La CNUCED XIII se lance le défi d’élaborer un nouvel agenda du développement où croissance rime avec équité sociale
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LA CNUCED XIII SE LANCE LE DÉFI D’ÉLABORER UN NOUVEL AGENDA
DU DÉVELOPPEMENT OÙ CROISSANCE RIME AVEC ÉQUITÉ SOCIALE
(Publié tel que reçu)
DOHA, QATAR, 21 avril -- Aujourd’hui, les chefs d’État et de gouvernement présents à Doha, au Qatar, se sont lancés le défi d’élaborer un nouvel agenda du développement où croissance rime avec équité sociale. Après la cérémonie d’ouverture, ils ont en effet entamé les travaux de fond de la treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII) par un débat de haut niveau dont le thème était: « Au lendemain de la crise économique mondiale: Nouvelles chances pour la croissance et l’équité sociale ». La conclusion des échanges entre les différents intervenants a été que, dans l’état actuel des choses, croissance ne rime pas forcément avec équité sociale, comme l’ont si bien illustré les évènements du « printemps arabe ».
La performance économique des pays du Moyen-Orient, a révélé le Secrétaire général de la CNUCED, M. SUPACHAI PANITCHPAKDI, montre que la Tunisie et l’Égypte connaissaient des taux de croissance de l’ordre de 5% par an qui, théoriquement, ne pouvaient faire craindre un « printemps arabe ». On voit donc, en a conclu le Secrétaire général de la CNUCED, que les chiffres et les statistiques ne permettent pas forcément d’analyser une situation. Il faut plutôt regarder ce qui se cache derrière ces apparences.
Au Moyen-Orient, a poursuivi M. Supachai, 40% des chômeurs sont des jeunes, et ils sont près de 60% dans des pays comme la Syrie, contre une moyenne de 20% dans d’autres pays. Pourquoi ces statistiques alarmantes, alors que ces jeunes sont instruits? Quelle est la pertinence des politiques anti-inflationnistes et antidéficit? La libéralisation des marchés accroît certes la compétitivité, mais est-ce vraiment la voie à suivre? Les résultats escomptés ont-ils été au rendez-vous? Autant de questions soulevées par M. Supachai.
Non, a semblé répondre la Ministre du commerce et de l’industrie du Ghana, Mme HANNAH TETTEH, qui a parlé du taux de croissance « spectaculaire » de 14,4% que connait son pays grâce aux nouvelles ressources pétrolières: Mais cette croissance n’a pas été synonyme de développement social, a-t-elle noté. Les emplois, et en particulier, pour les jeunes, ne sont créés que si des investissements sont consentis dans les secteurs productifs de l’économie, a-t-elle tranché.
Il faut donc identifier ces secteurs, a acquiescé le Ministre du commerce et de la promotion du secteur privé du Niger, M. SALEY SAIDOU. Une fois les secteurs identifiés, il faut former les hommes et les femmes par une éducation et une formation professionnelle de qualité pour qu’ils puissent rendre rentables les secteurs productifs, a-t-il préconisé. La création d’emplois se fait par la promotion du secteur privé mais aussi, a prévenu le Ministre, par l’amélioration de la culture de base, à savoir le développement de l’esprit d’entreprenariat et d’initiative. Pour cela, a-t-il conseillé, il faut mettre en place des mesures pour réduire les délais et les coûts liés à la création d’entreprises et pour développer toutes les infrastructures nécessaires.
Il faut, a encore dit le Ministre, installer des services de conseils, d’investissement et de financement pour que les jeunes puissent soumettre des dossiers « banquables ». Le Ministre s’est, à cet égard, enorgueilli du programme « 3 N » mis en place dans son pays: « les Nigériens nourrissent les Nigériens », qui promeut l’entreprenariat, dont la transformation des produits agropastoraux. Il s’est réjoui du fait que l’objectif fixé de créer 50 000 emplois par an ait été dépassé en 2011.
La CNUCED ne dit pas autre chose dans son document introductif. Le moment est venu, affirme-t-elle, de renouveler le contrat social entre l’État et le citoyen et de reconstruire des institutions publiques capables de remodeler la gouvernance économique. Les politiques doivent être telles qu’elles dessinent un cercle vertueux des investissements, de la productivité, de l’emploi et de l’accroissement des revenus.
Une charte sociale est actuellement en négociation entre le Gouvernement tunisien et les syndicats, a pour sa part indiqué M. RIADH BETTAIEB, Ministre de l’investissement et de la coopération internationale de la Tunisie. Mais il s’est désolé que dans un débat comme celui-ci, on n’ait pas parlé du fait que 80% de l’économie mondiale sont contrôlés par des multinationales qu’il faut, a-t-il estimé, responsabiliser par un cadre réglementaire strict.
Quid du rôle des institutions de Bretton Woods? a feint de s’interroger le représentant de la Zambie. Il a dénoncé l’imposition de politiques d’austérité dans des pays comme la Zambie où 65% d’une population de 13 millions de personnes sont âgés de moins de 25 ans, et où la population active du secteur formel est de 500 000 personnes sur une population en âge de travailler de 7 millions.
Dans ce contexte, la question de l’investissement est cruciale. D’ici 2014, la Zambie devrait produire un million de tonnes de cuivre. Mais sait-on que les investisseurs étrangers s’empresseront d’aller déposer les recettes tirées de cette exploitation dans des comptes en Suisse ou ailleurs? a accusé le représentant, en dénonçant une « situation d’égoïsme » où les mêmes investisseurs utilisent leur capital pour obtenir d’autres concessions des gouvernements. C’est bien de parler de libéralisation des marchés, mais où l’État trouverait-il des revenus sans les taxes? Le représentant n’a pas vu comment les choses changeraient dans l’immédiat, alors « qu’un autre Américain » a pris la tête de la Banque mondiale, selon ses termes.
Y a-t-il un vecteur au sein de la CNUCED qui permettrait de poser la question des groupes régionaux pour faire de la libéralisation du commerce un véritable instrument du développement? a demandé le représentant de la Fédération de Russie. Si l’intérêt sur cette question existe, la CNUCED peut l’explorer, a promis le Secrétaire général de la CNUCED.
La CNUCED fait-elle partie du Groupe de travail créé par le Secrétaire général de l’ONU sur le « printemps arabe »? a demandé la représentante de l’Égypte, avant que le représentant de la Ligue des États arabes ne rappelle les engagements pris par les pays riches à Deauville d’octroyer aux pays concernés une somme de 38 milliards de dollars. Le Secrétaire général de la CNUCED a avoué qu’il ne savait rien du groupe évoqué par l’Égypte et encore moins des mécanismes de suivi de Deauville.
La CNUCED doit continuer de tout faire pour faciliter le transfert de technologies et l’accès aux marchés et aux ressources financières des pays en développement qui pourraient ainsi relever les défis économiques qui se posent à eux, a estimé la représentante du Viet Nam. Nous avons besoin d’une nouvelle démarche axée sur l’équité et qui tire les leçons des problèmes causés par le mode de pensée capitaliste. Le monde a besoin d’un développement, a insisté le représentant de l’Iran, axé sur les droits et non pas sur une croissance qui ignorera toujours les valeurs humaines et morales.
Faisons preuve de créativité, a déclaré sur un ton d’encouragement le Président de la CNUCED XIII et Ministre de la culture, des arts et du patrimoine du Qatar, M. HAMAD BIN ABDULAZIZ AL-KAWARI. Le principal défi à relever est d’anticiper le changement et de renoncer aux vieux modèles, a-t-il préconisé. Il faut promouvoir un développement fondé sur l’éthique et l’équité. Le Ministre s’est d’ailleurs vanté du développement de son pays, qui, dès le début a été axé sur ces principes cardinaux. La crise économique mondiale est sans doute la meilleure raison de nous pousser au changement, a-t-il dit en invitant les délégations à « s’entraîner à penser différemment ».
Dans son document introductif, la CNUCED rappelle en effet que depuis la crise financière de 2008, les appels se multiplient aussi bien dans le monde développé que celui en développement pour que l’économie emprunte le chemin de la lutte contre la pauvreté, de la promotion de l’emploi décent, de la sécurité sociale, de l’accès aux produits de première nécessité et d’une répartition équitable des richesses.
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