à prendre des mesures immédiates pour respecter les droits humains, à cesser d'ériger des barrières le long des frontières administratives et à créer les conditions propices au retour volontaire, sûr et digne des déplacés et des réfugiés.  Le représentant a dit être alarmé par le nombre croissant de violations de droits humains et de restrictions à l’accès humanitaire et a appelé à renforcer la protection et l'assistance en faveur des personnes déplacées.  

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a annoncé qu’il votera contre le projet de résolution présenté par la Géorgie, arguant que ce dernier ne vise qu’à saper les efforts de normalisation dans la région et à faire pression sur l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.  Il a accusé les autorités géorgiennes d’instrumentaliser la question des réfugiés, nuisant ainsi considérablement au règlement des problèmes humanitaires actuels dans la région.  Il a appelé la Géorgie et ses partenaires à cesser d’attaquer de manière irresponsable sur la scène internationale Tskhinvali et Soukhoumi qui ne cessent de démontrer leur engagement en faveur d’une solution constructive aux problèmes humanitaires, sur la base des principes de coexistence pacifique.  Il a enfin appelé à la mise aux voix du projet de résolution, invitant les États à voter comme lui.

M. ROBERTS (Royaume-Uni) a souligné que son discours de cette année est semblable à celui de l’an dernier, étant donné que la situation n’a pas évolué sur le terrain.  Le délégué a salué le fait que la Géorgie respecte l’Accord de cessez-le-feu du 12 août, avant d’appeler la Russie à retirer ses troupes de ces régions.  Il a également demandé à ce pays de revenir sur sa décision de reconnaissance de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.  Cette année, il est encore plus pertinent de voter en faveur de ce texte après l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, a-t-il argué.

« Nous tournons en rond » a déclaré M.  SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), fustigeant le « terrible » sentiment d’impunité de certains.  Après avoir rappelé que la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et la République de Moldova continuent d’être les pays le plus touchés par des conflits en Europe et que leur intégrité territoriale est violée, le représentant a appelé à la mise en place de mécanismes de sécurité pour mettre un en terme au conflit qui dure depuis 14 ans en Géorgie en raison de la présence illégale des forces russes en Abkhazie et en Ossétie du Sud.  Il a déclaré que la Russie continue à avoir recourt à des méthodes barbares avec une nouvelle vague d’agressions contre le territoire ukrainien depuis le 24 février 2022.  « Le transfert de force de populations est un élément important du plan démoniaque russe », a insisté le représentant ukrainien avant de dénoncer le transfert de force en Russie d’un million d’Ukrainiens, dont 230 000 enfants.  

Mgr ROBERT DAVID MURPHY, Observateur du Saint-Siège, a rappelé que la paix n’est pas seulement l’absence de guerre mais une entreprise de justice qui doit être menée inlassablement.  Il a souligné le rôle clef que l’ONU devrait jouer dans le règlement des conflits gelés en Europe, notamment en Géorgie et en Transnistrie.  La guerre en Ukraine, a-t-il poursuivi, sape la paix internationale, avec des conséquences alarmantes pour le monde entier.  Il a réclamé un cessez-le-feu, l’ouverture de couloirs humanitaires et un retour de la Fédération de Russie et de l’Ukraine à la table des négociations. L’observateur a enfin espéré qu’une paix durable s’instaurera dans le Haut-Karabagh et que les édifices religieux y seront protégés.

Explication de vote

Le Venezuela s’est dit préoccupé par la tendance croissante à instrumentaliser l’Assemblée générale pour attaquer des membres de plein droit et en faire une plateforme prompte à adopter des résolutions non consensuelles.  Une telle situation, a-t-il prévenu, ne peut que décourager le dialogue et la négociation et exacerber les tensions et les divisions.  Elle peut même compliquer les dynamiques régionales.  Le Venezuela a appelé les auteurs du projet de résolution à éviter toute politisation et à opter plutôt pour des mesures de confiance afin de traiter de manière constructive de la question à l’examen, y compris dans le cadre des pourparlers de Genève.  Ce qu’il faut, c’est le dialogue, la négociation et la coopération dans la recherche des solutions aux défis communs de la région, dont le moindre n’est pas la situation humanitaire.

 

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