COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL: LES DÉLÉGATIONS PROPOSENT DES MESURES À COURT ET À LONG TERMES POUR PALLIER LES CONSÉQENCES DES CRISES MONDIALES SUR LE PLAN SOCIAL
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Commission du développement social
Quarante-septième session
10e séance – matin
COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL: LES DÉLÉGATIONS PROPOSENT DES MESURES À COURT ET À LONG TERMES POUR PALLIER LES CONSÉQENCES DES CRISES MONDIALES SUR LE PLAN SOCIAL
La Commission du développement social a conclu aujourd’hui son débat sur les crises mondiales et leurs incidences sur le développement social, commencé lundi au cours d’une table ronde à laquelle participaient plusieurs experts. Elle a aussi examiné le rapport du Conseil d’administration de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social et proposé des candidats pour remplacer quatre de ses membres.
Notant que les crises actuelles sont d’une envergure sans précédent, ayant des conséquences très graves sur le plan social, plusieurs délégations ont encouragé les États à améliorer les règlementations nationales. Les États ont d’ailleurs la responsabilité première de s’attaquer à la crise, a rappelé le représentant de l’Égypte.
Des délégations ont notamment suggéré que les pays adoptent des règlementations fermes garantissant l’orientation de capitaux vers des activités réelles, avec des mesures incitant à la consommation et à l’investissement. Parallèlement, pour pallier les incidences négatives du ralentissement de la croissance sur les groupes vulnérables, les intervenants ont reconnu la nécessité, pour les gouvernements, de renforcer la protection sociale.
Outre ces mesures à court terme, des délégations ont souligné la nécessité de s’attaquer aux causes sous-jacentes de la crise. La représentante du Venezuela, convaincue que les crises actuelles montrent l’échec du capitalisme et du néolibéralisme, a annoncé « la fin d’une époque ». Il est temps, a-t-elle dit, de procéder à des réformes en profondeur et d’instaurer un ordre mondial nouveau fondé sur les principes de paix, d’éthique, d’égalité, de solidarité et de justice sociale.
Appelant lui aussi à l’instauration d’un nouvel ordre économique mondial, le représentant du Guyana a encouragé les pays du Nord et les pays du Sud à renforcer leur coopération pour permettre aux populations des pays en développement d’accéder aux services de base et d’améliorer leurs conditions de vie. Celui des Émirats arabes unis a espéré que la présente session de la Commission du développement social constituera une opportunité pour renforcer les politiques internationales en vue d’alléger les souffrances des familles et des individus dans les pays pauvres et ceux qui subissent des conflits.
Les représentants de la Fédération de Russie, du Bangladesh, de l’Italie et du Bélarus ont également pris part à ce débat.
La Commission a aussi examiné, ce matin, le rapport* du Conseil d’administration de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social, qui a pour mandat d’arrêter les directives générales régissant les activités de l’Institut, d’examiner et d’approuver les programmes de travail et les budgets correspondants de l’Institut, et de présenter régulièrement à la CDS un rapport sur les travaux de l’Institut.
L’Institut de recherche a été créé en 1963, en vue « de procéder à des recherches sur les problèmes et politiques de développement social et les rapports entre divers types de développement social et de développement économique à des stades différents de l’expansion économique ».
Dans le cadre de son programme pour 2005-2009, l’Institut a mené des travaux de recherche sur la politique sociale, la réduction de la pauvreté et l’équité, a indiqué M. Thandika Mkandawire, Directeur de l’Institut, qui présentait le rapport du Conseil d’administration. Ces travaux ont contribué à la réalisation du projet phare relatif à la réduction de la pauvreté et aux politiques adoptées, ainsi que de 15 autres projets portant sur 5 domaines d’activité, à savoir: la politique sociale et le développement; la participation des deux sexes au développement; les marchés, les entreprises et la réglementation; la société civile et les mouvements sociaux; et les identités, les conflits et la cohésion.
Le Directeur a aussi précisé que l’Institut avait publié 55 ouvrages en 2007-2008, ainsi que deux CD-ROM bibliographiques sur ses publications parues depuis le milieu des années 80 jusqu’en 2007. Il est indiqué au rapport que le site Web de l’Institut a été davantage consulté et que le nombre de documents téléchargés s’est accru.
Pour pourvoir aux postes vacants au sein du Conseil d’administration de l’Institut**, la Commission a proposé au Conseil économique et social la nomination de quatre nouveaux membres pour un mandat de quatre ans expirant le 30 juin 2013. Il s’agit de Bina Agarwal, Yesim Arat, Evelina Dagnino et Julia Salía. La Commission a aussi noté que le mandat de Christian Comeliau, arrivant à expiration le 30 juin 2009, il pourrait être nommé à nouveau pour une période supplémentaire de deux ans.
Parmi les membres du Conseil d’administration, 10 sont nommés par le Conseil économique et social, sur proposition de la Commission du développement social, pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois pour deux ans.
La Commission a également entendu Mme Elsa Stamatopoulou, Directrice intérimaire de la Division pour la politique sociale et le développement, qui a présenté l’état d’exécution du programme biennal 2006-2007, ainsi que le projet de travail pour l’exercice biennal 2010-2011.
La prochaine séance de la Commission du développement social aura lieu demain, jeudi 12 février, à 10 heures.
* Ce rapport figure dans la note du Secrétaire général (E/CN.5/2009/8)
** Voir la note du Secrétaire général sur la présentation de candidatures pour le Conseil d’administration de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (E/CN.5/2009/7)
SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET DE LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Question nouvelles: « Les crises mondiales et leurs incidences sur le développement social » (E/CN.5/2009/CRP.2)
Suite et fin du débat général
M. NIKOLAI RAKOVSKIY (Fédération de Russie) a estimé que le thème de ce débat devrait être prioritaire dans tous les forums régionaux et internationaux. La crise actuelle est d’une envergure sans précédent, a-t-il dit. Le représentant a expliqué que les problèmes résultant de l’échec d’un modèle économique en vigueur dans un pays, se sont généralisés et ont engendré des conséquences très graves sur l’ordre mondial. Ceci a entraîné une croissance des inégalités sociales aux niveaux local, régional et mondial. Le représentant a estimé qu’il serait important pour les États d’améliorer les règlementations nationales. Cette nouvelle situation ne doit pas être réparée mais fondamentalement modernisée, a-t-il déclaré. Il faut renforcer les règlements mondiaux sur la base du droit international et des systèmes multilatéraux, a-t-il ajouté, plaidant également pour une architecture financière plus juste et plus équitable.
M. TAREQ ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a souligné que les exportations, les envois de fonds et l’aide publique au développement (APD) constituent l’épine dorsale des économies de pays en développement. Le Bangladesh n’est pas mieux épargné par les problèmes dont souffrent actuellement les économies des pays développés, a-t-il ajouté, précisant que les effets de la crise financière ont commencé à se faire sentir dans le pays. Il a cité par exemple la baisse des prix d’achat des produits de l’industrie vestimentaire exportés vers l’Europe et les États-Unis. Le représentant a indiqué que l’exportation de marchandises telles que les crevettes, les légumes, les produits pharmaceutiques, le cuir et la céramique a connu un déclin. En outre, a-t-il dit, les statistiques montrent que l’emploi des ressortissants bangladais à l’étranger a diminué dans les pays connaissant une récession économique. L’économie du Bangladesh va être affectée par les incitations offertes par les pays concurrents, a-t-il encore expliqué, précisant cependant que son gouvernement déployait des efforts pour protéger l’économie nationale. Le représentant a souligné que la crise mondiale risque de freiner considérablement la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier dans les pays en développement.
M. ROBERTO STORACI (Italie) a estimé que la récession économique mondiale appelait à l’adoption de politiques qui garantissent des niveaux minimaux de revenus. Une réponse systémique fondée sur des nouvelles réglementations et une réforme de l’architecture financière est nécessaire, a-t-il ajouté. Le représentant a plaidé en faveur d’une approche coordonnée pour soutenir la consommation et les investissements. Il a également mis l’accent sur la nécessité de promouvoir et de maintenir une perspective multilatérale pour éviter tout protectionnisme. Il ne faut pas se résigner, a-t-il dit, faisant remarquer que la crise pourrait, à plus long terme, compromettre le développement. Il a défendu l’idée d’un pacte social plus équitable pour mieux répondre aux besoins. Les excès et les déséquilibres doivent être remis en question, a-t-il souligné, jugeant que les gouvernements devraient être proactifs et faire preuve d’initiative.
Mme IRINA VELICHKO (Bélarus) a rappelé le principe de la responsabilité des États pour ce qui concerne leur propre développement, tout en expliquant que les pays en développement n’arrivent pas à faire face à la crise. Elle s’est félicitée des mesures prises par des organisations comme le Fonds monétaire international (FMI) ou le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour aider ces pays à sortir de la crise. « Nous avons besoin d’idées nouvelles », a-t-elle souligné. L’accès aux médicaments, aux produits alimentaires et à l’énergie doit être amélioré en Afrique, a-t-elle estimé. La représentante a souhaité que des mesures soient prises, tant au niveau national qu’au niveau international, pour éviter les abus d’utilisation des nouvelles énergies. Le moment est venu, a-t-elle dit, de réfléchir à un mécanisme efficace pour garantir à tous les pays l’accès aux technologies essentielles, dont dépendent des millions de personnes. Ces mesures contribueront à améliorer la protection sociale de la population et à sortir de la crise économique et financière actuelle, a indiqué la représentante avant de conclure.
M. ABDULLAH RASHID AL-SUWAIDI (Émirats arabes unis) a affirmé que l’intégration sociale constituait une étape fondamentale en vue d’assurer le développement social national et international. Son gouvernement a pris des mesures qui tiennent compte de toutes les catégories de la société, y compris les plus vulnérables, a-t-il dit, citant les femmes, les personnes âgées, les jeunes ou les personnes handicapées. Le représentant a indiqué que son gouvernement avait adopté une stratégie fédérale pour la période 2008-2010, dont l’objectif est de garantir un développement durable à tous les groupes de la société. La société des Émirats arabes unis s’attache à respecter les valeurs familiales, a-t-il expliqué, citant par exemple une législation permettant de garantir une vie digne aux personnes âgées et à leurs familles. Le représentant a rappelé que son pays avait accueilli une Conférence de haut niveau sur le vieillissement à Abou Dhabi, en avril 2008, dont le document final comporte une série de recommandations pour améliorer la situation des personnes âgées. Le représentant a également souligné que son gouvernement tenait à garantir une éducation gratuite pour tous, à tous les niveaux, y compris au niveau universitaire. Il a espéré que la présente session de la Commission du développement social constituerait une opportunité pour renforcer les politiques internationales en vue d’alléger les souffrances des familles et des individus dans les pays pauvres et subissant des conflits. Il a en particulier évoqué les enfants victimes de la guerre, dont les écoles ont été détruites, ou qui se trouvent sans abri ou sans famille.
M. NAVIN CHANDARPAL (Guyana) a déclaré que sa délégation faisait siennes les mesures en faveur de l’intégration sociale à court et à long termes, proposées par le Secrétaire général dans son rapport. Il a estimé qu’il était urgent de s’attaquer aux causes profondes des problèmes mondiaux actuels. Il a ensuite attiré l’attention sur trois résolutions concernant le rôle des Nations Unies dans la promotion d’un nouvel ordre humain mondial. Ces textes réaffirment notamment que le développement est un objectif central et rappellent l’urgence de la coopération internationale dans le domaine du développement durable, a-t-il rappelé. Le représentant a estimé également qu’il faudrait œuvrer pour mettre fin à un ordre économique mondial injuste. Les pays du Nord et les pays du Sud doivent renforcer leur coopération pour permettre aux populations des pays en développement d’accéder aux services de base et d’améliorer leurs conditions de vie. M. Chandarpal a demandé à la Commission du développement durable d’examiner plus avant les résolutions sur la promotion d’un nouvel ordre économique mondial et d’inviter les États Membres à donner leur avis sur la mise en œuvre de ces textes.
Mme MOIRA MÉNDEZ (Venezuela) a estimé que les crises économique, financière, alimentaire et énergétique actuelles signifiaient l’échec du système capitaliste mondial. Ces crises ont commencé à éroder gravement le développement social et économique des populations du monde. Elle a notamment mis l’accent sur le réchauffement climatique mondial qui touche principalement les pays en développement. Concernant la crise alimentaire, elle a fait remarquer que ceux qui défendaient le néolibéralisme ignoraient le droit à l’alimentation. La crise financière mondiale, qui a débuté aux États-Unis, a entraîné le licenciement de millions de personnes dans le monde, a-t-elle aussi affirmé, jugeant que cette situation extrêmement grave allait contribuer à créer davantage d’emplois dans le secteur informel. La grogne sociale et les émeutes violentes seront à l’ordre du jour et menaceront tout le système économique, a-t-elle expliqué. Tout cela annonce la fin d’une époque, a-t-elle ajouté. La représentante a estimé que le capitalisme reposait sur l’exploitation de l’homme et non pas sur son développement. C’est pourquoi, a-t-elle souligné, il est temps de procéder à des réformes en profondeur, d’instaurer un ordre mondial nouveau fondé sur les principes suprêmes de paix, d’éthique, d’égalité, de solidarité et de justice sociale. La première étape de ce processus sera la Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la crise financière mondiale, qui aura lieu en juin 2009, à New York, sous les auspices de l’Assemblée générale, a-t-elle indiqué.
M. AHMED ABOU-ELKHEIR (Égypte) a estimé que le vrai problème n’est pas le manque de ressources mais plutôt la compréhension des causes de la crise. Rappelant que les États ont la responsabilité première de s’attaquer à la crise, il a noté que tous les gouvernements ont adopté des mesures pour y faire face. Il a suggéré qu’ils adoptent des règlementations fermes garantissant l’orientation de capitaux vers des activités réelles, avec des mesures incitant à la consommation et à l’investissement. Il faut aussi tenir compte de la crise actuelle qui pourrait entraîner l’accumulation de dettes, l’augmentation du taux de chômage et des restrictions aux exportations des pays en développement. Le représentant a appelé à prendre des mesures à court et à long termes, en encourageant la coordination entre les gouvernements et le secteur privé. Face à un ralentissement de la croissance économique et à un endettement accru, on risque d’aboutir à une déstabilisation de l’ordre économique mondial, a-t-il averti. Comme le ralentissement de la croissance risque d’avoir un impact sur les groupes vulnérables, les gouvernements devraient renforcer la protection sociale de leurs populations, a-t-il insisté.
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