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CS/10929

Le Secrétaire général appelle le Conseil de sécurité à autoriser le déploiement d’une brigade internationale d’intervention en RDC

5/3/2013
Conseil de sécuritéCS/10929
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6928e séance – après-midi


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL APPELLE LE CONSEIL DE SÉCURITÉ À AUTORISER LE DÉPLOIEMENT D’UNE BRIGADE INTERNATIONALE D’INTERVENTION EN RDC


Relevant de la MONUSCO, la Brigade mènera des opérations offensives contre tous

les groupes armés qui menacent la paix dans l’est du pays, précise M. Ban Ki-moon


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a appelé le Conseil de sécurité, cet après-midi, à autoriser le déploiement d’une brigade internationale d’intervention en République démocratique du Congo (RDC), laquelle serait chargée de mener des « opérations offensives contre tous les groupes armés qui menacent la paix dans l’est » du pays, et de « fournir à la brigade l’appui politique nécessaire ».


« La situation sécuritaire demeure fragile et exige des actions urgentes », a déclaré M. Ban, qui présentait son rapport spécial sur la République démocratique du Congo et la région des Grands Lacs*.


Le Secrétaire général a affirmé que cette brigade d’intervention, relevant de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), et dont l’établissement avait été demandé par les acteurs régionaux, devra « contenir la progression des groupes armés tant congolais qu’étrangers, les neutraliser, et les désarmer ».


Il a précisé que des consultations avec les actuels pays contributeurs de contingents de la MONUSCO et avec des contributeurs potentiels de la brigade internationale avaient lieu afin de préparer, si le Conseil donne son feu vert, le « déploiement rapide » de celle-ci.


M. Ban a également annoncé qu’il nommerait un envoyé spécial pour la région des Grands Lacs qui travaillera en étroite collaboration avec les gouvernements des États de la région pour accompagner la mise en œuvre des mesures prévues aux niveaux national et régional.   


Le représentant de la République démocratique du Congo, M. Ignace Gata Mavita, a expliqué, de son côté, que son pays plaçait « beaucoup d’espoirs » dans les deux initiatives qui découlent de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région, signé le 24 février à Addis-Abeba, « à savoir l’ajout de drones aux capacités de surveillance de la MONUSCO ainsi qu’une brigade d’intervention dont le mandat serait beaucoup plus robuste que les mandats traditionnels de maintien de la paix de l’ONU ».


Tenant compte de la « fragilité de la situation sur le terrain et de l’urgence », le représentant a demandé aux membres du Conseil de sécurité de « prendre rapidement une résolution autorisant le changement du mandat de la MONUSCO » pour en faire ce « mandat beaucoup plus robuste », ainsi que d’autoriser le déploiement rapide de la brigade d’intervention pour « éradiquer les forces négatives, dont le M23, et aider à assurer une surveillance accrue des frontières orientales de la RDC ».


M. Gata Mavita a, de même, appelé les États de la région à exécuter de bonne foi les engagements auxquels ils ont librement souscrit.


« En RDC, des milliers de personnes continuent chaque jour d’être victimes de la guerre.  Avec plus ou moins 8 millions de personnes tuées en 15 ans de guerres successives, les massacres des civils de mon pays présentent l’un des tableaux les plus sombres que l’humanité ait jamais connu depuis la seconde Guerre mondiale », a-t-il conclu.


« La rébellion du M23, qui a commencé en avril 2012, a amené une nouvelle vague de malheurs dans l’est de la RDC », avait auparavant déclaré le Secrétaire général, au début de son intervention.  « Il est en notre pouvoir de rompre ce cycle et de modeler quelque chose de différent », a-t-il dit, estimant que la stabilité à long terme était « possible » mais exigeait de « s’attaquer aux causes profondes de cette violence ».


Une solution durable passe par quatre ingrédients, a indiqué Ban Ki-moon: elle doit être « ancrée dans la volonté politique des dirigeants de tous les pays de la région »; elle doit « examiner les causes structurelles nourrissant l’instabilité à l’intérieur de la RDC elle-même »; elle doit « respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et les préoccupations et intérêts légitimes de tous les pays concernés »; et elle exige « un engagement et un appui à long terme de la part de la communauté internationale ».


M. Ban a de fait préconisé l’adoption d’une « approche globale et innovante », laquelle, a-t-il précisé, est présentée dans son rapport spécial et forme le socle du cadre de coopération conclu à Addis-Abeba.


La signature de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région représente une « chance historique », a dit le Secrétaire général, rappelant que 11 pays des Grands Lacs « se sont engagés à respecter la souveraineté et l’intégrité de leurs voisins, à renforcer l’intégration économique et à ne plus tolérer ni fournir d’appui aux groupes armés ».


* S/2013/119


LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO


Rapport spécial du Secrétaire général sur la République démocratique du Congo et la région des Grands Lacs (S/2013/119)


Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans ce rapport spécial, qui fait suite à la déclaration du Président du Conseil de sécurité adoptée le 19 octobre 2012 (S/PRST/2012/22) et à la résolution 2076 (2012) du 20 novembre 2012, présente les options possibles pour donner à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) les moyens de s’acquitter de son mandat et les implications de celles-ci.


M. Ban expose la situation d’ensemble et les conséquences régionales de la crise survenue récemment dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), et formule des recommandations pour une action régionale collective et intégrée visant à y enrayer le cycle de la violence.


Il propose un ensemble de mesures à prendre aux niveaux national et régional et des recommandations sur l’appui de la communauté internationale, préconisant notamment l’intensification de l’action politique des Nations Unies et le renforcement de la MONUSCO.


Ainsi, à l’appui des objectifs énoncés dans l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région, signé le 24 février à Addis-Abeba, et après avoir consulté l’Union africaine, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, qui sont à l’origine de l’idée qu’une force d’imposition de la paix soit déployée pour faire pièce à la menace que constituent les groupes armés, il est proposé, écrit le Secrétaire général, qu’une brigade d’intervention spéciale relevant de la MONUSCO soit établie pour une période initiale d’un an.


Opérant sous le commandement opérationnel direct du commandant de la force de la MONUSCO et aux côtés d’autres brigades dans l’est de la RDC, la brigade d’intervention exercerait des fonctions d’imposition de la paix consistant à empêcher l’expansion des groupes armés, à les neutraliser et à les désarmer.


Les interventions de la brigade viseraient à créer des conditions propices à la restauration de l’autorité de l’État et à l’établissement d’une stabilité durable.  La présence de la brigade d’intervention permettrait aussi aux FARDC renforcées de disposer de plus de temps pour assumer leur responsabilité première, indique le Secrétaire général.


La brigade d’intervention mènerait, seule ou avec les FARDC, des offensives ciblées et musclées, en faisant preuve d’une grande mobilité et d’adaptabilité.  Pour ses interventions, elle bénéficierait notamment de l’appui aérien de la MONUSCO, qui serait dotée de deux hélicoptères d’attaque et de quatre hélicoptères de manœuvre supplémentaires.  Le coût des opérations de la brigade serait prévu au budget de la Mission.


Le Secrétaire général propose de renforcer les moyens de renseignement dont dispose la MONUSCO, afin de faciliter la collecte, l’analyse et la diffusion des renseignements et, ainsi, d’améliorer la perception des situations et de permettre que des décisions soient prises rapidement.


Il souligne qu’il est proposé que la brigade d’intervention soit composée de trois bataillons d’infanterie, d’unités de soutien, et de multiplicateurs de force.  Cela entraînerait, ajoute-t-il, la création de deux nouveaux bataillons d’infanterie et la réaffectation d’un bataillon existant de la MONUSCO.  Une batterie d’artillerie, une compagnie de forces spéciales, une unité autonome de transmissions et des éléments d’appui constitueraient le reste de la brigade, qui serait déployée dans la limite actuellement approuvée des effectifs de la Mission.


Pour M. Ban, étant donné qu’il n’existe pas de solution militaire aux problèmes dont souffrent l’est de la RDC et la région des Grands Lacs, ce renforcement de la Mission doit être vu comme un instrument d’appui au processus politique entrepris conformément aux principes énoncés dans l’Accord-cadre, et employé parallèlement à des moyens non militaires.


En tant que telle, la brigade doit avoir une stratégie de sortie claire, tenant compte de ce que les Forces armées de la RDC ont la responsabilité principale de la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays.


Dans ses observations, le Secrétaire général estime que si des avancées ont été enregistrées au cours des 14 dernières années vers l’instauration de la stabilité en RDC, la crise provoquée dans l’est du pays par le Mouvement du 23 mars met en évidence la fragilité persistante de la situation qui règne dans l’est du pays et les similitudes qui existent entre cette crise et celles qui l’ont précédée, elles aussi déclenchées par des rebellions.  Cette crise montre que les causes profondes de l’instabilité qui persiste dans l’est n’ont pas encore été correctement traitées, souligne M. Ban.


Le Secrétaire général se dit convaincu qu’il est actuellement possible de s’attaquer collectivement aux causes profondes des conflits qui éclatent dans l’est de la RDC et dans la région des Grands Lacs, et de rompre le cycle de la violence.  Il invite toutes les parties concernées à honorer leurs engagements, tels qu’énoncés dans l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région.


La mise en œuvre de l’Accord-cadre nécessitera que les partenaires internationaux, en particulier ceux qui participent le plus étroitement aux mécanismes de contrôle, apportent un appui politique, technique et financier soutenu, souligne Ban Ki-moon.


Avec les dirigeants de la région, l’Envoyé spécial du Secrétaire général examinera régulièrement les progrès accomplis et proposera des mesures concrètes pour faire avancer la mise en œuvre de l’Accord-cadre, indique-t-il.


Le Secrétaire général invite la communauté internationale à jouer son rôle en veillant à ce que l’Accord-cadre débouche sur des mesures concrètes qui s’attaquent aux causes profondes de l’instabilité dans l’est de la RDC et dans la région des Grands Lacs.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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