Ban Ki-moon invite le Conseil de sécurité à prendre les décisions courageuses qui s’imposent pour que l’AMISOM puisse remplir son mandat en Somalie
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
BAN KI-MOON INVITE LE CONSEIL DE SÉCURITÉ À PRENDRE LES DÉCISIONS COURAGEUSES QUI S’IMPOSENT POUR QUE L’AMISOM PUISSE REMPLIR SON MANDAT EN SOMALIE
On trouvera ci-après le texte intégral de la déclaration lue par le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, au cours de la réunion du Conseil de sécurité consacrée à l’examen de la situation en Somalie, qui a eu lieu jeudi, le 21 octobre:
Je vous remercie de me donner l’occasion de prendre la parole devant le Conseil au sujet de ce problème pressant.
La situation en Somalie demeure précaire, mais il y a cependant des lueurs d’espoir. Malgré les dissensions apparues récemment au sein du Gouvernement fédéral de transition, celui-ci demeure attaché à la paix et à la réconciliation. Le Président a nommé un nouveau Premier Ministre, et j’exhorte le Parlement à entériner cette nomination pour permettre qu’un nouveau gouvernement soit mis en place sans retard.
Le Gouvernement est également en train de renforcer ses institutions chargées de la sécurité. Il mène une offensive contre les insurgés et a pris le contrôle de certaines grandes villes qu’ils occupaient précédemment. Des informations selon lesquelles certains habitants ont retiré les drapeaux Al-Shabaab, qui flottaient sur la ville de Belet Hawo, pour les remplacer par le drapeau national somalien montrent que le peuple somalien aspire à la paix et à la sécurité.
Ces actions, certaines concrètes, d’autres symboliques, notamment la reprise des émissions de Radio Mogadiscio et la rénovation de certains bâtiments importants, témoignent de la détermination du Gouvernement à réaliser ces aspirations, en partenariat avec la communauté internationale.
Parallèlement, les obstacles sont bien connus. Deux millions de personnes ont besoin d’une aide d’urgence, dont 1,4 million de personnes déplacées depuis 2007. L’insécurité et les conflits qui persistent dans différentes parties du pays attirent des éléments extrémistes étrangers, ce qui représente une menace non seulement pour la Somalie, mais aussi pour la région, le continent, et au-delà. Nous avons tous vu ce qui peut arriver lorsque des terroristes et d’autres profitent de la fragilité d’un pays pour y établir leur sanctuaire.
L’appui apporté au Gouvernement fédéral de transition, à ses efforts de réconciliation et à sa lutte contre l’extrémisme sera certes extrêmement utile, mais la communauté internationale doit agir maintenant si elle veut réellement modifier la donne. L’ONU continuera d’œuvrer à la réalisation des objectifs politiques du processus de paix de Djibouti dans les quatre domaines clefs suivants.
Premièrement, elle doit appuyer les efforts déployés par le Gouvernement fédéral de transition à l’égard des protagonistes restés en dehors du processus de paix en vue d’engager des contacts et un processus de réconciliation. Pour soutenir ces efforts, mon Représentant spécial, M. Augustine Mahiga, s’est rendu régulièrement à Mogadiscio et dans les États de la région. Sous sa direction, le Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie (UNPOS) encourage le dialogue avec les entités restées jusqu’à présent en dehors du processus politique de Djibouti et qui renoncent à la violence.
Deuxièmement, l’ONU doit appuyer le Gouvernement fédéral de transition dans l’accomplissement des tâches prioritaires définies dans la Charte fédérale de transition, notamment l’organisation de consultations sur les constitutions. Comme il a été recommandé lors de la réunion du Groupe de contact international à Madrid, le 27 septembre, le Gouvernement fédéral de transition a convenu d’élaborer une feuille de route présentant une stratégie globale axée sur un certain nombre de priorités, des objectifs politiques et un calendrier portant sur le reste de la période de transition. Le Bureau politique facilitera ce processus.
Troisièmement, l’ONU doit faire avancer la mise en œuvre des accords entre le Gouvernement fédéral de transition et les autres autorités régionales. Et pour assurer l’efficacité de notre intervention en la matière, nous étoffons notre présence politique au Puntland et dans le Somaliland.
Quatrièmement, l’ONU doit mettre en place des institutions d’État qui fonctionnent. Non seulement le Bureau politique et l’équipe de pays organiseront davantage de séances du Comité de haut niveau et du Comité mixte de sécurité en Somalie, mais ils concentreront également leurs efforts sur le renforcement des capacités des différents ministères.
Dans chacun de ces domaines, l’ONU continuera de maintenir une présence allégée afin d’être au plus près des autorités et du peuple somaliens. Nous veillerons également à la bonne coordination des efforts de l’ONU, conformément à ma politique d’intégration des opérations des Nations Unies. Comme indiqué dans mon dernier rapport au Conseil de sécurité (S/2010/447), je compte élaborer dans les mois à venir des propositions sur une présence intégrée des Nations Unies à l’intention du Conseil de sécurité.
Je félicite l’Union africaine (UA) et sa Mission en Somalie (AMISOM) des efforts qu’elles déploient pour aider le Gouvernement fédéral de transition sur le plan militaire et de la sécurité. Le Bureau d’appui de l’ONU pour l’AMISOM a fourni à celle-ci un soutien logistique déterminant, qui lui a permis d’être une force militaire beaucoup mieux équipée. Comme le dira bientôt M. Lamamra, Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, la stratégie militaire de l’AMISOM est d’aider le Gouvernement fédéral de transition à mettre en place des institutions professionnelles au sein du secteur de la sécurité; à mettre en œuvre ses accords avec les autres groupes et autorités; à ouvrir un espace humanitaire et à fournir des services de base à la population. Cette stratégie vient à l’appui et en complément de la stratégie politique globale pour la Somalie.
Une aide plus importante est néanmoins nécessaire de la part de la communauté internationale si l’on veut permettre à l’AMISOM d’être un partenaire encore plus efficace. Dans mon dernier rapport au Conseil, j’ai souligné ma préoccupation face aux importants déficits enregistrés qui continuent de nuire au fonctionnement de la Mission. De nombreuses consultations ont été tenues dans le but de régler ce problème de manque de financement et notamment de financements prévisibles, notamment lors de la réunion officieuse, le mois dernier, des membres du Conseil de sécurité, des principaux donateurs et d’autres partenaires, organisée conjointement par le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques et par le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions. Le problème du financement de l’AMISOM a également figuré en bonne place dans les déclarations prononcées lors du minisommet que j’ai convoqué pendant le débat général de l’Assemblée générale et de nouveau lors de la récente mission du Conseil en Afrique.
Suite à ces consultations, le Conseil est maintenant saisi du rapport du Président de la Commission de l’Union africaine, qui demande une aide supplémentaire importante à l’AMISOM, devant être financée à partir des contributions versées par les États Membres de l’ONU.
J’invite le Conseil à prendre les décisions audacieuses et courageuses qui s’imposent pour renforcer la capacité de l’AMISOM de s’acquitter plus efficacement de son mandat. Le Conseil de sécurité pourra envisager de supprimer progressivement l’appui supplémentaire apporté, sur la base des phases graduelles proposées dans le rapport du Président Ping. Cette stratégie comporterait un examen périodique des incidences de l’aide supplémentaire apportée par l’ONU. Mon Représentant spécial travaille en étroite collaboration avec l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement afin d’assurer la cohérence entre leur stratégie militaire et les objectifs politiques de la communauté internationale, tels qu’énoncés dans l’Accord de Djibouti.
En retour, je demande instamment aux autorités somaliennes d’unir leurs efforts, notamment contre la menace de l’extrémisme. Le Gouvernement fédéral de transition doit également commencer à fournir de meilleurs services au peuple somalien, à payer les salaires des forces de sécurité, et à renforcer les institutions responsables en son sein de la sécurité. Le soutien de la communauté internationale est indispensable à cet égard.
Dans un pays où le conflit fait rage depuis deux décennies, l’instauration de la paix exige des efforts soutenus et une stratégie à long terme. Je rends hommage à tous ceux qui contribuent à cet objectif : la Mission de l’Union africaine en Somalie, les pays qui fournissent des contingents, les voisins de la Somalie et les États Membres qui se sont résolument engagés en faveur de la Somalie et du processus de paix.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel