Ouverture du débat général de l’Assemblée générale: M. Ban Ki-moon appelle l’ONU à « suivre la voie de la collectivité » contre la « politique de la polarisation »
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Assemblée générale
Soixante-cinquième session
Plénière
11e et 12e séances plénières – matin et après-midi
OUVERTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: M. BAN KI-MOON APPELLE L’ONU À « SUIVRE LA VOIE DE LA COLLECTIVITÉ » CONTRE LA « POLITIQUE DE LA POLARISATION »
Le Président des États-Unis, M. Barack Obama, voit un État palestinien siéger l’an prochain à l’Assemblée générale
L’Assemblée générale a donné, aujourd’hui, le coup d’envoi du débat général de sa soixante-cinquième session, organisé cette année sur le thème de la gouvernance mondiale, l’occasion pour le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, d’appeler les Nations Unies à suivre la voie de la « collectivité » pour éviter la tendance actuellement observée d’une « politique de la polarisation ». Le Président de l’Assemblée générale, M. Joseph Deiss (Suisse), s’est, lui, déclaré partisan d’une « ONU forte, inclusive et ouverte ».
« Aujourd’hui, nous sommes mis à l’épreuve », a déclaré M. Ban dans son discours d’ouverture du débat général de l’Assemblée générale, auquel ont aujourd’hui pris part une trentaine de chefs d’État et de gouvernement et de ministres. « La haine parle », a-t-il dit. « Certains insistent pour établir des divisions artificielles entre ˝ eux ˝ et ˝ nous ˝ et se refusent au moindre compromis. »
Pour l’ONU, a poursuivi le Secrétaire général, « la voie à suivre est celle de la collectivité ». C’est là, selon lui, l’« esprit même de la gouvernance mondiale ». M. Ban a également appelé les États Membres à adhérer à une nouvelle ère de la « responsabilité » dans le domaine des droits de l’homme. « Aucune nation ne peut impunément violer les droits de ses citoyens », a-t-il affirmé.
De son côté, le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a envisagé la possibilité de voir, dès l’année prochaine, siéger à l’Assemblée générale un nouveau membre: « un État palestinien indépendant et souverain vivant en paix avec Israël ». Il s’est notamment félicité, après un « chemin sinueux » long de 12 mois, de la tenue de négociations directes entre Israéliens et Palestiniens à Washington, Charm el-Cheikh et Jérusalem. Plus sceptique, son homologue turc, M. Abdullah Gül, a estimé qu’il serait difficile de faire des progrès tangibles, à moins de mettre un terme à la « tragédie humaine » à Gaza. « Si on ne parvient pas à conclure un accord, a souligné le Président américain, la Terre sainte deviendra le symbole de notre divergence et non pas de notre humanité commune. »
Le volet du nucléaire iranien a abondamment retenu l’attention de l’Assemblée générale. Le Président de l’Iraq, M. Jalal Talabani, a affirmé le droit légitime des États à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et a exhorté à rechercher une solution pacifique, par la voie du dialogue et de la diplomatie. « Toute escalade en la matière serait préjudiciable aux intérêts de toutes les parties et mettrait en péril la sécurité de la région », a-t-il prévenu.
De son côté, le Président de la République islamique d’Iran, M. Mahmoud Ahmadinejad, a dénoncé l’amalgame créé, selon lui, par « certains membres permanents » du Conseil de sécurité entre énergie nucléaire et bombe atomique. Il s’est dit « prêt à débattre sérieusement et librement avec le Chef d’État américain » sur la question, avant de proposer de proclamer l’année 2011, année du désarmement nucléaire. « La porte reste ouverte à la diplomatie », a assuré de son côté le Chef d’État américain, « mais, le Gouvernement iranien doit démontrer un engagement clair et crédible et confirmer les intentions pacifiques de son programme nucléaire ».
M. Ahmadinejad a également abordé la question du terrorisme sous la forme d’un long commentaire sur les attaques du 11 septembre qui a contraint la délégation américaine, suivie de plusieurs autres, y compris européennes, à quitter la salle.
« Ce que nous avons vu et enduré au début du XXIe siècle et qui a été désigné sous le nom de « guerre contre la terreur », a expliqué pour sa part l’Émir du Qatar, M. Hamad bin Khalifa Al-Thani, « n’a rien à voir avec les relations internationales et nous a plongés dans une guerre sans limites, ni finalité, ni logique, ni justification morale ou juridique ». L’Émir s’est notamment interrogé sur le bien-fondé de combattre le terrorisme par le biais de guerres classiques.
Les conflits régionaux se sont également imposés au cours de cette première journée de débat, les Présidents de la Géorgie, de l’Azerbaïdjan ou de l’Albanie s’exprimant longuement sur les situations de contentieux dans lesquelles leurs pays sont impliqués.
S’agissant des changements climatiques, le Secrétaire général a reconnu qu’il ne serait « pas facile » de négocier un accord complet et contraignant en la matière ». Le Ministre brésilien des relations extérieures, M. Celso Luiz Nunes Amorim, a demandé aux États de cesser de trouver des prétextes à l’inaction. M. Obama a, lui, assuré que les États-Unis appuieraient un processus dans lequel toutes les grandes économies honoreraient leur engagement de protéger la planète et de mettre les énergies propres au service de la croissance et du développement. Son homologue bolivien, M. Evo Morales Ayma, a proposé d’élaborer à l’ONU un projet sur les droits de la Terre. « Il faut se préparer pour Cancún et réfléchir aux moyens de refroidir la planète », a-t-il dit.
Nombre d’orateurs sont également revenus sur les crises financière et économique internationales. « La crise économique et financière a montré l’importance d’une réponse coordonnée et rapide », a déclaré le Président de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale. M. Deiss, qui soutient une « ONU forte, inclusive et ouverte », a cependant averti du danger que l’Organisation soit marginalisée face à l’émergence d’autres acteurs sur la scène internationale. L’ONU, a renchéri la Présidente de la Confédération suisse, Mme Doris Leuthard, « possède une légitimité unique du fait de sa composition universelle ». « Mais cette légitimité dépend aussi de la performance d’une organisation et de sa capacité à répondre à ce que l’on attend d’elle », a-t-elle ajouté.
Le débat général se poursuivra demain, vendredi 24 septembre, à partir de 11 h 30.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION: PRÉSENTATION PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE SON RAPPORT ANNUEL (A/65/1)
Exposé du Secrétaire général
« Aujourd’hui, nous sommes mis à l’épreuve », a déclaré M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, dans son discours d’ouverture du débat général de l’Assemblée générale, constatant qu’une « nouvelle politique de la polarisation » faisait son chemin. « La haine parle. Certains insistent pour établir des divisions artificielles entre ˝ eux ˝ et ˝ nous ˝ et se refusent au moindre compromis », a-t-il observé, en présentant son rapport. « Pour l’ONU, a poursuivi le Secrétaire général, la voie à suivre est celle de la collectivité. C’est là l’esprit même de la gouvernance mondiale, le thème de cette session de l’Assemblée générale. » M. Ban a ensuite affirmé que l’ONU demeurait l’institution mondiale indispensable au XXIe siècle, précisant qu’au cours des trois dernières années, un programme « ambitieux » fondé sur trois « idées piliers de notre époque » avait été mis en œuvre. Il a notamment évoqué un monde plus prospère, plus propre et plus sûr. « Nous continuerons d’aller de l’avant avec la ferme détermination de montrer la voie et une solide volonté politique », a affirmé le Secrétaire général.
M. Ban est ensuite revenu sur le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), pour engager l’Assemblée à honorer « concrètement » la « promesse » d’un partenariat responsable. « Il faut aider les gens à s’aider eux-mêmes », a affirmé le Secrétaire général, pour qui il importe d’investir dans l’éducation, la création d’emplois, la santé, les petites exploitations agricoles, l’infrastructure et l’énergie propre. Il a également affirmé que « les femmes devaient être mises à l’avant-plan, pour se féliciter ensuite de l’approbation de la Stratégie mondiale pour la santé des femmes et des enfants ». Il a également engagé les États Membres à « appuyer au maximum » Mme Michelle Bachelet, ancienne Présidente du Chili, qui a récemment été nommée pour diriger cette Stratégie.
Abordant ensuite la question des changements climatiques, M. Ban a convenu qu’il ne serait « pas facile » de négocier un accord complet et contraignant en la matière. Il a néanmoins poussé les États Membres à faire fond sur les accords importants déjà conclus, notamment ceux qui concernent l’adaptation et l’atténuation des effets des changements climatiques, les transferts de technologies, le renforcement des capacités et la lutte contre le déboisement. Il a également affirmé qu’au vu du fait que la population mondiale aura augmentée de 50% d’ici à 2050, il fallait réduire de 50% les rejets de gaz à effet de serre d’ici là.
Le Secrétaire général a ensuite fait état de la signature du nouvel accord START et a engagé l’Assemblée à trouver un moyen pour que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) entre en vigueur, à conclure des accords sur les matières fissibles et à sécuriser les matières et installations nucléaires. Il a également passé en revue les autres faits marquants de l’année onusienne, notamment les catastrophes naturelles qui ont frappé le Pakistan et Haïti. Il a également affirmé qu’au cours de l’année à venir, l’ONU aurait un rôle critique à jouer dans le maintien d’une « paix plus large » au Darfour, et que l’ONU continuerait d’exhorter l’Iran à se conformer « intégralement » aux résolutions du Conseil de sécurité. « Les droits de l’homme, a-t-il ajouté, se trouvent au cœur de tout ce que nous faisons. Sans la justice, la paix n’est pas possible. » Évoquant l’ouverture d’une nouvelle ère de la « responsabilité », M. Ban a averti qu’aucune nation ne pouvait impunément violer les droits de ses citoyens.
S’agissant du fonctionnement de l’Organisation, le Secrétaire général a indiqué que les travaux de rénovation du Secrétariat avançaient bien et que les changements institutionnels introduits ces dernières années portaient leurs fruits. Il a notamment cité l’initiative « Horizons nouveaux » dont l’objet est de rationaliser les opérations de maintien de la paix. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour créer un corps de fonctionnaires plus dynamique, plus moderne, plus souple et plus efficace », a-t-il promis. « Souvenons-nous en ces temps difficiles, que nous sommes mis à l’épreuve. Souvenons-nous de ceux qui ont donné leur vie pour nos idéaux. Souvenons-nous que le monde continue d’attendre de l’ONU qu’elle montre la voie morale et politique. »
Débat général
M. JOSEPH DEISS, Président de la soixantième-cinquième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré que beaucoup restait à faire pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les délais que s’est fixée la communauté internationale. Pour y parvenir, a-t-il estimé, il faut un véritable partenariat mondial, fruit d’une gouvernance globale inclusive, où toutes les parties prenantes puissent se faire entendre. Mais ce partenariat mondial, a poursuivi le Président, c’est dans bien d’autres domaines qu’il est nécessaire: « pauvreté, conflits, réchauffement climatique, crise économique et financière, migrations, pandémies, terrorisme, crime global et beaucoup d’autres questions ont des conséquences qui ne peuvent être gérées de manière individuelle et que l’humanité ne peut affronter que grâce à des stratégies globales et communes ».
L’établissement d’un tel partenariat, selon M. Deiss, se heurte à la difficile formation d’un consensus sur l’action à mener. L’ONU a une légitimité unique pour jouer un rôle central à cet égard. Avec ses 192 États Membres, l’Assemblée générale atteint la quasi-universalité et reflète la diversité des situations et des intérêts en jeu, a jugé son Président. Par ailleurs, l’ONU, en tant qu’entité opérationnelle, a de plus en plus l’expertise et la présence sur le terrain pour jouer ce rôle central.
Mais il y a le danger que l’ONU soit marginalisée face à l’émergence d’autres acteurs sur la scène internationale, a prévenu M. Deiss. « L’ONU est critiquée: elle n’est pas assez efficace, pas assez efficiente. Il paraît plus facile et plus rapide de décider d’une action urgente dans un cadre plus restreint », a-t-il précisé. Il a cependant indiqué qu’il ne s’agissait pas de nier le rôle que pouvaient jouer des entités comme le G-20. La crise économique et financière a montré l’importance d’une réponse coordonnée et rapide. Mais, pour le Président de l’Assemblée, il est indispensable de jeter des passerelles entre les différents acteurs, d’améliorer les mécanismes d’information, de consultation et de coordination entre ces entités et les pays qui n’en font pas partie. Cela, a-t-il affirmé, seules l’ONU et son Assemblée générale peuvent le faire. Partisan d’une « ONU forte, inclusive et ouverte », M. Deiss a appelé à l’établissement d’un lien solide entre les États et le secteur privé, la société civile et les acteurs régionaux.
Une telle ONU nécessite aussi la poursuite décisive des réformes de l’Organisation, à savoir la revitalisation de l’Assemblée générale, la réforme du Conseil de sécurité, l’examen du fonctionnement du Conseil des droits de l’homme et de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a souligné le Président. Il faut également revaloriser les institutions économiques de l’ONU et leur permettre de jouer pleinement le rôle pour lequel elles ont été créées, a-t-il ajouté, avant d’appeler à trouver « une articulation idéale entre légitimité et efficacité ». Le Président a annoncé en conclusion qu’il convoquerait des réunions informelles à cet effet.
M. CELSO LUIZ NUNES AMORIM, Ministre des relations extérieures du Brésil, a déclaré que plus de 20 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté et que 30 millions ont rejoint la classe moyenne du pays durant les deux mandats du Président Lula, grâce à des politiques publiques fortes et transparentes qui ont permis de réduire les inégalités de revenus. Le Brésil est fier d’avoir réalisé presque tous les OMD et d’être sur la bonne voie pour les réaliser tous d’ici à 2015. Nous sommes convaincus que nous pouvons avoir une politique étrangère humaniste sans perdre de vue les intérêts nationaux, a dit M. Celso Amorim. Il a précisé que la politique du Brésil s’appuyait sur la coopération Sud-Sud. Il a indiqué que le Fonds de réduction de la pauvreté créé par le Dispositif IBAS pour l’atténuation de la pauvreté et la lutte contre la faim à l’initiative de l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud, finançait des projets en Haïti, en Guinée-Bissau, au Cap-Vert, en Palestine, au Cambodge, au Burundi, en République démocratique populaire lao et en Sierra Leone. L’Afrique occupe une place particulière dans la diplomatie brésilienne, comme en atteste les 11 voyages du Président Lula sur ce continent où il a visité 20 pays, a dit le Ministre. Il s’est dit particulièrement inquiet de la situation de la Guinée-Bissau, en souhaitant que la communauté internationale n’isole pas ce pays. Alors que la plupart des pays africains fêtent cette année les 50 ans de leur indépendance, nous réaffirmons notre volonté de défendre une Afrique indépendante, prospère et démocratique, a souligné M. Amorim.
Par ailleurs, il a salué la mise en place de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) qui vise à consolider une zone de paix et de prospérité dans cette partie du monde. En créant la Communauté des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, lancée à Bahia et confirmée à Cancún, nous avons réaffirmé la volonté d’étendre à l’Amérique centrale et aux Caraïbes les idéaux d’intégration qui animent les Sud-Américains, a dit Celso Amorim. Il a condamné l’embargo illégitime contre Cuba qui entrave les efforts de développement de millions de Cubains. Le multilatéralisme est le visage international de la démocratie, a-t-il dit en estimant urgent de redéfinir les règles qui définissent les relations internationales.
Le Ministre des affaires étrangères du Brésil a noté que la crise financière de 2008 avait accéléré les changements dans la gouvernance économique mondiale. Si le G-20 a remplacé le G-8 en tant que principal forum de délibération sur les questions économiques, il a cependant souhaité que sa composition soit ajustée pour permettre une meilleure participation africaine. Si nous avons évité le scénario du pire avec le risque de l’émergence d’un protectionnisme incontrôlé qui nous aurait plongés dans une profonde dépression, il faut reconnaître que les pays développés n’ont pas fait preuve de l’engagement nécessaire pour garantir la stabilité économique mondiale, a-t-il dit. Ils continuent de se laisser guider par des intérêts égoïstes. En témoignent les négociations du Cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui n’ont pu aboutir depuis 10 ans, alors que nous savons que la fin des subventions, source de distorsions et des barrières douanières excessives, permettrait d’assurer le développement des pays les plus pauvres.
En matière de changements climatiques, M. Amorim a demandé aux États de cesser de trouver des prétextes et de prendre conscience qu’on ne peut pas négocier avec la nature. Alors que le Brésil s’apprête à accueillir Rio +20 en 2012, il a exhorté toutes les nations à respecter leurs engagements en faveur du développement durable. Il a également demandé que le Conseil de sécurité soit élargi pour permettre une meilleure représentativité du monde en développement. S’agissant du problème nucléaire iranien, Celso Amorim a d’abord dénoncé les rapports de renseignements « fabriqués et faux qui, dans le passé, ont servi à lancer et vouloir justifier des guerres contre des pays de manière unilatérale ». Après avoir rappelé l’initiative prise par le Brésil et la Turquie, et qui avait abouti à la Déclaration de Téhéran, le Ministre s’est étonné que le fruit de cette démarche, « faite pour créer la confiance » ait été rejeté. Il a demandé au Gouvernement iranien, ainsi qu’aux autres parties concernées de faire preuve d’une attitude de souplesse dans les négociations.
Mme DORIS LEUTHARD, Présidente de la Confédération suisse, a déclaré que la rénovation architecturale de l’ONU l’amenait à se poser la question suivante: « Quelle ONU sommes-nous en train d’édifier pour les 10, 20 et 30 prochaines années? ». Selon elle, l’avenir de l’ONU doit correspondre au monde de demain. Dans un monde où nous sommes toujours plus nombreux, une communauté internationale forte a besoin de solidarité. Ceci, a précisé la Présidente, implique non seulement d’apporter notre soutien aux pays qui ne sont pas en mesure d’aider leur population, mais aussi de rappeler aux États leur responsabilité envers leur propre population dans des domaines tels que la sécurité, l’état de droit, les droits de l’homme et la démocratie. La recherche de solutions durables aux défis qui se posent aujourd’hui passe par une vraie gouvernance, qui reflète davantage les nouveaux équilibres mondiaux. Si les succès économiques permettent à de nouveaux États de prendre une part plus active à la gouvernance du monde, ces derniers doivent aussi en accepter les responsabilités qui en découlent.
L’ONU, a-t-elle dit, possède une légitimité unique du fait de sa composition universelle. Mais cette légitimité dépend aussi de la performance d’une organisation et de sa capacité à répondre à ce que l’on attend d’elle. Dans certaines situations, l’ONU semble mal équipée et hésitante à agir, a jugé la Présidente. Pour elle, une action d’envergure mondiale exige de mettre rapidement et complètement en œuvre les OMD. En outre, « nous savons que jeter un sac de riz d’un hélicoptère n’est pas suffisant », a-t-elle dit. « Nous devons plutôt apprendre aux gens à cultiver du riz », a-t-elle poursuivi, avant d’affirmer qu’il convenait de définir au plus vite des objectifs contraignants visant la réduction des émissions de CO2. « Il faut agir, a-t-elle souligné, chacun avec des mesures ciblées pour son propre pays. » Attendre que les pays industrialisés aient investi dans le Sud ne suffit pas. « Également ici, chacun doit prendre ses responsabilités », a insisté Mme Leuthard.
Trente ans après la fin de la guerre froide, la prolifération des armes de destruction massive représente toujours le plus grave danger pour la paix et la sécurité internationales, a-t-elle ensuite fait observer. Mais les véritables ravages, a-t-elle estimé, sont causés par les armes légères et de petit calibre (ALPC). Le terrorisme profite de cette situation et peut facilement s’alimenter sur le marché. La Suisse, avec d’autres pays, soutient une mise en œuvre complète de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Cette initiative prévoit également l’engagement de spécialistes de l’aide humanitaire ou de l’éducation. Par ailleurs, l’égalité des genres doit enfin devenir une réalité, a déclaré la Présidente, pour qui il est temps de recourir pleinement aux femmes et aux filles et à leur potentiel de médiation ou d’actrices dans la reconstruction de pays affectés par un conflit. Mme Leuthard a donc salué la création récente de l’entité « ONU-Femmes », qui rapproche de cette vision.
Elle a estimé en conclusion qu’il ne faut pas faire de l’ONU un « monument historique », mais une organisation dynamique capable d’atténuer les différences et d’établir l’équilibre entre les régions. « Pour que cela fonctionne, chacun doit prendre ses responsabilités et commencer par faire le ménage dans sa propre maison. » Toutefois, la Suisse reste fermement convaincue de la pertinence d’une approche multilatérale, dont les Nations Unies sont le centre, a déclaré la Présidente en conclusion.
M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis, a déclaré que Les quartiers de New York racontaient l’histoire d’une décennie difficile, notamment la destruction, il y a neuf ans, du World Trade Center, qui a signalé l’existence d’une « menace qui ne connaît pas de frontière », ainsi que la crise financière de Wall Street, il y a deux ans, qui a dévasté des familles américaines. Ces deux événements séparés ont affecté les gens à travers le monde, a affirmé le Président américain, qui a passé en revue les initiatives lancées par son Administration pour relever ces défis. Les États-Unis, a-t-il notamment indiqué, ne pouvaient pas agir seuls et ont joint leurs forces à celles de la communauté internationale pour s’assurer que les crises financières ne se reproduiront pas à l’avenir. Évoquant notamment le travail du G-20, il a estimé qu’il importait d’agrandir son cercle de coopération pour y inclure les économies émergentes. « Nous devons obtenir une prospérité plus grande pour tous les peuples du monde », a-t-il dit.
Les États-Unis, a ajouté M. Obama, continuent de lutter contre Al-Qaida et de poursuivre, avec leurs alliés, une stratégie visant à briser l’élan des Taliban et renforcer la capacité du Gouvernement de l’Afghanistan et des forces de sécurité, de sorte que la transition vers la responsabilité afghane puisse commencer en juillet prochain. S’agissant de l’Iraq, les États-Unis, a-t-il dit, s’efforcent de construire un partenariat durable avec les Iraquiens, tout en maintenant leur engagement à retirer le reste de leurs troupes d’ici à la fin de l’année prochaine.
M. Obama a affirmé que son pays voulait assurer la paix et la sécurité dans un monde exempt d’armes nucléaires. Il a notamment fait état de la signature entre son pays et la Fédération de Russie du traité de contrôle des armes « le plus complet depuis des décennies », ainsi que des efforts déployés par son pays pour renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Dans le cadre des efforts américains en vue de la non-prolifération, M. Obama a également affirmé avoir proposé l’an dernier une « main tendue » à l’Iran, qui, a-t-il ajouté, « a des droits et des responsabilités en tant que membre de la communauté internationale ». Les États-Unis et la communauté internationale cherchent une solution à leurs différences avec l’Iran, et « la porte reste ouverte à la diplomatie », a-t-il souligné. « Mais, le Gouvernement iranien doit « démontrer un engagement clair et crédible et confirmer les intentions pacifiques de son programme nucléaire. »
Concernant les changements climatiques, le Président américain, qui a évoqué la signature de l’Accord de Copenhague, a affirmé que son pays appuierait un processus dans lequel toutes les grandes économies honoreraient leur engagement à protéger la planète et à mettre les énergies propres au service de la croissance et du développement. Il a également engagé les États Membres à appuyer le Pakistan, suite aux importantes inondations qui ont frappé le pays. Le Président américain a de plus fait savoir que son pays resterait aux côtés du peuple haïtien « jusqu’à ce qu’il puisse voler de ses propres ailes ».
Le Président américain a ensuite consacré une longue partie de son intervention au volet du Moyen-Orient, affirmant avoir déployé ses efforts les plus importants, l’an passé, pour soutenir l’objectif de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. M. Obama s’est félicité, après « un chemin sinueux » long de 12 mois, que des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens eussent été menées à Washington, Charm el-Cheikh et Jérusalem. Dans les deux camps, a-t-il dit, se trouvent des forces qui rejettent ce processus et s’attacheront à le faire dérailler. « Certains disent qu’après des décennies de conflit, la paix est impossible », a-t-il regretté. « Si on ne parvient pas à conclure un accord, a poursuivi le Président américain, la Terre sainte deviendra le symbole de notre divergence et non pas de notre humanité commune. »
« Chacun de nous doit choisir la voie de la paix », a déclaré M. Obama, qui a dit avoir été frappé par les mots du Premier Ministre israélien, M. Benyamin Netanyahu, et du Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, des dirigeants israéliens et palestiniens. « Ces mots doivent maintenant être suivis d’actions et je crois que les deux dirigeants ont le courage de le faire », a-t-il souligné. Le Président américain a notamment réclamé la prolongation du moratoire sur les colonies juives et la poursuite des pourparlers, « jusqu’à ce qu’ils aboutissent ». « Le temps est venu de renforcer la confiance et de prendre le temps pour que des progrès substantiels soient réalisés », a-t-il déclaré. « Chacun d’entre nous doit jouer son rôle. La sécurité véritable pour l’État juif exige une Palestine indépendante, et les droits du peuple palestinien ne seront assurés que par une voie pacifique », a dit le Président.
M. Obama a en outre engagé les signataires de l’Initiative de paix arabe à adopter des mesures tangibles pour garantir la normalisation promise à Israël. Il a de plus estimé que l’Autorité palestinienne devait bénéficier d’un appui politique et financier, permettant ainsi auxPalestiniens de bâtir les institutions de leur État. « Ceux qui souhaitent une Palestine indépendante doivent cesser de chercher à détruire Israël », a-t-il affirmé. « Son existence ne doit pas faire l’objet de débats. » M. Obama a engagé les États Membres à atteindre ce qu’ils ont de meilleurs en eux. « Si nous le faisons, a-t-il dit, lorsque nous reviendrons ici l’an prochain, nous aurons un nouvel accord qui aboutira à l’inclusion d’un nouveau Membre des Nations Unies, un État palestinien indépendant et souverain vivant en paix avec Israël. »
« La tyrannie est toujours avec nous », a encore déclaré M. Obama en abordant le thème des droits de l’homme. Il a notamment cité les Taliban et la « tyrannie » qu’ils exercent sur les écolières, et évoqué la situation en République populaire démocratique de Corée (RPDC) et en République démocratique du Congo (RDC) où le viol est utilisé comme arme de guerre. Pour le Président américain, « la démocratie, plus que toute autre forme de gouvernement, donne ce qu’il faut à nos citoyens ». « Cette vérité ne sera que plus forte dans un monde où les frontières s’estompent. »
M. Obama a ensuite indiqué avoir établi, hier, une nouvelle politique de développement axée sur l’ouverture et qui place la dignité humaine en son centre. « L’obligation des gouvernements est de donner des moyens aux citoyens et non pas d’entraver leurs efforts ». Après avoir affirmé que la société civile était la conscience de notre monde, il a indiqué que les États-Unis avaient l’intention d’élargir l’accès à l’Internet pour « permettre à chacun de se forger ses propres opinions ».
« L’année prochaine, a poursuivi le Chef d’État américain, nous devons avoir des engagements précis pour promouvoir la transparence, lutter contre la corruption et appuyer les idéaux de tous les pays. Affirmant que l’ONU était une « institution indispensable » pour la protection les droits de l’homme, il s’est félicité, sous une salve d’applaudissements, de la création d’ONU-Femmes. Il a également appelé à la redynamisation du maintien de la paix afin de mettre un terme à la violence sexuelle et d’assurer le règne de la dignité. « Une partie du prix de notre liberté est la défense de la liberté des autres. Cette conviction sera la base du leadership des États-Unis au XXIe siècle », a-t-il lancé. Le Président américain a notamment appelé à la création d’un « monde où les promesses du développement iront jusqu’aux prisons de la pauvreté et de la maladie ».
De l’avis du Président américain, la création de l’ONU est le témoignage du progrès humain. « Nos prédécesseurs ont choisit l’espoir de l’unité, plutôt que la facilité de la division, et ont promis aux générations à venir que la dignité et l’égalité des êtres humains seraient notre cause commune ». C’est à nous qu’il incombe de transformer cette promesse en réalité, a-t-il dit.
M. BINGU WA MUTHARIKA, Président de la République du Malawi et Président de l’Union africaine (UA), a d’emblée regretté que les médias privilégient les misères de l’Afrique au détriment des succès enregistrés par un certain nombre de gouvernements du continent. « Nous n’entendons pas parler des succès en matière de participation démocratique et de bonne gouvernance, de la tenue d’élections multipartites et pacifiques, des taux élevés de croissance macroéconomique dans certains pays africains », a-t-il dénoncé.
« Je veux vous présenter une autre Afrique, celle du nouvel espoir, celle des opportunités industrielles, minières et agricoles, celle des perspectives d’emplois et celle qui produit assez de nourriture pour nourrir son peuple », a insisté le Président, en parlant de la « nouvelle Afrique ».
Soulignant la « vision claire » qu’ont les dirigeants du continent de cette « nouvelle Afrique » qui a décidé de passer de l’afro-pessimisme à « l’afro-optimisme », l’Afrique, s’est-il expliqué, a décidé unanimement de prendre de nouvelles mesures pour faire en sorte que d’ici cinq ans, elle soit capable de nourrir son peuple et qu’à l’issue de la même période, aucun enfant ne meure de faim ou de malnutrition.
Les dirigeants, a précisé Bingu Wa Mutharika, ont décidé de transformer l’Afrique en « panier de la ménagère » par l’allocation de ressources accrues et la promotion des investissements privés dans l’agriculture et la production alimentaire. Les dirigeants africains ont décidé de changer leurs politiques d’intervention pour se concentrer sur les domaines prioritaires que sont l’agriculture et la sécurité alimentaire, les transports et le développement énergétique et les changements climatiques.
S’attardant sur les défis des changements climatiques, le Président a critiqué la performance des premiers rôles à la Conférence de Copenhague. Il a demandé que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et le Protocole de Kyoto soient mis en œuvre de « toute urgence ».
Le Président a aussi dénoncé le « manque de mouvement » dans le Cycle des négociations commerciales de Doha dont tout résultat doit clairement bénéficier aux exploitants agricoles, aux producteurs, aux exportateurs et aux consommateurs des pays en développement.
Après avoir abordé la question de la paix et de la sécurité, en particulier en Somalie, le Président a parlé du Soudan où la priorité doit être de consolider la paix et la stabilité. Il a fait part de la préoccupation des pays africains face aux agissements de la Cour pénale internationale (CPI) qui semble vouloir « exiger son dû impitoyablement » en insistant sur l’arrestation du Président El-Béchir. Pour l’Afrique, cela ne peut que « polariser négativement » les positions des différentes parties prenantes et ce faisant, les éloigner d’un règlement pacifique.
Le Président malawien a donc, au nom de l’Union africaine, exhorté l’Assemblée générale de l’ONU à amender l’article 16 du Statut de Rome pour pouvoir reporter d’un an l’affaire El-Béchir et permettre le succès des négociations et du dialogue en cours.
Les sanctions, a poursuivi Bingu Wa Mutharika, contre certains membres de l’Union africaine et du Mouvement des pays non alignés ont provoqué des difficultés économiques pour les peuples les plus vulnérables. L’Union africaine estime que les justifications idéologiques, pour autant qu’elles existent, sont désormais dépassées.
Les sanctions, a insisté le Président, sont contraires à l’esprit du dialogue sur la réforme de l’ONU et à l’obligation des États Membres de promouvoir le progrès social. Il a donc appelé à la levée des sanctions contre le Zimbabwe et Cuba.
Revenant à la réforme du Conseil de sécurité, pour conclure, le Président a réitéré la position de l’Union africaine consistant à attribuer à son continent deux sièges permanents avec droit de veto et cinq sièges non permanents; à charge pour l’Afrique de désigner elle-même ses représentants au Conseil.
Mme LAURA CHINCHILLA MIRANDA, Présidente de la République du Costa Rica, a appelé les États Membres à prendre une action concertée et immédiate contre les effets des changements climatiques. Ceux qui rejettent ou ignorent cette urgence doivent se rappeler les millions de Pakistanais frappés par les inondations, les peuples des Caraïbes, de l’océan Indien et du Pacifique qui chaque jour voient leur terre diminuer, et les fermiers qui sont déplacés par la désertification.
« Il est aussi choquant de voir que, même aujourd’hui, des femmes attendent d’être lapidées, des populations entières sont victimes du génocide et des armes nucléaires sont stockées alors que les réserves alimentaires s’épuisent », a déclaré la Présidente.
Le Costa Rica, qui a instauré l’enseignement primaire gratuit en 1869 et aboli la peine de mort en 1877 et l’armée en 1949, veut faire de son mieux pour représenter les valeurs de la liberté individuelle, des droits sociaux, de la solidarité, de l’état de droit et d’un débat public permanent, a dit Mme Chinchilla.
La Présidente du Costa Rica a enjoint les Membres des Nations Unies à donner davantage de force aux concepts, organisations et instruments qui œuvrent à la promotion et la protection des droits de l’homme. Elle a rappelé que son pays avait été le premier à ratifier la Convention américaine relative aux droits de l’homme en 1969.
En matière de paix et de sécurité, le Costa Rica insiste sur la nécessité de démarrer les négociations en vue d’un traité sur le transfert des armements, de faire des progrès en vue d’une convention modèle sur l’interdiction des armes nucléaires, et d’achever la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.
« Il est paradoxal que de nombreux pays gaspillent leurs ressources dans l’armement alors que la communauté internationale s’est montrée incapable d’affronter de manière efficace les fléaux du trafic de drogues, du crime organisé, du terrorisme ainsi que du trafic d’armes et de la traite des personnes », a poursuivi Mme Chinchilla.
Le Costa Rica et l’Amérique centrale souffrent de plus en plus de l’agression des cartels de drogues. Si nous ne réagissons pas, nous risquons d’être complètement contrôlés par leurs gangs, avec des conséquences qui dépasseront l’échelle locale et qui poseront un problème de sécurité internationale. La grande bataille contre le crime transnational ne peut être gagnée qu’à travers une coopération mondiale et un remaniement des stratégies utilisées jusqu’ici et qui se sont révélées inefficaces, a dit la Présidente.
Le Costa Rica, pays à revenu intermédiaire, a atteint des indices de développement humain comparables aux pays à haut revenu grâce au remplacement des dépenses militaires par des investissements dans le social. L’aide internationale doit aller en priorité aux pays en situation précaire, mais elle ne doit pas négliger les pays qui ont réussi à améliorer leur niveau de vie grâce à des investissements judicieux et des choix politiques justes, a dit Mme Chinchilla.
La Présidente du Costa Rica a rappelé que le réchauffement climatique continuait d’avancer, affectant même les pays qui n’ont pas contribué au problème. Elle a appelé la communauté internationale à agir ensemble et rapidement.
Mme Chinchilla a enfin exprimé le souhait que les Nations Unies adaptent leur propre gouvernance à un monde qui est en train de changer à toute vitesse. Si elle ne répond pas aux réalités nouvelles, si les États Membres ne respectent pas leurs obligations, l’Organisation risque de sombrer dans l’inconséquence.
M. MAHINDA RAJAPAKSA, Président de la République socialiste démocratique du Sri Lanka, a déclaré qu’il était heureux de s’exprimer au nom d’un Sri Lanka enfin en paix. Une paix, a-t-il dit, qui n’était encore qu’un rêve il y a quelques années. Si beaucoup de choses ont été dites sur l’action menée par le Sri Lanka pour se libérer du terrorisme, presque rien n’a été dit sur les souffrances endurées par le Sri Lanka et la véritable nature de l’ennemi combattu. Il a indiqué que le Sri Lanka avait dû faire face pendant près de 30 ans à une des organisations les plus brutales, les mieux organisées et les mieux financées au monde.
Le Président a dit que les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) étaient une organisation tellement brutale, que même ceux qu’il prétendait représenter, à savoir les membres de la communauté tamoule, subissaient autant sa terreur que le reste de la population du Sri Lanka. Ceux qui de loin suggéraient au Sri Lanka d’accéder aux exigences des terroristes doivent se rappeler que la terreur reste la terreur, quels que soient son masque et l’idéologie derrière laquelle elle se cache.
Ma responsabilité, a dit le Président, est d’assurer paix et prospérité à la nation. Dans ce contexte, il a jugé utile de réexaminer la capacité du droit international humanitaire à répondre aux besoins du monde contemporain. La nature asymétrique des conflits initiés par des acteurs non étatiques soulève de sérieuses questions qui méritent d’être examinées par la communauté internationale, a-t-il dit.
Maintenant que le Sri Lanka ferme le triste chapitre de son histoire, le Président a tenu à rappeler que les responsables sri-lankais ont, à maintes reprises, tenté vainement d’engager un dialogue constructif avec le LTTE. C’est dans ce contexte, qu’il a fallu monter une opération humanitaire avec la « bénédiction » de nombreux amis de la communauté internationale, pour neutraliser les terroristes et rétablir la paix et la sécurité.
Le Président du Sri Lanka a déclaré que la nation tout entière s’attèle maintenant à la mise en œuvre d’un ambitieux agenda « du renouveau » et à ce propos, il a tenu à souligner « qu’aucune nation au monde ne peut souhaiter plus de bien à la communauté tamoule que le Sri Lanka lui-même ». Aux critiques qui « s’égarent », le Président a dit: « gardez-vous de devenir l’instrument de la division, de la haine et de la violence. Au contraire, joignons nos forces, brisons les chaînes de la méfiance et mettons-nous à la hauteur du nouvel horizon ».
Le Président s’est félicité de la mise en place d’une commission d’enseignements tirés et de réconciliation. Si notre histoire nous a appris une chose, a-t-il dit, c’est que les solutions imposées de l’extérieur ne font qu’alimenter le ressentiment avant d’échouer. Le Président a conclu en se félicitant d’une économie qui est en train de profiter des dividendes de la paix et en citant une croissance de 8% au cours du dernier trimestre. Il n’a pas oublié, en tant qu’un responsable d’un pays contributeur de troupes, de réaffirmer son attachement aux activités de l’ONU en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.
M. ABDULLAH GÜL, Président de la République de Turquie, a déclaré que le terrorisme était le défi le plus grand et le plus urgent auquel devait faire face la communauté internationale. Notre lutte contre le terrorisme est vouée à l’échec si l’on ne combat pas toutes les organisations terroristes quels que soient leurs prétendus objectifs politique, idéologique, ethnique ou religieux, a prévenu le Président. De même, le Président turc a prévenu qu’il ne peut y avoir de régime « crédible » de non-prolifération nucléaire si l’on continue à nier « la présence de facto » d’armes nucléaires dans certains États qui sont pourtant au cœur des régions les plus sensibles.
Les problèmes mondiaux, a-t-il encore prévenu, ne peuvent se résoudre unilatéralement, bilatéralement ou dans des petits cercles de pays amis. Il est donc essentiel d’adopter une approche multilatérale, en particulier s’agissant de la crise économique. M. Gül a estimé que le G-20 devait continuer de jouer un rôle central dans l’élaboration de nouvelles mesures et politiques.
Soulignant aussi que l’environnement durable était un « bien public mondial indivisible », il a plaidé pour la création d’une « capacité internationale de réaction rapide » pour réagir aux catastrophes naturelles, aux pénuries alimentaires et aux épidémies, laquelle serait financée par un petit pourcentage des dépenses militaires.
Tout en se félicitant des efforts déployés au Moyen-Orient par le Président Obama, M. Gül a tenu à répéter que l’attaque que les Forces armées israéliennes ont menée, au mois de mai dernier, contre un convoi humanitaire, en causant de graves dégâts civils, constitue un acte inacceptable et en violation flagrante avec le droit international. La Turquie attend des excuses officielles et un dédommagement pour les familles des victimes et les blessés, a tranché le Président.
Il a revanche affirmé que 2010 a été une année remarquable pour les relations entre son pays et la Grèce. S’agissant, en particulier de Chypre, il a avancé, à l’instar du Secrétaire général, qu’un règlement pourrait intervenir avant la fin de l’année. Il s’est dit fermé à l’idée d’un processus illimité.
SHEIKH HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI, Émir de l’état du Qatar, a commencé par rappeler que le Moyen-Orient était une région du monde sous très haute tension. La question de la Palestine attend une solution juste depuis des décennies; la situation reste précaire en Somalie, en Afghanistan et en Iraq; et la crise nucléaire iranienne exige un dénouement pacifique. Il a souligné l’importance de rechercher une solution au travers de moyens pacifiques et diplomatiques et d’un dialogue direct fructueux entre les États-Unis et la République islamique d’Iran. Stabiliser le Moyen-Orient et le golfe Persique est une tâche difficile qui ne pourra être atteinte qu’en renonçant à l’usage de la force, en faisant de ces régions une zone exempte d’armes de destruction massive et en réglant les litiges bilatéraux et les conflits régionaux sur la base du droit international, de la Charte et des résolutions des Nations Unies, a-t-il ajouté. Pour l’Émir du Qatar, la persistance d’Israël à violer le droit international humanitaire a été démontrée dans l’« acte de piraterie » perpétré contre des activistes pacifiques qui tentaient de briser le « siège injuste et inhumain » imposé aux Palestiniens de Gaza. Il a rappelé que la seule paix acceptable, durable et garantie est celle qui garantit les droits du peuple palestinien, en particulier l’établissement de leur État avec pour capitale Jérusalem.
Évoquant ensuite la question du terrorisme, M. Al-Thani a indiqué que, tout en reconnaissant l’existence de certaines pratiques relevant du terrorisme, il n’était pas d’accord avec l’idée selon laquelle le terrorisme découle de la religion musulmane: « Il s’agit d’une injustice historique réfutée par les événements récents », a-t-il dit. Ainsi, au XXe siècle, des actions violentes ont eu lieu aux États-Unis, en Europe et en Asie et personne n’a dit que le terrorisme était américain, européen ou asiatique. Cette violence était plutôt attribuée à des causes politiques, économiques, sociales et même idéologiques, a-t-il expliqué. « Mais ce que nous avons vu et enduré au début du XXIe siècle et qui a été désigné sous le nom de ˝ guerre contre la terreur ˝ n’avait rien à voir avec les relations internationales et nous a plongés dans une guerre sans limites, ni finalité, ni logique, ni justification morale ou juridique », a estimé l’Émir. Même si l’Administration américaine actuelle a cessé d’utiliser le terme de « guerre contre la terreur », des initiatives plus claires et audacieuses se font toujours attendre. Le terrorisme, a poursuivi l’Émir du Qatar, ne devrait pas être combattu par des guerres. Ce qu’il faut craindre par-dessus tout, c’est que la guerre contre la terreur se transforme en transactions commerciales, en contrats financiers et en armées de mercenaires se livrant à des assassinats sans égard pour le droit international, a-t-il estimé. Le Qatar, pour sa part, s’efforce de promouvoir le dialogue pour résoudre les conflits, a assuré l’Émir, citant les exemples du Liban, du Yémen ou du Soudan.
M. MWAI KIBAKI, Président de la République du Kenya, a déclaré que son pays avait pris des mesures importantes pour résoudre les difficultés politiques survenues après les élections de 2007. Il a parlé de « progrès considérables » dans la mise en œuvre de réformes ambitieuses visant à consolider la démocratie et assurer la paix et la stabilité. En tête de cet agenda de la réforme, le Président a placé la nouvelle Constitution promulguée le 27 août 2010, après un référendum « réussi ».
Après s’être attardé sur les efforts de son pays pour mettre en œuvre les OMD, le Président a évoqué l’« obstacle important » à ces efforts qu’est l’instabilité politique en Somalie dont le Kenya supporte le fardeau depuis le début des années 90. La réticence apparente du Conseil de sécurité à s’engager en Somalie est une source de grande préoccupation pour ceux qui souffrent le plus des conséquences du conflit, a souligné le Président, avant de présenter une autre occasion « qui ne doit pas être perdue ».
Il a appelé les Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble à saisir l’occasion qu’a offerte l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en juillet 2010 en identifiant des éléments critiques et en prenant des décisions sur la marche à suivre. Le Président a donc demandé la nomination d’une éminente personnalité pour la Somalie, le déploiement des 2 000 soldats supplémentaires attendus, le réexamen du mandat actuel de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) dans le but de renforcer sa capacité de maintien de la paix et l’élargissement de l’appui au Gouvernement fédéral de transition pour améliorer son efficacité dans tout le pays.
En tant que Président du Comité de l’IGAD sur le Soudan, M. Kibaki a dit avoir eu les assurances du Président Omar El-Bashir et du Vice-Président Salva Kiir de poursuivre les préparatifs du référendum. Les deux hommes, a dit le Président, m’ont réaffirmé leur engagement à résoudre toutes les questions en suspens, à tenir le référendum le 9 janvier 2011 et à en accepter les résultats.
Le Président a aussi annoncé qu’il organiserait le deuxième sommet extraordinaire de l’IGAD sur le Soudan en novembre prochain, notamment dans le but d’appuyer les efforts liés aux arrangements postréférendum.
M. EMOMALI RAHMON, Président de la République du Tadjikistan, a jugé essentiel le renforcement d’un partenariat mondial tendant à créer un climat propice à une croissance économique soutenue et à l’accroissement de l’emploi. Il faudrait en conséquence revitaliser le commerce mondial et les investissements, qui sont les moteurs de la croissance industrielle. Cela est d’autant plus important pour les pays enclavés dont la participation au commerce international est entravée par leur emplacement géographique et par les obstacles à l’expansion de leurs relations commerciales. Il a mis l’accent sur la nécessité de concentrer les efforts sur la mise en place de nouveaux systèmes et couloirs internationaux de transport et sur l’utilisation efficace de ceux qui existent déjà, ce qui aiderait à mettre fin à la marginalisation des pays enclavés du commerce mondial.
Le Président du Tadjikistan a également estimé que le système international du commerce, spécialement en période de crise, devrait demeurer ouvert, juste, prévisible, non discriminatoire et fondé sur des règles concertées. Il a prôné une approche conceptuelle du développement tout à fait nouvelle qui prendrait en considération aussi bien les intérêts de la présente que ceux de la future génération.
Guidé par les principes d’un développement économique durable, le Gouvernement du Tadjikistan a identifié trois buts stratégiques: sortir le pays de son isolement, garantir l’énergie et la sécurité alimentaire. Le pays a adopté et commencé à mettre en œuvre la Stratégie nationale de développement de la République du Tadjikistan à l’horizon 2015 et la Stratégie pour la réduction de la pauvreté.
M. Rahmon a rappelé que son pays avait été à l’origine de la proclamation de l’Année internationale de l’eau douce et de la Décennie internationale d’action: l’eau source de vie (2005-2015), et a encouragé à adopter des mesures spécifiques visant à l’utilisation durable de cette ressource vitale.
M. ALAN GARCÍA PÉREZ, Président de la République du Pérou, a indiqué que les défis actuels auxquels est confrontée la planète exigeaient des efforts concertés de la part de la communauté internationale. Il a dénoncé les politiques contre la liberté d’opinion et pour la course aux armements. Il a indiqué que le Pérou était devenu un pays plus stable et plus égalitaire, capable de jouer un rôle plus favorable pour garantir la paix et la stabilité de la région.
Il a évoqué l’existence de politiques sociales garantes de l’égalité et de l’équité entre les citoyens. Avec une croissance économique moyenne de 6,5%, le pays a pu investir 24 millions de dollars dans des projets destinés à améliorer la vie des plus démunis. De plus, grâce aux investissements du secteur privé, plusieurs milliers d’emplois ont été créés. Le Chef d’État a également affirmé que le Pérou réaliserait bientôt l’OMD nº1 relatif à l’élimination de la pauvreté.
M. Pérez a ensuite abordé le sujet de la coopération internationale, élément indissociable, selon lui, de la mondialisation. Il a relevé l’absence d’un véritable multilatéralisme et a regretté le climat d’incertitude actuel. Il a dénoncé la prolifération des armes de destruction massive et la course « absurde » aux armements, relevant que les sommes importantes qui sont versées au secteur des armes permettraient d’améliorer le sort de millions de pauvres. « Élevons l’étendard de Jean Jaurès et d’Olaf Palme et exigeons des mesures contre la course aux armements », a-t-il lancé aux États Membres.
Le Président péruvien a ensuite passé en revue les initiatives de son pays et de l’Équateur, autrefois en guerre, pour assurer la normalisation de leurs rapports. « Voici les preuves de notre foi dans l’intégration et la fraternité entre les peuples », a-t-il clamé. M. Pérez a également abordé la question des crises financière et économique actuelles, pour réclamer la création d’une nouvelle économie numérique. « Nous devons espérer que la vitesse de la technologie nous apportera aussi une solution à la crise financière », a-t-il dit.
Tout en affirmant son appui au G-20, le Chef d’État a estimé que les actions de celui-ci devaient être plus légitimes. Le-G-20 doit entretenir des rapports plus fluides avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale et laisser d’autres pays participer à ses travaux.
S’agissant des changements climatiques, le Président a réclamé la signature d’un accord mondial contraignant et efficace, en demandant des mesures pour mettre un terme au déboisement d’ici à 2020. Relevant par ailleurs que la pauvreté était également une source de pollution, il a annoncé que le Pérou s’était engagé à réduire d’un cinquième, d’ici à 2020, l’usage du bois de chauffe dans le pays.
M. Pérez a également abordé le sujet de la migration, estimant notamment qu’il était inconcevable de vivre dans un monde où les biens et services circulent librement et où est restreinte la liberté de mouvement de personnes. Il a notamment dénoncé les politiques d’expulsion menées par le Japon et les États-Unis, ainsi que la nouvelle loi sur le contrôle d’identité qui a été adoptée en Arizona.
M. VIKTOR YANUKOVYCH, Président de l’Ukraine, a, après avoir réitéré l’engagement de son pays en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, indiqué que le développement durable ne sera possible sans sécurité. Cette année, a-t-il dit, l’Ukraine a déclaré son « statut de pays hors-bloc », ce qui a contribué à réduire de manière significative les tensions dans la région et à établir une zone de stabilité et d’équilibre stratégique autour du pays. En avril dernier, l’Ukraine a franchi un pas supplémentaire lors du Sommet de Washington sur la sécurité nucléaire en annonçant sa décision de se débarrasser de tous ses stocks d’uranium enrichi, s’est félicité le Président.
Il a encouragé tous les États Membres à suivre l’exemple de l’Ukraine en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires. M. Yanukovych a estimé que les garanties de sécurité des États qui se sont débarrassés de leur arsenal nucléaire et des pays qui n’appartiennent à aucune alliance militaire doivent être reflétées dans un instrument international juridiquement contraignant. C’est la seule manière, a insisté le Président, de faire taire toute ambition régionale en matière nucléaire.
Il a d’ailleurs estimé que l’ONU pourrait exploiter davantage les mécanismes régionaux existants en matière de sécurité pour renforcer la sécurité internationale. Il faut aussi, a-t-il poursuivi, se doter de mécanismes de réponse aux nouveaux défis comme la piraterie et les attaques à main armée dans les mers et les océans, une menace qu’il ne faut plus sous-estimer.
Évoquant ensuite la question des changements climatiques, le Président ukrainien a rappelé que la Terre est notre bateau commun et qu’il ne faudrait pas qu’il se transforme en « Titanic ». Il a donc appuyé l’idée d’une organisation mondiale de l’environnement à composition universelle. Revenant à la tragédie de Tchernobyl, le Président a annoncé que son pays avait l’intention d’organiser à Kiev, en avril 2011, une Conférence internationale de haut niveau intitulée « 25 ans après la catastrophe de Tchernobyl: sécurité pour l’avenir », avec la participation des Nations Unies.
Concluant sur la réforme des Nations Unies dont celle du Conseil de sécurité, le Président a annoncé la candidature de l’Ukraine à un siège non permanent du Conseil pour 2016-2017.
M. WEN JIABAO, Premier Ministre de la Chine, a expliqué que son pays était arrivé à un stade où coexistent les progrès et les retards et s’entremêlent les problèmes nouveaux et anciens. La Chine se trouve au stade primaire du socialisme. Bien que troisième puissance économique mondiale, elle est toujours un pays en développement. Son objectif stratégique est de réaliser pleinement sa modernisation vers le milieu du XXIe siècle, a-t-il dit. La Chine continuera à concentrer tous ses efforts sur le développement économique. Avec les progrès de l’industrialisation et de l’urbanisation, des centaines de millions de paysans entreront dans les villes, ce qui engendrera la plus forte demande intérieure jamais connue dans l’histoire, créera d’immenses marchés et opportunités de développement, et fournira une force motrice durable et forte à la croissance économique de la Chine et du monde entier.
Tout en approfondissant la réforme de son système économique, dans les secteurs public et non public, la Chine doit mener à bien la réforme du système politique, a déclaré M. Jiabao « Nous devons respecter et protéger les droits de l’homme, défendre l’équité et la justice sociale et réaliser la liberté et le plein épanouissement de l’homme », a déclaré M. Jiabao. La Chine continuera à s’ouvrir au monde. Partisans d’un nouvel ordre financier international juste, équitable et ordonné, et d’un système commercial international ouvert et libre, « nous nous opposons à toute forme de protectionnisme ». Le Premier Ministre a indiqué que la Chine comptait sur l’éducation, les sciences et les technologies pour réduire son retard et accroître son potentiel de développement.
La Chine continuera à faire rayonner son patrimoine culturel. La morale et la sagesse chinoises, fruits d’une civilisation cinq fois millénaire, appartiennent à la Chine, mais aussi au monde. La nation chinoise, ayant accompli un miracle économique, saura réaliser des succès tout aussi éclatants sur le plan culturel, a assuré M. Jiabao. Enfin, la Chine poursuivra fermement une voie de développement pacifique. Le temps est révolu où les problèmes se règlent par la guerre. La paix et le développement sont les deux grands thèmes du monde d’aujourd’hui. « Le développement de la Chine est une chance pour le monde. Quand la Chine va bien, c’est le monde qui en tire profit », a-t-il affirmé.
M. STEPHEN HARPER, Premier Ministre du Canada, a déclaré que son pays, en tant que Membre fondateur de l’ONU et septième contributeur à son financement, avait toujours été un participant fiable aux initiatives prises par l’ONU. En Afghanistan, les efforts militaires du Canada vont de pair avec les programmes de reconstruction et de développement, a-t-il dit. Il a précisé que son pays soutenait en particulier les programmes qui, comme le barrage Dhala, présentaient des avantages économiques durables. Il a dit que le Canada s’engageait à doubler son aide à l’Afrique et était en même temps sur la bonne voie pour doubler d’ici à mars 2011 son aide au développement dans le monde. L’an dernier, lors du Sommet du G-8 à L’Aquila, en Italie, a-t-il ajouté, le Canada a été parmi les premiers à doubler l’aide destinée au développement agricole. Pendant la crise économique, il a agi, de concert avec les partenaires du G-20, pour augmenter la capacité de prêt des organisations telles que la Banque interaméricaine de développement (BID) et la Banque africaine de développement (BAD). Il a également mis l’accent sur l’intervention du Canada en Haïti avant et après le tremblement de terre, en précisant que son pays avait pris l’engagement, à long terme, d’aider les Haïtiens à reconstruire leur pays. Rappelant que le Canada était candidat à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité, il a précisé que si son pays était élu, il continuerait de faire avancer ces idéaux comme il s’est toujours efforcé de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.
Par ailleurs, M. Harper a déclaré que le Canada avait saisi l’occasion de sa présidence du G-8 pour tendre la main aux dirigeants d’Afrique et des Amériques et faire adopter l’Initiative de Muskoka sur la santé des mères et des enfants. De même, a-t-il dit, a été annoncé il y a deux jours que les contribuables canadiens procéderaient à une reconstitution renforcée du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il a souligné que la récession mondiale de ces deux dernières années avait rappelé que dans un monde qui se rétrécit, « nous voyageons tous dans un même bateau et pas en solitaire ». C’est pourquoi, il a rappelé que les nations qui ne se souciaient guère des effets de leurs choix économiques sur les autres, pouvaient nuire non seulement à leurs partenaires commerciaux, mais aussi à elles-mêmes. Reconnaître cela, a-t-il dit, c’est comprendre la nécessité d’une souveraineté éclairée, et l’idée que ce qui est bon pour les autres pourrait bien être le moyen de satisfaire ses propres intérêts.
M. MIKHEIL SAAKASHVILI, Président de la Géorgie, s’est, en tant que Président d’une jeune démocratie qui vient de souffrir de la guerre et d’une invasion, et qui subit toujours l’occupation d’une superpuissance nucléaire, autorisé à dire que « la paix est notre objectif commun le plus précieux et notre seule voie vers les autres objectifs communs ». Présentant la vision d’un « Caucase libre, stable et uni », le Président s’est félicité qu’après les évènements d’il y a deux ans, « la Géorgie soit de retour » avec pour objectif de créer un système plus institutionnalisé de gouvernance démocratique et libérale.
N’hésitant pas à parler d’une « révolution morale », le Président a clamé que « son pays gagne la paix et gagne grâce à la paix », malgré les agissements du « voisin du Nord » qui veut détruire le laboratoire de réforme politique, économique et sociale qu’est devenue la Géorgie. Mais, a lancé le Président, grâce à son engagement en faveur des réformes, la Géorgie est devenue un acteur responsable de la communauté internationale.
Il s’est donc inquiété de l’absence d’ordre public et du « trou noir de la gouvernance » dans lequel sont plongés les deux territoires géorgiens, depuis l’occupation russe. Ces deux dernières années, a expliqué le Président, la Fédération de Russie ne cesse de violer l’accord de cessez-le-feu signé le 12 août 2008. Comment la Géorgie réagit-elle? Par le calme et la patience, décrite par l’Union européenne comme « un unilatéralisme constructif », a dit le Président.
Il a fait remarquer que malgré les pressions énormes de Moscou, pas un seul État de l’ancienne Union soviétique n’a reconnu le démembrement de la Géorgie. « Les États captifs sont devenus des États indépendants forts et capables de définir leurs propres politiques », a ironisé le Président. « C’est remarquable et ça a été remarqué à Moscou », a-t-il ajouté, en demandant aux États qui ont reconnu l’annexion de revenir sur leur décision.
Le Président a conclu en lançant trois appels et d’abord aux habitants de l’Abkhazie et de l’Ossétie qui vivent derrière le « nouveau rideau de fer ». « Nous protégerons vos droits, votre culture, votre histoire. Nous travaillerons avec vous et pour vous », a promis le Président, « pour une Géorgie réunifiée, démocratique et européenne ».
Le Président s’est ensuite adressé aux autorités russes qui devraient plus s’inquiéter de leurs citoyens que des orientations diplomatiques de la Géorgie, plus du développement du Nord-Caucase que de la destruction socioéconomique de la Géorgie. « Au lieu de nous battre les uns contre les autres, nous ferions mieux d’exceller ensemble à la modernisation de notre région commune », a insisté le Président. Enfin, à la communauté internationale, il a demandé d’aider son pays à consolider la paix en Géorgie et dans la région.
M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de la République islamique d’Iran, a affirmé que le système capitaliste et l’ordre mondial actuel s’étaient avérés incapables de fournir des solutions appropriées aux problèmes des sociétés. Opposant les « divins prophètes » du monothéisme à l’égoïsme et à l’avarice, il a affirmé que l’appât du gain et de la domination avait remplacé le monothéisme, « portail vers l’amour et l’unité ». Évoquant les affres du colonialisme, il a constaté qu’au début du siècle dernier, de belles paroles sur la liberté, les droits de l’homme et la démocratie avaient suscité l’espoir de guérir les profondes blessures du passé, mais que ces rêves avaient failli.
Le Président iranien s’est ensuite longuement attardé sur les attentats du 11 Septembre, estimant qu’à l’issue des attaques, une « machine à propagande » avait laissé entendre que le monde entier était exposé au « danger énorme » du terrorisme et que le seul moyen d’y faire face était de déployer des forces en Afghanistan. Finalement, l’Afghanistan, puis peu de temps après l’Iraq ont été occupés. M. Ahmadinejad a recensé « trois points de vue » sur les auteurs des attaques. Il a d’abord fait état d’un groupe terroriste très puissant et complexe, capable de défier les services secrets et la sécurité des États-Unis. Ensuite, il a souligné que « certains segments au sein du Gouvernement américain » avaient « orchestré » les attentats pour inverser la tendance du déclin de l’économie des États-Unis et « sauver le régime sioniste ». Enfin, selon lui, ces opérations ont pu être menées par un groupe terroriste, mais bénéficiant de l’appui du Gouvernement américain, lequel aurait « profité de la situation ».
Lors de l’énoncé de ces points de vue, la délégation des États-Unis, suivie de plusieurs autres, notamment européennes, ont quitté la salle de l’Assemblée générale.
Dans son discours, le Président iranien a ensuite estimé qu’une « enquête approfondie » aurait dû être menée par un groupe indépendant afin d’identifier les responsables et d’établir un « plan rationnel » de réaction. Est–il rationnel de lancer une guerre classique qui a provoquée la mort de centaines de milliers de personnes pour combattre un groupe terroriste, a–t-il notamment demandé. Il a, de même, réclamé la création par les États-Unis d’un groupe d’enquête indépendant afin qu’à l’avenir, les points de vue divergents sur les événements du 11 septembre ne soient plus interdits. Il a également annoncé que l’an prochain, l’Iran accueillerait une conférence consacrée à la lutte contre le terrorisme.
S’agissant de la situation en Palestine, M. Ahmadinejad a affirmé que « les sionistes » avaient commis des « crimes horribles » contre des « peuples sans défense » au Liban et à Gaza. « Ce régime, qui jouit du plein appui de certains pays occidentaux, menace régulièrement les pays de la région, tandis que ceux qui s’opposent à ce régime se voient imposés le label de terroriste et d’antisémite », a lancé le Président iranien. « En Europe et aux États-Unis, toutes les valeurs, même celle de la liberté d’expression, ont été sacrifiées sur l’autel du sionisme », a—t-il poursuivi. Il a ensuite plaidé en faveur du retour des réfugiés palestiniens dans leur terre natale et leur droit à la souveraineté.
Le Chef de l’État iranien en est ensuite venu au dossier nucléaire, et a affirmé que l’énergie nucléaire était un « cadeau des cieux » et un des meilleurs moyens de réduire la pollution liée à la consommation de pétrole. Il a également dit que la bombe nucléaire était « l’arme la plus inhumaine » et qu’elle devait être entièrement éliminée. Il a ensuite dénoncé le fait que « certains membres permanents » du Conseil de sécurité aient créé, selon lui, un amalgame entre l’énergie nucléaire et la bombe atomique, et mis l’énergie nucléaire hors de la portée de la plupart des États en créant des monopoles et en exerçant des pressions sur l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Il s’est également insurgé contre l’arsenal nucléaire du « régime sioniste ». M. Ahmadinejad a ensuite proposé de proclamer l’année 2011 l’année du désarmement nucléaire avec pour slogan: « l’énergie nucléaire pour tous, les armes nucléaires pour personne ».
Le Président iranien a par ailleurs affirmé que l’inefficacité de l’ONU avait pour cause sa « structure injuste ». Il a préconisé une réforme structurelle de l’Organisation, l’annulation du droit de veto, et a souhaité voir l’Assemblée générale devenir son plus important organe et que celle-ci finalise la réforme de l’ONU d’ici à un an.
À nouveau sur la question de la non-prolifération, M. Ahmadinejad a affirmé que la Déclaration de Téhéran, rendue possible, a-t-il précisé, grâce à la bonne volonté du Brésil et de la Turquie, avait constitué une mesure extrêmement constructive de rétablissement de la confiance. L’Iran, a-t-il ajouté, s’est toujours tenu prêt à dialoguer sur la base du respect et de la justice. Il a dénoncé les mesures d’intimidation et les sanctions qui ont été brandies contre « la logique évidente » de l’État iranien, lesquelles détruiraient, selon lui, la crédibilité du Conseil de sécurité. « Nous nous tenons prêts à débattre sérieusement et librement avec le Chef d’État américain afin d’exprimer notre point de vue transparent », a assuré le Président iranien.
Réaffirmant le rôle central des Nations Unies dans la gouvernance mondiale, M. IVAN GAŠPAROVIĆ, Président de la République slovaque, a estimé que la préservation de la paix et de la sécurité internationales était indispensable. Les récentes crises économique et financière ont montré une certaine instabilité mondiale, cela exigeant une attention particulièrement accrue de la part de la communauté internationale, a-t-il estimé. Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les instruments de contrôle juridique sur les armes et les partenariats sur les questions de désarmement. Les récents progrès enregistrés, tels que la signature du Traité Start II entre les États-Unis et la Fédération de Russie, ainsi que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, sont encourageants, a-t-il dit.
Indiquant que la Slovaquie était un pays contributeur de contingents, M. Gašparović a salué l’étape franchie par les Nations Unies dans le processus de réforme des opérations de maintien de la paix, tel que décrit dans le document Nouveaux Horizons. Il faut un déploiement plus rapide et une utilisation plus efficace des ressources financières et humaines, a-t-il dit. L’ONU, a-t-il ajouté, doit continuer à jouer un rôle clef dans la prévention des conflits. Mentionnant la participation de son pays au Conseil de sécurité en 2006 et 2007, en tant que membre non permanent, le Président slovaque a souligné l’importance d’accélérer la réforme de cet organe.
M. Gašparović a, par ailleurs, mis l’accent sur le Sommet des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui s’est tenu pendant trois jours au Siège des Nations Unies. Éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde, améliorer l’accès à l’éducation et aux soins de santé, fournir des emplois adéquats demeurent d’importants sujets de préoccupation, a-t-il dit. Il a salué l’établissement de la nouvelle entité ONU-Femmes pour l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme.
M. Gašparović s’est également dit encouragé par la reprise des négociations entre les dirigeants israéliens et palestiniens. Un accord de paix est indispensable pour la paix et la stabilité mondiales, a-t-il jugé. Il a, par ailleurs, mis l’accent sur la participation de son pays à la Mission des Nations Unies à Chypre. Enfin, il a fait part de ses préoccupations concernant les Balkans occidentales. Il est urgent de renforcer la stabilité et d’appuyer le processus démocratique de cette région, a-t-il dit. Pour ce faire, le Président slovaque a souhaité que le processus d’intégration des Balkans occidentales à l’Union européenne se poursuive.
Le Roi ABDULLAH II BIN AL HUSSEIN, Chef d’État du Royaume hachémite de Jordanie, réaffirmant le rôle central de l’ONU, a déclaré qu’il fallait résister aux forces de la division qui répandent la mésentente et la méfiance, en particulier entre les peuples de religions différentes. La Jordanie parraine un projet de résolution en vue de décréter une semaine mondiale annuelle sur l’harmonie interconfessionnelle, pour promouvoir la tolérance, le respect de l’autre et la paix.
Le Roi a estimé que les négociations directes entre les Palestiniens et les Israéliens ouvraient la perspective d’un règlement permanent du conflit israélo-palestinien prévoyant deux États. La création d’un État palestinien indépendant, viable et souverain, vivant côte à côte avec Israël, préparera la voie pour une paix régionale globale. Il est grand temps de mettre fin à ce conflit qui empêche d’investir dans le progrès et la prospérité. Un échec ne ferait qu’entraîner le monde dans une spirale de souffrance, de frustration et de guerre, menaçant la sécurité et la stabilité au-delà des frontières du Moyen-Orient.
Pour éviter cela, a conseillé le Roi, les pourparlers doivent être menés avec engagement, sincérité et courage, et sans mesure provocatrice ou unilatérale susceptible de faire dérailler les négociations. Les parties, a-t-il encouragé, doivent travailler avec acharnement pour produire rapidement des résultats. Cela veut dire, a précisé le Roi, traiter des questions sur le statut final avec pour objectif de mettre fin à l’occupation et de parvenir le plus tôt possible, à une solution à deux États, seule solution valable. « Le statu quo est tout simplement inacceptable. Assez d’injustice, assez de sang », s’est impatienté le Roi.
Avec l’Initiative de paix arabe, a-t-il estimé, la Jordanie et le reste du monde arabe et musulman offrent à Israël une occasion sans précédent pour un règlement global, un règlement qui lui permettra d’avoir des relations normales avec 57 États arabes et musulmans, soit un tiers des Nations Unies.
M. JOSEPH KABILA KABANGE, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a lancé un appel pressant à tous les États pour qu’ensemble, ils contribuent à la réalisation d’un monde meilleur en poursuivant de manière inlassable les efforts de pacification partout où persistent encore des foyers de tension. Venant de célébrer le cinquantenaire de son indépendance, la RDC, a dit le Président, s’engage, dans les 50 prochaines années, à apporter sa contribution à la marche de l’humanité vers un monde meilleur.
S’agissant précisément de la protection de la nature, le Président a d’abord souligné le statut de deuxième poumon du monde de son pays avant d’appuyer la mise en place d’une autorité mondiale de l’environnement qui devra impliquer tant les institutions publiques que privées, la société civile et les milieux scientifiques.
Se félicitant, en matière de consolidation de la paix, que le Secrétaire général ait accepté de créer à Brazzaville un bureau de l’ONU pour l’Afrique centrale, le Président est revenu sur les succès des opérations militaires menées « systématiquement », depuis 2009, contre les groupes armés étrangers dans son pays.
Il a en revanche estimé que pour ce qui est de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), la question ne relève plus de la défense militaire mais bien de l’ordre public. Le Président s’est aussi appesanti sur le « calvaire » des femmes congolaises des provinces du Nord et du Sud-Kivu qu’il a imputé à l’insécurité alimentée par les groupes armés qui se nourrissent de l’exploitation illégale des matières premières.
Après avoir affirmé que la lutte contre l’impunité est une « option fondamentale » de l’action gouvernementale, le Président a rappelé que son pays est un vaste chantier qui nécessite des contributions plurielles pour sa reconstruction et sa modernisation. Elles sont les bienvenues, dans le cadre d’un partenariat que la RDC veut respectueux et actif avec le secteur privé, a-t-il précisé.
Aujourd’hui, les indicateurs économiques évoluent positivement, a-t-il assuré, en ajoutant que son Gouvernement met un point d’honneur à la consolidation de la démocratie par le respect du cycle électoral, la redevabilité vis-à-vis du peuple et le parachèvement de la mise en place des institutions prévues par la Constitution, dans le cadre du processus de décentralisation.
M. ILHAM HEYDAR OGLU ALIYEV, Président de la République d’Azerbaïdjan, a souligné que le conflit en cours entre son pays et l’Arménie représente une grande menace pour la paix et la sécurité de la région. Il a rappelé que le Conseil de sécurité a adopté quatre résolutions exprimant un plein appui à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan. Malheureusement, malgré la position unie de la communauté internationale, les territoires concernés continuent d’être occupés, a-t-il dénoncé.
Nous sommes prêts, a dit le Président, à poursuivre des pourparlers de bonne foi pour la finalisation du statut du Nagorno-Karabakh au sein de l’Azerbaïdjan. Le pays a donné son accord de principe à l’approche par étape présentée, l’année dernière, aux parties par le Groupe de Minsk de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), comme la base d’un règlement durable. Toutefois, a accusé le Président, l’Arménie n’y a toujours pas répondu. Malgré l’absence de solution au conflit, le Gouvernement de l’Azerbaïdjan a réussi à hisser le pays parmi les économies qui se développent le plus rapidement.
M. RICARDO MARTINELLI BERROCAL, Président de la République de Panama, a souligné que le trafic de drogues, des armes et des êtres humains, associé à l’immigration illégale, au blanchiment d’argent et au terrorisme était l’apanage d’organisations criminelles ayant pour but de déstabiliser les démocraties. « La drogue est pour le Panama et la région d’Amérique centrale, une arme de destruction massive », s’est alarmé le Chef d’État, en indiquant que les trafiquants infiltraient leurs territoires pour « polluer la jeunesse ». Pour y faire face, les États membres du Systèmed’intégration de l’Amérique centrale (SICA), ont mis en place un centre régional de coordination sécuritaire qui commence à donner des résultats satisfaisants, a-t-il annoncé.
La mondialisation, a poursuivi le Président, est un système juridique, sûr et efficace pour l’échange des biens, des services, des capitaux et des personnes. Cependant, la crise économique exige de nouvelles et meilleures formes de gouvernance des sociétés, notamment un élargissement des marchés et une meilleure gestion des relations intergouvernementales, a argué le Président en citant plusieurs exemples impliquant son pays. Il a conclu en saluant l’adoption du Document final de la Réunion plénière de haut sur les OMD, avant de détailler les réalisations de son pays, telles que l’aide aux plus vulnérables, aux personnes âgées et aux retraités.
M. PAUL BIYA, Président de la République du Cameroun, a regretté que l’aide au développement stagne et reste en-deçà des engagements des pays développés de lui consacrer 0,7% de leur PNB. La prise de conscience, au tournant du siècle dernier, des conséquences catastrophiques d’un accroissement de la pauvreté paraît s’être considérablement émoussée, a-t-il estimé. La communauté internationale, a-t-il prévenu, ne peut rester indifférente devant la menace des « émeutes de la faim » qui risque de miner les efforts pour faire progresser la démocratie et assurer le développement en Afrique.
Jusqu’ici, a estimé le Président, les solutions retenues n’étaient probablement pas à la hauteur des enjeux. L’Afrique a accumulé trop de handicaps au cours de l’Histoire, a-t-il souligné, en reconnaissant tout de même que ses dirigeants ont sans doute manqué de rigueur et d’esprit de suite. L’Afrique, a-t-il poursuivi, qui a beaucoup changé paraît prête à un large débat d’idées pourvu qu’il soit conduit dans un véritable esprit de partenariat. Ainsi, a-t-il espéré, pourrait prendre corps ce fameux « Plan Marshall » souvent évoqué mais qui tarde à voir le jour.
C’est dans ce contexte que le Cameroun a organisé à Yaoundé, à l’occasion du cinquantenaire de son indépendance, la Conférence internationale « Africa 21 » qui a donné lieu à une déclaration finale, véritable « guide » pour la réhabilitation de l’Afrique visant à faire en sorte que le continent ne reste pas en position d’éternel assisté et joue le rôle qui lui revient dans les affaires du monde.
Invoquant en effet l’absence de l’Afrique au Conseil de sécurité, le Président a stigmatisé le fait que le continent ait été longtemps traité « en objet des relations internationales ». « Les peuples africains aspirent à davantage de compréhension et de sympathie au vrai sens du terme »’, a souligné le Président, car, a-t-il expliqué, si l’évolution actuelle du Cameroun se confirme, il peut espérer, à moyen terme, accéder au statut de pays émergent. Tel est, a-t-il affirmé, l’état d’esprit de la majorité des pays africains qui attendent de la communauté internationale « plus de compréhension, de solidarité et sans doute aussi davantage de fraternité ».
M. SEBÁSTIÁN PIÑERA ECHENIQUE, Président de la République du Chili, a rappelé que, dans l’après-guerre, le monde était divisé par deux murs perpendiculaires: le premier, le rideau de fer, allant du Nord au Sud, séparait le monde en deux blocs irréconciliables; l’autre, allant d’Est en Ouest, séparait les pays riches et prospères du Nord des pays pauvres et sous-développés du Sud. L’effondrement de ces deux murs à la fin du XXe siècle ont amené à découvrir un troisième mur, moins visible, mais qui existe depuis longtemps « dans nos pays et dans nos villes », celui qui « sépare les esprits ankylosés, qui vivent dans la nostalgie et la crainte de l’avenir, des esprits créateurs et entreprenants, qui envisagent l’avenir avec sérénité, car ils ont confiance dans l’idée que le meilleur est encore à venir », a affirmé le Président chilien. Ce mur, a, selon lui, « empêché un grand nombre de nos pays de se consacrer à la révolution industrielle au XIXe siècle et explique que nous soyons sous-développés, tandis que d’autres, les moins nombreux, ont su le faire tomber à temps et se lancer dans la voie du progrès ».
Ce mur, il faut absolument le franchir, a lancé M. Echenique, pour qui les pays en développement doivent approfondir leur intégration et gérer au mieux la mondialisation pour éviter que ce soit elle qui finisse par les gouverner. Dans ce contexte, « l’ONU et les institutions de Bretton Woods doivent s’adapter d’urgence aux temps nouveaux si elles veulent remplir le rôle prépondérant qui leur revient et ne pas se borner à être les spectateurs des événements et des profonds changements qui marquent notre siècle », a jugé le Chef de l’État chilien, pour qui le Conseil de sécurité doit être réformé de façon à le rendre plus représentatif de la nouvelle réalité mondiale. À cet égard, le Chili a réitéré sa demande d’inclure le Brésil et d’autres pays dans les rangs des membres permanents. De même, il a félicité son prédécesseur, Mme Michelle Bachelet, qui vient d’être désignée à la tête de l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme (ONU-Femmes).
Rappelant que la mondialisation avait amené avec elle, dans le monde entier et certainement au Chili, une véritable renaissance des identités locales et en particulier de celles des ethnies autochtones, le Président a affirmé que c’était une « magnifique occasion » de commencer à rétablir la justice et à organiser une rencontre avec les communautés locales. C’est pour cela que le Gouvernement a décidé d’accorder la reconnaissance constitutionnelle qu’elles demandent à bon droit et ce, afin d’assurer l’avènement d’un respect authentique, d’une mise en valeur et d’une protection de leur langue, de leur culture et de leurs valeurs, s’est félicité M. Echenique. Il a annoncé la mise en route du Plan Araucania, « l’initiative la plus audacieuse, la plus puissante et la plus ambitieuse que le Gouvernement chilien ait jamais lancée en direction des populations autochtones chiliennes », ce qui, a-t-il ajouté, « nous permettra de rattraper le temps perdu et de commencer à améliorer véritablement la qualité de la vie et les perspectives de développement de nos frères autochtones ».
M. BAMIR TOPI, Président de la République d’Albanie, a estimé que l’ordre du jour très chargé de l’ONU devait se concentrer sur la paix et la sécurité internationales, la lutte contre le terrorisme, la lutte contre les effets des changements climatiques, la promotion d’un développement durable, la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, les droits de l’homme et les migrations. Selon lui, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) est une priorité de l’Albanie. L’Albanie, a-t-il dit, est pleinement engagée à atteindre les objectifs communautaires de l’Union européenne qui consiste à favoriser les investissements dans le secteur social et les capacités de développement. Il a indiqué que l’Albanie était membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et avait également signé le Mémorandum d’accord du Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU (DOMP). Il a fait état de la participation de son pays aux missions de maintien de la paix au Tchad, en Afghanistan et en Iraq. Il a dit que la lutte contre le terrorisme était une priorité qui nécessitait une très haute détermination. Il a jugé essentielle la contribution du Conseil de sécurité et de ses comités chargés de la mise en œuvre des résolutions 1269, 1373, 1540 et 1624 consacrées à la lutte contre le terrorisme.
Par ailleurs, le Président albanais a salué les initiatives du Secrétaire général en faveur de la paix au Moyen-Orient dans le souci de parvenir à des solutions durables acceptées par toutes les parties. Il a estimé que l’Alliance des civilisations était un outil politique très utile de l’ONU pour promouvoir la paix, l’harmonie entre les civilisations et construire une société inclusive par le biais de l’éducation, de la compréhension et des connaissances mutuelles. L’adoption, il y a quelques jours, d’une résolution de l’Assemblée générale sur la légitimité de la proclamation d’indépendance du Kosovo est un événement important pour le Kosovo, la Serbie, les Balkans occidentaux, l’Europe unie et l’ONU, a-t-il estimé. Il a remercié l’Union européenne pour cette résolution et pour avoir fait preuve d’une cohésion qui démontre que les politiques d’intégration ne pouvaient être stoppées. Il a dit que la question du statut du Kosovo et de ses frontières était désormais close et appartenait au passé. Il est maintenant temps de commencer le dialogue et de s’attaquer aux questions pratiques, a-t-il insisté. Il a ajouté que l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la légalité de l’indépendance du Kosovo restait un cas sui generis et ne pouvait constituer un précédant pour d’autres situations dans d’autres pays.
M. LEONEL FERNÁNDEZ REYNA, Président de la République dominicaine, a souligné qu’aujourd’hui plus de 250 millions de personnes, âgées de 15 à 64 ans, consomment de la drogue; la plus grande concentration étant dans les pays les plus développés au monde, dont les États-Unis, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale. Le trafic illicite de stupéfiants constitue un marché noir mondial et une véritable économie souterraine, régie par la loi de l’offre et de la demande comme tout autre marché et brassant près de 400 milliards de dollars par an, a poursuivi M. Reyna. L’économie de la drogue est plus importante que le PNB de 122 pays sur les 184 pays inscrits à l’Index de l’économie mondiale que la Banque mondiale publie chaque année.
Allant de pair avec l’essor du trafic illicite de drogues, le Président a mentionné le crime transnational organisé et ses prises d’otages, ses tueurs à gage, ses actes de torture et ses décapitations, dans des conflits internes ou contre les peuples et les institutions. Le pouvoir du trafic des drogues est si puissant qu’il peut interférer avec des prérogatives gouvernementales comme les forces armées, la police, les services de renseignements et les systèmes judiciaires.
Il est possible de combattre ce fléau, a estimé le Président. Mais, a-t-il prévenu, il faut un engagement international réel et une véritable volonté politique des gouvernements concernés. Il faut également une nouvelle vision stratégique qui s’attaquerait non seulement à l’offre mais aussi du côté de la demande. Il faut aussi, a-t-il préconisé, lutter contre la vente d’armes et la traite des êtres humains et renforcer la coopération entre pays d’origine, de transit et de destination du trafic de drogues.
Il faut encore, a estimé le Président, avoir recours aux nouvelles technologies, renforcer les systèmes judiciaires, créer des mécanismes de prévention, éduquer les gens et promouvoir le progrès socioéconomique.
Le Président a espéré qu’en 2019, les États Membres pourront dresser un bilan réussi du nouveau Plan décennal de lutte contre le trafic illicite de drogues. Il a conclu sur les menaces liées aux changements climatiques et a milité pour des politiques mondiales capables de contrecarrer les effets des catastrophes naturelles.
Mme DALIA GRYBAUSKAITÉ, Présidente de la République de Lituanie, a indiqué que son pays a lancé l’initiative d’une résolution sur les déchets d’armes chimiques jetées en mer. Il est de l’avantage de tous les pays d’échanger volontairement des informations pour renforcer la sécurité face à ces déchets dangereux, a-t-elle dit. Il nous faut des directives sur la façon d’agir en cas de catastrophe et c’est la raison pour laquelle, a plaidé la Présidente, une résolution est « indispensable » et que les Nations Unies doivent jouer un rôle plus actif, en lançant des projets concrets.
Se félicitant de la place des femmes lituaniennes dans la vie politique et du monde des affaires, Mme Grybauskaité a espéré que la Réunion de haut niveau sur les questions d’égalité des sexes, qui doit se tenir dans le cadre de la Communauté des démocraties à Vilnius (Lituanie) en juin prochain, explorerait plus de nouvelles idées et de bonnes pratiques.
Les questions d’égalité entre les sexes, de sécurité et d’environnement sont étroitement liées et doivent être correctement traitées au niveau international pour assurer le développement durable, a déclaré la Présidente. Elle a rendu hommage aux contributions et aux financements de l’Union européenne dans le monde, disant que ces valeurs de générosité sont aussi celles de la Lituanie qui, malgré ses ressources limitées n’hésitent pas à financer des projets à l’étranger. La Présidente a invité tous les États Membres à soutenir, aider et collaborer à divers projets dans le monde. « Seules les actions concrètes apporteront des changements positifs en politique internationale », a-t-elle conclu.
M. EVO MORALES AYMA, Président constitutionnel de l’État plurinational de Bolivie, a souligné que son pays avait changé en profondeur sur les plans structurels et sociaux. La situation économique des personnes les plus pauvres (paysans, autochtones, ouvriers) s’est améliorée grâce à la nationalisation en 2006 des ressources naturelles du pays en gaz et pétrole. Le Fonds monétaire international doit se pencher sur les torts qu’il a causés à la Bolivie et à d’autres pays en leur imposant des politiques de pillage des ressources naturelles; il doit payer pour les dommages économiques qu’il a causés à des êtres humains. « Nous avons une grande responsabilité envers les nouvelles générations », a affirmé M. Morales. En dépit des différences idéologiques et culturelles d’un continent à l’autre, il faut travailler de façon unie à l’ONU pour que les droits de l’homme s’appliquent à l’ensemble du monde. Il faut une alliance de tous les gouvernements pour sauver l’humanité en sauvant la planète Terre.
Il n’est pas possible, au XXIe siècle, d’expulser des migrants qui vont chercher du travail vers le Nord ou l’Europe, a-t-il poursuivi. M. Morales a dénoncé les « murs de la honte » érigés en Palestine ou au Mexique. « On ne traite pas les humains comme du bétail », a-t-il dit. Il a en outre jugé inacceptable les blocus économiques de Cuba et de Gaza.
La Terre a, selon lui, également droit à la vie. Rappelant que les peuples autochtones vivaient en harmonie avec la nature, le Président bolivien a estimé qu’il n’était pas possible de privatiser ses forêts et de vendre des certificats de carbone. Il a proposé d’élaborer à l’ONU un projet sur les droits de la Terre, car tous les êtres humains seront affectés de la même façon par les problèmes d’environnement et de changement climatique. Il faut se préparer pour Cancún et réfléchir aux moyens de refroidir la planète, a-t-il souligné. M. Morales a déclaré qu’il n’y avait pas de paix sans justice sociale. La paix n’est pas garantie par des actions militaires. Il a proposé de lutter contre le trafic de stupéfiants en mettant un terme au secret bancaire. À cet égard, la Bolivie a fait des efforts concertés pour la feuille de coca mais, pour des raisons politiques, elle est pénalisée par le Gouvernement des États-Unis.
Évoquant enfin la démocratisation des Nations Unies, le Président a déploré l’autoritarisme des délégués ayant un droit de veto. Il a souhaité une organisation anticapitaliste qui sauve l’humanité et suggéré un « cri de guerre »: « Planète ou la mort: nous vaincrons ».
M. ERNEST BAI KOROMA, Président de la République de Sierra Leone, a remercié la communauté internationale dont l’engagement a mis son pays sur la voie de la croissance économique et du développement durable. Grâce à cet engagement, la Sierra Leone a fait de remarquables progrès. L’indice mondial de la paix la classe au cinquante-troisième rang mondial des pays les plus pacifiques, l’Index Ibrahim parmi les cinq pays affectés par des crises ayant fait un bond significatif vers la gouvernance démocratique, alors qu’une étude récente du Fond monétaire international (FMI) montre que sa croissance annuelle de 4% dépasse le taux de croissance moyen en Afrique subsaharienne, qui est de 2%.
« La Sierra Leone a également continué de mettre l’accent sur la protection des droits fondamentaux de son peuple », a dit le Président. Le Gouvernement a mis en place des réformes importantes du secteur judiciaire et s’efforce de créer une culture des droits de l’homme. La Sierra Leone est déterminée à assurer une application efficace du plan d’action relatif aux résolutions 1325 et 1820 du Conseil de Sécurité sur les femmes, la paix, la sécurité, notamment en luttant contre les violences sexuelles et en améliorant la participation des femmes à la vie publique.
M. Koroma a également réaffirmé son engagement en faveur d’une presse libre, faisant noter qu’aucun journaliste n’avait été emprisonné depuis son accession à la présidence et citant la transformation du service national de radio télévision national en une compagnie indépendante.
Pour la première fois de son histoire, la Sierra Leone a lancé un programme de soins médicaux gratuits pour les mères et les enfants de moins de cinq ans. Elle a aussi commencé à commercialiser ses produits agricoles, notamment par la création de coopératives agricoles. Elle a fait des progrès importants dans la construction des infrastructures routières et la réhabilitation du réseau électrique. Elle a passé des étapes importantes pour attirer des investissements étrangers.
Malgré tous ces progrès, de nombreux obstacles existent, a déclaré M. Koroma. La Sierra Leone a encore besoin d’améliorer sa capacité de protéger les droits de l’homme, d’établir une bonne gouvernance et de combattre la corruption et le trafic des drogues. Le pays aura besoin d’une assistance technique, de la coopération internationale, des investissements privés et du transfert de technologies.
Enfin, M. Koroma a fait état de l’injustice historique infligée à l’Afrique, seul continent à ne pas avoir de siège permanent au Conseil de Sécurité. Pour que le Conseil de sécurité maintienne sa pertinence dans un système des Nations Unies réorganisé, l’Afrique réclame des sièges permanents avec droit de veto.
M. JALAL TALABANI, Président de la République d’Iraq, a affirmé que depuis sa dernière intervention l’an dernier devant l’Assemblée, son pays avait connu des changements significatifs, en particulier une diminution de la violence et une amélioration appréciable de la sécurité. En dépit d’actes terroristes ciblant des civils innocents çà et là, la sécurité accrue a jeté les bases du retrait des Forces de combat américaines opérant en Iraq. Le retrait complet de ces Forces, le 31 août 2010, fait suite à l’Accord bilatéral, signé par les deux parties le 17 novembre 2008. Cette année a également été marquée par le succès des élections législatives du 7 mars 2010, qui ont suscité un intérêt considérable aux plans arabe, régional et international. Il a rappelé que la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) ainsi que les observateurs de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), de la Ligue des États arabes, de la communauté internationale et des organisations de la société civile, avaient tous exprimé leur conviction que ces élections s’étaient déroulées d’une manière transparente et équitable.
D’autre part, a ajouté M. Talabani, l’amélioration de la sécurité a encouragé de nombreux pays arabes et étrangers à rouvrir leurs missions diplomatiques, aidant ainsi à réactiver les relations de l’Iraq aux niveaux régional et international. Il a auguré que le fait que son pays assume la présidence de la session actuelle de la Ligue des États arabes et qu’il assurera, en mars prochain, celle de la Conférence arabe au sommet, ne manquera pas de contribuer à la promotion du rôle de l’Iraq à l’échelle régionale et à son retour en tant que membre responsable au sein de la communauté internationale.
Au niveau national, M. Talabani a indiqué que son pays avait lancé, le 4 avril 2010, un Plan quinquennal de développement national (2010-2014) qui contient environ 2 700 projets stratégiques dans différents secteurs d’un coût total de 186 milliards de dollars. Ce Plan favorisera le développement de l’économie et l’amélioration de la qualité des prestations aux Iraquiens et la création de quatre millions d’emplois. D’autre part, les Iraquiennes jouissent d’un statut important dans le nouvel Iraq, a-t-il commenté, en soulignant l’égalité des droits politiques entre hommes et femmes et l’adoption, pour la première fois depuis des décennies, d’un système de quota de 25% de sièges réservés aux femmes dans le Conseil des représentants de l’Iraq. Elles occupent également des portefeuilles ministériels et représentent leur pays en tant qu’ambassadrices après avoir été privées de leurs droits pendant plus de 30 années.
Abordant la question du nucléaire iranien, il a affirmé le droit légitime des États à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et a exhorté à rechercher une solution pacifique à cette problématique, par la voie du dialogue et de la diplomatie. Toute escalade en la matière serait préjudiciable aux intérêts de toutes les parties, a-t-il prévenu en ajoutant qu’elle mettrait également en péril la sécurité de la région.
À l’heure actuelle, a-t-il poursuivi, le principal problème pour l’Iraq consiste à se défaire du fardeau des résolutions adoptées au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Il a ainsi cité la résolution 1859 (2008) du Conseil de sécurité, et plus particulièrement des restrictions en matière de désarmement, la conclusion des contrats restants dans le cadre du programme Pétrole contre nourriture et la recherche d’un mécanisme approprié qui garantirait la protection de la monnaie iraquienne et remplacerait le Fonds de développement pour l’Iraq et le Conseil international de conseil et de suivi pour l’Iraq. Il a indiqué que son pays comptait sérieusement régler ces problèmes cette année même. M. Talabani a enfin déclaré que le moment était venu pour que le Conseil de sécurité révise toutes les résolutions adoptées contre l’Iraq au titre du Chapitre VII, en commençant par la résolution 661 (1990), de sorte à rétablir le pays dans sa position internationale antérieure à l’adoption de ces résolutions.
M. DJIBO SALOU, Président de la République du Niger, a déclaré que le Conseil Suprême s’était donné comme objectif principal, dès le 18 février 2010, de prendre toutes les décisions susceptibles d’apaiser la vie politico-sociale du pays. Dans ce but, il a construit son programme de gouvernement autour de trois axes: la restauration de la démocratie; l’assainissement de la situation politique et économique en luttant contre l’impunité, la corruption et les trafics d’influence; la réconciliation des nigériens. Il a précisé que la Commission électorale nationale indépendante avait arrêté un chronogramme des élections générales –qui se tiendront du 31 octobre 2010 au 6 avril 2011- et un projet de budget afférent à l’organisation des sept scrutins prévus. Il a exhorté la communauté internationale à accompagner les efforts électoraux du Niger.
M. Salou a également fait état de la mise en place, le 11 mai 2010, d’une Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale et pour la bonne gouvernance. Parallèlement, a également été établie une haute autorité pour la réconciliation et la consolidation de la démocratie, a-t-il dit. Il a salué l’appui concret des partenaires internationaux pour la mise en place d’un Dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires qui a mené des actions d’atténuation de la crise. Il s’est félicité que la sécurité alimentaire figure en bonne place parmi les thèmes sur lesquels la présente session de l’Assemblée générale mettra l’accent.
En ce qui concerne la situation sur le continent africain, M. Salou s’est réjoui de la tenue d’élections libres, transparentes et justes au Soudan et au Burundi. Il a salué la décision de la Côte d’Ivoire d’organiser incessamment des élections. Il a précisé que c’est seulement sous cette condition que la Côte d’Ivoire retrouvera cette stabilité et cette quiétude qui lui permettront de jouer pleinement son rôle de locomotive en Afrique de l’Ouest. Il a formé le vœu de progrès significatifs sur le plan politique dans d’autres pays comme la République centrafricaine, les Comores, la Somalie, Madagascar, la région des Grands Lacs et le Darfour.
Parmi les autres menaces, il a cité le terrorisme, le trafic de stupéfiants et la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC). L’enlèvement, la semaine dernière, de ressortissants étrangers dans le nord du Niger vient rappeler la gravité de la situation et l’urgence de prendre les mesures nécessaires pour faire face avec efficacité à cette menace contre la paix, la sécurité et le développement de nos pays, a-t-il affirmé.
Dans le domaine des Objectifs du Millénaire pour le développement, il a estimé que la Réunion de haut niveau qui s’est tenue du 20 au 22 septembre dernier avait été une réelle opportunité pour la communauté internationale de traiter de manière plus appropriée de nombreux sujets de préoccupation et de faire le lien entre la réalisation des OMD et la disponibilité des ressources nécessaires.
M. STEVEN VANACKERE, Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a demandé ce que valait la gouvernance mondiale si elle ne dépassait pas le stade du discours. Selon lui, l’obligation d’agir est une responsabilité mondiale et partagée. Il a également insisté sur le fait qu’il ne pouvait y avoir de développement sans sécurité, et inversement, et que les deux dépendent du respect des droits de l’homme et de l’état de droit. Pour le Ministre, les affaires internationales doivent être régies par le droit international. La Belgique, a-t-il dit, plaide en faveur de la reconnaissance universelle de la compétence de la Cour internationale de Justice et de la Cour pénale internationale (CPI). Si tous les pays souscrivaient à ce point de vue, le monde se rapprocherait d’un système international efficace et responsable, a déclaré le Ministre qui a également appelé au renforcement des instruments internationaux et régionaux en matière de droits de l’homme.
Sur les questions relatives à la sécurité, le Ministre s’est félicité des résultats obtenus cette année par la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, saisissant l’occasion de dénoncer l’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour ne pas accepter de se soumettre au régime d’inspection de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ce qui, a-t-il dit, compromet la sécurité internationale. Le Ministre a également souligné que les Objectifs du Millénaire pour le développement et les négociations sur les changements climatiques constituaient une priorité du XXIe siècle pour son gouvernement. S’agissant de la situation en République démocratique du Congo, le Ministre a expliqué que son pays se félicitait du mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays (MONUSCO) qui intègre le volet consolidation de la paix. Il a souligné que la lutte contre l’impunité passerait avant tout par un renforcement de l’état de droit, et qu’il s’agissait là d’une responsabilité première des autorités congolaises.
M. JEAN-MARIE EHOUZOU, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine, de la francophonie et des Béninois de l’extérieur, a salué l’ambition de bâtir une Organisation des Nations Unies « forte, inclusive et ouverte en tant que garante de la gouvernance mondiale ». Après avoir rappelé la raison d’être des Nations Unies, à savoir donner un cadre de référence et de convergence universelle pour la coordination des politiques nationales et pour la gestion des intérêts entre les États, le Ministre a souligné l’importance de tenir compte de l’échéancier fixé pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, compte tenu des difficultés additionnelles posées par les crises économique et financière. « Il est du devoir de la communauté internationale de mobiliser les ressources nécessaires pour corriger les graves distorsions qui sont à l’origine de ces crises », a-t-il souligné.
Selon le Ministre, si les pays vulnérables sont tenus de réaliser les investissements leur permettant de relancer la production agricole et pour assurer une croissance durable, les Nations Unies doivent, de leur côté, user « de toute leur influence » pour aider ces pays à aider leurs populations vulnérables. « Le moment est venu de donner au droit à l’alimentation une signification, car il est intolérable que la faim continue de faire partie des souffrances humaines au XXIe siècle. »
Le Ministre a estimé que pour le court terme la priorité devait être donnée au renforcement des systèmes de protection sociale dans les pays à faible revenu, et à l’activation de capacités dormantes de production locale par la promotion des petites et moyennes entreprises agricoles. Pour le plus long terme, il a suggéré que soient repensées les politiques de promotion des investissements dans l’agriculture, dans une perspective de sécurité alimentaire. Sur ce point, il a salué la proposition de relever de 3% à 10% la part de l’agriculture dans l’aide publique au développement, rappelant aussi que son pays était un pays agricole et que cette activité devait servir de tremplin pour son développement. Évoquant le problème de la dégradation des sols, de l’érosion côtière et des conséquences des inondations dont souffre l’Afrique de l’Ouest, il a exprimé sa haute appréciation pour le travail du secrétariat de la Convention-cadre sur la lutte contre la désertification, notant qu’il importe de consacrer davantage de ressources à la mise en œuvre de cette Convention, ce avec un sens aigu de l’urgence de l’aide aux régions affectées. Enfin, il a appelé à un renforcement de la représentation des pays en développement dans les organes de décision des institutions financières internationales.
Droit de réponse
Le représentant de la République islamique d’Iran a jugé les allégations de la Belgique contre le programme nucléaire de son pays dénuées de fondement. Les activités nucléaires de l’Iran se mènent à des fins pacifiques, comme l’a confirmé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a affirmé le représentant. Il a rappelé le droit inaliénable de tout État Membre et de tout pays à l’énergie nucléaire et affirmé que l’engagement de son pays en faveur de la non-prolifération restait intact.
Le représentant de la Belgique a rappelé que son pays est membre de l’Union européenne et qu’en tant que tel, il adhère pleinement à la position de cette dernière sur le programme nucléaire iranien.
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