ECOSOC/6436

L’ECOSOC entame son débat sur la coordination nécessaire pour atteindre les OMD ayant trait à la santé publique mondiale

06/07/2010
Conseil économique et socialECOSOC/6436
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond de 2010

21e et 22e séances – matin & après-midi


L’ECOSOC ENTAME SON DÉBAT SUR LA COORDINATION NÉCESSAIRE POUR ATTEINDRE

LES OMD AYANT TRAIT À LA SANTÉ PUBLIQUE MONDIALE


Les États doivent renforcer leurs systèmes de santé nationaux, avec l’aide

coordonnée des partenaires internationaux et de l’ONU, préconisent les intervenants


Abordant la deuxième semaine des travaux de sa session de fond de 2010, le Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé ce matin son débat consacré aux questions de coordination, qui se tient du 6 au 8 juillet, et qui examinait aujourd’hui le suivi, sous l’angle de la santé publique mondiale, de la déclaration ministérielle adoptée en 2009, relative aux engagements internationaux en matière de développement durable.


M. Morten Wetland, Vice-Président de l’ECOSOC, a invité le Conseil à « faire le point sur la mise en œuvre concrète de cette déclaration très importante, ceci dans la perspective du Sommet qui aura lieu en septembre sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ».


Aux termes de la déclaration ministérielle adoptée par le Conseil en 2009, qui a favorisé le consensus sur un large éventail de questions sanitaires, « les ministres des États Membres ont affirmé que la santé et la pauvreté étaient liées l’une à l’autre et que le développement durable passait par la réalisation des objectifs relatifs à la santé », a rappelé M. Thomas Stelzer, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales.


Les participants à la première table ronde, tenue ce matin, se sont exprimés sur la voie à suivre pour se diriger « vers l’adoption par l’ONU de mesures stratégiques globales permettant de relever les défis mondiaux en matière de santé », comme le prescrivait le thème de ce débat.  Réaffirmant l’interaction et les liens existant entre les différents OMD, ils ont appelé la communauté internationale et chaque État Membre à adopter et suivre une approche intégrée de la réalisation de l’objectif qu’est la santé.


Le lien entre l’OMD no 4 (promotion de la santé infantile) et l’OMD no 5 (qui concerne la santé maternelle) est apparu particulièrement évident.  « La santé du nouveau-né dépend étroitement de celle de la mère: si la mère meurt, le nouveau-né meurt souvent aussi », a ainsi affirmé Mme Thoraya Obaid, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  De son côté, M. Michel Sidibé, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a expliqué combien il est important de se pencher sur la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant et sur la santé procréative.


En ce qui concerne l’OMS, sa Sous-Directrice générale en charge des systèmes et des services de santé, Mme Carissa Etienne, a indiqué que l’organisation promeut un système de santé axé sur les soins de santé primaires et sur les personnes.  La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a, pour sa part, mis l’accent sur les efforts déployés par la FAO pour lutter contre diverses maladies animales, comme la fièvre porcine, qui peuvent favoriser l’apparition de maladies humaines.


La déclaration de 2009 ayant mis l’accent sur la responsabilité première de chaque pays en ce qui concerne son propre développement économique et social, les intervenants ont confirmé l’importance du renforcement des systèmes de santé nationaux.  M. Anthony Lake, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a insisté par exemple sur la nécessité de former davantage de personnels soignants.  Ceci a été possible dans plusieurs pays en développement comme la Chine, l’Iraq ou l’Arménie, et peut donc être accompli ailleurs, a-t-il fait remarquer.


Au cours de la deuxième table ronde, consacrée à la « coordination des efforts en vue de réaliser les OMD ayant trait à la santé », Mme Etienne a fait remarquer que le financement extérieur est particulièrement important dans le secteur de la santé mais, les acteurs étant nombreux, il y a souvent eu un manque de coordination entre donateurs et de nombreux doublons, ce qui rend d’autant plus nécessaire d’adopter l’approche de la Plate-forme de financement des systèmes de santé actuellement mise en place.  Cette Plate-forme est le fruit des travaux de l’Équipe spéciale de haut niveau sur un financement international novateur pour les systèmes de santé.


De son côté, M. Julian Lob-Levyt, Directeur exécutif de l’Alliance GAVI, a présenté les efforts de coordination menés par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la Banque mondiale et GAVI, avec le soutien de l’OMS, pour parvenir à la réalisation conjointe, au niveau national, des OMD nos 4, 5 et 6.  Le Directeur exécutif de ce Fonds mondial, M. Michel Kazatchine, a signalé notamment que ce Fonds a permis de sauver 5,7 millions de vies en 7 ans dans le cadre de la lutte contre la tuberculose.  M. Leonard Edwards, Représentant personnel du Premier Ministre canadien pour les Sommets du G-8 et du G-20, a indiqué pour sa part que les 7,3 milliards de dollars qui devraient être rassemblés dans le cadre de l’Initiative de Muskoka seront distribués par les pays donateurs par le biais de relations bilatérales.


Les OMD liés à la santé ont été les premiers à bénéficier de financements innovants, a enfin rappelé M. Philippe Douste-Blazy, Conseiller spécial du Secrétaire général pour un financement innovant du développement.  Il a appelé à étendre les mécanismes novateurs déjà en action, comme la Facilité internationale de financement pour la vaccination (IFFim), ou encore la Facilité internationale d'achat de médicaments (UNITAID) qui, grâce à une contribution « indolore » sur les billets d’avion, a collecté 1,5 milliard de dollars en trois ans et demi.


En début de journée, le Conseil a aussi entendu une allocution de M. Antonio Marzano, Président de l’Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS). 


Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux demain, mercredi 7 juillet, à 10 heures.



DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE COORDINATION


Thème: « Le rôle des Nations Unies dans la mise en œuvre des objectifs convenus et des engagements pris sur le plan international en matière de santé publique mondiale »


-     Le rôle du système des Nations Unies dans la mise en œuvre de la déclaration ministérielle issue du débat de haut niveau du Conseil tenu lors de sa session de fond de 2009 (E/2010/85, A/65/84–E/2010/90 et E/2010/CRP.3)


-     Application et suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies (A/65/84–E/2010/90)


-     Application des résolutions 50/227, 52/12 B, 57/270 B et 60/265 de l’Assemblée générale, y compris la résolution 61/16 (A/65/84–E/2010/90)


Déclarations liminaires


M. MORTEN WETLAND (Norvège), Vice-Président du Conseil économique et social, a ouvert le segment de la session de l’ECOSOC consacré aux questions de coordination en rappelant que le programme de travail de la session de fond du Conseil contient, cette année, plusieurs nouveaux éléments.  Il a expliqué que le segment des travaux consacré aux questions de coordination se tiendra pendant trois jours du fait de l’insertion dans celui-ci de la question du suivi des résolutions et engagements de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui sont contenus dans le Consensus de Monterrey.  Les trois autres questions à l’ordre du jour sont la mise en œuvre de la déclaration ministérielle de 2009 sur la santé publique mondiale, le rapport du Conseil des chefs de secrétariat pour la coordination (CEB), et l’application et le suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide des Nations Unies, a rappelé M. Wetland.


M. Wetland a mis un accent particulier sur la déclaration sur la santé publique mondiale, adoptée en 2009 par l’ECOSOC, rappelant qu’elle insiste sur le lien entre la santé et le développement.  L’ECOSOC doit faire le point sur la mise en œuvre concrète de cette Déclaration très importante, ceci dans la perspective du Sommet de septembre sur la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il ajouté, avant de rappeler qu’il ne restait que 5 ans d’ici à 2015 et qu’il était clair qu’il fallait faire plus et mieux en matière de santé publique mondiale, notamment dans le domaine des soins de la santé maternelle et néonatale.


Présentant le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des objectifs convenus et des engagements pris sur le plan international en matière de santé publique mondiale(E/2010/85), M. THOMAS STELZER, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales, a rappelé qu’il s’agit d’examiner le rôle du système des Nations Unies dans la mise en œuvre de la déclaration ministérielle adoptée par le Conseil en 2009.  Dans cette déclaration, les ministres ont affirmé que la santé et la pauvreté étaient liées l’une à l’autre et que le développement durable passait par la réalisation des objectifs relatifs à la santé.  Ils ont répété que chaque pays était au premier chef responsable de son propre développement économique et social, et qu’on ne soulignerait jamais assez l’importance des politiques nationales et des ressources intérieures.


La déclaration de 2009 a favorisé le consensus sur un large éventail de questions sanitaires, a rappelé le Sous-Secrétaire général.  La déclaration a encouragé la collaboration autour des questions de politique générale et permis de: a) mettre au point une démarche globale et intégrée pour réaliser les objectifs et tenir les engagements pris, y compris ceux qui concernent les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD); b) renforcer les systèmes de santé, à commencer par les soins de santé primaires afin de servir l’objectif d’accès universel aux services de santé; c) promouvoir la santé publique en tant que résultat dans toutes les politiques sectorielles; d) encourager la cohérence renforcée des politiques d’aide internationale; e) renforcer les partenariats innovants entre les acteurs concernés et en créer de nouveaux; et f) maintenir et augmenter les financements pour la santé publique et le développement, malgré la récente récession économique.


Dans son rapport, le Secrétaire général présente les expériences menées par certains pays et formule des recommandations, a poursuivi M. Stelzer.  Il note que l’ONU et la communauté internationale ont aidé les pays à mettre en œuvre des programmes ambitieux de santé publique.  Ainsi, malgré les crises, des progrès ont été réalisés en ce qui concerne les objectifs de santé, notamment en ce qui concerne l’immunisation, la couverture médicale, et la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose.  Il faut maintenant accélérer les efforts pour réduire la pauvreté et la malnutrition, améliorer la santé pour les migrants et intégrer une stratégie d’éducation holistique de manière à assurer l’insertion sociale, a préconisé M. Stelzer.  Il a estimé que le Sommet de 2010 qui aura lieu à l’Assemblée générale et sera consacré aux OMD donne l’occasion aux pays de s’entendre sur un plan d’action qui aura pour priorité urgente la réduction des mortalités néonatale et maternelle.  La nutrition et la protection sociale sont aussi prioritaires, a-t-il indiqué.


En ce qui concerne le rapport du Secrétaire général sur le rôle de l’ECOSOC dans l’application et le suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’ONU (A/65/84–E/2010/90), M. Stelzer a indiqué que ce rapport donne des exemples d’initiatives récentes en matière de suivi intégré des conférences.  Le rapport décrit les efforts entrepris, il y a peu, pour rationaliser le programme de travail de la session de fond du Conseil économique et social afin d’éviter à la fois les chevauchements et les doubles emplois entre les débats, et il contient un certain nombre de propositions pour poursuivre la rationalisation.


Le rapport souligne que, compte tenu de l’important examen de fond intégré qui intervient à présent dans le cadre de l’Examen ministériel annuel, il convient, pour l’avenir, de reconsidérer le rapport annuel sur le suivi intégré des politiques mises en œuvre.  Le Conseil souhaitera peut-être réexaminer la périodicité du rapport et les points qui y sont abordés à l’occasion de l’examen, par l’Assemblée générale à sa soixante-cinquième session, de la résolution 61/16 portant sur le renforcement de l’ECOSOC.  Le Conseil souhaitera peut être examiner ce rapport une fois tous les 5 ans, pour faire coïncider cet exercice avec l’examen quinquennal des OMD par l’Assemblée générale, a suggéré M. Stelzer.


M. ANTONIO MARZANO, Président de l’Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), a présenté son association, en rappelant sa jeunesse –10 ans– tout en la jugeant très représentative, car elle comprend aujourd’hui environ 70 Conseils économiques et sociaux nationaux de toutes les régions du monde.  Chaque conseil est représentatif des partenaires sociaux et autres acteurs de la société civile de son pays et coopère avec les institutions étatiques par le biais du dialogue social, afin de contribue à une meilleure redistribution de la richesse et à l’amélioration des conditions de vies économiques et sociales de tous.  Ces conseils économiques et sociaux nationaux n’ont pas les contraintes d’échéance des dirigeants politiques, qui sont dépendants de la durée de leurs mandats.  Les conseils économiques et sociaux travaillent souvent sur le moyen et le long terme, en s’intéressant de front à diverses questions, a ajouté M. Marzano.  Il a cité, à cet égard, les travaux menés par les conseils économiques et sociaux dans le domaine de l’économie mondiale, en estimant que, malgré les progrès et perspectives, la crise n’était pas finie.  Il a jugé urgent la mise en place de politiques favorisant l’intégration des jeunes dans la société et dans le monde du travail.  Le niveau d’éducation de jeunes est aujourd’hui plus élevé que celui des générations qui les ont précédé, et ils recherchent activement à s’intégrer et à prendre des responsabilités, sans avoir toujours l’opportunité de le faire.  Cela pourrait poser un problème majeur si nous ne trouvons pas de solution adéquate, a averti M. Marzano.  Il a rappelé que les incertitudes actuelles sont fondées sur la prise de conscience que le développement, dans sa forme actuelle, ne pourra se poursuivre indéfiniment.  Il a estimé que les conseils économiques nationaux, par leurs travaux pouvaient contribuer à la cohésion sociale.  Il s’est engagé à présenter à l’ECOSOC le résultat des travaux de l’AICESIS.


Table ronde sur le thème « Vers l’adoption par l’ONU de mesures stratégiques globales permettant de relever les défis mondiaux en matière de santé »


Présentations liminaires


Mme THORAYA OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a rappelé un thème développé lors de la récente Conférence internationale des sages-femmes, « partager, oser et avoir le souci du prochain ».  Nous partageons beaucoup mais nous devons être plus audacieux, a affirmé Mme Obaid, qui a énuméré les nombreuses réunions et conférences tenues récemment dans le domaine de la santé.  Elle a rappelé que l’OMD no 5, relatif à l’amélioration de la santé maternelle, comprenait deux volets principaux pour l’échéance de 2015: une réduction des trois quarts, par rapport au niveau de 1990, de la mortalité maternelle, et un accès universel aux soins de santé reproductive.  En général, on se concentre sur le premier aspect, a-t-elle fait observer.  Les résultats obtenus en matière de mortalité maternelle sont réels mais restent insuffisants, a-t-elle affirmé.  Quant à la promotion de l’accès à la santé reproductive, elle reste limitée, et ce mauvais état de la santé reproductive maternelle reste la principale cause de mortalité maternelle dans les pays en développement.  Or, la santé du nouveau-né dépend aussi étroitement de celle de la mère: si la mère meurt, le nouveau-né meurt souvent aussi, a affirmé Thoraya Obaid.  La santé maternelle importe aussi pendant tout le cycle de l’enfance, a-t-elle ajouté.  Elle a mis en avant le partenariat du FNUAP avec l’UNICEF, l’OMS, la Banque mondiale et l’ONUSIDA pour accélérer l’amélioration de la santé des femmes, des enfants et des jeunes.


Mme Obaid a rappelé qu’il existait un Fonds d’affectation spéciale pour la santé maternelle depuis 2008, qui est actif dans de nombreux pays.  Elle a constaté que l’Afrique avait adopté une stratégie régionale de réduction de la mortalité maternelle: le Plan d’action de Maputo, conçu par l’Union africaine.  Elle a rappelé l’existence d’un Fonds d’affectation spéciale pour lutter contre les fistules obstétriques, dont les ressources financent des programmes dans 47 pays.  Mme Obaid a encore rappelé l’action du FNUAP dans la lutte contre la transmission du VIH/sida, en partenariat avec l’UNICEF, l’OMS ou l’ONUSIDA et elle a mis l’accent sur la nécessité d’assurer des actions de prévention auprès de la jeunesse, par des programmes et des discours adaptés.


Pour l’avenir, Mme Obaid a estimé qu’il fallait maintenir l’élan et conserver le sentiment d’urgence qui prévaut actuellement pour progresser.  Elle a plaidé pour le renforcement du système de santé dans la perspective d’un continuum de soins allant de la naissance aux derniers stades de la vie.  Elle a estimé qu’il fallait renforcer le rôle de la société civile, des communautés et du secteur privé.  Enfin, elle a plaidé pour une perspective « droits de l’homme » qui intègre l’égalité des sexes et les droits de l’homme pour assurer un accès équitable aux soins de santé pour tous, y compris les personnes les plus pauvres et les plus marginalisées, ce qui suppose la mise en place de mesures de protection et le renforcement des services sociaux de base.


M. ANTHONY LAKE, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a expliqué que la préoccupation de l’UNICEF était logiquement la réalisation de l’OMD no 4, qui est relatif à la réduction de la mortalité infantile, et il a ajouté que l’essentiel des efforts de l’UNICEF est lié à cet objectif.  Mais il est évident que les OMD sont tous liés et particulièrement les Objectifs nos 4 et 5: en effet, pour protéger la vie des petits enfants, il faut protéger la vie des mères.  Quarante et un pour cent des morts d’enfants de moins de 5 ans qui pourraient être évités interviennent dans les premières heures après la naissance, a rappelé M. Lake, qui a cité quelques autres faits: une femme d’un pays parmi les plus pauvres au monde a 300 fois plus de risques de mourir d’un accouchement ou de complications de sa grossesse qu’une femme d’un pays industrialisé, et un enfant a 10 fois plus de risques de mourir dans les premiers mois de sa vie. 


M. Lake a estimé qu’il faudrait disposer de 350 000 personnels soignants compétents supplémentaires à travers le monde pour assister les parturientes lors des accouchements.  Il a rappelé qu’en Chine, 100% des accouchements étaient assistés, tandis que ce chiffre est de 75% en Iraq, en Égypte, en Arménie ou au Tadjikistan.  Si on peut le faire dans ces pays, on peut le faire ailleurs, et les décès de mères et d’enfants ne sont donc pas inévitables dans les pays pauvres, a-t-il affirmé.  M. Lake a mis l’accent sur la formation aux prestations de soins de base.  Au Mozambique ou au Malawi, plus de 90% des césariennes sont réalisées par des techniciens qui ont reçu une formation adaptée, et non par des diplômés en médecine, a-t-il expliqué.  Il a prôné la recherche de financements novateurs pour la promotion des systèmes de soins de santé afin de rendre ces soins plus facilement accessibles.  Il s’est prononcé pour une meilleure utilisation de la technologie, faisant référence notamment à l’utilisation des téléphones mobiles et des SMS, qui sont répandus partout, y compris en milieu rural, ceci afin de mobiliser les travailleurs de santé communautaire ou de fournir des conseils en temps réels en cas de complication ou d’urgence.


M. Lake a estimé que les interventions intégrées requéraient des programmes au niveau des pays et une meilleure coopération, y compris entre agences des Nations Unies.  Il s’agit de mettre en pratique sur le terrain les principes de programme « Unis dans l’action », a-t-il expliqué.  En même temps, la meilleure des coordinations ne pourra réussir sans l’engagement actif des communautés elles-mêmes, a rappelé M. Lake, qui a rappelé que des pays comme le Népal ou le Malawi faisaient appel à des milliers d’aides-soignants identifiés au sein des communautés afin de poser des diagnostics et de soigner les maladies les plus graves et celles qui souvent tuent le plus rapidement les petits enfants, comme les diarrhées, les pneumonies, ou encore le paludisme.


M. MICHEL SIDIBÉ, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a rappelé que, comme la communauté internationale le reconnaît maintenant, les problèmes relatifs à la santé exigent une riposte qui va bien au-delà du seul secteur de la santé.  La lutte contre le sida a montré la voie en démontrant l’intérêt qu’il y a de travailler avec les parties prenantes de différents secteurs, a-t-il souligné.  M. Sidibé a indiqué que 300 millions de dollars étaient consacrés à la lutte contre le sida il y a 10 ans et que ce budget est maintenant de 16 milliards de dollars.  Parmi les progrès accomplis ces dernières années, il a signalé notamment qu’il a été possible de réduire de 17% les nouvelles infections et d’ouvrir un débat sur l’accès universel aux traitements et aux soins, en vue d’une plus grande justice sociale.


M. Sidibé a ensuite appelé à examiner les OMD qui traitent de la santé comme un tout indivisible.  Quand on agit de manière isolée, la riposte a un impact très limité, a-t-il prévenu.  Avec aujourd’hui 16 millions de personnes de plus de 15 ans qui ont le sida, nous devons trouver une réponse à la pandémie qui intègre l’amélioration de la santé maternelle et de la santé des enfants, a-t-il indiqué.  Il a expliqué, par exemple, combien il est important de se pencher sur la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant et sur la santé procréative.  Il faut que les femmes puissent traiter de ces questions de façon plus indépendante et que les adolescentes adoptent des attitudes plus responsables en matière de sexualité, a-t-il souhaité, ajoutant que les hommes doivent également jouer un rôle plus important dans ce domaine.  M. Sidibé a aussi appelé à s’attaquer au problème de la violence sexuelle, qui précède parfois les grossesses.  Il a conclu en expliquant que 10 coparrains appuient le Document cadre d’ONUDISA, document qui adopte une approche intégrée contre les problèmes de santé et dans la lutte contre le VIH/sida.  Les quatre grands défis à relever aujourd’hui sont de permettre que les ressources servent les priorités nationales, d’examiner les questions d’accès aux médicaments, de s’attaquer au problème de la stigmatisation et d’assurer un financement durable et prévisible, a indiqué Michel Sidibé.


Mme CARISSA ETIENNE, Sous-Directrice générale en charge des systèmes et des services de santé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a noté les efforts que mènent les États Membres pour renforcer leurs systèmes de santé en vue d’atteindre les OMD, tout en relevant qu’il y a encore des lacunes concernant les OMD nos 4 et 5.  La recherche de la réalisation des OMD nous a conduits à apporter une réponse plus complète aux problèmes de santé et de développement, a-t-elle aussi constaté.  Elle a noté qu’au-delà de l’ONU, les partenaires au développement et à la promotion de la santé modifient progressivement leur façon de travailler et recherchent davantage l’appropriation des politiques et des programmes par les pays, notamment à travers des initiatives comme le « Health Partnership Plus » (HPP).  Elle a précisé que 12 pays se sont joints à HPP, qui est un cadre qui rassemble 47 pays, agences et partenaires de développement, et qui est coordonné par l’OMS.  Nous recherchons aussi des relations plus étroites avec la société civile, a-t-elle indiqué, ajoutant que l’OMS travaille avec davantage de partenaires qui ne sont pas forcément issus du domaine de la santé, en suivant une approche multisectorielle.


Nous avons besoin de plus de fonds pour le secteur de la santé, et nous devons pouvoir mesurer les résultats en fonction des échéances, a poursuivi Mme Etienne.  Or, a-t-elle constaté, certains pays ne sont même pas en mesure de comptabiliser les naissances et les décès au sein de leurs populations.  L’OMS travaille donc avec ses partenaires pour créer un système de suivi en développant des indicateurs.  En outre, l’OMS investit des ressources considérables pour veiller à ce que les systèmes de santé soient renforcés, a ajouté Mme Etienne.  Elle a aussi mentionné l’adoption par l’OMS d’un code de recrutement éthique du personnel de la santé, et l’aide qu’elle apporte aux pays en crise pour leur permettre de mettre en place un système de planification des ressources humaines pour la santé.  Elle a aussi indiqué que l’OMS promeut un système de santé axé sur les soins de santé primaires, qui prévoit des prestations de soins intégrées et axées sur les personnes.  Signalant que 70 pays ont lancé leur planification nationale en matière de santé pour 2010-2011, elle a appelé les partenaires à saisir cette occasion pour travailler avec les pays afin que tous les éléments importants soient pris en compte dans le processus de planification nationale.  Elle a enfin appelé à évaluer les besoins futurs, soulignant les défis posés par l’urbanisation, le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies non transmissibles.


Débat interactif


Lors du débat qui a suivi les présentations des panélistes, le représentant du Brésil a rappelé l’interaction et les liens existant entre les différents Objectifs du Millénaire pour le développement, qu’ils soient ou non directement relatifs à la santé.  Il a mis en avant des éléments qui ont une influence sur la santé, et qui sont aussi divers que la formation du personnel soignant, l’accès aux services de santé et aux médicaments, l’accès à l’éducation à la procréation, le renforcement de l’autonomisation des femmes ou encore les barrières commerciales, qui contribuent à l’augmentation des prix des produits alimentaires.


Dans le même sens, la représentante de la Belgique, au nom de l’Union européenne, a souligné l’impact sur la santé de déterminants sociaux comme l’hygiène ou l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Elle a rappelé que l’Union européenne adopte dans sa politique d’assistance en matière de santé une approche holistique qui va au-delà du secteur de la santé proprement dite et qui intègre notamment les accès à l’eau potable et à l’assainissement.


La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé que, pour assurer la santé, il fallait assurer aussi l’alimentation et la nutrition puisque la malnutrition favorise la morbidité.  Or, dans les pays en développement, un enfant sur trois souffre de rachitisme dû à la malnutrition, a-t-elle affirmé.  Elle a en outre mis l’accent sur les efforts déployés par la FAO pour lutter contre diverses maladies animales, comme la fièvre aphteuse ou la fièvre porcine, qui limitent la productivité de l’agriculture et peuvent favoriser l’apparition de maladies humaines.


Les représentants de l’Indonésie et d’Israël ont insisté sur la nécessité d’accélérer les perspectives de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en matière de santé et d’aller même au-delà. 


M. Anthony Lake, de l’UNICEF, a estimé que si on se concentrait trop sur la réalisation du maximum d’OMD d’ici à 2015, on s’attacherait alors à la réalisation des Objectifs les plus faciles et on s’apercevrait ensuite que le plus dur reste à faire alors que les donateurs se seront peut-être lassés.  Il faut donc travailler dès aujourd’hui dans les domaines les plus difficiles, et 2015 doit devenir un jalon dans un marathon plutôt qu’apparaître comme l’échéance d’une course de vitesse, a-t-il affirmé.


Estimant que le  nombre des questions de santé de dimension mondiale ne pouvait que s’accroître à l’avenir , le représentant de l’Indonésie s’est prononcé pour la mise en place d’un cadre de recueil de données et d’analyses en matière de santé comparable au Groupe d’experts internationaux sur les changements climatiques.


Mme Carissa Etienne, de l’OMS, a estimé que l’on avait trop fragmenté les défis de la santé mondiale, alors qu’il faudrait adopter une approche holistique.  En même temps, il faut tenir compte des priorités définies au plan national par les États. 


M. Sidibé, d’ONUSIDA, a lui aussi estimé que l’un des grands défis à relever consistait à trouver comment faire en sorte que les pays prennent en charge la définition de leur politiques et priorités nationales, afin que celles-ci puissent servir de base aux programmes d’assistance internationaux, qui doivent eux-mêmes mieux être coordonnés.  M. Lake a rappelé que les mécanismes de coordination, en matière de santé comme ailleurs, évoluent.  Il s’est montré méfiant face aux grands projets consistant à créer des choses de toutes pièces sans savoir si on a les capacités pour le faire.  Il a estimé en revanche que la pression des donateurs pouvait être utile, encore que la plus efficace serait celle que les institutions du système des Nations Unies devraient s’imposer elles-mêmes pour devenir plus cohérentes et inspirer davantage confiance aux donateurs, afin que ceux-ci n’imposent pas chacun des mécanismes de contrôle, tous différents.  Mme Obaid, du FNUAP, a rappelé le rôle de la coopération Sud-Sud.


Le représentant des États-Unis a demandé comment la nouvelle entité  « ONU Femmes » pourrait apporter son aide.


La représentante des Bahamas s’est inquiétée du continuum entre les soins de santé aux enfants et aux jeunes ainsi que ceux relatifs à la santé maternelle, en particulier au regard des maladies non transmissibles et autres problèmes sanitaires.  À propos du VIH/sida, elle a rappelé que les Bahamas avaient remporté de grands succès dans la réduction de la transmission de la mère à l’enfant


Table ronde sur la « Coordination des efforts en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement ayant trait à la santé »


Présidée par M. MORTEN WETLAND, de la Norvège, Vice-Président du Conseil économique et social, et animée parM. TORE GODAL, Conseiller spécial auprès du Premier Ministre norvégien, cette table ronde a vu des interventions liminaires de M. Julian Lob-Levyt, Directeur exécutif de l’Alliance GAVI; M. Michel Kazatchkine, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme; M. Keith Hansen, Directeur du Réseau du développement humain de la Banque mondiale; M. Philippe Douste-Blazy, Conseiller spécial du Secrétaire général pour un financement novateur du développement; Mme Carissa Etienne, Sous-Directrice générale en charge des systèmes et services de santé à l’Organisation mondiale de la santé; et M. Leonard J. Edwards, Représentant personnel du Premier Ministre canadien pour les Sommets du G-8 et du G-20.


Présentations liminaires


M. JULIAN LOB-LEVYT, Directeur exécutif de l’Alliance GAVI, a présenté les efforts des donateurs qui ont permis de collecter des ressources afin de vacciner des millions d’enfants.  Il a, à cet égard, cité en exemple l’intervention de la Fondation Bill Gates qui a permis de sauver les vies de 5,4 millions d’enfants depuis la création de GAVI il y a 10 ans.  Parce que les pneumonies tuent beaucoup d’enfants touchés par le VIH/sida, il faut coordonner la lutte contre ces infections et celle contre le VIH/sida et intégrer les efforts de lutte contre ces maladies afin de réaliser les OMD nos 4, 5 et 6, a dit M. Lob-Levyt.  Il a parlé des efforts de coordination menés par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la Banque mondiale et GAVI, avec le soutien de l’OMS, pour parvenir à la réalisation conjointe, au niveau national, des OMD nos 4,5 et 6.  Il ne s’agit plus de se concentrer sur les organismes ou agences de l’ONU, mais sur les pays et leurs capacités, a-t-il insisté.


M. MICHEL KAZATCHINE, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a souligné les progrès significatifs accomplis en matière de lutte contre le paludisme et la tuberculose grâce au financement rassemblé par ce Fonds.  En ce qui concerne le paludisme, il a dit qu’on a pu atteindre une réduction de 40% à 80% des décès dus au paludisme en quelques années.  Au Sénégal, a-t-il dit, à titre d’illustration, nous sommes passés de 10 000 morts par an, il y a 10 ans, à 557 l’année dernière.  S’agissant de la lutte contre la tuberculose, il a dit que 5,7 millions de vies ont pu être sauvées depuis 7 ans grâce aux financements obtenus.  Il a dit que le portefeuille de 7 milliards de dollars du Fonds était consacré au renforcement des capacités nationales, en s’appuyant sur les priorités nationales. 


M. KEITH HANSEN, Directeur du Réseau du développement humain de la Banque mondiale, a rappelé comment la Banque mondiale avait apporté son appui à la promotion de la santé mondiale, notamment en renforçant les systèmes de santé dans le monde, ou en fournissant des services ou assurances médicales à des dizaines de millions de personnes à travers la planète.  Il a apporté tout l’appui de la Banque à la Plate-forme de financement des systèmes de santé actuellement mise en place.  La première étape a été l’harmonisation des concepts, et la deuxième l’harmonisation du cadre institutionnel, réalisée grâce à IHP+.  La Plate-forme représente la troisième étape, a-t-il estimé.  Il a émis l’espoir que les ressources pourront augmenter dans les années à venir.  Le point de départ est l’idée que l’État est au centre de la stratégie et décide de ses priorités en matière de santé, a expliqué M. Hansen.  La stratégie nationale doit comprendre tous les éléments indispensables pour atteindre les résultats souhaités.  La Plate-forme donne une idée plus claire des priorités, et elle aide à déterminer les moyens d’action et à identifier les financements.  Elle permettra d’éviter les doublons et donc de faire des économies.  En outre, si la situation en matière de financement change, elle permettra de réagir rapidement, a estimé M. Hansen, en prenant pour exemple le cas du Népal.


M. PHILIPPE DOUSTE-BLAZY, Conseiller spécial du Secrétaire général pour un financement novateur du développement, a déclaré que les OMD liés à la santé avaient été les premiers à bénéficier de financements innovants, ajoutant que  ces derniers avaient donné de remarquables résultats.  Il a expliqué que ces financements devaient répondre à cinq défis: comment rendre solvable la demande (« les molécules sont au Nord, les malades sont au Sud »); comment faire de même en ce qui concerne la recherche; comment assurer des financements réguliers et prévisibles; comment accélérer le décaissement de l’aide; et comment peser sur les prix du marché.


Pour répondre à ces défis, nous devons agir dans deux directions, a estimé M. Douste-Blazy.  D’abord, il faut étendre les mécanismes novateurs déjà en action, comme la Facilité internationale de financement pour la vaccination (IFFim), qui a permis le succès de GAVI, ou encore la Facilité internationale d'achat de médicaments (UNITAID).  En trois ans et demi, UNITAID, grâce à une contribution totalement « indolore » sur les billets d’avion, a collecté 1,5 milliard de dollars et aura pu traiter, par le biais de ses partenaires, les trois quarts des enfants traités pour le VIH/sida, a indiqué M. Douste-Blazy. 


Ensuite, il faut changer l’échelle des financements innovants dans trois domaines, a poursuivi M. Douste-Blazy.  Le premier concerne la nature des financements mobilisés en créant des microcontributions de solidarité liées aux activités économiques qui ont bénéficié de la mondialisation, qu’il s’agisse du tourisme -avec la cotisation prélevée sur les billets d’avion-, de l’utilisation des téléphones portables, de l’Internet, ou même encore, des transactions financières.  M. Douste-Blazy a rappelé que, lors du dernier G-20 de Toronto, le Président de la France et la Chancelière de l’Allemagne ont proposé une taxe sur les transactions interbancaires, qui est aujourd’hui techniquement, économiquement et politiquement faisable.  Une telle microtaxe de 0,01% sur les transactions interbancaires permettrait de lever 40 milliards de dollars par an, a-t-il affirmé. 


Le second domaine d’action concerne l’échelle des contributions volontaires de solidarité, dont il faut aussi changer l’échelle, a préconisé M. Douste-Blazy.  Grâce à l’Internet, nous pouvons désormais proposer  ces micro-contributions à des centaines de millions de consommateurs, a-t-il fait observer.  Il a cité en exemple la « Millenium Foundation » et « Massivegood ».  Enfin, il faut changer d’échelle en termes d’utilisation des nouvelles ressources.  M. Douste-Blazy a cité en exemple l’initiative « Medicine Patent Pool », qui doit permettre de faire en sorte que les médicamenta les plus récents de lutte contre le VIH/sida, toujours plus chers, ne restent pas inaccessibles aux malades des pays pauvres.  Si les entreprises consentent leur part de l’effort, nous pouvons transformer le marché des médicaments du VIH/sida et alléger la crise qui se pose actuellement concernant le traitement, a-t-il assuré.  


Pour M. Douste-Blazy, le succès de ce premier exemple devrait en appeler d’autres, dan les domaines de la santé maternelle, de l’alimentation, voire des changements climatiques.  Transformer le capitalisme pour lui faire produire des biens publics mondiaux au profit des plus pauvres est la seule manière d’éviter des conflits graves au XXIe siècle, a-t-il conclu. 


Mme CARISSA ETIENNE, Sous-Directrice générale en charge des systèmes et des services de santé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré que l’OMS s’était engagée avec ses partenaires pour assurer une meilleure coordination à un coût moindre pour les pays et pour fournir des fonds en conformité avec les priorités définies au plan national par chaque pays.  Notre travail avec la Banque mondiale, l’Alliance GAVI, et le Fonds mondial pour la mise en œuvre des systèmes de santé communs, repose sur la Déclaration d’Accra, a-t-elle expliqué.  La Plate-forme commune est donc tout à fait conforme aux principes de l’initiative IHP+.  Alors qu’approche le premier anniversaire de la Plateforme commune, Mme Etienne a estimé qu’elle avait atteint une certaine maturité.  La question est désormais de savoir comment l’étendre à d’autres partenaires, a-t-elle estimé.  Elle s’est dite très heureuse que le G-8 ait rappelé son soutien aux projets mondiaux pour la santé.  On s’est rendu compte que l’ensemble du secteur de la santé devait être revu, au-delà même du secteur public, a-t-elle rappelé. 


Mme Etienne a déclaré qu’on connaissait les besoins des pays en matière d’assistance technique.  Il s’agit essentiellement de leur fournir une assistance continue qui permette une bonne analyse de leur situation, a-t-elle expliqué.  Il faut voir aussi comment les pays peuvent investir davantage dans le suivi et le contrôle de leurs programmes nationaux de santé.  Un outil d’évaluation des coûts doit être lancé cet été, a-t-elle annoncé.  Il ne fait pas de doute que de nouveaux mécanismes de financement de la santé seront indispensables.  Le rapport annuel de l’OMS sur la santé mondiale traitera cette année de la couverture médicale et de l’assurance médicale.  Pour l’OMS, les pays doivent s’engager en faveur d’un accès universel à la santé, même s’il est clair que les États n’y parviendront certes pas du jour au lendemain.  Le financement extérieur est particulièrement important dans le secteur de la santé, mais les acteurs sont nombreux, et il y a souvent eu un manque de coordination entre donateurs et de nombreux doublons, ce qui rend d’autant plus nécessaire d’adopter l’approche de la Plateforme.  C’est à nous, agences partenaires du développement, qu’il incombe d’accepter d’être coordonnés, a-t-elle conclu. 


M. LEONARD J. EDWARDS, Représentant personnel du Premier Ministre canadien pour les Sommets du G-8 et du G-20, a mis, dans son intervention, l’accent sur l’importance du concept de la responsabilité dans la récente Initiative de Muskoka, lancée par le G-8 à Toronto pour faire face aux problèmes liés à la réalisation des OMD liés à la santé.  Une fois que cette Initiative a été conçue, on a recherché des partenaires hors du Groupe de G-8, dont des pays en développement prêts à examiner la mise en place de partenariats.  M. Edwards a précisé que la mise en œuvre de cette initiative doit reposer uniquement sur des contributions nouvelles ou supplémentaires.  C’est dans ce contexte que les membres du G-8 ont promis 5 milliards de dollars supplémentaires sur 5 ans, auxquels se sont ajoutés des dons de la Norvège et de la Fondation Bill Gates. Pour que ce plan soit un succès, a-t-il dit, il est important que tous les acteurs –pays donateurs, pays en développement, secteur privé- assument leurs responsabilités.  Le véritable succès du Sommet de Muskoka a été la concrétisation de cette coalition d’institutions au sein et à l’extérieur du G-8, malgré les difficultés financières actuelles, a ajouté M. Edwards.


Débat interactif


Le débat interactif qui a eu lieu sur la « coordination des efforts pour la réalisation des OMD liés à la santé », a été l’occasion pour les intervenants de mettre l’accent sur l’importance de la responsabilisation, mais aussi sur la nécessité de disposer de statistiques en matière de démographie, de tenir compte de l’impact des changements climatiques, et de s’appuyer sur l’expérience de la coopération Sud-Sud afin d’éviter les chevauchements. 


Répondant à une première série d’observations et de questions provenant des délégations, le Représentant personnel du Premier Ministre canadien pour les sommets du G-8 et du G-20 a indiqué que les 7,3 milliards de dollars qui devraient être rassemblés dans le cadre de l’Initiative de Muskoka seront distribués par les pays donateurs aux États qui en ont besoin par le biais de relations bilatérales.  Ce sont les pays donateurs qui auront la responsabilité de vérifier que les montants distribués pour aider au renforcement des systèmes de santé nationaux, qui sont pris en charge par les gouvernements eux-mêmes dans les pays en développement, soient bien utilisés.


Si nous sommes de plus en plus créatifs en matière de recherche de financements novateurs pour la réalisation des OMD, il est temps maintenant de devenir imaginatifs sur la façon de mettre cet argent au service du développement, a dit de son côté, M. Philippe Douste-Blazy, Conseiller spécial du Secrétaire général pour un financement novateur du développement, avant de conclure que l’ONU était le lieu le plus approprié pour débattre de la façon dont cet argent peut être le mieux dépensé aux fins de la réalisation des OMD.          


Parlant au nom de l’Union européenne, la représentante de la Belgique a mis l’accent sur l’importance de la responsabilité commune.  Elle a déclaré qu’il était déterminant de tenir compte de la démographie des pays et de statistiques précises pour la réalisation des OMD.  Si la représentante de la République de Corée a salué la mise en œuvre du Plan d’action conjoint du Secrétaire général et celle du plan de l’Initiative de Muskoka, lancée par le Sommet du G-8, qui a eu lieu du 25 au 26 juin 2010, en appuyant une intervention ciblée sur la mortalité infantile et maternelle, celle de la Mongolie a regretté que l’on n’ait pas assez mentionné l’impact des changements climatiques sur la santé, en mettant l’accent sur les conséquences de la dégradation des sols, qui cause la raréfaction des moyens de subsistance.  De son côté, le représentant du Brésil a jugé que les Nations Unies avait un rôle clef à jouer dans la coordination, en souhaitant que l’on saisisse les opportunités de la coopération Sud-Sud pour éviter les doublons


En outre, le Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a indiqué que le Fonds s’appuyait sur l’OMS pour la respect des normes de santé et sur le système de l’ONU dans son ensemble pour ce qui est de la mise en œuvre des programmes qu’il finance.  Il a rappelé que ce Fonds, composé de donateurs, qui peuvent être des agents du secteur public et du secteur privé, des représentants de la société civile, des ONG et des organismes des Nations Unies, n’avait pas de présence sur le terrain, mais s’assurait de la bonne utilisation des moyens qu’il consacre à la lutte contre les maladies pour lesquelles il a été créé. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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