En cours au Siège de l'ONU

Soixante-huitième session,
25e & 26e séances plénières, matin & après-midi
AG/11434

L’Assemblée générale adopte la Déclaration du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement

« Réussir la migration »: les États décident de concevoir un programme qui intègre le développement et respecte les droits de l’homme

Le naufrage d’un bateau transportant des migrants africains près de Lampedusa, en mer Méditerranée, « nous rappelle l’urgence de l’action », a souligné, d’un ton grave, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en ouvrant ce matin à l’Assemblée générale, le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement.   

L’Assemblée générale a adopté*, sans vote, la « Déclaration du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement », par laquelle les États décident d’œuvrer à la mise au point d’un programme efficace et inclusif pour les migrations internationales, qui intègre le développement et respecte les droits de l’homme.

Reconnaissant l’importante contribution apportée par les migrants et les migrations au développement des pays d’origine, de transit et de destination, l’Assemblée a entamé un dialogue de deux jours ayant pour thème général la « définition de mesures concrètes permettant de renforcer la cohérence et la coopération à tous les niveaux, en vue d’optimiser les avantages des migrations internationales pour les migrants comme pour les pays et leurs liens importants avec le développement, tout en en réduisant les répercussions négatives ».

Des progrès ont été accomplis pour relever les défis de la migration depuis 2006, année du premier Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, a souligné le Président de l’Assemblée générale, M. John Ashe.

Selon lui, ce nouveau dialogue arrive à un moment critique pour les Nations Unies, puisqu’il convient de placer la migration au cœur du programme de développement pour l’après-2015.

« Le visage de la migration est en train de changer », a assuré le Secrétaire général.

Sur 232 millions de migrants internationaux, 50% sont des femmes et 10% ont moins de 15 ans.  En outre, 4 migrants sur 10 vivent dans des pays en développement.

Dans son rapport sur la question**, M. Ban a présenté un programme d’action en huit points pour « Réussir la migration ».  En plus de protéger les droits de l’homme de tous les migrants, il s’agit notamment d’éliminer l’exploitation des migrants, y compris la traite des êtres humains, et d’améliorer le sort des migrants en détresse.  Le Secrétaire général propose également de réduire les coûts de la migration des travailleurs et d’intégrer la migration à l’agenda pour le développement.

À l’ouverture de la séance plénière, des déclarations liminaires ont également été prononcées par le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Néstor Osorio, et par un professeur d’université spécialiste des migrations ainsi qu’un représentant des migrants.

Pour permettre un échange de vues entre les parties prenantes, quatre tables rondes se déroulent en parallèle, coprésidées chacune par deux représentants nommés par le Président de l’Assemblée générale.

Plus d’une soixantaine de délégations ont pris, aujourd’hui, la parole pour illustrer le lien important et complexe qui existe entre les migrations internationales et le développement.  Elles ont souligné la nécessité de faire face aux difficultés que les migrations présentent pour leurs pays, qu’ils soient d’origine, de transit et de destination, et d’exploiter leur potentiel.

Le Ministre de la défense, de la sécurité nationale et de l’immigration de Fidji, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a estimé ainsi que le défi de la communauté internationale était de vaincre les approches biaisées en matière de migrations et de travailler d’un commun accord pour faciliter la sécurité et la mobilité des travailleurs migrants.

Au nom des pays membres du Processus de Colombo, le Ministre des expatriés et de l’emploi à l’étranger du Bangladesh, a reconnu à son tour la nécessité de sécuriser les parcours migratoires et de promouvoir les droits de l’homme des travailleurs migrants et des membres de leurs familles.

Pour le représentant de l’Éthiopie, qui parlait au nom dE l’Union africaine, la question migratoire a été la grande oubliée des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et « il est temps que cela change ».  Au nom de la communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, le représentant de Cuba a appelé les États Membres à mettre fin aux longues périodes de détention des migrants n’ayant pas commis de crimes.

À l’instar de plusieurs pays qui ont dénoncé l’exploitation des migrants vulnérables, en particulier les femmes et les mineurs, les représentantes de l’Union européenne et des États-Unis ont mis en avant la lutte contre la traite des êtres humains.  « La migration est un processus à gérer et non un problème à résoudre », a résumé la représentante du Gouvernement canadien.

L’impact de la hausse des migrations Sud-Sud a largement été évoqué et les États ont souhaité disposer à l’avenir de davantage de données factuelles sur la migration.  En outre, des pays comme l’Algérie ou la Gambie ont déploré la fuite des cerveaux des pays du Sud vers les pays du Nord. 

La notion de migrants en détresse a également fait l’objet de plusieurs références, en particulier ceux qui sont pris dans des crises politiques ou environnementales.

L’Assemblée générale poursuivra demain son dialogue de haut niveau, à partir de 10 heures. 

*A/68/L.5
**A/68/190

 

MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE: MIGRATIONS INTERNATIONALES ET DÉVELOPPEMENT: DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LES MIGRATIONS INTERNATIONALES ET LE DÉVELOPPEMENT

Rapport du Secrétaire général sur les migrations et le développement (A/68/190)

Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans ce rapport, donne un aperçu général des progrès accomplis pour relever les défis de la migration depuis 2006, année du premier Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement.

Le Secrétaire général propose huit mesures concrètes pour le suivi de ce deuxième Dialogue de haut niveau, qui se tient aujourd’hui et demain.  Ces mesures, écrit-il, visent à « assurer un avenir meilleur à la fois aux migrants et aux communautés ».

Intitulé « Réussir la migration », ce programme d’action s’attache à protéger les droits de l’homme de tous les migrants, à réduire les coûts de la migration des travailleurs, à éliminer l’exploitation des migrants, y compris la traite des êtres humains, à améliorer le sort des migrants en détresse, à améliorer la perception des migrants de la part du public, à intégrer la migration à l’agenda du développement et à renforcer la base de données factuelles sur la migration et celui des partenariats de migration et de coopération.

Si, depuis 2006, de réels progrès ont été accomplis dans la compréhension des effets que produisent les 232 millions de migrants internationaux sur le développement de leurs pays d’origine et de destination, « il est temps d’agir de manière plus systématique et responsable, en assurant une approche sensible au genre et à l’âge et fondée sur les droits à la migration internationale », souligne le Secrétaire général.

La migration, poursuit-il, « réduit la pauvreté dans une mesure extraordinaire ».  « Lorsqu’ils se déplacent, certains migrants multiplient leur revenu et font doubler le taux de scolarisation de leurs enfants. L’argent qu’ils envoient à leurs familles pour les aider à aller à l’école, payer les soins médicaux, et équiper leurs maisons en eau et en électricité. Les flux d’envois de fonds officiels vers les pays en développement ont atteint à eux seuls 401 milliards de dollars l’an dernier ».

« Les migrants jouent un rôle important dans l’économie mondiale en aidant à répondre aux besoins essentiels en matière de compétences et de main-d’œuvre.  Les pays de destination comptent sur eux pour combler les lacunes du marché du travail à tous les niveaux et pour ouvrir de nouveaux marchés. »

Le Dialogue de haut niveau, note-t-il, vise à « délibérer sur un ordre du jour axé sur l’action pour créer un système de mobilité internationale plus sûr, plus transparent qui protège les droits des migrants, sert les intérêts économiques communs, favorise la cohésion de sociétés multiculturelles, traite les inquiétudes du public par rapport à la migration, et les points de vue des migrants en tant que membres vitaux de nos collectivités ».

Le Secrétaire général résume les tendances migratoires mondiales basées sur les dernières données disponibles, met en évidence les flux migratoires récents, et examine le rôle des migrations par rapport à l’évolution future de la population.

De même, appréhende-t-il les aspects multidimensionnels des migrations et du développement, avec un accent particulier mis sur l’impact des migrations sur le développement mondial.

M. Ban présente également les leçons apprises par le système des Nations Unies ainsi que par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en ce qui concerne la promotion des avantages de la migration en faveur du développement social et économique, en fournissant une réponse inter-institutions cohérente à la migration, et en appliquant des règles et des normes internationales pertinentes.

Déclarations liminaires

M. JOHN W. ASHE, Président de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale, a déclaré à l’ouverture du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, que ces deux jours permettraient d’aborder à la fois les défis et les opportunités tant pour les pays que pour les migrants.  Il s’agit, a-t-il dit, de s’interroger sur la manière dont la migration bénéficie aux sociétés tout en réduisant les effets préjudiciables, a-t-il précisé.

Évoquant la situation dans son propre pays, qui est à la fois un pays d’origine et de destination, M. Ashe a indiqué que certains de ses citoyens investissaient, créaient des entreprises et envoyaient des fonds dans leurs pays tout comme ils y contribuaient aux projets dé développement.

Le Président de l’Assemblée générale a ajouté que la résolution de l’Assemblée générale sur la migration avait marqué un tournant car elle avait débloqué la question de la migration qui, pendant si longtemps à l’échelle internationale, était considérée comme un sujet délicat.

Par cette résolution, l’Assemblée générale a clairement reconnu que ce sujet méritait l’attention des États Membres.  La gestion de la migration internationale incombe aux pays d’origine comme à ceux de destination, a-t-il affirmé.  Les progrès ont été considérables ces dernières années, notamment par la sensibilisation sur l’importance de ce dossier, par l’adoption d’un certain nombre de résolutions par la Deuxième et la Troisième Commissions ainsi que par la création, en 2006, du Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD), en tant qu’enceinte de dialogue pour favoriser les échanges entre les États face à des défis concrets en vue de trouver des solutions pratiques.

Le système de l’ONU coordonne ces travaux à travers le Groupe de travail mondial sur la migration.  Le 25 juin 2013, la présidence du Forum a organisé un dialogue qui a fait le bilan des progrès réalisés jusqu’à présent et mis en exergue les obstacles à surmonter depuis le début de cet exercice en 2006.  Il s’agit de cibler des objectifs quantifiables, a préconisé M. Ashe.

Depuis la tenue du premier Dialogue sur les migrations internationales et le développement en 2006, le phénomène n’a cessé d’évoluer.  Dans plusieurs régions, y compris en développement, la mobilité interrégionale est en augmentation.  Cette évolution pose de nouveaux défis, en particulier avec la montée de la xénophobie, et des mesures ont été prises par les pays concernés pour promouvoir la libre circulation des citoyens.

Ainsi, l’Union européenne a mis en œuvre des mesures en matière d’amélioration des services de santé aux migrants.  D’autre part, les répercussions de la crise économique ont fait que les migrants sont devenus des boucs émissaires faciles.  Il incombe dès lors aux Nations Unies de reconnaître les droits des migrants et de pleinement les protéger, notamment ceux des plus vulnérables parmi eux comme les enfants, les jeunes, les femmes et les migrants issus de crises humanitaires. 

Ce dialogue arrive à un moment critique pour les Nations Unies, a déclaré M. Ashe, pour qui la tâche ambitieuse consiste à définir une nouvelle voie en matière de migrations internationales en la reliant au développement, dans la perspective du programme de développement pour l’après-2015. 

Ce faisant, il convient de s’assurer que la migration soit au cœur du développement, a-t-il conclu, en invitant les États Membres à partager les expériences et bonnes pratiques, et à veiller à reconnaître la responsabilité partagée des pays d’origine et de destination.  Soulignant la nécessité de respecter la dignité humaine et l’état de droit, il a rappelé que l’objectif visait à assurer un avenir meilleur à la fois aux 232 millions de migrants et aux communautés.  Il a encouragé à être à l’écoute, à échanger et à faire de nouvelles percées. 

Le naufrage récent de dizaines de migrants africains en mer Méditerranée nous rappelle l’urgence de l’action, a commencé par déclarer, avec tristesse, le Secrétaire général de l’ONU, M. BAN KI-MOON.

Malgré tout, il s’est félicité des progrès réalisés depuis sept ans.

Aujourd’hui, a-t-il dit, nous sommes unis dans une déclaration commune sur l’importance de la migration pour le développement et sur la protection des droits de tous les migrants.

Ces progrès ont été rendus possibles grâce au climat de confiance établi dans le cadre du Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD).

« Le visage de la migration est en train de changer », a assuré le Secrétaire général.

Aujourd’hui, les migrants sont issus et se rendent dans plus de régions qu’avant.

La moitié des migrants sont des femmes et un migrant sur dix a moins de 15 ans.  En outre, 4 migrants sur 10 vivent dans des pays en développement.

Compte tenu des ces réalités complexes, « nous devons œuvrer de concert, avec courage et avec vision, sachant que nos actions auront un impact sur des millions de femmes, d’hommes et d’enfants », a prévenu M. Ban.

Dans son rapport à l’Assemblée générale, le Secrétaire général a proposé un ambitieux programme d’action en huit points en vue de « réussir la migration » pour tous: migrants, sociétés d’origine et sociétés de destination.

Il faut faire davantage pour protéger les droits de l’homme de tous les migrants, a souligné M. Ban en présentant brièvement sa philosophie.

« Nous ne pouvons rester dans le mutisme. »  « Nous devons éliminer toute forme de discrimination contre les migrants », a-t-il insisté.

Il a demandé à tous les États de ratifier et de mettre en application les instruments juridiques internationaux pertinents.

Ensuite, « nous devons baisser les coûts de la migration ».  Les transferts de fonds devraient atteindre 500 milliards cette année et plus de 700 milliards en 2016.

« Nous devons éliminer l’exploitation des migrants, y compris la traite des êtres humains.  Ces crimes perpétuent des cycles vicieux d’abus, de violence et de pauvreté, auxquels les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables. »

De même, le sort des migrants en détresse doit être amélioré, a continué d’expliquer le Secrétaire général.  Les migrants se trouvent souvent dans des situations de conflit ou de catastrophe naturelle.

La perception des migrants de la part du public doit être également améliorée, dans la mesure où les migrants apportent une contribution important aux pays de destination.

En outre, a poursuivi M. Ban, « nous devons intégrer la migration à l’agenda pour le développement, d’autant plus que les négociations sont en cours sur le programme de développement pour l’après-2015 ».

Enfin, « nous devons renforcer la base de données factuelles sur la migration, ainsi que les partenariats de migration et de coopération ».

La migration est une expression de l’aspiration humaine à la dignité, à la sécurité et à un futur meilleur, a conclu M. Ban.  C’est notre responsabilité collective de réussir la migration pour les migrants et les pays eux-mêmes.

M. NÉSTOR OSORIO (Colombie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a fait valoir que les migrations internationales étaient un moteur essentiel du développement car contribuant à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a mis l’accent également sur leur caractère essentiel dans le processus du développement durable.

M. Osorio estime que les migrations ont le pouvoir de transformer de manière positive la vie des individus et leurs familles, allusion faite notamment aux transferts de fonds effectués chaque année par les migrants vers leur pays d’origine, lesquels s’élevaient en 2012 à 400 milliards de dollars.  Cela démontre que les migrations aident considérablement à l’amélioration des conditions de vie et au bien-être de dizaines de millions de famille à travers le monde, a-t-il déclaré. 

Le Président de l’ECOSOC s’est félicité de la mise en place du Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD) et a salué les progrès réalisés depuis le premier Dialogue de haut niveau, grâce à la détermination des États Membres.  Toutefois, il a lancé un appel aux dirigeants des pays d’origine, de transit et de destination pour qu’ils mettent en place un programme d’action visant à créer un système plus sûr et plus transparent de la mobilité internationale qui protège notamment les droits fondamentaux des migrants. 

Tout en appuyant les propositions contenues dans le dernier rapport du Secrétaire général, M. Osorio a exhorté le Groupe mondial sur la migration à continuer d’être un acteur clef et à évaluer les progrès réalisés dans les domaines de la migration et du développement.

M. TOBIAS BILLSTRÖM, Président en exercice du Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD), a fait état de la tragédie de ce matin où des centaines de migrants entassés dans une embarcation de fortune ont perdu la vie au large de l’île italienne de Lampedusa.  Il a souligné que cette nouvelle tragédie venait rappeler l’importance de ces deux jours de dialogue sur les migrations et le développement.

Faisant un historique des jalons posés depuis le premier Dialogue sur les migrations internationales et le développement que l’Assemblée avait tenu en 2006, il s’est félicité de la création du Forum, qui est devenu une enceinte incontournable dans un processus innovant de dialogue franc et constructif. 

Le Forum s’est transformé en une plateforme pour toutes les parties concernées par les migrations, ce qui a permis de discuter de tous les aspects des migrations et du développement.  Au fil des ans, les États et les parties prenantes ont participé à des discussions sur des stratégies pratiques et constructives sur les droits des migrants, la cohérence des politiques, le travail et la mobilité, les diasporas, les transferts de fonds, le développement humain, la migration irrégulière, la coordination du dialogue et la manière de faire participer la société civile et le secteur privé à cette problématique.

La responsabilité commune de protection des droits des migrants a également été débattue, avec un accent mis sur le capital humain que représentent les migrants et sur leur contribution tant dans les pays d’origine que de destination.  Des thèmes comme la migration Sud-Sud ou la migration dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015 ont également été abordés.

Il a salué le succès attesté du FMMD et a préconisé de nouvelles mesures en vue de son renforcement sur la base d’un appui cohérent des gouvernements et des parties concernées.  Il a également salué l’engagement du Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations internationales et le développement, M. Peter Sutherland, dont l’engagement a été crucial pour la réussite du Forum.  

M. IAN GOLDIN, Professeur à l’Université d’Oxford et spécialiste des migrations internationales, a décrit un environnement mondial sombre où les décisions en matière de migration, mais aussi dans les domaines du commerce et de l’environnement, sont bloquées dans beaucoup de pays.  Ceci est d’autant plus évident que le monde est marqué par l’interconnectivité entre la vie des gens et la vie politique.  Pourtant, tout changement, même mineur, apporté aux migrations entraîne des gains importants pour les pays d’origine et de destination ainsi que des effets durables pour les générations futures.

« Nous sommes tous des migrants en puissance », a fait valoir M. Goulding.  « Les États-Unis ne seraient pas ce qu’ils sont aujourd’hui sans les migrations.  Steve job n’aurait pas lancé Apple si ses parents n’avaient pas immigré. »

« On croit à la liberté mais pas à la liberté de circulation des migrants », s’est étonné le professeur.  Dans son livre intitulé « Exceptional people », il examine de près la dynamique nécessaire à long terme pour faire évoluer les sociétés.  Selon lui, le problème est dans les perceptions qui ne sont pas appuyées par les faits.  

Il ne s’agit pas de passer le fardeau aux communautés locales.  La migration est une responsabilité nationale; les bénéfices à long terme doivent être assumés par les gouvernements.  « Pour les pays en développement, comme pour les pays les plus avancés, il n’y pas de débat plus important que celui-ci et il doit se traduire en mesures concrètes », a conclu l’intervenant.

M. GIBRIL FAAHL, représentant la Fondation africaine pour le développement, a rappelé aux délégués que se trouvaient parmi eux de nombreux migrants.  « Partout où je regarde dans cette salle, je vois des migrants.  Partout où je regarde dans cette salle, je vois des fils de migrants », a-t-il déclaré en regrettant que, selon lui, le monde avait sanctifié le droit à la terre au détriment de la santé des peuples et de l’humanité. 

M. Faahl a préconisé une évolution des attitudes et de la diaspora et jugé qu’un partenariat basé sur la confiance devait s’imposer car  « nous avons besoin de la diaspora ».  Il a en outre affirmé que les transformations profondes engendrées par le développement devaient être prises en compte dans la détermination du programme de développement pour l’après-2015.

« Nous vous demandons un aval pour le plan d’action pour les cinq ans à venir afin d’y inclure la société civile ».  Cette demande vise, selon lui, à unir tous ceux qui veulent obtenir un emploi décent pour tous car « la migration doit devenir un choix et non pas une nécessité désespérée ».

Il a également rappelé que la diaspora contribuait au développement des pays d’origine et de destination.  « Les 232 millions de migrants sont un partenaire de premier plan du développement.  Quand vous rentrerez chez vous, dites aux migrants, aux sceptiques et aux optimistes que les parties prenantes se sont rassemblées et qu’il est temps d’avoir de l’espoir. »

Mme CATHY TACTAQUIN, Rapporteuse des auditions informelles interactives de la société civile, a présenté les grandes lignes du programme d’action quinquennal en huit points « Réussir la migration » avalisé par de nombreuses organisations non gouvernementales.  Six-cent ONG se sont rassemblées en janvier puis en juillet de cette année, a-t-elle indiqué, qualifiant ces réunions de « fait sans précédent » rendu possible par la création du Forum mondial sur la migration et le développement.

Elle a ensuite invité à passer de la réflexion à l’action afin d’améliorer la situation des migrants sur la base du programme d’action du Secrétaire général.  Elle a appelé à se pencher davantage sur la contribution des migrants aux pays d’accueil, de sorte que la migration devienne un choix.  Dans ce contexte, il faut veiller à mettre au point des plans pour assister les migrants pris dans des situations inextricables où ils sont exploités par des personnes sans scrupules, ou dans des situations d’urgence et de catastrophes naturelles. 

Suite à des tragédies comme celle de Lampedusa, des milliers de candidats à la migration ont perdu la vie ces dernières années, a-t-elle rappelé, en exhortant à l’application de législations qui respectent le droit à une justice équitable et à la protection des migrants en toutes circonstances et indépendamment de leur statut.

D’autre part, la société civile exige un recensement des normes et des mécanismes du travail des migrants.  Les droits des migrants ne sauraient être pleinement protégés sans un cadre normatif clair incluant leur protection, a insisté Mme Tactaquin.

Souvent, la vie du migrant est une existence ponctuée par l’incertitude et la violence alors qu’il abandonne son pays d’origine et sa famille dans l’espoir d’une vie meilleure, en particulier économique, pour lui et les siens, a-t-elle conclu.  Il s’agit donc de huit points axés sur une collaboration concrète, a-t-elle résumé.  

Déclarations

M. JOKETANI COKANASIGA, Ministre de la défense, de la sécurité nationale et de l’immigration de Fidji, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a estimé que le défi de la communauté internationale était de vaincre les approches biaisées en matière de migration et de travailler de commun accord pour faciliter la sécurité et la mobilité des travailleurs migrants.  Pour le Groupe des 77 et la Chine, les migrants sont des personnes responsables qui essaient de gagner leur vie et aider leurs familles.  Dans ce contexte, ils devraient recevoir la protection des États, même si ces derniers conservent leur souveraineté en matière d’entrée et de séjour dans leurs territoires.

Le dialogue entre tous les acteurs pertinents de la migration devrait donc être ouvert et clarifié, a dit le représentant, ajoutant que de telles discussions permettraient de trouver des solutions d’ensemble.  Les pays d’origine et d’accueil devraient dans cette perspective, reconnaître leurs responsabilités, a-t-il ajouté.

Le représentant a également estimé que la question migratoire ne devait pas être séparée des questions plus larges comme la sécurité nationale, le marché de l’emploi ou encore de la politique économique.  Elle devrait au contraire être intégrée au programme de développement et aller au-delà du contexte local.  C’est dans cette optique que le Groupe souligne la nécessité d’une coopération en ce qui concerne la question migratoire, incluant les questions relatives à la mobilité du travail.

Les politiques formulées dans le cadre de cette coopération doivent par ailleurs prendre en compte les contraintes économiques et les conséquences sociales de la migration dans les pays d’accueil.  De leur côté, les pays d’origine doivent fournir une information de qualité et accessible aux personnes désireuses de migrer, incluant les risques encourus, notamment de maladie et de trafic d’êtres humains.  Enfin, le Groupe demande la levée des législations pénalisant ou criminalisant la migration, ainsi que la rédaction des coûts des transferts internationaux d’argent dans les pays d’origine, a conclu le représentant.

M. TEKEDU ALEMU (Éthiopie) qui s’exprimait au nom de l’Union africaine, a déclaré qu’en dépit de son caractère crucial, la question migratoire avait été la grande oubliée des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il est temps que cela change, a déclaré le représentant.  Selon lui, s’attaquer à la complexité de la relation entre migrations et développement exige un engagement ferme, aussi bien au niveau individuel qu’au niveau collectif.  Pour cela il faut d’abord reconnaître de manière consensuelle le rôle positif joué par les migrants dans le développement économique des pays d’origine, de transit et de destination.  Il faut ensuite s’accorder sur les défis rencontrés par les migrants et leurs difficultés à approcher les autorités pour dénoncer les abus dont ils sont victimes, a encore dit le représentant.

Abordant la situation des travailleurs migrants africains dans le monde, il a souligné leur contribution au développement économique des pays d’origine.  Ainsi, la part de leurs contributions au produit intérieur brut de ces pays n’a cessé de progresser ces dernières années.  Parallèlement, se pose la question de la fuite des cerveaux qui prive ces pays de personnels qualifiés et professionnels, a-t-il observé.

Pour le représentant, on devrait pouvoir trouver une formule qui garantisse à la fois les intérêts individuels, ceux des États d’accueil et d’origine, sans nuire au rôle des travailleurs migrants dans le processus de développement des pays concernés.  La déclaration qui sortira de cette rencontre devrait pouvoir aborder toutes ces questions, a conclu la délégation.

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba), qui s’exprimait au nom des États membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a indiqué que les pays d’origine, d’accueil et de transit devaient travailler ensemble pour trouver des solutions aux défis de la migration internationale.  La CELAC croit que le lien entre migration, développement et droits de l’homme devrait être débattu.  Elle considère que la facilitation du flux migratoire est un élément central pour le développement humain des migrants, leurs familles et les sociétés de destination.  En conséquence, elle devrait être incluse dans les délibérations, a suggéré le représentant.  Il a ajouté qu’au niveau multilatéral, il avait été difficile de tenir un débat formel, complet et permanent sur la migration internationale en raison des différentes approches et politiques existantes.  Il a alors reconnu qu’il était important de faire face aux racines de la migration internationale en lien avec les politiques économiques internationales et notamment avec le modèle de développement actuel.

 

Les États membres de la CELAC reconnaissent l’importance de garder les liens entre les migrants et leurs pays d’origine y compris leurs cultures, langues et traditions ainsi que leurs contributions.  Les envois de fonds ne devraient pas être considérés comme un substitut à l’investissement direct international, à l’aide au développement, à la remise de dettes ou à d’autres formes de politique de développement car ils représentent des sources de financement privées, a souligné le représentant. 

 

Il a aussi regretté que les contributions des migrants au développement économique et social des pays d’accueil ne soient toujours pas reconnues.  Puis, il a réitéré le souci de la CELAC concernant la détérioration des conditions d’emploi et de travail de travailleurs migrants et de leurs familles ainsi que le manque de garantie en ce qui concerne leurs droits fondamentaux qui ont empiré avec les crises économique, financière et environnementale actuelles. 

 

« Nous exhortons tous les pays à garantir la promotion, la protection et la diffusion des droits de l’homme des migrants en particulier les enfants et les adolescents et spécialement ceux qui voyagent seuls, les femmes pauvres, les mères célibataires, les femmes handicapées, les personnes âgées, les peuples autochtones sans tenir compte de leur statut de migrant à travers un processus qui permettrait la réunification des familles, conformément aux lois internationales, les obligations et les engagements des États Membres », a-t-il estimé. 

 

Il a aussi regretté l’adoption par des gouvernements de mesures criminalisant la migration et les migrants avec un statut de migrant irrégulier.  Il a appelé les États Membres à mettre fin aux longues périodes de détention des migrants qui n’ont pas commis de crimes et à éliminer les lois fondées sur des objectifs politiques discriminatoires à l’égard des migrants. 

 

M. KHANDKER MOSHARRAF HOSSAIN, (Bangladesh), dont le pays est celui de nombreux travailleurs migrants dans le monde, s’est demandé comment, après 2015, les travailleurs migrants contribueraient au développement des sociétés et des économies mondiales.  Cette question exige un partenariat qui ne tienne pas seulement compte de leurs apports financiers mais également sociétaux.  Cela implique un renoncement aux stéréotypes dont sont souvent victimes les migrants, a expliqué le représentant. 

 

Pour y parvenir, il faut inclure la question migratoire dans le discours politique et la planification nationale, sécuriser les parcours migratoires et promouvoir les droits de l’homme des travailleurs migrants et des membres de leurs familles, a-t-il dit.  Il faut également mettre en place des systèmes de gouvernance de la migration, notamment avec la société civile et le secteur privé, avec une priorité accrue pour leur bien-être.

 

S’exprimant ensuite au nom des pays membres du Processus de Colombo, le représentant a déclaré que les discussions de haut niveau devaient mettre en lumière la nécessité d’inclure la migration dans les politiques de développement national et sectoriel, souligner l’importance de la coopération régionale et bilatérale en matière de reconnaissance des apports de la migration et promouvoir la protection de leurs droits.  Pour lui, l’objectif de ce Débat de haut niveau est d’identifier les moyens d’améliorer et de renforcer les bénéfices de la migration, tant pour les pays d’accueil que d’origine.

 

M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin) a fait observer, au nom des pays les moins avancés (PMA), qu’au cours de ces dernières années, le phénomène de la migration avait pris de l’envergure et était devenu plus complexe avec un impact plus accru en raison de facteurs tels que la transition démographique, la croissance économique, la crise économique mondiale, le changement climatique et la dégradation de l’environnement. 

 

Le rôle que jouent les facteurs de la pauvreté endémique, du chômage, du sous-emploi, de l’absence de perspectives socioéconomiques, de la discrimination, de la marginalisation, voire l’exclusion sociale, s’ajoute aux changements dans la production mondiale associée à la mondialisation des marchés du travail.  Tout ceci, a-t-il souligné, continue de provoquer les mouvements internationaux de la main-d’œuvre.  Les facteurs environnementaux peuvent aussi être un moteur de la migration, a-t-il ajouté.

 

M. Zinsou s’est également penché sur les aspects positifs de la migration et cité une récente étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques(OCDE) qui a révélé que les travailleurs migrants contribuaient davantage en termes de taxes et de cotisations à la sécurité sociale qu’ils ne recevaient en termes de prestations sociales individuelles. Cependant, l’émigration des travailleurs hautement qualifiés, ou « fuite des cerveaux », entraîne des pertes énormes en capital humain dans les pays les moins avancés. 

 

Cette ponction peut affecter de manière considérable la fourniture de services essentiels, l’assiette fiscale et le taux de croissance dans certains pays et l’émigration peut également induire une poussée vers le haut sur les salaires et une inflation dans les pays d’origine, a-t-il expliqué, en appelant la communauté internationale à prendre des mesures efficaces en vue de la libéralisation des marchés pour la libre circulation des prestataires de services.  « Nous devons former une grande coalition pour fixer et appliquer des normes mutuellement acceptables pour l’accueil et les conditions de vie des travailleurs migrants », a-t-il proposé, en encourageant à une simplification des conditions d’intégration des migrants.   

 

M. KONSTANTIN ROMODANOVSKY, Directeur du Service fédéral des migrations de la Fédération de Russie, a indiqué que son pays se situait à la deuxième place pour l’accueil de migrants depuis le démantèlement de l’URSS.  À tout moment, il y a onze millions d’étrangers ou d’apatrides en Russie.  Un « livre blanc » sur l’immigration défend les droits des citoyens russes et des étrangers.  Il existe notamment des instruments adaptés aux migrants peu qualifiés.

 

La Fédération de Russie s’acquitte pleinement de ses obligations humanitaires vis-à-vis des migrants, a assuré le représentant.  Elle a réduit l’apatridie et a mis en place le principe de réadmission.  Le nombre d’étrangers travaillant légalement en Russie a été multiplié par 2 depuis trois ans et l’immigration clandestine a diminué.

 

Aucun État ne peut faire face à lui seul au défi posé par l’immigration.  Depuis 2007, la Fédération de Russie travaille avec les États de la Communauté d’États indépendants (CEI).  Dans le cadre de cette coopération, la CEI a formé une confédération des travailleurs sous la forme d’une union douanière et contribué à l’intégration eurasienne.

 

M. PENDUKENI IIVULA-ITHANA, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration de la Namibie, a estimé que ce dialogue représentait une opportunité de partager ce qui a été fait depuis le premier Dialogue de haut niveau de 2006.  Il a relevé que la présente rencontre devrait également permettre de rappeler que les migrants étaient des agents de développement, et de faire que les migrations fassent partie intégrante des thématiques du prochain programme de développement pour l’après-2015. 

 

Il a ensuite indiqué que la Namibie avait adapté sa législation nationale en établissant des lois qui protègent les droits et libertés des migrants.  Il a aussi souligné la mise en place, par le Gouvernement namibien, d’un comité de coordination interministériel sur les questions des migrations.  Il a expliqué que cette approche gouvernementale était guidée par le fait que les migrations et le développement étaient imbriqués et pourraient constituer un catalyseur pour l’économie. 

 

M. Iivula-Ithana a par ailleurs rappelé que les migrations constituaient un phénomène mondial, et que tous les États étaient, virtuellement, en même temps pays de destination, d’origine et de transit pour les migrants internationaux.  Il a appelé tous les États Membres à mettre en place des politiques comprenant des mesures de prévention d’abus, et de promotion de l’emploi décent en faveur des migrants, afin d’assurer l’équité, la sécurité et la dignité humaine en faveur des migrants.  Il a également précisé que ces politiques devraient tenir compte du fait que les femmes et les enfants se retrouvaient souvent en situation irrégulière et dans des secteurs informels de l’économie.  Cette situation les expose aux trafiquants et à tous genres d’abus et de violence.  Il a invité les pays d’origine et de destination des migrants à travailler en synergie afin de réduire les abus dont ils sont victimes, et de promouvoir leurs droits.  Ceci peut être fait, a-t-il ajouté, en augmentant la supervision et la régulation du travail des migrants à l’échelle internationale.

 

M. MADJID BOUGUERRA, Ministre du Maghreb et des affaires africaines de l’Algérie, a déclaré que les nouvelles dynamiques à l’œuvre avec la mondialisation auraient des conséquences aussi bien sur les pays du Nord que sur ceux du Sud.  Les travailleurs migrants, a-t-il dit, contribuent à la croissance au Nord et à la lutte contre la pauvreté au Sud.  Toutefois, la migration des travailleurs hautement qualifiés a un effet négatif en accentuant « l’écrémage des forces vives du pays ».  De plus, il faut reconnaître que la migration peut être provoquée par les conflits et par les catastrophes naturelles, comme la sécheresse et la désertification.

 

L’Algérie réaffirme son engagement à œuvrer de concert avec toutes les bonnes volontés sur cette question de caractère transnational, a affirmé le Ministre.  Mais « l’interdépendance croissante du monde ne peut s’accommoder du fossé qui, dans sa région, sépare la rive nord de la Méditerranée, avec ses forteresses de richesses, de la rive sud où domine la pauvreté », a-t-il souligné.

 

Il faut, selon le Ministre, mettre fin aux politiques de migration sécuritaires.  « La réponse urgente appropriée est d’œuvrer ensemble pour créer les conditions d’une prospérité partagée ».  La protection des droits de l’homme des travailleurs migrants, la lutte contre les actes xénophobes et racistes, la lutte contre l’islamophobie et « les extrémismes qui défigurent l’Islam » sont essentielles. 

 

Enfin, le caractère multidisciplinaire des migrations impose de mettre au point des stratégies mondiales de gestion à long terme, en appliquant notamment les instruments juridiques existants.  « Une migration ordonnée et concertée est à notre portée », a conclu le Ministre algérien.

 

M. ALBERTO RICARDO MONDLANE, Ministre de l’intérieur du Mozambique, a déclaré que son pays avait une longue histoire en matière de migration, en tant que pays d’origine, de transit et de destination, et qu’il était engagé à renforcer la coopération à tous les niveaux pour gérer de façon équilibrée les flux migratoires.  Les migrants mozambicains contribuent à la croissance et au développement des différents pays dans lesquels ils travaillent, et représentent une source de revenu importante pour leurs familles dans leur pays d’origine.

 

En tant que pays membre de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), le Mozambique s’efforce notamment de consolider les piliers du processus d’intégration régionale consacré par le traité de la SADC.  Quant aux cadres juridiques régionaux, ils prennent en compte la politique africaine commune sur la migration et le développement. 

 

Quel que soit leur rôle dans le développement, les migrations internationales posent des défis complexes dans un contexte de mondialisation croissante, a souligné le Ministre.  Il faut mieux protéger les droits des travailleurs migrants et de leurs familles, y compris en ce qui concerne les transferts de fonds, la santé et la sécurité au travail.  De même, la gestion de la migration doit répondre aux préoccupations liées aux activités déstabilisantes des groupes criminels organisés.

 

M. FREDERICK MITCHELL, Ministre des affaires étrangères des Bahamas, a appelé à une meilleure gestion du phénomène des migrations qui, a-t-il dit, a le potentiel de déstabiliser son pays, lequel se trouve entouré d’États d’où partent les migrants illégaux.

 

M. Mitchell se félicite de la tenue de ce Dialogue de haut niveau, qui, a-t-il dit, représente une autre opportunité de faire prendre conscience au monde des conséquences graves de la migration illégale auxquelles son pays est confronté mais aussi pour y mettre un frein.  Le Ministre a souligné la nécessité pour les gouvernements de coopérer dans la lutte contre les trafics et la contrebande afin de régler les problèmes économiques de leurs pays voire de la région des Caraïbes. 

 

Appuyant la déclaration de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. Mitchell a assuré que son pays était déterminé à collaborer avec les agences de l’ONU, ainsi qu’avec tous les États Membres, car, a-t-il dit, la survie et l’identité de son pays en dépendent.  Par ailleurs, les Bahamas ont proposé qu’au nombre des conclusions de ce Dialogue de haut niveau sur les migrations et le développement figure la mise en place d’un forum permanent sur les migrations et le développement. 

 

M. EDWIN BATSHU, Ministre du travail et de l’intérieur du Botswana, a indiqué que son pays avait une longue histoire en matière de migration.  Avant la guerre, a-t-il expliqué, les Botswanais recherchaient un emploi principalement dans les pays voisins et envoyaient à leurs familles les revenus de leur travail. 

 

Après l’indépendance du pays, l’émigration s’est poursuivie, associée à un nouveau phénomène d’immigration vers le Botswana.  Beaucoup des migrants qui arrivent au Botswana ont des compétences très spécialisées dans les services, comme dans l’éducation et l’ingénierie, a remarqué le Ministre.  Il a cependant fait part des problèmes de fuite des cerveaux et d’immigration illégales dont souffre son pays.

 

M. Batshu a plaidé en faveur d’une approche équilibrée de la migration qui permette d’optimiser ses effets bénéfiques et de minimiser ses conséquences négatives.  Il a aussi invité à aborder la question de manière holistique et pas seulement sous l’angle économique.  Aucun pays ne peut gérer à lui seul le phénomène de la migration, a-t-il ajouté, soulignant l’utilité de la coopération et de partenariats internationaux. 

 

Il a assuré, à cet égard, que son pays travaillait en étroite collaboration avec des partenaires comme l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Il a aussi parlé de la politique migratoire adoptée au plan national qui couvre une vaste série de questions pertinentes.  Enfin, le Ministre a émis l’espoir que le Dialogue de haut niveau apporterait une contribution importante aux discussions sur le Programme de développement de l’après-2015.

 

M. PATRICK ABBA MORO, Ministre des affaires intérieures du Nigéria, a déclaré qu’il ne faisait aucun doute que la migration était un facteur clef dans le développement des pays d’origine, de transit et de destination, ce qui a d’ailleurs été mis en exergue par le rapport du Groupe de haut niveau de personnalités éminentes sur le programme de développement pour l’après-2015, qui a clairement placé l’élimination de la pauvreté et le développement dans le contexte des droits de l’homme.

 

Il a indiqué que son pays avait développé une politique nationale sur la migration soumise à l’approbation du Conseil fédéral exécutif, tandis que l’Assemblée nationale examinait un projet de loi en vue de la création d’une commission sur la diaspora.  Il a encouragé les États à se doter de stratégies de gestion des données sur la migration car, selon lui, c’est sur la base de preuves et de statistiques que l’on pourra planifier des programmes de migration qui répondent mieux aux tendances émergentes et aux problèmes contextuels.

 

M. Abba Moro a plaidé en faveur de l’établissement de davantage de plateformes intergouvernementales en vue d’un dialogue fréquent sur la migration favorisant des stratégies de sensibilisation mondiale.  Il a rappelé qu’en 2012, le Nigéria figurait au cinquième rang des pays récepteurs de fonds des migrants par le biais du secteur bancaire.  Le montant de 20,5 milliards de dollars aurait pu être plus élevé si on y avait ajouté les fonds issus de transferts informels.  La difficulté pour le pays consiste à mettre en place des mécanismes idoines pour encourager les migrants qui envoient des fonds à participer à des investissements, a-t-il admis.

 

Par ailleurs, il a attiré l’attention immédiate de la communauté mondiale sur l’impact des changements climatiques et du terrorisme sur la migration.  Au Nigéria et dans la région du Sahel, a-t-il dit, les inondations et la sécheresse ont accru le nombre des personnes déplacées à l’intérieur et causé d’immenses pertes économiques.  Toute discussion sur la migration doit prendre pleinement en considération l’importance de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et reconnaître que les graves changements climatiques ne manqueront pas d’accroître la migration interne et externe, ce qui pose une menace de taille pour la sécurité des États.  Le Ministre nigérian a également recommandé une approche complète pour pallier le problème de la traite des personnes, fondée sur la lutte contre l’impunité.     

 

M. EDWIN BADSHU, Ministre de l’intérieur de la Gambie, a fait remarquer que son pays accueillait des migrants originaires du Sénégal, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Mali et de la Mauritanie, entre autres, qui ont servi de « catalyseurs » pour le développement de la Gambie.  Toutefois, la migration illégale met en danger la vie des jeunes hommes et femmes qui partent en haute mer sur des bateaux de fortune ou traversent le désert.  Le continent africain dans son ensemble est affecté par un manque de ressources humaines qualifiées, créé en partie par le départ des professionnels et des diplômés.  Cette « fuite des cerveaux » handicape le développement durable, a déploré M. Badshu.

 

Préoccupé par le fait que bon nombre de pays riches recrutaient des ressortissants formés dans les pays pauvres, le Ministre a dénoncé « le paradoxe d’un développement à l’envers ».  De plus, la fuite des cerveaux accroît la dépendance des économies en développement qui doivent dépenser d’énormes ressources au profit d’une expertise étrangère. 

 

La Gambie, a poursuivi M. Badshu, mène une stratégie cohérente de réduction de la pauvreté ancrée dans son programme national de croissance et d’emploi pour 2012-2015.  Divers projets mettent ainsi l’accent sur la création d’emplois pour les jeunes, y compris dans le domaine agricole pour « cultiver ce que l’on mange, et manger ce que l’on cultive ».  Enfin, le Gouvernement a engagé l’année dernière des consultations avec la diaspora gambienne afin de l’engager à participer au développement socioéconomique du pays.

 

M. TOBIAS BILLSTRÖM (Suède) a fait observer que la mobilité était source de prospérité et que son potentiel était « immense ».  Il a appelé les États Membres à formuler des engagements clairs au sujet du rôle de la migration dans le programme de développement pour l’après-2015.  Ce nouveau programme, a-t-il dit, doit reconnaître que la migration permet de faciliter l’atteinte de nombres d’objectifs de développement et qu’il importe par conséquent de mettre sur pied des partenariats mondiaux à cette fin. 

 

Le représentant a aussi insisté sur l’importance d’autonomiser les migrants, faisant notamment observer que ces derniers seraient plus à même de contribuer au développement si leurs droits de l’homme étaient respectés.  Il a également appelé les gouvernements à aider les migrants à valoriser les marchés du travail étrangers. 

 

Le délégué a aussi évoqué la question de l’intégration et a estimé que le public devait être mieux informé des contributions positives des migrants.  Si les gouvernements souhaitent que les communautés de migrants et les diasporas contribuent davantage à leur pays d’origine, ils se doivent de faciliter leur participation et leur fournir des cadres et outils adéquats, a-t-il notamment expliqué.  Le représentant a aussi jugé nécessaire d’appuyer la mobilité des droits de retraite.  Une migration bien gérée, a-t-il souligné, a la capacité d’apporter davantage de bénéfices mutuels.

 

Le représentant a ensuite indiqué que le marché du travail suédois était dorénavant ouvert aux personnes résidents en dehors de l’Union européenne et que cette initiative avait valu à la Suède les louanges de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

 

M. SALAHELDIEN WANASI MOHAMED KHAIR, Ministre d’État des affaires étrangères du Soudan, a salué l’intégration des migrations dans le programme de développement pour l’après-2015.  « La question des droits de l’homme des migrants dans les pays de destination doit revêtir une importance à la hauteur des sacrifices et des difficultés des migrants », a-t-il insisté. 

 

Il a également appelé les États Membres à compenser les pays qui ont vu leurs travailleurs et leurs cerveaux fuir à la hauteur des investissements réalisés par ces États pour les former et leur donner leur compétence professionnelle et universitaire. 

 

En outre, le Ministre a rappelé que le Soudan avait adopté une loi pour empêcher le trafic illicite des personnes et respectait la Convention des Nations Unies sur la migration en ce qui concerne la prohibition des activités immorales ou dégradantes pour les migrants. 

 

M. ÂNGELO DE BARROS VEIGA TAVARES, Ministre de l’intérieur de l’Angola, a expliqué qu’après la vague d’émigration provoquée par la « guerre fratricide » qu’a connue son pays, l’Angola fait actuellement face au retour de sa diaspora ainsi qu’à un « afflux massif » d’immigrants.  Il a estimé que cette vague de migration était positive pour l’Angola notamment pendant sa période de reconstruction nationale.  Le représentant a toutefois fait savoir que la migration illégale était une source de préoccupation constante pour son gouvernement, notamment à cause des conséquences économiques, démographiques, sociales, culturelles et sécuritaires du phénomène.

 

Il a expliqué que pour faire face à cette situation, l’Angola procédait actuellement à la réforme de sa politique migratoire dans le but de permettre aux migrants de s’établir légalement dans le pays, d’appuyer leur intégration dans la société et leur participation au processus de reconstruction nationale et d’améliorer leurs conditions de vie, tout en veillant à la protection de leurs droits.

 

Le Ministre angolais a précisé que des abris temporaires pour les immigrants clandestins étaient en cours de construction, que des postes de contrôle avaient été ouverts aux frontières et que des laissez-passer étaient dorénavant distribués aux résidents frontaliers.  Le représentant a aussi jugé capital d’établir des relations de coopération entre les pays d’origine, de destination et de transit dans le but de combattre la migration irrégulière.  Il a ensuite fait savoir que l’Angola avait signé plusieurs accords de coopération bilatéraux et multilatéraux en matière de migration dans le contexte de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).

 

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV, Ministre du travail et de la protection sociale du Tadjikistan, a appelé les États Membres à renforcer les partenariats entre pays d’origine et de destination afin d’assurer aux migrants une meilleure protection.  Son pays, a-t-il poursuivi, prend en compte les besoins spécifiques des migrants au travers de politiques et de programmes nationaux et régionaux.  Il a insisté sur la nécessité pour les pays d’origine de veiller à ce que leurs ressortissants bénéficient de la protection sociale dans les pays de destination.  À cet égard, il a affirmé que les traités bilatéraux signés par son pays contenaient des clauses garantissant cette protection.

 

Il a par ailleurs exprimé son émotion quant au phénomène de la traite des êtres humains.  « En tant que forme de violation des droits fondamentaux parmi les plus graves, la traite est un des problèmes globaux les plus urgents », a-t-il affirmé, en appelant à la mise en place de mécanismes régionaux et internationaux de coopération afin de combattre efficacement les trafics.

 

Mme ROSALINDA DIMAPILIS-BALDOZ (Philippines) a rappelé que son pays avait été un des premiers à mettre en place un système de migration temporaire contractuelle faisant office de modèle pour la communauté internationale.  En dépit de cette avancée, les 10 millions de Philippins vivant et travaillant dans plus de 200 pays connaissent encore de grandes difficultés.  Elle a par ailleurs rappelé que les revenus de transfert des migrants étaient utilisés pour accroître l’investissement dans les petites et moyennes entreprises du pays. 

 

Elle a en outre dit soutenir la mise en place d’un programme décennal de développement autour des conditions de travail des migrants.  Ce programme devra, selon elle, être basé sur les principes de transparence, de responsabilité et de partage équitable des bénéfices des migrations.  En ce qui concerne le programme de développement pour l’après-2015, son pays soutiendra un plan sur les migrations qui sera orienté vers le respect des droits des migrants, la promotion d’une migration légale, éthique et organisée, la prise en compte du genre et de l’impact des migrations sur les femmes et les enfants.  Ce programme de développement devra également prévoir des mécanismes d’accès facilité à la justice, une reconnaissance des compétences ainsi que l’accès à une protection médicale et sociale. 

 

M. HOUCINE JAZIRI, Secrétaire d’État pour la migration et les Tunisiens à l’étranger de la Tunisie, a exprimé toute sa solidarité et sa profonde tristesse suite à l’accident survenu ce matin au large de Lampedusa, avant de déplorer que ce genre de drame fût devenu quasi quotidien.  Avec la révolution tunisienne et la situation dans la région, des centaines de milliers de personnes ont dû quitter leur pays d’origine.  Ces drames, initialement nés d’espoir, exigent un dialogue international franc et des solutions urgentes car le fardeau de la migration ne saurait être résolu de manière unilatérale.

 

Il a rappelé que son pays avait été confronté, en 2011, à un phénomène sans précédent dans son histoire suite à la crise dans la région lorsqu’il avait dû accueillir un nombre très élevé de migrants et de réfugiés.  La gestion de la crise a suscité certains problèmes qui ont bien montré à quel point il importait de se pencher sur la migration irrégulière mais également d’appuyer et de mieux protéger la migration légale, en partenariat avec tous les pays concernés. 

 

La Tunisie a lancé une stratégie pour inclure toutes les parties prenantes, y compris la société civile, et a créé un observatoire de la migration.  M. Jaziri a encouragé à prévoir un cadre institutionnel de la migration qui puisse conduire à des effets positifs sur le développement.  Il a vivement critiqué la fuite des cerveaux et a conclu sur la nécessité de résoudre, d’urgence, le problème de la migration clandestine par la voie maritime dans la région.

 

Mme GRACE NALEDI MANDISA PANDOR, Ministre des affaires intérieures de l’Afrique du Sud, a souhaité attirer l’attention des États Membres sur la nécessité de faire des migrations une opportunité de développement pour les pays pauvres et qu’elles ne constituent plus un fardeau.  Elle a fait référence aux organisations criminelles qui se livrent au vol d’identités des migrants et à la traite des femmes et des enfants.  Elle a souhaité que ce dialogue de haut niveau envoie un signal politique fort pour la mise en œuvre d’un programme international sur la migration.

 

La Ministre a poursuivi en déplorant le développement des migrations clandestines qui sont à l’origine de difficultés pour les gouvernements et les migrants eux-mêmes.  Elle a également rappelé que son pays œuvrait conjointement avec l’Union africaine pour l’établissement de registres nationaux de population et de cadres juridiques afin de venir en aide aux migrants.  En ce qui concerne les migrants se rendant dans son pays pour y trouver du travail, Mme Pandor a assuré que son gouvernement mettait tout en œuvre afin de faire de la migration une étape vers le développement. 

 

Elle a, à cet égard, affirmé que l’Afrique du Sud avait à cœur de faciliter le mouvement des migrants dans le sud du continent africain au travers d’une coopération avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  Enfin, elle a rappelé que la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée qui s’était tenue en 2001 dans le pays contenait des dispositions spécifiques à la nécessité de lutter contre la discrimination des migrants.

 

Mme CECILIA MALMSTRÖM, Commissaire européenne pour les affaires internes de l’Union européenne, a reconnu que la migration et la mobilité avaient contribué à la réalisation d’un grand nombre d’Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il faut, a-t-elle dit, œuvrer de concert pour réduire les coûts liés à la migration, tels que les coûts des transferts de fonds, qui bénéficient aux pays d’origine.  Elle a estimé que la migration devait être intégrée dans le programme de développement pour l’après-2015, notamment dans les stratégies de réduction de la pauvreté.  À ce sujet, il est important de renforcer les données qui permettent de mesurer l’impact de la migration sur les OMD.

 

L’Union européenne propose d’élargir l’ordre du jour relatif aux migrations et au développement, a expliqué Mme Malmström.  Il faut commencer par reconnaître que près de la moitié des migrants vivent dans le Sud, ce qui révèle la mobilité croissante entre pays en développement.  Ensuite, il faut protéger les droits des réfugiés et les aider à contribuer à l’économie locale des communautés d’accueil.  Enfin, la mobilité interne, entre zones rurales et urbaines d’un même pays, doit être prise en considération.

 

L’Union européenne considère que tous les États doivent respecter la dignité et les droits de l’homme des migrants, quel que soit leur statut, et en particulier quand il s’agit de migrants vulnérables, comme les mineurs non accompagnés, les enfants et les victimes de la traite des êtres humains.  À cet égard, la Commissaire a jugé crucial que tous les États ratifient les instruments internationaux visant à combattre cette forme contemporaine d’esclavage et toute forme d’exploitation des migrants.  Elle a également proposé d’accorder davantage d’attention au sort des migrants en détresse, en route ou dans leur pays d’accueil.

 

Depuis 2005, l’Union et ses États membres sont engagés dans des dialogues régionaux et bilatéraux avec un grand nombre de pays et de régions sur les questions de migration et de mobilité.  Elle appelle le secteur privé, les organisations patronales et salariales, le milieu universitaire et la société civile, les organisations de migrants et des droits de l’homme à s’impliquer comme partenaires dans les politiques de développement. 

 

Mme DAILIS ALFONSAS BARAKAUSKAS, Lituanie, a souligné que la croissance économique pourrait être davantage soutenue par des politiques mondiales et interrégionales sur la mobilité professionnelle.  Elle a déclaré que de telles politiques pourraient appuyer le développement des capacités, la certification des capacités et la reconnaissance des programmes de capacitation, notamment dans des secteurs qui manquent de travailleurs qualifiés. 

 

Elle a relevé que des partenariats de formation pourraient, par exemple, permettre la mise en place d’un partenariat entre pays d’origine et de destination, à travers des mécanismes appropriés établissant une harmonie entre l’offre et la demande.  Elle a, par ailleurs, souhaité une évaluation des barrières à la mobilité, afin de faciliter les relations économiques, la prospérité et l’intégration régionale.  Elle a estimé que les organisations régionales étaient opportunément bien placées pour faciliter la mobilité régionale, notamment entre les pays en développement. 

 

La représentante a, ensuite, suggéré que les migrants soient autonomisés, notamment en matière de règlementation sur le travail des migrants, ceci afin de diminuer leur vulnérabilité.  La Lituanie, a-t-elle dit, a une population de trois millions d’habitants.  Elle a une longue histoire d’émigration, ainsi qu’une forte diaspora évaluée à 1,3 million de personnes parmi lesquels 300 000 ont gardé la nationalité lituanienne.  Elle a indiqué que le Gouvernement lituanien considérait comme prioritaire de promouvoir l’attachement au terroir de sa diaspora, afin que cette dernière puisse contribuer au développement du pays. 

 

M. ARJUN BAHADUR THAPA, Ministre des affaires étrangères du Népal, a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 prenne enfin en compte les migrations.  Selon lui, la migration comporte des avantages pour les pays d’origine et de destination en termes de développement humain et économique.  Pourtant, a-t-il déploré, les migrants, et en particulier les plus vulnérables d’entre eux, sont sujets à des risques divers.  Il a encouragé la mise en place de mécanismes de coopération entre pays d’origine et de destination afin de mieux connaître le phénomène. 

 

Le Ministre a rappelé que les revenus de transfert provenant des migrants représentaient aujourd’hui 25% du produit intérieur brut népalais et que 1 500 jeunes népalais quittaient le pays chaque jour en quête d’emploi.  À ce titre, il a appelé les pays développés à ouvrir leur marché du travail de façon plus transparente.  Il a également salué le processus de Colombo visant à rendre mutuellement bénéfiques les migrations pour les pays d’origine et de destination. 

 

Mme SIMONETTA SOMMARUGA, Ministre de la justice et de la police de la Suisse, a indiqué que son pays connaissait un des taux d’immigration les plus élevés au monde.  L’immigration contribue beaucoup à son développement économique, social et culturel, a-t-elle souligné, tout en faisant part des voix qui s’élèvent pour demander de la limiter.  Aujourd’hui, de nombreux États sont à la fois des États d’origine, de transit et de destination, a-t-elle relevé, avant de souligner que des pays très différents ont des points communs en matière de migration.  Elle a vu dans ce phénomène une « formidable opportunité ».  « Quand il y a des points communs, il y a automatiquement des possibilités de coopération », a-t-elle expliqué.  Pour mette en œuvre cette coopération, elle a indiqué que la Suisse avait recours aux partenariats bilatéraux, par le biais de projets communs qui permettent d’apprendre les uns des autres et de trouver des solutions. 

 

Pour la Ministre suisse, ces questions ne peuvent cependant pas être traitées dans le seul cadre de la coopération bilatérale, mais celle-ci doit être complétée par un dialogue multilatéral.  Avec l’Initiative de Berne, la Suisse a lancé, en 2004, un dialogue ouvert sur la migration.  La Ministre a salué, à cet égard, le rôle important joué par la société civile et le groupe mondial sur la question migratoire, une question qui doit rester à l’ordre du jour de l’ONU, a-t-elle ajouté.  Elle a affirmé que la Suisse approuvait pleinement le programme d’action en huit points présenté par le Secrétaire général.  En faveur d’une protection efficace des droits des migrants, elle a aussi invité à renforcer la lutte contre la traite des êtres humains.  Elle a également appuyé l’inclusion de la question de la migration dans le Programme de développement pour l’après-2015. 

 

M. JOANG FELIX MOLAPO, Ministre des affaires intérieures du Lesotho, s’est réjoui que les approches en matière de développement avaient désormais évolué pour ne plus envisager les migrations comme un problème devant être réglé par une amélioration de la situation des pays d’origine.  Cette évolution, a-t-il poursuivi, a permis de voir les migrations comme faisant partie intégrante du développement et comme un phénomène divers nécessitant des compromis et des partenariats. 

 

Il a également rappelé que son pays faisait partie des pays les moins avancés et que les revenus de transfert représentaient 25% du PIB de son pays.  Ce chiffre, a-t-il insisté, est supérieur à l’aide au développement, aux investissements étrangers et aux revenus générés par l’Union douanière sud-africaine.  Il a par ailleurs souhaité attirer l’attention des États Membres sur la perte que représente pour les pays d’origine la fuite des cerveaux et des compétences.  À cet égard, il a proposé un mécanisme de facilitation de transfert des revenus par les migrants vers leurs pays d’origine afin de compenser ces pertes en termes financiers et de développement

 

M. ABDELOUAHED SOUHAIL, Ministre de l’emploi et de la formation professionnelle du Maroc, a mis en avant les transformations importantes depuis une décennie dans les flux migratoires.  Il a estimé que si la migration des pays en développement vers les pays développés restait importante, de nouveaux pôles de croissance économique dans les pays du sud avaient créé aussi de nouveaux flux Sud-Sud.  Dans ce contexte, des pays comme le Maroc sont devenus à la fois des pays d’origine, de transit et de destination des migrants rendant encore plus essentielle une coopération régionale et internationale multilatérale.

 

Après avoir énuméré les efforts nationaux déployés par les autorités marocaines, il a salué les progrès réalisés depuis une décennie grâce au Dialogue sur les migrations internationales mené par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Forum mondial sur la migration et le développement, qui ont permis de structurer le débat en offrant un espace de dialogue à la communauté internationale.

 

Déplorant toutefois l’absence d’un « bras concret de mise en œuvre », il a appelé les États Membres à saisir l’occasion du deuxième Dialogue sur les migrations internationales et le développement au sein de l’Assemblée générale pour renforcer encore le rôle du Groupe mondial sur les migrations. 

 

M. OSMAN SALEH MOHAMMED (Érythrée) a mis en avant la place accordée par le Gouvernement de son pays à la diaspora érythréenne.  « En 2007, un département pour les Érythréens vivant à l’étranger a été créé au Ministère des affaires étrangères, en plus des structures diplomatiques existant dans les ambassades et missions consulaires », a souligné le délégué.

 

Après avoir fait état de la participation active des Érythréens vivant à l’étranger au développement social, politique et économique du pays, M. Mohammed a affirmé qu’un grand nombre des membres de la diaspora érythréenne s’acquittaient de la « taxe de reconstruction » de 2% fixée par l’Assemblée nationale en 1995, en plus de subvenir aux besoins de leurs familles.

 

Le représentant a dénoncé « des campagnes dans certains pays qui veulent entraver cette contribution des Érythréens vivant à l’étranger » et a invité à « renforcer la contribution de la diaspora érythréenne à la réduction de la pauvreté et aux projets de développement durable ».

 

Pour le représentant de l’Érythrée, le défi majeur à relever est de « consolider et maximiser les avantages de la migration ».  Pour cela, aujourd’hui plus que jamais, une collaboration internationale plus étroite est nécessaire pour améliorer la contribution des migrants au développement, a plaidé M. Mohammed.

 

Mme ANNE RICHARDS, Secrétaire d’État adjointe pour la population, les réfugiés et la migration des États-Unis, a proposé de mettre l’accent sur des résultats concrets pour faire avancer le dialogue plutôt que sur des dissensions ou des questions de procédure.  Beaucoup de migrants se retrouvent pris au piège dans des situations de crise, comme ce fut le cas en Libye en 2011, au Japon après le tsunami, ou même aux États-Unis avec l’ouragan Sandy, a-t-elle dit en évoquant les leçons à tirer des situations de crise.

 

Mme Richards a espéré qu’il aurait un « véritable travail » avec les États, les organisations internationales et la société civile pour trouver des solutions novatrices.  Les États-Unis sont eux-mêmes engagés dans un processus afin d’examiner les responsabilités des divers acteurs dans les situations de crise, a-t-elle dit.

 

La lutte contre la traite des êtres humains représente une « priorité essentielle pour le Président Barack Obama », a affirmé la représentante.  Il ne faut pas que les victimes soient pénalisées, mais qu’au contraire elles soient « mises au cœur de notre action » et que les personnes qui les exploitent soient traduites en justice.  Le Dialogue de haut niveau laissera un « héritage » s’il encourage les États ne l’ayant pas encore fait à ratifier ou à mettre en œuvre la Convention contre la criminalité transnationale organisée et des protocoles qui s’y rapportent.

 

Mme MERCEDES DEL CARMEN GUILLÉN VICENTE (Mexique) s’est félicitée de l’adoption de la Déclaration du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, promue par son pays et qui met l’accent sur l’importance d’inclure les questions relatives aux migrations dans les contributions des États au processus préparatoire du programme de développement pour l’après-2015.

 

Compte tenu de la complexité et de l’envergure du phénomène migratoire au Mexique, le Gouvernement du Président Peña Nieto a érigé cette question en priorité pour l’État mexicain, en reconnaissant en particulier son caractère transversal. 

 

En conclusion, elle a réitéré la nécessité d’établir un lien étroit entre migration et développement, et plaidé en faveur d’une prise en compte accrue des droits de l’homme et de la responsabilité commune, de garantir une égalité de traitement de la population migrante vulnérable, et de la dépénalisation des migrants.  Elle a également demandé que l’aide internationale destinée aux projets et programmes liés à la migration accordent l’attention voulue aux aspects humains et juridiques de la mobilité internationale. 

 

M. HASAN KLEIB, Vice-Ministre des affaires multilatérales de l’Indonésie, a salué l’attention accrue accordée à la migration internationale, qui contribue au développement des pays d’origine et de destination.  Selon les estimations, 4,5% des Indonésiens résident en tant que migrants à l’étranger.  Pour les pays d’origine, la migration peut avoir un impact sur le développement du fait de la fuite des cerveaux, tandis que les pays de destination peuvent se heurter à des problèmes économiques, surtout en période de crise financière et de chômage. 

 

Par conséquent, il importe que les migrants jouent effectivement un rôle d’acteurs du développement, ce qui implique une intégration dans le nouvel environnement et un respect des législations et règles des pays d’accueil.  Il s’agit aussi de favoriser un changement de mentalité et de comportement au sein des sociétés d’accueil et de traiter les migrants sur un pied d’égalité en leur ouvrant les bras.  Il a souligné, dans ce contexte, le rôle important et la contribution de la société civile pour rechercher des réponses aux défis et tirer profit des opportunités de la migration internationale.

 

L’Indonésie est confrontée à ses propres défis dans ses politiques migratoires, notamment dans la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles, ainsi que ceux des personnes non qualifiées, ou peu qualifiées, qui travaillent dans les secteurs informels, en particulier les femmes.  Dans ce contexte, le pays a d’ailleurs ratifié et met en œuvre la Convention internationale, a précisé M. Kleib, qui a appelé tous les autres États à lui emboîter le pas. 

 

En août 2013, l’Indonésie a accueilli la Conférence de Jakarta sur la coopération régionale en matière de migration internationale, la mobilité et les bonnes pratiques de migration et développement en Asie du Sud-Est.  Elle est aussi activement engagée dans les discussions sur la migration comme le Processus de Colombo, le Dialogue d’Abu Dhabi, le Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD) et le Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale.  Le Vice-Ministre indonésien s’est félicité de l’adoption, ce matin, de la Déclaration du Dialogue de haut niveau en estimant qu’elle serait susceptible de jeter les bases d’une politique cohérente, globale, équilibrée, orientée vers l’action et centrée sur la personne.  La coopération entre les États est indispensable et le partenariat dans la gestion de la migration essentiel, a-t-il conclu.     

 

M. LUBOMÍR METNAR (République tchèque) a souligné que son pays était devenu un pays de destination pour des migrants.  Il s’est félicité de la contribution de ces populations et a affirmé que le Gouvernement de son pays avait mis en œuvre des structures d’accueil et d’intégration.  En outre, il a rappelé que la République tchèque avait développé des partenariats avec les pays d’origine de ces migrants afin de prendre en compte tous les aspects des migrations légale et illégale. 

 

Cette approche, fondée sur la coopération entre pays d’origine, de destination et de transit, est fidèle au processus de Prague mis en place par son pays lorsqu’il a assumé la présidence tournante de l’Union européenne, a-t-il précisé.  Il a néanmoins reconnu que la gestion des migrations nécessitait un organisme extérieur.  C’est dans ce contexte que les Nations Unies ont un plus à apporter, s’est-il réjoui, tout en appelant les États Membres à ne pas négliger les solutions locales. 

 

M. ALI BIN FAHAD AL-HAJRI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Qatar, a reconnu que le flux des travailleurs migrants encourageait le développement socioéconomique et approfondissait les liens d’amitié entre pays d’origine et de destination.  Ceux-ci sont liés par une responsabilité commune pour promouvoir les droits des migrants et les protéger, notamment, contre la xénophobie et le racisme.

 

La Constitution qatarie stipule l’égalité devant la loi pour tous, sans distinction sur les plans sexuel, linguistique ou ethnique, a affirmé le Vice-Ministre.  Tous les résidents du pays doivent se voir accorder une résidence légitime, et la relation entre l’employeur et l’employé doit se fonder sur la justice.  Une loi de 2004 a renforcé les droits des travailleurs, en plus des garanties législatives et constitutionnelles, et le Qatar a signé des accords bilatéraux avec les pays d’origine pour gérer le processus de recrutement.

 

M. Al-Hajri a noté le progrès réalisé par les États arabes à travers leur engagement dans les débats internationaux sur la migration.  Il a cependant regretté l’absence de statistiques et d’études comparatives sur les incidences de l’augmentation des migrants irréguliers.  Dans la plupart des cas, les migrations et la fuite des cerveaux résultent de la pauvreté et du chômage, ou encore des crises politiques dans certains États, d’où l’importance de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

 

M. JUAN JOSÉ GARCÍA, Vice-Ministre pour les Salvadoriens de l’extérieur d’El Salvador, a observé que, phénomène aussi vieux que l’humanité, la migration était soudainement considérée comme un « problème » à l’ordre du jour des pays et au niveau international.  Les pays de la région dite du triangle du Nord (Guatemala, Honduras et El Salvador) sont confrontés à une situation migratoire que certains universitaires qualifient d’explosive car plus de 20% de leur population respective réside hors du territoire.

 

Dans le cas d’El Salvador, plus de 30% de sa population réside à l’étranger, soit 2,9 millions de personnes dont 2,5 millions vivent aux États-Unis, principal pays d’accueil de la migration d’Amérique centrale.

 

Dans ce contexte, le caractère structurel du phénomène migratoire pose trois défis aux pays de la région: la réduction de la migration forcée, la protection des droits de l’homme des migrants dans les pays de transit et de destination et le renforcement des relations de la diaspora avec les pays et communautés d’origine.  En définitive, les stratégies visant à relever ces défis doivent revêtir un caractère intégral, être inclusives et reposer sur des efforts de coordination interinstitutionnelle, notamment de la part des consulats et des représentations diplomatiques, et de participation des migrants pour atteindre des objectifs précis et quantifiables.

 

En somme, a conclu le Vice-Ministre, l’objectif consiste à changer d’orientation dans les relations internationales, ce qui signifie qu’il faut considérer le migrant, indépendamment de son statut, comme un sujet de droits, et donc sujet de l’attention de l’État; une nouvelle forme de citoyenneté en fait.     

 

M. ARNALDO A. BROWN, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a indiqué que depuis la tenue du premier Dialogue de haut niveau des Nations Unies sur les migrations internationales, en 2006, la Jamaïque avait adopté un certain nombre de mesures visant à protéger les droits des migrants et à intégrer les migrations dans le programme national de développement. 

 

Il a souligné ensuite que le Gouvernement jamaïcain avait mis en place une politique nationale et un plan d’action national sur les migrations internationales et le développement.  Le but de cette initiative, a-t-il expliqué, est de gérer les migrations afin de mieux intégrer cette thématique dans le plan national de développement.  Il a noté que tout plan de développement des pays en développement ne saurait se faire sans la prise en compte de la composante diaspora.  Il a en outre souhaité que les pays d’origine, de transit et de destination puissent bénéficier des migrations de manière équitable.  Il a proposé la réduction du coût du travail des migrants, y compris le coût des transferts d’argent vers les pays d’origine.

 

M. VALENTIN RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a dit que les migrants qui arrivaient dans son pays jouissaient des mêmes droits que les citoyens du Bélarus.  La législation du pays sur la migration, notamment la loi sur la main-d’œuvre étrangère, prend en compte les expériences internationales et les normes et principes généralement admis, y compris les éléments clefs de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et les membres de leurs familles. 

 

Le Bélarus a adopté et a mis en œuvre le Programme national sur la sécurité démocratique pour 2011-2015 qui contient des mesures pour faire face aux problèmes liés à la migration sur le développement national, a ajouté le Vice-Ministre.  Il a en outre indiqué que son pays affrontait le problème de la « fuite des cerveaux ».  Pour y remédier, il a préconisé d’établir des partenariats avec les pays de destination. 

 

Le Bélarus a élaboré un projet de loi qui prévoit d’accorder le permis de résident permanent pour les apatrides qui n’ont pas de pays de résidence permanente et qui résident au Bélarus depuis longtemps.  Ce projet prévoit également que les étrangers qui ont obtenu un emploi dans un établissement éducatif du Bélarus seront exemptés de recevoir un permis de travail spécial.  En outre, les professionnels avec des capacités et des talents exceptionnels seront accueillis avec des conditions favorables pour leur déplacement et leur installation au Bélarus.  Le Bélarus a créé en 2007 un centre international de formation pour le personnel de terrain de la migration et pour la lutte contre la traite de personnes, a ajouté le Vice-Ministre.   

 

M. FREDDY MONTERO, Vice-Ministre de l’intérieur du Costa Rica, a déclaré que les gouvernements ne devaient pas agir en matière de migration sans écouter les migrants, leurs familles, la société civile et les organisations non gouvernementales.  Le Costa Rica est un pays d’accueil de migrants en Amérique latine, a-t-il ajouté.  L’accès des migrants aux soins et à l’éducation est garanti dans le pays quel que soit leur statut. 

 

Le Ministre a rappelé que les gouvernements donnaient aux migrants un libre accès aux services publics dans leurs pays respectifs.  Le Costa Rica est pays intermédiaire dont les ressources sont limitées, a-t-il continué.  Aussi, la communauté internationale devra-t-elle affecter des ressources pour que le pays puisse réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. 

 

À cet effet, le Costa Rica appelle à la création de fonds communs pour la migration.  Il préconise la possibilité pour les migrants les plus vulnérables d’obtenir des prêts.  En outre, il est nécessaire d’élaborer des politiques d’élimination des stéréotypes contre les migrants et les migrants vulnérables.  Des mécanismes doivent être créés pour empêcher que les migrants tombent dans le piège des trafics d’êtres humains, a-t-il également souligné. 

 

M. HEIKKI EIDSVOLL HOLMÅS, Ministre du développement international de la Norvège, a déclaré que son pays figurait parmi ceux qui ont un taux élevé d’immigration au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Plus des deux tiers de la croissance de la population norvégienne est issue de l’immigration.  Actuellement, la Norvège dépend des immigrants dans le développement de nombreux secteurs de l’industrie et des services, a révélé le Ministre. 

 

Il a ajouté que l’histoire de la migration en Norvège avait montré que la mobilité humaine pouvait être un élément clef pour le développement et le progrès humain en apportant des opportunités, en relevant les défis et les risques.  Des politiques appropriées et cohérentes doivent être mises en œuvre au niveau international d’autant que la migration peut être un meilleur outil pour la réduction de la pauvreté.

 

Pour le Ministre, ces politiques devraient inclure des mesures pour assurer une migration saine, humaine et ordonnée et respectueuse des droits de l’homme, des mécanismes pour protéger les migrants pendant les catastrophes et les crises et des mesures pour aider à intégrer les migrants dans les communautés d’accueil, en particulier les femmes et les enfants.  Personne ne devrait être exclu ou rejeté pour avoir un passé d’immigrant, a-t-il estimé. 

 

Pour que la migration soit un élément positif dans les efforts internationaux pour le développement, la Norvège cherche à inclure les groupes de migrants et à faire un meilleur usage de leur savoir-faire et compétences.  En outre, le Ministre s’est réjoui du fait que l’actuel Président du Parlement de la Somalie, M. Mohamed Osman Jawari, soit un migrant somalien en Norvège qui est retourné dans son pays d’origine pour participer à sa reconstruction.  « Je crois que les gens appartenant à deux cultures sont des ressources indispensables pour les deux pays », a-t-il dit.  

 

M. BAKTYBEK ISAKOV, Ministre adjoint du travail, de la jeunesse et des migrations du Kirghizistan, a relevé que son pays souhaitait que la communauté internationale accordât une attention particulière à la question du travail des migrants.  Il a suggéré aussi l’harmonisation de la législation relative au travail, en accord entre pays destinataires et d’origines.  Il a rappelé que les envois de fonds étaient importants pour le développement de nombreux pays, y compris le Kirghizistan. 

 

Il a évoqué par la suite un ensemble de législations adoptées dans son pays, à l’instar de la Stratégie de réglementation des migrations extérieures pour la période 2013-2017.  Il a souhaité ensuite que la problématique abordée aujourd’hui puisse se refléter dans le programme de développement pour l’après-2015.

 

Mme BERTASIMMONÉ, Secrétaire d’État adjointe aux relations avec l’Union européenne de la Hongrie, a déclaré que son pays était fermement engagé dans la coopération et les partenariats régionaux avec les États et avec d’autres acteurs dans le cadre de différents processus consultatifs régionaux.  À cet égard, la Hongrie est fière du Processus de Budapest qui se concentre sur les aspects juridiques de la migration irrégulière, les retours des migrants et la lutte contre la traite de personnes. 

 

La Hongrie estime que la traite des êtres humains reste la pire image de la migration.  L’information et les campagnes de sensibilisation sont, a-t-elle dit, les plus importantes des formes de prévention.  Pour faire face à cette situation, la Hongrie travaille pour une meilleure organisation et pour améliorer les conditions des migrations légales et la mobilité, en luttant contre les migrations irrégulières, en facilitant les retours et les réadmissions des migrants irréguliers dans leurs pays d’origine.

 

La représentante a par ailleurs affirmé que son pays avait créé une procédure de détermination de l’apatridie et a exhorté tous les États à adhérer à la Convention des Nations Unies sur les apatrides.

 

M. JEONG DONG MIN, Commissaire au sein du Ministère coréen de la justice, a souligné que le nombre d’étrangers avait atteint 1 million de personnes entre 1948 et 2007.  Cependant, depuis cette dernière date, ce nombre a fortement augmenté pour atteindre 1,6 million.  De plus, a-t-il poursuivi, son pays est devenu un pays de destination des migrations après avoir été exclusivement un pays d’origine.  Cette situation a poussé son gouvernement à mettre en œuvre des politiques et programmes dont le dernier en date repose sur les cinq objectifs que sont l’ouverture, l’intégration sociale, les droits de l’homme, la sécurité publique et la coopération.

 

Il a également rappelé que la question des migrations était étroitement liée à celle du développement.  Dans ce cadre, son pays tente de diriger sa contribution à l’aide au développement vers des projets liés au renforcement des ressources humaines dans les pays en développement.  Il a conclu en réitérant l’engagement de son pays à œuvrer avec le reste de la communauté internationale pour promouvoir la « coprospérité ».

 

M. PAULO ABRÃO PIRES JUNIOR, Vice-Ministre de la justice du Brésil, a indiqué que son pays se trouvait actuellement en période de réflexion sur une politique de la migration.  Les trois défis qui doivent être affrontés sont d’abord l’actualisation des lois nationales sur la migration, l’internalisation des traités et accords internationaux, l’harmonisation des procédures administratives pour établir une culture politique et juridique non-discriminatoire.  Vient ensuite le défi d’établir un lien entre les moyens de coordination entre les institutions chargées de la migration et entre les différents niveaux du Gouvernement étant donné que le Brésil est un « pays- +continent », a dit le Vice-Ministre. 

 

Le troisième défi restera l’engagement d’écouter les groupes des migrants et des populations immigrées vivant au Brésil.  Les droits de l’homme des migrants et la réalisation des conditions de l’intégration effective des migrants sont essentiels pour la promotion de politiques nationales, de stratégies régionales ainsi que l’adhésion à des mécanismes internationaux.  À cet égard, le Vice-Ministre a annoncé que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pouvait désormais s’installer au Brésil. 

 

Il a aussi fait état du lancement du processus national d’écoute sociale et de consultation publique et de la première conférence nationale sur la migration qui sera organisée en 2014.  L’objectif vise entre autre à initier un dialogue national et à inviter les migrants au Brésil à participer et à contribuer à une approche publique de la migration basée sur les droits de l’homme.

 

M. JULIO CESAR ARRIOLA, Vice-Ministre des affaires administratives du Paraguay, a souligné la nécessité de respecter les droits de l’homme des migrants indépendamment du statut migratoire des personnes et de les protéger, ainsi que leurs familles, d’actes de xénophobie et de discrimination.  Pour ce faire, les pays d’accueil doivent veiller à la promotion de politiques visant à l’intégration, à une vie harmonieuse, à la tolérance et à l’inclusion sociale, en maximisant l’impact positif pour la société d’accueil des groupes de migrants.

 

Pour le Paraguay, les migrants sont de véritables agents du développement et il faut renforcer le cadre juridique international ainsi que les mécanismes aux fins de garantir une protection concrète des droits de ces travailleurs et de leurs familles, et de promouvoir l’adoption de politiques qui garantissent le respect et la reconnaissance sur la base de conditions justes et dignes, tant de travail que de sécurité sociale.

 

M. Arriola a relevé qu’aujourd’hui, environ la moitié des migrants étaient des femmes et que la migration de mères et d’épouses avait de fortes répercussions sur les familles et les sociétés des pays d’origine.  D’un autre côté, dans les pays d’accueil, elles deviennent victimes d’une double discrimination, du fait d’être des femmes et des travailleuses migrantes.  Les États doivent, en conséquence, s’efforcer de protéger leurs droits et ceux de tous les autres groupes en situation de vulnérabilité, comme les enfants non accompagnés, qui se trouvent loin de leur pays pour différentes raisons.

 

En tant que l’un des 47 États parties à la Convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles, le Paraguay a lancé un appel en vue de la ratification de cet instrument, afin que d’autres États se joignent aux efforts en vue d’une protection intégrale de toutes les êtres humains, indépendamment du fait qu’ils se trouvent, ou non, sur leurs territoires.      

 

M. JACQUES RAMIREZ (Équateur) a affirmé que le dialogue et la compréhension étaient nécessaires pour résoudre les problèmes des migrations.  L’approche équatorienne de ce problème consiste principalement à respecter des droits des migrants, a-t-il ajouté.  Il a exhorté les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à procéder à la signature de la Convention des Nations Unies sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles. 

 

Il a en outre dénoncé la tendance consistant à soutenir que les envois de fonds restent la seule contribution des migrants au développement.  Par ailleurs, l’Équateur préconise que l’on traite de manière transversale les questions de migration tout en soulignant l’importance de la participation de la société civile sur les politiques publiques.  Le représentant a enfin demandé aux pays d’accueil la mise en œuvre des politiques d’intégration des migrants dans leurs pays respectifs.

 

Mme ELISABETH TICHY-FISSLBERGER (Autriche) a salué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour sa contribution au Dialogue de haut niveau.  Elle a ajouté que le renforcement de la coopération et de la coordination, ainsi que le partage des expériences, joueraient un rôle crucial pour favoriser une approche plus cohérente de la migration et du développement. 

 

L’Autriche se félicite qu’une des tables rondes du Dialogue de haut niveau soit consacrée à la question de la traite des êtres humains, a-t-elle dit.  La coopération multilatérale dans la lutte contre ce crime est une priorité de la politique étrangère de l’Autriche.  La représentante a rappelé à cet égard que son pays était partie à tous les instruments juridiques internationaux de lutte contre la traite d’êtres humains. 

 

Elle a ensuite indiqué qu’une approche fondée sur les droits de l’homme, et de type multidisciplinaire, englobant la prévention, la protection, et les poursuites judiciaires, guidait l’action de l’Autriche tant au plan national qu’international.  À cet égard, les organisations non gouvernementales (ONG) sont des partenaires indispensables pour la protection des victimes.  La représentante a, par ailleurs, évoqué la question de la perception des migrants par les populations.  Le cinquième Forum mondial de l’Alliance des civilisations des Nations Unies, qui s’est tenu à Vienne en février dernier, a souligné à cet égard le besoin de renforcer l’éducation, la formation et la collecte de données.

 

Enfin, elle a affirmé qu’un changement important avait été observé dans la manière dont sont appréhendés les liens entre développement et migration, puisqu’il existe une plus grande reconnaissance du rôle des migrations en faveur du développement et de la réduction de la pauvreté.

 

Mme WENDY SOUTHERN, Vice-Secrétaire du Département de l’immigration et de la protection des frontières de l’Australie, a indiqué que, depuis 1945, plus de 7,2 millions de personnes avaient immigré dans son pays, près de la moitié des Australiens étant nés à l’étranger ou nés de parents étrangers.  « Les flux de population à l’échelle planétaire sont de plus en plus complexes à appréhender, nécessitant la mise en place de politiques adaptées », a-t-elle ajouté. 

 

Mme Southern a ensuite rappelé que l’Australie considérait les migrations comme un instrument d’édification et de prospérité des nations.  « Nos programmes, temporaires et permanents, ont été développés dans le souci de garantir une installation sûre aux migrants et à leurs familles.  Les pays d’origine, l’Australie et les migrants eux-mêmes doivent être les gagnants d’une migration réussie. »

 

Abordant le partenariat de l’Australie avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Mme Southern a souligné « le rôle unique » de porte-parole des migrants que tient cette organisation internationale depuis des décennies.  « L’Australie est attachée au bon fonctionnement du Forum mondial sur la migration et le développement », a-t-elle encore noté, soulignant l’importance que les discussions initiées dans cette enceinte donnent lieu à des solutions pratiques en matière de renforcement des droits des migrants. 

 

Mme RUTH ANNUS (Estonie) a dit souhaiter que ce dialogue de haut niveau atteigne deux objectifs.  Le premier d’entre eux est, selon elle, de se réconcilier avec l’idée de migration comme phénomène positif en termes de développement humain et économique et, en second lieu, de dépasser les aspects négatifs de l’immigration involontaire en traitant des causes profondes de la migration dans les pays d’origine.  La déléguée a souligné à cet égard la nécessité d’encourager le renforcement de l’état de droit dans les pays en développement par un soutien financier et technique de la part des pays développés. 

 

Elle a en outre jugé que les migrations économiques étaient un phénomène inévitable et souhaitable dans le contexte d’une économie globalisée et d’une population mondiale en mutation.  Elle a cependant estimé que ces migrations devaient être traitées par les pays d’accueil avec des politiques sociales et éducatives conduisant à l’intégration des populations concernées. 

 

Leur situation pose en effet des problèmes aux sociétés d’accueil dont les infrastructures sont soumises à une pression significative.  Il a également préconisé de faciliter les transferts de revenus entre pays d’origine et pays de destination.  Il a conclu en exhortant les États Membres à inclure véritablement les migrants dans le programme de développement pour l’après-2015.

 

M. SAKIR FAKIH (Turquie) a rappelé que son pays, qui assure la présidence du Processus de Budapest depuis 2006, était activement engagé dans le débat mondial et la coopération internationale relatifs à la gestion de la migration, depuis une approche axée sur la sécurité et le contrôle en passant par un concept systémique de la gouvernance de la migration.

 

Il a annoncé que la Turquie avait également relevé le défi de présider, en 2015, le Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD) pas seulement en raison du rôle significatif de ce Forum en matière de migration, mais également en raison de l’engagement croissant de son pays en faveur des questions de développement.  Au moment où la présidence définit le plan de travail, force est de reconnaître que beaucoup reste à accomplir, a-t-il souligné, en précisant que les priorités seraient les mêmes que celles des présidences antérieures.  La Turquie ajoutera certains points supplémentaires relatifs à la promotion de la mobilité, par la suppression d’obstacles tels que les visas et autres barrières, la garantie du respect des droits de l’homme des migrants et la coopération dans la lutte contre la migration illégale.

 

Parmi les autres points, M. Fakih a fait état de l’abolition des notions de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie, de la création de mécanismes internationaux qui garantissent le transfert des bénéfices de la sécurité sociale et, le cas échéant, de la conclusion d’un accord international à cet effet, ainsi que de l’expérience turque en matière de petites et moyennes entreprises, considérées comme l’un des meilleurs moyens de développement, de même que de l’histoire réussie de la conversion de la Turquie d’un pays d’origine à un pays de destination.

 

M. Fakih a affirmé, par ailleurs, que la reconnaissance était une nécessité fondamentale pour tous les migrants car c’est par son truchement qu’ils peuvent avoir accès aux services de base dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la sécurité sociale.  Le transfert de fonds constitue un autre point important sur lequel la Turquie est à même d’offrir son expérience sur la manière d’utiliser, à bon escient, de tels fonds pour contribuer au développement, a-t-il encore déclaré, avant de présenter les points saillants de la cinquième Conférence ministérielle du Processus de Budapest, qui a eu lieu le 19 avril 2013.  Il a enfin rappelé les six domaines prioritaires figurant dans la Déclaration de Budapest: migration et mobilité, intégration, migration et développement, migration irrégulière, traite des personnes et protection internationale.

 

M. PETER STORR (Royaume-Uni) a rappelé que moins de la moitié des migrations avaient lieu entre les pays en développement et les pays développés et a engagé les États Membres à prendre en compte ce chiffre dans les discussions de ce dialogue.  Il a jugé que les arguments en faveur de l’inclusion de la question des migrations dans le programme de développement pour l’après-2015 n’emportaient pas la conviction de son gouvernement et a engagé les États Membres à ne pas perdre de vue l’accent porté sur l’extrême pauvreté. 

 

Il a en outre estimé que la communauté internationale devrait s’inspirer du système dit à points en vigueur dans son pays.  Ce système informe les migrants potentiels des besoins de main-d’œuvre et permet ainsi à ces populations de se former pour s’adapter à ces besoins.  Il a, par ailleurs, exprimé le soutien plein et entier de son pays aux mesures et campagnes visant à lutter contre la traite des êtres humains et dit espérer que ce Dialogue de haut niveau soit une opportunité de renforcer les efforts déployés pour identifier les victimes et quand cela est possible de les aider à rentrer dans leur pays d’origine.  Enfin, il a souligné la nécessité de promouvoir la transparence et l’équité dans les politiques et mesures menées sur les plans national et international.

 

M. JEAN-MARC CHÂTAIGNER (France) a rappelé que les migrations avaient contribué à la réalisation de certains des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a indiqué que les transferts d’argent des migrants pouvaient permettre de mener des projets de développement et soutenir les communautés des pays d’origine.  Il a souligné que les migrants ne transféraient pas seulement de l’argent, mais qu’ils étaient aussi porteurs de savoir-faire et d’idées qui pouvaient profiter à la fois aux pays d’origine et aux pays de destination.  Il a noté qu’1,6 million de Français vivaient hors de leur pays, et que ceux-ci pouvaient être considérés comme des diplomates qui transmettent les valeurs françaises dans le monde. 

 

M. Châtaigner a en outre souligné que tous les pays du monde étaient devenus, au fil des mouvements des populations, des pays à la fois d’immigration et d’émigration.  Il a souligné que la France soutenait des programmes et politiques relatifs aux migrations dans certains pays en développement.  Il a notamment cité le cas du Sénégal, dont un programme de réinsertion de sa diaspora avait conduit à la création de 262 entreprises.  Au sujet du programme de développement pour l’après-2015, le représentant a dit ne pas soutenir l’idée d’un objectif spécifique lié au développement, mais plutôt celle de voir la problématique des migrations être intégrée comme un thème transversal.

 

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a rappelé que la position géographique de son pays l’avait placé sur la route de la soie.  Une position géopolitique qui a permis à l’Iran, a-t-il relevé, de contribuer aux migrations internationales en servant de pont entre l’Est et l’Ouest.  Il a ensuite suggéré que des mécanismes nationaux et la coopération internationale puissent établir des mesures d’atténuation pour diminuer les effets négatifs de la crise financière mondiale sur les migrants. 

 

Il a, en outre, souhaité que la communauté internationale puisse prendre des mesures pour renforcer la protection des migrants contre notamment les trafics et autres exploitations sexuelles des enfants, filles et femmes en particulier.  Le représentant a par ailleurs déploré le fait que les pays d’origine des migrants ne profitent pas pleinement des fruits des migrations, alors même que ces pays sont vidés de leur main-d’œuvre qualifiée et sont victimes du phénomène de la fuite des cerveaux. 

 

M. Al Habib a part ailleurs appelé les pays destinataires à ne pas établir de mesures entraînant la limitation de contacts entre les migrants et leur pays d’origine, notamment en ce qui concerne ceux parmi les migrants qui sont hautement qualifiés.  Il a précisé que ces derniers pourraient, en restant connectés avec leur pays d’origine, permettre le transfert de connaissances et de capacités et, de ce fait, accélérer le développement des pays en développement.  Il a également plaidé pour la mise en place de mesures visant à faciliter les transferts de fonds des migrants vers leur pays d’origine.  Le représentant a affirmé que l’Iran comptait trois millions de ses ressortissants disséminés à travers le monde, notamment dans les pays développés. 

 

« La migration est un processus à gérer et non un problème à résoudre », a déclaré Mme CATRINA TAPLEY (Canada).  Elle a fait part de l’importance qu’elle attachait à la capacité des États Membres à travailler seul et collectivement afin de maximiser les effets du développement et les autres avantages de la migration.  La représentante a aussi estimé nécessaire de mieux tirer parti des forums mondiaux et régionaux existants à cette fin.  Elle a vu dans les migrations « sécuritaires, légales et ordonnées » le moyen le plus efficace d’exploiter les avantages de la migration.

 

Pour le Canada, a-t-elle ajouté, la gestion des migrations exige l’adoption d’une approche équilibrée qui permette de faciliter et de contrôler ces migrations au niveau des frontières nationales et de mettre en œuvre des plans de mobilité temporaire et permanente afin de favoriser le développement d’une société inclusive et cohésive.

 

Pour maximiser les avantages de la mobilité, Mme Tapley a jugé nécessaire de diminuer les coûts de recrutement et de lutter contre les pratiques abusives comme la facturation de frais excessifs.  Elle a aussi soulevé la question des envois de fonds, faisant notamment savoir que le Canada, de concert avec le G-20, continuera d’examiner des mécanismes de financement novateurs. 

 

La représentante a également souligné l’importance de disposer de données et de travaux de recherche exhaustifs pour aider à l’élaboration de politiques et de programmes.  À l’heure actuelle, a-t-elle notamment constaté, il existe de grande lacunes dans notre compréhension du mouvement des personnes, des forces économiques qui les stimulent et des interventions les plus efficaces pour améliorer la situation.  Mme Tapley a ensuite salué « l’approche pragmatique » que l’Organisation internationale pour les migrations, entre autres, a adoptée pour aborder un certain nombre de ces enjeux.

 

M. SALAMAT AMANBAYEV (Kazakhstan) a présenté les politiques de son pays en matière de migration, question d’actualité brûlante dans toute la région, selon lui.  Pays d’accueil, le Kazakhstan élabore et exécute des politiques nécessaires et modernes en harmonie avec les normes internationales centrées sur la reconnaissance et le respect des droits des migrants.  En effet, un quota de travailleurs migrants a été établi et, jusqu’en 2012, le pays a délivré des autorisations d’emploi par le biais d’employeurs.  Désormais, les migrants peuvent directement recevoir leur permis de travail sur demande, et une nouvelle catégorie de migrants, dits « migrants d’affaires », est exonérée du visa.

 

De nouvelles dispositions tendant à attirer une main-d’œuvre de qualité ont également été définies.  Les pays de l’Asie centrale se sont dotés d’une bonne politique migratoire conjointe, par la création notamment d’un organe régional de coordination qui permet un échange d’informations très large pour favoriser la migration régulière, d’une part, et lutter contre la migration illégale d’autre part.  Le Kazakhstan a l’intention de poursuivre la coopération dans le cadre de la Communauté d’États indépendants (CEI), notamment pour s’attaquer à d’autres problèmes comme celui de la mobilité, le respect et les droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles, a-t-il souligné.  Les États de la région mènent une collaboration constructive et active, avec l’assistance des organisations internationales concernées, a-t-il conclu en remerciant ces organisations.

 

M. GAGIK YEGANYAN (Arménie) a relevé que le Gouvernement arménien avait identifié les migrations comme l’un de ses plus importants défis.  Il a rappelé que son pays était le tout dernier signataire de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.  Il a noté que l’Arménie avait connu des avancées notables dans le domaine des migrations au cours de ces trois dernières années.  Il a cité, en exemple, l’adoption d’une politique nationale de régulation des migrations, avec un plan d’action qui l’accompagne pour la période 2012-2016.  Il a fait aussi état d’une loi adoptée en 2006, donnant le droit aux descendants d’Arméniens de pouvoir acquérir la nationalité arménienne. 

 

Il a ensuite indiqué que le Gouvernement de l’Arménie s’efforçait de réduire les conséquences négatives de l’émigration sur le pays.  Il a évoqué, à cet effet, le « Partenariat de mobilité », un programme établi en partenariat avec l’Union européenne.  Il a précisé qu’aujourd’hui, huit projets relatifs aux migrations, coûtant 9 millions d’euros, étaient mis en œuvre en Arménie, en partenariat avec les pays d’Europe.  Il a également souligné que 80% des migrants d’origine arménienne étaient installés au sein de la Communauté d’États indépendants (CEI), et il a ajouté que l’Arménie attachait une grande importance aux questions relatives au retour de sa diaspora, et à sa réintégration, tout comme l’utilisation du potentiel de cette diaspora dans le développement du pays.  Le représentant a déclaré que le cas de l’Arménie était unique en son genre, car les deux tiers d’Arméniens du monde vivent en dehors de leur pays d’origine.  Il a expliqué que la plus grande partie de cette diaspora s’était forgée après le génocide de 1915. 

 

M. JAVIER CARRILLO (Panama) a encouragé à l’adoption de politiques migratoires qui garantissent une migration organisée.  Dans cet esprit, le Panama a émis des décrets exécutifs modifiant sa législation de l’emploi de sorte à émettre de nouveaux visas migratoires et des permis de travail conformes aux normes internationales dans ce domaine.  Ces nouveaux documents émanent du souci de protection de l’être humain, y compris à travers la réunification familiale par l’octroi de la résidence permanente, entre autres.

 

Pour les travailleurs de passage, la durée de résidence a été prolongée à un an, soit le double de la durée antérieure.  Les professionnels et spécialistes étrangers qui désirent apporter leur savoir-faire économique, social et culturel disposent désormais de visas et de permis spécifiques, a-t-il ajouté.  D’autre part, le Panama a lancé, en 2010, les journées migratoires dans l’objectif de régularisation des migrants clandestins, ce qui a permis à plus de 35 000 étrangers de 80 nationalités d’opter pour une résidence provisoire de deux ans, assortie d’un permis de travail.  Cette durée peut également être prorogée jusqu’à 10 ans si l’étranger participe pour la deuxième fois au processus de régularisation, a-t-il encore expliqué.

 

M. Carrillo a encouragé les participants au Dialogue de haut niveau à un échange d’idées et de bonnes pratiques en vue de l’amélioration des conditions de vie de tous les migrants afin de laisser un legs de stabilité sociale et politique.

 

M. FRANCISCO PÉREZ WALKER (Chili) a relevé que le phénomène des migrations avait énormément évolué ces 20 dernières années.  Il a noté que les migrations du Sud vers le Nord n’étaient plus la seule donne, et que les migrations Sud-Sud et Nord-Sud étaient apparues.  Il a indiqué que fort de son statut de pays à revenu intermédiaire, le Chili n’est plus seulement pays d’origine des migrations, mais également un pays de destination des migrants. 

 

Il a ensuite déclaré que le Gouvernement du Chili avait mis en place des lois qui avaient pour socle le respect des droits des migrants et de leurs familles.  C’est dans ce contexte que le Chili a mis en place une procédure de régularisation des migrants présents sur son territoire, a-t-il révélé, précisant que c’est en octroyant le droit de résidence aux migrants qu’on assure leur intégrité et le respect de leurs droits. 

 

Par ailleurs, le représentant a salué la coopération entre l’Union européenne et la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) dans le cadre des migrations.  Il a noté que cette coopération avait permis la production du premier Résumé statistique sur les migrations entre les deux régions.   

 

M. VICTOR LUTENCO, Chef du Bureau des relations avec la diaspora de la République de Moldova, a partagé l’expérience acquise, au cours des cinq dernières années, dans la mise en œuvre du Partenariat de mobilité Union européenne-Moldova, qui a permis l’exécution de 89 projets et initiatives.  En tant que pays pilote dans ce partenariat issu du Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD), Moldova a conclu que celui-ci était le seul instrument efficace d’amélioration du développement durable et de consolidation des efforts de tous les acteurs concernés.  L’expérience a eu pour effet que le Gouvernement a réajusté sa vision et ses priorités de développement afin de permettre aux travailleurs migrants de contribuer plus efficacement au développement de leurs communautés.

 

La migration a favorisé la stabilité macroéconomique du pays et apporté une précieuse expertise et des expériences culturelles qui ont enrichi et diversifié la société de Moldova, en servant de moteur d’appui à l’agenda du développement économique du pays, a expliqué M. Lutenco.  À l’heure actuelle, le Gouvernement concentre tous ses efforts sur la sécurité sociale, la protection sociale et l’emploi afin de maintenir les profits tirés de la migration en termes de stabilité et d’autonomisation des communautés locales, et de création de petites et moyennes entreprises.

 

Au plan régional, le pays s’attache à une bonne gestion de la migration circulaire par le biais d’une vingtaine d’accords bilatéraux et de l’établissement de cadres de coopération dans des domaines tels que la protection sociale, l’assistance humanitaire mutuelle, l’emploi et le respect des droits de l’homme deS migrants.  M. Lutenco a réaffirmé l’importance de la migration dans le programme de développement pour l’après-2015 et la nécessité de réduction des effets négatifs de la migration par la mise en œuvre de politiques plus efficaces.  Il a appelé, à cet égard, au renforcement et à la diversification du dialogue qui a fait ses preuves en tant qu’instrument efficace à ce propos.  

 

M. PETER WIREDU (Ghana) a déclaré que l’histoire regorgeait d’exemples de la contribution des migrants à la paix, à la sécurité et à la prospérité des nations et que les résultats de ce dialogue permettraient d’améliorer leur situation tout en jugulant les répercussions négatives.  La migration circulaire apparaît comme une solution où toutes les parties prenantes sont gagnantes, a-t-il relevé en soulignant toutefois que certaines situations n’aidaient pas les pays en développement à tirer pleinement parti de la migration circulaire, notamment en raison de conflit ou de situations politiques instables postconflit.

 

M. Wiredu a réaffirmé l’attachement de son pays à la migration régulière dans la dignité, raison pour laquelle il a ratifié la Convention internationale sur les travailleurs migrants et les membres de leurs familles et la Convention sur la criminalité transnationale organisée.  Depuis août 2012, le Ghana a établi un groupe d’appui à la diaspora, avec l’appui de l’Organisation internationale pour les migrations, en collaboration avec les institutions compétentes du secteur public.  Ce groupe vise à fournir un guichet unique pour faciliter tous les aspects de la communication et des échanges entre la diaspora et le pays d’origine.

 

D’autre part, un projet de politique nationale sur la migration est soumis au Parlement sur la base de la réflexion du Groupe d’appui à la diaspora.  Enfin, un bureau de gestion de la migration, divisé en trois divisions, œuvre à l’harmonisation de la politique migratoire avec les normes internationales, à la protection et à l’intégration locale des réfugiés ainsi qu’à la protection des migrants clandestins de tous les abus.  Il a notamment fait état du phénomène de trafic de migrants ghanéens à destination des États du Golfe.  M. Wiredu a appelé à la lutte contre la déshumanisation de la migration.

 

M. NISSANKA N. WIJERATNE, Ministre de la promotion de l’emploi et du bien-être du Sri Lanka, a signalé que près de 2 millions de Sri-Lankais, soit 21% de la force de travail nationale, travaillaient à l’étranger.  « Ces Sri-Lankais envoient chaque année plus de 6 milliards de dollars au pays », a-t-il ajouté, notant que ces ressources contribuaient davantage que l’aide publique au développement à réduire la pauvreté au Sri Lanka. 

 

M. Wijeratne a précisé que 49% des emplois des migrants sri-lankais étaient occupés par des femmes.  « La protection des droits de celles-ci et de leurs enfants dans les pays de destination est au centre des accords de développement qui nous lient à ces pays », a-t-il dit.  Il a ensuite assuré que son gouvernement avait récemment lancé différents programmes de formation des femmes et des jeunes qui se destinent à devenir des travailleurs migrants.

 

Table ronde 1: « Évaluation des répercussions des migrations internationales sur le développement durable et définition de priorités correspondantes en vue de la préparation du cadre de développement pour l’après-2015 »

 

Cette table ronde était coprésidée par Mme RITA CLAVERIE DE SCIOLLI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala; et le Ministre pour le développement international de la Norvège, M. HEIKKI HOLMÅS.  

 

Les décisions d’émigration, a souhaité Mme Claverie de Sciolli, devraient être volontaires, et non pas dictées par la nécessité.  Citant l’exemple des migrants guatémaltèques, elle a regretté que les 1,5 million d’entre eux qui se trouvent aujourd’hui aux États-Unis, vivent dans des conditions précaires.  Avant de lancer la discussion, elle a ainsi insisté sur la nécessité de renforcer la protection des droits des migrants, en proposant que les défis posés par les migrations internationales soient pleinement intégrés dans les stratégies de développement, en particulier dans le programme de développement pour l’après-2015.

 

Mme CECILIA MALMSTRÖM, Commissaire européenne chargée des affaires intérieures, a tout d’abord déploré la mort, ce matin, de dizaines de migrants au large de l’île de Lampedusa, en Italie.  Elle a déclaré qu’il était important de reconnaître pleinement le potentiel économique de la mobilité migratoire.  « La mobilité humaine est un moteur sous-utilisé de la croissance économique », a-t-elle dit.  Il faudrait que les obstacles à cette mobilité soient levés, en suggérant d’assouplir les procédures d’octroi des visas. 

 

Elle a également proposé de lancer une campagne internationale qui reconnaisse les contributions des migrants aux sociétés d’accueil.  Mme Malmström a aussi souhaité que la question des migrations internationales soit au cœur des efforts de développement, en particulier le programme de développement pour l’après-2015.  La protection des droits des migrants doit être une priorité absolue, en particulier l’accès à l’éducation et à la santé, a-t-elle souligné.  Pointant la montée des sentiments à l’encontre des migrants, elle a exhorté les responsables politiques à combattre la xénophobie et à faire montre de courage en expliquant les aspects positifs, en particulier économiques, des migrations.

 

M. ARNALDO BROWN, Ministre d’État au Ministère des affaires étrangères de la Jamaïque, a mis l’accent sur les divergences des trajectoires démographiques des États et plaidé pour des politiques migratoires harmonisées, afin de faciliter les efforts de développement.  Concernant le programme de développement pour l’après-2015, il a demandé l’établissement d’un partenariat mondial pour les migrations.  Pour l’heure, a-t-il regretté, les discussions n’accordent qu’une place mineure à cette question.  Il a ensuite détaillé la politique migratoire de la Jamaïque, en expliquant qu’elle était gouvernée par la nécessité de répondre aux besoins des Jamaïcains, où qu’ils se trouvent.  Il y a plus de Jamaïcains vivant à l’étranger que dans leur propre pays, a-t-il fait remarquer.  « L’ampleur des migrations internationales exige qu’elles soient au cœur du programme de développement pour l’après-2015 », a conclu M. Brown.

 

Mme HELEN CLARK, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a indiqué que le nombre de migrants cette année s’élevait à 230 millions.  Citant les conflits et les changements climatiques comme facteurs explicatifs des migrations, elle a prévenu qu’il risquait d’y avoir « bientôt une forte compétition entre les pays pour attirer les talents », ce qui ne fera qu’augmenter les migrations.  Mme Clark a demandé que les migrations internationales puissent s’inscrire dans un cadre juridique clair, qui aurait pour priorité la protection des droits des migrants.  Le montant des fonds envoyés par les migrants a représenté, l’année dernière, trois fois le montant de l’aide publique au développement, a-t-elle fait remarquer.  Mme Clark a souhaité que les frais afférents à ces transferts de fonds soient réduits.  « Il faudrait considérer les migrants comme des acteurs clefs pour la réduction de la pauvreté dans leur pays d’origine, en encourageant la création d’entreprises grâce à ces transferts de fonds », a estimé l’Administratrice du PNUD.  Elle a suggéré de reprendre cette idée dans le programme de développement pour l’après-2015.

 

Lors de la discussion qui a suivi les interventions des panélistes, les délégations ont été nombreuses à insister sur une meilleure protection des droits des migrants.  Le délégué de la Suède a ainsi plaidé pour la mise en place d’un partenariat mondial à cette fin, alors que le représentant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a souhaité que les droits des migrants, en particulier des enfants, soient inclus dans le programme de développement pour l’après-2015.

 

Le délégué du Soudan a, pour sa part, expliqué que son pays avait récemment adopté une loi pour lutter contre la traite des personnes.  « Les politiques des États visant à protéger les droits des migrants devraient faire l’objet d’une évaluation rigoureuse », a expliqué le délégué du Costa Rica.  Il a aussi mentionné un « droit à émigrer » et un « droit à ne pas émigrer », en soutenant qu’il incombait aux États de mettre en place les conditions économiques et sociales pour que leurs citoyens ne soient pas contraints au départ.  D’autres délégations, à l’instar de l’Organisation internationale pour les migrations, ont exhorté les responsables politiques à agir résolument pour contrer les poussées xénophobes constatées dans plusieurs pays.  Le délégué de l’Équateur a, lui, insisté sur la nécessité de dissiper les « mythes » qui entourent les migrations.  Les travailleurs migrants, a-t-il dit, doivent bénéficier des mêmes droits que les travailleurs nationaux.

 

M. PETER SUTHERLAND, Représentant spécial du Secrétaire général pour les migrations internationales et le développement, a dénoncé le fait que les taux des frais imposés aux migrants pour les transferts de fonds vers leur pays d’origine soient très élevés.  Les migrations, a-t-il rappelé, contribuent de manière positive au développement.  « Nous avons fait un long chemin depuis cette époque où les migrations étaient considérées comme une cause de l’échec des politiques de développement », a-t-il dit.  Il est donc important, a-t-il souligné, de renforcer la coopération internationale sur la question des migrations.  Le Représentant spécial a condamné l’exploitation des migrants par les réseaux criminels et déploré l’incapacité des États à y mettre un terme.  M. Sutherland s’est ensuite félicité de la tolérance accrue constatée dans certains pays, en particulier en Allemagne, à l’égard des migrants.  Ces derniers sont désormais reconnus comme des agents économiques dont les pays d’accueil ont besoin, a-t-il précisé.  À l’instar de la Commissaire européenne chargée des affaires intérieures, M. Sutherland a vigoureusement plaidé pour faciliter les flux migratoires, par le biais de politiques en matière d’octroi de visas plus souples.

 

Mme NDIDI NJOKU, Directrice de Markets4Development, a déploré que le rapport du Groupe de haut niveau de personnalités éminentes sur le programme de développement pour l’après-2015 ne mentionne pas, de manière substantielle, les migrants et les diasporas.  Ces derniers, a-t-elle fait remarquer, occupent déjà une place marginale dans les Objectifs du Millénaire pour le développement.  C’est pourquoi elle a demandé que les questions des diasporas et des migrants, de même que celle des liens positifs entre les migrations et le développement durable, figurent en bonne place dans le programme de développement pour l’après-2015.  « Il s’agit là du minimum que l’on puisse faire pour refléter l’importance des migrations », a-t-elle conclu.

 

Commentant ces présentations, le délégué de l’Allemagne a reconnu que les migrants jouaient un rôle crucial pour le développement économique et le raffermissement des liens entre les pays.  « Aucun pays ne peut, à lui seul, gérer la question des migrations », a-t-il dit.  Pour le représentant du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, les migrations sont un vecteur de développement, « à condition d’être bien gérées ».  Ce point de vue a été repris par la déléguée du Nicaragua.  Son gouvernement, a-t-elle assuré, a pris des mesures visant à réduire le nombre de personnes souhaitant quitter le pays, en améliorant notamment les possibilités d’emplois pour les jeunes.

 

Le représentant de l’Australie a, pour sa part, souligné la nécessité de rendre les transferts de fonds moins onéreux.  Cet aspect a été également abordé par le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux droits de l’homme, qui a ensuite rappelé les circonstances très précaires entourant généralement le départ des migrants.  Certains d’entre eux, a-t-il regretté, « retournent dans leur pays dans un cercueil ».

 

Le délégué de la France a, quant à lui, espéré que le drame de Lampedusa de ce matin ne « devienne pas la règle ».  Citant ensuite les 414 milliards de transferts financiers opérés par les migrants l’année dernière, il a invité à ce que les migrants soient considérés comme des acteurs économiques clefs.  Il a ainsi fait écho à la déclaration de la représentante d’une ONG de femmes somaliennes aux Pays-Bas, qui a insisté sur l’esprit d’entrepreneur qui anime les femmes de la diaspora somalienne.

 

« La question migratoire doit être déclinée dans les principales thématiques du programme de développement pour l’après-2015 », a aussi souhaité le délégué de la France, appuyé dans ce sens par les représentants des Philippines et des Pays-Bas.  Ce dernier a insisté aussi sur le changement social que les migrants peuvent stimuler, tandis que la représentante du Canada a souligné le rôle crucial des migrants dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Son homologue de la Suisse a déploré, à ce propos, que les migrations n’aient pas été érigées à part entière en objectif du Millénaire pour le développement.  La Suisse veillera à ce que les gains économiques résultant des migrations soient pleinement reconnus dans le programme de développement pour l’après-2015.

 

Reprenant la parole, M. SUTHERLAND s’est réjoui qu’aucun pays ne se soit opposé aujourd’hui à l’idée d’intégrer la question des migrations dans le programme de développement pour l’après-2015.  « Des débats apaisés sur les migrations doivent se tenir aussi au niveau national », a-t-il recommandé.  Mme NJOKU a, quant à elle, rappelé la nécessité de protéger les droits fondamentaux des migrants.

 

Concluant la table ronde qu’il coprésidait ce matin, le Ministre norvégien pour le développement international a fait observer que si les migrations ont des aspects positifs, elles comportent également des aspects négatifs, en particulier les conditions de vie précaires des migrants.  Il faudrait que des données plus précises soient fournies sur les conséquences que les migrations font peser sur les pays d’origine économiquement fragiles.

 

Table ronde sur les « Mesures à prendre pour assurer le respect et la protection des droits de l’homme de tous les migrants, en particulier des femmes et des enfants, pour prévenir et combattre le trafic de migrants et la traite d’êtres humains, et pour assurer une migration sûre, régulière et ordonnée »

 

Le titre de la table ronde contient 43 mots, en anglais, a relevé Mme Anne Richard, Coprésidente des discussions et Secrétaire d’État adjointe à la population, aux réfugiés et à la migration des États-Unis, pour illustrer « l’ampleur » du débat.  Elle a lancé la discussion en insistant sur la nécessité d’adopter une approche globale de la défense des droits des migrants.  « Nous partageons avec le Mexique un intérêt particulier pour les migrants », a-t-elle affirmé.

 

« La migration est un des sujets les plus polémiques dans les relations internationales », a reconnu M. Juan Manuel Gómez Robledo, l’autre Coprésident de la table ronde et Sous-Secrétaire aux affaires multilatérales et aux droits de l’homme du Mexique, qui a insisté sur l’urgence à mettre en œuvre des politiques de protection des droits des migrants.  Le Mexique connaît des flux migratoires intenses et s’attache à offrir aux immigrés ce qu’il souhaite pour les émigrés mexicains, a-t-il dit.

 

M. Gómez Robledo a lancé la première partie de la table ronde, qui était consacrée aux enfants et aux femmes migrantes, les personnes les plus vulnérables aux risques encourus lors de la migration.  Trouver un équilibre entre les droits et les responsabilités des migrants, et les droits et les devoirs des États, est un défi, a déclaré M. Tobias Billström, Ministre de la migration et de l’asile politique de la Suède.  Il a assuré que la Suède respectait les droits fondamentaux des personnes quelque soit leur statut juridique.

 

« Il y a dans le monde 232 millions de migrants.  S’ils formaient un pays, ce serait le cinquième pays le plus peuplé du monde », a indiqué Mme Navi Pillay, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, tout en remarquant, paradoxalement, les côtés « invisible » et « silencieux » de cette population.  Elle a dénoncé le manque de réglementation concernant les migrants, avant de demander à tous les États de reconnaître les droits de ces personnes et de ratifier les textes juridiques internationaux pertinents.  Elle a aussi suggéré de tenir compte des besoins des migrants dans les plans d’action nationaux sur la protection sociale et le travail.  Aux mouvements qui militent en faveur des droits de l’homme, elle a demandé de continuer le travail de sensibilisation sur les droits des migrants.

 

Amenant la discussion sur les problèmes spécifiques aux femmes migrantes, la troisième panéliste, Mme Michelle Leroy, Directrice de la Plateforme pour la coopération internationale sur les migrants sans papiers, a souhaité qu’elles jouissent des droits promus par l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Les migrantes doivent en outre avoir accès aux soins de santé et aux services sociaux, notamment au droit à la santé reproductive.  La discrimination du fait du VIH/sida et la violence sexiste doivent être combattues, a-t-elle ajouté.  Mme Leroy a demandé que les femmes aient accès aux services de police, même si elles sont sans papiers.

 

Passant au cas des enfants migrants, elle a regretté qu’ils soient souvent exclus des services sociaux lorsqu’ils sont sans papiers.  Elle a appelé les États à adopter une démarche systématiquement favorable à ces enfants, afin de prévoir leur accès à la justice, à l’éducation et aux soins de santé.  Elle a également soulevé le problème des enfants qui sont séparés de leurs parents à cause de la migration, plaidant en faveur de la réunification familiale.  Mme Leroy s’est aussi fermement opposée à la détention des enfants migrants, qui atteint gravement leur santé physique et mentale, une question que plusieurs intervenants ont également soulevée.

 

Les délégations ont fait part des mesures prises aux plans national et international pour répondre aux besoins des femmes et des enfants migrants.  Au Botswana, a indiqué le Ministre du travail et de l’intérieur, le cadre juridique a été renforcé, s’agissant notamment de la traite des personnes.  La Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala a expliqué que son pays avait basé sa politique sur la prévention, l’intégration psychosociale et le rapatriement.  Un bureau consacré aux personnes disparues a aussi été créé.

 

Aux Pays Bas, il y a différentes formes de protection des migrants, a expliqué le représentant de ce pays en donnant l’exemple des sans papier victimes de violence domestique qui ont accès à une allocation sociale et à un logement.  Les migrants sans papiers risquant d’être victimes de violence dans leur pays, comme les mutilations génitales féminines, ont le droit de résider légalement aux Pays-Bas.

 

Comme autres mesures envisageables pour protéger les migrants, le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants a proposé de dépénaliser l’entrée clandestine sur un territoire et d’éviter la détention systématique pour immigration illégale.  Il a aussi demandé de protéger les droits de l’homme des enfants dans les États de transit et d’accueil.  « Nous avons besoin de passer des mots aux actes », a renchéri la représentante de Save the Children qui a donné le nombre de 35 millions d’enfants migrants.

 

Pour sa part, la représentante d’ONU-Femmes a relevé les lacunes sur le plan de l’autonomisation des femmes, plaidant en faveur d’un emploi et d’un salaire décents.  Elle a relevé que les femmes migrantes sont souvent reléguées au secteur du travail domestique où elles sont sujettes à l’exploitation et au sexisme. 

 

Les deux coprésidents de la table ronde ont aussi souligné l’importance, pour cette protection, de l’application de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (Convention de Palerme) et de ses deux protocoles sur les migrants.  Le représentant de l’Union africaine a salué en particulier la Convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles, avant de signaler les documents juridiques propres à l’Afrique.

 

Au cours de la deuxième partie de la table ronde, les participants se sont penchés sur les droits des migrants dans le contexte de la traite des êtres humains, l’immigration illégale et les situations de crise.

 

Deux millions de Philippins vivent et travaillent à l’étranger, a indiqué M. Jesus Yabes, Sous-Secrétaire aux affaires politiques des Philippines, un pays qui a créé des unités de réponse rapide aux crises frappant les migrants.  Le corps diplomatique philippin a, en outre, développé un plan d’action en cas de crise, afin de protéger ses ressortissants.  M. Yabes a aussi insisté pour que les personnes victimes de la traite ne soient pas punies.

 

Les migrants sont des victimes choisies pour les trafiquants, a enchaîné M. Yury Fedotov, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui a dénoncé les abus sexuels et la torture dont sont victimes les migrants.  Il faut mettre fin à l’esclavage moderne, a-t-il lancé, incitant à prendre le problème à bras le corps en utilisant notamment la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.

 

M. William Lacy Swing, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a fait part des projets de lutte contre la traite menés par l’OIM dans de nombreux pays, qui fournit notamment une aide à la police et aux législateurs.  Il a expliqué que la prévention commençait par des enquêtes sur les petits réseaux de la traite. 

 

Mme Najla Chahda, Directrice de Caritas-Liban, a mis l’accent sur la formation du personnel qui interagit avec les migrants, comme les officiers de police et les agents d’aéroports.  Elle a aussi vanté les mérites des sessions d’orientation proposées aux migrants à leur arrivée afin de leur présenter les services à leur disposition.  Caritas-Liban, qui œuvre en faveur des droits des migrants et qui est la seule ONG autorisée à travailler dans les centres de détention, a permis d’identifier des victimes de la traite.

 

Les participants au débat ont fourni des exemples de ce qu’il est possible de faire pour prévenir ou gérer ces situations difficiles.  Le représentant du Mexique, Coprésident de la table ronde, a fait part des succès rencontrés dans le nord de son pays contre l’immigration illicite, grâce à la participation de toutes les parties prenantes.  Après avoir évoqué la tragédie de Lampedusa, le représentant de l’Union européenne a mis l’accent sur l’importance qu’il y a à prévenir l’immigration illégale.

 

Donnant le point de vue d’un pays qui accueille beaucoup de migrants revenus d’Europe, le représentant de la Tunisie s’est plaint du manque de réciprocité dans les politiques migratoires, comparant celle de son pays qui promeut la libre circulation des migrants aux exigences de visa dans certains autres.

 

En ce qui concerne la traite des personnes, le Costa Rica et le Lesotho ont chacun adopté une loi qui la pénalise, ont indiqué les Ministres de ces pays.  Le représentant de la Hongrie a, quant à lui, parlé de la stratégie nationale lancée dans son pays dans le cadre de cette lutte.  La Suisse, pays de destination et de transit de la traite, a adopté un plan d’action, conçu avec la participation de la société civile, qui est axé sur la prévention, la protection, les poursuites judiciaires et les partenariats.  La protection des victimes de la traite doit être au cœur des droits des migrants, a estimé pour sa part la représentante de l’Alliance mondiale contre la traite des femmes.

 

Soulignant la grande vulnérabilité des migrants, le représentant de la Colombie, qui s’exprimait au nom de la Conférence sud-américaine sur la migration, a invité à adopter des politiques qui garantissent le droit au travail et à la sécurité sociale des migrants et de leurs familles.  Le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a insisté sur la formation professionnelle dans les pays d’origine et de destination.

 

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