Conférence de presse de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie sur l’évolution de la situation des droits de l’homme dans le pays
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE INTERNATIONALE INDÉPENDANTE SUR LA SYRIE
SUR L’ÉVOLUTION DE LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME DANS LE PAYS
M. Paulo Sérgio Pinheiro, Président de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, et Mme Karen Koning AbuZayd, membre de la Commission, ont partagé leurs dernières observations sur la situation des droits de l’homme en Syrie, lors d’une conférence de presse organisée cet après-midi au Siège de l’ONU, à New York.
M. Pinheiro a déploré « l’escalade dramatique » des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire en Syrie au cours du dernier mois. La détérioration de la situation en Syrie a conduit le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à établir, en août 2011, une Commission d’enquête internationale indépendante chargée d’enquêter sur les violations présumées des droits de l’homme commises depuis mars 2011.
En septembre dernier, le Conseil des droits de l’homme a prorogé de six mois le mandat de la Commission d’enquête, jusqu’en mars 2013.
La Commission a été renforcée avec la nomination de deux membres supplémentaires, Mme Carla Del Ponte, ancien Procureure du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), et M. Vivit Muntarbhorn, ancien Rapporteur spécial des Nations Unies pour la République populaire démocratique de Corée (RPDC).
Le Président de la Commission a rappelé qu’il avait présenté son dernier rapport le 17 septembre. Le 12 octobre, il a fait un exposé à huis clos au Conseil de sécurité.
Les forces gouvernementales syriennes commettent des crimes de guerre: meurtres, détentions arbitraires, exécutions sommaires, tortures, violences sexuelles et violation des droits des enfants. Les civils sont victimes d’attaques indiscriminées dans des quartiers résidentiels.
Les groupes armés et l’Armée syrienne libre (ASL), a poursuivi M. Pinheiro, sont également responsables d’abus, quoiqu’à une moindre échelle. L’ASL a adopté un « code de conduite », mais ses effets ne se font pas encore sentir.
La Commission d’enquête est aussi très préoccupée par la présence de « quelques centaines de militants étrangers, islamistes radicaux ou djihadistes ». Le problème est qu’ils ne se battent pas pour la démocratie et la liberté. « Ils ont leur propre agenda » et risquent de radicaliser certains membres de l’opposition. La « tension sectaire » s’est également beaucoup aggravée, a constaté M. Pinheiro.
Membre de la Commission, Mme Karen Koning AbuZayd a dressé un tableau de la situation humanitaire en Syrie: 1,2 million de personnes déplacées; 2,5 millions de personnes ayant besoin d’assistance; et 150 000 réfugiés, soit 50 000 de plus qu’en juin dernier. Elle a parlé d’une pénurie de nourriture, d’eau et d’électricité, d’une situation économique qui se dégrade et des hôpitaux et écoles attaqués et occupés par des groupes armés ou des personnes déplacées. Le patrimoine culturel syrien est aussi menacé.
« La meilleure façon de commencer à protéger les droits de l’homme en Syrie est de mettre fin à la violence », a insisté le Président de la Commission. Il n’y a pas de solution militaire et il faut impérativement trouver un règlement politique, dans l’intérêt de toutes les victimes.
La Commission estime que la mission du Représentant spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes en Syrie, M. Lakhdar Brahimi, peut contribuer à créer un climat favorable aux négociations.
M. Pinheiro a expliqué que ni lui ni ses collègues, ne font partie d’un « tribunal de guerre ». Le seul organe compétent à ce jour pour s’occuper de questions relevant du droit pénal international, s’agissant de la Syrie, est le Conseil de sécurité.
« Notre rôle est de nous informer, de prendre note et de surveiller » la situation des droits de l’homme en Syrie, a-t-il précisé. « L’obstacle principal » auquel se heurte la Commission, tient au fait qu’elle n’a pas accès à la Syrie. Elle doit conduire ses entretiens à l’extérieur, et parfois au téléphone ou via Skype et depuis le début de son mandat, en août 2011, elle a en conduit 1 100.
La Commission ne se contente pas d’interviewer des militaires et des membres de l’ASL, elle recueille également le témoignage des gens ordinaires, des blessés et des réfugiés.
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