Recevant à Paris les insignes de Grand Officier de la Légion d’honneur, le Secrétaire général salue la contribution de la France aux travaux de l’ONU
On trouvera ci-après le discours prononcé par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’occasion de la remise de la Légion d’honneur par le Président de la République française, à Paris, aujourd’hui:
Je vous remercie très sincèrement pour votre généreux discours.
Je suis très touché de l’honneur que la France vient de me faire en me conférant les insignes de Grand Officier de la Légion d’Honneur. Avec ce geste, Monsieur le Président, c’est notre illustre Organisation que vous honorez ce soir, et j’en suis à la fois très honoré et fier. Du fond du cœur et au nom de l’ONU: merci.
En tant que Membre fondateur des Nations Unies et membre permanent du Conseil de sécurité, la France a toujours joué un rôle essentiel et est, au quotidien, un acteur important de l’ordre du jour international. L’ONU et la France travaillent main dans la main pour renforcer les liens de la coopération internationale, en s’efforçant ensemble de défendre les droits de l’homme, de lutter contre les changements climatiques et de promouvoir la paix et la sécurité internationales ainsi que les objectifs de développement durable. Sur chacun de ces quatre domaines, j’aimerais vous dire pourquoi la contribution de la France est tant appréciée à l’ONU.
Tout d’abord, la défense des droits de l’homme est très intimement liée à l’action de la France au sein de l’ONU. Souvenons-nous ici de la contribution essentielle qu’a apportée l’illustre juriste René Cassin, en 1948 lors de la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Si les droits de l’homme sont un symbole fort de la France, il est un autre domaine, tout aussi fort et d’une actualité tout à propos: celui de la lutte contre les changements climatiques. Je reviens cet après-midi de Marrakech où se tient la COP22. Je tiens à saluer ici le rôle moteur joué par la France, en appui de mon action, pour une entrée exceptionnellement rapide de l’Accord de Paris.
Vous et moi, Monsieur le Président, avons eu de nombreux contacts, que ce soit en personne ou par téléphone à toute heure du jour et de la nuit, dans les mois qui ont précédé la COP21. Votre appui et votre engagement personnels ont été pour moi un renfort d’une grande importance.
C’était le 12 décembre dernier, au point culminant de la COP21, sous la présidence de Monsieur Laurent Fabius, que nous unissions nos efforts, ici à Paris, pour obtenir l’adoption unanime de cet accord. Un moment historique pour tous. Conformément à l’engagement pris par la France, Madame Ségolène Royal a mené un travail qui a permis son entrée en vigueur d’ici à la fin de l’année. L’Accord de Paris a effectivement pris effet ce 4 novembre.
Je n’oublie pas non plus que la Conférence de Paris sur le Climat s’est déroulée à peine quelques semaines après que des assassins aient essayé d’éteindre les lumières de cette magnifique capitale. Votre réponse, Monsieur le Président, la réponse de la France, a été de relever la tête et de montrer à ceux qui sèment la haine entre les peuples, que la solidarité internationale ne sera pas brisée. L’accord qui a été adopté au Bourget mérite bien le nom de « Accord de Paris ».
L’engagement de la France pour les objectifs de l’ONU se joue également sur le terrain, pour faire face aux menaces à la paix et la sécurité dans les régions du monde les plus vulnérables. La France contribue de façon importante au maintien de la paix à travers les missions de l’ONU. Partout où ils sont déployés, les hommes et les femmes que la France met au service de l’ONU, aident à créer les conditions d’une paix durable.
Enfin, dans le domaine du développement durable, je souhaite souligner le rôle de la France dans le lancement du nouveau mécanisme de facilitation des technologies. La France a été parmi les 22 premiers pays volontaires pour présenter son programme national de mise en œuvre de l’Agenda 2030 de développement.
Permettez-moi de vous dire enfin mes sentiments personnels à ce moment précis où vous venez de me remettre cette marque prestigieuse de reconnaissance qu’est la Légion d’Honneur.
Tout d’abord, de mon expérience, l’honneur, le respect et la fierté sont trois valeurs qui s’accompagnent, s’encouragent et se renforcent. C’est cette fierté que j’ai ressentie, lorsqu’à deux reprises, j’ai eu l’honneur d’être invité par le Gouvernement français à assister à l’impressionnant défilé du 14 juillet sur les Champs Élysées. Fidèle à votre respect pour le travail de l’ONU dans le monde, vous aviez eu la courtoisie d’intégrer des contingents de Casques bleus de l’ONU qui ont défilé aux côtés des troupes françaises. Laissez-moi vous dire, que –à ce moment-là, du haut de la tribune qui surplombait la Place de la Concorde– j’ai ressenti une immense fierté. La fierté de voir comment en unissant nos efforts, ceux d’une grande patrie comme la France et ceux d’autres États Membres de l’ONU – nous nous donnons la main pour faire face à notre responsabilité commune du maintien de la paix dans le monde.
Permettez-moi, Monsieur le Président, une dernière touche personnelle: à un mois et demi de la fin de 10 années au service des Nations Unies, cette Légion d’Honneur prend pour moi une signification toute particulière. En effet, je regarde les insignes de Grand Officier dont je viens d’être décoré et j’y lis les mots suivants: « Honneur et Patrie ». Deux notions très fortes qui décrivent avec la plus grande pertinence mon mandat à la tête des Nations Unies: c’est avec un honneur tout particulier que j’ai servi les 193 patries qui forment l’ONU. Le travail des Nations unies est aujourd’hui mis à l’honneur et je remercie la France pour le soutien fidèle et constant qu’elle m’a prêté, au cours de ces 10 années, sans jamais faillir dans l’application des principes et valeurs communes de la Charte des Nations Unies.
Je vous remercie, Monsieur le Président.