ENV/DEV/1030

LA CDD-17 DOIT APPORTER UNE SOLUTION « VERTE » AUX CRISES MULTIPLES QUI ENTRAVENT LA POURSUITE DU DÉVELOPPEMENT, SOULIGNE SA RÉUNION PRÉPARATOIRE

27/02/2009
Conseil économique et socialENV/DEV/1030
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement durable

Réunion préparatoire intergouvernementale

9e et 10e séances - matin et après-midi                     


LA CDD-17 DOIT APPORTER UNE SOLUTION « VERTE » AUX CRISES MULTIPLES QUI ENTRAVENT LA POURSUITE DU DÉVELOPPEMENT, SOULIGNE SA RÉUNION PRÉPARATOIRE


Ouverts en début de semaine, les travaux préparatoires à la tenue de la prochaine session de la Commission du développement durable se sont achevés cet après-midi


La Réunion préparatoire intergouvernementale aux travaux de la dix-septième session de la Commission du développement durable (CDD-17), qui se tiendra du 4 au 15 mai prochain au Siège de l’ONU à New York, a achevé aujourd’hui ses travaux, en adoptant le texte de négociations de la Présidente, Mme Gerda Verburg, des Pays-Bas, ainsi que le rapport* des travaux de la Réunion.  Le texte de négociations de la Présidente est inclus dans le rapport de la Réunion préparatoire et sera le socle des discussions qui auront lieu lors de la CDD-17.


Au terme d’une semaine d’échanges interactifs qui ont porté sur l’agriculture, les sols, les régimes fonciers, le développement rural, la sécheresse, la désertification et l’Afrique –qui sont les thèmes choisis pour la CDD-17– la Réunion préparatoire a décidé d’appeler les gouvernements et le système des Nations Unies à agir concrètement contre l’impact conjoint qu’ont les changements climatiques et les crises alimentaire, énergétique et financière sur le développement.


Le texte présidentiel examiné et adopté cet après-midi souligne la nécessité de répondre de manière urgente et déterminée à ces crises pour protéger les acquis des dernières décennies en matière de développement durable et accélérer les progrès en cours dans ce domaine. 


Il y est notamment demandé que soient améliorées la productivité agricole et la gestion des ressources naturelles; que soient mis en place des filets sociaux et de sécurité alimentaire pour protéger les communautés vulnérables; que soient instaurés des régimes fonciers efficaces et transparents; que soit accéléré le transfert des technologies en vue d’atténuer les effets de la sécheresse et de la désertification; et que soient poursuivis les efforts destinés à réduire le poids de la dette des pays africains pour leur permettre d’intégrer le commerce international sur une base équitable.  


Le texte de négociations de la Présidente lance, en outre, un appel pour l’apport d’un appui multilatéral accru provenant du Fonds mondial pour l’environnement (GEF), des autres institutions financières internationales, ainsi que du Fonds d’adaptation de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).  Le texte propose aussi que soit institué un processus de suivi d’application des décisions qui seront prises à l’issue de la CDD-17. 


Dans ses remarques de clôture, la Présidente de la Réunion préparatoire, Mme Gerda Verburg, s’est dite convaincue que, sur la foi du texte qui a été appuyé par les principales délégations ayant animé les débats de la Réunion préparatoire intergouvernementale, la CDD-17 parviendrait à un accord prônant une « résolution verte » des crises multiples auxquelles le monde est aujourd’hui confronté.  


Des délégations ont regretté que l’occasion de faire des commentaires de fond sur le texte ne leur ait pas été donnée dès aujourd’hui par la présidence, cette dernière ayant décidé de reporter au premier jour de la CCD-17 l’examen détaillé du document. 


La délégation du Canada a toutefois tenu à déplorer que le texte ne reflète pas le fait que la sécheresse doit être considérée comme une catastrophe naturelle.  De son côté, celle de la Norvège a également regretté que les propositions qu’elle a faites pour que soient établies des directives internationales sur les biocarburants ne figurent pas dans le texte, dont elle a souhaité, à l’instar de la délégation des États-Unis, qu’une version remaniée soit transmise aux membres de la CCD d’ici à mai prochain.  Le Groupe des 77 et de la Chine a estimé, pour sa part, qu’il aurait fallu mentionner la situation dans laquelle se trouvent les peuples vivant sous occupation étrangère. 


Par ailleurs, au cours de la table ronde qui s’est tenue pendant la matinée, les participants ont proposé des solutions politiques pour atteindre le développement durable dans les domaines examinés cette semaine au cours des travaux de la Réunion préparatoire, en défendant une approche intégrée des questions multisectorielles. 


Un activiste nigérian, défendant les questions liées à l’environnement, a demandé qu’un meilleur accès aux marchés soit accordé aux produits agricoles provenant des pays en développement.  Paul Collier, professeur d’économie à l’Université d’Oxford, où il est aussi le Directeur du Centre d’études sur les économies africaines, s’est élevé contre l’abandon, par les gouvernements des pays africains, des organismes génétiquement modifiés (OGM), alors, a-t-il souligné, qu’en utilisant ces semences et cette technique, l’Afrique aurait accéléré l’industrialisation de son agriculture.


De nombreux intervenants ont souligné l’importance qu’il y a de favoriser le partenariat dans le domaine scientifique, de mettre l’accent sur l’éducation et la communication pour faire circuler les connaissances, d’impliquer systématiquement les femmes, les populations autochtones et locales aux processus de prise de décisions, d’investir dans les infrastructures et de lutter contre les changements climatiques. 


La majorité des délégations ont d’autre part demandé que soient respectés par les pays développés les engagements qu’ils ont pris au titre de l’aide publique au développement (APD), et que soit améliorée la mobilisation des ressources financières.  Trouver une solution viable au problème de la dette extérieure qui écrase les budgets des pays en développement est une impérieuse nécessité, ont souligné ces délégations. 


*     Le rapport est contenu dans le document publié sous la cote E/CN.17/IPM/2009/L.1.


ORIENTATIONS POSSIBLES ET MESURES ENVISAGÉES POUR ACCÉLÉRER LA MISE EN ŒUVRE


a)    Agriculture (E/CN.17/2009/3)


b)    Développement rural (E/CN.17/2009/4)


c)    Régime foncier (E/CN.17/2009/5)


d)    Sécheresse (E/CN.17/2009/6)


e)    Désertification (E/CN.17/2009/7)


f)    Afrique ( E/CN.17/2009/8 )


Interdépendance et questions intersectorielles (E/CN.17/2009/9)


Déclarations liminaires


M. MNIMMO BASSEY, activiste environnemental nigérian, a déclaré que la question du lancement de la révolution verte africaine était sous-jacente à toutes les autres questions.  Selon lui, rendre les sols sains ou encore favoriser la pollinisation des forêts exigent que se produise une révolution technique tournée vers l’élimination de la pauvreté.  L’intervenant a ensuite évoqué la nécessité que les règles du marché produisent un effet de libération des économies agricoles, afin que les pays en développement soient en mesure de lutter à armes égales avec les pays riches en participant pleinement aux échanges commerciaux au niveau mondial.  Les produits de la terre forment un bien commun, a-t-il dit, c’est pour cela que les institutions financières doivent fonctionner de manière démocratique, et non pas seulement en s’alignant sur les intérêts des grands actionnaires du système.  Le panéliste a en outre estimé que la révolution verte était une affaire de justice.  L’exploitation des ressources naturelles engendre des rapports de force et de pouvoir, notamment parce qu’ils transforment les pays du Sud en débiteurs des nantis, a-t-il relevé.  Pour lui, le problème de la dette doit également être une priorité des institutions internationales, et faire l’objet d’un traitement dont la base soit autant morale que juridique.  L’orateur a par ailleurs estimé que les sociétés devaient repenser leur rapport à l’alimentation et à l’environnement, « en faisant du progrès, la recherche du bien-être de tous et pas seulement un enjeu d’ordre économique ».


M. ERICK FERNANDES, Conseiller chargé de l’agriculture et du développement rural à la Banque mondiale, a noté que l’agriculture est une source de subsistance importante, et que c’est un secteur dans lequel les femmes jouent un rôle très important.  Signalant le défi urgent que représentent les changements climatiques, il a conseillé aux délégations de ne pas être obnubilées par l’échéance de la prochaine Conférence internationale sur ce phénomène, qui aura lieu à Copenhague, au Danemark, à la fin de l’année, car le régime de Kyoto n’expire qu’en 2012.  Rappelant que la fréquence des événements climatiques va augmenter, il a invité les pays à se préparer aux risques qu’ils posent.  Il a averti que la désertification et le manque d’eau entrainent des risques croissants pour l’agriculture et la viabilité de certaines régions.  Ces facteurs causent en effet une réduction considérable de la productivité dans certaines régions, comme en Afrique australe, a-t-il noté.  Pour augmenter la résilience au climat et la productivité des sols, il a suggéré notamment de protéger davantage les forêts et de réduire l’utilisation de l’eau dans les pratiques agricoles.  Le panéliste a aussi rappelé les bienfaits de la science, lorsque les connaissances sont appliquées au profit de la société, notamment dans le domaine de l’économie d’énergie.  Il est nécessaire d’investir dans les infrastructures, pour que toutes les communautés urbaines et rurales puissent profiter des techniques disponibles, a-t-il en outre estimé.  Pour transmettre les bonnes pratiques aux communautés, il faut un vrai système d’appui international, a-t-il ajouté.


M. PAUL COLLIER, professeur d’économie de l’Université d’Oxford, a préconisé l’adoption de solutions efficaces pour lutter de toute urgence contre l’impact des changements climatiques sur le développement de l’Afrique.  Si pour les pays riches la priorité est de réduire les émissions de carbone, pour l’Afrique l’urgence est de renforcer ses moyens d’adaptation, a-t-il dit.  M. Collier s’est élevé contre l’abandon par les gouvernements africains des organismes génétiquement modifiés (OGM).  L’Afrique, confrontée à des vagues de sécheresse terribles, doit modifier ses cultures afin de les rendre plus résistantes, a-t-il dit, déplorant que l’Afrique ait imité l’Europe en interdisant la consommation et la culture des OGM sur son sol.  Par ce moyen, l’Afrique aurait accéléré de manière décisive l’industrialisation de son agriculture et, ensuite, elle aurait pu s’engager sur la voie de la réorganisation complète de ce secteur vital de son avenir.  Allons plus loin, a encore dit Paul Collier, qui a proposé que soit levée l’interdiction des OGM et encouragé le passage aux biocarburants.  L’Afrique ne doit plus subir les conséquences du protectionnisme des pays industriels, a-t-il préconisé.


Table ronde et d ébat interactif


Amorçant le débat sur les options politiques visant à accélérer la mise en œuvre des programmes, la représentante du Soudan, parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souhaité que ces options soient multidisciplinaires et multisectorielles.  Elle a souligné la nécessité d’adopter une approche intégrée qui renforce les trois piliers du développement durable, à savoir: le développement économique, le développement social et la protection de l’environnement.  L’éradication de la pauvreté et de la faim reste notre plus grande priorité, a-t-elle ajouté.  Elle a invité la Commission du développement durable à s’attaquer aux questions intersectorielles telles que celles concernant le rôle des femmes; le rôle de l’éducation pour le développement durable; les discussions sur les changements climatiques et l’accès aux services de santé.  La représentante a ensuite souligné que les moyens permettant de mettre en œuvre le Plan d’action de Johannesburg de 2002 étaient connus et elle à cet égard, cité, entres autres, le respect des engagements pris au titre de l’aide publique au développement (APD); la mobilisation des ressources financières et la recherche d’une solution durable à la dette extérieure des pays en développement.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, le représentant de la République tchèque a estimé qu’il fallait relever les défis intersectoriels liés au développement durable, en intégrant aux plans nationaux de développement les questions relatives à l’agriculture, au développement rural, au régime foncier, à la désertification et à la sécheresse.  Le représentant a aussi parlé de la nécessité, pour tous les pays, de faire en sorte que la biodiversité, les terres, l’eau et les forêts fournissent aux générations présentes et futures les services intrinsèques aux écosystèmes.  L’Union européenne poursuit aussi l’objectif de changer les modes de consommation et les modes de production non durables, a-t-il précisé.  Pour assurer la sécurité alimentaire à la population mondiale, il a suggéré de s’intéresser à tous les aspects de la consommation alimentaire, et en particulier de combattre la malnutrition qui touche des centaines de millions de personnes.  Parallèlement, il ne faut pas oublier les problèmes croissants que pose la surconsommation alimentaire, qui entraine une augmentation des maladies non transmissibles, a-t-il prévenu.


La représentante de la Grenade, porte-parole de l’Alliance des petits États insulaires en développement (PEID), a indiqué que ces pays utilisent des stratégies nationales pour obtenir des résultats sur les questions intersectorielles.  Pour mettre en œuvre ces stratégies, il nous faut renforcer les ressources humaines et les capacités institutionnelles, a-t-elle noté.  Elle a aussi parlé des programmes mis en œuvre pour améliorer l’exploitation des forêts, des pêcheries et du secteur agricole.  La représentante a invité les participants à la Réunion préparatoire à renforcer l’APD et les investissements consacrés à la production agricole.  Il faut d’autre part aider les PEID à créer un climat propice au développement des infrastructures agricoles, a-t-elle dit.  Des nouvelles ressources leur sont aussi nécessaires pour faire face aux changements climatiques, a-t-elle ajouté.  La représentante a recommandé la création d’un système de crédit sur les émissions et le stockage du carbone pour protéger les forêts.


De son côté, le représentant de Tonga, parlant au nom du Groupe des petits États insulaires en développement, a noté que les effets des changements climatiques affectent tous les domaines du développement durable.  Il a proposé que soit adoptée une approche de la consommation qui protège les nappes phréatiques, les ressources marines, et qui s’accompagne d’une pratique de gestion des ressources responsable, notamment dans le domaine de l’aquaculture.  Il a souhaité le renforcement de la recherche pour améliorer notamment les pratiques de pêche halieutique.  Il faut aussi impliquer les communautés locales à la réflexion sur les politiques et à la mise en œuvre des mesures prises, a-t-il recommandé, en encourageant une meilleure prise en compte des femmes.


Plusieurs autres participants ont souligné l’importance de l’égalité entre les sexes dans l’élaboration des options politiques.  Le représentant du Chili, pour sa part, a encouragé la communauté internationale à associer davantage les populations locales et autochtones à tout ce qui est projeté ou appliqué.  Ce point de vue a été appuyé par la représentante du Groupe des populations autochtones.  De façon générale, il faut adopter une démarche encourageant la participation de toutes les catégories de la population lors de l’élaboration des stratégies, a invité le représentant de la France, ceci, a-t-il souligné, afin de favoriser l’appropriation par tous, comme ce fut le cas en France lors du Grenelle de l’environnement.


La représentante du Canada a indiqué que la maîtrise et l’appropriation des sciences et des technologies fait partie des priorités des politiques de développement durable de son pays.  Ces connaissances sont importantes pour l’établissement de normes et de systèmes de surveillance, a-t-elle fait remarquer.  Le représentant des États-Unis a appelé les États Membres et les autres participants à utiliser les nouveaux outils de communication, y compris les téléphones portables, pour mieux faire circuler les informations utiles.  Pour sa part, le représentant du Nigéria a plaidé pour un transfert de technologie, qui devrait être accompagné d’une formation adéquate permettant aux populations des pays récipiendaires d’en profiter pleinement.


Comme la représentante du Mexique, beaucoup d’autres délégations ont appelé au renforcement des ressources humaines et au développement des capacités de chaque pays, pour y améliorer la durabilité des pratiques.  Il faut aussi renforcer les infrastructures, a estimé le représentant de la Suisse.


Parmi les autres questions abordées par les 32 intervenants de la matinée, l’élimination des barrières tarifaires appliquées aux produits agricoles, ainsi que la fin des subventions au secteur agricole qui ont cours dans les pays développés, ont été exigées par la délégation de l’Inde.  D’autres participants ont soulevé la question de l’interdiction des OGM, que le professeur Paul Collier a invité à revoir.  Il a, à cet égard, souligné que les OGM présentent nettement moins de risques à la production et à la consommation que ce qui a été dit.  L’interdiction de la production des OGM a coûté à l’Europe 15% de production céréalière par rapport à ce qu’elle aurait pu être, a-t-il ajouté.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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