Le Conseil de sécurité se félicite que le Secrétaire général se soit fermement engagé à accroître les efforts de consolidation de la paix de l’ONU
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Conseil de sécurité
6165e séance – matin et après-midi
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SE FÉLICITE QUE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SE SOIT FERMEMENT ENGAGÉ À ACCROÎTRE LES EFFORTS DE CONSOLIDATION DE LA PAIX DE L’ONU
Les pays sortant d’un conflit doivent, à un stade précoce, être en mesure de prendre la situation en main, soulignent de nombreux intervenants
Le Conseil de sécurité a examiné aujourd’hui, en détail, le rapport* du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, lors d’un long débat public auquel ont participé, outre ses 15 membres et le Secrétaire général de l’ONU, une trentaine de délégations dont certaines de niveau ministériel.
À l’issue de ce débat, le Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, M. Sam Kutesa, qui présidait la séance, a lu, au nom des autres membres du Conseil de sécurité, une déclaration présidentielle qui souligne l’importance pour les autorités des pays concernés de s’approprier et d’assumer, dès que possible, « la responsabilité de rétablir les institutions de l’État, de restaurer l’état de droit, de revitaliser l’économie, de réformer le secteur de la sécurité, d’assurer la fourniture des services de base et de répondre aux autres besoins essentiels en matière de consolidation de la paix ».
Salué par l’ensemble des intervenants, le rapport du Secrétaire général insiste sur les difficultés auxquelles les pays touchés et la communauté internationale font face durant les deux premières années suivant la fin des hostilités. L’expérience acquise en matière de consolidation de la paix montre qu’il est impératif que les pays, dès le début, prennent eux-mêmes en main leur situation sur la base de l’« appropriation nationale ».
Ce principe, évoqué par la majorité des orateurs, consiste principalement pour les Nations Unies et leurs partenaires de développement à aligner leur assistance sur les priorités identifiées au niveau national par les autorités du pays sortant d’un conflit. « C’est souvent durant cette phase initiale de deux ans que la paix est le plus en danger, mais aussi celle au cours de laquelle la possibilité de créer des chances de succès est la plus grande », indique M. Ban Ki-moon dans son rapport.
Outre l’appropriation nationale, le Secrétaire général a invoqué ce matin quatre autres facteurs, étroitement liés entre eux et jugés déterminants pour le succès des efforts de consolidation de la paix: le leadership international; la cohérence du système des Nations Unies et de leurs partenaires; une stratégie commune de toutes les parties prenantes; et une capacité de réaction prévisible et crédible de leur part.
Même si, depuis sa création en 2005, la Commission de consolidation de la paix (CCP) est l’organe officiellement chargé de cette question, il n’en reste pas moins, a suggéré M. Ban Ki-moon, que le Conseil de sécurité devrait envisager d’intégrer un volet « consolidation de la paix » aux mandats des futures opérations de la paix ou au moment où il modifie celui d’une opération existante.
Le Président de la Commission de consolidation de la paix et Représentant permanent du Chili, M. Heraldo Muñoz, a abondé en ce sens, en soulignant que les Casques bleus étaient les premiers « consolidateurs de la paix ». Selon lui, les efforts de consolidation de la paix devraient figurer à l’ordre du jour du Conseil de sécurité dès que possible après la fin d’un conflit.
Dans sa déclaration présidentielle, le Conseil affirme « qu’il importe de conjuguer de manière cohérente instauration de la paix, maintien de la paix, consolidation de la paix et développement » et qu’il « s’efforcera d’appliquer cette approche intégrée ».
Par ailleurs, si la coordination des efforts du système des Nations Unies et de leurs partenaires est d’une importance capitale, « toute évaluation réaliste montre qu’il s’agit là d’une tâche très difficile », a fait observer le Président de la CCP.
La participation conjointe d’institutions financières internationales, d’acteurs multilatéraux, de donateurs bilatéraux, de la société civile et des différents organismes du système de l’ONU favorise, en effet, l’émergence d’un « esprit de compétition » qui ne contribue pas à la consolidation de la paix, a-t-il prévenu.
Le Directeur du Bureau de la prévention des crises et du relèvement au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a assuré que le PNUD était engagé à collaborer avec ses partenaires pour assurer une mise en œuvre souple et efficace des recommandations du Secrétaire général.
Le Directeur du Groupe de la Banque mondiale chargé des pays fragiles et affectés par les conflits, a renchéri, affirmant que cette institution comptait renforcer son action en continuant d’adapter son assistance aux besoins spécifiques du pays. Il faut aussi, a-t-il fait remarquer, identifier et gérer les risques qui se posent au lendemain des conflits, en particulier ceux liés à la lourdeur bureaucratique et à la corruption.
Soulignant enfin l’importance « de disposer d’un financement rapide, souple et prévisible », le Conseil de sécurité a, dans sa déclaration, invité les États Membres à s’appuyer sur les recommandations du Secrétaire général, « pour renforcer le rôle du Fonds pour la consolidation de la paix, améliorer les pratiques des donateurs et faire appel à des fonds d’affectation spéciale multidonateurs dans le pays même ».
Prévenant des dangers de l’inaction, le Ministre de la défense de la République centrafricaine a indiqué qu’après 10 ans de crise, son pays continue d’être confronté au problème de disponibilité des ressources financières, qui dépendent, notamment, de l’engagement réel de la communauté internationale à soutenir la période de transition de la situation de conflit vers la paix.
CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS
Rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit (S/2009/304)
Le présent rapport met l’accent sur les difficultés auxquelles les pays touchés et la communauté internationale font face au lendemain d’un conflit, c’est-à-dire durant les deux premières années après la fin des hostilités principales. Il montre que, suivant l’expérience acquise en matière de consolidation de la paix, il est impératif que les pays prennent eux-mêmes la situation en main –thème central du rapport– et met en relief les difficultés tout à fait particulières qui se posent dans le contexte spécifique de la période qui suit immédiatement l’arrêt des hostilités. C’est souvent durant cette période que la paix est la plus en danger, mais aussi que la possibilité de créer dès le départ des chances de succès est la plus grande, précise le Secrétaire général.
Les défis envisagés dans le présent rapport ne sont pas nouveaux. « Depuis plus d’une décennie, nous nous sommes interrogés sur la manière d’amener la consolidation de la paix en amont et d’organiser une intervention plus rapide et plus efficace immédiatement après un conflit », indique le Secrétaire général. Toutefois, du fait des contraintes qui affectent les ressources mondiales, et parce que ce sont les plus vulnérables qui subissent le plus le ralentissement économique, il est plus urgent que jamais de redoubler d’efforts pour faire en sorte que les ressources soient utilisées plus efficacement, en favorisant des interventions plus cohérentes, plus efficaces et mieux ciblées.
Dans le présent rapport, le Secrétaire général s’est concentré sur les deux premières années qui suivent un conflit parce que cette période présente des difficultés particulières et des carences persistantes, mais offre aussi des possibilités considérables. En satisfaisant aux aspirations de la population à la sécurité, en étayant le processus politique, en distribuant un dividende de paix et en renforçant les capacités nationales, nous contribuons à aider les acteurs nationaux dans les efforts qu’ils déploient pour mettre en route dès le départ une dynamique positive, assure-t-il. Il importe de mettre tôt l’accent sur le renforcement de capacités nationales, en veillant à ce qu’il fasse partie d’une stratégie d’entrée, et ne constitue pas seulement une base de sortie, souligne M. Ban Ki-moon.
Étant donné l’impératif de prise en main des activités par les pays eux-mêmes et la fluidité des situations d’après conflit, la consolidation de la paix doit être ancrée au niveau national, préconise le Secrétaire général. Si l’appui et les indications du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social, de la Commission de consolidation de la paix, du Siège de l’Organisation des Nations Unies et des capitales des États Membres sont essentiels, c’est en grande partie les dirigeants sur le terrain, tant nationaux qu’internationaux, qui sont à même de faire en sorte que vision, stratégie et prise de décisions correspondent effectivement aux réalités d’une situation en évolution constante.
On compte de plus en plus sur les Nations Unies pour jouer un rôle directeur sur le terrain, en facilitant la collaboration entre acteurs internationaux et nationaux, et entre acteurs internationaux. J’ai défini un programme visant à renforcer la contribution de l’Organisation des Nations Unies à une intervention plus rapide et efficace durant la période immédiatement postérieure au conflit, précise le Secrétaire général. Les éléments de ce programme comprennent un renforcement des équipes de direction sur le terrain et un appui à ces équipes, la promotion au plut tôt de la cohérence stratégique, le renforcement des capacités nationales dès le départ, l’amélioration de notre aptitude à fournir rapidement des moyens prévisibles, et un financement au sortir des conflits plus rapide, plus souple, plus important et tolérant mieux le risque. Chaque élément renforçant les autres, il nous faut, pour réussir, exécuter l’intégralité de ce programme.
L’ONU ne sera toujours que l’un des nombreux acteurs participant à l’action menée pour aider les pays sortant d’une guerre, et elle s’appuie donc sur des partenariats forts reposant sur un avantage comparatif clair. Il nous faut développer nos partenariats en gestation dans les domaines du maintien de la paix, de la consolidation de la paix et du développement, pour promouvoir la participation des organisations régionales et sous-régionales à la consolidation de la paix, relève M. Ban Ki-moon.
Pour que ce programme soit couronné de succès, certaines conditions politiques fondamentales doivent être réunies. Une volonté et un engagement politiques minimums des acteurs nationaux est une condition préalable de la consolidation de la paix. Un environnement régional propice à la transformation d’une dynamique de conflit en une situation politique et économique pacifique est essentiel. L’appui international est également fondamental et il exige que les États Membres mettent leur assistance et leur engagement au service d’une action cohérente et soutenue. Si ces conditions politiques fondamentales ne sont pas réunies, il sera difficile pour l’Organisation de promouvoir une intervention cohérente et efficace, prévient le Secrétaire général.
Il n’y a pas de solution rapide pour maintenir la paix et la rendre durable. Après un conflit, les acteurs nationaux sont confrontés à des défis politiques, sécuritaires et développementaux énormes. Mais si la communauté internationale, emmenée par le système des Nations Unies, est prête à réagir avec célérité, cohérence et efficacité, nous pouvons contribuer à améliorer les chances des acteurs nationaux de maintenir la paix et de poser les fondements d’un développement durable, assure le Secrétaire général. « Bien trop souvent, ce sont des hommes, des femmes et des enfants innocents qui paient le prix de la guerre. Nous ne pouvons leur demander de payer aussi le prix de la paix », conclut-il.
Déclarations
M. SAM KUTESA, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a dit que le concept de consolidation de la paix après les conflits partait du constat que la paix n’était ni durable ni possible sans développement. Il a mis l’accent sur l’importance de la fourniture des services de base pour améliorer les conditions de vie des populations des zones sortant de conflits. Dans toute entreprise de consolidation de la paix, l’appropriation nationale est essentielle, a estimé M. Kutesa, avant de mettre l’accent sur l’utilité d’une stratégie nationale mobilisant un appui international coordonné. Citant l’exemple de l’Ouganda, il a dit que son pays avait décidé indispensable de traiter de la consolidation de la paix à partir de l’année 1986, de manière séquentielle, afin d’assurer la sécurité des vies et des biens, en créant le cadre d’une véritable réconciliation nationale. Il a mis l’accent la reforme du secteur de la sécurité en Ouganda, qui s’est produite grâce à un Programme de relance minimum, associé à une réforme constitutionnelle, qui a abouti à la promulgation d’une nouvelle constitution en 1995. Le Ministre a souligné l’importance du soutien des partenaires régionaux au processus de consolidation de la paix au Burundi, et a cité le rôle joué par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Libéria et celui joué par l’Union africaine (UA) en Somalie. Outre les moyens humains, a-t-il ajouté, il faut, pour assurer la consolidation de la paix, des moyens financiers qui font souvent défaut. Il a donc exhorté les Nations Unies à appuyer la consolidation de la paix, en lui fournissant un financement suffisant, souple et prévisible. « Il faut une plus grande cohérence dans l’établissement de la paix, le maintien de la paix, la consolidation de la paix et les activités de maintien de la paix », a-t-il encore insisté, avant d’inviter l’ONU à renforcer encore plus ses partenariats stratégiques avec la Banque mondiale et les autres institutions financières.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que son rapport, qu’il a présenté la semaine dernière à la Commission de consolidation de la paix, portait sur la période de transition cruciale de deux ans pendant laquelle le conflit a cessé mais l’insécurité persiste et la paix reste fragile. Des décennies d’expérience nous ont appris qu’en dépit de la spécificité des situations, certains de types de soutien sont toujours nécessaires: rétablir la sécurité et la sûreté, ainsi que les services de base et les fonctions essentielles du gouvernement; et soutenir la transition politique et le relèvement économique. Ce ne sont pas là des tâches faciles, a souligné M. Ban, qui a cependant rappelé les coûts d’une réponse inadéquate ou trop lente.
Le Secrétaire général a estimé que cinq questions essentielles, étroitement liées entre elles, se posent: l’appropriation nationale; le leadership international; la cohérence du système des Nations Unies et de leurs partenaires; une stratégie commune alignée sur des priorités concrètes; et une capacité de réaction prévisible et crédible. « À cette fin, a poursuivi le Secrétaire général, nous avons besoin d’une compréhension claire des responsabilités au sein des Nations Unies et d’une plus grande expertise de la part de la société civile sur le terrain ». Des mécanismes de financement, comme le Fonds de consolidation de la paix, doivent être prépositionnés, et des partenariats stratégiques avec la Banque mondiale, les organisations régionales, la société civile et le secteur privé sont indispensables.
En demandant ce rapport, le Conseil de sécurité a reconnu qu’il devait soutenir la consolidation de la paix dès le départ, ce qui suppose un engagement et une coordination de la part de tous les acteurs. C’est dans cette perspective que le Secrétaire général a encouragé les membres du Conseil à examiner de près ces questions lors de l’élaboration des futurs mandats, et à réfléchir aux moyens de renforcer la Commission de consolidation de la paix. « Mon rapport, a indiqué Ban Ki-moon, fait partie d’une série d’initiatives visant à permettre aux Nations Unies et à leurs partenaires internationaux de répondre plus efficacement aux pays en crise. Mais j’ai besoin de vous pour que ces efforts aboutissent », a-t-il ajouté, en s’adressant aux membres du Conseil de sécurité.
M. HERALDO MUÑOZ, Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et Représentant permanent du Chili auprès des Nations Unies, a d’abord rappelé que la Commission s’est réunie le 13 juillet dernier pour examiner le rapport du Secrétaire général. Il s’est réjoui que de nombreuses recommandations de la Commission aient contribué à l’élaboration dudit rapport. Il a estimé que ce rapport pose de nombreux défis à sa Commission. Les Casques bleus étant les premiers « consolidateurs de la paix », s’est-il expliqué, les efforts de consolidation de la paix doivent figurer très tôt à l’ordre du jour du Conseil de sécurité après qu’un pays soit sorti d’un conflit.
L’intégration des opérations de maintien de la paix dans celles de consolidation de la paix, ainsi que le renforcement de la composante civile, sont « un must », a estimé le Président de la Commission. Le Conseil doit donc tenir compte plus sérieusement de l’avis de la Commission, parce que son travail est d’établir le lien entre la sécurité, le développement et les facteurs de stabilité qui contribuent à une paix durable. Dans ce contexte, l’amélioration des méthodes de travail de la Commission, a poursuivi M. Muñoz, est un objectif prioritaire. Le rapport, a-t-il ajouté, met l’accent sur le renforcement des capacités nationales avec l’appui de la Commission, ainsi que sur les nombreux acteurs impliqués dans la consolidation de la paix. Mettre l’accent sur la coordination et la cohérence est fondamental, a estimé le Président de la Commission.
Toutefois, a-t-il précisé, toute évaluation réaliste montre qu’il s’agit là d’une tâche très difficile lorsqu’il s’agit d’acteurs multilatéraux, de donateurs bilatéraux, de la société civile et même des différents organes et organismes du système de l’ONU. Les positionnements et autres comportements traduisant un esprit de compétition ne contribuent pas à la consolidation de la paix, a-t-il prévenu, et des efforts doivent être faits pour combattre cet état de chose. Étant donné que de nombreuses recommandations du rapport s’adressent au système de l’ONU, il serait bon, a estimé le Président de la Commission, que le Secrétaire général informe le Conseil de sécurité et la Commission de leur mise en œuvre.
M. JORDAN RYAN, Administrateur associé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Directeur du Bureau de la prévention des crises et du relèvement, a indiqué que le PNUD était engagé à collaborer avec ses partenaires, à la fois au sein et à l’extérieur des Nations Unies, pour assurer une mise en œuvre souple et efficace des recommandations du Secrétaire général en matière de consolidation de la paix au lendemain d’un conflit. Le Bureau d’appui à la consolidation de la paix doit jouer un rôle important pour faciliter le processus de suivi. M. Ryan a souligné que la consolidation de la paix rapide et efficace était essentielle pour permettre aux pays concernés de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a mis l’accent sur la nécessité de conjuguer des objectifs de développement à court et long termes. Il est également impératif que les pays prennent eux-mêmes la situation en main et, pour ce faire, le renforcement des capacités nationales est primordial. Au niveau des pays, a-t-il dit, le PNUD œuvre à la consolidation de la paix par le biais du coordonnateur résident dans le pays concerné. Il est nécessaire de rendre les équipes de direction des Nations Unies plus cohérentes et plus solides pour coordonner cet effort conjoint de consolidation de la paix, a-t-il ajouté, en insistant sur la nécessité de pouvoir disposer du personnel nécessaire. S’agissant de la parité, M. Ryan a assuré que le PNUD procédait actuellement au déploiement de plusieurs conseillers en matière de parité dans des pays sortant des conflits, conformément aux résolutions 1325 et 1820 du Conseil de sécurité. Une réaction efficace de l’ONU exige un appui actif des États Membres grâce à un financement adéquat, a-t-il encore dit.
M. ALASTAIR McKECHNIE, Directeur à la Banque mondiale du Groupe des pays fragiles et affectés par les conflits, a indiqué que la Banque mondiale avait été largement impliquée dans la rédaction du rapport du Secrétaire général, qui reconnait, avec raison, que les pays partenaires de la Banque devraient être consultés sur le choix de leurs priorités. Au moment d’établir celles-ci, il faudrait mettre en évidence cinq points principaux, a-t-il suggéré: s’aligner sur les demandes du pays concerné; fournir des résultats à court terme, tout en fixant des priorités à moyen terme; renforcer l’autorité légitime de l’État; ne pas se substituer à l’État, mais jouer le rôle de facilitateur; et enfin envisager une stratégie de sortie en sachant comment transférer les responsabilités à l’État légitime le plus tôt possible.
La Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide et le Programme d’action d’Accra ont créé un cadre pour la fourniture de l’assistance aux pays qui sont dans le besoin, a rappelé M. McKechnie. Dans ce contexte, comment la Banque mondiale peut-elle renforcer l’efficacité de son action? Tout d’abord, en adaptant notre assistance aux besoins spécifiques du pays, a estimé le Directeur du Groupe des pays fragiles et affectés par les conflits. Ensuite, en évitant une approche linéaire et en développant des institutions et des politiques. En outre, a poursuivi M. McKechnie, il faut synchroniser les réformes économiques et les cycles politiques, et réduire le fardeau administratif que les donateurs imposent aux États, en regroupant les projets dans des programmes nationaux. Enfin, a-t-il conclu, nous devons reconnaître et gérer les risques, en particulier ceux posés par une bureaucratie trop lourde et par la corruption.
M. MARK MALLOCH-BROWN, Ministre pour l’Afrique, l’Asie et les questions relatives aux Nations Unies du Royaume-Uni, a déclaré que ce débat faisait suite à l’appel lancé l’année dernière par le Premier Ministre et le Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni pour améliorer la réponse de l’ONU face aux situations postconflit. Il a précisé que les pays touchés par les conflits représentaient près d’un tiers des personnes vivant dans la pauvreté absolue, avec la moitié des enfants qui n’ont pas accès à l’école primaire et la moitié des enfants qui n’atteignaient pas l’âge de cinq ans. Il a indiqué que le Royaume-Uni présiderait le mois prochain, en collaboration avec la France, un débat du Conseil de sécurité sur les moyens d’améliorer le maintien de la paix. Il a noté qu’un tiers des pays sortant d’un conflit retombaient dans une situation de conflit dans les cinq ans suivant un accord de paix.
Il faut créer des emplois afin de donner une alternative à la criminalité et remettre sur pied les fonctions fondamentales d’un État viable, a insisté M. Malloch-Brown, en estimant que le délai vital pour ce faire était de 24 mois. Parmi les cinq priorités visant à améliorer la consolidation de la paix, il a cité l’importance de mieux définir le rôle respectif de l’ONU et de la Banque mondiale afin de garantir une obligation de résultat sur le terrain. Il a également mis l’accent sur la nécessité de déployer des équipes de direction efficaces des Nations Unies, afin de rassembler les différents acteurs internationaux dans un souci d’efficacité. Il faut, a-t-il dit, profiter des acquis de la Commission de consolidation de la paix en faisant en sorte que les efforts internationaux soient mieux harmonisés.
M. JEAN-PIERRE LACROIX (France) a estimé que le rapport du Secrétaire général marquait une étape déterminante dans la réflexion visant à renforcer la consolidation de la paix. Deux défis se posent aujourd’hui, a-t-il estimé. Tout d’abord, nous ne disposons pas de partenariats suffisamment stratégiques, et il est nécessaire d’analyser les causes et les facteurs, que ce soit dans le cadre de la prévention des conflits ou de la consolidation de la paix. Soulignant ensuite l’importance d’établir les priorités, le représentant s’est félicité de la recommandation du rapport visant à rendre les évaluations du Secrétariat plus politiques et plus rapidement disponibles. En outre, il faut être capable d’apporter une réponse rapide et pertinente sur le terrain, a-t-il souligné. Les Nations Unies ne sont pas encore complètement mobilisées, a estimé M. Lacroix, citant ainsi le deuxième défi qui se pose en matière de consolidation de la paix. Les Nations Unies, a-t-il ajouté, apportent une réponse trop fragmentée, même si certaines initiatives, comme en Sierra Leone, vont dans le bon sens. Il faut aussi que la Commission de consolidation de la paix réfléchisse aux moyens d’élargir la base de ses donateurs pour permettre au Fonds pour la consolidation de la paix d’accroître le montant de ses ressources disponibles, a conclu le représentant de la France.
M. YUKIO TAKASU (Japon) a estimé que les Nations Unies et la communauté internationale ne semblaient pas avoir tiré les leçons de ce qui se passe lorsqu’elles n’agissent pas assez vite à la sortie d’un conflit. Il est important de se rendre compte des relations existant entre les opérations de maintien de la paix et la consolidation de la paix, a-t-il dit, en notant qu’il existait un délai vital de 24 mois pour obtenir des progrès. Nous devons voir comment une opération de maintien de la paix peut être coordonnée et harmonisée avec les autres activités, a-t-il insisté. Il s’est félicité de l’Initiative présentée par le Secrétaire général en matière maintien de la paix, intitulée « Nouvel Horizon ». Il est important aujourd’hui de se rendre compte que les opérations de maintien de la paix et celles de consolidation de la paix doivent se faire non pas les unes après les autres, mais simultanément. Une des caractéristiques de la consolidation de la paix est la nécessité d’assurer la participation des acteurs et programmes différents avec des financements et des fonctionnements différents, a estimé M. Takasu. En promouvant les partenariats, a-t-il ajouté, les dirigeants nationaux et internationaux doivent avoir une vision commune. Si l’appropriation nationale est essentielle, nous devons cependant nous rendre à l’évidence, et accepter qu’il y a des limites dans les capacités nationales d’un pays sortant d’un conflit. Nous devons être souples pour obtenir des résultats visibles et tangibles afin de rassurer les populations, a dit le représentant. Il a souligné la nécessité de renforcer les capacités de mise en œuvre, et notamment celles de la composante civile. Il a précisé que son pays, le Japon, avait lancé un Programme de formation à la consolidation de la paix en invitant l’ONU à s’appuyer sur les compétences qu’ont, dans ce domaine, les pays en développement. Les nouveaux mécanismes de financement doivent être attirants pour les pays donateurs, a-t-il dit. Il a salué les efforts importants de la Commission de consolidation de la paix en souhaitant qu’elle consolide les acquis, plutôt que de chercher à avoir des compétences qui vont au-delà de ses attributions.
Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) a déclaré que « l’objectif de nos efforts de consolidation de la paix devrait être le renforcement des capacités locales sur la base de l’appropriation nationale et l’instauration d’un environnement favorable au développement social et économique, sans lequel il ne peut y avoir de paix. Elle s’est dite d’accord avec l’idée du Secrétaire général de renforcer la direction des équipes de réaction rapide et de mobiliser des ressources supplémentaires, ainsi qu’avec sa proposition visant à pleinement inclure les femmes dans les efforts de consolidation de la paix. Les initiatives prises pour renforcer les capacités nationales doivent être déployées en amont, le plus rapidement possible, a souligné la représentante. Comme pour de nombreuses autres délégations, la représentante a estimé que la question de la consolidation de la paix devrait être prise en compte dans l’élaboration des mandats des opérations de la paix.
M. PUENTO ORDORICA (Mexique) a estimé indispensable d’établir des priorités à la sortie d’un conflit, afin de restaurer au plus vite les institutions nationales légitimes. L’appropriation nationale est au cœur même des efforts de consolidation de la paix, a-t-il dit. Il faut renforcer les capacités nationales des pays concernés, tout en respectant l’équilibre entre les responsabilités nationales et le soutien international. Le représentant a estimé que la confiance et la réconciliation nationale étaient des facteurs clefs pour la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit. Il a fait siens les objectifs d’amélioration de la cohérence et de la coordination du Secrétaire général, en souhaitant que l’on fasse des progrès dans la promotion de la disponibilité de ressources prévisibles avec une obligation de résultats. Le représentant a salué l’initiative visant à recruter du personnel qualifié originaire des pays de l’hémisphère Sud, en mettant l’accent sur la parité. Il s’est félicité de l’accord passé avec la Banque mondiale dans le domaine de la consolidation de la paix, en espérant que cela aura un impact sur la qualité du travail collectif. Le représentant a souligné la nécessité de progresser dans la réalisation des objectifs communs en vue de parvenir à des modalités de financement pratiques, souples et prévisibles, et a exhorté les donateurs à respecter les calendriers de décaissement. Il a présenté les efforts de son pays à l’appui au maintien et à la consolidation de la paix à travers le monde, en assurant que le Mexique continuera de participer à la création d’environnements propices à la paix, en fournissant une aide technique et une assistance électorale dans les pays qui en font la demande.
M. RONKA VILOVIC (Croatie) a rappelé que la reconstruction au lendemain d’un conflit avait été identifiée comme un élément fondamental d’une paix durable. Il est donc indispensable d’entamer cet effort dès la fin d’un conflit, sous peine de voir le pays concerné retomber dans la violence, a-t-il prévenu. Le représentant a noté que l’approche adoptée par le Secrétaire général mettait l’accent sur l’appropriation nationale, qui doit figurer au cœur des initiatives entreprises par les Nations Unies et leurs partenaires internationaux. Il a estimé que l’élément essentiel de la paix, c’est la viabilité des efforts entrepris pour la maintenir. Le représentant de la Croatie a estimé que le renforcement des capacités nationales constitue peut-être la question la plus importante de la consolidation de la paix. En tant qu’organe chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales, le Conseil de sécurité est bien placé pour inscrire la consolidation de la paix à son ordre du jour lorsqu’il décide du mandat d’une future opération de maintien de la paix, ou lorsqu’il décide d’élargir celui d’une mission déjà déployée. Le succès des efforts entrepris sur le terrain reste cependant tributaire d’un financement approprié, a souligné le représentant avant de conclure.
M. JORGE URBINA (Costa Rica) a dit que la consolidation de la paix était un objectif qu’il fallait constamment garder à l’esprit. Il a souhaité que la communauté internationale intègre cet élément dès qu’elle aborde les étapes initiales de mise en place d’une opération de maintien de la paix. Il a mis l’accent sur l’importance de l’appropriation nationale des objectifs de consolidation de la paix par un pays sortant d’un conflit, ce qui entraîne la nécessité de renforcer ses capacités. Mais il y a aussi une responsabilité partagée entre ces pays et la communauté internationale, a-t-il dit en demandant qu’un soutien international plus substantiel soit fourni dans le cadre d’efforts coordonnés et d’une démarche cohérente. Il faut élargir les capacités nationales existantes en déployant du personnel pour soutenir les capacités du pays sortant d’un conflit dans différents domaines, a-t-il insisté. Il faut aussi promouvoir la croissance économique et la création d’emplois, surtout pour les jeunes et les combattants démobilisés, a préconisé le représentant. Il a mis l’accent sur l’importance du rôle que peuvent jouer les femmes dans la relance de l’économie et la promotion de la réconciliation nationale. C’est pourquoi, « tout doit être mis en œuvre pour protéger les femmes et les enfants », a souligné le représentant costaricien. La coopération au développement doit jouer un rôle essentiel dans la prévention des conflits, a-t-il ajouté. Prenant son pays en exemple, il a estimé que la réduction des dépenses militaires était un des moyens les plus efficaces pour relancer le développement économique et social, comme cela est vérifiable au Costa Rica.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a rappelé que la fin d’un conflit ne signifiait pas forcément l’avènement de la paix. Les Nations Unies ont joué un rôle clef dans le domaine de la consolidation de la paix, notamment en établissant, en 2005, une Commission consacrée exclusivement à cette question. La coordination bilatérale est cependant parfois insuffisante, a-t-il fait observer, avant de souligner qu’il faudrait respecter le principe de l’appropriation nationale. Les intérêts nationaux du pays sortant d’un conflit doivent être respectés et les stratégies d’assistance adaptées aux priorités du gouvernement, a ajouté le représentant chinois. Au moment de la mise en œuvre, il faut se pencher sur le renforcement des capacités nationales et la formation des ressources humaines, ainsi que sur la mobilisation des ressources appropriées, a encore préconisé le représentant. Se félicitant du fonctionnement du Fonds pour la consolidation de la paix, le représentant de la Chine a cependant souhaité une plus grande souplesse en matière de décaissement et un élargissement de la base des donateurs. Avant de conclure, il a plaidé en faveur d’une meilleure coordination de tous les acteurs prenant part aux efforts de consolidation de la paix.
M. FAZLI ÇORMAN (Turquie) a souligné que le maintien et la consolidation de la paix sont deux parties inséparables et intégrales d’un tout qui ne peuvent porter des fruits que s’ils sont considérés comme tels. Comme l’ONU n’est pas la seule à pouvoir faire la différence sur le terrain au lendemain d’un conflit, la cohérence et la coordination des efforts des différents acteurs internationaux sont la clef du succès. En la matière, a dit le représentant, la Commission de consolidation de la paix peut et doit jouer un rôle dans la promotion d’une démarche intégrée. Toujours dans ce contexte, il a appuyé l’idée du Secrétaire général selon laquelle le renforcement des capacités et l’appropriation nationales sont des priorités essentielles. Concluant sur la question des ressources financières, le représentant a estimé que le Fonds de consolidation de la paix constitue un bon exemple d’efficacité tout en voulant que les Fonds d’affectation multidonateurs soient utilisés plus systématiquement et que soit amélioré le partenariat entre l’ONU et la Banque mondiale.
M. IBRAHIM DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que l’ONU avait, au cours des deux dernières décennies, consenti de très grands efforts pour maintenir la paix et la consolider. En dépit de cela, a-t-il ajouté, les efforts visant à promouvoir la stabilité politique et le relèvement économique continuent à faire face à de très grands défis. Il a estimé que les objectifs les plus importants et les plus urgents en matière de consolidation de la paix consistaient à garantir la sécurité, renforcer la confiance, ainsi que les capacités nationales. Le défi principal, a-t-il dit, réside dans la capacité de répondre rapidement, tout en arrêtant un ordre de priorité de tous les objectifs et en renforçant l’équipe de pays des Nations Unies pour qu’elle puisse prendre en charge très vite les objectifs de développement. Le représentant a souligné l’importance de disposer de mécanismes de financements prévisibles et mieux harmonisés. Pour que la paix soit durable, a-t-il ajouté, il faut un réel renforcement des capacités nationales et la disponibilité d’un financement. Il ne fait pas de doute que la condition première à la consolidation de la paix est de parvenir à un cadre politique stable en mesure de fournir les services de base aux citoyens et de favoriser le relèvement. Le renforcement des capacités nationales doit se baser sur l’expertise locale.
M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a déclaré que saisir l’opportunité qui se présente généralement au lendemain des conflits était un investissement crucial à consentir afin de poser les fondations de la paix et de la stabilité sur le long terme. Pour y parvenir, a-t-il jugé, l’appropriation nationale doit figurer au cœur des efforts du Conseil, de la Commission de consolidation de la paix et des autres partenaires. La protection des civils et le programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration (programme de DDR) doivent être les priorités au lendemain des conflits, a ajouté le représentant l’Autriche, pour qui « il faut mettre l’accent sur l’inclusion de tous les acteurs, en particulier les femmes, dans les efforts de consolidation de la paix ». En outre, une coordination renforcée, non seulement au sein du système des Nations Unies, mais aussi avec les partenaires internationaux, est un préalable pour éviter les doubles emplois et assurer l’efficacité des efforts déployés, a-t-il ajouté. C’est la raison pour laquelle l’Autriche a salué les initiatives visant à intensifier la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales. M. Mayr-Harting a également salué le rôle crucial joué par la Commission de consolidation de la paix, qui devrait être impliquée dès le départ par le Conseil de sécurité dans l’élaboration d’un consensus en la matière, et ce, afin de surmonter le fossé entre la stabilisation précoce et les efforts de relèvement à moyen et long termes.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a, à son tour, souligné l’importance de l’appropriation nationale, de l’appui international et de l’implication des acteurs régionaux. Il a appelé les Nations Unies à poursuivre les efforts pour améliorer la coordination et la cohérence de leur action. Il a donc appuyé les recommandations du Secrétaire général dans ce domaine, tout en tenant à réaffirmer le rôle important de la Commission de consolidation de la paix. Il a émis le souhait que toutes les recommandations du Secrétaire général et les contributions positives de la Commission permettront de corriger les insuffisances dans la réponse collective aux défis postconflit.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a mis l’accent sur l’importance pour les pays sortant d’un conflit de prendre en main la réalisation des objectifs en matière de consolidation de la paix. Il a souligné la nécessité d’assurer une aide externe pour appuyer le potentiel de développement du pays sortant d’un conflit. Il a fait siennes les initiatives du Secrétaire général pour assurer une meilleure coordination des activités des organismes des Nations Unies et renforcer l’action des Nations Unies au lendemain d’un conflit, ainsi que pour faciliter l’intervention plus rapide et plus cohérente de la communauté internationale tout entière. Ce sont les structures nationales qui doivent jouer un rôle moteur en matière de consolidation de la paix, a-t-il dit, en appuyant le projet de recenser le personnel national qualifié en vue de l’inscrire sur des listes et de le sélectionner éventuellement pour travailler dans des situations postconflit. Il a souligné l’importance des listes de candidats préapprouvés et susceptibles d’être déployés rapidement en tant que fonctionnaires d’une mission de l’Organisation des Nations Unies ou agents civils d’autres institutions du système des Nations Unies. Il a souhaité que les propositions de la création de ces listes soient présentées aux États Membres pour examen, notamment en ce qui concerne les conséquences financières. La Commission de consolidation de la paix joue un rôle essentiel de coordination au niveau international et de mobilisation des ressources financières nécessaires, a-t-il estimé. Le représentant a cependant regretté que le rapport du Secrétaire général accorde peu de place à cette Commission. Il serait raisonnable de confier aux opérations de maintien de la paix les premières tâches de la relève, a-t-il encore dit, avant de mettre en avant l’importance, dans un souci d’efficacité, des échanges d’informations entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité.
M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a reconnu qu’étant impliqués très tôt dans le relèvement d’un pays sortant d’un conflit, les agences des Nations Unies et leurs partenaires sont confrontés à la nécessité de clarifier leurs rôles et responsabilités; de procéder, avec rationalité, à une hiérarchisation des priorités et à une bonne division du travail; de partager leurs analyses et leurs plans; de bâtir des partenariats plus forts; et de respecter le principe de reddition des comptes. Il a donc salué le contenu du rapport du Secrétaire général. Il a cependant prévenu que quelles que soient les bonnes intentions, l’aide extérieure sera toujours perçue comme quelque chose d’imposé si elle ne se fonde pas sur le strict respect des principes d’indépendance, de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-intervention dans les affaires internes des États.
Il faut aussi, a-t-il ajouté, que les pays bénéficiaires aient la marge de manœuvre nécessaire pour déterminer leurs options politiques et prendre des décisions conformes à leurs objectifs de développement. L’arrivée, la poursuite et la fin de l’aide extérieure doivent être fondées sur les besoins et les priorités des pays et le consentement des parties locales, avec pour objectif ultime l’appropriation nationale et l’autosuffisance, a préconisé M. Chi Trung.
M. EBRAHIM ISMAIL EBRAHIM, Vice-Ministre pour les relations internationales et la coopération de l’Afrique du Sud, a déclaré que son gouvernement était entièrement d’accord avec le Secrétaire général lorsqu’il affirme que l’appropriation nationale est essentielle en matière de consolidation de la paix. Il est donc important de permette aux acteurs nationaux de s’impliquer pleinement dans un dialogue inclusif de nature à forger un consensus sur les priorités de relèvement, a-t-il souligné. Par ailleurs, l’Afrique du Sud est convaincue que les organisations régionales et sous-régionales peuvent jouer un rôle fondamental, notamment parce qu’elles disposent des ressources et des capacités humaines considérables à l’appui de celles fournies par les Nations Unies. La délégation a en outre soutenu l’idée de missions intégrées de la paix à la lumière de l’interdépendance des efforts des Nations Unies dans les pays émergeant d’un conflit. Une approche intégrée serait de nature à maximiser ces efforts, a assuré le Vice-Ministre. M. Ebrahim a également été d’avis que l’évaluation des besoins postconflit devrait être renforcée et synchronisée avec les activités de la Commission de consolidation de la paix. Il a enfin insisté sur l’importance de ressources financières prévisibles et de partenariats solides, notamment avec la Banque mondiale, pour assurer le succès des efforts entrepris.
M. JEAN FRANCIS BOZIZÉ, Ministre délégué à la présidence de la République centrafricaine (RCA), en charge de la défense nationale, des anciens combattants, des victimes de guerre, du désarmement et de la restructuration de l’armée, a présenté les efforts de réhabilitation postconflit déployés par son pays après 10 années de crise et l’aboutissement du Dialogue politique inclusif, tenu en décembre 2008. Illustrant l’impact du conflit et de l’instabilité, il a cité des programmes de développement interrompus, des années scolaires invalidées, des structures sanitaires qui ne fonctionnent plus et des recettes budgétaires non recouvrées. Il a fustigé l’apparition de groupes armés dont le seul objectif n’est que d’assouvir une soif de pouvoir. Les stigmates des combats meurtriers sont toujours présents dans le pays, dont l’appareil productif est en panne, le tissu social déchiré, et dont les infrastructures ont été détruites, a-t-il dit, en estimant que la fragilité de l’économie, la situation précaire des institutions et l’instabilité politique rendaient difficile la mise en œuvre rapide des programmes de développement en RCA. Il a estimé que le passage d’une situation de conflit armé à un état de paix était un processus complexe qui impliquait la sécurisation du pays, la protection des populations, la réinsertion des personnes déplacées ou réfugiées, la reconstruction des infrastructures, la relance de l’économie, la promotion de la bonne gouvernance, le dialogue politique et la restauration du capital social. Il a salué le rôle de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui, en RCA, ont financé la démobilisation et la réinsertion de 7 665 ex-combattants dans leur communauté, en 2007, alors que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), pour sa part, prenait en charge 200 ex-enfants soldats. Il a dit que son gouvernement insistait sur une analyse pertinente des causes structurelles du conflit en Centrafrique, ainsi que sur l’établissement de cadres globaux prenant en compte les mesures et les secteurs prioritaires. Néanmoins, a-t-il ajouté, il se pose encore la question de la disponibilité des ressources financières, qui dépendent notamment de l’engagement réel de la communauté internationale à soutenir la période de transition de l’état de conflit vers la paix.
M. MOHAMED ABDULLAHI OMAAR, Ministre des affaires étrangères de la Somalie, a déclaré que son pays n’a pas d’autre choix que la consolidation de la paix. Il a passé en revue les conséquences tragiques de l’absence de capacités nationales en Somalie, depuis 18 ans, faisant notamment référence au développement d’une piraterie qui a affecté de nombreux pays. Cela montre la nécessité de doter la consolidation de la paix d’une vision commune. « Notre expérience nous a montré que le maintien de la paix et la consolidation de la paix allaient de pair », a-t-il dit. Le Ministre somalien des affaires étrangères a indiqué que deux tiers du pays, le nord et le nord-est, étaient pacifiques et en phase de consolidation de la paix grâce à des initiatives locales exemplaires. « Nous sommes en train d’achever le processus de paix de Djibouti pour le tiers restant dans le sud du pays », a-t-il ajouté. Le Ministre a assuré de la volonté de la Somalie de coopérer avec les Nations Unies, le Conseil de sécurité, la Banque mondiale et la Commission de consolidation de la paix afin d’atteindre les deux objectifs prioritaires que sont le renforcement des capacités nationales et l’intervention coordonnée et rapide des institutions des Nations Unies.
M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a présenté l’Initiative conjointe de son pays et de l’Irlande de convoquer au Caire, les 18 et 20 mai dernier, les représentants de toutes les régions à une réunion intitulée « Consolidation de la paix au lendemain des conflits: défis contemporains et moyens d’avancer ». Il a indiqué que cette réunion a mis en exergue l’importance de traiter les causes économiques et sociales sous-jacentes aux crises, ainsi que celle de la prise en charge nationale et du renforcement des capacités institutionnelles, notamment à l’extérieur des capitales. Il a estimé qu’il faudrait apporter une réponse internationale cohérente. Il a rappelé que les participants avaient souligné l’importance du rôle de la Commission de consolidation de la paix, de la Banque mondiale et de ses partenariats avec l’ONU, en regrettant l’insuffisance d’un soutien cohérent et du financement nécessaire. La réunion a également mis en exergue le rôle important des organisations régionales pour appuyer les processus de consolidation de la paix. Le représentant a suggéré des synergies plus poussées entre les organisations régionales et les Nations Unies. Il a souligné l’initiative de son pays de renforcer la structure de paix et de sécurité de l’Union africaine dans le cadre du partenariat stratégique Union européenne-Afrique. Ce renforcement, a-t-il précisé, doit se traduire par la construction d’un centre régional de reconstruction postconflit et de développement, qui sera le fruit de la collaboration entre l’Union africaine, l’ONU et d’autres organisations internationales et régionales. Le représentant a regretté que le Conseil de sécurité soit présenté, dans le rapport du Secrétaire général, comme le principal acteur de la consolidation de la paix, alors que l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) peuvent jouer un rôle tout aussi important dans ce domaine. Par ailleurs, il a déploré l’absence de propositions spécifiques au rôle de la Commission de consolidation de la paix.
M. ZACHARIE GAHUTU (Burundi) a insisté lui aussi sur le principe de l’appropriation nationale, rappelant que les efforts de consolidation de la paix au lendemain d’un conflit appartenaient aux pays concernés. S’agissant du leadership, il a fait sienne la proposition du Secrétaire général visant la création d’un mécanisme de haut niveau qui assurerait un bon leadership de l’ONU sur le terrain. Pour ce qui est de la cohérence, il a estimé que la consolidation de la paix, pour être efficace, exigeait la participation de tous les organismes du système des Nations Unies. Ce débat intervient au moment où le processus de consolidation de la paix au Burundi vient de connaître des progrès significatifs dans la plupart des domaines susceptibles de stabiliser définitivement le pays: la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante; la mise en œuvre intégrale des accords politiques signés entre le Gouvernement et l’ex-mouvement rebelle Parti pour la libération du peuple hutu (PALIPHUTU-FNL), aujourd’hui devenu parti politique; l’engagement du Gouvernement du Burundi en faveur de la politique de démobilisation et de réinsertion des rapatriés. En outre, tandis que des consultations ont commencé en vue de mettre en œuvre la justice de transition, le règlement des litiges fonciers se poursuit, a indiqué le représentant. Mais au regard des défis qui restent à relever, a-t-il fait remarquer, des apports additionnels sont nécessaires, dans la mesure où les crises financière, énergétique et alimentaire ont remis en cause les prévisions financières initiales.
M. JOHN McNEE (Canada) a souligné que la consolidation de la paix était une tâche complexe et multidimensionnelle. Il a dit que le plus important était de permettre à l’État de pourvoir, à nouveau, au bien public de ses citoyens, notamment exercer la justice, appliquer la primauté du droit et favoriser un environnement économiquement porteur. Il a mis l’accent sur la nécessité de favoriser la réconciliation sociale par une action en amont, afin de cicatriser les blessures infligées par les conflits. Il a estimé que le rapport du Secrétaire général apportait une contribution cruciale dans la mesure où il met l’accent sur la coopération, la coordination et la cohérence. Les acteurs internationaux devraient poursuivre des priorités communes, fondées sur une évaluation de la situation et une compréhension claire des rôles et des responsabilités, a-t-il insisté. La liste des propositions du Secrétaire général est très complète, a-t-il dit, tout en faisant remarquer que la justice transitionnelle et la réconciliation nationale revêtent une importance cruciale pour la consolidation de la paix. Il a estimé que les populations locales devraient avoir accès à des dispositifs officiels et officieux qui facilitent la « guérison des collectivités » et permettent de remédier aux violations commises pendant le conflit. Il a déclaré qu’il appartenait maintenant au système des Nations Unies de donner suite aux recommandations du Secrétaire général. Il est également important de faire le point régulièrement, à l’intention des États Membres, sur les progrès réalisés. Dans d’autres domaines, comme le renforcement des capacités nationales, la capacité d’action rapide civile et le financement, les États Membres doivent aussi jouer un rôle d’initiative, a-t-il souligné.
M. ANDERS LIDÉN (Suède), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a estimé que plusieurs recommandations du Secrétaire général devraient être mises en œuvre de manière urgente. Il a souligné que pendant ces dernières années, l’Union européenne a progressivement renforcé sa capacité d’appuyer les efforts de paix dans les régions déchirées par les conflits. Aujourd’hui, l’Union européenne contribue largement aux efforts de consolidation de la paix. Elle travaille étroitement avec les Nations Unies, l’Union africaine et d’autres acteurs. Le renforcement continu de ces partenariats, en particulier avec l’ONU, est une des priorités de l’Union européenne, a assuré le représentant.
Le rapport du Secrétaire général, a-t-il dit, fait des recommandations très utiles pour renforcer les capacités de l’ONU en matière de consolidation de la paix. Il est conforme aux efforts « appréciés » du Secrétaire général pour renforcer la cohérence, l’efficacité et la reddition des comptes dans les opérations sur le terrain. L’Union européenne s’engage à appuyer cet « agenda pour le changement » dans tous les organes intergouvernementaux et au niveau des pays, a assuré le représentant.
M. JIM McLAY (Nouvelle-Zélande) a rappelé que l’expérience montrait qu’un tiers des conflits résolus ont repris dans un délai de cinq ans. Il a estimé que le temps était un facteur clef du succès d’un processus de consolidation de la paix. C’est pourquoi, il a appuyé l’importance de constituer des équipes d’experts qui pourraient être déployées dans un délai très rapide pour une intervention mieux coordonnée. Il s’est dit cependant préoccupé par les taux de vacance de plus de 60% concernant la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et de 91% concernant la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT). L’unité de l’action doit être à la base de toutes les initiatives de consolidation de la paix. « Nous n’avons pas encore vu de résultats concrets sur la contribution de la Commission de consolidation de la paix », a-t-il noté. Le représentant s’est félicité de ce que le rapport du Secrétaire général ait mis l’accent sur le contexte local pour la mise au point des stratégies de consolidation de la paix. L’image du « béret bleu » entre des parties autre fois belligérantes est devenue un des succès de l’Organisation. Mais les bénéfices d’une trêve peuvent être rapidement perdus si on ne passe pas à une étape suivante qui comprend le renforcement des capacités nationales, la promotion de la primauté du droit et le développement économique et social, a-t-il encore dit.
M. GARY QUINLAN (Australie) a déclaré que la consolidation de la paix était un défi essentiel de notre temps. Elle relève avant tout de la responsabilité du pays touché. En même temps, les Nations Unies, en jouant un rôle de chef de file plus ferme et en disposant de ressources suffisantes, pourraient obtenir de meilleurs résultats. Le rôle collectif des forces militaires, de police et des civils doit être reconnu. Le représentant s’est félicité que le rapport du Secrétaire général met l’accent sur les besoins des femmes et des filles. Il a également souligné le rôle des autorités locales et de la société civile en matière de relèvement. S’agissant de la constitution d’équipes d’experts civils qui peuvent être déployés très rapidement, il a indiqué que son pays œuvrait actuellement à développer de telles capacités. En ce qui concerne l’architecture internationale en faveur de la consolidation de la paix, il s’est félicité de la coopération renforcée entre l’ONU et la Banque mondiale.
M. GONZALO GUTIÉRREZ REINEL (Pérou) a souligné l’importance de déployer des efforts pour éviter que les activités de consolidation de la paix ne restent lettre morte. Chacun sait qu’elles se heurtent à divers problèmes, qui rendent leur mise en œuvre délicate, a-t-il dit. Pour y parvenir, cependant, il faut renforcer les capacités nationales des gouvernements des pays sortant d’un conflit, a préconisé le représentant. C’est la raison pour laquelle, il faut aussi renforcer la coordination de tous les acteurs concernés et impliquer les femmes dans la poursuite des processus de consolidation de la paix. La délégation a estimé que les volets « maintien » et « consolidation » de la paix devraient être abordés simultanément. Pour elle, un engagement à moyen et long termes est indispensable de la part de la communauté internationale, en consultations avec les partenaires de développement et les pays sortant d’un conflit. Pour ceux-ci, la coopération doit se faire dans le cadre d’un respect de la souveraineté des États, a ajouté le représentant avant de conclure.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a mis en exergue cinq éléments que sa délégation considère comme importants. Il a d’abord estimé que des efforts de consolidation de la paix devraient être lancés dès la signature des accords de paix et être intégrés pendant la mise en œuvre des opérations de maintien de la paix. Il a aussi mis l’accent sur la nécessaire appropriation nationale des processus de consolidation de la paix et, ce, dès la conception des stratégies de consolidation de la paix. À cet égard, il a dit que le renforcement des capacités nationales et leur financement régulier renforceraient l’indépendance et l’autonomie des pays concernés. Le représentant a en outre souligné le caractère indispensable d’un financement prévisible, rapide et flexible en vue de la mise en œuvre des stratégies de consolidation de la paix. Il a également insisté sur l’importance de la cohérence et la coordination des actions de la communauté internationale sur le terrain
Enfin, il a mis l’accent sur le rôle des acteurs régionaux dans la mise en place de conditions favorables à la consolidation de la paix. Il est tout aussi important de souligner que le rôle de la Commission de consolidation de la paix est appelé à être renforcé et les méthodes de travail améliorées, a-t-il conclu, avant de rappeler l’importance de l’examen, en 2010, des résolutions fondatrices de cette Commission.
M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne) a déclaré que le rapport du Secrétaire général proposait une feuille de route excellente. Il a ensuite mis l’accent sur trois défis importants: l’appropriation nationale et le renforcement des capacités nationales; la demande de leadership efficace et comptable de la part des Nations Unies sur le terrain; et la capacité de la communauté internationale à réagir en temps voulu aux besoins des pays sortant d’un conflit. À cette fin, il est crucial que les activités de consolidation de la paix débutent aussi rapidement que possible au lendemain d’un conflit, a ajouté M. Matussek. L’Allemagne renforcera, pour sa part, ses capacités nationales afin de contribuer aux missions chargées du maintien et de la consolidation de la paix, a-t-il assuré.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a salué l’importance accordée à l’appropriation nationale des objectifs de consolidation de la paix. Il a jugé tout aussi important de promouvoir une réponse cohérente et efficace du système des Nations Unies. Il nous paraît important d’utiliser tout le potentiel du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, en tenant compte de sa complémentarité avec d’autres organes du Secrétariat. Il est particulièrement crucial d’éviter qu’un soutien mal coordonné soit une source de tensions supplémentaires. En ce qui concerne le projet de mise en place de capacités de déploiement rapide du personnel, le représentant a estimé que cette question demeurait complexe, compte tenu des coûts que ce projet pourrait générer, notamment pour les pays en développement. Il a insisté sur l’importance de la souplesse des mécanismes de financement afin qu’ils puissent apporter une réponse appropriée. En ce qui concerne le rôle de la Commission de consolidation de la paix, le représentant a salué les propositions du Secrétaire général visant à améliorer son rôle de conseil et d’enceinte de discussion sur l’efficacité de l’aide. L’examen de la contribution de cette Commission en 2010, a-t-il ajouté, donnera l’occasion de mettre en place les améliorations nécessaires. Il a regretté que la référence faite au Conseil économique et social (ECOSOC) dans le rapport du Secrétaire général soit limitée aux aspects du financement du développement.
Mme REGINA DUNLOP (Brésil) a déclaré qu’elle appréciait le fait que le rapport du Secrétaire général ait mis l’accent sur l’appropriation nationale. En outre, son rapport reconnaît l’importance des acteurs régionaux en matière de consolidation de la paix, s’est-elle félicitée, saluant aussi l’intérêt accordé par M. Ban Ki-moon aux priorités récurrentes qui doivent être prises en considération. Sa délégation, a indiqué par ailleurs la représentante, approuve pleinement que le financement est l’épine dorsale de la consolidation de la paix. C’est la raison pour laquelle, le Brésil appuie les appels du Secrétaire général à fournir des financements adéquats et plus créatifs et à adopter de nouvelles directives à cet égard, a assuré la représentante. Le Brésil, a-t-elle ajouté, a soutenu l’idée d’intervenir dès la fin d’un conflit pour construire les « dividendes de la paix ». Elle a prévenu enfin des dangers posés par le fait que certains pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix n’avaient jamais reçu d’assistance soutenue de la part de la communauté internationale, comme c’est, par exemple, le cas de la Guinée-Bissau.
M. RUPERT DAVIES (Sierra Leone) a estimé que la consolidation de la paix dans les sociétés sortant de conflit dépendait entièrement des efforts immédiats entrepris au lendemain du conflit, en notant parmi les facteurs clefs le désarmement complet des communautés, la réintégration des personnes déplacées et des ex-combattants et la fourniture de l’aide. Il a mis l’accent sur les progrès réalisés en matière de redressement après le conflit dans son pays, en indiquant que la Sierra Leone avait connu trois élections générales depuis 2002, dont les dernières ont porté au pouvoir le parti de l’opposition et de l’actuel Président Ernest Bai Koroma. « Alors que nous venons juste de procéder à un examen trimestriel du mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone (BINUCSIL), nous constatons qu’il y a eu une bonne coordination entre les différents acteurs impliqués. Les nombreux cadres stratégiques ont été rationalisés, avec une deuxième génération de stratégies de réduction de la pauvreté. Le représentant a indiqué que les récents troubles de la mi-mars ont permis de tester la coexistence pacifique dans le pays. À cet égard, il a déclaré que la situation était revenue à la normale après la reprise d’un dialogue entre les partis politiques. Il a remercié les Nations Unies, les partenaires bilatéraux et la communauté internationale, dans son ensemble, pour la détermination avec laquelle ils ont remis la Sierra Leone sur la voie du développement durable, en consolidant la paix et la démocratie.
M. GUSTAVO ÁLVAREZ (Uruguay) a déclaré que le point le plus important du rapport du Secrétaire général portait sur la nécessité d’une meilleure coordination et cohérence au sein du système des Nations Unies. À cet égard, il a espéré que le processus d’examen de la Commission de consolidation de la paix de 2010 donnerait l’occasion de réfléchir aux moyens de permettre à celle-ci de jouer pleinement son rôle en matière de coordination. Le représentant a aussi attiré l’attention du Conseil sur les passages du rapport du Secrétaire général consacrés à la sécurité, en soulignant qu’il faut garantir une stabilité minimale pour assurer le développement social et économique d’un pays sortant d’un conflit. Pour sa délégation, le rôle du personnel de maintien de la paix comme « consolidateur de la paix » ne devrait pas être sous-estimé: le soutien que ce personnel apporte dans le domaine du renforcement de la sécurité et de l’état de droit, dans la mise en œuvre des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), de la réforme du secteur de la sécurité et de l’extension de l’autorité de l’état, doit être reconnu à sa juste valeur, a souligné M. Álvarez.
M. OLA BREVIK (Norvège) a estimé qu’en dépit des progrès significatifs réalisés dans la planification stratégique des efforts de consolidation de la paix, il restait de sérieux défis à relever en matière de coordination des efforts sécuritaires, politiques, humanitaires et de développement. Soulignant l’importance d’éviter les doubles emplois, il a salué les étapes prises récemment pour améliorer la relation de travail entre les Nations Unies et la Banque mondiale. En outre, la Commission de consolidation de la paix devrait jouer un rôle central dans la cohérence et la synergie entre les différents organismes des Nations Unies et leurs partenaires, a estimé le représentant. À cette fin, des ressources adéquates devraient être mises à sa disposition afin de soutenir son action et lui permettre de gérer plus efficacement le Fonds pour la consolidation de la paix. Il a fait observer que le Fonds devrait concentrer son intervention aux activités fondamentales de consolidation de la paix, alors qu’il a, jusqu’à présent, surtout financé des activités en aval.
M. MANJEEV SINGH PURI (Inde) a mis l’accent sur les deux niveaux d’intervention de la consolidation de la paix, à savoir d’une part, le niveau national et local et d’autre part, le niveau international et régional. Parallèlement, il a souligné l’importance de s’assurer que des interventions extérieures permettent de diffuser les dividendes de la paix, de promouvoir les capacités nationales et de développer des capacités économiques de base créatrices d’emplois. De tels efforts doivent être fondés sur la reconnaissance de la complexité des scénarios postconflit, a-t-il ajouté, en notant que tous les accords et processus de paix ne considéraient pas les causes sous-jacentes des conflits. « Nous devons travailler de façon pragmatique avec les acteurs locaux et veiller à ce que les priorités soient établies au plan local ». Une paix durable exige une prise en charge nationale véritable, et il est essentiel que les objectifs de consolidation de la paix se concentrent sur le renforcement des capacités nationales, a-t-il insisté. Il faut aligner les efforts régionaux et internationaux dans le souci d’obtenir des interventions plus cohérentes sur le terrain, a-t-il aussi insisté, en regrettant que trop souvent, les bonnes intentions de la communauté internationale se contredisent les unes et les autres et sapent les efforts d’ensemble. « Si nous voulons que l’ONU soit un chef de file de la consolidation de la paix, il faut améliorer son efficacité », a-t-il encore dit, en notant que le pouvoir fédérateur de l’ONU n’était pas suffisant. Avant de conclure, il a appuyé la nécessité d’étendre le rôle de la Commission de consolidation de la paix et d’approfondir sa relation stratégique avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC).
Mme SIRIPORN CHAIMONGKOL (Thaïlande) a structuré son intervention en six points. Tout d’abord, elle a salué le rapport du Secrétaire général, avant de soutenir l’idée d’un leadership renforcé et d’une amélioration de la coordination en matière de consolidation de la paix. Puis, elle a indiqué que les défis posés sur les plans sécuritaire et économique devraient être relevés simultanément. Elle a également soutenu l’idée de renforcer les capacités nationales afin de promouvoir l’appropriation nationale et le développement durable. En outre, la représentante de la Thaïlande a estimé que les acteurs régionaux pouvaient jouer un rôle dans les processus de paix et les activités de consolidation de la paix. Enfin, elle a assuré que sa délégation appuyait la recommandation du Secrétaire général d’encourager le Conseil de sécurité à tenir compte de manière plus systématique de l’avis de la Commission de consolidation de la paix (CCP).
M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a déclaré que la valeur ajoutée du rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit tenait au nouvel élan qu’il insuffle pour nous permettre de répondre aux défis de la consolidation de la paix de manière plus rapide et efficace. Il a salué l’accent que le rapport du Secrétaire général a mis sur toute une palette d’outils et de processus. Il a estimé que les personnes déterminées à saisir l’occasion de la paix et d’un avenir prospère devraient être les chefs de file du processus de consolidation de la paix. Comme de nombreux pays sont dépourvus des capacités d’atteindre les objectifs de consolidation de la paix, a-t-il ajouté, il appartient à la communauté internationale de les aider à jeter les bases d’une paix durable. Il faut une action cohérente et globale, accompagnée des ressources et stratégies adéquates axées sur les situations et besoins spécifiques de la population pour gagner son adhésion et son soutien au processus. Les acteurs nationaux doivent également tenir compte des responsabilités relatives à la bonne gouvernance. Il faut tenir compte des capacités nationales disponibles avant de recourir aux compétences régionales et internationales. Notant que la principale lacune concernait l’insuffisance des ressources nécessaires, le représentant a souligné la nécessité de tout mettre en œuvre pour disposer de financements rapides, souples et prévisibles. Il a souligné toute l’importance de la Commission de consolidation de la paix et de son mandat unique. Il serait plus efficace qu’au terme d’un conflit, la CCP soit impliquée dès les premières interventions du système des Nations Unies sur le terrain.
Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a estimé que la Commission de consolidation de la paix devrait jouer un rôle central dans la consolidation postconflit. Elle a ensuite invité les partenaires internationaux à aligner leur assistance financière, technique et politique sur une stratégie commune s’appuyant sur l’appropriation nationale. À cet égard, la représentante a souligné le besoin de renforcer les capacités nationales pour assurer le succès de la consolidation de la paix et éviter que les pays sortant d’un conflit ne reprennent les hostilités. Le Bangladesh a aussi appelé de ses vœux la participation de la société civile et des organisations non gouvernementales (ONG) dans les activités de développement au niveau local. La délégation a aussi réitéré l’importance d’un mécanisme de financement rapide et souple capable de fournir des fonds prévisibles.
M. GIULIO TERZI DI SANT’AGATA (Italie) a estimé indispensable d’établir une liste de priorité de la consolidation de la paix tenant compte des besoins immédiats. Il a jugé essentiel de pouvoir déployer immédiatement des ressources humaines et financières. Il s’est félicité de la contribution d’un rapport qui constitue une véritable feuille de route pour les activités que l’ONU mène immédiatement après la fin du conflit. Il a souligné le rôle fondamental des organisations régionales et sous-régionales, en insistant sur la nécessité d’améliorer la cohérence de l’intervention du système de l’ONU. Il faut renforcer les capacités nationales, notamment celles liées à la bonne gouvernance et à la stabilité. Il a souligné le rôle essentiel de la Commission de consolidation de la paix pour aider les pays à asseoir une paix durable. Il a dit que la consolidation de la paix devrait faciliter la démocratisation en même temps que le relèvement économique.
M. PARK IN-KOOK (République de Corée) a rappelé que la période qui suit immédiatement la fin d’un conflit était cruciale pour consolider les « dividendes de la paix ». Les Nations Unies devraient s’efforcer de répondre aux besoins en matière de renforcement des capacités nationales, a-t-il affirmé. En outre, un mécanisme de haut niveau et des équipes d’appui devraient être également mis en place pour faciliter la réaction de l’ONU sur le terrain. Comme l’indique le rapport du Secrétaire général, les volontaires des Nations Unies pourraient jouer un rôle de catalyseur sur le terrain, a relevé le représentant. Les institutions du système des Nations Unies doivent, quant à elles, mieux coordonner leurs activités, et le Conseil de sécurité devrait, pour sa part, intégrer la question de consolidation de la paix dans le mandat des opérations de maintien de la paix, a précisé le représentant avant de conclure.
Mme HEIDI GRAU (Suisse) a soutenu la proposition faite par la Belgique visant à ce que les présidents des réunions spécifiques consacrées à un pays à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix soient invités à participer aux travaux des organes subsidiaires du Conseil concernant les pays en question. Une telle proposition participerait de la vision commune, a-t-elle estimé. La représentante a salué la qualité d’un rapport qui met l’accent sur la nécessité de développer les capacités nationales et régionales, les compétences des cadres supérieurs et des équipes déployés par les Nations Unies dans ces situations. Il ne faudrait pas oublier, a-t-elle ajouté, que la crédibilité de l’ONU dépend avant tout des compétences de son personnel permanent et d’une sensibilisation aux questions relatives aux conflits de manière transversale au sein des diverses institutions du système des Nations Unies. Elle a rappelé que la consolidation de la paix relevait de la responsabilité de l’ensemble des acteurs sous le leadership actif du Secrétaire général. Si des instruments existent déjà pour favoriser une approche conjointe des différents acteurs de la consolidation de la paix, a-t-elle dit, il faudrait nous mobiliser pour assurer l’usage effectif de ces instruments. Toutefois, elle a estimé qu’il faudrait aussi, en parallèle, faire des efforts supplémentaires pour éviter de multiplier le nombre d’instruments de planification et simplifier plutôt les systèmes de suivi des rapports. Par ailleurs, elle s’est dite convaincue de l’importance d’assurer un leadership qualifié dans les pays concernés, entouré par une équipe solide. Elle a suggéré aux fonds, programmes et institutions spécialisées de reconnaître l’autorité renforcée du coordonnateur résident sur l’équipe de pays des Nations Unies, en particulier lorsqu’il est investi de la fonction de Représentant spécial adjoint du Secrétaire général.
Déclaration présidentielle
Le Conseil de sécurité, rappelant la déclaration de son président (PRST/2008/16), souligne l’importance cruciale que revêt la consolidation de la paix s’agissant de jeter les bases d’une paix et d’un développement durables au lendemain de tout conflit.
Le Conseil accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit (S/2009/304), qui représente une contribution importante dans la perspective d’une intervention internationale plus efficace et plus cohérente en la matière. Il se félicite que dans son rapport le Secrétaire général se soit fermement engagé à accroître les efforts de consolidation de la paix de l’Organisation des Nations Unies et le prie instamment de poursuivre ces objectifs.
Le Conseil souligne qu’il importe que les autorités nationales s’approprient l’entreprise et assument dès que possible la responsabilité de rétablir les institutions de l’État, de restaurer l’état de droit, de revitaliser l’économie, de réformer le secteur de la sécurité, d’assurer la fourniture des services de base et de répondre aux autres besoins essentiels en matière de consolidation de la paix. Il souligne l’importance cruciale de l’action que mène l’Organisation en aidant les autorités nationales à élaborer dès le départ, en consultation étroite avec les partenaires internationaux, une stratégie axée sur ces priorités; et encourage les partenaires internationaux à aligner leur appui financier, technique et politique sur cette stratégie.
Le Conseil souligne qu’il est nécessaire, dans les pays sortant d’un conflit, de mettre en valeur, à un stade aussi précoce que possible, les capacités nationales présentes sur le terrain et qu’il importe à cette fin de disposer d’experts civils, le cas échéant issus de la région, pouvant être déployés rapidement. À cet égard, il se félicite de la recommandation du Secrétaire général tendant à ce qu’on réfléchisse à la manière dont l’ONU et la communauté internationale peuvent aider à élargir et à approfondir la réserve d’experts civils, en veillant en particulier à mobiliser les capacités des pays en développement et notamment les femmes.
Reconnaissant la nécessité de disposer sur le terrain, dès le départ, de cadres expérimentés et compétents et d’équipes d’appui efficaces au lendemain de tout conflit, le Conseil prie l’Organisation des Nations Unies de redoubler d’efforts à cet égard. Il se félicite que le Secrétaire général ait entrepris de renforcer les pouvoirs des hauts représentants de l’ONU dans l’exercice de leurs fonctions et de les tenir davantage comptables de leur action.
Le Conseil estime indispensable que le système des Nations Unies renforce ses partenariats stratégiques avec la Banque mondiale et les autres institutions financières internationales, achève avant la fin de 2009 l’entreprise de définition des rôles et des responsabilités dans la satisfaction des principaux besoins en matière de consolidation de la paix, procède à intervalles réguliers à leur réexamen, afin de mettre en place les compétences requises pour une intervention rapide et prévisible.
Le Conseil, rappelant sa résolution 1645 (2005), reconnaît le rôle important que la Commission de consolidation de la paix joue en veillant à ce que l’entreprise de consolidation de la paix soit menée de façon intégrée et cohérente; il se félicite des progrès accomplis par la Commission et lui demande de faire davantage place dans son ordre du jour à son rôle consultatif et à l’appui qu’elle apporte aux pays; il attend avec intérêt les recommandations qui seront formulées en 2010, à l’issue de l’examen des résolutions qui l’ont créée, quant aux moyens d’améliorer encore ses interventions.
Le Conseil souligne qu’il est éminemment important pour la consolidation de la paix au lendemain de tout conflit de disposer d’un financement rapide, souple et prévisible. Il invite instamment les États Membres à concourir à la réalisation de cet objectif en s’appuyant sur les recommandations du rapport, en particulier pour ce qui est de renforcer le rôle du Fonds pour la consolidation de la paix, d’améliorer les pratiques des donateurs de façon à accélérer le financement et à en accroître la flexibilité et de faire appel à des fonds d’affectation spéciale multidonateurs dans le pays même, conçus pour répondre aux besoins des donateurs en matière de financement.
Le Conseil réaffirme qu’il est essentiel de mettre un terme à l’impunité pour que les sociétés se relevant d’un conflit puissent enterrer à jamais un passé fait d’exactions commises contre des civils et pour éviter que de tels actes ne se reproduisent. Il note que les mécanismes de justice et de réconciliation peuvent favoriser non seulement l’établissement de la responsabilité d’individus à raison de crimes graves, mais aussi la paix, la vérité, la réconciliation et la réalisation des droits des victimes.
Le Conseil, conformément à ses résolutions 1325 (2000) et 1820 (2008), souligne que les femmes et les jeunes peuvent jouer un rôle crucial dans la restauration du tissu social et doivent être associés à l’élaboration et à la mise en application des stratégies de relèvement au lendemain de tout conflit afin qu’il soit tenu compte de leurs vues et de leurs besoins.
Le Conseil réaffirme le rôle dévolu aux organismes régionaux dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits sous l’empire du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies et insiste sur la nécessité de renforcer la capacité de ces organismes en matière de consolidation de la paix au lendemain de conflits.
Le Conseil juge important d’apporter le plus tôt possible une aide à la consolidation de la paix. Il affirme qu’il importe que lui-même aborde rapidement la question de la consolidation de la paix dans ses débats et qu’il importe de conjuguer de manière cohérente instauration de la paix, maintien de la paix, consolidation de la paix et développement, afin de mener une intervention rapide et efficace au lendemain de tout conflit. Il s’efforcera d’appliquer cette approche intégrée et prie le Secrétaire général de redoubler d’efforts dans ce sens.
Le Conseil invite le Secrétaire général à lui rendre compte et à rendre compte à l’Assemblée générale, dans les douze mois, des progrès accomplis dans l’action que celui-ci mène pour améliorer les efforts de consolidation de la paix de l’ONU, en tenant compte des vues de la Commission de consolidation de la paix.
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