ENV/DEV/1129

La Commission du développement durable impute les crises actuelles à un modèle de développement fondé sur des modes de consommation et de production non viables

07/05/2010
Conseil économique et socialENV/DEV/1129
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement durable

Dix-huitième session

10e  et 11e séances – matin & après-midi


LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE IMPUTE LES CRISES ACTUELLES À UN MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT FONDÉ SUR DES MODES DE CONSOMMATION ET DE PRODUCTION NON VIABLES


La Commission du développement durable a achevé, aujourd’hui, sa série de débats thématiques, en rappelant que les crises financière, économique, alimentaire, énergétique et climatique actuelles ne sont que les symptômes d’un modèle de développement fondé sur des modes de consommation et de production non viables.


Des propositions ont été faites au premier rang desquelles le lancement d’une nouvelle réflexion sur la notion de croissance économique, tout en sachant que développement durable et économie de marché ne s’excluent pas, ont souligné les participants aux débats.  Le problème, ont-ils convenu, n’est pas de consommer moins mais bien de consommer mieux.  Il faut non seulement changer le comportement du consommateur mais aussi promouvoir l’entreprise citoyenne.


Un souffle d’optimisme est venu d’un des experts qui a dit voir, compte tenu d’une demande croissante, une tendance à une universalisation de l’accès aux produits dont le cycle de vie répond aux exigences de la protection de l’environnement.  Les chaînes de distribution étant mondiales, une entreprise ne peut prospérer que si elle en fait partie.


Le professeur Wolfgang Sachs, de l’Institut Wuppertal pour le climat, l’environnement et l’énergie, a développé une théorie appuyée sur trois piliers: la dématérialisation qui privilégie la main-d’œuvre au détriment à la machine; la régénération, qui créée la biomasse, la géothermie ou l’énergie solaire; et la modération qui combat la surconsommation et la surexploitation.


Mais, ont souligné les participants aux débats, cette transition à l’« économie verte », terme rejeté par le Brésil au profit de « développement durable », exige un flux adéquat et prévisible de ressources financières et le transfert des technologies nécessaires, conformément au principe de responsabilité partagée mais différenciée.


Il faut stopper les tendances actuelles et faire preuve de volonté politique pour répondre « avec sérieux » aux problèmes environnementaux et économiques actuels, a plaidé le Groupe de la jeunesse et des enfants, « peuple sans voix ni pouvoir ».


Lundi 10 mai à 10 heures, la Commission du développement durable a prévu de célébrer la Journée des petits Etats insulaires en développement.


MODULE THÉATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2010-2011


Débat thématique sur les modes de consommation et de production durables


La conclusion, ce matin, de ce débat thématique a été l’occasion pour les délégations de procéder à un échange de points de vue sur les stratégies capables d’assurer la transition vers des modes de consommation et de production durables.


À l’instar du Kenya, la représentante de la Finlande a estimé qu’il importe avant tout de repenser la notion de croissance économique et de considérer le commerce, a renchéri son homologue du Mexique, comme un élément à part entière de la transition vers un mode de consommation et de production durables.  « L’action des gouvernements, la conception des produits et le comportement des consommateurs sont essentiels à la réussite du Processus de Marrakech », a-t-il dit.


« Durabilité et économie de marché ne s’excluent pas », a estimé la représentante du Grand groupe des entreprises, pour qui « il ne faut pas consommer moins, mais consommer mieux ».  L’économie verte peut favoriser l’ouverture, a argué le représentant de l’Argentine, même s’il a vu des risques de « protectionnisme vert ».


Les politiques de durabilité ne devraient pas nuire au développement des petites et moyennes entreprises, a mis en garde le représentant de l’Inde, tandis que celui de la Jamahiriya arabe libyenne a réclamé une simplification des procédures afin de faciliter les investissements étrangers, pourquoi pas par le renforcement des partenariats publics-privés, s’est demandé la représentante du Sénégal, en particulier pour le transfert des technologies, a ajouté son homologue de Cuba.


Mais, a rappelé, le représentant de l’Italie, c’est le rôle de l’individu-consommateur qui est particulièrement essentiel.  « Il faut le sensibiliser et l’inciter à changer de comportement ».  Il faut encore que la sensibilisation ne se limite pas aux citadins, a averti le représentant du Grand groupe des peuples autochtones.


S’agissant de la commercialisation des produits verts, le représentant du Grand groupe des scientifiques a estimé judicieux d’incorporer le coût du recyclage au prix du produit.  Une autre proposition est venue de la Finlande et de la Norvège consistant à refléter dans le prix d’un produit son impact sur l’environnement.  Le représentant de la France a vanté les mérites des écolabels qui sont actuellement promus sur le territoire français.


Le futur « Cadre décennal des programmes sur les modes de consommation et de production durables » a fait l’objet de plusieurs commentaires.  La représentante du Grand groupe des travailleurs a estimé qu’il devrait promouvoir la responsabilité sociale des entreprises et être doté, a ajouté le représentant de la Barbade, d’un mécanisme d’évaluation.  Le manque de données sur les modes de consommation et de production des femmes a été souligné par la représentante du Grand groupe des femmes.  « Principales productrices et consommatrices de denrées alimentaires de base, elles ont un rôle essentiel à jouer », a-t-elle observé.


Avant la reprise du débat, les délégations ont écouté les interventions de deux panélistes qui portaient, notamment, sur l’analyse du cycle de vie.


M. GREG NORRIS, École de santé publique de l’Université d’Harvard et Président de Sylvatica, une entreprise de consultation et un groupe de recherche spécialisé dans l’analyse du cycle de vie, a constaté qu’étant donné la demande croissante de produits dont le cycle de vie répond aux exigences de protection de l’environnement, l’universalisation de l’accès à ces produits s’opérait.  Les chaînes de distribution étant mondiales, les entreprises ne peuvent prospérer que si elles en font partie, a-t-il observé.


Il a expliqué que jusqu’à présent l’analyse du cycle de vie laissait à désirer.  Il a préconisé le passage du « silo de données » actuel à un modèle où chaque effort et analyse pourront contribuer à un ensemble de données accessibles à tous.  Il a notamment cité l’exemple du site OpenStreetMap qui, alliant les fonctions de GoogleMaps et de Wikipedia, avait permis d’actualiser pratiquement en temps réel la carte de Port-au-Prince après le tremblement de terre, et de localiser ainsi les camps de réfugiés, au grand bénéfice des humanitaires.


Le panéliste a passé en revue d’autres outils informatiques et Internet capables d’aider les entreprises et les pays en développement à évaluer différents facteurs, comme la rentabilité des investissements, par exemple.  Ces nouveaux systèmes d’information peuvent également créer des nouveaux marchés, donc des emplois.  Pour M. Norris, les technologies « OpenSource » permettront de faire des progrès et d’obtenir la confiance des consommateurs.


Mme ANNA JONES-CRABTREE, Directrice exécutive de la Collectivité occidentale de six sites de recherche de l’Unité des services forestiers du Département de l’agriculture des États-Unis, a indiqué que les États-Unis avaient mis en place diverses mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais que les systèmes de contrôle laissaient à désirer, du fait notamment de leur dispersion.  La panéliste a donc insisté sur l’importance de créer un système intégré et de reconnaître, par ailleurs, l’interconnexion entre la consommation et la gestion des ressources.


Mme Jones-Crabtree a ensuite passé en revue les activités des « équipes vertes » créées par l’Unité des services forestiers.  Elle a notamment indiqué qu’une initiative permettait dorénavant de coordonner les activités de réduction des émissions dans le parc de Yellowstone, dans l’État du Wyoming.  Les services forestiers ont également facilité la création d’un système de recyclage du plastique dans une petite communauté du Montana où le recyclage était pratiquement inexistant.


« Ne sous-estimez jamais le pouvoir d’un individu au plan local », a déclaré en substance la panéliste, pour qui il importe avant tout de changer les comportements et pas simplement les chiffres.


Ce débat a été animé par M. ULF JAECKEL, de l’Allemagne, Vice-Président de la Commission du développement durable.  Dans ses remarques de conclusion, il a préconisé la création d’une plate-forme qui permettrait de présenter les différentes initiatives adoptées en matière de production et de consommation durables.  Il a également insisté sur le rôle déterminant que peuvent jouer les procédures publiques d’achat et la sensibilisation des enfants.


Débat thématique sur les corrélations, les questions intersectorielles et les moyens de mise en œuvre


« Les crises financière, économique et climatique ont montré les limites du mode de développement actuel », a déclaré le Ministre de l’environnement et des ressources naturelles du Guatemala, Luis Ferraté Felice, qui animait aujourd’hui le débat thématique.


Un changement planétaire est impératif, a-t-il exhorté, en estimant que les débats thématiques tenus cette semaine ont confirmé les défis communs et transversaux posés par la transition à une croissance économique verte.  Récusant le terme d’« économie verte », sans définition précise, le Brésil a jugé qu’il faudrait s’en tenir au concept de « développement durable ».


Un tel développement, a dit le Ministre guatémaltèque, souligne la nécessité d’un « flux adéquat et prévisible de ressources financières ».  Lui emboîtant le pas, le Yémen s’est, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, demandé comment garantir la prévisibilité de l’aide publique au développement (APD) et faire en sorte que les fonds atteignent directement les communautés les plus vulnérables.


En attendant, la Fédération de Russie a fustigé la croissance « incroyable » d’un capital fictif qui a gonflé les chiffres des PIB.  Elle a appelé la Commission à travailler sur des données « rationnelles et vérifiables, en gardant à l’esprit les principes d’équité et de responsabilité partagée mais différenciée, a rappelé l’Argentine.


Il appartient aux pays développés, a insisté son représentant, de transférer les ressources et les technologies nécessaires.  Il a souligné la « responsabilité historique » des pays développés.


Le débat de l’après-midi a été précédé par un documentaire intitulé « Sustainable development-15 challenges », présentant les enjeux du développement durable à la lumière des crises économique, climatique, alimentaire et énergétique actuelles.


Le Professeur Wolfgang Sachs, de l’Institut Wuppertal pour le climat, l’environnement et l’énergie en Allemagne, a eu recours à une série de métaphores qui selon lui permettent de mieux comprendre les problèmes et les enjeux complexes.


Utilisant la métaphore du voilier et ses relations avec le vent, il a centré son exposé sur les trois perspectives que sont la « dématérialisation, la régénération et la modération ».


La dématérialisation atténue la pression sur les pauvres et les vulnérables.  Elle laisse entendre qu’il est plus sage d’utiliser l’énergie humaine –la main d’œuvre et le cerveau– plutôt que des machines.


La régénération, qui fait que « l’imagination humaine continue à améliorer la performance du voilier », génère la biomasse, la géothermie, l’énergie solaire, autant d’exemples de sciences qui vont dans le sens du respect de la planète et de ses ressources.


Enfin, la modération se traduit par le fait que le voilier est élégant, léger mais, au bout du compte, il ne peut pas aller aussi loin et porter une cargaison aussi volumineuse que celle du bateau fonctionnant au carburant.


« Le plus n’est pas toujours le meilleur », a dit le Professeur, en appelant à une modération antisurconsommation dans le cadre duquel les riches laisseraient plus d’espace aux pauvres, en renonçant à la surexploitation des ressources.  Une consommation modérée en faveur du grand nombre exigerait, par exemple, a dit l’expert, le recours au vélo au détriment des 4x4.


Il faut donner aux gens les moyens de comprendre et de changer leur comportement, a renchéri l’Union européenne, en insistant sur la nécessité d’analyser toutes les questions transversales sous l’angle du « cycle de vie ».  Quatre principaux enjeux transversaux ont été identifiés par le Canada à savoir les droits de la personne et l’égalité des sexes; la primauté du droit; la responsabilisation et le renforcement de la transparence et du caractère inclusif des institutions publiques et la liberté et la démocratie.


Ce n’est qu’avec une approche globale de l’environnement qu’on pourra assurer la pérennité d’un système dont nous sommes dépendants, a ajouté la   Suisse, en s’attardant sur les principes de précaution et de pollueur-payeur.


Aux enjeux cités par la Suisse, la Norvège a mis en exergue la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.  « Des lois bien appliquées et de bons systèmes de gouvernance sont la seule façon de mettre un terme à la culture du secret dans l’exploitation minière, par exemple ».


En guise d’exemples concrets d’investissements, voulus par l’Italie, dans les ressources humaines, le Maroc a brièvement présenté l’Initiative nationale du développement humain, qui vise à la fois le soutien aux personnes vulnérables notamment, et l’intégration des projets d’atténuation des effets du changement.


Mettant l’accent sur les connaissances traditionnelles, le Venezuela a dénoncé les modèles économiques imposés aux pays en développement et en contradiction avec les besoins réels.


Dans ce contexte, le Grand groupe des peuples autochtones a ajouté que la Déclaration des Nations Unies sur les droits de ces peuples a été un jalon historique dont les dispositions gagneraient à être incluses dans le futur « cadre décennal des programmes sur les modes de consommation et de production durables ».


Parlant de ce cadre, le Groupe des travailleurs et des syndicats a prévenu que le transfert de technologies ne suffira pas car il faut aussi modifier les priorités économiques et réglementer les marchés.  Les changements doivent se fonder sur les principes de l’équité, a-t-il insisté.


Il faut changer les tendances actuelles et apporter volonté une politique et des ressources financières pour répondre « avec sérieux » aux problèmes environnementaux et économiques actuels, a dit le Groupe de la jeunesse et des enfants, « peuple sans voix ni pouvoir ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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