Le Conseil de sécurité demande la mise en œuvre rapide et effective de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel
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Conseil de sécurité
7081e séance – matin
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DEMANDE LA MISE EN ŒUVRE RAPIDE ET EFFECTIVE
DE LA STRATÉGIE INTÉGRÉE DES NATIONS UNIES POUR LE SAHEL
Le Conseil de sécurité a, ce matin, réaffirmé sa volonté de trouver une solution aux problèmes d’ordre sécuritaire, politique, humanitaire, écologique et de développement de la région du Sahel, où continue de régner une « situation alarmante ».
Dans une déclaration présidentielle lue par son Président pour le mois de décembre, l’Ambassadeur Gérard Araud, de la France, le Conseil prie, à cet effet, le Secrétaire général d’œuvrer rapidement à la mise en œuvre effective de la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel.
M. Romano Prodi, qui s’exprimait pour la dernière fois en tant qu’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sahel, a insisté sur les progrès enregistrés dans la mise en œuvre de cette Stratégie, depuis sa présentation au Conseil en juin dernier. Il a en particulier invité la communauté internationale à maintenir son attention sur la région du Sahel car, a-t-il prévenu, cette attention est en déclin. Il a émis la crainte que la mise en œuvre de la Stratégie intégrée risque de souffrir du fait que la crise dans la région soit en concurrence avec d’autres crises ailleurs dans le monde.
Le Conseil de sécurité, dans sa déclaration présidentielle juge important de susciter l’appropriation nationale et régionale de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et d’en assurer la mise en œuvre en étroite consultation avec les États du Sahel, de l’Afrique de l’Ouest et du Maghreb, et avec les donateurs et partenaires régionaux et multilatéraux. Les entités des Nations Unies qui concourent à la mise en œuvre de la Stratégie sont, pour leur part, priées de coordonner leurs actions de manière à optimiser les synergies.
Pour rappel, cette Stratégie intégrée, demandée par le Conseil dans sa résolution 2056 (2012), est basée sur la bonne gouvernance dans l’ensemble de la région, des mécanismes de sécurité nationaux et régionaux capables de faire face aux menaces transfrontières, et l’intégration des plans humanitaires et de développement afin d’assurer la résilience à long terme.
Ouvrant la réunion, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, est revenu sur la visite qu’il a effectuée du 4 au 7 novembre au Mali, au Niger, au Tchad et au Burkina Faso, aux côtés du Président de la Banque mondiale, M. Jim Yong Kim, et de hauts responsables de l’Union africaine et de l’Union européenne. Le Président de la Banque mondiale s’est exprimé, aujourd’hui devant le Conseil, par vidéoconférence depuis Washington D.C.
Le Secrétaire général a rappelé, qu’à Bamako, première étape de sa visite, les responsables des organisations internationales et les dirigeants africains ont promis d’améliorer leur coopération dans le cadre de la Stratégie intégrée. « L’immensité de la région et la porosité des frontières signifient que ces défis ne pourront être relevés que si les pays de la région travaillent ensemble », a affirmé M. Ban.
L’Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies, M. Téte António, a d’ailleurs profité de ce débat pour faire part de la disponibilité de son organisation de travailler à la mise en place du secrétariat conjoint sur la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel. Qualifiant la visite du mois dernier « d’historique », le Président de la Banque mondiale a, pour sa part, confirmé l’allocation d’une première enveloppe de 1,2 milliard de dollars aux efforts de développement de la région. « Cette aide servira de premier filet de sécurité pour venir en aide aux ménages », a-t-il précisé. Pour sa part, le Représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel, M. Michel Reveyrand-de Menthon, a indiqué que l’Union européenne consacrerait 5 milliards d’euros au Sahel au cours des sept prochaines années.
Détaillant les progrès enregistrés dans la mise en œuvre des trois piliers de la Stratégie, M. Prodi a précisé qu’il avait axé les efforts sur le renforcement des capacités en vue d’assurer plus efficacement les services de base et l’appui aux processus électoraux. Au titre du renforcement des mécanismes sécuritaires, l’Envoyé spécial a assuré que la mise en œuvre des activités pour une gestion intégrée des frontières et la prévention de l’idéologie violente avaient démarré. La plateforme de coordination, adoptée à Bamako dans le cadre de la Stratégie intégrée, devrait être élargie aux pays voisins, notamment le Maroc, l’Algérie, le Sénégal et surtout la Libye, a-t-il préconisé. « La situation en Libye a un impact sur toute la région », a-t-il expliqué. Enfin, en ce qui concerne le troisième pilier, M. Prodi a indiqué que des interventions avaient été définies pour améliorer la résilience dans sept pays de la région sahélienne. « Des lacunes ont été identifiées dans les domaines de la microassurance et de l’autonomisation des communautés pastorales », a-t-il conclu.
Lors des échanges qui ont suivi, les membres du Conseil de sécurité ont salué, de manière unanime, la récente visite conjointe dans la région, « signe que le Sahel fait partie des priorités de la communauté internationale », comme l’a affirmé le représentant de la Chine. Si elles ont reconnu la pertinence de la Stratégie intégrée des Nations Unies, certaines délégations, à l’instar de celle du Maroc –pays qui a initié la déclaration présidentielle– en ont demandé une mise en œuvre rigoureuse. « Les 150 millions d’habitants de la région du Sahel ne pourront pas résister longtemps à la tentation d’immigrer si les conditions économiques et sociales ne s’améliorent pas », a prévenu le délégué du Maroc.
Le représentant de la France a, pour sa part, insisté sur la notion de confiance, élément clef pour la réussite de la Stratégie intégrée. « Sans confiance entre tous les États de la région, nous ne pourrons pas apporter une réponse coordonnée aux défis transnationaux », a-t-il lancé. Son homologue de la Fédération de Russie a déclaré que la mise en œuvre de la Stratégie intégrée sera évaluée à l’aune des résultats obtenus.
Comme le souligne la déclaration présidentielle, le Secrétaire général devra présenter au Conseil de sécurité le rapport sur l’état d’avancement de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel le 30 juin 2014 au plus tard. La situation au Mali a été abordée par un grand nombre d’intervenants, dont la déléguée du Luxembourg, qui a fait observer que la crise malienne était la « manifestation la plus aiguë et la plus récente d’un cycle récurrent d’insécurité dans la région du Sahel ». Tandis que l’Envoyé spécial a salué les progrès accomplis depuis l’opération française dans ce pays, le Secrétaire général a déploré que le processus politique entre le Gouvernement malien et les groupes armés ait été retardé. « Nous devons continuer de renforcer la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA)», a-t-il préconisé.
PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’il avait effectué une visite du 4 au 7 novembre au Mali, Niger, Tchad et Burkina Faso avec la Présidente de la Commission de l’Union africaine, les Présidents de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement et le Commissaire européen au développement. « Pendant la visite, la Banque mondiale et l’Union européenne se sont engagées à fournir plus de 8,2 milliards de dollars à la région », a-t-il assuré.
Au Mali, première étape de cette visite, a-t-il indiqué, les dirigeants africains et les responsables des organisations internationales et des institutions financières sont convenus d’améliorer la coopération afin de remédier à la fragilité du Sahel. Ils ont aussi accueilli l’établissement d’un Fonds d’action de la Banque africaine de développement, qui devrait appuyer les efforts de développement à long terme, a-t-il poursuivi.
Mentionnant ensuite sa visite à Tombouctou et les trésors culturels qui ont été endommagés, M. Ban a de nouveau condamné toutes les attaques contre les lieux de prière et appelé à la réconciliation.
« Nous devons continuer de renforcer la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) », a souligné le Secrétaire général, car, a-t-il dit, le processus politique entre le Gouvernement malien et les groupes armés a été retardé. M. Ban s’est dit toujours préoccupé par la situation dans le nord du Mali. « Les actes terroristes, le trafic d’armes, de drogues et la traite d’êtres humains, ainsi que les autres formes de criminalité transnationale organisée continuent de poser des menaces graves à la sécurité dans la région », a-t-il affirmé.
Le Secrétaire général a ensuite insisté sur la nécessité de remédier à la crise alimentaire au Sahel et d’améliorer les conditions de vie des communautés de migrants. « L’immensité de la région et la porosité des frontières signifient que ces défis ne pourront être relevés que si les pays de la région travaillent ensemble », a fait remarquer M. Ban.
En conclusion, le Secrétaire général a rappelé que les Nations Unies poursuivront leurs efforts pour promouvoir la sécurité, la bonne gouvernance et la résilience. « Je suis revenu de cette visite avec la conviction que nous devons faire plus pour combattre la pauvreté, émanciper les femmes et construire un meilleur futur pour le peuple du Sahel. »
M. JIM YONG KIM, Président de la Banque mondiale, a qualifié la visite conjointe d’historique. Elle était nécessaire, a-t-il dit, pour attirer l’attention de la communauté internationale sur une région négligée. « Nous avons ainsi constitué ce qui doit permettre de faire concrètement la différence: un front commun pour aider le Sahel », a-t-il ajouté. M. Kim a rendu un hommage appuyé aux troupes françaises au Mali, sans lesquelles, a-t-il dit, il n’aurait pas été possible d’effectuer cette visite. Il a assuré que depuis cette visite, l’ONU et la communauté internationale avaient une idée plus juste des défis que les dirigeants de la région doivent relever. « Nous sommes tombés d’accord sur le fait que la solution est d’œuvrer de concert, en privilégiant une approche coordonnée et régionale. » Le Président de la Banque mondiale a évoqué, à cet égard l’établissement d’une plateforme de coordination, qui tiendra une réunion au niveau des chefs d’État et de gouvernement tous les six mois.
« Le Mali présidera la plateforme les deux prochaines années », a-t-il annoncé avant de confirmer l’allocation d’une première enveloppe de 1,2 milliard de dollars aux efforts de développement de la région. « Cette aide servira de premier filet de sécurité pour venir en aide aux ménages », a-t-il notamment précisé. M. Kim a ajouté que la Banque mondiale allait financer, « avec d’autres bailleurs de fonds », un programme hydrique d’envergure destiné à mettre en valeur le fleuve Sénégal et, ainsi, à relancer et dynamiser l’agriculture régionale. « Le coût de ce projet, a-t-il précisé, s’élève à près de 230 millions de dollars. » « Comme l’a indiqué le Secrétaire général, l’autonomisation des femmes et le développement des infrastructures sont indispensables pour bâtir un avenir prospère au Sahel », a-t-il souligné. Pour M. Kim, « au Sahel comme ailleurs, il n’existe pas de fatalité ». « Les populations ont des rêves très ambitieux auxquels nous devons répondre. Ils veulent ce que nous voulons, un avenir meilleur pour leurs enfants et nous devons être à leurs côtés pour les appuyer de manière pragmatique », a déclaré le Président de la Banque mondiale, avant de conclure.
M. ROMANO PRODI, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sahel, a indiqué que la mise en œuvre de la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel avait commencé dès la présentation, en juin dernier, du dernier rapport du Secrétaire général sur la question. Il a invité la communauté internationale à maintenir son attention sur la région du Sahel car, a-t-il prévenu, cette attention est en déclin.
Plusieurs facteurs continueront d’avoir un impact sur la mise en œuvre de la Stratégie, « notamment le fait que la région est en concurrence avec les crises qui pourraient éclater ailleurs dans le monde », a-t-il affirmé. M. Prodi a également cité comme autres facteurs le nombre limité de donateurs, les lacunes des mécanismes de financement traditionnels, ainsi que la nécessité d’enregistrer des progrès simultanés dans les domaines de la bonne gouvernance et de la sécurité, l’une n’allant pas sans l’autre.
L’Envoyé spécial a déclaré que la récente visite du Secrétaire général avait permis d’accroître l’attention portée à la région du Sahel. Des mécanismes pour la mobilisation des ressources, à la fois au niveau bilatéral et au niveau multilatéral, devraient être mis en place. Le Fonds d’action pour le Sahel créé par la Banque africaine de développement est un bon début, a continué M. Prodi, en précisant que les ressources mobilisées viendront appuyer le financement des projets, dont les caractéristiques seront approuvées par les gouvernements des pays de la région, dans le cadre de la Stratégie intégrée. Il a salué le caractère innovant de ce Fonds, qui est chargé de financer des projets pilotes, lesquels pourront être répliqués du niveau local au niveau régional.
M. Prodi a ainsi mentionné le projet pilote visant à acheminer de l’eau purifiée pour des centaines de familles au Sahel, financé conjointement par une entreprise européenne et le Gouvernement italien, et ce, toujours dans le cadre de la Stratégie.
L’approche novatrice qu’il prône constitue, a-t-il dit, un défi aux formes actuelles de l’aide multilatérale. Elle vise à combler les lacunes sur le terrain, tout en facilitant les efforts de développement à long terme, a-t-il précisé, en recommandant que cette approche soit mise en œuvre et évaluée sur la base des résultats obtenus.
Abordant la situation au Mali, M. Prodi a indiqué que les progrès depuis l’intervention de la France étaient louables. Toutefois, les défis qui demeurent ne connaissent pas de frontières, a-t-il fait remarquer. C’est pourquoi, les solutions à ces défis ne devraient pas, elles non plus, connaître de frontières. Il a affirmé que la plateforme de coordination adoptée récemment à Bamako devrait être élargie aux pays voisins, notamment le Maroc, l’Algérie, le Sénégal et surtout la Libye. Il a exhorté le Conseil à faire en sorte que ses décisions relatives à la lutte contre le terrorisme au Sahel prennent en compte les défis de bonne gouvernance. Il a aussi demandé que les situations au Sahel et en Libye soient abordées conjointement par le Conseil, en rappelant que la situation en Libye avait un impact sur toute la région.
Dans le domaine de la bonne gouvernance, premier aspect de la Stratégie intégrée, M. Prodi a indiqué qu’il s’était concentré sur le renforcement des capacités pour la fourniture de services de base, l’appui aux processus électoraux, le renforcement des capacités judicaires et les moyens d’assurer une plus grande participation de la population civile dans le cadre de cette Stratégie.
Pour ce qui concerne le renforcement de mécanismes sécuritaires, M. Prodi a assuré que la mise en œuvre des activités pour une gestion intégrée des frontières et la prévention de l’idéologie violente avaient démarré. À cet égard, il a cité en particulier les efforts visant à une gestion intégrée des frontières au Burkina Faso, qui pourraient être reproduits dans d’autres pays du Sahel. M. Prodi a ajouté que des interventions avaient été définies pour renforcer la résilience dans sept pays de la région sahélienne. Une réserve alimentaire a été mise en place sous les auspices du Programme alimentaire mondial (PAM) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a-t-il dit. M. Prodi a ajouté que des lacunes avaient été identifiées dans les domaines de la micro-assurance et dans l’autonomisation des communautés pastorales.
« N’oublions pas le Sahel », a conclu l’Envoyé spécial, en exhortant la communauté internationale à se montrer généreuse envers la population de la région.
M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, s’est félicité du fait que le déploiement de la MINUSMA avait facilité la tenue « pacifique et réussie » de l’élection présidentielle ainsi que du premier tour des élections législatives, le 24 novembre 2013. Il a ensuite appelé les parties maliennes à redoubler d’efforts afin de surmonter les difficultés qui entravent, selon lui, la mise en œuvre effective de l’Accord préliminaire d’Ouagadougou du 18 juin 2013. Le représentant a aussi voulu qu’une solution soit trouvée sans plus tarder à la question de Kidal car, a-t-il souligné, « il ne saurait y avoir une quelconque zone de non-droit à l’intérieur du territoire malien ».
M. António a ensuite salué l’adoption, par le Conseil de sécurité, de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel. Il a souligné l’importance cruciale d’une coopération sécuritaire renforcée entre les pays de la région sahélo-saharienne, ainsi que de la coordination régionale, interrégionale et internationale dans la lutte contre les menaces dans la région du Sahel. L’observateur de l’Union africaine a par ailleurs indiqué que le Processus de Nouakchott, initié en mars 2013 par la Commission de l’Union africaine, s’était d’ores et déjà révélé être un outil crucial dans les efforts des pays de la région visant à « relever collectivement les défis sécuritaires transnationaux auxquels ils sont confrontés ». Il a précisé qu’il s’agit à terme pour les pays de la
région sahélo-saharienne de bâtir un système de sécurité collective dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité. M. António a ajouté que l’Union africaine envisageait, dans les semaines à venir, « un certain nombre d’initiatives » pour renforcer davantage le Processus de Nouakchott.
Il a également insisté sur « l’importance cruciale » que revêt le développement socioéconomique à long terme dans les efforts visant à créer les conditions d’une stabilité durable dans la région sahélo-saharienne. M. António s’est félicité, en la matière, de la visite conjointe entreprise du 4 au 9 novembre, par le Secrétaire général de l’ONU, la Présidente de la Commission de l’Union africaine, le Président de la Banque mondiale, le Président de la Banque africaine de développement et le Commissaire au développement de l’Union européenne. M. António a aussi fait part de la disponibilité de l’Union africaine à travailler à la mise en place du Secrétariat conjoint sur la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel. Il a par ailleurs indiqué que la Mission pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) avait tenu, les 19 et 20 octobre 2013, un atelier avec l’ensemble des institutions spécialisées et bureaux de liaison de l’Union africaine dans la région pour élaborer son plan d’action. L’Union africaine se propose aussi d’organiser prochainement une réunion de haut niveau de ses institutions spécialisées en vue d’adopter une approche holistique et mieux coordonnée de l’action déjà en cours au Sahel.
M. MICHEL REVEYRAND-DE MENTHON, Représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel, a déclaré que la visite conjointe de haut niveau du Secrétaire général, du Président de la Banque mondiale, de la Présidente de la Commission de l’Union africaine, du Président de la Banque africaine de développement et du Commissaire au développement de l’Union européenne avait montré la volonté de la communauté internationale de poursuivre et d’intensifier les efforts pour aider l’ensemble des pays du Sahel à lutter contre une crise qui les affecte tous. Il a salué la « grande pertinence » de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, en soulignant que les priorités qu’elle a définies -gouvernance, action humanitaire et droits de l’homme, renforcement de la sécurité, s’articulant aux plans national et régional- doivent être celles de tous. C’est sur ce postulat que l’Union européenne a construit sa propre stratégie pour le Sahel il y a trois ans.
La crise que le Mali a traversée et qu’il surmonte peu à peu avec détermination a donné une nouvelle illustration dramatique de la gravité de la crise de sécurité et de développement de la région sahélo-saharienne, tandis que le risque terroriste demeure, a ajouté M. Reveyrand-de Menthon. Pour le Représentant spécial, le soutien de la communauté internationale au nouveau Président du Mali ne doit pas faiblir. La MINUSMA a un rôle essentiel à jouer pour aider les autorités maliennes à restaurer pleinement la souveraineté et l’état de droit sur l’ensemble du territoire malien et à réussir le dialogue et la réconciliation. Le Représentant spécial a insisté sur l’importance d’un engagement fort pour le nord du mali, où, a-t-il estimé, se joue actuellement largement l’avenir de la région tout entière. L’Union européenne est prête à mettre davantage l’accent sur ses efforts aux niveaux diplomatique, opérationnel du développement et de l’action humanitaire, a-t-il ajouté, en précisant que l’Union européenne tenait ses promesses de verser 512 millions d’euros, dont 238 millions seront payés en 2013.
Mais les efforts pour rétablir la paix et la sécurité au Mali resteront vains si la menace se déplace dans d’autres pays de la région, a averti le Représentant spécial. L’Union européenne est déterminée à approfondir la mise en œuvre de sa stratégie pour le développement et la sécurité. « Lorsque nous regardons le Sahel depuis l’Europe, nous découvrons un immense espace pour lequel la géographie crée une solidarité permanente et inévitable », a déclaré M. Reveyrand-de Menthon. « Aujourd’hui, nous le voyons comme une zone de risque, mais c’est en réalité un espace de coopérations multiples et de développement économique », a-t-il ajouté. Pour réduire les tensions actuelles, la seule solution est le développement, la création d’activités et d’emplois, a poursuivi le représentant, qui a rappelé que le Commissaire de l’Union européenne pour le développement avait annoncé que l’Union européenne consacrerait 5 milliards d’euros au Sahel au cours des sept prochaines années.
Pour obtenir une action collective efficace, M. Reveyrand-de Menthon a plaidé pour une coordination étroite des efforts et une approche souple, au niveau mondial comme sur le terrain. Il a ainsi souligné qu’il était urgent de renforcer la coopération et la coordination régionales entre États du Sahel, de l’Afrique de l’Ouest et du Maghreb. L’Union européenne soutient pleinement les initiatives prises par de nombreux États de la région pour développer des mécanismes de coopération interétatiques et est prête à aider davantage pour obtenir la coordination la plus étroite possible avec l’ensemble des partenaires. Le Représentant spécial de l’Union européenne a plaidé pour que l’on aborde les causes profondes de la situation actuelle: pauvreté, inégalité, institutions inadéquates, criminalité, le tout dans un contexte de forte contrainte démographique. La détermination des peuples sahéliens, couplée à la mobilisation de la communauté internationale montre que le pire n’est pas inéluctable et que la crise peut être surmontée si on sait être patient et résolu, a conclu M. Reveyrand-de Menthon.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a rappelé qu’en décembre 2012, la présidence marocaine du Conseil de sécurité avait organisé un important débat thématique, consacré à cette même question du Sahel. Depuis cette date, a-t-il noté, la Stratégie intégrée a été élaborée et est, aujourd’hui, en cours de mise en œuvre. « Le Maroc, bien avant l’adoption de la Stratégie intégrée, avait tenté d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les liens entre terrorisme, trafic d’armes et prises d’otages et il avait appelé à une action préventive concertée », a rappelé son représentant. Les événements au Mali ont malheureusement démontré que les menaces d’instabilité étaient une menace directe et réelle, a-t-il fait remarquer. « Aujourd’hui, avec l’aide de la France et de l’Afrique, le Mali franchit des étapes significatives sur la voie de la normalisation. » Pour le représentant, il convient à présent de faire en sorte que les États Membres de la région s’approprient la Stratégie intégrée, la visite conjointe étant à cet égard révélatrice « d’une volonté de la communauté internationale de voir appliquer cette stratégie dans toute ses dimensions ».
Le représentant du Maroc a, par ailleurs, mentionné la Déclaration de Rabat, adoptée récemment en vue de renforcer la sécurité des frontières entre les pays du Maghreb et du Sahel. « La coopération à ce niveau est indispensable pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme. » Il a également souligné la nécessité de créer des opportunités économiques communes pour dépasser les différends et instaurer des relations de bon voisinage « durables et fructueuses ». « Les 150 millions d’habitants de la région du Sahel ne pourront pas résister longtemps à la tentation d’immigrer si les conditions économiques et sociales ne s’améliorent pas. » « L’assistance internationale doit être à la mesure de leurs besoins actuels », a conclu le représentant.
M. MASOOD KHAN (Pakistan) a salué les efforts internationaux en cours pour appuyer politiquement et économiquement les pays du Sahel. « La région du Sahel est confrontée à des problèmes de gouvernance, au chômage de masse des jeunes, au terrorisme et à une insécurité alimentaire aggravée par le péril climatique », a-t-il constaté, en estimant qu’il était vital de sortir la région de la marginalisation. Le représentant s’est dit convaincu que la mise en œuvre de la Stratégie intégrée était la solution de choix à cette fin. Les pays concernés, a-t-il dit à son tour, doivent s’en approprier pour renforcer leurs capacités institutionnelles. La « Stratégie intégrée que nous avons approuvée défend une approche similaire à celle de la région des Grands Lacs et qui commence à porter des fruits sur le terrain ». Pour le représentant du Pakistan, le nouveau partenariat entre l’ONU et la Banque mondiale dans la région devra être renforcé dans les années à venir.
Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a mentionné les défis auxquels fait face le Sahel, dont la porosité des frontières et l’immensité de la région facilitent le flux des stupéfiants et des armes et profitent ainsi aux terroristes. Elle a ensuite invité l’ONU à agir de manière vigoureuse pour mettre en place la Stratégie intégrée, tout en veillant à ce que les pays concernés s’approprient cette Stratégie. « Mon pays œuvre au renforcement des capacités des pays de la région pour lutter efficacement contre les activités terroristes », a-t-elle assuré. Elle a souligné qu’il était crucial de combattre les idéologies violentes auxquelles pourraient succomber certains individus qui sont dans le dénuement. Les États-Unis, a-t-elle indiqué, contribuent à la lutte contre le trafic d’armes dans la région du Sahel. En conclusion, Mme Power s’est félicitée que l’ONU ait fait de la résilience un des piliers de sa Stratégie intégrée et a réaffirmé le soutien de son pays à sa mise en œuvre.
M. JOON OH (République de Corée) a souligné l’importance d’une mise en œuvre robuste de la Stratégie intégrée de l’ONU pour répondre aux défis que connaît la région. Il a ensuite indiqué que l’appropriation de cette Stratégie par les pays concernés était essentielle. Il a souhaité également que cette mise en œuvre se fasse de manière cohérente, afin de prévenir des chevauchements. Le représentant de la République de Corée s’est ensuite félicité de la récente visite du Secrétaire général dans la région, aux côtés notamment du Président de la Banque mondiale. En conclusion, il a appuyé sans réserve la déclaration lue, ce matin, par le Président du Conseil et remercié le Maroc de l’avoir proposée.
M. GARY QUINLAN (Australie) a estimé que les pays du Sahel devraient être en mesure de conduire les efforts de relèvement, en acceptant de devoir rendre des comptes à leur population. Il a salué, à cet égard, l’établissement de la plateforme de coordination et appelé à un accroissement de la coopération entre les gouvernements nationaux et les organisations régionales et internationales. Le représentant a ajouté qu’en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, les efforts communs sont également nécessaires. « Les menaces doivent être combattues par le biais du renforcement des capacités, de la prévention et de la coordination des actions », a-t-il expliqué. S’agissant de la résilience au Sahel, M. Quinlan a annoncé que son pays avait fourni une aide humanitaire d’un montant de 50 millions de dollars au cours de ces deux dernières années. « Pour briser le cycle des crises humanitaires dans la région, l’accent doit être mis sur la relance de l’agriculture », a-t-il estimé.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a déclaré que la visite conjointe de l’ONU et de la Banque mondiale signifiait que la communauté internationale était prête à relever « de manière coordonnée et intégrée » les défis qui se posent à la région du Sahel, à savoir l’instauration de la sécurité et de la stabilité, l’amélioration de la gouvernance, le développement économique et la distribution efficace de l’aide humanitaire. « La paix et le développement doivent aller de pair, comme l’a indiqué justement le Secrétaire général », a-t-il ajouté, en se disant convaincu que chacun des acteurs mènera à bien le rôle qui lui incombe pour régler les défis complexes qui touchent la région. Le représentant a ainsi invité l’ONU et la Banque mondiale à se soutenir mutuellement tout en continuant à travailler dans leurs domaines d’action respectifs, afin que les États puissent bénéficier pleinement de cette synergie. « Les maux d’un pays ont tendance à s’étendre à d’autres pays à cause de la nature transfrontière des problèmes qui sévissent au Sahel », a-t-il par ailleurs fait remarquer. C’est pourquoi, il a insisté sur le fait que les pays concernés directement par la Stratégie intégrée unissent leurs efforts pour assurer sa mise en œuvre.
M. LIU JIEYI (Chine) a indiqué que la Stratégie intégrée de l’ONU était le signe que la situation au Sahel était l’une des priorités de la communauté internationale. Sa délégation se félicite des résultats positifs obtenus lors de la visite que le Secrétaire général a effectuée, en compagnie du Président de la Banque mondiale, et de la plateforme de coordination convenue récemment à Bamako. Il a ensuite salué les progrès enregistrés au Mali grâce à l’action de la MINUSMA, et ce, même si ce pays a encore un long chemin à parcourir. En ce qui concerne le développement, la communauté internationale doit dûment prendre en compte les vues exprimées par les pays sahéliens, a-t-il demandé. Elle devrait en outre augmenter ses investissements pour renforcer les capacités des pays, a-t-il encouragé, avant de souhaiter que les promesses annoncées en faveur du Sahel se concrétisent rapidement. En conclusion, il a apporté le soutien de son pays à la déclaration présidentielle adoptée ce jour.
Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) s’est dite convaincue que seule une vision stratégique et intégrée permettra de répondre aux défis du Sahel. À ce jour, 11 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire au Sahel, a-t-elle fait remarquer. Elle a ensuite demandé la bonne mise en œuvre de la Stratégie intégrée, en notant que de nombreux progrès avaient été réalisés depuis la présentation de cette Stratégie en juin dernier. La déléguée a ensuite remercié l’Envoyé spécial pour ses remarquables efforts en faveur d’une solution à la situation très complexe au Sahel. Tout en soulignant qu’il incombe en premier lieu aux pays concernés de répondre aux défis de la région, elle a invité la communauté internationale à renforcer son soutien. Elle a ensuite mentionné les progrès accomplis récemment par les pays de la région pour consolider l’état de droit et conforter la sécurité. Enfin, elle a apporté l’appui de son pays à la vision du Maroc en ce qui concerne la gestion intégrée des frontières de la région.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a salué la déclaration présidentielle qui, a-t-il noté, établit une position unifiée et ferme sur la paix et la sécurité au Sahel. Il a ensuite indiqué que le Mali « mais aussi la Mauritanie » étaient sur la voie d’un retour « que nous espérons durable » vers un cycle électoral normal. Il a, à son tour, appelé à la pleine mise en œuvre de la Stratégie intégrée qui pose, selon lui, le cadre d’action requis pour relever les nombreux défis du Sahel. « En impliquant un grand nombre de partenaires internationaux, la Stratégie intégrée doit conduire au renforcement des capacités institutionnelles et sécuritaires de la région », a-t-il insisté. Il faudrait analyser de manière approfondie les menaces transfrontières et faciliter la réconciliation locale, qui est indispensable en dehors des zones urbaines pour assurer la prestation des services publics de base, au premier rang desquels l’éducation et la santé, a insisté le représentant britannique. M. Grant a par ailleurs indiqué que son pays avait proposé un projet de résolution pour s’attaquer aux rançonnements et aux enlèvements qui servent à alimenter le terrorisme dans la région. Il a conclu en soulignant que la résilience des pays du Sahel devrait s’appuyer sur le renforcement de leurs capacités institutionnelles et de gouvernance.
M. KODJO MENAN (Togo) a déclaré que si la Stratégie intégrée des Nations Unies pour la Sahel était devenue une réalité, sa mise en œuvre était cependant un défi en raison des diverses interventions et des multiples facteurs qui doivent être réunis pour réaliser cet objectif. La mobilisation de tous, la coordination des actions et la prise en compte des réalités du terrain sont des exigences incontournables, a-t-il souligné. La visite conjointe du Secrétaire général de l’ONU et du Président de la Banque mondiale, avec la participation de l’Union africaine et de l’Union européenne, dans la région du Sahel constitue un symbole de l’intérêt de voir tous les partenaires se mettre ensemble pour relever le pari et un acte de solidarité à l’égard des populations concernées. Le représentant s’est réjoui de la mise en place à Bamako, au Mali, d’une plateforme de coordination qui se réunira tous les six mois et l’établissement d’un secrétariat technique souple pour soutenir les efforts de coordination de la région.
L’engagement des États devrait permettre de surmonter le défi de mettre les populations au cœur des projets et programmes, a estimé le représentant. À cela s’ajoute l’enjeu du financement de la Stratégie intégrée. Il est important que les appuis financiers tiennent compte des contraintes du milieu et des autres aléas en donnant le temps aux populations d’acquérir une capacité de résilience consolidée, a souligné le représentant pour qui le Mali demeure la vitrine des menaces et défis auxquels la région est confrontée. Il reste aussi le pays pilote pour la mise en œuvre des objectifs de la Stratégie intégrée de l’ONU pour la Sahel, afin d’instaurer la paix, la sécurité et la stabilité et de réaliser son développement économique et social. Le représentant a aussi rappelé que la question de la sécurité et de la stabilité restait, dans l’immédiat, la plus préoccupante. Ceci exige que nous appuyions ces efforts, a-t-il dit.
M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) s’est réjoui de l’adoption de la déclaration présidentielle qui, a-t-il rappelé, avait été présentée à l’initiative du Maroc. Il a plaidé pour une recherche de solutions pérennes aux causes profondes de la crise au Sahel, en rappelant que la région restait confrontée à de sérieux défis sécuritaires. « Les groupes terroristes évoluent sur l’ensemble de la région du Sahel, c’est pourquoi nous devons combattre les périls transfrontaliers de manière coordonnée, en nous appuyant sur un partage accru de l’information. » Le représentant du Rwanda a ensuite souligné qu’il était important de renforcer les capacités de contrôle du territoire des pays, « comme l’y invite la Déclaration de Rabat ». Il a ajouté que les projets de développement à impact rapide et générateurs d’emplois sont indispensables pour lutter contre le terrorisme. « La visite conjointe ONU-Banque mondiale a affiché la volonté de la communauté internationale d’accompagner la paix et le développement dans la région, ce dont témoigne l’établissement de plateforme de coordination », a estimé le représentant du Rwanda. « Ce mécanisme, a-t-il ajouté, avant de conclure, permettra d’améliorer encore la mise en œuvre de la Stratégie intégrée. »
Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a noté que la crise au Mali avait constitué la manifestation la plus aiguë et la plus récente d’un cycle récurrent d’insécurité dans la région du Sahel dont les causes souvent locales, ont des ramifications transnationales. Pour y répondre, a-t-elle dit, il faut une approche régionale intégrée. Elle a salué à cet égard la visite conjointe du Secrétaire général de l’ONU et du Président de la Banque mondiale, avec la participation de l’Union africaine, de l’Union européenne et de la Banque africaine de développement, dans la région. Cette visite a permis d’initier la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et de contribuer à unifier les efforts de la communauté internationale et elle a débouché sur la mise en place d’une plateforme de coordination présidée initialement par le Mali, a rappelé Mme Lucas. « Nous disposons maintenant d’une opportunité pour renforcer le partenariat entre la communauté internationale et les pays de la région du Sahel et pour revoir la manière dont nous coopérons », a estimé la représentante. Dans le cadre du « partenariat étroit » entre le Luxembourg avec plusieurs pays de la région, « nous avons toujours souligné le lien intrinsèque qui existe entre la sécurité, le développement et la protection des droits de l’homme », a indiqué Mme Lucas.
S’agissant de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, la représentante a tenu à mettre l’accent sur trois éléments. Pour stabiliser durablement le Sahel, les pays de la région seront appelés à poursuivre leurs efforts de coopération régionale et interrégionale pour faire face aux défis sécuritaires en commun. Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité, a-t-elle estimé. Dans la majorité des pays du Sahel, a-t-elle ajouté, l’absence de développement, les inégalités et la pauvreté sont la source de nombreuses tensions. C’est pourquoi, la création d’alternatives économiques viables pour les millions de jeunes actuellement sans perspectives est d’une importance fondamentale. Il s’agit de mettre l’accent sur la sécurité alimentaire, le renforcement des capacités productives et le soutien à l’entrepreneuriat local créateur d’emplois mais aussi sur la poursuite de l’intégration économique notamment au niveau du secteur de l’énergie et des infrastructures. Mme Lucas a souligné la nécessité d’accorder une attention particulière au renforcement des institutions étatiques qui, a-t-elle précisé, doivent rendre des comptes, promouvoir la gouvernance locale et fournir des services de base à l’ensemble des citoyens, tout en contribuant à apaiser les tensions internes et à renforcer la cohésion sociale. La participation des femmes devra également être encouragée. Seule une action concertée, durable et volontariste de la part des États de la région, une action qui s’articule autour des priorités nationales tout en intégrant la dimension de la coopération régionale, permettra de stabiliser la région et de favoriser son développement socio-économique, a indiqué la représentante qui a plaidé pour l’intensification de l’assistance humanitaire afin d’aider les populations sahéliennes à renforcer leur résilience. Elle a regretté que l’appel humanitaire de cette année n’ait permis de recueillir que la moitié des fonds.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a indiqué que la réponse aux défis de la région du Sahel ne pouvait être que globale. L’amélioration de la situation dans cette région très troublée est dans l’intérêt de tous, a-t-il dit. C’est dans ce contexte que la Fédération de Russie appuie la mise en œuvre de la Stratégie intégrée de l’ONU, a assuré M. Churkin, en espérant qu’elle obtienne les résultats attendus. Le représentant s’est félicité de ce que les pays de la région appuient sans réserve les efforts en cours. Le délégué de la Fédération de Russie a ensuite critiqué les ingérences flagrantes dans les affaires intérieures de certains pays, lesquelles, a-t-il dit, ont eu des conséquences graves pour la stabilité de la région du Sahel. En ce qui concerne le Mali, il a appelé les autorités de ce pays à intensifier ses efforts de développement. La Fédération de Russie, a-t-il poursuivi, est profondément préoccupée par les cellules terroristes dormantes qui se trouvent dans la région du Sahel. Avant de conclure, M. Churkin a appuyé la déclaration présidentielle que le Conseil de sécurité vient d’adopter.
M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a souligné qu’il était essentiel pour les acteurs régionaux et internationaux pour le Sahel d’adopter une approche cohérente, globale et coordonnée. Il a salué les efforts entrepris par les pays du Sahel eux-mêmes et les organisations régionales compétentes, ainsi que la réunion ministérielle sur la Stratégie intégrée de Bamako, qui s’était tenue le 5 novembre dernier, sous la présidence du Mali. Des approches harmonisées, des mécanismes d’alerte rapide sont nécessaires, de même que le renforcement des capacités nationales, a poursuivi le représentant, qui s’est dit encouragé par la détermination des pays de la région saharo-sahélienne à intensifier leur coopération en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme. À cet égard, il a jugé bienvenue la récente tenue à Rabat de la seconde Conférence régionale sur la sécurité des frontières.
La promotion de la réconciliation communautaire et nationale est un autre point essentiel, a déclaré M. Mehdiyev, qui s’est félicité de l’engagement du Gouvernement malien à traiter des causes profondes de la crise multiple que connaît le pays. Le représentant a également insisté sur la nécessité d’un engagement fort et continu de la communauté internationale pour aider les pays de la région à répondre à leurs besoins les plus urgents, dans le respect de leur souveraineté, de leur indépendance et de leur intégrité territoriale.
M. GÉRARD ARAUD (France) s’est dit extrêmement préoccupé par les défis transnationaux que les pays du Sahel ont à relever en matière de gouvernance, sécurité, situation humanitaire et enjeux du développement. À l’image de l’approche adoptée par l’Union européenne, le représentant de la France a appelé les différents acteurs des Nations Unies à coordonner davantage leurs efforts pour apporter une réponse globale en faveur des pays du Sahel dans les domaines politique, sécuritaire, humanitaire et de développement. Il a appelé à ce que la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel, adoptée en 2012 à la demande du Conseil de sécurité, soit mise au service de la population du Sahel. Rappelant que l’extrême pauvreté est l’une des principales causes des problèmes du Sahel, M. Araud a particulièrement salué les engagements de grande ampleur annoncés par la Banque mondiale et l’Union européenne en faveur des pays du Sahel, lors de la réunion de Bamako du 5 novembre dernier.
« La France, premier bailleur bilatéral dans la région, a également décidé de porter son engagement à 900 000 euros pour la période 2014-2015, soit 1,2 milliard de dollars », a précisé M. Araud. Il a estimé que le Fonds d’action pour le Sahel géré par la Banque africaine de développement pourra contribuer aux efforts internationaux. Soulignant que 10 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire dans la région, M. Araud a appelé à améliorer l’accès de ces personnes aux transports, à l’eau, à la nourriture, à l’éducation et à la santé. Il a ajouté que le développement des espaces désertiques devrait être un axe majeur des efforts de la communauté internationale, avant d’appeler à soutenir le pastoralisme et le développement d’infrastructures permettant de désenclaver ces espaces.
Par ailleurs, le représentant de la France a soutenu que la confiance entre les États concernés en Afrique de l’Ouest et au Maghreb était cruciale pour s’attaquer collectivement aux défis de la région. Notant que les groupes terroristes et les trafics ne connaissent pas de frontières -du Nigéria à la Libye en passant par le Mali, le Niger ou l’Algérie-, M. Araud a salué la tenue de deux conférences sur les frontières, en 2012 à Tripoli, puis en 2013 à Rabat. Il a salué le mécanisme de concertation et de coordination de la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel, mis en place le 5 novembre 2013 à Bamako par les ministres de tous les États de la région. Il a précisé que la France était très engagée à leurs côtés pour renforcer la sécurité dans le Sahel, à titre national comme dans le cadre de la stratégie de l’Union européenne pour le Sahel. C’est pourquoi, a-t-il indiqué, la présidence française du Conseil de sécurité organisera, la semaine prochaine, une réunion sur le trafic de drogues et ses conséquences sur la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel
Déclaration présidentielle
Le Conseil de sécurité déclare de nouveau qu’il reste préoccupé par la situation alarmante qui règne dans la région du Sahel et réaffirme sa volonté de trouver une solution aux problèmes complexes d’ordre sécuritaire et politique de la région, lesquels sont étroitement liés aux questions humanitaires et de développement, ainsi qu’aux effets néfastes des changements climatique et écologique. Il condamne de nouveau fermement les attentats terroristes qui y ont été récemment perpétrés. Il condamne également fermement les atteintes aux droits de l’homme et les violences sur la personne de civils, notamment de femmes et d’enfants, qui sont commises dans la région par des groupes terroristes ou d’autres groupes extrémistes.
Le Conseil réaffirme son ferme attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance politique et à l’unité des pays de la région du Sahel.
Le Conseil souligne qu’il importe de mener une action cohérente, globale et coordonnée embrassant les questions de gouvernance, de sécurité, de développement et de droits de l’homme, ainsi que les questions humanitaires, en vue de combattre les menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité dans la région du Sahel et de s’attaquer à leurs causes profondes, et prie de nouveau le Secrétaire général d’œuvrer rapidement à la mise en œuvre effective de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel. Le Conseil insiste sur l’importance de la coordination de toutes les actions d’ordre politique et humanitaire ou sécuritaire et de développement menées dans l’ensemble de la région du Sahel.
Le Conseil se félicite de la convocation, par le Secrétaire général, d’une réunion de haut niveau sur la situation au Sahel, qui s’est tenue le 26 septembre 2013 en marge de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il est reconnaissant au Secrétaire général et à son Envoyé spécial pour le Sahel de leur action et de ce qu’ils font à titre personnel pour mieux faire connaître les difficultés que connaît la région et mobiliser le soutien de la communauté internationale en sa faveur.
Le Conseil salue à cet égard la visite que le Secrétaire général et le Président du Groupe de la Banque mondiale ont effectuée ensemble dans le Sahel du 4 au 7 novembre 2013, avec la participation de l’Union africaine, de l’Union européenne et de la Banque africaine de développement, pour soutenir les pays de la région et la mise en œuvre de la Stratégie intégrée. Le Conseil se réjouit des annonces de concours financiers, qui viendraient soutenir les grandes priorités nationales et régionales de développement et permettre de s’attaquer aux problèmes complexes de sécurité, de stabilité et de résilience, propres à la région et demande aux partenaires régionaux, multilatéraux et bilatéraux de renforcer leur solidarité constante avec la région du Sahel et d’éviter les doubles emplois, en coordonnant efficacement leurs actions.
Le Conseil considère important de susciter l’appropriation nationale et régionale de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et d’en assurer la mise en œuvre en étroite consultation avec les États du Sahel, de l’Afrique de l’Ouest et du Maghreb, et avec les donateurs et partenaires régionaux et multilatéraux, notamment. Le Conseil se félicite à ce propos de la tenue, à Bamako le 5 novembre 2013, de la réunion ministérielle sur la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, qui constitue une étape importante en la matière, et de l’appui sans réserve que les États de la région apportent à la Stratégie.
Le Conseil prend note des conclusions issues de la réunion ministérielle, y compris la décision de créer une plateforme de coordination qui se réunirait deux fois par an sous la présidence du Mali au cours des deux prochaines années, ainsi que de la création annoncée d’un secrétariat technique souple pour appuyer les efforts de coordination de la région, coprésidé par le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine, et qui comprendrait l’Union du Maghreb arabe, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté des États sahélo-sahariens, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Banque islamique de développement, l’Union européenne et l’Organisation de la coopération islamique. Le Conseil engage tous les acteurs concernés, y compris les principaux donateurs bilatéraux, à rendre pleinement opérationnelle cette plateforme de coordination.
Le Conseil demande de nouveau aux États du Sahel, de l’Afrique de l’Ouest et du Maghreb d’intensifier la coopération et la coordination interrégionales dans l’optique de mettre au point des stratégies non exclusives et efficaces pour mener une lutte globale et intégrée contre les activités des groupes terroristes, prévenir la prolifération de toutes les armes et lutter contre la criminalité transnationale organisée dans la région du Sahel, y compris les activités illicites comme le trafic de drogues, et les liens de plus en plus étroits qu’elle a parfois avec le terrorisme. Le Conseil salue à cet égard la tenue, à Rabat les 13 et 14 novembre 2013, de la deuxième Conférence ministérielle régionale sur la sécurité des frontières entre les États du Sahel et du Maghreb et prend note des conclusions qui en sont issues (S/2013/707).
Le Conseil salue l’action que les États du Sahel et les organisations régionales compétentes continuent de mener pour faire face aux problèmes humanitaires de la région et renforcer la résilience. Il salue également l’appui fourni par certains pays de la région et d’autres donateurs et leur demande de continuer à aider les États du Sahel. Il se félicite des efforts que le Coordonnateur régional des secours humanitaires pour le Sahel déploie, avec le concours du Bureau de la coordination des affaires humanitaires et d’autres acteurs et organismes humanitaires, pour continuer à appeler l’attention sur l’ampleur des difficultés auxquelles la région du Sahel doit faire face, fournir une aide humanitaire aux populations touchées et renforcer la résilience à l’échelle locale, nationale et régionale en vue d’atténuer les effets des catastrophes.
Le Conseil salue l’action menée en faveur des États de la région par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sahel, les Représentants spéciaux du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale ainsi que le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest, le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale et d’autres organismes des Nations Unies qui œuvrent sur le terrain.
Le Conseil réaffirme qu’il importe que toutes les entités des Nations Unies qui concourent à la mise en œuvre de la Stratégie intégrée coordonnent leurs actions de manière à optimiser les synergies. Il se félicite à cet égard des travaux menés par le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest, en coordination avec le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sahel et les entités des Nations Unies compétentes qui œuvrent dans la région, pour créer un mécanisme de coordination efficace et détaillé qui permette aux organismes des Nations Unies mettant en œuvre la Stratégie intégrée de hiérarchiser leurs activités et de se coordonner.
Le Conseil considère les sanctions comme un outil important de la lutte antiterroriste et insiste sur l’importance de la mise en œuvre rapide et effective des résolutions pertinentes, en particulier ses résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011), qui sont des instruments clefs de la lutte contre le terrorisme. Il salue à ce propos l’initiative prise par le Comité des sanctions contre Al-Qaida et son Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions de prendre contact avec les États du Sahel, du Maghreb et des régions voisines afin de réfléchir aux moyens qui permettraient de mettre le régime des sanctions au service des États touchés et renforcer la contribution de ceux-ci, afin d’intégrer ces mesures aux dispositions prises aux niveaux national et régional pour lutter contre la menace d’Al-Qaida dans la région.
Le Conseil salue l’action menée par le Comité contre le terrorisme et sa direction exécutive pour ce qui est de veiller à l’application intégrale de ses résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005) et de faciliter la prestation d’une assistance technique aux États Membres, notamment ceux de la région, et salue également l’initiative qui a été prise d’organiser une séance extraordinaire avec les États Membres et les organisations sous-régionales, régionales et internationales sur l’amélioration de la coopération avec les États de la région du Sahel et de l’assistance technique qui leur est fournie afin de renforcer leurs capacités en matière de lutte mondiale contre le terrorisme, réunion qui s’est tenue au Siège de l’Organisation le 20 septembre 2013.
Le Conseil attend avec intérêt le rapport sur l’état d’avancement de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, que le Secrétaire général devra lui présenter le 30 juin 2014 au plus tard.
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